Emil Schürer écrit (La littérature du peuple juif au temps de Jésus, pp. 329-331) :
Alors que cette explication plus courte sous forme catéchétique [Questions et réponses sur la Genèse] était destinée à des cercles plus larges, l’œuvre scientifique principale et spéciale de Philon est son grand commentaire allégorique sur la Genèse, Νομων ιερων αλληγοριαι (tel est le titre qui lui est donné dans Eusèbe Hist. eccl. ii. 18. 1, et Photius, Bibliotheca cod. 103. Comp. aussi Origène, Comment. in Matth. vol. xvii. c. 17 ; contra Celsum, iv. 51). Ces deux œuvres se rapprochent fréquemment quant à leur contenu. Car dans les Quaestiones et solutiones aussi, la signification allégorique plus profonde est donnée aussi bien que le sens littéral. Dans le grand commentaire allégorique, au contraire, l’interprétation allégorique prévaut exclusivement. Le sens allégorique profond de la lettre sacrée est établi dans une discussion longue et prolixe qui, en raison de l’ajout abondant de passages parallèles, semble souvent s’éloigner du texte. Ainsi, toute la méthode exégétique, avec son intégration des passages les plus hétérogènes pour éclaircir l’idée supposée se trouver dans le texte, rappelle fortement la méthode du Midrash rabbinique. Cette interprétation allégorique comporte cependant, malgré son arbitraire, ses règles et ses lois, le sens allégorique, autrefois établi pour certaines personnes, objets et événements, étant ensuite respecté avec une cohérence acceptable. C’est notamment une idée fondamentale, dont l’exposé est partout déduit, que l’histoire de l’humanité telle que relatée dans la Genèse n’est en réalité rien d’autre qu’un système de psychologie et d’éthique. Les différents individus qui apparaissent ici désignent les différents états d’âme (τροποι της ψυχης) qui se manifestent chez les hommes. Analyser ces états dans leur diversité et leurs relations, tant entre eux qu’avec la Divinité et le monde sensible, et en déduire des doctrines morales, tel est le but principal de ce grand commentaire allégorique. On perçoit ainsi que l’intérêt principal de Philon n’est pas – comme on pourrait le supposer d’après l’ensemble de son système – la théologie spéculative en soi, mais au contraire la psychologie et l’éthique. À en juger par son objectif ultime, il n’est pas un théologien spéculatif, mais un psychologue et un moraliste (cf. note 183).
Le commentaire suit d’abord le texte de la Genèse verset par verset. Ensuite, des sections isolées sont sélectionnées, et certaines d’entre elles sont traitées de manière si complète qu’elles deviennent de véritables monographies. Ainsi, Philon, par exemple, s’inspire de l’histoire de Noé pour écrire deux livres sur l’ivresse (περι μεθης), avec une telle minutie qu’un recueil des opinions d’autres philosophes sur ce sujet remplit le premier de ces livres perdus (Mangey, i. 357).
L’ouvrage, tel que nous le connaissons, commence à Gen. ii. 1 ; Και ετελεσθησαν οι ουρανοι και η γη. La création du monde n’est donc pas traitée. Car le texte De opificio mundi, qui le précède dans nos éditions, est un ouvrage d’un caractère entièrement différent, n’étant pas un commentaire allégorique sur l’histoire de la création, mais un récit de cette histoire elle-même. Le premier livre du Legum allegoriae ne rejoint en aucune façon l’ouvrage De opificio mundi ; car le premier commence à Gen. ii. 1, tandis que dans De opif. mundi, la création de l’homme aussi, selon Gen. ii, est déjà traitée. Ainsi, comme l’affirme à juste titre Gfrörer en réponse à Dähne, le commentaire allégorique ne peut être combiné avec De opif. mundi comme si les deux ne faisaient partie que d’une seule et même œuvre. On peut tout au plus se demander si Philon n’a pas également écrit un commentaire allégorique sur Gen. I. Cela est cependant improbable. Car le commentaire allégorique se propose de traiter de l’histoire de l’humanité, et celle-ci ne commence qu’à Gen. II. I. Le début abrupt de Leg. alleg. i ne paraît pas étrange, car cette manière de commencer immédiatement par le texte à expliquer correspond parfaitement à la méthode du Midrash rabbinique. Les livres ultérieurs du commentaire de Philon lui-même commencent d’ailleurs de la même manière abrupte. Dans nos manuscrits et éditions, seuls les premiers livres portent le titre propre à l’ouvrage entier : Νομων ιερων αλληγοριαι. Tous les livres ultérieurs portent des titres spécifiques, ce qui donne l’impression qu’il s’agit d’ouvrages indépendants. En réalité, tout le contenu du premier volume de Mangey, à savoir les ouvrages qui suivent, appartient au livre en question (à la seule exception de De opificio mundi).
Emil Schürer commente : « Sur la confusion des dialectes. De confusione linguarum (Mangey, i. 404-435). Sur Gen. xi. 1-9. — Le même titre également dans Eusèbe. H. E. ii. 18. 2. Dans le Praep. evang. xi. 15, Eusèbe en cite plusieurs passages en affirmant à tort qu’ils proviennent de : Περι του το χειρον τω κρειττονι φιλειν επιτιθεσθαι. » (La littérature du peuple juif au temps de Jésus, p. 335)
JHA Hart écrit (The Jewish Quarterly Review Original Series 17, pp. 118-122) :
Le De Confusione Linguarum s’ouvre ainsi : « En ce qui concerne ces choses, ce qui a été dit suffira » — se référant probablement au groupe d’homélies relatives à Noé — « nous devons ensuite considérer, et non négligemment (ου παρεργως), la philosophie du récit de la confusion des langues » (Gen. XI, 1-9). Philon explique maintenant la position des antagonistes, évoquée au début du De Gigantibus. Certains Juifs, vraisemblablement hellénistes, dégoûtés par le système politique ancestral, toujours en train de grommeler et de critiquer les lois, utilisent ce passage et d’autres comme tremplins pour leur athéisme, impies qu’ils sont. Ils disent : « Professez-vous encore solennellement que votre code contient les canons de la vérité ? Voyez, vos livres saints contiennent des mythes que vous tournez en dérision lorsque vous entendez d’autres les réciter. » Eh bien, nous n’avons pas le loisir de rechercher ces mythes épars, et nous nous contenterons de traiter le passage en question.
La première parabole est le mythe des Aloeidae, qui entassa Ossa sur l’Olympe et Pélion sur Ossa. Mais remarquez que Moïse parle d’une tour. La seconde est un mythe, apparenté à celui que nous connaissons, relatif au langage commun des êtres vivants, rapporté par les fabulateurs. On raconte que dans l’Antiquité, tous les êtres vivants, animaux, poissons et oiseaux, avaient un langage commun, afin de pouvoir sympathiser avec les peines et les joies des autres, comme aujourd’hui les Grecs avec les Grecs et les barbares avec les barbares. Puis, rassasiés de leurs abondantes bénédictions, comme cela arrive souvent, ils se tournèrent tous vers l’inatteignable et se mirent en quête d’immortalité, demandant la destruction de la vieillesse et la jeunesse éternelle, alléguant que l’un d’eux, le serpent, avait déjà obtenu ce don. Mais ils payèrent le prix mérité de leur présomption : leur langue commune fut aussitôt divisée en plusieurs langues, de sorte qu’ils ne purent se comprendre. Ici encore, une contradiction est à noter, car Moïse ne parle que des hommes ayant le même langage. On dit que le récit scripturaire est aussi mythique que les paraboles citées, et que la division ou la confusion des langues était un remède aux péchés, destiné à empêcher les hommes de conspirer pour faire le mal. Mais cette dernière théorie est intenable. Si des hommes méchants souhaitent conspirer, ils ne seront pas arrêtés par la différence de leurs langues. Ils peuvent toujours communiquer, comme des hommes dont la langue a été coupée, par le moyen de signes. De même, si un homme apprend plusieurs langues, il est toujours tenu en bonne réputation parmi ceux qui les comprennent et considéré immédiatement comme un ami. En fait, seuls les interprètes littéraux de la Loi réfuteront ces étudiants en mythologie comparée, sans opposer sophisme à sophisme.
Nous comprenons donc que ce passage des Écritures fait référence à l’universalité du mal, tant dans le monde que chez l’individu. Le plus grave de tous les maux, et presque incurable, est la coopération de toutes les parties de l’âme dans le péché, lorsqu’aucune partie ne peut guérir les autres, mais que médecins et patients sont malades ensemble, comme au temps du Déluge (Gen. IV, 5-7). Nous devons fuir toute association à des fins de péché et confirmer notre accord avec des compagnons de compréhension et de connaissance.
À ce propos, le dicton « nous sommes tous fils d’un seul homme, nous sommes pacifiques » (Gen. XLII. 11) est présenté comme un exemple d’harmonie parfaite et conduit à considérer son origine et son complément. Inévitablement, ils aimeront la paix et haïront la guerre, dont le seul et même père n’est pas mortel mais immortel, l’homme de Dieu, qui, étant le Logos de l’Éternel, est nécessairement lui-même incorruptible. Leur vie est paisible, tandis que celle du polythéiste est pleine de conflits, et pourtant, contrairement à certains, non pas paresseuse et ignoble. Les hommes de paix sont des hommes de guerre face aux ennemis de la paix de l’âme. Telle est la disposition de tout amoureux de la vertu, et les paroles du prophète inspiré portent le même témoignage : « Ô mère, quel genre d’enfant suis-je ? Un homme de guerre » (Jér. XV. 10).
« L’Orient » ou « Aurore » (Gen. xi. 2) a deux sens dans les Écritures, selon qu’il désigne l’aube de la lumière ou de l’ombre dans l’âme. Il est utilisé au bon sens dans le récit du Paradis (Gen. ii. 8). De même, dans l’oracle d’un compagnon de Moïse (Zach. vi. 12), « Voici un homme dont le nom est Aurore ou « Levant ». » Un titre tout à fait nouveau, si l’on suppose qu’il s’agit d’un homme composé d’un corps et d’une âme ; mais s’il s’agit de cet homme sans corps, identique à l’image divine, vous avouerez que ce titre est des plus heureux (ευθυβολωτατον). Car le Père de l’univers l’a suscité pour être son Fils aîné ou premier-né. « Orient » apparaît dans un mauvais sens dans l’histoire de Balak le fou et de Balaam (Nombres xxiii. 76 s.).
Il est remarquable que ces insensés « trouvent » le lieu le plus propice à leur folie et s’y « installent ». Ces deux points sont significatifs. Aucun homme méchant ne se contente des crimes vers lesquels sa nature mauvaise le conduit d’elle-même, mais en invente de nouveaux et s’y maintient. C’est pourquoi tous ceux que Moïse considère comme sages sont présentés comme des étrangers, ceux qui considèrent le ciel comme leur patrie. De là, ils ont été envoyés comme colons et c’est là qu’ils aspirent à retourner (Gen. xxvi. 2, xxxiii. 4, xlvii. 9 ; Exode ii. 22).
La mention de « briques » (Gen. xi. 3) évoque naturellement l’esclavage d’Israël, contraint par les Égyptiens à fabriquer des briques et à bâtir des villes fortifiées. L’œil de l’âme, seul capable de voir Dieu, prisonnier des filets corporels de l’Égypte, gémit sur sa tâche (Exode i. 11, ii. 23). Mais le chemin de la liberté est sûr. Pour tous les hommes qui travaillent pour le gain, la gloire ou le plaisir, il y a rançon et salut dans l’adoration de celui qui seul est sage (Exode viii. 1). Il est juste pour ceux qui fréquentent la connaissance d’aspirer à voir l’Absolu et, s’ils ne le peuvent pas, du moins sa ressemblance, le Verbe très saint, et après lui le monde, la plus parfaite des choses sensibles ; car la philosophie n’est rien d’autre que d’étudier pour voir distinctement ces choses.
Le Législateur utilise le terme « cité » non seulement dans son sens courant, mais aussi pour désigner ce qu’un homme porte avec lui, construit dans son âme, dont ceux qui sont bâtis sur terre avec des substances matérielles ne sont que des copies. L’avertissement de leur conscience, qui prévoit leur dispersion imminente, montre combien leur cité est mauvaise, combien leur culpabilité est exposée sans vergogne (Gen. XI. 4). Leur tour ressemble à celle rapportée dans le Livre des Jugements, Phanuel, c’est-à-dire « Aversion pour Dieu » (Juges VIII. 9).
L’affirmation selon laquelle « le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour » (Gen. xi. 5) doit certainement être comprise métaphoriquement. Supposer que le Divin puisse réellement partager les positions et les mouvements des hommes est une impiété monstrueuse (υπερωκεανιος και μετακοσμιος ως επος ειπειν ασεβεια). Les expressions humaines sont appliquées à Dieu, qui n’a pas de forme humaine, pour le bien de notre éducation. Et cette expression particulière est une exhortation à ne s’abstenir d’examiner les choses de près, ni de juger par ouï-dire (Exode xxiii. 1). Que personne ne pense que l’ajout « que les fils des hommes avaient construit » est oiseux et insignifiant. Il nous faut découvrir le trésor caché des Écritures. Les « fils des hommes » sont des polythéistes ; les adorateurs de l’Unique sont appelés « fils de Dieu » (Deut. xiv. i, etc.).
Les paroles que Dieu met dans sa bouche méritent une attention particulière : « Venez, descendons et confondons-y leur langue » (Gen. 11.7). Car il semble s’adresser à des personnes qui sont en quelque sorte ses collaborateurs, comme lors de la création de l’homme (Gen. 1.26, cf. 3.22). Premièrement, il faut dire qu’il n’existe aucun être existant égal en dignité à Dieu : il n’y a qu’un seul Souverain, Gouverneur et Roi, à qui seul appartient de droit de gouverner et d’ordonner l’univers. La parole du poète : « La domination de plusieurs seigneurs n’est pas une bonne chose ; qu’il y ait un seul seigneur, un seul roi » s’applique mieux au monde et à Dieu qu’aux villes et aux hommes. Le point suivant est que Dieu, étant Un, est entouré d’innombrables Puissances, toutes défenseurs et sauveurs de l’univers, et avec elles les Puissances de punition, c’est-à-dire de prévention et de correction des péchés. C’est par elles que le monde idéal a été conçu, et l’homme aussi. Dieu leur confie des tâches qui ne lui conviennent pas, car l’homme est enclin à l’erreur dans son libre choix entre le bien et le mal, et la voie du mal dans l’âme rationnelle ne doit pas être créée par Dieu lui-même. Dieu est donc la cause de tout bien et d’aucun mal ; le mal est confié à ses anges ou Puissances, qui œuvrent sous sa surveillance.
Dieu dit : « Confondons leur langue. » Ce n’est donc pas, comme le supposent les littéralistes, la simple division du langage des hommes qui constitue la sanction de leur péché. Pourtant, je ne blâme pas ceux qui suivent le sens superficiel, car peut-être même ont-ils atteint la vérité ; mais je les exhorte à ne pas s’en contenter, mais à se tourner vers les interprétations métaphoriques, considérant la lettre comme l’ombre et l’esprit inhérent comme le fait ou la substance. En choisissant le mot « confusion », le Législateur suggère directement un sens plus profond. S’il ne se référait qu’à l’origine des différentes langues, « distinction » aurait été le mot plus approprié. La confusion est l’abolition des pouvoirs de chaque élément d’un composé ou d’un mélange afin de produire le composé. Ici, le but visé est la dissolution de la communauté du mal. Et si nous appliquons à nouveau l’Écriture à l’individu, il est évident que Dieu a séparé les parties de l’âme. Il convient à Dieu d’harmoniser les vertus et de dissoudre et détruire celle des vices. Or, la confusion est le nom le plus approprié de la méchanceté, comme le prouve clairement tout imbécile, car ses paroles, ses conseils et ses actions sont tous réprouvés et source de confusion.
