DEUXIÈME CHAPITRE.
Un sage pense qu’il devrait abandonner les péchés tout comme (un serpent) quitte sa mue ; et il n’est pas fier de son Gôtra et de ses autres avantages ; ou est-il utile de blâmer les autres ? (1)
Un homme qui insulte autrui restera longtemps dans le cercle des naissances ; blâmer les autres n’est pas bon. Considérant cela, un sage n’est pas prétentieux. (2)
Celui qui est indépendant, et celui qui est le serviteur d’un serviteur, s’ils observent le vœu de silence [^738], ils n’ont aucune raison d’avoir honte ; (par conséquent, un moine) doit se comporter de manière égale envers tous. (3)
Indifférent et pur à l’égard de toute sorte de contrôle, un Sramana devrait se promener ; celui qui entretient des pensées pures durant toute sa vie, meurt en homme digne et sage. (4)
Le sage qui voit les choses lointaines (le but, c’est-à-dire la libération), passées et futures, pratiquera l’indifférence, même s’il subit des châtiments corporels et est battu. (5)
Possédant une sagesse parfaite, un sage surmonte toujours (ses passions) ; il expose correctement la [ p. 254 ] Loi ; il ne néglige jamais le plus petit (devoir) ; il n’est ni en colère ni orgueilleux. (6)
Un homme qui se contrôle selon (la Loi), qui est louée par beaucoup de gens, et qui n’est lié par aucun lien mondain, qui est toujours pur comme un lac, proclame la Loi de Kâsyapa. (7)
Voyant que de nombreux êtres vivants mènent une vie individuelle, et que chacun ressent (le plaisir et la douleur) comme les autres, un homme sage qui observe le vœu de silence, cesse (de leur faire du mal). (8)
Un sage a complètement maîtrisé la Loi et a cessé d’agir ; mais les égoïstes s’affligent, ils ne récupéreront pas (ainsi) leurs biens (perdus) [^739]. (9)
Sachez que cela (la propriété) entraîne des souffrances en ce monde, et de très grandes souffrances [^740] dans l’autre. Qui mènera une vie domestique en sachant que tout périra ?
Il faut connaître (et renoncer) au grand attachement (au monde), au respect et aux honneurs terrestres ; car la vanité est une épine très fine, difficile à arracher. Un homme sage devrait donc abandonner la mondanité [^741]. (11)
Un moine doit accomplir des postures (comme Kâyôtsarga, etc.) seul sur son siège, et seul sur son divan, il doit méditer ; excellant dans l’accomplissement des austérités, prudent dans ses paroles et retenu dans ses pensées. (12)
[ p. 255 ]
Un ascète ne ferme pas la porte d’une maison déserte (où il loge), ni ne l’ouvre ; lorsqu’on l’interroge, il ne donne aucune réponse (grossière) ; il ne coupe pas l’herbe, ni ne la jette (sur le sol pour en faire un lit). (13)
Là où il est au coucher du soleil, il accomplit tranquillement ses devoirs ; un sage porte des choses agréables et désagréables, qu’il s’agisse d’insectes, de bêtes sauvages ou de serpents. (14)
Il subit les trois sortes de calamités provenant des bêtes, des hommes et des dieux. Un grand sage ne sera pas pris de frissons, etc. [1], lorsqu’il séjourne dans une maison déserte. (15)
Il ne doit pas craindre pour sa vie, ni désirer être loué (pour son courage). Des choses effrayantes effrayeront l’esprit d’un moine qui séjourne dans une maison déserte. (16)
On dit que celui qui est très bien discipliné, qui protège les autres, qui vit dans un endroit éloigné des autres, qui n’est pas effrayé par les dangers, possède une bonne conduite, etc. (17)
Un moine qui utilise de l’eau tiède ou chaude [2], qui suit la Loi et déteste (la mauvaise conduite), par ses relations avec de mauvais rois, deviendra déficient dans sa dévotion, même s’il est très vertueux. (18)
Lorsqu’un moine se querelle et utilise un langage très grossier, il subira une grande perte spirituelle ; c’est pourquoi un homme sage ne devrait pas se quereller. (19)
