QUATRIÈME LEÇON [^795], INTIMÉ CONNAISSANCE DES FEMMES.
PREMIER CHAPITRE.
Un moine qui a quitté sa mère, son père et tous les liens du monde, (décide) de se promener seul et sagement, de s’abstenir des plaisirs sexuels et de demander un endroit isolé (où loger). (1)
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Avec des prétextes astucieux, les femmes se livrent à lui, si folles soient-elles ; elles savent s’arranger pour que quelques moines deviennent intimes avec elles. (2)
Ils s’assoient souvent à ses côtés; ils portent toujours de beaux vêtements; ils lui montrent le bas de leur corps et l’aisselle, en levant les bras, afin qu’il les suive partout. (3)
Et parfois, une femme [^796] le tentera vers un canapé ou un lit confortable. Mais il doit savoir que ces choses sont autant de pièges sous divers déguisements. (4)
Il ne doit pas les regarder, ni consentir à quoi que ce soit d’inconsidéré, ni marcher avec eux ; ainsi il se gardera bien. (5)
Invitant un moine et gagnant sa confiance, ils s’offrent à lui. Mais il doit savoir et fuir ces tentations [^797] sous leurs diverses formes. (6)
Doucement et poliment, ils l’approchent avec leurs multiples artifices pour gagner son cœur ; et parlant doucement dans une conversation confidentielle, ils le font faire (ce qu’ils aiment). (7)
De même que les hommes attirent un lion solitaire et intrépide dans un piège avec un morceau de chair, de même les femmes peuvent capturer un ascète, même s’il est prudent. (8)
Et puis ils le font faire ce qu’ils veulent, comme un charron tourne peu à peu la serge d’une roue.
Comme une antilope prise au piège, elle n’en sort pas, même si elle se débat. (9)
Il éprouvera ensuite des remords comme celui qui a bu du lait mêlé de poison ; vu les conséquences, un moine digne ne devrait pas avoir de relations avec les femmes. (10)
Il doit donc éviter les femmes, sachant qu’elles sont comme une épine empoisonnée. N’est pas un Nirgrantha celui qui, sans compagnie, entre dans les maisons, esclave de la passion, et prêche sa religion. (11)
Ceux qui s’adonnent à ces relations sexuelles pécheresses doivent être comptés parmi les méchants. Même un moine pratiquant des austérités sévères devrait éviter la compagnie des femmes. (12)
Un moine ne doit pas avoir de relations avec ses filles et ses belles-filles, avec des nourrices ou des esclaves, ni avec des filles adultes. (13)
Quand les parents et les amis voient (l’intimité d’un moine avec une fille), ils se mettent en colère (en disant) : « Toutes les créatures aiment les plaisirs ; tu es un homme, protège-la et soutiens-la. » (14)
Mais certains se mettent en colère même lorsqu’ils voient une Sramana innocente, et soupçonnent la fidélité de leurs femmes à cause des plats qu’elles servent [^798]. (15)
Ceux qui ont des rapports avec (les femmes) ont déjà cessé de pratiquer la méditation ; Sramanas, donc, pour le bien de leurs âmes, ne vont pas dans les appartements (des femmes). (16)
Bien que beaucoup quittent la maison, certains n’arrivent qu’à une position intermédiaire (entre maître de maison et moine) ; ils ne parlent que du chemin vers la perfection. La force des pécheurs est de parler. (17)
Dans l’assemblée, il prononce des paroles saintes, mais en secret il commet des péchés ; mais les sages savent qu’il est un trompeur et un grand malfaiteur. (18)
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Le pécheur n’avoue pas ses torts, mais s’en vante lorsqu’il est réprimandé. Bien qu’on lui recommande de ne pas agir comme la plupart des hommes, il s’affaiblit sans cesse. (19)
Certains hommes d’une grande intelligence qui accomplissent leurs devoirs en tant que soutiens des femmes, parviennent à leur pouvoir, bien qu’ils connaissent bien le Strîvêda [^799]. (20)
Les mains et les pieds des adultères sont coupés, leur peau et leur chair sont arrachées, ils sont rôtis vifs et de l’acide est versé dans leurs plaies. (21)
Leurs oreilles et leur nez seront coupés, et leurs gorges tranchées ; (tout cela) ils souffriront, mais bien que souffrant ici pour leurs péchés, ils ne promettront pas de ne plus faire [^800] la même chose. (22)
Certains ont appris tout cela, et cela a été bien démontré dans le Strîvêda. Bien que les gens le sachent, ils commettent le mal sous l’influence du Karman. (23)
L’homme (ou la femme) a une nature différente dans son cœur, une autre dans ses paroles, et une autre encore dans ses actes. C’est pourquoi un moine ne doit pas faire confiance aux femmes, sachant qu’elles sont pleines de tromperie. (24)
Une jeune femme, parée de beaux ornements et de beaux vêtements, dira à un Sramana : « J’abandonnerai (mon ancien mode de vie) et je pratiquerai la brutalité (à savoir le contrôle). Révérend monsieur, enseignez-moi la Loi ! » (25)
Ou bien, en se déclarant disciple laïque et coreligionnaire du Sramana, elle tentera de se lier d’amitié avec lui. Comme un pot rempli de laque fondra près du feu, ainsi même un moine sage succombera à ses rapports avec les femmes. (26)
Un pot rempli de laque jeté au feu fond rapidement et est détruit ; ainsi les moines se perdent à cause des rapports avec les femmes. (27)
Certains commettent des péchés (avec une fille), mais lorsqu’on les interroge à ce sujet, ils disent : « Je n’ai commis aucun péché ; elle a seulement dormi sur mes genoux (comme ma fille). » (28)
C’est une seconde folie du pécheur que de nier obstinément ce qu’il a fait. Il commet un double péché, puisque, pour préserver sa réputation, il retombe [1]. (29)
(Certaines femmes) diront, en guise d’invitation, à un moine beau et averti : « Saint homme, accepte une robe, un bol d’aumône, de la nourriture ou une boisson (chez nous) ! » (30)
Il devrait considérer leurs paroles comme du riz sauvage [2] et ne pas désirer visiter leur maison ; car un fou lié par les chaînes de la sensualité sera sujet à l’illusion encore et encore. (31)
Ainsi je dis.
271:2 Tout cet adhyayana est composé dans la forme archaïque de l’Âryâ, dont j’ai traité longuement dans le trente-huitième volume du Journal de la Société orientale allemande, p. 594. Le même mètre apparaît également dans le Suttanipâta des bouddhistes (éd. Fausböll, 26 s., 170 ss.), un fait dont je n’avais pas conscience lorsque j’ai écrit l’article auquel je viens de faire référence. ↩︎
272:1 L’original a le pluriel itthîô, mais le mètre exige itthî au singulier. ↩︎