* Titre de Yonge, Un traité sur la confusion des langues.
I. (1) Quant aux sujets précédents, ce qui a déjà été dit sera suffisant. Nous pourrions ensuite examiner, et cela de manière non superficielle ni superficielle, le récit philosophique que Moïse nous donne de la confusion des langues ; Car il parle ainsi : « Toute la terre avait une seule prononciation, et il y avait une seule langue parmi tous les hommes. Et il arriva, comme ils s’éloignaient de l’orient, qu’ils trouvèrent une plaine dans le pays de Schinear, et ils y habitèrent. Et l’un d’eux dit à son voisin : Viens, faisons des briques, et brûlons-les au feu ; et ils avaient des briques pour pierre, et de l’asphalte pour mortier. Et ils dirent : Viens, bâtissons-nous une ville et une tour dont la tête atteigne le ciel ; et faisons-nous un nom, avant d’être dispersés sur la face de toute la terre. Et l’Éternel descendit pour voir la ville et la tour que les fils de l’homme avaient bâties. Et l’Éternel dit : Voici, toute l’humanité est une seule race, et il n’y a qu’une seule langue parmi eux tous ; et ils ont commencé à faire cela, et maintenant rien ne leur manquera de tout ce qu’ils désirent faire. Venez, descendons et confondons là-bas leur langage, afin que chacun n’entende pas la voix de son prochain. Et l’Éternel les dispersa de là sur toute la surface de la terre, et ils cessèrent de bâtir la ville et la tour. C’est pourquoi on l’appela Confusion, car c’est là que l’Éternel confondit les langues de toute la terre, et de là il les dispersa sur toute la surface de la terre.[1]
II. (2) Ceux qui sont mécontents de la constitution sous laquelle ont vécu leurs pères, toujours prompts à blâmer et à accuser les lois, étant des hommes impies, utilisent ces exemples et d’autres semblables comme fondements de leur impiété, en disant : « Parlez-vous maintenant avec orgueil de vos préceptes, comme s’ils contenaient les règles de la vérité elle-même ? Car voici, les livres que vous appelez les Écritures sacrées contiennent aussi des fables, dont vous avez l’habitude de rire, lorsque vous en entendez d’autres les raconter. » (3) Et à quoi bon consacrer notre temps à recueillir les fables disséminées en tant d’endroits tout au long de l’histoire de la promulgation de la loi, comme si nous avions un loisir particulier pour l’examen des calomnies, et comme s’il ne valait pas mieux ne nous occuper que de ce qui est sous nos mains et devant nous ? (4) Certes, cette fable ressemble à celle des Aloadae, dont Homère, le plus grand et le plus glorieux de tous les poètes, dit qu’ils projetèrent d’entasser les trois plus hautes montagnes les unes sur les autres et de les édifier en une seule masse, espérant ainsi leur ouvrir un chemin, car ils désiraient monter au ciel, et que par ces montagnes il leur serait facile de s’élever jusqu’à la hauteur du ciel. Et les vers d’Homère sur ce sujet sont les suivants :
Ils s’efforcèrent de s’élever tout en haut de l’Olympe
Ossa gigantesque ; et sur les hauteurs d’Ossa
Pour placer le Pélion verdoyant, ce paradis
Pourrait ainsi devenir accessible.
Or, Olympe, Ossa et Pélion sont des noms de montagnes. (5) Mais au lieu de ces montagnes, le législateur représente une tour construite par ces hommes qui, par ignorance et par une ambition perverse, désiraient atteindre le ciel. Toute aliénation d’esprit est donc grave ; car même si l’on pouvait reconstruire toute la terre entière, on poserait d’abord une légère fondation, et si l’on pouvait ensuite élever une superstructure à la manière d’un seul pilier, on serait encore très loin de la sphère céleste, et surtout selon les principes de ces philosophes curieux qui ont affirmé que la terre est le centre de l’univers.
III. (6) Et il y a aussi une autre histoire apparentée à celle-ci, racontée par le créateur de fables, concernant l’identité de langage existant parmi les animaux : car ils disent qu’autrefois, tous les animaux du monde, qu’ils soient terrestres, aquatiques ou ailés, n’avaient qu’une seule langue, et que, tout comme parmi les hommes les Grecs parlent la même langue que les Grecs, et que la race actuelle de barbares parle la même langue que les barbares, exactement de la même manière chaque animal était capable de converser avec tout autre animal qu’il pouvait rencontrer, et avec lequel il faisait quelque chose, ou dont il souffrait quelque chose, de sorte qu’ils sympathisaient les uns avec les autres de leurs malheurs mutuels, et se réjouissaient chaque fois que l’un d’eux rencontrait une bonne fortune ; (7) car ils pouvaient communiquer leurs plaisirs et leurs ennuis les uns aux autres par leur identité de langage, de sorte qu’ils ressentaient ensemble le plaisir et la douleur ; et cette similitude de mœurs et cette union de sentiments durèrent, jusqu’à ce que, rassasiés de la grande abondance de biens dont ils jouissaient, comme cela arrive souvent, ils furent enfin attirés par un désir de ce qui était inaccessible, et envoyèrent même une ambassade pour traiter de l’immortalité, demandant d’être délivrés de la vieillesse, et d’être toujours dotés de la vigueur de la jeunesse, disant que déjà un animal de leur corps, et qu’un reptile, le serpent, avait reçu ce don ; car il, ayant dépouillé la vieillesse, était autorisé à rajeunir de nouveau ; et qu’il était absurde que les animaux les plus importants soient laissés derrière par un animal inférieur, ou que leur corps entier soit éloigné par un seul. (8) Cependant, ils subirent le châtiment approprié à leur audace, car ils furent immédiatement séparés dans leur langue, de sorte que, depuis ce temps, ils n’ont pas pu se comprendre, à cause de la différence des dialectes dans lesquels leur langue commune à tous avait été divisée.
IV. (9) Mais celui qui rapproche son récit de la vérité a distingué les animaux rationnels des animaux irrationnels, de sorte qu’il témoigne que l’identité de langage appartient aux hommes seuls : et cela aussi, comme ils le disent, est une histoire fabuleuse. Et en effet, ils affirment que la séparation du langage en une infinie variété de dialectes, que Moïse appelle la confusion des langues, a été effectuée comme remède aux péchés, afin que les hommes ne puissent pas coopérer en commun à des actes de méchanceté en se comprenant les uns les autres ; et qu’ils ne puissent pas, lorsqu’ils étaient en quelque sorte privés de tout moyen de communication les uns avec les autres, être capables avec des énergies unies de s’appliquer aux mêmes actions. (10) Mais cette précaution ne semble pas avoir été inutile ; car depuis lors, bien que les hommes aient été séparés en différentes nations et n’aient plus utilisé une seule langue, néanmoins, la terre et la mer ont été à maintes reprises remplies de maux indicibles. Car ce ne sont pas les langues qui ont poussé les hommes à s’unir pour de mauvais objets, mais l’émulation et la rivalité de leurs âmes dans le mal. (11) Car même ceux qui ont eu la langue coupée peuvent exprimer ce qu’ils veulent par des hochements de tête, des regards, et d’autres positions et mouvements du corps, non moins que par une prononciation distincte des mots. Et outre cette considération, il y a le fait que, très souvent, une nation à elle seule, n’ayant pas seulement une langue, mais un code de lois et un système de mœurs, est arrivée à un tel degré d’iniquité que, comme une surabondance de méchanceté, elle peut contrebalancer les péchés de tous les hommes du monde réunis. (12) De plus, par ignorance des langues étrangères, de nombreuses personnes, n’ayant aucune connaissance de l’avenir, ont été devancées et accablées par ceux qui complotaient contre elles ; De même que, d’autre part, la connaissance des langues étrangères a permis aux hommes de repousser les craintes et les dangers qui les menaçaient ; de sorte qu’une communauté de langues est un avantage plutôt qu’un danger : car, même de nos jours, rien ne contribue autant à la sécurité et à la protection des populations de chaque pays, et particulièrement des autochtones, que le fait de parler une seule langue. (13) Car si un homme a appris plusieurs dialectes, il est immédiatement considéré avec considération et respect par ceux qui les connaissent également, comme étant déjà une personne amicale, et contribuant non négligeablement à une introduction et à un rapprochement en raison de sa familiarité avec des mots qu’ils comprennent également ; cette familiarité confère très souvent un sentiment de sécurité, celui de ne pas risquer de subir de grands maux de la part d’un tel homme. Pourquoi donc ?Dieu a-t-il supprimé l’uniformité du langage parmi les hommes comme cause de maux, alors qu’il semble qu’elle aurait plutôt dû être établie comme une chose très utile ?
V. (14) Ceux donc qui rassemblent ces choses, qui les contestent et qui soulèvent des objections malveillantes, seront facilement réfutés séparément par ceux qui peuvent produire des solutions toutes faites à toutes les questions qui surgissent des mots clairs de la loi, argumentant dans un esprit loin de la dispute, et ne les affrontant pas par des sophismes tirés d’une autre source, mais suivant l’enchaînement des conséquences naturelles, qui ne leur permet pas de trébucher, mais qui écarte facilement tous les obstacles qui surgissent, de sorte que le cours de leurs arguments se déroule sans aucune interruption ni incident. (15) Nous disons donc que par l’expression « toute la terre n’avait qu’une seule prononciation et qu’une seule langue », on entend une symphonie de maux grands et indicibles, que les villes ont infligés aux villes, les nations aux nations et les pays aux pays, et par lesquels les hommes non seulement se font du tort les uns aux autres, mais se comportent aussi avec impiété envers Dieu, et pourtant ces choses sont des iniquités si nombreuses ; mais considérons la multitude ineffable de maux qui proviennent de chaque homme individuellement, et surtout lorsqu’il est sous l’influence de cet accord intempestif, inharmonieux et antimusical.
VI. (16) Or, qui ignore la grande influence de la fortune, lorsque les hommes, outre les maladies et les mutilations du corps, sont également attaqués par la pauvreté et le manque de réputation ? Et encore, lorsque ces choses s’unissent aux maladies de l’âme, conséquence d’une mélancolie morose qui rend les hommes fous, ou d’une extrême vieillesse, ou de toute autre calamité grave qui les accable ? (17) Car un seul de ces maux mentionnés ici, lorsqu’il s’oppose à un homme par la violence, suffit à renverser et à écraser même un homme très orgueilleux et hautain ; mais lorsque tous ces maux, à savoir les maux du corps, les maux de l’âme et les malheurs extérieurs, se rassemblent comme un seul bataillon régulier, agissant simultanément par arrangement préalable, de manière à l’attaquer dans le corps, quelle résolution ne saurait-elle vaincre ? Car lorsque les gardes sont tués, il s’ensuit nécessairement que celui qui s’appuie sur eux doit tomber. (18) Or, les gardes de son corps sont la richesse, la gloire et les honneurs, qui l’élèvent et l’enorgueillissent, tout comme les choses contraires, le déshonneur, le manque de réputation et la pauvreté, le renversent comme autant d’ennemis. (19) De plus, les gardes du corps de l’âme sont l’ouïe, la vue, l’odorat, le goût, et toute la gamme des sens extérieurs, ainsi que la santé, la force, la vigueur et l’énergie. Car l’esprit, lorsqu’il marche parmi les vivants et en compagnie de ces choses, comme entre des limites bien fortifiées, fermement établies et solidement établies, triomphe et se réjouit, ne rencontrant aucun obstacle de quelque côté que ce soit pour l’empêcher d’exercer ses propres impulsions, mais ayant son chemin dans toutes les directions facile, plat, ouvert et facile à parcourir. (20) Mais les choses qui s’opposent et qui sont hostiles à ces gardes sont la mutilation des organes des sens extérieurs et la maladie, comme je l’ai dit auparavant, par laquelle l’esprit est souvent précipité dans le désastre ; et ces choses sont toutes les conséquences de la fortune, très graves et intrinsèquement misérables, mais néanmoins, si on les compare à celles qui nous sont infligées par notre propre volonté délibérée, elles sont bien plus légères.
VII. (21) Considérons maintenant à notre tour quel est l’ensemble des maux volontairement encourus. Nos âmes pouvant être divisées en trois parties, l’une est dite échue à l’esprit et à la raison, la seconde à la passion, et la troisième à l’appétit ; et chacune de ces parties a ses propres maux particuliers, et elles ont aussi toutes des maladies communes et mutuelles. Puisque l’esprit récolte les fruits de la folie, de la lâcheté, de l’intempérance et de l’injustice ; et que la passion engendre des conflits frénétiques et insensés, et tous les autres nombreux maux dont elle est enceinte ; et que l’appétit répand dans toutes les directions les amours impétueuses et inconstantes de la jeunesse qui s’abattent sur tout objet, animé ou inanimé, qu’il rencontre. (22) Car alors, comme si dans un navire, les marins, les passagers et les pilotes, avaient tous, sous l’influence de la folie, convenu de le détruire, ceux qui ont conspiré contre lui n’en sont pas moins impliqués dans la même destruction. Car le plus grave de tous les maux, et presque le seul qui soit incurable, est l’énergie unanime de toutes les parties de l’âme convenant de commettre le péché, aucune des parties ne pouvant agir sainement (comme c’est le cas dans un mal qui affecte tout le peuple), de manière à guérir ceux qui sont malades ; mais même les médecins étant malades aussi bien que leurs patients, que la maladie pestilentielle a accablés et accablés sous une calamité avouée. (23) De ce grand mal, ce grand déluge décrit par le législateur est une image ; car les torrents du ciel déversent continuellement des cataractes de méchanceté elle-même avec une violence impétueuse, et jaillissent du sol (j’entends par là le corps) jaillissant continuellement et déversant des ruisseaux de toutes passions en grand nombre et de grande taille, qui, unissant un être mêlé dans le même ruisseau avec les autres eaux, sont jetés dans la confusion, et renversent toute la région de l’âme qui les a reçus avec des remous et des tourbillons incessants. (24) « Car », dit Moïse, « le Seigneur Dieu, voyant que la méchanceté des hommes était multipliée sur la terre, et que chacun ne pensait continuellement dans son cœur que du mal pendant toute sa vie, résolut de punir l’homme » (et ici par homme j’entends l’esprit, ainsi que tous les reptiles et les créatures ailées, et tout le reste de la multitude d’animaux sauvages qui l’entourent), en raison de sa méchanceté incurable ; et alors le châtiment que Dieu décida fut le déluge. (25) Car il y avait une liberté illimitée dans le péché, et une licence illimitée dans la commission du mal, sans que personne ne s’y oppose,Mais toutes les entraves furent brisées sans vergogne, de telle sorte qu’aucune crainte ne subsistait pour retenir ceux qui étaient prêts à s’emparer de provisions abondantes pour se livrer à toutes sortes de jouissances. Et ne pouvons-nous pas dire que cela était naturel ? Car ce n’était pas seulement une partie de l’âme qui était corrompue au point de pouvoir encore être préservée par la bonne santé des autres ; mais aucune partie n’était préservée de la maladie ou de la corruption. Car le Juge incorruptible, dit Moïse, voyant que chaque pensée du cœur de l’homme (pas une seule idée en soi) était continuellement mauvaise, lui infligea un châtiment mérité.
