Livre XIX — De la sortie des Juifs de Babylone à Fadus, procurateur romain | Page de titre | La vie de Flavius Josèphe - Autobiographie |
CONTENANT L’INTERVALLE DE VINGT-DEUX ANS.
SÉDITION DES PHILADELPHIENS CONTRE LES JUIFS ; ET AUSSI CONCERNANT LES VÊTEMENTS DU GRAND PRÊTRE.
1. À la mort du roi Agrippa, relatée dans le livre précédent, Claude César envoya Cassius Longinus comme successeur de Marc Aurèle, par égard pour le roi Agrippa, qui lui avait souvent demandé par lettres, de son vivant, de ne plus laisser Marc Aurèle présider la Syrie. Mais Fadus, dès son arrivée comme procurateur en Judée, constata des querelles entre les Juifs de Pérée et les Philadelphiens, près de leurs frontières, dans un village appelé Mia, peuplé d’hommes belliqueux ; car les Juifs de Pérée avaient pris les armes sans le consentement de leurs chefs et avaient tué de nombreux Philadelphiens. Informé de cette procédure, Fadus fut vivement irrité de constater qu’ils ne lui avaient pas laissé le soin de trancher l’affaire, s’ils pensaient que les Philadelphiens leur avaient fait du tort, mais avaient pris les armes contre eux avec imprudence. Il saisit donc trois de leurs principaux hommes, également à l’origine de cette sédition, et les fit enchaîner. Il fit ensuite tuer l’un d’eux, nommé Hannibal. Il bannit les deux autres, Arram et Éléazar. Tholomy, le brigand en chef, lui fut également amené, ligoté et tué, après avoir causé de nombreux dommages à l’Idumée et aux Arabes. Dès lors, la Judée fut débarrassée des brigandages grâce aux soins et à la providence de Fadus. Il convoqua alors les grands prêtres et les principaux citoyens de Jérusalem, sur ordre de l’empereur, et leur recommanda de déposer dans la tour Antonia le long manteau et le vêtement sacré, que seul le grand prêtre porte habituellement, afin qu’elle soit sous le contrôle des Romains, comme auparavant. Les Juifs n’osèrent pas le contredire, mais ils demandèrent à Fadus et à Longinus (ce dernier était arrivé à Jérusalem et avait amené une grande armée avec lui, de peur que les injonctions [strictes] de Fadus ne forcent les Juifs à la rébellion) d’abord la permission d’envoyer des ambassadeurs à César pour lui demander de pouvoir disposer des vêtements sacrés ; puis de patienter jusqu’à ce qu’ils sachent quelle réponse Claude donnerait à leur requête. Ils répondirent donc qu’ils les autoriseraient à envoyer leurs ambassadeurs, à condition qu’ils leur donnent leurs fils en gage de leur bonne conduite. Après qu’ils eurent accepté et qu’ils eurent donné les garanties qu’ils désiraient, les ambassadeurs furent envoyés en conséquence. Mais quand, à leur arrivée à Rome, Agrippa, le jeune, le fils du défunt, comprit la raison de leur venue (car il demeurait avec Claude César, comme nous l’avons dit auparavant), il pria César d’accorder aux Juifs leur demande concernant les vêtements sacrés, et d’envoyer un message à Fadus en conséquence.
2. Alors Claude fit venir les ambassadeurs, leur annonça qu’il avait accédé à leur demande et leur demanda de rendre grâces à Agrippa pour cette faveur qui leur avait été accordée sur sa prière. Français Et en plus de ces réponses, il envoya par leur intermédiaire la lettre suivante : « Claude César Germanicus, tribun du peuple pour la cinquième fois, et désigné consul pour la quatrième fois, et imperator pour la dixième fois, père de sa patrie, aux magistrats, au sénat, au peuple et à toute la nation juive, vous adresse ses salutations. À la suite de la présentation de vos ambassadeurs par Agrippa, mon ami, que j’ai élevé et que j’ai maintenant avec moi, et qui est un homme d’une très grande piété, qui sont venus me remercier du soin que j’ai pris de votre nation, et me supplier, d’une manière pressante et obligeante, qu’ils puissent avoir les vêtements sacrés, avec la couronne qui leur appartient, sous leur pouvoir, - j’accède à leur demande, comme l’avait fait avant moi cet excellent personnage Vitellius, qui m’est très cher. Et j’ai accédé à votre désir, en premier lieu, par égard pour la piété que je professe, et parce que je veux que chacun adore Dieu selon les lois de son propre pays ; Je fais cela aussi pour gratifier grandement le roi Hérode et Agrippa, le jeune, dont je connais bien le respect sacré et la profonde bienveillance envers vous, avec qui j’ai la plus grande amitié, que j’estime profondément et que je considère comme des personnes de la plus haute moralité. J’ai écrit à Cuspius Fadus, mon procurateur, au sujet de ces affaires. Les noms de ceux qui m’ont apporté votre lettre sont Corneille, fils de Céron, Tryphon, fils de Theudio, Dorothée, fils de Nathanaël, et Jean, fils de Jotre. Cette lettre est datée d’avant le 4 juillet, date à laquelle Ruffis et Pompeius Sylvanus sont consuls.
3. Hérode, frère du défunt Agrippa, qui détenait alors l’autorité royale sur Chalcis, demanda à Claude César l’autorité sur le temple, l’argent du trésor sacré et le choix des grands prêtres, et obtint tout ce qu’il demandait. De sorte qu’après cette époque, cette autorité subsista parmi tous ses descendants jusqu’à la fin de la guerre [1]. Hérode destitua donc le dernier grand prêtre, appelé Cimthéras, et conféra cette dignité à son successeur Joseph, fils de Cantos.
COMMENT HÉLÈNE, REINE D’ADIABÈNE, ET SON FILS IZATÈS, embrassèrent la religion juive ; et comment HÉLÈNE fournit du blé aux pauvres, lors d’une grande famine à Jérusalem.
1. Vers cette époque, Hélène, reine d’Adiabène, et son fils Izatès changèrent de vie et adoptèrent les coutumes juives. Ce fut le cas lors de l’événement suivant : Monobaze, roi d’Adiabène, également nommé Bazeus, tomba amoureux de sa sœur Hélène, la prit pour femme et la mit enceinte. Mais, une nuit, alors qu’il était au lit avec elle, il posa la main sur le ventre de sa femme et s’endormit. Il lui sembla entendre une voix qui lui ordonnait de retirer sa main du ventre de sa femme et de ne pas faire de mal à l’enfant qui s’y trouvait, lequel, par la providence divine, naîtrait sain et sauf et connaîtrait une fin heureuse. Cette voix le bouleversa ; il se réveilla donc aussitôt et raconta l’histoire à sa femme ; et lorsque son fils naquit, il l’appela Izatès. Il eut en effet Monobaze, son frère aîné, d’Hélène également, comme il eut d’autres fils d’autres femmes. Il plaça ouvertement toute son affection sur son fils unique [2], Izatès, ce qui fut la source de l’envie que ses autres frères, du même père, lui portaient ; de ce fait, ils le haïssaient de plus en plus, et étaient tous profondément affligés que leur père leur préférât Izatès. Or, bien que leur père fût très sensible à leurs passions, il leur pardonnait, car il ne les cédait pas par mauvaise humeur, mais par le désir que chacun d’eux avait d’être aimé de son père. Cependant, il envoya Izatès, avec de nombreux présents, à Abennerig, roi de Charax-Spasini, et cela à cause de la grande crainte qu’il avait de subir quelque malheur à cause de la haine que ses frères lui portaient ; et il lui confia la sauvegarde de son fils. Sur quoi Abennerig reçut avec joie le jeune homme, et eut une grande affection pour lui, et le maria à sa propre fille, qui s’appelait Samacha ; il lui fit aussi don d’un pays, d’où il reçut de gros revenus.
