QUATRIÈME CHAPITRE.
Certains disent que, dans les temps anciens, de grands hommes, riches en pénitences religieuses, ont atteint la perfection bien qu’ils aient bu de l’eau (froide) (et mangé des fruits et des racines). Les ignorants (qui entendent de telles affirmations) s’y égarent. (1)
'Nami, le roi de Vidêha, ne mangea rien, Râmagupta mangea, Bâhuka but de l’eau (froide), et Târâgana [^785], le voyant, fit de même. (2)
Âsila, Dêvala, le grand sage Dvîpâyana et [ p. 269 ] Pârâsara buvaient de l’eau (froide) et mangeaient des graines et des pousses [^786]. (3)
« J’ai entendu dire que dans les temps anciens, ces grands hommes renommés et bien connus mangeaient des graines et buvaient de l’eau, et ont atteint la perfection. » (4)
Quand ils sont faibles (les moines entendent de telles affirmations), ils se découragent, comme les ânes s’effondrent sous leur fardeau ; en cas de danger, ils reculent (et périssent) comme des hommes qui marchent sur des béquilles [^787]. (5)
Certains [^788] disent : Les choses agréables sont produites à partir de choses agréables [^789]. (Ce sont ceux qui dédaignent) le noble chemin et le bien suprême renommé. (6)
Ne perds pas beaucoup pour peu en la méprisant. Si tu ne renonces pas à cette (mauvaise loi), tu t’en repentiras comme l’homme qui transporta du fer (sur une longue distance), le croyant argent. (7)
(Et ainsi) ceux qui tuent des êtres vivants, qui ne s’abstiennent pas de paroles mensongères, qui prennent ce qui ne leur est pas donné librement, qui jouissent des plaisirs sexuels et qui possèdent des biens. (8)
[ p. 270 ]
Certains hérétiques indignes [^790], esclaves des femmes, hommes ignorants et opposés à la Loi des Ginas, parlent ainsi : (9)
« Comme le fait de presser une ampoule ou un furoncle (procure un soulagement) pendant un certain temps (et n’a aucune conséquence dangereuse), il en est de même du plaisir de charmer les femmes. Comment pourrait-il y avoir un péché là-dedans ? » (10)
« Comme un bélier boit l’eau paisible [1], ainsi, etc. (le reste comme au verset 10). (11)
« Comme l’oiseau Piṅga [2] boit l’eau calme (en volant), etc. (le reste comme au verset 10). » (12)
C’est ce que disent certains hérétiques indignes qui entretiennent de fausses doctrines et qui aspirent aux plaisirs, comme la brebis [3] à son chevreau. (13)
Ceux qui ne pensent pas à l’avenir, mais profitent seulement du présent, s’en repentiront plus tard, lorsque leur vie ou leur jeunesse sera terminée. (14)
Mais ceux qui s’efforcent au moment opportun n’éprouvent aucun remords par la suite ; ces héros qui se sont débarrassés de leurs chaînes ne désirent pas la vie. (15)
De même que la Vaitaranî, la rivière (de l’enfer), est difficile à traverser, de même, dans ce monde, les femmes sont pour les insensés (une tentation) difficile à surmonter. (16)
Ceux qui ont renoncé aux relations avec les femmes [ p. 271 ] et ont cessé de se parer, sont bien établis dans le contrôle, parce qu’ils ont renoncé à tout. (17)
Comme les marchands traversent la mer, ainsi ils traverseront le déluge (de Samsâra), où les êtres vivants se découragent et souffrent à cause de leurs propres actes. (18)
Un moine qui sait cela vivra comme un homme vertueux gardé par les Samitis ; il s’abstiendra de paroles mensongères et ne prendra pas ce qui ne lui est pas donné librement. (19)
Il devrait cesser de nuire aux êtres vivants, qu’ils soient en mouvement ou non, en haut, en bas et sur terre. Car cela a été appelé le Nirvânâ, qui consiste en la paix [4]. (20)
21, 22 = I, 3, 3, 20 et 21.
Ainsi je dis.
[^796] : 270:1 Pâsattha = pârsvastha.
268:3 Concernant Nami, voir ci-dessus, p. 35, note 2. Râmagupta pourrait être un autre nom de Râma. Au lieu de Târâgana, Sîlâṅka écrit Nârâyana. ↩︎
269:1 Âsila n’est pas connue par d’autres sources ; peut-être s’agit-il d’Asita, et Âsila Davila représente Asita Dêvala. Concernant Dvîpâyana, le Pârâsara, comparer Journal of the German Oriental Society, vol. 42, p. 495. Mais dans l’Aupapâtika Sûtra (éd. Leumann, § 76) Pârâsara et Dvîpâyana sont deux personnes distinctes. ↩︎
269:2 Pîdhasappî = pîthasarpin. Sîlâṅka commente la lecture pitthasappî, c’est-à-dire prishtasarpin ; mais il n’en tire aucun bon sens. ↩︎
269:3 Selon les commentateurs, il s’agit des bouddhistes. Ils citent quelques versets pour illustrer le pushtimârga des bouddhistes, dont l’un n’est pas encore connu, je crois. Il est ainsi rédigé : manunnam bhôyanam bhukkâ manunam sayanâsanam | manunnamsi agâramsi manunam ghâyae munî || ‘Ayant apprécié un dîner agréable, un siège et un lit agréables, un muni dans une maison agréable médite sur des choses agréables.’ ↩︎