VIII. (26) Ce sont ceux qui « firent alliance entre eux dans la vallée du Sel ».[2] Car la région des vices et des passions est une vallée creuse, escarpée et pleine de ravins ; véritablement salée, et produisant d’amères souffrances ; et leur traité, comme s’il ne méritait d’être confirmé ni par un serment ni par une libation, le sage Abraham, qui en connaissait la nature, l’annula. Car il est dit dans l’Écriture : « Tous ces hommes firent alliance dans la vallée du Sel, c’est-à-dire la mer de Sel. » (27) Ne voyez-vous pas que ceux qui sont stériles de sagesse et aveuglés quant à l’intellect qu’il serait naturel d’attendre d’être perspicace, ayant le nom de Sodomites de par leur véritable caractère, « ont, avec tout leur peuple réuni ensemble, depuis le plus jeune jusqu’au plus vieux, entouré la maison en cercle »[3] (c’est-à-dire la maison de l’âme), afin de souiller et de contaminer ces étrangers d’un pays étranger, qui avaient été reçus dans l’hospitalité, à savoir, des raisons sacrées et saintes, les gardiens et les défenseurs de l’âme ; personne ne tentant ni de résister à ces malfaiteurs, ni d’éviter de faire le mal lui-même ? (28) Car Moïse ne parle pas de certains comme ayant consenti et d’autres s’étant tenus à l’écart ; mais, comme il le dit, « Tout le peuple a entouré la maison tous ensemble, depuis le plus jeune jusqu’au plus vieux », ayant conclu une conspiration contre toutes ces actions et paroles saintes qu’il est d’usage d’appeler anges.
IX. (29) Mais Moïse, le prophète de Dieu, les rencontrera et les arrêtera, bien qu’ils avancent avec une audace extrême ; même si, plaçant en tête celui qui est le plus audacieux, le plus entreprenant et le plus habile orateur parmi eux comme leur roi, à savoir la parole, ils se précipitent d’un seul élan, espérant augmenter leur force au fur et à mesure qu’ils avancent, et débordant comme un fleuve ; « Car voici », dit Moïse, « le roi d’Égypte vient à l’eau ; mais toi, va à sa rencontre et tiens-toi sur la rive du fleuve. »[4] (30) C’est pourquoi l’homme méchant s’avance vers le fleuve des iniquités et des passions, et de tous les maux accumulés, qui sont ici comparés à l’eau ; mais l’homme sage obtient d’abord de Dieu, qui demeure toujours ferme, un honneur apparenté à sa puissance inébranlable et, à tous égards et en toutes circonstances, immuable ; car nous lisons dans l’Écriture : (31) « Mais toi, reste ici avec moi, [5] afin qu’ayant mis de côté le doute et l’hésitation, dispositions d’une âme infirme, il puisse revêtir cette disposition la plus constante et la plus digne de confiance, la foi. » En outre, même en restant immobile, il (ce qui semble une chose très extraordinaire) va à sa rencontre ; car il lui est dit : « Tu te tiendras à sa rencontre », et pourtant aller à sa rencontre fait partie du mouvement, tandis que rester immobile est considéré comme caractéristique de la tranquillité. (32) Mais le prophète ne dit pas ici des choses qui sont incohérentes, mais plutôt des choses qui sont extrêmement conformes à la nature ; car l’homme dont l’esprit est naturellement disposé à être tranquille, et est établi sans dévier, doit nécessairement être en désaccord avec tous ceux qui se plaisent dans le désordre et la confusion, et qui par des tempêtes artificielles cherchent à troubler celui qui est capable de jouir de la tranquillité.
X. (33) On dit très justement que la réunion eut lieu sur la rive du fleuve ; mais les rives sont aussi appelées les lèvres, et les lèvres sont les limites de la bouche, et sont une sorte de barrière pour la langue, à travers laquelle le courant du discours est porté, quand il commence à être prononcé ; (34) mais ceux qui haïssent la vertu et qui aiment l’étude, utilisent la parole comme leur alliée pour l’exposition des doctrines qui sont désapprouvées ; et encore, d’un autre côté, les hommes vertueux l’emploient pour la réfutation de telles doctrines, et pour établir la force irrésistible de la meilleure et vraie sagesse. (35) Lorsque donc, après avoir eu recours à tous les expédients des doctrines controversées, les hommes sont détruits, étant accablés par la violence opposée des arguments contraires, alors l’homme sage établira très justement et convenablement un chœur très sacré, et chantera mélodieusement un chant de triomphe ; (36) « Car », dit Moïse, « Israël vit les Égyptiens », non pas morts ailleurs, mais « sur la rive (cheilos) du fleuve » ;[6] entendant ici par mort, non pas la séparation de l’âme du corps, mais l’apparition impétueuse de doctrines et d’affirmations impies, que les hommes prononcent par la bouche, la langue et les autres organes de la parole. (37) Mais la mort de la parole, c’est le silence, non pas ce silence que les gens bien élevés cultivent, en en faisant un symbole de modestie — car ce silence est lui-même une faculté et une sœur de celui qui se développe dans la parole, arrangeant ce qui doit être dit en référence au temps — mais ce silence que les malades et les fatigués endurent contre leur gré, à cause de la force de leurs adversaires, parce qu’ils ne trouvent aucune prise pour leur répondre ; (38) car tout ce qu’ils touchent leur échappe, et tout ce sur quoi ils cherchent à prendre appui ne reste pas, de sorte qu’ils tombent nécessairement avant de se tenir debout, comme cette machine hydrostatique appelée l’hélice ; car au milieu de cette machine il y a des marches sur lesquelles le cultivateur, lorsqu’il veut arroser ses champs, monte, mais il est nécessairement roulé autour ; et afin d’éviter de tomber, il s’accroche continuellement à la chose ferme la plus proche sur laquelle il peut poser les mains, qu’il saisit et soutient ainsi tout son corps ; car au lieu de ses mains il se sert de ses pieds, et au lieu de ses pieds il se sert de ses mains ; car il se tient sur ses mains, au moyen desquelles les actions sont habituellement faites, et il agit avec ses pieds sur lesquels il est naturel de se tenir.
XI. (39) Mais beaucoup, qui ne sont pas capables de réfuter vigoureusement les inventions plausibles des sophistes, parce qu’ils n’ont pas beaucoup pratiqué la discussion en raison de leur application continue à l’action, ont cherché refuge dans l’alliance du seul Être sage et l’ont supplié de devenir leur défenseur. Comme l’un des amis de Moïse, en priant, dit dans ses hymnes : « Que les lèvres traîtresses deviennent muettes »[7] ; et comment pourraient-elles devenir muettes si elles ne sont pas contenues par le seul être qui a la parole elle-même pour sujet ? (40) Il faut donc fuir, sans jamais se retourner, toutes les associations contractées dans le but de pécher ; mais l’alliance contractée avec les compagnons de la sagesse et de la connaissance doit être confirmée. (41) À ce propos, j’admire ceux qui disent : « Nous sommes tous les fils d’un seul homme, nous sommes des hommes de paix »,[8] en raison de leur accord bien adapté ; car comment, dirais-je, pourriez-vous, ô hommes excellents, éviter d’être affligés par la guerre et de vous réjouir par la paix, étant les fils d’un seul et même père, et lui non pas mortel mais immortel, l’homme de Dieu, qui étant la raison du Dieu éternel, est nécessairement lui aussi immortel ? (42) Car ceux qui font plusieurs commencements à l’origine de l’âme, se livrant au mal qu’on appelle polythéisme, et tournant chaque individu d’entre eux à l’honneur d’êtres différents, ayant causé une grande confusion et une grande dissension tant au pays qu’à l’étranger, depuis le début de leur naissance jusqu’à la fin de leur vie, remplissant la vie de querelles irréconciliables ; (43) mais ceux qui ne se réjouissent que d’une seule espèce, et qui n’en honorent qu’une comme leur père, à savoir la droite raison, admirant l’harmonie bien arrangée et toute musicale des vertus, vivent une vie tranquille et paisible, non pas une vie inactive et ignoble, comme certains le pensent, mais une vie d’une grande virilité, et aiguisée, et vigoureuse contre ceux qui s’efforcent de briser la confédération qu’ils ont formée, et qui s’efforcent toujours de provoquer une violation des serments qui ont été prêtés ; car il est arrivé que les hommes de paix sont devenus des hommes de guerre, assis pour attaquer et s’opposer à ceux qui cherchent à renverser la fermeté de l’âme.
XII. (44) Et il y a des témoignages à l’appui de cette affirmation que je dis ; tout d’abord, dans la disposition de tout amoureux de la vertu qui reconnaît ces inclinations ; et deuxièmement, dans ce camarade de la bande des prophètes, qui, inspiré d’une frénésie sacrée, parla ainsi : « Ô ma mère, comment m’as-tu fait naître, homme de guerre et homme d’inquiétude pour toute la terre ! Je ne leur ai pas été utile, et ils ne m’ont pas été utiles ; et ma force n’est pas exempte de leurs malédictions. »[9] (45) Mais tout homme sage n’est-il pas nécessairement un ennemi irréconciliable de tous les hommes méchants, n’utilisant certes pas l’appareil des trirèmes ou des engins de guerre, ou des armes, ou des soldats, pour sa défense, mais des raisons ? (46) Car lorsqu’il voit la guerre allumée au milieu d’une paix tranquille, de manière à être continue et incessante parmi tous les hommes, tant publics que privés, non seulement entre les nations et les pays, et les villes et les villages, mais aussi dans chaque maison, et entre chaque individu particulier, qui est-ce qui ne reproche, n’admoneste et ne cherche à corriger les hommes insensés qu’il voit, et non seulement le jour, mais aussi la nuit, son âme étant incapable de rester tranquille à cause de la haine de la méchanceté implantée dans sa nature ? (47) Car ils font en paix tout ce qui se fait à la guerre : ils pillent, ils ravagent, ils entraînent en esclavage, ils emportent du butin, ils ravagent, ils se comportent avec insolence, ils attaquent, ils détruisent, ils souillent, ils assassinent par trahison, ils assassinent ouvertement s’ils sont les plus puissants ; (48) car chacun d’eux, se proposant la richesse ou la gloire comme but, dirige toutes les actions de sa vie comme autant de flèches vers elle, et néglige l’égalité, et poursuit l’inégalité, et répudie les associations, et s’efforce d’acquérir pour lui-même tous les biens appartenant en propre à chacun ; il est un misanthrope et un ennemi de tous ses semblables, faisant une hypocrite prétention à la bienveillance, étant un compagnon d’une sorte de flatterie bâtarde, un ennemi de la véritable amitié, un ennemi de la vérité, un champion du mensonge, lent à faire le bien, prompt à faire le mal, très prêt à calomnier, très lent à se défendre, habile à tromper, le plus parjure, le plus infidèle, un esclave de la colère, cédant au plaisir, un gardien de tout ce qui est mal, un destructeur de tout ce qui est bien.
XIII. (49) Ces dons et d’autres semblables sont les trésors les plus désirables de la paix, cette bénédiction si célèbre et si admirée, que l’esprit de chaque individu parmi les hommes insensés s’érige en image, admire et adore ; de laquelle, très naturellement, tout homme sage est affligé, et a l’habitude de dire à sa mère et nourrice, la sagesse : « Ô mère, quel homme m’as-tu fait naître ! » non pas en force de corps, mais en énergie et en courage, un ennemi déterminé de la méchanceté, un homme d’inquiétude et de combat, par nature pacifique, et, pour cette raison même, un ennemi de ceux qui polluent la beauté désirable de la paix. (50) « Je ne leur ai fait aucun bien, et ils ne m’ont fait aucun bien » ; et ils n’ont même pas tiré aucun avantage de mes biens, ni moi de leurs maux ; mais selon la parole de Moïse : « Je n’ai reçu d’aucun d’eux ce qu’il y avait de désirable »,[10] dans la mesure où je considère comme extrêmement pernicieux tout objet de leur désir, qu’ils chérissent dans leur cœur comme le plus grand avantage possible ; (51) « Et ma force n’a pas faibli à cause des malédictions qu’ils ont prononcées sur moi »[11] ; mais embrassant les doctrines divines avec ma force la plus fervente, je ne me suis pas lassé au point d’abandonner, mais j’ai plutôt vigoureusement reproché à ceux qui me maudissaient dans leur cœur. (52) Car Dieu nous a créés pour être en contradiction avec notre prochain, comme il est dit dans mes hymnes, voulant dire nous tous qui aspirons à la droite raison : mais tous ceux qui ont un zèle pour la connaissance et la vertu ne sont-ils pas naturellement en contradiction, étant toujours en désaccord avec le prochain de leur âme, réprouvant les plaisirs qui vivent en union avec eux, et réprouvant les appétits qui ont la même demeure, et regardant avec morosité les actes de lâcheté et de peur, et tout le corps des passions et des vices ? Réprouvant donc chaque sens extérieur, les yeux pour ce qu’ils ont vu, et les oreilles pour ce qu’ils ont entendu, et le sens de l’odorat pour les odeurs qui se présentaient à lui, le goût pour les saveurs qui lui étaient soumises, et de plus le toucher pour ses diverses facultés développées dans le corps, en référence aux particularités qui viennent à son attention ; et même la parole prononcée pour les sujets qu’elle a pu choisir de discuter ; (53) car ce que le sens extérieur a perçu, ou comment il l’a fait, ou pourquoi, ou ce que la parole a exprimé, ou comment ou pourquoi, ou de quelle manière, et comment et pourquoi la passion a disposé les hommes, il vaut la peine de l’examiner d’une manière non superficielle, et d’examiner chacune des erreurs dans lesquelles ils tombent ; (54) mais celui qui ne contredit aucune de ces choses, mais qui consent à chacune d’elles successivement, sans s’en rendre compte, se trompe lui-même,et édifier pour son âme des voisins gênants, qu’il ferait mieux d’avoir comme sujets que comme dirigeants ; car en tant que dirigeants, ils lui feront de nombreux et grands torts, puisque la folie règne parmi eux ; mais comme
sujets, ils le serviront avec obéissance dans les affaires appropriées, et ne lèveront pas du tout la tête avec arrogance, comme ils le feraient s’ils étaient des dirigeants. (55) Ainsi, en effet, tandis que certains apprennent à être des sujets, et que d’autres obtiennent de l’autorité, non seulement par la connaissance mais aussi par le pouvoir, tous les gardes du corps et les champions de l’âme, c’est-à-dire ses raisonnements, les maintiendront en ordre, et venant à ce qui est le plus important parmi eux, ils diront : « Tes enfants ont pris la somme des hommes qui sont guerriers parmi nous, et il n’y en a pas un seul qui soit en désaccord »[12] ; mais comme des instruments de musique, savamment accordés dans tous leurs tons, ainsi nous sonnons en harmonie dans toutes nos explications, ne prononçant aucun mot ni ne faisant aucune action qui soit monocorde ou discordante, afin que nous puissions par le contraste montrer que l’autre compagnie d’hommes illettrés est, à tous égards, muette et morte, et un objet de ridicule mérité, à savoir cette nourriture des parties corporelles, Madian, et que sa progéniture aussi, cette masse de peaux, dont le nom est Belphégor, est endormie ; (56) « car nous sommes de la race des hommes d’élite d’Israël, qui voient Dieu, dont aucun n’a été en désaccord »[13] ; afin que l’instrument de l’univers, le monde entier, puisse être mélodieusement résonné dans une harmonie musicale. (57) C’est pourquoi Moïse dit que la « récompense de la paix »[14] a été donnée à la raison même guerrière, qui est appelée Phinées ; parce qu’ayant reçu du zèle pour la vertu, et ayant entrepris la guerre contre le vice, il a mis en pièces toute la génération ; et en second lieu, à tous ceux qui sont prêts, après un examen et une enquête minutieux, utilisant leurs yeux de préférence à leurs oreilles comme un témoin digne de confiance, à croire que la race humaine est pleine d’infidélité, en se fiant uniquement à l’opinion. (58) Par conséquent, l’accord mentionné ci-dessus est admirable ; et la plus admirable de toutes est celle qui surpasse toutes les autres, selon laquelle le peuple tout entier est représenté disant d’un commun accord : « Tout ce que Dieu a dit, nous l’obéirons et le ferons. »[15] (59) Car ces hommes n’obéissent plus à la raison comme à leur règle, mais à Dieu, le gouverneur de l’univers, qui les aide à déployer leur énergie en actes plutôt qu’en paroles. Car lorsqu’ils entendent d’autres faire telle ou telle chose, ces hommes, ce qui est tout à fait contraire à ce qu’on pourrait attendre, disent que, sous l’inspiration de Dieu, ils agiront d’abord et obéiront ensuite ; afin de paraître avoir progressé vers de bonnes actions, non par instruction et avertissement, mais par leur propre esprit spontané et autodidacte. Puis, lorsqu’ils ont accompli ces actions, ils disent qu’ils obéiront afin de se faire une opinion de ce qu’ils ont fait,quant à savoir si leurs actions sont conformes aux injonctions divines et aux avertissements sacrés des Écritures.
