CINQUIÈME CONFÉRENCE, INTIMÉ LA LIBERTÉ DE L’ERREUR.
Un moine très intelligent qui pratique le vœu de chasteté ne devrait pas adopter les doctrines (hérétiques) suivantes, ni se comporter mal dans cette religion. (1)
Il ne faut pas croire que ce monde est sans commencement ni sans fin, éternel ou non éternel, selon l’argumentation des hérétiques [^1184]. (2) De ces alternatives, vous ne pouvez parvenir à la vérité ; de ces alternatives, vous êtes certainement conduit à l’erreur. (3)
Il ne faut pas dire : qu’il y aura une fin des êtres qui (connaissent et) enseignent la vérité [^1185] ; ni que tous les êtres ne sont pas égaux, ni qu’ils seront dans (perpétuellement) la servitude, ou (que les prophètes sont) éternels. (4)
À partir de ces alternatives, vous ne pouvez pas arriver à la vérité, etc. (voir verset 3). (5)
Il ne faut pas dire : la culpabilité de tuer des petits et des grands animaux est la même, ou pas la même. (6) De ces alternatives, etc. (7)
Il faut savoir que ceux qui acceptent des choses spécialement préparées pour eux [^1186], seront affectés par le démérite (dans certains cas), ou ne seront pas affectés (là où cela est permis par les Écritures). (8)
De ces alternatives, etc. (9)
Il ne faut pas soutenir l’identité des corps audârika [^1187], âhârika et kârmana, ni [ p. 407 ] que tout ne peut pas partout venir à l’existence [^1188], ni que cela le peut. (10)
De ces alternatives, etc. (11)
Ne prétendez pas que le monde n’existe pas, prétendez qu’il existe. (12)
Ne prétendez pas que Gîva et Agîva n’existent pas, mais qu’ils existent. (13)
Ne prétendez pas que le Dharma et l’Adharma n’existent pas, mais qu’ils existent. (14)
Ne prétendez pas que l’esclavage et la libération n’existent pas, mais qu’ils existent. (15)
Ne prétendez pas que la vertu et le vice [^1189] n’existent pas, mais qu’ils existent. (16)
Ne prétendez pas que l’Âsrava et l’arrêt de l’Âsrava n’existent pas, mais qu’ils existent. (17)
Ne prétendez pas que l’expérience de l’effet et l’annihilation du Karman n’existent pas, mais qu’ils existent. (18)
Ne prétendez pas que l’activité et la non-activité n’existent pas, mais qu’elles existent. (19)
[ p. 408 ]
Ne prétendez pas que la colère et l’orgueil n’existent pas, mais qu’ils existent. (20)
Ne prétendez pas que la tromperie et la cupidité n’existent pas, mais qu’elles existent. (21)
Ne prétendez pas que l’amour et la haine n’existent pas, mais qu’ils existent. (22)
Ne prétendez pas que le quadruple Cercle des Naissances n’existe pas, mais qu’il existe. (23)
Ne prétendez pas qu’il n’y a pas de dieux et de déesses, mais qu’il y en a. (24)
Ne prétendez pas qu’il n’existe pas de perfection ou de non-perfection, mais qu’il existe une telle chose. (25)
Ne prétendez pas qu’il n’existe pas de place exclusivement réservée à ceux qui parviennent à la perfection, mais qu’il existe une telle [^1190]. (26)
Ne prétendez pas qu’il n’y a pas d’hommes pieux et méchants, mais qu’il y en a. (27)
Ne prétendez pas qu’il n’existe pas de bien et de mal, mais qu’il y a du bien et du mal. (28)
La théorie selon laquelle un homme est toujours bon ou toujours mauvais ne fonctionnera pas. Les Sramanas mal instruits ne comprennent pas l’asservissement de l’âme [^1191] (par Karman). (29)
(N’affirmez pas) que tout est impérissable, ou plein de douleurs, ni que les criminels doivent être mis à mort ou ne pas être mis à mort ; il ne faut pas parler ainsi. (30)
N’affirmez pas que ces hommes sont des moines bien élevés qui mènent une vie pure, et que les autres mènent une vie impure. (31)
[ p. 409 ]
Un moine sage ne devrait pas dire : nous recevons des aumônes (de ce chef de famille) ou nous n’en recevons pas ; mais il devrait améliorer ses chances de libération finale [^1192]. (32)
Un moine doit se conformer à ces opinions enseignées par les Ginas et errer jusqu’à ce qu’il atteigne la libération finale. (33)
Ainsi je dis.
« Il y a deux choses dans l’homme : les fantômes, la chair, l’esprit, l’ombre. »
Ces quatre places reçoivent deux fois deux.
La terre recouvre la chair, l’ombre enveloppe le tombeau.
Orcus a des fantômes, les esprits cherchent les étoiles.
[paragraphe continue] Je suis enclin à croire que l’idée des âhâraka et des vaikriya sarîras découle de la croyance populaire selon laquelle l’âme, pendant le sommeil, quitte le corps et voyage au loin. Comparer également les termes sâṅkhya vaikrita et taigasa, Garbe, Die Sâmkhya-Philosophie, pp. 236, 249.