2. Mais Monobaze, devenu vieux, constatant qu’il ne lui restait plus que peu de temps à vivre, voulut revoir son fils avant sa mort. Il le fit donc venir, l’embrassa avec la plus grande affection et lui offrit la région appelée Carra. C’était une terre fertile en amomum. On y trouve aussi les vestiges de l’arche dans laquelle, dit-on, Noé échappa au déluge, et où ils sont encore montrés à ceux qui désirent les voir. [3] Izatès resta donc dans cette région jusqu’à la mort de son père. Mais le jour même de la mort de Monobaze, la reine Hélène fit venir tous les grands, les gouverneurs du royaume et ceux qui commandaient les armées. Lorsqu’ils furent arrivés, elle leur adressa le discours suivant : « Je crois que vous n’êtes pas sans savoir que mon mari désirait qu’Izates lui succède au gouvernement et qu’il le jugeait digne de ce titre. Cependant, j’attends votre décision ; car heureux est celui qui reçoit un royaume, non d’une seule personne, mais du suffrage volontaire d’un grand nombre. » Elle dit cela afin de mettre à l’épreuve les invités et de connaître leurs sentiments. Après avoir entendu cela, ils rendirent d’abord hommage à la reine, comme à leur habitude, puis déclarèrent qu’ils confirmaient la décision du roi et s’y soumettaient. Ils se réjouirent que le père d’Izates l’ait préféré à ses autres frères, car il était conforme à tous leurs souhaits ; mais qu’ils souhaitaient avant tout tuer ses frères et ses proches, afin que le gouvernement revienne en toute sécurité à Izates ; car s’ils étaient une fois détruits, toute la peur qui pouvait naître de leur haine et de leur envie à son égard serait apaisée. Hélène répondit à cela qu’elle les remerciait de leur bonté envers elle et envers Izatès ; mais qu’elle souhaitait néanmoins qu’ils reportent le massacre des frères d’Izatès jusqu’à ce qu’il soit sur place et donne son approbation. Ainsi, comme ces hommes ne l’avaient pas convaincue lorsqu’ils lui avaient conseillé de les tuer, ils l’exhortèrent au moins à les garder enchaînés jusqu’à son arrivée, et cela pour leur propre sécurité ; ils lui conseillèrent également de nommer un gouverneur du royaume en qui elle pourrait avoir la plus grande confiance. La reine Hélène suivit donc ce conseil et établit Monobaze, le fils aîné, roi ; elle lui mit le diadème sur la tête, lui remit l’anneau de son père avec son sceau, ainsi que l’ornement qu’ils appellent Sampser, et l’exhorta à administrer les affaires du royaume jusqu’à l’arrivée de son frère ; qui vint tout à coup en apprenant la mort de son père, et succéda à son frère Monobaze, qui lui remit le gouvernement.
3. Or, pendant qu’Izatès séjournait à Charax-Spasini, un marchand juif, nommé Ananias, se joignit aux femmes du roi et leur enseigna à adorer Dieu selon la religion juive. De plus, par leur intermédiaire, il se fit connaître d’Izatès et le persuada d’embrasser cette religion. Lui aussi, sur les instances d’Izatès, l’accompagna lorsque son père le fit venir en Adiabène. Il advint aussi qu’Hélène, à la même époque, fut instruite par un autre Juif et se rallia à eux. Mais lorsqu’Izatès eut pris le royaume et fut arrivé en Adiabène, il vit ses frères et d’autres parents enchaînés, et il en fut mécontent. et comme il pensait que c’était une impiété de les tuer ou de les emprisonner, mais qu’il pensait aussi que c’était une chose dangereuse de leur laisser la liberté, avec le souvenir des injures qui leur avaient été faites, il envoya quelques-uns d’entre eux et leurs enfants comme otages à Rome, chez Claude César, et envoya les autres à Artaban, roi de Parthie, avec les mêmes intentions.
4. Voyant que sa mère appréciait les coutumes juives, il s’empressa d’en changer et de les adopter entièrement. Pensant qu’il ne pourrait être entièrement juif sans être circoncis, il était prêt à le faire. Mais, lorsque sa mère comprit ce qu’il faisait, elle s’efforça de l’en empêcher, lui disant que cela le mettrait en danger et que, étant roi, il s’attirerait ainsi la haine de ses sujets, lorsqu’ils comprendraient qu’il aimait tant les rites qui leur étaient étrangers et qu’ils ne supporteraient jamais d’être gouvernés par un Juif. C’est ce qu’elle lui dit, et elle le persuada pour le moment de s’abstenir. Et après avoir rapporté ce qu’elle avait dit à Ananias, celui-ci confirma les paroles de sa mère. Après l’avoir menacé de le quitter s’il ne se soumettait pas à ses ordres, il s’éloigna de lui, disant craindre qu’une fois cet acte rendu public, il ne soit lui-même en danger de châtiment pour en avoir été l’occasion et pour avoir instruit le roi dans des actes de mauvaise réputation. Il ajouta qu’il pouvait adorer Dieu sans se faire circoncire, même s’il décidait de suivre entièrement la loi juive, culte qui était supérieur à la circoncision. Il ajouta que Dieu lui pardonnerait, même s’il ne pratiquait pas l’opération, omise par nécessité et par crainte de ses sujets. Le roi se conforma donc alors aux conseils d’Ananias. Mais plus tard, comme il n’avait pas tout à fait renoncé à son désir d’agir ainsi, un autre Juif venu de Galilée, nommé Éléazar, et qui passait pour très instruit dans son pays, le persuada de le faire. Car, comme il entrait dans son palais pour le saluer, et qu’il le trouvait en train de lire la loi de Moïse, il lui dit : « Tu ne considères pas, ô roi ! que tu transgresses injustement le principe de ces lois et que tu fais injure à Dieu lui-même, [en omettant de te faire circoncire] ; car tu dois non seulement les lire, mais surtout pratiquer ce qu’elles te prescrivent. Jusqu’à quand resteras-tu incirconcis ? Mais si tu n’as pas encore lu la loi sur la circoncision, et que tu ne sais pas quelle grande impiété tu commets en la négligeant, lis-la maintenant. » Le roi, ayant entendu ce qu’il disait, ne tarda plus, se retira dans une autre pièce, fit venir un chirurgien et fit ce qu’on lui avait ordonné. Il fit alors venir sa mère et Ananias, son précepteur, et les informa qu’il avait fait la chose ; sur quoi ils furent immédiatement frappés d’étonnement et de peur, et cela dans une grande mesure, de peur que la chose ne soit ouvertement découverte et censurée, et que le roi ne risque la perte de son royaume, tandis que ses sujets ne supporteraient pas d’être gouvernés par un homme qui était si zélé dans une autre religion ; et de peur qu’ils ne courent eux-mêmes quelque risque,car on les prendrait pour la cause de son action. Mais c’est Dieu lui-même qui empêcha ce qu’ils redoutaient de se produire ; car il préserva Izatès lui-même et ses fils lorsqu’ils tombèrent dans de nombreux dangers, et assura leur délivrance quand cela semblait impossible, démontrant ainsi que le fruit de la piété ne périt pas pour ceux qui ont égard à lui et placent leur foi en lui seul. [4] Mais ces événements, nous les raconterons plus tard.
5. Quant à Hélène, la mère du roi, voyant que le royaume d’Izatès était en paix, que son fils était un homme heureux et admiré de tous, et même des étrangers, grâce à la providence divine, elle voulut se rendre à Jérusalem pour adorer Dieu dans ce temple si célèbre et y offrir ses actions de grâces. Elle demanda donc à son fils la permission de s’y rendre ; il consentit alors très volontiers à sa demande, fit de grands préparatifs pour son départ et lui donna une forte somme d’argent. Elle descendit à Jérusalem, son fils la conduisant pendant un long voyage. Or, son arrivée fut d’un grand profit pour le peuple de Jérusalem ; Car, comme une famine les opprimait à cette époque, et que beaucoup mouraient faute de quoi se procurer de quoi se nourrir, la reine Hélène envoya quelques-uns de ses serviteurs à Alexandrie avec de l’argent pour acheter une grande quantité de blé, et d’autres à Chypre, pour apporter une cargaison de figues sèches. Dès leur retour et après avoir apporté ces provisions, ce qui fut fait très rapidement, elle distribua de la nourriture à ceux qui en manquaient, et laissa un excellent souvenir de ce bienfait qu’elle accorda à toute notre nation. Et lorsque son fils Izatès fut informé de cette famine, [5] il envoya de grosses sommes d’argent aux notables de Jérusalem. Cependant, les faveurs que cette reine et ce roi accordèrent à notre ville de Jérusalem seront relatées plus loin.
COMMENT ARTABAN, ROI DE PARTHIE, PAR CRAINTE DES INSTRUMENTS SECRETS DE SES SUJETS CONTRE LUI, SE RENDIT CHEZ IZATÈS, ET FUT PAR LUI RÉINSTALLÉ DANS SON GOUVERNEMENT ; ET COMMENT AUSSI BARDANES SON FILS DÉNONCA LA GUERRE CONTRE IZATÈS.