XIV. (60) Mais ceux qui conspiraient pour commettre l’injustice, dit-il, « étant venus de l’orient, trouvèrent une plaine dans le pays de Schinear, et y habitèrent »[16] ; parlant très strictement selon la nature. Car il y a une double sorte d’aube dans l’âme, l’une d’une meilleure sorte, l’autre d’une pire. C’est la meilleure sorte, lorsque la lumière des vertus brille comme les rayons du soleil ; et c’est la pire sorte, lorsqu’elles sont éclipsées et que les vices apparaissent. (61) Or, voici un exemple de la première sorte : « Et Dieu planta un paradis en Éden, vers l’orient »,[17] non pas de plantes terrestres mais de plantes célestes, que le planteur fit germer de la lumière incorporelle qui existe autour de lui, de manière à être à jamais inextinguibles. (62) J’ai aussi entendu dire qu’un des compagnons de Moïse avait prononcé un discours comme celui-ci : « Voici un homme dont le nom est l’Orient ! »[18] Une appellation très nouvelle en effet, si vous la considérez comme étant prononcée comme étant un homme composé d’un corps et d’une âme ; mais si vous la considérez comme appliquée à cet être incorporel qui ne diffère en rien de l’image divine, vous conviendrez alors que le nom d’Orient lui a été donné avec une grande félicité. (63) Car le Père de l’univers l’a fait surgir comme le fils aîné, qu’il appelle, dans un autre passage, le premier-né ; et celui qui est ainsi né, imitant les voies de son père, a formé telle et telle espèce, en regardant ses modèles archétypiques.
XV. (64) Mais un exemple de la pire sorte d’aube est fourni par les mots utilisés par l’homme qui était prêt à « maudire le peuple béni de Dieu ».[19] Car lui aussi est représenté comme habitant l’Orient. Et cette aube, portant le même nom que la précédente, a néanmoins une nature opposée à celle-ci et est continuellement en guerre avec elle. (65) Car Balaam dit : « Balak m’a envoyé chercher de Mésopotamie, des montagnes de l’Orient, en disant : Viens, maudis-moi le peuple que Dieu ne maudira pas. » Mais le nom de Balak, interprété, signifie « vide de sens », un nom très heureux. Car comment ne pas être choquant d’espérer tromper le Dieu vivant et de détourner ses conseils les plus durables et les plus fermement établis par les artifices des hommes ? (66) C’est pourquoi il est représenté comme vivant en Mésopotamie, car son esprit est accablé comme au milieu des profondeurs du fleuve, et ne peut émerger et nager au loin. Et cet état est l’aube de la folie et l’extinction de la saine raison. (67) Ceux donc qui sont accordés dans une symphonie disharmonieuse sont dits être déplacés de l’est. Est-ce donc l’est selon la méchanceté ? Mais l’aube selon la vertu est décrite comme une séparation complète, et le mouvement issu de l’aube selon le vice est un mouvement uni, comme lorsque les mains sont déplacées, non pas séparément et disjonctivement, mais dans une certaine harmonie et connexion avec le corps entier. (68) Car la folie est pour le méchant le début de son énergie dans les œuvres qui sont contre nature, c’est-à-dire de son approche de la région de la méchanceté. Mais tous ceux qui ont quitté la région de la vertu et se sont mis en route pour la folie, ont trouvé un lieu très approprié où ils habitent, qui est appelé en hébreu Shinar. Et Shinar en grec, est appelé « tremblement » ; (69) car toute la vie du méchant est secouée, agitée et déchirée, étant toujours maintenue dans un état de commotion et de confusion, et n’ayant aucune trace d’un quelconque bien véritable accumulé en elle-même. Car de même que tout ce qui n’est pas maintenu ensemble par une union étroite tombe de ce qui est violemment secoué, de la même manière, il me semble, que l’âme est secouée de tout homme qui s’associe à d’autres dans le but de faire le mal ; car il rejette toute apparence de bien, de sorte qu’aucune ombre ou image de celui-ci n’apparaît jamais.
XVI. (70) Ainsi, la race des Égyptiens, amoureuse du corps, est représentée comme fuyant, non pas l’eau, mais « sous l’eau », c’est-à-dire sous la vitesse impétueuse des passions. Et lorsqu’elle s’est une fois placée sous le pouvoir des passions, elle est secouée et agitée ; elle rejette les qualités stables et paisibles de la vertu, et prend à leur place le caractère turbulent et confus de la méchanceté ; car il est dit que « Dieu secoua les Égyptiens au milieu de la mer, fuyant sous l’eau. »[20] (71) Ce sont ceux qui n’ont pas connu Joseph — l’orgueil diversifié de la vie — mais qui, ayant leurs péchés révélés, n’ont reçu aucune trace, ni ombre, ni image de bonté et d’excellence. (72) Car, dit Moïse, « un autre roi s’éleva sur les Égyptiens qui ne connaissait pas Joseph »,[21] le bien le plus récent et le plus moderne perceptible par les sens extérieurs, qui détruisit complètement non seulement les perfections mais même toutes les améliorations, et toute l’énergie qui peut être exercée par la vue, et tout l’enseignement qui peut être implanté au moyen de l’ouïe, en disant : « Viens, maudis-moi Jacob ; et viens, défie Israël pour moi »[22] ; une expression qui équivaut à : Détruisez ces deux choses, la vue et l’ouïe de l’âme, afin qu’elle ne voie ni n’entende aucune chose bonne et authentique ; car Israël est l’emblème de la vue et Jacob de l’ouïe. (73) En conséquence, l’esprit de telles personnes rejette la nature du bien, étant dans une certaine mesure ébranlé ; et, d’autre part, l’esprit des bonnes personnes, revendiquant les idées pures et sans mélange des bonnes choses, secoue et rejette tout ce qui est mauvais. (74) Considérez donc ce que dit le pratiquant de la vertu : « Enlevez du milieu de vous les dieux étrangers qui sont parmi vous, purifiez-vous, changez de vêtements, levez-vous et allons à Béthel »[23] ; afin que, même si Laban demandait un pouvoir d’examen, les images ne se trouvent pas dans toute sa maison, mais seulement les choses qui ont une subsistance et une essence réelles, fixées comme des piliers dans l’esprit du sage, que le fils autodidacte Isaac a reçu en héritage ; car lui seul reçoit la substance de son père en héritage. »[24]
XVII. (75) Et remarquez que Moïse ne dit pas qu’ils arrivèrent dans une plaine où ils demeurent, mais qu’ils en « trouvèrent » une, après avoir cherché dans toutes les directions et avoir considéré quelle pourrait être la région la plus propice à la folie ; car en réalité, tout homme insensé ne prend pas d’autrui pour lui-même, mais il cherche et trouve les maux, ne se contentant pas seulement de ceux vers lesquels la nature méchante se dirige d’elle-même, mais y ajoutant aussi une habileté parfaite dans le mal qui naît d’une pratique constante à commettre le mal. (76) Et je souhaiterais en effet qu’après y être resté un peu de temps, il ait changé de demeure ; mais même maintenant il juge bon d’y rester, car il est dit qu’ayant trouvé la plaine, ils y habitèrent ; s’y étant installés comme dans leur propre pays et non comme dans un pays étranger ; car il aurait été moins pénible pour les hommes qui avaient commis des actions mauvaises de les considérer comme étrangers et de ne pas considérer qu’ils avaient avec eux une parenté ou un lien quelconque. Car s’ils s’étaient considérés comme des étrangers parmi eux, ils auraient changé de demeure par la suite, mais maintenant, s’étant installés solidement parmi eux, ils étaient susceptibles d’y demeurer pour toujours. (77) C’est pourquoi tous les sages mentionnés dans les livres de Moïse sont représentés comme des étrangers, car leurs âmes sont envoyées du ciel sur la terre comme dans une colonie ; et en raison de leur penchant pour la contemplation et de leur amour de l’étude, ils ont l’habitude d’émigrer vers la nature terrestre. (78) Puisque, ayant établi leur demeure parmi les corps, ils contemplent par leur moyen tous les objets mortels des sens extérieurs, ils retournent ensuite de là au lieu d’où ils sont partis, considérant la patrie céleste où ils ont les droits de citoyens comme leur patrie, et la demeure terrestre où ils demeurent pour un temps comme dans une terre étrangère. Car pour ceux qui sont envoyés pour habiter une colonie, la patrie qui les a accueillis remplace leur patrie d’origine ; mais la terre qui les a envoyés reste pour eux la maison où ils désirent retourner. (79) C’est pourquoi, tout naturellement, Abraham dit aux gardiens des morts et aux arrangeurs des affaires mortelles, après avoir abandonné cette vie qui n’est que mort et le tombeau : « Je suis un étranger et un voyageur parmi vous »,[25] mais vous êtes des natifs du pays, honorant la poussière et la terre plus que l’âme, pensant que le nom Éphron est digne de préséance, car Éphron, (80) étant interprété, signifie « un monticule » et naturellement, Jacob, le pratiquant de la vertu, déplore d’être un voyageur dans le corps, en disant :Français « Les jours des années de ma vie que j’ai passés ici comme étranger ont été peu nombreux et mauvais ; ils n’ont pas atteint les jours de mes pères qu’ils ont passés comme étrangers. »[26] (81) Mais à celui qui était autodidacte l’injonction suivante de l’Écriture a été donnée : « Ne descends pas », dit l’Écriture, « en Égypte », c’est-à-dire à la passion ; « mais demeure dans ce pays, pays que je te dirai »,[27] c’est-à-dire dans la sagesse incorporelle qui ne peut être montrée à l’œil ; et sois un étranger dans ce pays, la substance qui peut être montrée et appréciée par le sens externe. Et cela est dit dans le but de montrer que le sage est un étranger en terre étrangère, c’est-à-dire dans le corps perceptible par les sens extérieurs, qui demeure parmi les vertus appréciables par l’intellect comme dans sa terre natale, vertus que Dieu prononce comme ne différant en rien de la parole divine. (82) Mais Moïse dit : « Je suis un étranger en terre étrangère » ; parlant avec une justesse particulière, considérant sa demeure dans le corps non seulement comme une terre étrangère, comme le font les étrangers, mais aussi comme une terre dont on devrait se sentir aliéné, et ne jamais la considérer comme sa maison.
XVIII. (83) Mais le méchant, désireux de démontrer que l’identité de langue et la similitude de dialecte ne consistent pas plus dans les noms et les mots communs que dans sa participation à des actions iniques, commence à construire une ville et une tour comme citadelle pour la méchanceté souveraine ; et il invite tous ses compagnons de fête à prendre part à son entreprise, préparant à l’avance une abondance de matériaux appropriés. (84) Car, « Venez », dit-il, « faisons des briques et cuisons-les au feu », une expression équivalente à : Maintenant nous avons toutes les parties de l’âme mêlées ensemble et dans un état de confusion, de sorte qu’il n’y a aucune espèce dont la forme soit évidente à voir. (85) Il sera donc cohérent avec ces commencements que, comme nous avons supposé une certaine essence dépourvue de toute espèce particulière ; et de toutes les qualités distinctives, et nous avons aussi abordé la passion et le vice, nous devrions aussi le diviser en qualités appropriées, et continuer à réduire l’espèce proche à l’espèce ultime ; et en vue d’une compréhension plus distincte d’elles, et aussi de cet emploi et de cette jouissance d’elles combinés avec l’expérience, qui semble produire beaucoup de plaisirs et de délices. (86) Venez donc, vous tous, raisonnements de conseillers, d’une manière ou d’une autre, à l’assemblée de l’âme ; venez, vous tous qui méditez la destruction de la justice et de toute vertu, et considérons soigneusement comment nous pouvons atteindre le but que nous désirons. (87) Or, pour réussir dans cette affaire, voici les fondements les plus solides : donner aux choses sans forme une forme et un caractère, et distinguer chaque chose séparément par des contours distincts, de peur que, si elles deviennent ébranlées et boiteuses (bien que fixées sur des fondements solides), et si elles ont pris un lien avec la nature d’une forme quadrangulaire (car c’est une nature toujours inébranlable), elles puissent alors, étant établies solidement comme un édifice de briques, soutenir même les choses qui sont construites sur elles. XIX. (88) D’une telle structure, tout esprit opposé à Dieu, que nous appelons le roi d’Égypte (c’est-à-dire du corps), se trouve être le créateur. Car Moïse représente l’esprit comme se réjouissant des édifices faits de briques ; (89) car après qu’un être quelconque a rendu les deux substances de l’eau et de la terre l’une sèche et l’autre solide, et les a mêlées ensemble, car elles étaient facilement dissolubles et corruptibles, a fait une troisième substance à la limite des deux, qui est appelée argile, il n’a jamais cessé de disséquer celle-ci en petites portions, donnant sa propre figure appropriée à chacun des fragments, afin qu’ils puissent être très bien compactés ensemble,et très adaptés aux fins auxquelles ils étaient destinés. Car de cette manière, ce qui était créé était sûr d’être très facilement perfectionné. (90) Imitant cette œuvre, ces hommes de nature mauvaise, lorsqu’ils mêlent les impulsions irrationnelles et extravagantes des passions aux vices les plus graves, dissèquent en réalité ce qui a été combiné en diverses espèces, et sont malheureux de les remodeler et de les réduire à une forme, au moyen de
dont le blocage de l’âme sera levé au plus haut ; il s’agit, en fait, des divisions des sens extérieurs en vue, ouïe, goût, odorat et toucher. La passion, quant à elle, se divise en plaisir, appétit, peur et chagrin ; et le genre universel des vices se divise en folie, intempérance, lâcheté, injustice, et tous les autres vices qui leur sont apparentés ou étroitement liés.
