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Suggestion avant la lecture des Traités – Remarques – Conclusion.
En lisant les traités suivants, il faut garder à l’esprit que, dans de nombreux passages, le sens est plus implicite qu’exprimé. [1] On tient souvent pour acquis une idée que seule une lecture patiente peut éclairer. Les sujets abordés dans ces traités doivent d’abord être étudiés dans la Bible ; après une telle étude, on peut mieux discerner la subtilité incessante des rabbins qui « imposent de lourds fardeaux aux hommes ». Il est souhaitable d’examiner ces écrits sous cet angle ; tout comme au sommet d’une montagne, on contemple non seulement l’or que le soleil matinal verse sur l’herbe et les fleurs, mais aussi la vallée profonde où les ombres se reposent encore, afin de mieux ressentir la splendeur du soleil. Toute la théorie de cette seconde Loi, ou Loi Orale, est née de l’inattention portée à la déclaration expresse de Moïse : « Voici les paroles (les dix commandements), l’Éternel les prononça à haute voix sur la montagne, du milieu du feu, de la nuée et de l’obscurité, à toute votre assemblée, sans rien ajouter » (Deutéronome 5 :22). Elle tend à invalider la déclaration du Targum de Jonathan Ben Uzziel : « Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et il a pris sur lui la Loi pour la garder » (Ésaïe 9 :6).
Pour conclure cette introduction, il est peut-être bon de jeter un bref coup d’œil à l’époque où le Talmud a atteint son état actuel. Ce fut une période de grande activité et de réflexion. Les vieux systèmes de superstitions avilissantes se désagrégèrent et disparurent. Une nouvelle foi était née pour régénérer l’homme. Les cinq siècles qui suivirent l’apparition de notre Sauveur en ce monde furent riches en événements religieux et politiques, dont les vibrations se font encore sentir. La destruction de Jérusalem et le renversement du système politique juif ont donné une impulsion aux changements politiques qui se sont poursuivis sans interruption depuis lors parmi les nations de la terre. Le renversement du Temple juif a donné une impulsion au sérieux religieux, qui, souvent motivé par des motifs erronés, souvent par des motifs justes, s’est accru et continuera de croître à mesure que la grande consommation approche. Tandis que les rabbins travaillaient à leur gigantesque édifice mental, tandis que, génération après génération, leurs hommes les plus sages et les plus patriotes accumulaient les matériaux pour construire la tour, devenue un phare pour leurs compatriotes à jamais, l’Église chrétienne ne restait pas inactive. Par leurs écrits et leur éloquence, les Pères rassemblaient les trésors du savoir patristique, qui nous sont parvenus. Tandis que les rabbins discouraient dans les synagogues de Tibériade et de Babylone, les orateurs chrétiens prêchaient dans les basiliques de Constantinople et de Rome. Ils ont tous quitté ce monde mortel. Mais leurs pensées nous sont transmises, afin que nous puissions dialoguer avec eux, bien qu’ils ne soient plus sur terre. Nous pouvons entendre leur sagesse, nous pouvons voir leurs erreurs, nous pouvons presque croire contempler leurs formes, si bien que, morts, ils parlent encore. Depuis qu’ils ont cessé leurs travaux, des empires se sont élevés et sont tombés, des millions d’êtres de notre race ont disparu dans l’éternité, laissant leurs corps se décomposer en poussière. Mais leurs enseignements perdurent, influençant les âmes immortelles pour le bonheur ou le malheur. Leurs écarts par rapport à la Parole de Dieu ont sans aucun doute ouvert la voie et fourni matière aux nombreuses hérésies et actes illégaux qui constituent une grande partie de l’histoire de l’humanité. De leurs erreurs est né, au moins en partie, le Coran. Ce thème et d’autres, [ p. 47 ], ouvrent cependant une perspective interminable, nous éloignant du Talmud lui-même. Il est préférable de conclure cette introduction. Et par quels mots plus appropriés pourrais-je conclure que par ceux tirés de la sagesse des Pères ? « Il ne t’incombe pas d’achever l’œuvre, et tu n’es pas libre de t’en éloigner. Si tu as étudié la loi, grande sera ta récompense ; car le Maître de ton œuvre est fidèle pour payer la récompense de ton travail : mais sache que la récompense des justes est dans le monde à venir. »
45:1 L’expression « ils » est souvent utilisée dans la phraséologie du Talmud pour désigner soit certains fonctionnaires, soit les sages et les hommes d’autorité. La référence exacte ne peut être déduite que du contexte. Il en va de même pour l’emploi de « il ». Dans de tels cas, l’expression « il » fait généralement référence à la décision prise lors d’une occasion particulière. ↩︎