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Les rabbins ont établi treize règles pour l’interprétation du Talmud. Ces règles constituent leur système logique. Les voici :
(1.) Léger et lourd, un argument du plus petit au plus grand. Un exemple est fourni par le cas de Myriam (Nombres xii. 14). « Si son père lui avait craché au visage, ne serait-elle pas honteuse pendant sept jours ? Qu’elle soit exclue du camp pendant sept jours, et après cela, qu’elle y soit réintégrée. » L’argument est ici tiré de la conduite de l’homme, le plus petit, à celle de Dieu, le plus grand. Le propriétaire d’un bœuf est également condamné à une amende plus lourde pour sa bête s’il encorne la bête de son voisin que s’il mange le blé de son voisin ; car la dent ne signifie que nourriture pour l’estomac, tandis que la corne signifie mal.
(2.) Égalité, argument tiré de la similitude ou de l’identité des mots et des impressions. Un exemple est fourni dans Deutéronome XV, 12 : « Si ton frère, un Hébreu ou une Hébreuse, est vendu à toi et te sert six ans, tu le/la rachèteras la septième année. » Au verset 18, lorsque cette loi est à nouveau mentionnée, seul l’homme est mentionné ; mais comme la femme était mentionnée au verset précédent, on en conclut que la loi s’applique également aux deux.
(3.) L’édification du père, un argument tiré des affirmations de (a) un passage de la Loi à d’autres passages similaires. Un exemple est fourni dans Exode xii. 16, où le travail servile est interdit pendant la fête des pains sans levain, et la conclusion est tirée que le travail servile [ p. 41 ] est également interdit dans toutes les fêtes de même nature. Ce mode d’argumentation s’applique également à (b) deux passages de la Loi, où un passage se réfère à la proposition générale, et un autre aux détails qui en découlent. Un exemple est fourni dans Lévitique xv. 1, où un homme atteint d’un écoulement est impur, mais au verset 4, cette impureté est limitée à son lit et à son siège.
(4.) Universel et particulier ; lorsqu’il y a une affirmation générale et une affirmation particulière, le particulier lie le général. Un exemple est fourni dans Lévitique 1.2 : « Si quelqu’un d’entre vous offre une offrande à l’Éternel, il offrira du bétail, du gros et du menu bétail. » Le terme « bétail » (en hébreu Behemah) désigne à la fois les animaux sauvages et domestiques. Les termes particuliers « troupeau » et « troupeau » limitent l’offrande aux animaux domestiques.
(5.) Particulier et universel, ou argument du particulier au général. Un exemple est fourni dans Deutéronome 22.1 : « Tu ne verras pas le bœuf ou la brebis de ton frère s’égarer ; tu les ramèneras à ton frère. » Au verset 3, il est en outre ordonné de restituer « tout ce qui appartient à ton frère ». On en conclut donc que non seulement son bœuf ou sa brebis, mais tout ce qu’il a perdu doit lui être restitué.
(6.) Universel, particulier et universel. Lorsqu’il y a deux affirmations universelles séparées par une affirmation particulière, le particulier limite les universaux. Un exemple est fourni dans Deutéronome xiv. 26, où, parlant de l’application de la seconde dîme, il est dit : « Tu donneras cet argent à tout ce que ton âme désire : des bœufs, des brebis, du vin, des boissons fortes, ou tout ce que ton âme désire. » La limitation spéciale, entre les deux permissions universelles, concerne les productions du pays de Canaan.
(7.) Le général qui requiert le particulier, et le particulier qui requiert le général. Un exemple est fourni dans Lév. xvii. 13 : « Tout homme qui chasse et capture une bête ou un oiseau comestible en versera le sang et le couvrira de poussière. » Le mot [ p. 42 ] « couvrir » ou « cacher » est de nouveau utilisé dans Gen. xviii. 17 : « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ? » On en conclut que la couverture se limite au sang caché sous la poussière et non mis dans un vase. De même (Exode xiii. 2) : « Sanctifiez-moi tout premier-né, tout premier-né parmi les enfants d’Israël, tant des hommes que des animaux, il m’appartient. » D’après ce verset, les femmes pourraient être incluses avec les hommes. Référence est faite à Deut. xv. 19, où l’on trouve « Tous les premiers-nés mâles ». Cependant, lorsqu’il s’agit de premières-nées femelles, la question des mâles nés ensuite reste obscure. Il est fait référence à Exode XXXIV, 19 : « Tout ce qui ouvre la matrice est à moi. » Ici, tous les premiers-nés sont autorisés. Cependant, cette expression est trop générale et est à nouveau restreinte par le mot « mâles ». Et comme elle est trop générale, elle est à nouveau restreinte par « tout ce qui ouvre la matrice ».