XX. (91) Et avant maintenant, certaines personnes, encore plus excessivement extravagantes en méchanceté que celles-ci, ont non seulement préparé leurs propres âmes à de telles actions, mais ont également exercé une force sur ceux d’une classe supérieure et du genre qui est doté d’une acuité de vision, et les ont « contraints à faire des briques et à bâtir des villes fortes »[28] pour l’esprit, qui a semblé occuper la place de roi, voulant souligner ce fait, que ce qui est bien est l’esclave de ce qui est mal, et que la soumission aux passions est plus puissante que la tranquillité de l’âme et la prudence, et que toute vertu n’est, pour ainsi dire, qu’un sujet de folie et de toute méchanceté, de sorte qu’il est nécessaire de servir dans toutes les choses que le pouvoir maître ordonne ; (92) car voici, dit Moïse, l’œil le plus pur, le plus brillant et le plus clairvoyant de l’âme, auquel seul il est permis de voir Dieu, nommé Israël, étant autrefois lié dans les filets corporels de l’Égypte, endure des commandements sévères, de sorte qu’il est contraint de fabriquer des briques et toutes sortes de choses d’argile avec les travaux les plus pénibles et les plus intolérables, auxquels il est très naturellement peiné, et dont il gémit, ayant amassé cela, pour ainsi dire, comme son seul trésor au milieu de ses maux, le pouvoir de pleurer ses détresses présentes. (93) Car il est dit, très justement, que « les enfants d’Israël gémissaient à cause de leurs tâches ».[29] Et quel homme sensé est-il qui, s’il voyait les tâches de la plupart des hommes, et l’extrême zèle avec lequel ils travaillent aux poursuites auxquelles ils ont l’habitude de se consacrer, que ce soit l’acquisition de l’argent, de la gloire ou la jouissance du plaisir, ne serait pas grandement concerné et ne crierait pas à Dieu, le seul Sauveur, pour qu’il allège leurs travaux, et paie une rançon et un prix pour le salut de l’âme, afin de l’émanciper et de la délivrer ? (94) Quelle est donc la liberté la plus sûre ? Le service du seul Dieu sage, comme en témoignent les Écritures, où il est dit : « Envoyez le peuple, afin qu’il me serve. »[30] (95) Mais c’est une propriété particulière de ceux qui servent le Dieu vivant de ne pas considérer le travail d’échanson, de boulanger, de cuisinier, ou de tout autre emploi terrestre, ni de se soucier d’arranger ou d’orner leur corps comme des briques, mais de s’élever avec leur raison jusqu’à la hauteur du ciel, ayant élu Moïse, le type de la race qui aime Dieu, pour être le guide de leur chemin ; (96) car alors « ils verront le lieu qui est visible »,[31] sur lequel se tient le Dieu immuable et inaltérable ; et le marchepied sous ses pieds, qui est, pour ainsi dire, un ouvrage de pierre de saphir, et, pour ainsi dire, une ressemblance avec le firmament du ciel, à savoir,le monde perceptible par les sens extérieurs, qu’il décrit allégoriquement par ces figures. (97) Car il convient parfaitement à ceux qui ont fait une association pour apprendre de désirer le voir ; et, s’ils ne le peuvent pas, de voir au moins son image, la parole la plus sacrée, et, après cela, l’œuvre la plus parfaite de toutes les choses perceptibles par les sens extérieurs, à savoir le monde ? Car philosopher n’est rienautre chose que de désirer voir les choses avec précision.
XXI. (98) Mais il dit que le monde perceptible aux sens extérieurs est, pour ainsi dire, le marchepied de Dieu, à cause de ceci : premièrement, pour montrer qu’il n’y a pas de cause efficiente dans les créatures ; deuxièmement, pour montrer que même le monde entier n’a pas de mouvement spontané libre et sans frein qui lui soit propre, mais que Dieu, le maître de l’univers, se tient sur lui, le réglant et dirigeant tout d’une manière salvifique par le gouvernail de sa sagesse, n’utilisant, en vérité, ni mains, ni pieds, ni aucune autre partie quelconque qui appartienne aux objets créés ; car Dieu n’est pas comme l’homme, mais la raison pour laquelle nous le représentons parfois comme tel, à des fins d’instruction, c’est que nous ne pouvons pas avancer hors de nous-mêmes, mais que nous tirons notre compréhension du Dieu incréé des circonstances dont nous sommes nous-mêmes entourés. (99) Et c’est très joliment dit par Moïse, sous forme de parabole, quand il parle du monde comme s’il ressemblait à une brique ; car le monde semble debout et être fermement fixé comme une brique dans une maison, autant que la vision de la vue des sens extérieurs peut nous informer, mais il a un mouvement très rapide, et un qui est capable de surpasser tous les mouvements particuliers. (100) Car les yeux de notre corps regardent l’apparence du soleil pendant le jour et de la lune pendant la nuit comme immobiles, et pourtant qui est là qui ne sait pas que la rapidité des mouvements de ces deux corps est incomparable, puisqu’ils font le tour du ciel entier en un seul jour ? Ainsi, en effet, le ciel universel lui-même aussi, tout en paraissant immobile, tourne en cercle ; ses mouvements étant détectés et compris par l’œil invisible et plus divin qui est placé dans notre esprit.
XXII. (101) Et ils sont représentés comme cuisant les briques au feu, dans le but d’indiquer par cette expression symbolique qu’ils sont fortifiés et endurcis quant à leurs vices et à leurs passions par la raison chaude et la plus énergique, de sorte qu’ils ne peuvent jamais être renversés par les gardes du corps de la sagesse, par lesquels les machines pour leur défaite sont continuellement mises en œuvre. (102) C’est pourquoi nous avons également cette autre déclaration faite : « Leur brique était pour eux comme pierre » ; car le caractère faible et relâché de cette impétuosité qui n’est pas en compagnie de la raison, lorsqu’elle est étroitement pressée et condensée de manière à prendre une nature capable de solidité et de résistance, doit ce changement à des raisons puissantes et à des démonstrations très convaincantes ; La compréhension de telles spéculations étant, en quelque sorte, douée de virilité et de vigueur, compréhensions qui, à un âge tendre, fondent à cause du mélange de l’âme, qui n’est pas encore capable de consolider et de préserver le caractère imprimé en elle. (103) « Et ils avaient de la vase pour mortier » ; non, au contraire, mortier pour vase. Car les méchants semblent fortifier et fortifier ce qui est faible contre ce qui est plus puissant, et de leurs propres ressources consolider et préserver ce qui fond et s’écoule de telles choses, afin de pouvoir viser et tirer sur la vertu d’un lieu sûr. Mais le Dieu miséricordieux et père des bons ne permettra pas que leurs édifices soient établis dans une sécurité indissoluble, leur travail de zèle fondant ne pouvant résister, mais devenant comme de la boue molle. (104) Car, si leur argile était devenue mortier, alors peut-être cette chose terrestre perceptible par les sens extérieurs, qui est à jamais dans un état de flux continu, aurait pu parvenir à une puissance sûre et inaltérable ; mais puisque, au contraire, leur mortier est devenu une simple vase, nous ne devons pas désespérer, car il y a en cela un certain espoir que les fortes fortifications du vice puissent être renversées par la puissance de Dieu. (105) C’est pourquoi l’homme juste, même dans le grand et incessant déluge de la vie, alors qu’il n’est pas encore capable de voir réellement les choses telles qu’elles sont par la seule énergie de son âme sans l’aide du sens extérieur, oindra « l’arche », par laquelle j’entends le corps, « à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la poix »,[32] renforçant son imagination et ses énergies par ses propres ressources ; mais lorsque le danger aura cessé et que la violence du déluge aura diminué, alors il sortira, se servant de son esprit incorporel pour la compréhension de la vérité. (106) Car la bonne disposition étant dès la naissance de l’homme planté dans la vertu, et étant parlée comme telle, son nom étant Moïse,Habitant le monde entier comme sa ville et son pays natals, devenant, pour ainsi dire, cosmopolite, lié dans son corps, enduit comme de « bitume et de poix »[33], et semblant pouvoir recevoir et contenir en sécurité toutes les imaginations de toutes choses soumises aux sens extérieurs, il pleure[34] d’être ainsi lié, submergé par le désir d’une nature incorporelle. Et il pleure sur le misérable esprit des hommes en général, comme errant et enflé d’orgueil, dans la mesure où, enivré par de fausses opinions, il croit avoir en lui-même quelque chose de ferme et de sûr, et, en général, qu’il y a quelque chose d’immuable dans telle ou telle créature, bien que l’exemple de la stabilité perpétuelle, qui est toujours la même, soit établi en Dieu seul.
XXIII. (107) Et l’expression : « Allons, bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet atteigne le ciel », a un sens caché comme celui-ci ; le législateur ne conçoit pas que seules soient des villes construites sur la terre, dont les matériaux sont le bois et la pierre, mais il pense qu’il existe aussi d’autres villes que les hommes portent avec eux, étant construites dans leur âme ; (108) et celles-ci sont, comme il est naturel, les archétypes et les modèles des autres, dans la mesure où elles ont reçu un édifice plus divin, et les autres n’en sont que des imitations, car constituées de substances périssables. Mais il y a deux espèces de villes, l’une meilleure, l’autre pire. Celle-ci est meilleure qui jouit d’un gouvernement démocratique, d’une constitution qui honore l’égalité, dont les maîtres sont la loi et la justice ; et une telle constitution est un hymne à Dieu. Mais c’est la pire espèce qui falsifie cette constitution, tout comme l’argent vil et rogné est falsifié dans la frappe, étant, en fait, l’ochlocratie, qui admire l’inégalité, dans laquelle règnent l’injustice et l’anarchie. (109) Or, les hommes de bien sont inscrits comme citoyens dans la constitution du premier type de cité ; mais la multitude des méchants s’attache à l’autre et pire espèce, aimant le désordre plus que l’ordre, et la confusion plus que la stabilité bien établie. (110) Et l’homme méchant cherche des coadjuteurs dans sa pratique de la méchanceté, ne se considérant pas comme suffisant par lui-même. Et il exhorte la vue, et il exhorte l’ouïe, et il exhorte tous les sens extérieurs successivement, à se ranger de son côté sans délai, et chacun d’eux à lui apporter tout ce qui est nécessaire à son service. Français Et il suscite et aiguise tout le reste de la compagnie des passions, qui sont par leur propre nature ingérables, afin que par l’addition de la pratique et du soin elles puissent devenir irrésistibles. (111) L’esprit donc, ayant appelé ces alliés, dit : « Bâtissons-nous une ville » ; une expression équivalente à : Fortifions nos propres choses ; entourons-les de clôtures du mieux que nous pouvons, afin que nous ne soyons pas facilement pris par ceux qui nous attaquent ; divisons et distribuons, comme en tribus et en bourgs, chacune des puissances existant dans l’âme, en attribuant certaines à la partie rationnelle, et d’autres à la partie irrationnelle ; (112) choisissons des dirigeants compétents, la richesse, la gloire, l’honneur, le plaisir, au moyen desquels nous puissions devenir maîtres de tout, bannissant au loin la justice, cause invariable de la pauvreté et de l’ignominie ; et promulguons des lois qui confirmeront le pouvoir et l’avantage principaux à ceux qui sont toujours capables de prendre le dessus sur les autres.(113) Et qu’on construise dans cette ville une tour comme citadelle, pour être un palais fortifié pour le vice tyrannique, dont les pieds fouleront la terre, et dont la tête, par orgueil, sera élevée à une telle hauteur qu’elle atteindra même le ciel ; (114) car, en bonne vérité, elle ne repose pas seulement sur les péchés humains, mais elle se hâte aussi en avant jusqu’au ciel, poussant haut ses paroles d’impiété et d’impiété, puisqu’elle parle de Dieu de manière à affirmer qu’il n’existe pas, ou que, bien qu’il existe, il n’a pas de providence, ou à affirmer que le monde n’a pas eu de commencement de création, ou que, admettant qu’il a été créé, il est porté par des causes instables, tout comme le hasard peut le diriger, tantôt à tort, tantôt d’une manière irréprochable, tout comme cela arrive souvent dans le cas des chars ou des navires. (115) Car parfois la navigation d’un navire, ou la course d’un char, se déroulent normalement, même sans cochers ni pilotes ; mais le succès n’est pas seulement dû de temps à autre à la providence, mais très souvent à la prudence humaine et invariablement à la divine, l’erreur étant reconnue comme totalement incompatible avec la puissance divine. Or, quel but peut avoir l’insensé qui, au sens figuré, élève les raisonnements de la méchanceté comme une tour, sinon le désir de laisser derrière lui un nom qui sera loin d’être un bon nom ?
XXIV. (116) Car ils disent : « Faisons-nous un nom. » Ô l’impudence excessive et dévergondée d’une telle parole ! Que dites-vous ? Alors que vous devriez chercher à ensevelir vos iniquités sous la nuit et les ténèbres profondes, et à les couvrir d’une honte, sinon authentique, du moins feinte, soit pour gagner la faveur des modérés et des vertueux, soit pour éviter le châtiment d’une méchanceté avouée, allez-vous néanmoins jusqu’à un tel degré d’audace, au point de vous exposer à la lumière et aux rayons les plus éclatants du soleil, sans craindre ni les menaces des meilleurs, ni l’implacable justice de Dieu qui pèse sur des hommes aussi impies et désespérés ? Mais vous jugez bon de répandre partout des nouvelles, de porter la nouvelle de vos iniquités domestiques, afin que personne ne soit dans l’ignorance ou l’ignorance de vos actes de méchanceté audacieuse, hommes misérables et infâmes que vous êtes. (117) Quel nom voulez-vous donc prendre ? Est-ce celui qui convient le mieux à vos actions ? Mais n’y a-t-il pas un seul nom qui leur convienne ? Il peut s’agir d’un seul nom en genre ; mais il y a dix mille noms semblables en espèce, que vous entendrez d’autres, même si vous gardez le silence vous-mêmes. Les noms qui conviennent à votre conduite sont : témérité unie à l’impudence, insolence unie à la violence, violence unie à l’homicide, corruption unie à l’adultère, appétit indéfini accompagné d’une indulgence démesurée dans les plaisirs, folie unie à l’impudence, injustice unie à la méchanceté rusée, vol allié à la rapine, parjure uni au mensonge, impiété alliée à l’anarchie totale. Tels sont les noms de telles actions, et d’autres semblables. (118) Et il est bon pour eux de se vanter et de s’enorgueillir, en recherchant la réputation par des actions qu’il serait plus convenable de cacher et d’avoir honte. Et, en effet, certaines personnes s’enorgueillissent de ces choses, pensant qu’en conséquence elles tirent un certain degré irrésistible de pouvoir parmi les hommes du fait que l’on s’en fait une idée à leur sujet ; Mais ils n’échapperont pas à la vengeance divine pour leur énorme audace, et très bientôt ils auront l’occasion non seulement d’anticiper de loin, mais même de voir imminente leur propre mort. Car ils disent : « Avant d’être dispersés, prenons soin de notre nom et de notre gloire. » (119) Ne devrais-je pas alors leur dire : Vous savez que vous serez dispersés ? Pourquoi donc commettez-vous l’iniquité ? Mais peut-être nous présente-t-il ici le comportement des hommes insensés qui, même lorsque les châtiments les plus graves ne les menacent pas obscurément, mais les menacent souvent visiblement, n’hésitent pas néanmoins à commettre l’iniquité.Et les châtiments, si cachés qu’ils puissent paraître, sont en réalité des plus notoires, car ils sont infligés par Dieu. (120) Car tous les hommes les plus méchants adoptent l’idée qu’ils ne peuvent jamais échapper à la connaissance de la divinité lorsqu’ils font le mal, et qu’ils ne pourront jamais conjurer complètement le jour du châtiment. (121) Sinon, comment savent-ils qu’ils seront dispersés ? Et pourtant ils disent : « Avant que nous soyons dispersés. » Mais leur conscience, qui est intérieure, les convainc et les pique avec véhémence, lorsqu’ils se consacrent à l’impiété, de manière à les amener contre leur volonté à confesser que toutes les circonstances qui affectent les hommes sont ignorées par une nature supérieure, et que la justice veille en haut, comme un châtieur incorruptible, haïssant les actions injustes des impies, et les raisonnements et les discours qui prennent leur défense.