1. Or, Artaban, roi des Parthes, s’apercevant que les gouverneurs des provinces complotaient contre lui, ne jugea pas prudent pour lui de rester parmi eux ; il résolut de se rendre auprès d’Izatès, espérant trouver par lui-même un moyen de se préserver et, si possible, de retourner dans ses domaines. Il se rendit donc auprès d’Izatès, accompagné de mille de ses parents et de ses serviteurs, et le rencontra en chemin. Il connaissait bien Izatès, mais Izatès ne le connaissait pas. Artaban se tint près de lui et, comme d’habitude, l’adora. Il lui dit alors : « Ô roi ! Ne me néglige pas, moi ton serviteur, et ne repousse pas avec orgueil ma demande. Car, réduit à un rang inférieur par le changement de fortune, et de roi devenu simple particulier, j’ai besoin de ton aide. Considère donc l’incertitude de la fortune et considère que le soin que tu prendras de moi sera aussi le tien ; car si je suis négligé et que mes sujets restent impunis, beaucoup d’autres sujets deviendront encore plus insolents envers d’autres rois. » Artaban prononça ces paroles, les larmes aux yeux et le visage abattu. Or, dès qu’Izatès entendit le nom d’Artaban et le vit debout devant lui comme un suppliant, il sauta aussitôt de son cheval et lui dit : « Prends courage, ô roi ! Ne sois pas troublé par ton malheur présent, comme s’il était incurable ; car le changement de ta triste condition sera soudain ; car tu trouveras en moi plus ton ami et ton assistant que tes espérances ne peuvent te le promettre ; car je te rétablirai dans le royaume de Parthie, ou je perdrai le mien. »
2. Ayant ainsi parlé, il fit monter Artaban sur son cheval et le suivit à pied, en l’honneur d’un roi qu’il reconnaissait comme supérieur à lui. Artaban, voyant cela, en fut fort inquiet, et jura sur sa fortune et son honneur actuels qu’il descendrait de cheval, à moins qu’Izatès ne remonte sur son cheval et ne le précède. Il obéit donc à son désir et sauta sur son cheval. Après l’avoir conduit à son palais royal, il lui témoigna tous les égards lorsqu’ils étaient assis ensemble, et il lui accorda la première place aux fêtes, non pas en raison de sa fortune actuelle, mais de sa dignité passée, et en raison aussi de ce que les changements de fortune sont communs à tous les hommes. Il écrivit également aux Parthes pour les persuader de recevoir à nouveau Artaban ; il leur offrit sa main droite et sa foi, leur promettant d’oublier le passé et de se porter médiateur entre eux. Les Parthes ne refusèrent pas de le recevoir à nouveau, mais arguèrent qu’ils n’en avaient plus le pouvoir, car ils avaient confié le gouvernement à un autre, nommé Cinnamos, qui l’avait accepté. Ils craignaient une guerre civile. Lorsque Cinnamos comprit leurs intentions, il écrivit à Artaban lui-même, car il avait été élevé par lui, et était d’un naturel bon et doux, et le pria de lui faire confiance et de revenir reprendre ses domaines. Artaban lui fit confiance et retourna chez lui. Cinnamos le rencontra, l’adora et le salua comme un roi, ôta son diadème et le plaça sur la tête d’Artaban.
3. Ainsi, Artahan fut rétabli dans son royaume par l’intermédiaire d’Izatès, après l’avoir perdu par les grands du royaume. Il ne négligea pas les bienfaits qu’il lui avait conférés, mais le récompensa par des honneurs qui étaient de la plus haute estime parmi eux ; il lui permit de porter sa tiare droite [6] et de dormir sur un lit d’or, privilèges et marques d’honneur propres aux rois de Parthie. Il arracha également au roi d’Arménie un vaste et fertile pays et le lui accorda. Le nom de ce pays est Nisibe, où les Macédoniens avaient autrefois bâti la ville qu’ils appelaient Antioche de Mygodonla. Tels étaient les honneurs rendus à Izatès par le roi des Parthes.
4. Peu de temps après, Artaban mourut et laissa son royaume à son fils Bardanès. Ce dernier vint trouver Izatès et voulut le persuader de se joindre à lui et de l’aider dans la guerre qu’il se préparait à mener contre les Romains ; mais il ne put l’en convaincre. Izatès, connaissant si bien la force et la fortune des Romains, prit Bardanès pour tenter l’impossible. Ayant de plus envoyé ses cinq fils, encore jeunes, apprendre avec exactitude la langue de notre nation et notre savoir, comme il avait envoyé sa mère adorer notre temple, comme je l’ai déjà dit, il fut d’autant plus réticent à se soumettre. Il retint Bardanès, lui racontant sans cesse les grandes armées et les exploits illustres des Romains, pensant ainsi le terrifier et l’empêcher d’entreprendre cette expédition. Mais le roi parthe, irrité par cette conduite, déclara immédiatement la guerre à Izatès. Mais cette guerre ne lui servit à rien, car Dieu anéantit tous ses espoirs. Les Parthes, connaissant les intentions de Bardanès et sa résolution de faire la guerre aux Romains, le tuèrent et donnèrent son royaume à son frère Gotarzès. Celui-ci périt lui aussi peu de temps après, victime d’un complot ourdi contre lui, et Vologase, son frère, lui succéda. Ce dernier confia deux de ses provinces à deux de ses frères du même père : celle des Mèdes à l’aîné, Pacorus ; et l’Arménie au cadet, Tiridate.
COMMENT IZATES FUT TRAHI PAR SES PROPRES SUJETS, ET COMBATTU PAR LES ARABES, ET COMMENT IZATES, PAR LA PROVIDENCE DE DIEU, FUT LIVRÉ DE LEURS MAINS.
1. Lorsque le frère du roi, Monobaze, et ses autres parents, virent qu’Izatès, par sa piété envers Dieu, était devenu très estimé de tous, ils voulurent eux aussi abandonner la religion de leur pays et embrasser les coutumes juives. Mais leur acte fut découvert par les sujets d’Izatès. Les grands, vivement mécontents, ne purent contenir leur colère et décidèrent de les punir dès qu’ils en trouveraient l’occasion. Ils écrivirent donc à Abia, roi des Arabes, et lui promirent de fortes sommes d’argent s’il entreprenait une expédition contre leur roi. Ils lui promirent en outre qu’ils abandonneraient leur roi dès la première attaque, désireux de le punir à cause de la haine qu’il portait à leur culte. Ils s’engagèrent alors, par serment, à se rester fidèles les uns aux autres et le supplièrent de se hâter dans ce projet. Le roi d’Arabie accéda à leurs désirs, rassembla une grande armée et marcha contre Izatès. Dès le début de la première attaque, et avant même d’en venir au corps à corps, les Hândés, saisis d’une terreur panique, abandonnèrent tous Izatès, comme convenu, et, tournant le dos à leurs ennemis, prirent la fuite. Izatès ne s’en étonna pas ; mais, lorsqu’il apprit que les grands l’avaient trahi, il se retira lui aussi dans son camp et s’enquit de l’affaire. Dès qu’il sut qui étaient les auteurs de cette conspiration avec le roi d’Arabie, il extermina les coupables. Reprenant le combat le lendemain, il tua la plupart de ses ennemis et força tous les autres à prendre la fuite. Il poursuivit également leur roi et le refoula dans une forteresse appelée Arsamus, dont il prit le siège avec vigueur. Et après l’avoir pillée de tout le butin qui s’y trouvait, qui n’était pas petit, il retourna à Adiabène ; mais il ne prit pas Abia vivante, car, se trouvant environné de toutes parts, il se tua lui-même.
2. Bien que les grands d’Adiabène aient échoué lors de leur première tentative, livrés par Dieu entre les mains de leur roi, ils ne voulurent pas se taire, même alors. Ils écrivirent de nouveau à Vologase, alors roi de Parthie, pour lui demander de tuer Izatès et de leur confier la direction d’un autre potentat, issu d’une famille parthe. Ils disaient en effet haïr leur propre roi pour avoir abrogé les lois de leurs ancêtres et adopté des coutumes étrangères. Apprenant cela, le roi de Parthie déclara hardiment la guerre à Izatès. Comme il n’avait aucun motif valable pour cette guerre, il lui envoya demander les honorables privilèges que son père lui avait accordés, et menaça, s’il refusait, de lui faire la guerre. Apprenant cela, Izatès fut profondément troublé, pensant que ce serait un reproche pour lui de paraître renoncer aux privilèges qui lui avaient été accordés par lâcheté. Sachant que, même si le roi de Parthie recevait ces honneurs, il ne resterait pas tranquille, il résolut de s’en remettre à Dieu, son protecteur, dans le danger présent où il se trouvait pour sa vie. Et, l’estimant comme son principal assistant, il confia ses enfants et ses femmes à une forteresse très solide, entreposa son blé dans ses citadelles et mit le feu au foin et à l’herbe. Après avoir ainsi mis les choses en ordre, du mieux qu’il put, il attendit l’arrivée de l’ennemi. Lorsque le roi de Parthie arriva avec une grande armée de fantassins et de cavaliers, ce qu’il fit plus tôt que prévu (car il marcha en toute hâte), et qu’il dressa un digue sur le fleuve qui séparait l’Adiabène de la Médie, Izatès, lui aussi, établit son camp non loin de là, avec six mille cavaliers. Mais un messager du roi de Parthie arriva auprès d’Izatès. Il lui expliqua l’étendue de son territoire, qui s’étendait de l’Euphrate à la Bactriane, et énuméra ses sujets. Il le menaça de le punir, le considérant comme ingrat envers ses seigneurs, et dit que le Dieu qu’il adorait ne pouvait le délivrer des mains du roi. Lorsque le messager lui eut transmis ce message, Izatès répondit qu’il savait que la puissance du roi de Parthie était bien supérieure à la sienne, mais qu’il savait aussi que Dieu était bien plus puissant que tous les hommes. Après lui avoir répondu, il se mit à supplier Dieu, se jeta à terre, se couvrit la tête de cendres en témoignage de sa confusion, et jeûna avec ses femmes et ses enfants. [7] Puis il invoqua Dieu et dit : « Ô Seigneur et Gouverneur, si je ne me suis pas en vain remis à ta bonté, mais que j’ai justement déterminé que tu es seul le Seigneur et le principal de tous les êtres, viens maintenant à mon secours et défends-moi de mes ennemis, non seulement à cause de moi-même, mais à cause de leur comportement insolent à l’égard de ta puissance,Tandis qu’ils n’ont pas craint d’élever contre toi leur langue orgueilleuse et arrogante. » Ainsi se lamentait-il, les larmes aux yeux ; Dieu exauça sa prière. Et immédiatement, cette même nuit, Vologase reçut des lettres, dont le contenu était le suivant : une grande bande de Dahé et de Sacse, le méprisant, maintenant qu’il était parti si loin de chez lui, avait lancé une expédition et ravagé Parthis ; de sorte qu’il fut contraint de se retirer, sans rien faire. Et c’est ainsi qu’Izatès échappa aux menaces des Parthes, par la providence divine.
