§ 1. Dans une planche de jardin de six mains carrées, on peut semer cinq espèces différentes de graines, à savoir quatre aux quatre coins de la planche et la cinquième au centre. Si la planche a une butte, on peut en semer treize, trois à chaque coin et une au milieu de la planche ; [1] mais les fanes de navets doivent être semées sur la butte au fur et à mesure qu’elles la remplissent. Rabbi Jehudah dit : « Six espèces différentes peuvent être semées au milieu du champ ».
§ 2. Il est interdit de semer toutes sortes de graines de grande culture dans un jardin ; en revanche, on peut y semer toutes sortes de plantes aromatiques. La moutarde et les petits pois sont des graines de grande culture. Les pois chiches sont des graines de jardin. Une bordure qui mesurait une main de haut, mais dont la hauteur a été réduite, reste néanmoins conforme à la loi, car elle était initialement d’une hauteur légale. Dans une tranchée ou un chenil sec, d’une main de profondeur, on peut semer trois sortes de graines différentes : une de chaque côté et une au milieu.
§ 3. Il n’y a aucune objection légale si le point de l’angle d’un champ ensemencé d’herbes pénètre dans un autre champ d’herbes, car chacun peut voir à quel champ appartient cet angle. Si, dans un champ ensemencé d’herbes d’une certaine espèce, on souhaite planter une rangée d’herbes d’une autre espèce, Rabbi Ismaël dit : « Cela ne peut se faire que si le sillon ouvert [qui sépare les deux sortes d’herbes] traverse le champ sur toute sa longueur [de haut en bas]. Rabbi Akivah dit : « Il [le sillon] doit avoir une longueur de six mains, mais il doit être aussi large que profond. » Rabbi Jehudah dit : « Il [le sillon] doit être aussi large que la plante du pied. »
§ 4. Il est permis de planter deux rangées de concombres, deux rangées de citrouilles et deux rangées de haricots égyptiens, un sillon séparant chaque espèce ; mais une seule rangée de concombres, une de citrouilles et une de haricots égyptiens est interdite. Une rangée de concombres, une de citrouilles, une de haricots égyptiens et une rangée de concombres sont, selon R. Éléazar, autorisées ; mais, selon les sages, interdites.
§ 5. On peut planter des concombres et des citrouilles dans la même cavité, à condition que chaque espèce soit inclinée vers son côté de la cavité. (Une autre interprétation dit : « Il faut cependant veiller à ce que les feuilles de chaque espèce soient inclinées vers leur côté ; car tout ce que les sages ont interdit à cet égard, ils l’ont fait uniquement pour des raisons d’apparence. »)
§ 6. Si le champ d’un homme a été planté d’oignons, et qu’il désire y planter des rangées de citrouilles, R. Ishmael dit : Il doit arracher [des oignons en quantité suffisante pour faire de la place pour] deux rangées [de citrouilles], et [au milieu de cet espace vacant] il plante une rangée [de citrouilles] ; il laisse ensuite une parcelle d’oignons [égale à] l’espace [occupé par] deux rangées de citrouilles, puis [arrache de nouveau des oignons en quantité suffisante pour faire de la place pour] deux rangées [de citrouilles], au milieu de laquelle espace [il sème de nouveau] une rangée de citrouilles, [et ainsi de suite [ p. 20 ] alternativement. [2] Mais R. Akivah dit : « Il arrache [des oignons en quantité suffisante pour faire de la place pour] deux rangées [de citrouilles], il plante ensuite [ces] deux rangées de citrouilles, laisse une parcelle d’oignons égale à l’espace occupé par deux rangées de citrouilles, puis arrache à nouveau des oignons en quantité suffisante pour faire de la place pour deux rangées de citrouilles, qu’il place [deux rangées] dans l’espace vacant, [et ainsi de suite en alternance]. » Mais les sages disent : « À moins qu’il n’y ait un espace de douze coudées entre chaque rangée de citrouilles, il n’est pas permis de laisser en terre ce qui est entre [les deux rangées]. »
§ 7. Les citrouilles peuvent être plantées à côté des graines de jardin, car elles sont également considérées comme des plantes de jardin ; mais si elles sont plantées à côté du maïs, il faut laisser en jachère un espace suffisant pour recevoir un quart de kab de maïs. Si, dans un champ semé de maïs, on souhaite planter une rangée de citrouilles, il faut prévoir un espace libre de six mains de large pour sa culture ; si elle s’étend, il faut arracher le maïs pour lui faire de la place. R. José dit : « Un espace libre de quatre mains de large doit être laissé pour sa culture. » Les sages objectèrent : « Cette espèce de citrouilles exige-t-elle plus de rigueur que la vigne ? » Mais lui, R. José], répondit : « Nous constatons que cette espèce de citrouille exige une observance plus rigoureuse que la vigne : car une seule vigne nécessite qu’un espace libre, de six mains de large, soit prévu pour sa culture ; alors qu’une seule citrouille doit avoir un espace libre, égal à un quart de kab, prévu à cet effet. » R. Meir dit, sur l’autorité de R. Ishmael : « Chaque fois que trois citrouilles [grecques] sont plantées dans un champ égal à un saah de maïs de semence, aucune autre sorte de graine ne doit être semée [dans cette zone] ». R. Jose ben Hahoteph Ephrati dit, sur l’autorité de R. Ishmael : « Si trois citrouilles [grecques] sont plantées dans un champ assez grand pour contenir un kur [de maïs de semence], aucune autre sorte de graine ne peut être semée dans cette zone. »