XXV. (122) Mais tous ces hommes sont la progéniture de cette méchanceté qui meurt toujours mais qui ne meurt jamais, dont le nom est Caïn. Caïn n’est-il pas représenté comme ayant engendré un fils qu’il appela Énoch, [35] et comme bâtissant une ville à laquelle il donna le même nom, et comme édifiant en quelque sorte des choses créées et mortelles pour la destruction de celles qui ont reçu une formation plus divine ? (123) Car le nom Énoch, étant interprété, signifie « ta grâce ». Mais tout homme impie suppose que ce qu’il pense et comprend est dû à la générosité de son intellect envers lui ; que ce qu’il voit est le don de ses yeux, ce qu’il entend de ses oreilles, ce qu’il sent de ses narines, et que chacun de ses sens extérieurs lui confère les perceptions qui leur sont conformes. Français De plus, que ce sont les organes de la voix qui lui donnent la capacité de parler, et qu’il n’existe en réalité aucune chose telle que Dieu, ou du moins qu’il n’est pas la cause première des choses. (124) À cause de ces vues, il s’attribue les prémices des fruits qu’il extrait de la terre par son agriculture, se contentant ensuite d’offrir à Dieu une partie du fruit, et cela aussi bien qu’il ait un bon exemple sous la main ; car son frère offre un sacrifice de la progéniture du troupeau, offrant les premiers-nés, et non ceux qui sont de valeur secondaire ; confessant que les causes les plus anciennes de toutes les choses existantes conviennent à la cause la plus ancienne et la première. (125) Mais l’impie pense exactement le contraire, à savoir que l’esprit est doué d’un pouvoir absolu sur tout ce qu’il désire, et que les sens extérieurs ont un pouvoir absolu sur tout ce qu’ils ressentent, car l’esprit et les sens extérieurs décident tous deux d’une manière irréprochable et infaillible, l’un sur les corps, l’autre sur toutes choses. (126) Or, qu’y a-t-il de plus blâmable, de plus susceptible de conviction par la vérité, que de telles idées ? L’esprit n’a-t-il pas été maintes fois convaincu d’innombrables actes de folie ? Et tous les sens extérieurs n’ont-ils pas été convaincus de faux témoignage, et cela non pas par des juges irrationnels qui, il est naturel de le supposer, peuvent être trompés, mais devant le tribunal de la nature elle-même, qu’il est impossible de corrompre ou de pervertir ? (127) Et en effet, comme les critères de notre esprit et de nos sens extérieurs sont sujets à erreur même en ce qui nous concerne, il s’ensuit nécessairement que nous devons faire la confession correspondante que Dieu répand sur l’esprit le pouvoir de l’intellect, et sur les sens extérieurs la faculté d’appréhension, et que ces bienfaits nous sont conférés non par nos propres membres mais par celui à qui nous devons aussi notre existence.
XXVI. (128) Les enfants qui ont reçu de leur père l’héritage de l’amour-propre sont désireux de continuer à croître jusqu’au ciel, jusqu’à ce que la justice, qui aime la vertu et hait l’iniquité, vienne détruire les villes qu’ils ont bâties à côté de leurs âmes misérables, et la tour dont le nom est affiché dans le livre qui est intitulé le Livre du Jugement. (129) Et le nom est, comme le disent les Hébreux, Phanuel, qui traduit dans notre langue signifie « se détourner de Dieu ». Car tout édifice solide qui est érigé au moyen d’arguments plausibles n’est pas construit dans le but d’un autre but que celui de détourner et d’aliéner l’esprit de l’honneur dû à Dieu, que peut-il y avoir de plus inique ? (130) Mais pour la destruction de cette forte fortification, un ravageur et un ennemi de l’iniquité est préparé, toujours plein d’hostilité à son égard ; les Hébreux l’appellent Gédéon : ce nom étant interprété signifie « un refuge pour les brigands ». « Car », dit Moïse, « Gédéon a juré aux hommes de Phanuel, en disant : Le jour où je reviendrai victorieux en paix, je renverserai cette tour. »[36] (131) Une très belle et très digne fierté pour l’âme qui hait la méchanceté et qui est aiguisée contre l’impie, à savoir, qu’elle est résolue à renverser tout raisonnement qui par ses persuasions cherche à détourner l’esprit de la sainteté, et c’est en effet le résultat naturel. Car lorsque l’esprit se retourne, ce qui s’en détourne et le rejette se dissout à nouveau, (132) et c’est l’occasion de le détruire, ce qu’il appelle (chose la plus merveilleuse) non pas guerre, mais paix. Car, en raison de la stabilité et de la fermeté de l’esprit que la piété a coutume de produire, tout raisonnement formé par l’impiété est renversé. (133) Beaucoup ont aussi érigé les sens extérieurs à la manière d’une tour, les élevant à une telle hauteur qu’ils peuvent atteindre les confins du ciel. Mais le terme ciel est ici utilisé symboliquement pour désigner notre esprit, selon lequel gravitent les natures les meilleures et les plus divines. Mais ceux qui osent de tels actes préfèrent les sens extérieurs à l’intellect, et désirent, au moyen des sens extérieurs, détruire par la force tous les objets de l’intellect, obligeant les choses qui sont actuellement maîtres à descendre au rang de serviteurs, et élevant celles qui sont par nature esclaves au rang de maîtres.
XXVII. (134) Et l’affirmation : « Le Seigneur descendit pour voir cette ville et cette tour » doit être entendue comme si elle était prononcée au sens figuré. Car penser que la divinité puisse aller vers, ou partir, ou descendre, ou aller à la rencontre, ou, en un mot, qu’elle ait les mêmes positions et les mêmes mouvements que les animaux particuliers, et qu’elle soit susceptible de mouvement réel, est, pour employer un proverbe courant, une impiété digne d’être bannie au-delà des mers et au-delà du monde. (135) Mais ces choses sont dites, comme si elles s’adressaient à l’homme, par le législateur, par Dieu qui n’est pas revêtu de forme humaine, pour notre avantage à nous qui devons être instruits, comme je l’ai déjà dit à plusieurs reprises à propos d’autres passages. Car qui ignore qu’il est indispensable à celui qui descend de quitter un lieu pour en occuper un autre ? (136) Mais tous les lieux sont remplis à la fois par Dieu, qui les entoure tous et n’est entouré par aucun d’eux, à qui seul il est possible d’être partout et aussi nulle part. Nulle part, car il a lui-même créé le lieu et l’espace en même temps qu’il a créé les corps, et il est impie de dire que le Créateur est contenu dans quoi que ce soit qu’il a créé. De plus, il est partout, car, ayant étendu ses pouvoirs de manière à les faire pénétrer dans la terre, et l’eau, et l’air, et le ciel, il n’a laissé aucune partie du monde désolée, mais, ayant tout rassemblé, il les a liés avec des chaînes inviolables, [37] de sorte qu’ils ne sont jamais libérés, ce qui fait qu’il doit être particulièrement loué par des hymnes. (137) Car ce qui est plus élevé que toutes les puissances est censé les surpasser, et pas seulement par le fait de son existence. Mais la puissance de cet être qui a tout fait et arrangé est en parfaite vérité appelée Dieu, et elle contient tout en son sein, et imprègne chaque portion de l’univers. (138) Or l’être divin, à la fois invisible et incompréhensible, est en effet partout, mais pourtant, en vérité, il n’est nulle part visible ou compréhensible. Mais lorsqu’il dit : « Je suis celui qui se tient devant Toi »[38], il semble en effet être manifesté et compris, bien qu’avant toute exhibition ou conception, il fût supérieur à toutes les choses créées. (139) Par conséquent, aucun des mots qui impliquent un mouvement d’un endroit à un autre ne convient à ce dieu qui n’existe qu’en essence ; Je veux parler d’expressions telles que « monter ou descendre », « à droite ou à gauche », « avancer ou reculer ». Car il n’est représenté par aucune des idées mentionnées ci-dessus.(140) Mais, néanmoins, on dit qu’il est descendu et qu’il a vu, lui qui par sa prescience comprend tout, non seulement ce qui est arrivé, mais même avant que cela n’arrive ; et cette expression est utilisée dans le même sens d’exhortation et d’instruction, afin qu’aucun homme, se livrant à des conjectures incertaines sur des choses qu’il n’est pas présent pour voir, ne soit trop prompt, tout en se tenant à distance, à croire à de vaines fantaisies, mais que chacun puisse s’approcher des faits, et en examinant chacun séparément, puisse les considérer soigneusement et minutieusement. Car une vue certaine mérite plus d’être considérée comme un témoin digne de foi qu’une ouïe trompeuse. (141) C’est pourquoi une loi a été promulguée parmi ces nations qui ont la plus excellente constitution, interdisant de témoigner par ouï-dire, car de par sa nature même, le tribunal de l’ouïe est susceptible d’être corrompu. Et Moïse dit en effet dans la partie prohibitive de sa loi : « Tu ne recevras pas de vaines ouïes. »[39] Cela signifie non seulement qu’il ne faut pas recevoir de rapports faux ou absurdes par ouï-dire, mais que, pour ce qui est de la claire compréhension de la vérité, l’ouïe est bien loin derrière la vue, car elle est pleine de vanité.
XXVIII. (142) Nous disons que c’est la raison pour laquelle il est dit que Dieu est descendu pour voir la ville et la tour ; et l’ajout : « Que les fils des hommes avaient bâties » n’est pas une simple superfluité. Car peut-être une personne profanatrice pourrait-elle se moquer et dire : « Le législateur nous enseigne ici une leçon bien nouvelle, lorsqu’il dit que personne d’autre que les fils des hommes ne construit des villes et des tours ; car qui, même parmi les plus fous, ignore une chose aussi évidente et notoire ? » (143) Mais nous ne devons pas supposer qu’un fait aussi clair et incontestable que celui-là soit ce que l’on entend transmettre par sa mention dans les saintes Écritures, mais plutôt qu’il y a un sens caché caché sous ces mots apparemment clairs que nous devons découvrir. (144) Quel est donc ce sens caché ? Français Ceux qui, pour ainsi dire, attribuent plusieurs pères aux choses existantes, et qui représentent la compagnie des dieux comme nombreuse, faisant preuve d’une grande ignorance de la nature des choses et causant une grande confusion, et faisant du plaisir l’objet propre de l’âme, sont ceux qui sont, si nous devons dire la pure vérité, appelés les constructeurs de la cité susdite, et de la citadelle qui s’y trouve, ayant multiplié les causes efficientes de la fin désirée, les construisant comme des maisons, n’étant, à mon avis, en aucun cas différents des enfants de la prostituée que la loi chasse de l’assemblée de Dieu, où il est dit : « La descendance d’une prostituée n’entrera pas dans l’assemblée du Seigneur. »[40] Car, comme des archers tirant au hasard sur plusieurs objets, et ne visant pas habilement ou avec succès une seule cible, ainsi ces hommes, en avançant dix mille principes et causes pour la création de l’univers, dont chacun est faux, font preuve d’une parfaite ignorance du seul Créateur et Père de toutes choses ; (145) mais ceux qui ont la vraie connaissance sont à juste titre appelés les fils du seul Dieu, comme Moïse les appelle aussi, lorsqu’il dit : « Vous êtes les fils du Seigneur Dieu. »[41] Et encore : « Dieu qui t’a engendré »[42] ; et ailleurs : « N’est-il pas ton père ? » En conséquence, il est naturel pour ceux qui ont cette disposition d’âme de ne considérer comme beau que ce qui est bon, qui est la citadelle érigée par ceux qui sont expérimentés dans ce genre de guerre comme une défense contre la fin du plaisir, et comme un moyen de la vaincre et de la détruire. (146) Et même s’il n’y a pas encore quelqu’un qui soit digne d’être appelé fils de Dieu, qu’il travaille néanmoins avec ferveur à être orné selon sa parole première-née, l’aîné de ses anges, comme le grand archange aux nombreux noms ; car il est appelé autorité, et nom de Dieu, et Parole, et homme selon l’image de Dieu, et celui qui voit Israël.(147) C’est pourquoi j’ai été amené il y a peu à louer les principes de ceux qui ont dit : « Nous sommes tous les fils d’un seul homme. »[43] Car même si nous ne sommes pas encore dignes d’être appelés fils de Dieu, nous pouvons néanmoins mériter d’être appelés enfants de son image éternelle, de sa parole très sacrée ; car l’image de Dieu est sa parole la plus ancienne. (148) Et, en effet, dans de nombreux passages de la loi, les enfants d’Israël sont appelés auditeurs de celui qui voit, car l’ouïe est honorée du second rang immédiatement après le sens de la vue, et puisque ce qui a besoin d’instruction est toujours second après ce qui peut recevoir des impressions claires des sujets qui lui sont soumis sans aucune telle information. (149) Et j’admire aussi les choses qui sont dites sous l’inspiration divine dans les livres des Rois, selon lesquelles ceux qui ont prospéré de nombreuses générations plus tard et ont vécu d’une manière irréprochable, sont appelés les fils de David qui a écrit des hymnes à Dieu ; [44] bien que, de son vivant, même leurs arrière-grands-pères n’étaient pas encore nés. La vérité est que la naissance dont il est question ici est celle d’âmes rendues immortelles par leurs vertus, et non de corps périssables, et cette naissance est naturellement attribuée aux chefs de la vertu, comme à ses parents et à ses géniteurs.