3. Izatès mourut peu de temps après avoir atteint cinquante-cinq ans de vie et régné vingt-quatre ans. Il laissa vingt-quatre fils et vingt-quatre filles. Cependant, il ordonna que son frère Monobaze lui succède à la tête du royaume, le récompensant ainsi de son absence, après la mort de leur père, qui lui avait fidèlement préservé le pouvoir. Mais lorsque Hélène, sa mère, apprit la mort de son fils, elle fut profondément attristée, comme il était naturel, par la perte d’un fils si dévoué ; cependant, ce fut pour elle un réconfort d’apprendre que la succession revenait à son fils aîné. Elle se rendit donc en hâte auprès de lui ; et, arrivée en Adiabène, elle ne survécut pas longtemps à son fils Izatès. Mais Monobaze envoya ses ossements, ainsi que ceux d’Izatès, son frère, à Jérusalem, et ordonna qu’ils soient enterrés près des pyramides [8] que leur mère avait érigées ; elles étaient au nombre de trois, et n’étaient distantes que de trois stades de Jérusalem. N’est-ce pas ce que fit le roi Monobaze jusqu’à la fin de sa vie ? Nous le raconterons plus loin.
CONCERNANT THEUDAS ET LES FILS DE JUDAS LE GALILÉEN ; ET AUSSI DE LA CALAMITÉ QUI S’EST TOMBE SUR LES JUIFS LE JOUR DE LA PÂQUE.
1. Or, il arriva, pendant que Fadus était procurateur de Judée, qu’un magicien nommé Theudas [9] persuada une grande partie du peuple de prendre leurs effets et de le suivre jusqu’au Jourdain. Car il leur dit qu’il était prophète et qu’il allait, de son propre ordre, diviser le fleuve et leur faciliter le passage ; et beaucoup furent trompés par ses paroles. Cependant, Fadus ne leur permit pas de profiter de sa tentative sauvage, mais envoya contre eux une troupe de cavaliers qui, tombant sur eux à l’improviste, en tuèrent beaucoup et en capturèrent plusieurs vivants. Ils prirent également Theudas vivant, lui coupèrent la tête et la transportèrent à Jérusalem. Tel fut le sort des Juifs sous le règne de Cuspius Fadus.
2. Puis vint Tibère Alexandre, successeur de Fadus ; il était le fils d’Alexandre, l’alabarque d’Alexandrie, personnage important parmi tous ses contemporains, tant par sa famille que par sa fortune ; il était aussi plus éminent par sa piété que son fils Alexandre, car il ne persévéra pas dans la religion de son pays. Sous ces procurateurs, une grande famine survint en Judée, au cours de laquelle la reine Hélène acheta du blé en Égypte à grands frais et le distribua aux nécessiteux, comme je l’ai déjà raconté. De plus, les fils de Judas de Galilée furent massacrés ; je veux parler de ce Judas qui avait soulevé le peuple lorsque Cyrénius vint faire le décompte des biens des Juifs, comme nous l’avons montré dans un livre précédent. Ces fils s’appelaient Jacques et Simon, qu’Alexandre ordonna de crucifier. Or, Hérode, roi de Chalcis, destitua Joseph, fils de Camyde, du sacerdoce, et nomma Ananias, fils de Nébédée, son successeur. Cumanus succéda alors à Tibère Alexandre, et Hérode, frère d’Agrippa, le grand roi, mourut la huitième année du règne de Claude César. Il laissa trois fils : Aristobule, qu’il avait eu de sa première femme avec Bernicien, et Hyrcan, qu’il avait eus de Bérénice, fille de son frère. Mais Claude César légua ses domaines à Agrippa, le jeune.
3. Alors que les affaires juives étaient sous l’administration de Curéan, un grand tumulte éclata à Jérusalem, et de nombreux Juifs y périrent. Mais je vais d’abord expliquer la cause de ce tumulte. À l’approche de la fête de Pâque, où nous avons coutume de manger du pain sans levain, et où une grande foule s’était rassemblée de toutes parts pour cette fête, Cumanus craignit une tentative d’innovation. Il ordonna donc qu’un régiment de l’armée prenne les armes et se tienne dans les cloîtres du temple pour réprimer toute tentative d’innovation, si jamais elle survenait. Ce n’était rien de plus que ce que faisaient les anciens procurateurs de Judée lors de telles fêtes. Mais le quatrième jour de la fête, un soldat baissa ses braies et montra ses parties intimes à la foule, ce qui mit ceux qui le virent dans une fureur furieuse et les fit crier que cet acte impie n’était pas commis pour s’approcher d’eux, mais de Dieu lui-même. Certains d’entre eux reprochèrent à Cumanus de l’avoir attaqué. Cumanus, l’ayant appris, fut lui-même vivement irrité par ces reproches. Il les exhorta néanmoins à cesser ces séditieux et à ne pas provoquer de tumulte pendant la fête. Ne parvenant pas à les calmer, car ils persistaient dans leurs reproches, il ordonna à toute l’armée de prendre ses armes et de se rendre à Antonia, forteresse qui, comme nous l’avons déjà dit, dominait le temple. La multitude, voyant les soldats là, en fut effrayée et s’enfuit précipitamment. Mais comme les passages étaient étroits et qu’elle pensait être suivie par les ennemis, elle s’entassa dans sa fuite, et un grand nombre d’entre eux périrent dans ces étroits passages ; et le nombre des morts ne fut pas inférieur à vingt mille. Ainsi, au lieu d’une fête, ils eurent enfin une journée de deuil. et tous oublièrent leurs prières et leurs sacrifices, et se livrèrent aux lamentations et aux pleurs ; tant l’obscénité impudente d’un seul soldat leur causa d’affliction. [10]
4. Avant même que ce premier deuil ne fût terminé, un autre malheur les frappa. Certains de ceux qui avaient provoqué le tumulte, alors qu’ils circulaient sur la voie publique, à environ cent stades de la ville, dépouillèrent Stéphane, serviteur de César, en chemin, et le pillèrent de tout ce qu’il avait sur lui. Curéen, ayant appris ces faits, envoya immédiatement des soldats et leur ordonna de piller les villages voisins et de lui amener les plus éminents d’entre eux, prisonniers. Pendant que ces ravages se faisaient, un des soldats s’empara des lois de Moïse qui se trouvaient dans l’un de ces villages, les apporta devant tous les assistants et les déchira. Cela se fit avec des propos injurieux et beaucoup d’insultes. Lorsque les Juifs apprirent ces choses, ils accoururent en grand nombre et descendirent à Césarée, où se trouvait alors Cumanus. Ils le supplièrent de venger, non pas eux-mêmes, mais Dieu lui-même, dont les lois avaient été bafouées ; car ils ne pouvaient plus supporter de vivre si les lois de leurs ancêtres devaient être ainsi bafouées. Craignant une sédition de la multitude, Cumanus, sur le conseil de ses amis, fit décapiter le soldat qui avait offensé les lois, mettant ainsi fin à la sédition qui était sur le point de s’enflammer une seconde fois.
COMMENT UNE QUERELLE SURVIT ENTRE LES JUIFS ET LES SAMARITAINS ; ET COMMENT CLAUDE METTRA FIN À LEURS DIFFÉRENCES.