(8.) Tout ce qui est enseigné en général et mentionné en particulier le sert à renforcer la règle générale. Un exemple est fourni dans Lévitique xx. 2, où le culte de Moloch est interdit et la peine de mort pour ce péché. La conclusion est que la mention d’une forme particulière d’idolâtrie confirme l’interdiction de toute idolâtrie.
(9.) Lorsqu’il existe une règle générale et une exception, l’exception allège la situation et n’aggrave pas la situation. Un exemple est fourni par le commandement (Exode 21:12) : « Celui qui frappe un homme à mort sera puni de mort. » L’exception est : « Quiconque tue son prochain par ignorance » (Deutéronome 19:4, 5) « peut fuir dans l’une des villes de refuge. »
(10.) Lorsqu’il existe une règle générale et une exception qui ne s’y conforme pas, l’exception allège et aggrave à la fois la situation. Un exemple est fourni par la lèpre (Lév. xiii. 3) : les cheveux blanchissent. La tête et la barbe sont exceptées (verset 29) de peur qu’il n’y ait des cheveux gris ; cela éclaircit la situation. Mais si sur la tête et la barbe il y a des « cheveux jaunes et clairsemés », il s’agit d’une croûte sèche ; cela aggrave la situation.
(11.) Lorsqu’il existe une exception à une règle générale pour établir une nouvelle matière, la nouvelle matière ne peut être soumise à nouveau à la règle générale, à moins qu’elle ne soit mentionnée dans la
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texte. Un exemple est fourni par la consommation de choses saintes (Lév. xxii. 10-13). Le prêtre, toute personne achetée à son prix et toute personne née dans sa maison peuvent en manger. C’est la règle générale. Si la fille du prêtre est mariée à un étranger, elle ne peut en manger. C’est l’exception. Cette exception aurait persisté si elle était restée mariée à un étranger, avait eu un enfant ou n’était pas retournée chez son père. C’est pourquoi une nouvelle loi est prévue : si aucune de ces circonstances ne se produit, elle peut à nouveau manger des choses saintes.
(12.) Ce qui enseigne à partir du sujet et ce qui enseigne à partir de la fin. — Un exemple est fourni par le huitième commandement : « Tu ne voleras point ». Appliquée au vol d’hommes ou à l’enlèvement, cette loi implique la peine capitale. La raison invoquée est tirée des suivants : « Tu ne tueras point » et « Tu ne commettras point d’adultère », deux lois qui, si elles étaient violées, entraînaient la mort. La seconde partie de cette règle s’applique à ce qui enseigne à partir de la fin. La signification de la fin est sujette à controverse. Certains disent qu’elle désigne la cause finale des logiciens. D’autres affirment qu’elle désigne quelque chose dans la fin ou la conclusion de la loi elle-même. Dans ce dernier cas, un exemple est fourni par le cas de la maison des lépreux (Lév. XIV. 45) : « Il démolira la maison, ses pierres, son bois et tout son mortier. » Ces instructions enseignent que les maisons en terre sont exclues.
(13.) Quand deux textes se contredisent, jusqu’à ce qu’un troisième soit trouvé pour trancher. Un exemple est fourni en Gen. i. 1 : « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. » Il est encore écrit, Gen. ii. 4 : « Au jour où l’Éternel fit la terre et les cieux. » La question se pose alors : Lequel a-t-il fait le premier ? La réponse se trouve dans Ésaïe xlviii. 13 : « Ma main a fondé la terre, et ma droite a étendu les cieux. » On en conclut qu’il a fait les deux simultanément. Un autre exemple est la divergence dans le recensement d’Israël. En 2 Samuel xxiv. 9, le nombre indiqué est de huit cent mille. En 1 Chron. xxi. 5, il est dit que le nombre était de « onze cent mille ». La différence de trois cent mille s’explique par 1 Chron. xxvii. 1, où il est dit que vingt-quatre mille hommes servaient le roi chaque mois. Multipliés par le nombre de mois, ces hommes font deux cent quatre-vingt-huit mille. Et les douze mille qui servaient les douze capitaines portent le nombre à trois cent mille, somme nécessaire pour concilier les deux déclarations.