XXIX. (150) Mais contre ceux qui se vantent de leur justice, le Seigneur a dit : « Voici, il y a une seule race et une seule langue parmi eux tous », une expression équivalente à : Voici, il y a une seule famille et un seul lien de parenté, et aussi, une seule harmonie et un seul accord entre eux tous ensemble, personne n’étant dans son esprit du tout aliéné ou déconnecté de son prochain, comme c’est le cas des hommes illettrés. Car parfois, l’organe de la parole chez eux est, dans tous ses tons, désaccordé et inharmonieux à un degré non négligeable, étant en fait soigneusement arrangé de manière à produire une inharmonie, et n’ayant qu’un accord tel qu’il provoquera un manque de mélodie. (151) Et dans le cas des fièvres, [45] on peut voir des effets très similaires ; car ce sont des changements périodiques, chez certains se reproduisant tous les jours, chez d’autres tous les trois ou tous les quatre jours, comme disent les fils des médecins ; Français et ils ont aussi fixé des heures, de jour comme de nuit, auxquelles on peut s’attendre à des crises importantes, et ils gardent toujours à peu près le même ordre. (152) Et l’expression : « Et ils commencèrent à faire cela », est dite avec une indignation non modérée, car il n’a pas suffi aux méchants de confondre tous les principes de justice qui affectent ceux du même pays qu’eux, mais ils ont osé transgresser même les lois du ciel, semant l’injustice et récoltant l’impiété. Mais ces misérables hommes n’en tirent aucun avantage, (153) car bien que ceux qui cherchent à s’infliger mutuellement des préjudices réussissent dans beaucoup des objectifs qu’ils ont à cœur, menant à leur accomplissement dans l’action ce qu’ils ont décidé dans leurs esprits insensés, il n’en est pas de même pour les impies. Car toutes les choses qui appartiennent à la Divinité sont incapables de recevoir ni dommage ni atteinte, et les impurs ne peuvent découvrir que les commencements du péché à leur égard, mais ne peuvent jamais arriver au but qu’ils se proposent ; (154) c’est pourquoi cette expression apparaît aussi : « Ils ont commencé à faire ». Les hommes remplis d’un désir insatiable de faire le mal, ne se contentant pas des crimes qu’ils peuvent perpétuer sur terre, sur mer et dans les airs, dans la mesure où ils sont d’une nature périssable, ont décidé de se liguer contre les natures divines existant dans le ciel ; qui, comme elles ne sont pas comptées parmi les créatures existantes, sont également hors de toute atteinte de préjudice.[46] Même la calomnie elle-même ne peut infliger aucun mal à ces choses si elle ose en dire du mal, dans la mesure où elles ne sont jamais ébranlées de leur nature éternelle et perpétuelle, mais elle inflige un malheur incurable à ceux qui l’accusent. (155) Ne sont-ils pas à blâmer, puisqu’en effet ils n’ont fait que commencer, ne pouvant arriver au terme de l’impiété qu’ils se proposent,Ne sont-ils pas, dis-je, tout aussi blâmables que s’ils avaient accompli tous les projets qu’ils avaient en vue ? C’est pourquoi Moïse parle d’eux comme ayant achevé la tour, bien qu’en réalité ils ne l’aient pas encore achevée, lorsqu’il dit : « Le Seigneur descendit pour voir la ville et la tour », non pas que les fils des hommes allaient bâtir, mais qu’ils avaient construites.
XXX. (156) Quelle est donc la preuve qu’ils n’avaient pas entièrement achevé cet édifice ? Tout d’abord, la notoriété manifeste du fait. Car il est impossible qu’une si petite partie de la terre touche le ciel, en raison de la cause mentionnée plus haut : aucun centre ne peut jamais toucher la circonférence ; ensuite, parce que l’éther aither est un feu sacré et une flamme inextinguible, comme son nom l’indique, dérivé de aitho—, brûler, qui est un mot synonyme de kaio—. (157) Et nous avons un témoin en notre faveur dans une partie du système céleste de feu, c’est-à-dire dans le soleil, qui, bien qu’il soit si éloigné de la terre, envoie ses rayons jusqu’à ses recoins les plus intimes, et parfois réchauffe, parfois même brûle, la terre elle-même et l’air qui monte de la terre jusqu’à la sphère céleste, bien qu’il soit par nature froid ; car, toutes les choses qui sont éloignées de sa course rapide, ou qui sont dans une direction oblique, un seul côté de celui-ci se réchauffe ; mais celles qui sont proches de lui, ou en ligne droite de lui, sont violemment brûlées. Si donc ces choses sont ainsi, n’était-il pas nécessaire que ces hommes qui cherchaient à monter au ciel aient été frappés de foudre et brûlés, leurs desseins orgueilleux et hautains n’ayant pas été accomplis par eux ? (158) C’est le sens que Moïse semble vouloir exprimer, au sens figuré, par les expressions qui suivent : « Car ils cessèrent, dit-il, de bâtir la ville et la Tour. »[47] Non, certes, parce qu’ils avaient achevé leur ouvrage, mais parce qu’ils en furent empêchés par la confusion qui survint. Néanmoins, ils n’ont pas échappé au blâme pour leurs actes, dans la mesure où ils les avaient décidés et tenté de les exécuter.
XXXI. (159) En tout cas, la loi dit que ce devin, induit en folie par ses conjectures instables (car le nom Balaam signifie instable), « maudit le peuple qui voyait »[48] ; et cela, bien que, dans ses paroles, il n’ait prononcé que des paroles de bon augure et des prières. La loi ne considère pas ici les paroles qu’il a prononcées, qui, par la providence de Dieu, ont changé de nature, devenant de la bonne monnaie au lieu d’une monnaie vile, mais elle considère l’intention dans laquelle les choses nuisibles ont été résolues de préférence aux choses utiles. Or, ces choses sont, par nature, ennemies les unes des autres, les conjectures étant en désaccord avec la vérité, et la vaine opinion avec la connaissance, et la prophétie, qui n’est pas dictée par l’inspiration divine, étant directement opposée à la sagesse sobre. (160) Et même si quelqu’un, se levant pour ainsi dire d’une embuscade, essayait, sans y parvenir, de tuer un homme, il n’en est pas moins passible de la peine prévue pour les homicides, comme le montre la loi qui est édictée à l’égard de ces personnes. « Car », dit la loi, « si quelqu’un attaque son prochain, voulant le tuer par trahison, et s’échappe, tu l’arrêteras, même à l’autel, pour le mettre à mort. »[49] Or, ce qui est condamné, c’est l’attaque avec l’intention de tuer, et non le meurtre lui-même, mais la loi considère l’intention de tuer comme aussi coupable que le meurtre lui-même ; c’est pourquoi elle n’accorde pas le pardon à un tel homme, même s’il le demande, mais ordonne de traîner hors du temple même l’homme qui a nourri un dessein si impie. (161) Et un tel homme est impie, non seulement parce qu’il a comploté le meurtre d’une âme qui aurait pu vivre éternellement par l’acquisition et l’usage de la vertu, l’attaquant par l’intermédiaire de la méchanceté, mais aussi parce qu’il accuse Dieu d’être la cause de son audace impie ; car le mot « échapper » a un sens semblable caché sous lui. Car beaucoup d’hommes veulent échapper aux accusations qui sont portées contre eux, et pensent qu’il convient d’être délivrés des châtiments dus aux offenses qu’ils ont commises, et ainsi ils attribuent leur propre iniquité à celui qui n’est la cause d’aucun mal, mais de toute espèce de bien, à savoir, à Dieu ; c’est pourquoi il n’a pas été considéré comme une violation de la loi divine d’arracher de tels hommes même des autels. (162) Et c’était un châtiment excessif qui était alors dénoncé contre les raisons ainsi construites et rassemblées à des fins d’impiété ; ce que, cependant, peut-être, certaines personnes insensées considéreront non pas comme un préjudice, mais comme un bienfait. « Car », dit Moïse, « il ne leur manquera aucune des choses qu’ils ont essayé de faire. »[50] Hélas pour leur misère illimitée et interminable !Tous les objets sur lesquels l’intention la plus folle fixe ses désirs seront exécutés avec succès et obéiront à sa volonté, de sorte que rien ne manquera, ni petit ni grand, mais que tout se hâtera, pour ainsi dire, de répondre à leurs exigences et de les devancer.
XXXII. (163) Ces choses sont l’exposition d’une âme dénuée de prudence, et qui ne rencontre aucun obstacle à se livrer au péché ; car quiconque n’est pas entièrement incurable préférerait que tous les projets de son esprit échouent, de sorte que s’il avait formé la résolution de voler, de commettre l’adultère ou de tuer un homme, il pourrait réussir ; ou s’il commettre un sacrilège, ou de perpétrer un crime semblable, il pourrait échouer, mais pourrait rencontrer d’innombrables obstacles. Car un tel obstacle ferait disparaître la plus grande de toutes les maladies, l’injustice ; mais quiconque est libéré de toute crainte est sûr d’admettre cette maladie. (164) Pourquoi donc, mes amis, louez-vous ou admirez-vous encore la fortune des tyrans grâce à laquelle ils réussissent avec facilité dans tout ce qu’ils entreprennent, et qu’un esprit frénétique et sans retenue les pousse à faire ? Français Et pourtant, il faudrait plutôt se lamenter sur eux, car l’incapacité et l’impuissance de réussir dans leurs objectifs sont avantageuses pour les méchants, tout comme l’abondance des occasions et du pouvoir est la chose la plus bénéfique pour les bons. (165) Mais l’un de la foule des insensés, voyant à quel excès abondant de misère conduit le plaisir du péché, dit, parlant avec une parfaite liberté : « Ma méchanceté est trop grande pour que je puisse être pardonnée. »[51] Il est donc très mélancolique en effet pour l’âme, qui est par sa propre nature ingérable, d’être laissée sans aucune retenue ; alors qu’il est à peine possible à quiconque de la tenir avec des rênes, et par ce moyen, en conjonction avec l’infliction de coups, de la ramener à la raison. (166) C’est pourquoi un oracle du Dieu tout miséricordieux a été donné, plein de douceur, qui fait miroiter de bonnes espérances à ceux qui aiment l’instruction, en ces termes : « Je ne te quitterai jamais, ni ne t’abandonnerai. »[52] Car lorsque les chaînes de l’âme, par lesquelles elle a été tenue en esclavage, sont desserrées, alors la plus grande de toutes les calamités s’ensuit, à savoir, l’abandon de Dieu, qui a attaché des chaînes qui ne peuvent jamais être brisées autour de l’univers, à savoir ses propres puissances, avec lesquelles il lie tout, voulant que cela ne soit plus jamais libéré. (167) C’est pourquoi il dit, dans un autre passage, que « toutes les choses qui sont liées par une chaîne sont pures »[53] ; car le déliement est la cause de la destruction de ce qui est impur. Prenez donc garde, de peur que, lorsque vous voyez un homme accomplir sans difficulté tous les objets qu’il s’efforce d’atteindre, vous ne l’admiriez comme un homme prospère ; prenez garde plutôt de le plaindre comme un homme très malheureux, parce qu’il passe toute sa vie dans un complet dénuement de vertu et dans une grande abondance de vices.
XXXIII. (168) Et il vaut la peine de considérer, sans aucune superficialité, ce que signifie cette expression que Moïse met dans la bouche de Dieu : « Venez, descendons et confondons là leur langage. »[54] Car ici Dieu est représenté comme s’il parlait à des êtres qui étaient ses coadjuteurs. Et la même idée peut être suscitée par ce qui est dit dans le récit de la création du monde, (169) car là aussi, Moïse rapporte que « le Seigneur Dieu dit : Allons, faisons l’homme à notre image, l’homme à notre ressemblance »[55]. L’expression « Faisons » implique plusieurs créateurs. Et, ailleurs, on nous dit que Dieu a dit : « Voici, l’homme, Adam, est devenu comme l’un de nous, quant à sa connaissance du bien et du mal »[56] ; car l’expression « comme l’un de nous » ne s’applique pas à une seule personne, mais à plusieurs. (170) En premier lieu, donc, nous devons dire ceci : il n’existe aucun être existant égal en honneur à Dieu, mais il n’y a qu’un seul souverain, gouverneur et roi, à qui seul il est accordé de gouverner et d’organiser l’univers. Car le verset…
Une multitude de rois n’est jamais bonne,
Qu’il n’y ait qu’un seul souverain, qu’un seul monarque, [57]
On ne dit pas cela plus justement à l’égard des villes et des hommes qu’à l’égard du monde et de Dieu ; car il est évident, par la nécessité des choses, qu’il doit y avoir un seul créateur, un seul père et un seul maître de l’univers unique.
XXXIV. (171) Ce point étant ainsi admis, il est nécessaire d’en adapter aussi ce qui suit, afin de l’adapter correctement. Considérons donc ce que c’est : Dieu, étant un, a autour de lui un nombre incalculable de puissances, qui sont toutes les défenseurs et les conservateurs de toute chose créée ; et parmi ces puissances se trouvent aussi celles qui sont savantes en matière de punition. Mais même la punition n’est pas un désavantage, dans la mesure où elle est à la fois un obstacle et une correction au mal. (172) De plus, c’est au moyen de ces puissances qu’a été constitué le monde incorporel, perceptible par l’intellect, qui est le modèle archétypique de ce monde invisible, étant composé d’espèces invisibles, tout comme ce monde est composé de corps invisibles. (173) Certains donc, admirant excessivement la nature de ces deux mondes, les ont non seulement déifiés dans leur totalité, mais ont aussi déifié les plus belles parties d’eux, telles que le soleil et la lune, et le ciel tout entier, qu’ils ont appelés dieux, n’ayant aucun respect pour quoi que ce soit. Mais Moïse, percevant leur dessein, dit : « Ô Seigneur, Seigneur, Roi des Dieux »,[58] afin de montrer la différence entre le souverain et ceux qui lui sont soumis, (174) « Et il y a aussi dans l’air une compagnie très sacrée d’âmes incorporelles, servant les âmes célestes ; car la parole de la prophétie a coutume d’appeler ces âmes des anges. Il arrive donc que toute l’armée de chacun de ces mondes, étant rangée dans ses rangs appropriés, sont des serviteurs et des ministres du souverain qui les a rassemblés, qu’ils suivent comme leur chef, en obéissance aux principes de la loi et de la justice ; car il est impossible de supposer que l’armée divine puisse même être détectée en désertion. (175) Mais il convient au caractère du roi de s’associer à ses propres pouvoirs et de s’en prévaloir, en vue de leurs ministères dans les affaires qui lui sont soumises. Il ne convient pas que Dieu seul tranche cette question, car le Père de l’univers n’a besoin de rien pour demander l’aide d’autrui s’il veut créer quoi que ce soit. Mais, considérant d’emblée ce qui est convenable, tant pour lui-même que pour ses œuvres créatrices, il a confié certaines choses à ses subordonnés ; et pourtant, il ne leur a pas immédiatement donné une connaissance totalement indépendante pour accomplir leurs desseins, afin qu’aucune des choses créées ne soit trouvée erronée.
XXXV. (176) Il était donc nécessaire de donner une idée de ces choses à l’avance ; mais pour quelle raison cela était nécessaire, nous devons maintenant le dire. La nature des animaux était primitivement divisée en une partie douée de raison et une partie dépourvue de raison, les deux étant en désaccord l’une avec l’autre. De nouveau, la division rationnelle a été subdivisée en espèces périssables et impérissables, l’espèce périssable étant la race humaine, et l’espèce impérissable étant la société des âmes incorporelles qui gravitent dans l’air et le ciel. (177) Mais ceux-ci ne participent pas à la méchanceté, ayant reçu dès le commencement un héritage sans tache et plein de bonheur ; et n’étant pas liés à la région des calamités interminables, c’est-à-dire au corps. Les divisions de la partie irrationnelle sont également exemptes de toute participation à la méchanceté, dans la mesure où, n’ayant pas de don d’intellect, elles ne sont jamais convaincues de ces actes délibérés de méchanceté qui procèdent de la considération. (178) Mais l’homme est presque le seul de tous les êtres vivants qui, ayant une connaissance approfondie du bien et du mal, choisit souvent ce qui est le pire et rejette les choses qui méritent une poursuite sérieuse, de sorte qu’il est souvent très justement condamné comme étant coupable d’un crime délibéré et étudié. (179) C’est donc très justement que Dieu a attribué la création de cet être, l’homme, à ses lieutenants, en disant : « Faisons l’homme », afin que les succès de l’intellect lui soient imputés à lui seul, mais les erreurs de l’être ainsi créé à sa puissance subordonnée : car il ne semblait pas convenir à la dignité de Dieu, le souverain de l’univers, de tracer la voie du mal dans une âme raisonnable par sa propre action ; c’est pourquoi il a confié à ceux qui l’entourent la création de cette partie de l’univers ; car il était nécessaire que le principe volontaire, comme contrepoids au principe involontaire, fût établi et révélé, en vue de l’achèvement et de la perfection de l’univers.