1. Or, une querelle s’éleva entre les Samaritains et les Juifs à la suite de ce qui suit : les Galiléens avaient coutume, lorsqu’ils arrivaient à la ville sainte pour les fêtes, de traverser le pays des Samaritains. [11] Or, sur leur chemin se trouvait un village appelé Ginea, situé aux confins de la Samarie et de la grande plaine. Des habitants de ce village combattirent les Galiléens et en tuèrent un grand nombre. Les principaux des Galiléens, informés de ce qui s’était passé, se rendirent auprès de Cumanus et le prièrent de venger le meurtre de ceux qui avaient été tués. Mais les Samaritains, avec de l’argent, le persuadèrent de ne rien faire. Les Galiléens furent très mécontents et persuadèrent la multitude des Juifs de prendre les armes et de recouvrer leur liberté, affirmant que l’esclavage était en soi une chose amère, mais que lorsqu’il était associé à des blessures directes, il était parfaitement intolérable. Lorsque leurs principaux hommes tentèrent de les apaiser et promirent de tenter de persuader Curéanus de venger ceux qui avaient été tués, ils ne voulurent pas les écouter, mais prirent leurs armes et implorèrent l’aide d’Éléazar, le fils de Dineus, un brigand, qui avait établi sa demeure dans les montagnes depuis de nombreuses années, avec l’aide de laquelle ils pillèrent de nombreux villages des Samaritains. Lorsque Cumanus apprit cette action, il prit la bande de Sébaste avec quatre régiments de fantassins, arma les Samaritains et marcha à la rencontre des Juifs, les captura, en tua beaucoup et en prit un grand nombre vivants. Alors les plus éminents personnages de Jérusalem, tant par le respect qu’on leur témoignait que par leurs familles, dès qu’ils virent à quel point les choses étaient allées mal, revêtirent des sacs et entassèrent des cendres sur leurs têtes. Ils supplièrent par tous les moyens les séditieux et les persuadèrent qu’ils mettraient sous leurs yeux la subversion totale de leur pays, l’incendie de leur temple et l’esclavage d’eux-mêmes, de leurs femmes et de leurs enfants, [12] conséquences de leurs actes ; qu’ils changeraient d’avis, qu’ils jetteraient leurs armes, qu’à l’avenir ils resteraient tranquilles et retourneraient chez eux. Leurs persuasions les eurent. Le peuple se dispersa, et les brigands retournèrent dans leurs lieux forts ; et après ce temps, toute la Judée fut inondée de brigandages.
2. Mais le chef des Samaritains se rendit auprès d’Ummidius Quadratus, président de Syrie, alors à Tyr, et accusa les Juifs d’avoir incendié et pillé leurs villages. Il ajouta qu’ils n’étaient pas tant mécontents de ce qu’ils avaient subi, mais du mépris manifesté envers les Romains. S’ils avaient subi quelque préjudice, ils auraient dû les désigner comme juges de ce qui avait été fait, et ne pas se livrer immédiatement à de tels ravages, comme s’ils n’avaient pas les Romains pour gouverneurs. C’est pourquoi ils vinrent le trouver pour obtenir la vengeance qu’ils désiraient. Telle était l’accusation que les Samaritains portèrent contre les Juifs. Mais les Juifs affirmèrent que les Samaritains étaient les auteurs de ce tumulte et de ces combats, et que, premièrement, Cumanus avait été corrompu par leurs dons et avait passé sous silence le meurtre de ceux qui avaient été tués. - Ces allégations, Quadratus, ayant entendu cela, reporta l’audience et promit de rendre sa sentence dès son arrivée en Judée, où il aurait une connaissance plus précise de la vérité. Ces hommes s’en allèrent donc sans succès. Cependant, Quadratus ne tarda pas à arriver en Samarie. Là, après avoir entendu la cause, il supposa que les Samaritains étaient à l’origine de ce trouble. Mais, informé que certains Juifs innovaient, il ordonna la crucifixion de ceux que Cumanus avait emmenés captifs. De là, il arriva à un village appelé Lydda, qui n’était pas moins qu’une ville, et là, il entendit une seconde fois la cause des Samaritains devant son tribunal. Il apprit d’un Samaritain qu’un des chefs des Juifs, nommé Dortus, et quatre autres innovateurs avec lui, avaient persuadé la foule de se révolter contre les Romains. Quadratus ordonna de les mettre à mort. Il renvoya néanmoins Ananias, le grand prêtre, et Ananus, le commandant du Temple, prisonniers à Rome, pour rendre compte à Claude César de leurs agissements. Il ordonna également aux principaux Samaritains et Juifs, ainsi qu’à Cumanus, le procurateur, et à Ceier, le tribun, de se rendre en Italie auprès de l’empereur, afin qu’il entende leur cause et règle leurs différends. Craignant que la multitude des Juifs ne tente des innovations, il retourna à Jérusalem. Il trouva la ville paisible, célébrant une des fêtes religieuses de leur pays. Croyant donc qu’ils ne tenteraient aucune innovation, il les laissa là où se déroulait la fête et retourna à Antioche.
3. Cumanus et les principaux Samaritains, envoyés à Rome, reçurent de l’empereur un jour où ils devaient plaider leur cause au sujet des querelles qui les opposaient. Mais les affranchis et les amis de César se montrèrent très zélés pour Cumanus et les Samaritains. Français et ils auraient prévalu sur les Juifs, à moins qu’Agrippa, le jeune, qui était alors à Rome, n’eût vu les principaux des Juifs endurcis, et n’eût prié instamment Agrippine, l’épouse de l’empereur, de persuader son mari d’entendre la cause, d’une manière qui convienne à sa justice, et de condamner au châtiment ceux qui étaient réellement les auteurs de cette révolte contre le gouvernement romain. - Sur quoi Claude était si bien disposé à l’avance, que, lorsqu’il eut entendu la cause et découvert que les Samaritains avaient été les meneurs de ces méfaits, il donna l’ordre de tuer ceux qui s’étaient approchés de lui, et que Curéanus fût banni. Il ordonna également que Céler, le tribun, soit ramené à Jérusalem, et traîné à travers la ville sous les yeux de tout le peuple, puis tué.
FÉLIX EST NOMMÉ PROCURATEUR DE JUDÉE ; AINSI QU’AGRIPPA JUNIOR ET SES SŒURS.
1. Claude envoya Félix, frère de Pallas, pour s’occuper des affaires de la Judée. La douzième année de son règne accomplit, et il donna à Agrippa la tétrarchie de Philippe et de Batanée, et y ajouta la Trachonite avec Abila. Cette dernière avait été la tétrarchie de Lysanias. Il lui enleva Chalcis, après quatre ans de règne. Agrippa, ayant reçu ces contrées en don de César, donna sa sœur Drusille en mariage à Azizus, roi d’Émèse, à condition qu’il consente à se faire circoncire. Épiphane, fils du roi Antiochus, avait refusé de l’épouser, car, après avoir promis à son père de se convertir au judaïsme, il ne voulait pas tenir sa promesse. Il donna aussi Mariamne en mariage à Archélaüs, fils d’Helcias, auquel Agrippa, son père, l’avait fiancée. de ce mariage naquit une fille, dont le nom était Bernice.
2. Le mariage de Drusille avec Azizus fut bientôt rompu pour la raison suivante : alors que Félix était procurateur de Judée, il aperçut Drusille et en tomba amoureux ; car elle surpassait en beauté toutes les autres femmes. Il lui envoya un certain Simon [13], un de ses amis. Juif, d’origine chypriote, il se faisait passer pour un magicien. Il s’efforça de la persuader d’abandonner son mari et de l’épouser ; il lui promit que, si elle ne le refusait pas, il ferait d’elle une femme heureuse. Elle fit donc une mauvaise action, et, désireuse d’éviter l’envie de sa sœur Bérénice, qu’elle maltraitait à cause de sa beauté, elle se laissa persuader de transgresser les lois de ses ancêtres et d’épouser Félix ; et, lorsqu’il eut d’elle un fils, il le nomma Agrippa. Mais de quelle manière ce jeune homme et sa femme périrent lors de l’incendie du Vésuve, [14] au temps de Titus César, cela sera raconté plus tard. [15]
3. Bérénice, quant à elle, vécut veuve longtemps après la mort d’Hérode, roi de Chalcis, qui était à la fois son mari et son oncle. Mais, lorsqu’on apprit qu’elle avait eu une conversation criminelle avec son frère, Agrippa le jeune, elle persuada Polème, roi de Cilicie, de se faire circoncire et de l’épouser, pensant ainsi prouver le mensonge des calomnies dont elle était l’objet. Polème se laissa convaincre, principalement à cause de sa richesse. Cependant, ce mariage ne dura pas longtemps ; Bérénice quitta Polème, et, comme on le disait, avec des intentions impures. Il abandonna donc aussitôt ce mariage et la religion juive ; à la même époque, Mariamne répudia Archclaus et épousa Démétrius, le plus important des Juifs d’Alexandrie, tant pour sa famille que pour sa fortune ; il était alors leur alabarque. Elle nomma donc Agrippin le fils qu’elle eut de lui. Nous reviendrons plus en détail sur tous ces détails. [16]
De quelle manière, après la mort de Claude, Néron succéda au gouvernement ; et quelles barbares il accomplit. Concernant les brigands, les meurtriers et les imposteurs qui surgirent pendant que Félix et Festus étaient procureurs de Judée.
