Livre 1, Leçon 5, Description des enfers, Chapitre 1 | Page de titre | Livre 1, Leçon 6, Éloge de Mahâvîra |
DEUXIÈME CHAPITRE.
Je vais maintenant vous dire en vérité une autre sorte de souffrance perpétuelle, comment les pécheurs qui ont commis des crimes souffrent pour les actes qu’ils ont commis dans leurs vies antérieures. (1)
En leur liant les mains et les pieds, les (punisseurs) leur ouvrent le ventre avec des rasoirs et des couteaux ; saisissant le corps mutilé du pécheur, ils lui arrachent de force la peau du dos. (2)
Ils lui coupent les bras aux aisselles ; ils lui ouvrent la bouche de force et l’ébouillantent ; ils attachent le pécheur à un char et le conduisent, et, se mettant en colère [^834], ils lui percent le dos avec un aiguillon. (3)
Les (pécheurs) marchent sur un sol brûlant et rougeoyant comme du fer rouge ; brûlés, ils crient horriblement, poussés par des flèches [^835] et soumis à un joug rougeoyant. (4)
Les pécheurs sont conduits sur un terrain glissant qui ressemble à une route de fer rouge ; dans ce lieu redoutable (les ministres de l’enfer) les font avancer comme des esclaves (en les frappant) avec des bâtons. (5)
En cheminant dans cet insupportable (enfer), ils sont écrasés par les rochers qui s’écroulent. Il y a le [ p. 284 ] (chaudron) Santâpanî [^836], où les malfaiteurs souffrent longtemps. (6)
Ils jettent les pécheurs dans des chaudrons et les font bouillir ; échaudés, ils en ressortent ; des corbeaux diaboliques [^837] s’en nourrissent et d’autres bêtes ayant des griffes les dévorent. (7)
Il y a un lieu de feu sans fumée en forme de tas [^838] où (les pécheurs) très affligés crient horriblement ; la tête en bas, ils sont lacérés et coupés en morceaux avec des couteaux de fer. (8)
Ligotés et écorchés, ils sont dévorés par des oiseaux aux becs d’acier ; c’est l’enfer appelé Samgîvanî, où la vie est longue, et où les hommes d’esprit mauvais sont torturés. (9)
Les punisseurs les transpercent de piques acérées, comme on transperce un cochon capturé. Transpercés par une pique, les pécheurs poussent des cris horribles ; souffrant tant physiquement que mentalement, ils ne ressentent que des douleurs. (10)
Il y a un grand lieu toujours en feu, où les feux brûlent sans combustible ; là restent longtemps les malfaiteurs en criant à haute voix. (11)
Ils mettent le feu à de grands tas, et y jettent un pécheur qui criera horriblement; comme le beurre jeté au feu fond, ainsi fond le malfaiteur qui s’y trouve. (12)
Et il y a un lieu toujours bondé et brûlant, que l’on mérite pour ses grands péchés, et qui est rempli de misère. Là, les punisseurs lient les mains et les pieds du pécheur et le maltraitent avec des bâtons comme un ennemi. (13)
Ils brisent le dos du pécheur avec une arme, et lui fracassent le crâne avec des gourdins de fer ; leurs corps sont fendus et sciés comme une planche ; et torturés avec des poinçons chauffés au rouge (les pécheurs) sont soumis (à des cruautés). (14)
Les méchants cruels [^839], poussés par des flèches et mis au travail (par les punisseurs), portent des fardeaux à la manière des éléphants ; deux ou trois (punisseurs) montent sur une (victime) et, se mettant en colère [1] blessent ses parties vitales. (15)
Les pécheurs sont chassés sur un terrain large, glissant et épineux ; étroitement liés par des sangles [2], ils perdent la raison ; les vengeurs (punisseurs) les coupent en morceaux [3] et les jettent comme un sacrifice bali. (16)
Il y a une montagne terrible qui s’élève très haut dans les airs, appelée Vaitâlika [4], où les malfaiteurs sont torturés pendant plus de mille heures. (17)
Torturés, les pécheurs hurlent, souffrant jour et nuit ; dans cet horrible et grand enfer, rempli d’instruments de torture, ils sont mis à mort de manière cruelle. (18)
Pleins de colère, comme leurs ennemis d’une vie antérieure, [ p. 286 ] (les punisseurs) les écrasent à coups de marteaux et de gourdins. Le corps mutilé et vomissant du sang, ils tombent à terre, la tête la première. (19)
Il y a les grands chacals toujours affamés [5], sauvages, toujours en colère, par lesquels les malfaiteurs liés par des chaînes sont dévorés. (20)
Il y a le fleuve terrible et visqueux, qui coule toujours et qui est plein de fer en fusion ; dans ce fleuve très terrible (les pécheurs) doivent descendre un à un [6]. (21)
Ces souffrances sont endurées sans interruption par le pécheur qui y séjourne longtemps. Il n’y a pas d’échappatoire à la torture ; il doit, seul et seul, les endurer. (22)
Quelle que soit la cruauté qu’il a commise lors d’une naissance antérieure, la même lui sera infligée dans le Cercle des Naissances. Né dans un état de vie extrêmement misérable, le souffrant éprouve une douleur infinie. (23)
Un homme sage qui entend parler de ces enfers ne devrait tuer aucun être vivant dans le monde entier ; croyant aux vraies doctrines et renonçant à toute propriété, il devrait connaître le monde, mais ne pas en devenir esclave. (24)
Connaissant le Cercle sans fin des Naissances [7] concernant les animaux, les hommes et les dieux, et la récompense qu’ils obtiendront ; sachant tout cela, (un homme sage) devrait attendre son décès, en pratiquant entre-temps la maîtrise de soi. (25)
Ainsi je dis.
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[^852] : 286:3 Kauranta.
283:1 Ârussa = ârushya, ici et dans un passage similaire (verset 15) les commentateurs l’expliquent ainsi : « le mettre en colère, l’exaspérer ». Ils ont mal compris rahamsi dans la deuxième ligne, le rendant rahasi ; c’est bien sûr = rathê. ↩︎
283:2 Usu = ishu, expliqué par âravisêsha une sorte de poinçon. ↩︎
284:1 Ou bien, il est (l’enfer) appelé Santâpanî. Ma traduction dans le texte concorde avec l’interprétation de Sîlâṅka. ↩︎
284:2 Comparer Uttarâdhyayana XIX, 58, p. 95. ↩︎
284:3 Samûsiyam nâma. On pourrait aussi traduire par « appelé Samukkhrita ». Mais les commentateurs ne prennent pas samûsiya pour un nom propre. ↩︎
285:1 Ruddaasâhukammî = raudra-asâdhu-karmânah. Sîlâṅka pense que les ministres de l’enfer sont visés ; mais alors le verset ne s’interprète pas. ↩︎
285:2 Voir note sur le verset 3. ↩︎