XXXVI. (180) Et cela peut suffire de dire de cette manière ; et il est juste que ce point soit également considéré, à savoir que Dieu n’est la cause que de ce qui est bien, mais n’est absolument la cause d’aucun mal, puisqu’il est lui-même le plus ancien de tous les êtres existants, et le plus parfait de tous les biens ; et il est tout naturel et tout à fait convenable qu’il fasse ce qui est le plus proche de sa propre nature, c’est-à-dire que le meilleur de tous les êtres soit la cause de toutes les meilleures choses, mais que les châtiments infligés aux méchants soient infligés par le moyen de ses ministres subordonnés. (181) Et il y a une preuve en faveur de cette affirmation que je dis dans cette expression, qui a été prononcée par l’homme qui a été rendu parfait par la pratique ; « Le Dieu qui m’a nourri dès ma jeunesse, l’ange qui m’a défendu de tous les maux »[59] ; car par ces mots, il confesse déjà que les véritables biens qui nourrissent les âmes qui aiment la vertu sont rapportés à Dieu comme leur seule cause ; mais le sort des méchants est, d’autre part, rapporté aux anges, et même eux n’ont pas le pouvoir indépendant et absolu d’infliger des châtiments, afin que cette nature salutaire ne puisse donner l’occasion à aucune des choses qui tendent à la destruction. (182) C’est pourquoi Dieu dit : « Venez, descendons et confondons » ; car les méchants, méritant de subir un tel châtiment, doivent que les puissances miséricordieuses, bienfaisantes et généreuses de Dieu leur soient connues principalement par ses inflictions. Sachant donc que ces puissances sont bénéfiques à la race humaine, il a désigné les châtiments à infliger par d’autres êtres ; car il était opportun qu’il fût lui-même considéré comme la cause du bien, mais de telle manière que les sources de ses grâces éternelles fussent préservées de tout mal, non seulement de ceux qui sont réellement des maux, mais même de ceux qui sont considérés comme tels.
XXXVII. (183) Il nous faut maintenant examiner ce qu’est cette confusion. Comment donc aborder cet examen ? De cette manière, à mon avis. Nous avons très souvent connu ceux que nous connaissions auparavant, par certaines similitudes et par la comparaison de circonstances qui ont un lien avec eux. C’est pourquoi nous connaissons aussi de la même manière des choses qu’il n’est pas facile de concevoir d’après leur nature propre, par quelque similitude d’autres choses qui leur sont liées. (184) Quelles choses ressemblent donc à la confusion ? Le mélange, comme le dit l’ancien récit, et la combinaison ; mais le mélange a lieu dans les choses sèches, et la combinaison est considérée comme appartenant aux substances humides. (185) Le mélange est donc une juxtaposition de corps différents sans ordre régulier, comme si quelqu’un faisait un tas, réunissant de l’orge, du blé, des pois et toutes sortes d’autres graines, le tout en une seule masse ; mais la combinaison n’est pas une juxtaposition, mais plutôt une pénétration mutuelle de parties dissemblables entrant l’une dans l’autre en tous points, de sorte que les qualités distinctives peuvent encore être distinguées par quelque habileté artificielle, comme on dit que c’est le cas à propos du vin et de l’eau ; (186) car ces substances se réunissant forment une combinaison, mais ce qui est combiné n’en est pas moins capable d’être résolu à nouveau dans les qualités distinctives dont il a été formé à l’origine. Car avec une éponge saturée d’huile, il est possible que l’eau soit absorbée et que le vin reste. Cela s’explique peut-être par le fait que l’éponge tire son origine de l’eau. Il est donc naturel que l’eau, substance apparentée, soit naturellement absorbée par l’éponge, tandis que la substance de nature différente, à savoir le vin, reste naturellement. (187) Or, la confusion est la destruction de toutes les qualités distinctives originelles, due à la pénétration mutuelle de leurs composants en tous points, au point de n’engendrer qu’une seule chose totalement différente, comme c’est le cas dans cette composition que les médecins appellent le tétrapharmacon. Car celui-ci, j’imagine, est composé de cire, de graisse, de poix et de résine, tous composés ensemble. Mais une fois le médicament composé, il est impossible de le dissoudre dans les pouvoirs qui l’avaient composé à l’origine ; chacun d’eux est détruit séparément, et leur destruction a produit un autre pouvoir d’une excellence exceptionnelle. (188) Mais lorsque Dieu menace les raisonnements impies de confusion, il ne commande pas seulement en réalité que toute l’espèce et la puissance de chaque méchanceté soient détruites,mais aussi cette chose qui a été composée de toutes leurs contributions conjointes ; de sorte que ni les parties par elles-mêmes, ni l’union et l’harmonie du tout, ne peuvent contribuer à l’avenir à la destruction de la meilleure partie ; (189) c’est pourquoi il dit : « Confondons donc leur langage, afin que chacun d’eux ne puisse pas entendre la voix de son prochain » ; ce qui équivaut à rendre sourde et muette chacune des parties de la méchanceté, de sorte qu’elle ne puisse ni émettre une voix qui lui soit propre, ni sonner à l’unisson avec aucune autre partie, de manière à être une cause de mal.
XXXVIII. (190) Voici maintenant notre opinion et notre interprétation de ce passage. Mais ceux qui ne suivent que ce qui est clair et facile, pensent que ce qui est ici destiné à être rapporté, c’est l’origine des langues des Grecs et des Barbares, que, sans les blâmer (car, peut-être, ils donnent aussi une interprétation correcte à la transaction), je voudrais exhorter à ne pas se contenter de s’arrêter à ce point, mais à poursuivre et à considérer le passage d’une manière figurée, considérant que les simples mots des Écritures ne sont, pour ainsi dire, que des ombres de corps, et que les significations qui sont apparentes à l’investigation sous-jacente, sont les véritables choses sur lesquelles il faut méditer. (191) En conséquence, ce législateur donne généralement un aperçu de cette doctrine à ceux qui ne sont pas complètement aveugles dans leur intellect ; Français comme il le fait en fait dans son récit de cet événement même, dont nous discutons maintenant : car il a appelé confusion ce qui s’est passé ; et cependant, s’il avait seulement voulu parler de l’origine des langues, il aurait donné un nom plus heureux et de meilleur augure, l’appelant division au lieu de confusion ; car les choses qui sont divisées ne sont pas confondues, mais, au contraire, se distinguent les unes des autres, et non seulement un nom est contraire à l’autre, mais un fait est contraire à l’autre fait. (192) Car la confusion, comme je l’ai déjà dit, est la destruction de puissances simples pour la production d’une puissance concrète ; mais la division est la dissection d’une chose en plusieurs parties, comme c’est le cas quand on distingue un genre en ses espèces subordonnées, de sorte que, si le Dieu sage avait ordonné à ses ministres de diviser la langue, qui n’était auparavant qu’une, en divisions de plusieurs dialectes, il aurait utilisé des expressions plus appropriées, qui auraient dû donner une idée plus précise du cas : appelant ce qu’il a fait, dissection, ou distribution, ou division, ou quelque chose de ce genre, mais non confusion, un nom qui est en désaccord avec tous. (193) Mais son objectif particulier ici est de dissoudre la compagnie de la méchanceté, de mettre fin à leur confédération, de détruire leur communauté d’action, de mettre hors de vue et d’extirper tous leurs pouvoirs, de renverser la puissance de leur domination, qu’ils avaient renforcée par une effroyable iniquité. (194) Ne voyez-vous pas que celui qui a créé les parties de l’âme n’a pas uni une partie à une autre de manière à permettre à l’une de remplir les fonctions de l’autre ? Mais les yeux ne pourraient jamais entendre, ni les oreilles voir, ni les lèvres sentir, ni les narines goûter ; ni, encore une fois, la raison ne pourrait jamais être exposée aux influences qui agissent sur les sens extérieurs, ni, encore une fois, les sens extérieurs ne pourraient développer la raison.(195) Car le Créateur savait qu’il était souhaitable que chacune de ces parties n’entende pas la voix de sa voisine, mais que les parties de l’âme exercent chacune leurs propres facultés particulières sans confusion, pour l’avantage des animaux vivants, et soient, dans le même but, privées de tout pouvoir de s’exercer en commun, et que toutes les puissances du vice soient amenées à la confusion et à la destruction complète, afin qu’elles ne puissent ni en confédération, ni séparément, nuire aux meilleures parties. (196) C’est pourquoi Moïse nous dit : « Le Seigneur les dispersa de là », ce qui équivaut à : il les dispersa, il les mit en fuite, il les bannit, il les détruisit ; car disperser est parfois fait en vue de la production, de la croissance et de l’accroissement d’autres choses ; mais il y en a une autre qui a pour objet le renversement et la destruction : mais Dieu, le planteur du monde, veut semer en chacun l’excellence, mais pour disperser et chasser du monde l’impiété maudite ; afin que la disposition qui hait la vertu puisse enfin cesser de construire une ville de méchanceté et une tour d’impiété ; (197) car lorsque celles-ci sont mises en déroute, alors ceux qui ont été bannis il y a longtemps par la tyrannie de la folie, se trouvent maintenant, sur une seule proclamation, capables de retourner dans leur propre pays. Dieu ayant rédigé et confirmé la proclamation, comme le montrent les Écritures, dans laquelle il est expressément déclaré que : « Même si ta dispersion se fait d’un bout du ciel à l’autre bout du ciel, il te rassemblera de là. »[60] (198) De sorte qu’il convient que l’harmonie des vertus soit arrangée et chérie par Dieu, et qu’il dissolve et détruise la méchanceté ; et la confusion est un nom très approprié à la méchanceté, dont tout homme insensé est une preuve visible, ayant toutes ses paroles, ses intentions et ses actions, incapables de résister à un examen et dépourvues de constance.et l’accroissement d’autres choses; mais il y en a une autre qui a pour objet le renversement et la destruction: mais Dieu, le planteur du monde, veut semer en chacun l’excellence, mais pour disperser et chasser du monde l’impiété maudite; afin que la disposition qui hait la vertu puisse enfin cesser de construire une ville de méchanceté et une tour d’impiété; (197) car lorsque celles-ci sont mises en déroute, alors ceux qui ont été bannis il y a longtemps par la tyrannie de la folie, se trouvent maintenant, sur une proclamation, capables de retourner dans leur propre pays. Dieu ayant rédigé et confirmé la proclamation, comme le montrent les Écritures, dans laquelle il est expressément déclaré que : « Même si ta dispersion se fait d’un bout du ciel à l’autre bout du ciel, il te rassemblera de là. »[60:1] (198) De sorte qu’il convient que l’harmonie des vertus soit arrangée et chérie par Dieu, et qu’il dissolve et détruise la méchanceté ; et la confusion est un nom très approprié à la méchanceté, dont tout homme insensé est une preuve visible, ayant toutes ses paroles, ses intentions et ses actions, incapables de résister à un examen et dépourvues de constance.et l’accroissement d’autres choses; mais il y en a une autre qui a pour objet le renversement et la destruction: mais Dieu, le planteur du monde, veut semer en chacun l’excellence, mais pour disperser et chasser du monde l’impiété maudite; afin que la disposition qui hait la vertu puisse enfin cesser de construire une ville de méchanceté et une tour d’impiété; (197) car lorsque celles-ci sont mises en déroute, alors ceux qui ont été bannis il y a longtemps par la tyrannie de la folie, se trouvent maintenant, sur une proclamation, capables de retourner dans leur propre pays. Dieu ayant rédigé et confirmé la proclamation, comme le montrent les Écritures, dans laquelle il est expressément déclaré que : « Même si ta dispersion se fait d’un bout du ciel à l’autre bout du ciel, il te rassemblera de là. »[60:2] (198) De sorte qu’il convient que l’harmonie des vertus soit arrangée et chérie par Dieu, et qu’il dissolve et détruise la méchanceté ; et la confusion est un nom très approprié à la méchanceté, dont tout homme insensé est une preuve visible, ayant toutes ses paroles, ses intentions et ses actions, incapables de résister à un examen et dépourvues de constance.
Genèse 11:1. ↩︎
Genèse 14:3. ↩︎
Genèse 19:4. ↩︎
Exode 7:15. ↩︎
Deutéronome 5:31. ↩︎
Exode 14:30. ↩︎
Psaumes 30:19. ↩︎
Genèse 42:11. ↩︎
Jérémie 15:10. ↩︎
Nombres 16:15. ↩︎
Psaumes 79:7. ↩︎
Nombres 31:49. ↩︎
Exode 24:11. ↩︎
Nombres 25:12. ↩︎
Deutéronome 5:27. ↩︎
Genèse 11:2. ↩︎
Genèse 2:8. ↩︎
Zacharie 6:12. ↩︎
Nombres 23:7. ↩︎
Exode 14:27. ↩︎
Exode 1:8. ↩︎
Nombres 23:7. ↩︎
Genèse 35:2. ↩︎
Genèse 25:5. ↩︎
Genèse 23:4. ↩︎
Genèse 47:9. ↩︎
Genèse 26:9. ↩︎
Exode 1:11. ↩︎
Exode 2:23. ↩︎
Exode 8:1. ↩︎
Exode 24:10. ↩︎
Genèse 6:14. ↩︎
Exode 2:3. ↩︎
Exode 2:6. ↩︎
Genèse 4:17. ↩︎
Juges 8:9. ↩︎
le texte contient aoratois, « invisible », mais j’ai suivi la traduction de Mangey, qui lit arrhe — ktois. Le reste de la phrase est extrêmement corrompu. ↩︎
Exode 17:6. ↩︎
Exode 23:1. ↩︎
Deutéronome 23:2. ↩︎
Deutéronome 14:1. ↩︎
Deutéronome 32:18. ↩︎
Genèse 42:11. ↩︎
2 Esdras. 8:2. ↩︎
J’ai traduit la traduction latine de Mangey. Il déclare que tout le passage du texte original est corrompu et inintelligible. Le mot traduit par « fièvre » est politidos, un mot manifestement corrompu. ↩︎
ce passage du texte est à nouveau inintelligible, et Mangey le déclare dans un état de corruption désespérée. ↩︎
Genèse 11:8. ↩︎
Deutéronome 23:4. ↩︎
Exode 21:14. ↩︎
Genèse 11:6. ↩︎
Genèse 4:13. ↩︎
Josué 1:5. ↩︎
Nombres 19:15. ↩︎
Genèse 11:7. ↩︎
Genèse 1:26. ↩︎
Genèse 3:22. ↩︎
Iliade 2.204. ↩︎
Deutéronome 10:17. ↩︎
Genèse 48:16. ↩︎