1. Or, Claude César mourut après treize ans, huit mois et vingt jours de règne ; [17] et le bruit courut qu’il avait été empoisonné par sa femme Agrippine. Son père était Germanicus, frère de César. Son mari était Domitius Aenobarbus, l’un des personnages les plus illustres de la ville de Rome. Après sa mort, et après son long veuvage, Claude la prit pour femme. Elle emmena avec elle un fils, Domtitus, du même nom que son père. Auparavant, il avait tué sa femme Messaline, par jalousie, dont il avait eu ses enfants Britannicus et Octavie ; leur sœur aînée était Antonia, qu’il avait eue de Pélina sa première femme. Il maria également Octavie à Néron ; c’est le nom que César lui donna plus tard, après l’avoir adopté pour fils.
2. Mais Agrippine craignait que, une fois majeur, Britannicus ne succède à son père dans le gouvernement, et elle désirait s’emparer de la principauté pour son fils Néron. Le bruit courut alors qu’elle avait provoqué la mort de Claude. Elle envoya donc immédiatement Burrhus, le général de l’armée, accompagné des tribuns et des affranchis les plus influents, pour ramener Néron au camp et le saluer empereur. Néron, après avoir ainsi obtenu le pouvoir, fit empoisonner Britannicus de manière à ce que la foule ne s’en aperçoive pas. Peu après, il fit cependant mourir publiquement sa mère, la récompensant non seulement d’être née d’elle, mais aussi d’avoir, par ses ruses, obtenu l’empire romain. Il tua aussi Octavie, sa propre femme, et plusieurs autres personnages illustres, sous prétexte qu’ils complotaient contre lui.
3. Mais je n’en dirai pas plus sur ces affaires ; car de nombreux auteurs ont composé l’histoire de Néron ; certains se sont écartés de la vérité des faits par faveur, comme ayant reçu de lui des bienfaits ; tandis que d’autres, par haine pour lui et par la grande malveillance qu’ils lui portaient, ont si impudemment déliré contre lui par leurs mensonges qu’ils méritent à juste titre d’être condamnés. Je ne m’étonne pas non plus de ceux qui ont menti sur Néron, puisqu’ils n’ont pas conservé dans leurs écrits la vérité de l’histoire quant aux faits antérieurs à son époque, même lorsque les auteurs n’auraient en aucun cas pu encourir leur haine, ces auteurs ayant vécu longtemps après eux. Mais quant à ceux qui n’ont aucun respect pour la vérité, ils peuvent écrire ce qu’ils veulent ; car ils y trouvent leur plaisir. Quant à nous, qui avons fait de la vérité notre objectif direct, nous aborderons brièvement ce qui n’appartient qu’à une distance lointaine de cette entreprise, mais nous raconterons ce qui nous est arrivé, à nous les Juifs, avec une grande exactitude, et nous ne ménagerons pas nos efforts pour rendre compte à la fois des calamités que nous avons subies et des crimes dont nous avons été coupables. Je reviendrai donc maintenant au récit de nos propres affaires.
4. Car, la première année du règne de Néron, à la mort d’Azizus, roi d’Émèse, Soemus, son frère, lui succéda dans son royaume, et Aristobule, fils d’Hérode, roi de Chalcis, fut chargé par Néron du gouvernement de la Petite Arménie. César accorda également à Agrippa une partie de la Galilée, Tibériade et Tarichées, [18] et leur ordonna de se soumettre à sa juridiction. Il lui donna aussi Julias, ville de Pérée, et quatorze villages alentour.
5. Or, la situation des Juifs empirait sans cesse, car le pays était de nouveau rempli de brigands et d’imposteurs qui trompaient la foule. Cependant, Félix en arrêtait et mettait à mort chaque jour un grand nombre de ces imposteurs, ainsi que les brigands. Il arrêta aussi Éléazar, fils de Dinéas, qui avait réuni une bande de brigands ; et il le fit par trahison ; il lui donna l’assurance qu’il ne subirait aucun mal, et le persuada ainsi de venir le trouver. Mais, arrivé, il le fit lier et l’envoya à Rome. Félix en voulait aussi au grand prêtre Jonathan, car il lui recommandait souvent de mieux diriger les affaires des Juifs, de peur d’être lui-même critiqué par la foule, lui qui avait demandé à César de l’envoyer comme procurateur de Judée. Félix trouva donc un moyen de se débarrasser de lui, devenu si constamment importun pour lui. car de telles remontrances continuelles sont pénibles pour ceux qui sont disposés à agir injustement. C’est pourquoi Félix persuada l’un des amis les plus fidèles de Jonathan, un citoyen de Jérusalem nommé Doras, d’amener les brigands sur Jonathan, afin de le tuer ; et il le fit en promettant de lui donner une forte somme d’argent pour cela. Doras accepta la proposition et s’arrangea pour que les brigands puissent l’assassiner de la manière suivante : Certains de ces brigands montèrent à la ville, comme s’ils allaient adorer Dieu, tandis qu’ils avaient des poignards sous leurs vêtements, et en se mêlant ainsi à la multitude, ils tuèrent Jonathan [19] et comme ce meurtre ne fut jamais vengé, les brigands montèrent avec la plus grande sécurité aux fêtes après cette époque ; et ayant des armes cachées de la même manière qu’auparavant, et se mêlant à la multitude, ils tuèrent certains de leurs propres ennemis, et se servaient d’autres hommes pour de l’argent ; Ils en tuèrent d’autres, non seulement dans les quartiers les plus reculés de la ville, mais aussi dans le temple lui-même. Ils osèrent y assassiner des hommes, sans se soucier de l’impiété dont ils étaient coupables. C’est, me semble-t-il, la raison pour laquelle Dieu, haï par la méchanceté de ces hommes, rejeta notre ville. Quant au temple, il ne le jugea plus assez pur pour y habiter. Il fit venir les Romains, jeta le feu sur la ville pour la purifier et nous réduisit en esclavage, ainsi que nos femmes et nos enfants, voulant nous rendre plus sages par nos calamités.
6. Ces actes, commis par les brigands, emplissaient la ville de toutes sortes d’impiétés. Ces imposteurs et ces trompeurs persuadèrent la multitude de les suivre dans le désert, prétendant qu’ils accompliraient des prodiges et des signes manifestes, accomplis par la providence divine. Nombre de ceux qui se laissèrent séduire par eux subirent le châtiment de leur folie ; Félix les ramena et les punit. De plus, vers cette même époque, un homme sortit d’Égypte [20] et se dit prophète. Il conseilla à la multitude du peuple de l’accompagner jusqu’au mont des Oliviers, comme on l’appelait, qui se trouvait en face de la ville, à cinq stades de distance. Il dit en outre qu’il leur montrerait d’ici comment, sur son ordre, les murailles de Jérusalem s’écrouleraient ; et il leur promit de leur procurer une entrée dans la ville par ces murailles, une fois celles-ci écroulées. Félix, informé de ces événements, ordonna à ses soldats de prendre leurs armes et marcha contre eux avec un grand nombre de cavaliers et de fantassins venus de Jérusalem. Il attaqua l’Égyptien et le peuple qui l’accompagnait. Il tua quatre cents d’entre eux et en prit deux cents vivants. L’Égyptien, quant à lui, échappa au combat, mais ne reparut plus. Les brigands excitèrent de nouveau le peuple à la guerre contre les Romains, leur disant de ne pas leur obéir du tout. Et comme certains refusaient de leur obéir, ils incendiaient leurs villages et les pillaient.