Celui qui s’abstient d’eau froide [2:1], qui ne projette (ou n’entreprend) rien, et a cessé même les plus petites actions, qui ne mange pas de nourriture dans le plat d’un maître de maison, possède une bonne conduite, etc. (20)
[ p. 256 ]
Bien que la vie ne puisse être prolongée, comme on dit [3], les insensés pèchent néanmoins sans discernement ; un insensé est comme rempli de péchés. Considérant cela, un sage n’est pas prétentieux. (21)
Le commun des mortels recherche la sainteté par des rites qu’il invente lui-même [4] ; il est plein de tromperie et comme enveloppé d’illusions. Mais un moine est saint [4:1] par son innocence ; il ne laisse aucun trouble [5] influencer ses paroles, ses pensées et ses actes. (22)
Comme un joueur intelligent, jouant aux dés, n’est pas vaincu, puisqu’il lance le Krita, mais pas le Kali, ni le Trêta, ni le Dvâpara ; (23)
Adoptez donc pour votre bien-être la meilleure et la plus haute Loi qui a été proclamée dans ce monde par le Sauveur, comme le joueur intelligent lance le Krita et évite les autres lancers. (24)
J’ai entendu dire que les plaisirs sensuels sont ceux qui ont la plus forte emprise sur les hommes ; mais ceux qui s’en abstiennent suivent la loi de Kâsyapa. (25)
Ceux qui suivent la Loi proclamée par Gñâtrika, le grand voyant [^747], sont vertueux et justes ; ils se confirment mutuellement dans la Loi. (26)
Ne vous laissez pas séduire par les plaisirs, efforcez-vous de vous débarrasser de l’illusion. Ceux qui ne se laissent pas dominer par les plaisirs pervers savent que la méditation est leur devoir [6]. (27)
[ p. 257 ]
Un moine ne doit pas raconter d’histoires, ni poser de questions futiles, ni colporter de commérages [7]. Mais, connaissant la Loi suprême, il doit accomplir ses devoirs religieux et ne rien considérer comme sien. (28)
Un moine ne doit pas céder à la tromperie [^750], à la cupidité [^751], à l’orgueil [8] ni à la colère [9]. Sont vertueux ceux qui ont acquis une juste compréhension de ces passions et qui les maîtrisent [10]. (29)
(Un moine) doit être libre de tout attachement, sage, maître de lui-même, en quête de la Loi, assidu dans l’accomplissement des austérités et maîtrisant ses sens. Il est difficile d’obtenir le bienfait de l’âme. (30)
La bonne conduite, etc., qui a été enseignée par le Gñâtrika, le sage qui connaissait tout dans le monde entier, n’a pas été apprise ou n’a pas été véritablement pratiquée (par les créatures actuellement en détresse). (31)
Beaucoup d’hommes qui pensaient que cette Loi était le bien suprême et propice à leur bien-être spirituel, ont obéi à leurs précepteurs, ont cessé leurs œuvres et ont traversé le grand déluge (de l’existence terrestre). (32)
Ainsi je dis.
[^751] : 256:2 Palêti = pralîyatê.
[^757] : 257:3 Pasamsa = prasamsâ, lôbha.
[^758] : 257:4 Ukkâsa = utkarsha, mâna.
253:2 Maunapada. ↩︎
254:1 Sîlâṅka cite un verset que les Nâgârgunîyas insèrent ici ; comparer partie i, p. 32, note 2. ↩︎ ↩︎
254:2 Je prends duhamduha pour une sorte de forme intensive de duha. ↩︎
254:3 C’est un verset plutôt sombre. Sîlâṅka, après l’avoir expliqué, cite le verset tel qu’il a été lu par les Nâgârgunîyas, ce qui peut être rendu ainsi : Le respect et les honneurs sont un grand obstacle, il doit le savoir ; que l’épine soit petite (ou) difficile à arracher, un homme sage devrait l’enlever par les (moyens que nous allons décrire). ↩︎ ↩︎
255:1 Littéralement, horripilation. Par le « &c. », les autres signes extérieurs d’horreur sont indiqués. ↩︎
255:2 Il faut garder à l’esprit qu’il est interdit aux moines de Gaina d’utiliser de l’eau froide, car elle est considérée comme possédant la vie. ↩︎
256:1 Comparez Uttarâdhyayana IV, I, ci-dessus p. 18. Les mêmes mots reviennent ci-dessous, I, 2, 3, 30, p. 259. ↩︎
256:3 Littéralement, froid et chaud. ↩︎
256:4 Mahâvîra. ↩︎
256:5 Âhitam, littéralement, a été déclaré. Les commentateurs expliquent le mot comme â-hitam, complètement bon, ou âtmani vyavasthitam, placé dans l’âme. ↩︎