7. Or, une grande sédition s’éleva entre les Juifs qui habitaient Césarée et les Syriens qui y résidaient également, au sujet de leur droit égal aux privilèges des citoyens. Les Juifs revendiquaient la prééminence, car Hérode, leur roi, était le bâtisseur de Césarée et était juif de naissance. Les Syriens ne nièrent pas les allégations concernant Hérode ; mais ils affirmèrent que Césarée s’appelait autrefois la Tour de Straton, et qu’il n’y avait alors pas un seul Juif habitant. Lorsque les présidents de ce pays apprirent ces troubles, ils en arrêtèrent les auteurs des deux camps et les torturèrent de coups, ce qui mit fin temporairement aux troubles. Mais les citoyens juifs, fiers de leur richesse et méprisant de ce fait les Syriens, les réprimandèrent de nouveau et espéraient les provoquer par de tels reproches. Cependant, les Syriens, bien que moins riches, s’estimant pourtant hautement, car la plupart des soldats romains présents étaient de Césarée ou de Sébaste, eurent aussi pendant un certain temps des propos injurieux envers les Juifs. Il en fut ainsi jusqu’à ce qu’ils en vinssent à se jeter des pierres, et plusieurs furent blessés et tombèrent des deux côtés, bien que les Juifs fussent vainqueurs. Mais, voyant que cette querelle avait tourné à la guerre, Félix les attaqua à l’improviste et les exhorta à cesser leurs agissements. Comme ils refusaient, il arma ses soldats, les envoya à leur rencontre, en tua beaucoup, en prit d’autres vivants et permit à ses soldats de piller quelques maisons des citoyens, qui regorgeaient de richesses. Les Juifs les plus modérés et les plus importants parmi eux, craignant pour eux-mêmes, demandèrent à Félix de faire reculer ses soldats, de les épargner pour l’avenir et de leur donner l’occasion de se repentir de leurs actes. et Félix fut persuadé de le faire.
8. Vers cette époque, le roi Agrippa donna le grand-prêtre à Ismaël, fils de Fabi. Une sédition s’éleva alors entre les grands prêtres et les principaux de la multitude de Jérusalem. Chacun d’eux s’adjoignit un groupe d’hommes audacieux, aimant les innovations et devenant leurs chefs. Lorsqu’ils se disputaient, ils se lançaient des injures et se jetaient des pierres. Personne ne pouvait les reprendre ; ces désordres se commettaient avec licence dans la ville, comme si elle n’avait aucun pouvoir sur elle. L’impudence et l’audace des grands prêtres étaient telles qu’ils osèrent envoyer leurs serviteurs dans les aires pour prélever les dîmes dues aux prêtres, si bien que les plus pauvres d’entre eux moururent de faim. À ce point, la violence des séditieux a prévalu sur tout droit et toute justice.
9. Lorsque Porcius Festus fut envoyé par Néron comme successeur de Félix, les principaux habitants juifs de Césarée montèrent à Rome pour accuser Félix ; et il aurait certainement été puni, si Néron n’avait pas cédé aux sollicitations importunes de son frère Pallas, qu’il tenait alors en très haute estime. Deux des principaux Syriens de Césarée persuadèrent Burrhus, précepteur de Néron et secrétaire de ses épîtres grecques, en lui donnant une forte somme d’argent, de supprimer l’égalité des privilèges des citoyens juifs dont ils jouissaient jusque-là. Burrhus, par ses sollicitations, obtint donc de l’empereur la permission d’écrire une épître à cet effet. Cette épître fut la cause des malheurs suivants qui s’abattirent sur notre nation ; car lorsque les Juifs de Césarée furent informés du contenu de cette épître aux Syriens, ils devinrent plus désordonnés qu’auparavant, jusqu’à ce qu’une guerre éclate.
10. À l’arrivée de Festus en Judée, la Judée fut assiégée par les brigands, qui incendièrent et pillèrent tous les villages. C’est alors que les sicarii, comme on les appelait, se multiplièrent. Ils utilisaient de petites épées, assez semblables en longueur aux acinacae perses, mais légèrement recourbées et semblables aux sicae romaines. C’est de ces armes que ces brigands tirèrent leur nom ; ils tuèrent ainsi un grand nombre de personnes. Ils se mêlaient à la multitude lors des fêtes, lorsqu’ils montaient en foule de tous côtés à la ville pour adorer Dieu, comme nous l’avons dit précédemment, et tuaient facilement ceux qu’ils voulaient tuer. Ils attaquaient aussi fréquemment les villages ennemis avec leurs armes, les pillaient et les incendiaient. Festus envoya donc des troupes, cavaliers et fantassins, pour fondre sur ceux qui avaient été séduits par un imposteur, qui leur avait promis la délivrance et la délivrance des souffrances qu’ils subissaient s’ils le suivaient jusqu’au désert. Ces troupes détruisirent ainsi celui qui les avait trompés, ainsi que ses partisans.
11. Vers la même époque, le roi Agrippa se fit construire une très grande salle à manger dans le palais royal de Jérusalem, près du portique. Ce palais avait été construit autrefois par les fils d’Asamonée. Il était situé sur une hauteur et offrait une vue des plus agréables à ceux qui souhaitaient admirer la ville, perspective souhaitée par le roi. Il pouvait s’y allonger, manger et observer ce qui se passait dans le temple. Les notables de Jérusalem, en voyant cela, en furent très mécontents ; car il n’était pas conforme aux institutions ni à la loi de notre pays que les actes du temple soient vus par d’autres, surtout ceux relatifs aux sacrifices. Ils érigèrent donc un mur sur le bâtiment le plus élevé, celui de la cour intérieure du temple, à l’ouest. Ce mur, une fois construit, empêchait non seulement la vue sur la salle à manger du palais, mais aussi sur les cloîtres occidentaux, qui appartenaient à la cour extérieure du temple, où les Romains gardaient le temple lors des fêtes. Le roi Agrippa, et surtout le procurateur Festus, furent vivement mécontents de ces événements ; Festus leur ordonna de démolir le mur. Mais les Juifs le prièrent de leur permettre d’envoyer une ambassade à ce sujet à Néron ; car ils disaient qu’ils ne pourraient plus supporter la destruction d’une partie du temple. Festus leur ayant donné cette permission, ils envoyèrent dix de leurs principaux hommes à Néron, ainsi qu’Ismaël, le grand prêtre, et Helcias, le gardien du trésor sacré. Néron, ayant entendu ce qu’ils avaient à dire, non seulement leur pardonna ce qu’ils avaient déjà fait, mais leur permit aussi de laisser debout la muraille qu’ils avaient construite. Cela leur fut accordé pour satisfaire Poppée, l’épouse de Néron, qui était une femme pieuse, et qui avait sollicité ces faveurs de Néron, et qui avait ordonné aux dix ambassadeurs de rentrer chez eux ; mais elle retint Helcias et Ismaël comme otages avec elle. Dès que le roi apprit cette nouvelle, il donna le grand-prêtresse à Joseph, surnommé Cabi, fils de Simon, auparavant grand-prêtre.
CONCERNANT ALBINUS SOUS LA PROCURATION DUQUEL JACQUES FUT TUÉ ; AINSI QUE LES ÉDIFICES CONSTRUITS PAR AGRIPPA.
1. Or, César, apprenant la mort de Festus, envoya Albinus en Judée comme procurateur. Mais le roi destitua Joseph du grand-prêtre et en confia la succession au fils d’Ananus, lui-même appelé Ananus. Or, on raconte que cet aîné Ananus se révéla un homme très heureux ; car il avait cinq fils qui avaient tous exercé la fonction de grand-prêtre de Dieu, et qui avait lui-même joui de cette dignité il y a longtemps, ce qui n’était jamais arrivé à aucun autre de nos grands-prêtres. Mais ce jeune Ananus, qui, comme nous vous l’avons déjà dit, prit le grand-prêtre, était un homme audacieux et très insolent ; il était également de la secte des Sadducéens, [21] qui sont très sévères dans le jugement des coupables, plus que tous les autres Juifs, comme nous l’avons déjà observé ; donc, étant de cette disposition, Ananus pensa avoir l’occasion d’exercer son autorité. Français Festus était maintenant mort, et Albinus était en route ; il assembla donc le sanhédrin des juges, et amena devant eux le frère de Jésus, qui était appelé le Christ, dont le nom était Jacques, et quelques autres, [ou, quelques-uns de ses compagnons] ; et après avoir formé une accusation contre eux comme transgresseurs de la loi, il les livra pour être lapidés. Mais quant à ceux qui semblaient les plus équitables des citoyens, ceux qui étaient les plus inquiets de la violation des lois, ils n’aimèrent pas ce qui était fait ; ils envoyèrent aussi au roi [Agrippa], lui demandant d’envoyer à Ananus pour qu’il n’agisse plus ainsi, car ce qu’il avait déjà fait n’était pas justifiable ; bien plus, certains d’entre eux allèrent aussi à la rencontre d’Albinus, alors qu’il était en voyage d’Alexandrie, et l’informa qu’il n’était pas permis à Ananus de réunir un sanhédrin sans son consentement. [22] Albinus obéit à leurs paroles et écrivit avec colère à Ananus, le menaçant de le faire punir pour ce qu’il avait fait. Sur quoi le roi Agrippa lui retira le grand-prêtresse, alors qu’il n’avait régné que trois mois, et fit de Jésus, fils de Damnéus, son grand-prêtre.
2. Dès qu’Albinus fut arrivé à Jérusalem, il mit tout en œuvre pour que le pays fût en paix, et cela en détruisant de nombreux sicaires. Quant au grand prêtre Ananias [23], sa gloire grandissait chaque jour, et cela à un degré considérable, et il avait acquis la faveur et l’estime des citoyens d’une manière remarquable ; car c’était un grand thésauriseur d’argent. Il cultivait donc l’amitié d’Albinus et du grand prêtre [Jésus], en leur faisant des présents. Il avait aussi des serviteurs très méchants, qui se joignaient aux plus audacieux du peuple, allaient aux aires et prenaient violemment les dîmes qui appartenaient aux prêtres, et ne se retenaient pas de frapper ceux qui refusaient de les leur donner. Les autres grands prêtres agissaient de la même manière que ses serviteurs, sans que personne ne puisse les en empêcher. de sorte que certains prêtres, qui autrefois étaient nourris avec ces dîmes, moururent faute de nourriture.
3. Or, les Sicaires entrèrent dans la ville de nuit, juste avant la fête qui approchait. Ils prirent le scribe du gouverneur du temple, Éléazar, fils d’Ananus [Ananias], le grand prêtre, le lièrent et l’emmenèrent avec eux. Après quoi, ils envoyèrent dire à Ananias qu’ils lui enverraient le scribe s’il persuadait Albinus de libérer dix des prisonniers qu’il avait capturés parmi eux. Ananias fut donc manifestement contraint de persuader Albinus et obtint gain de cause. Ce fut le début de calamités plus graves : les brigands s’ingéniaient sans cesse à capturer des serviteurs d’Ananias ; et, une fois capturés vivants, ils ne les laissaient partir qu’après avoir récupéré quelques-uns de leurs propres Sicaires. Et comme ils étaient redevenus nombreux, ils s’enhardirent et causèrent une grande angoisse à tout le pays.
4. Vers cette époque, le roi Agrippa fit construire Césarée de Philippe plus grande qu’auparavant et, en l’honneur de Néron, la nomma Néronlas. Après avoir construit un théâtre à Béryte, à grands frais, il y offrit des spectacles annuels et y dépensa plusieurs dizaines de milliers de drachmes. Il donna également au peuple une grande quantité de blé, distribua de l’huile et orna toute la ville de statues de son propre don et d’images originales faites par des mains anciennes. Il faillit même y transférer tout ce qu’il y avait de plus ornemental dans son royaume. Cela le rendit plus haï que d’habitude par ses sujets, car il leur avait pris ce qui leur appartenait pour orner une ville étrangère. Jésus, fils de Gamaliel, succéda alors à Jésus, fils de Damnéus, dans le grand sacerdoce, que le roi avait enlevé à l’autre. De ce fait, une sédition s’éleva entre les grands prêtres, les uns contre les autres. Car ils rassemblèrent les plus hardis du peuple, et souvent, après les reproches, ils en venaient aux pierres. Mais Ananias, par sa richesse, était plus dur que les autres, ce qui lui permettait de gagner ceux qui étaient les plus disposés à recevoir. Costobarus et Saulus rassemblèrent eux-mêmes une multitude de méchants, et cela parce qu’ils étaient de la famille royale ; ils obtinrent ainsi leur faveur, en raison de leur parenté avec Agrippa ; mais ils usèrent de violence envers le peuple et étaient très prompts à piller les plus faibles. Et à partir de ce moment, il arriva principalement que notre ville fut profondément désorganisée, et que la situation empira de plus en plus parmi nous.
5. Albinus, apprenant que Gessius Florus allait lui succéder, voulut paraître faire quelque chose de gracieux envers le peuple de Jérusalem. Il fit donc sortir tous les prisonniers qui lui semblaient mériter la mort, et ordonna qu’ils soient exécutés en conséquence. Quant à ceux qui avaient été emprisonnés pour des raisons insignifiantes, il leur prit de l’argent et les renvoya ; ainsi, les prisons furent vidées, mais le pays se remplit de brigands.
6. Or, comme beaucoup de Lévites, [24] qui est une de nos tribus, chantaient des hymnes, persuadèrent le roi de réunir un sanhédrin et de leur permettre de porter des vêtements de lin, ainsi qu’aux prêtres. Ils disaient que ce serait une œuvre digne de son règne, afin qu’il puisse conserver un souvenir d’une telle nouveauté, comme étant son œuvre. Et ils obtinrent gain de cause ; car le roi, avec le suffrage de ceux qui se présentèrent au sanhédrin, accorda aux chantres des hymnes le privilège de quitter leurs anciens vêtements et de porter ceux de lin qu’ils désiraient ; et comme une partie de cette tribu servait dans le temple, il leur permit également d’apprendre les hymnes qu’ils lui avaient demandés. Or, tout cela était contraire aux lois de notre pays, lesquelles, chaque fois qu’elles ont été transgressées, nous n’avons jamais pu éviter le châtiment pour de telles transgressions.
7. Le temple était alors achevé. Voyant que les ouvriers, au nombre de plus de dix-huit mille, étaient au chômage et que, ne recevant aucun salaire, ils étaient dans le besoin, ayant gagné leur pain par leur travail autour du temple, ils refusèrent de conserver les trésors qui y étaient déposés, de peur d’être emmenés par les Romains. Soucieux de subvenir aux besoins des ouvriers, ils décidèrent de dépenser ces trésors pour eux ; car si l’un d’eux travaillait ne serait-ce qu’une heure, il recevait immédiatement son salaire. Ils le persuadèrent donc de reconstruire les cloîtres orientaux. Ces cloîtres, situés dans la cour extérieure, étaient situés dans une vallée profonde. Leurs murs atteignaient quatre cents coudées de longueur et étaient construits en pierres carrées très blanches, chacune mesurant vingt coudées de longueur et six de hauteur. Ce fut l’œuvre du roi Salomon, [25] qui, le premier, construisit tout le temple. Mais le roi Agrippa, à qui Claude César avait confié la garde du temple, considérant qu’il est facile de démolir un édifice, mais difficile de le reconstruire, et qu’il était particulièrement difficile de le faire pour ces cloîtres, ce qui exigerait un temps considérable et de grandes sommes d’argent, il rejeta la demande des pétitionnaires à ce sujet ; mais il ne les empêcha pas lorsqu’ils demandèrent que la ville soit pavée de pierres blanches. Il retira également Jésus, fils de Gamaliel, du grand-prêtre et le donna à Matthias, fils de Théophile, sous lequel commença la guerre des Juifs contre les Romains.
UNE ÉNUMÉRATION DES GRANDS PRÊTRES.
1. Je pense maintenant qu’il convient et convient à cette histoire de donner un aperçu de nos grands prêtres : comment ils ont commencé, qui sont ceux qui sont capables d’exercer cette dignité, et combien ils étaient nombreux à la fin de la guerre. En premier lieu, l’histoire nous apprend qu’Aaron, frère de Moïse, officia pour Dieu comme grand prêtre, et qu’après sa mort, ses fils lui succédèrent immédiatement ; et que cette dignité s’est perpétuée de tous à leur postérité. C’est pourquoi il est de coutume dans notre pays que nul ne puisse exercer le grand sacerdoce de Dieu s’il n’est du sang d’Aaron, tandis que quiconque est d’une autre souche, fût-il roi, ne peut jamais l’obtenir. En conséquence, le nombre total des grands prêtres depuis Aaron, dont nous avons déjà parlé, jusqu’à Phanas, nommé grand prêtre pendant la guerre par les séditieux, était de quatre-vingt-trois ; Français Parmi eux, treize exercèrent la fonction de grands prêtres dans le désert, depuis le temps de Moïse, pendant que le tabernacle subsistait, jusqu’à l’arrivée du peuple en Judée, lorsque le roi Salomon érigea le temple de Dieu ; car au début, ils exercèrent la fonction de grands prêtres jusqu’à la fin de leur vie, bien qu’ils eurent ensuite des successeurs de leur vivant. Or, ces treize, qui étaient les descendants de deux des fils d’Aaron, reçurent cette dignité par succession, l’un après l’autre ; car leur forme de gouvernement était une aristocratie, puis une monarchie, et en troisième lieu le gouvernement était royal. Or, le nombre d’années pendant le règne de ces treize, depuis le jour où nos pères sortirent d’Égypte, sous Moïse leur chef, jusqu’à la construction du temple que le roi Salomon érigea à Jérusalem, fut de six cent douze. Après ces treize grands prêtres, dix-huit occupèrent successivement le poste de grand prêtre à Jérusalem, depuis l’époque du roi Salomon jusqu’à celle de Nebucadnetsar, roi de Babylone. Ce dernier lança une expédition contre cette ville, brûla le temple, transporta notre nation à Babylone et emmena Josadek, le grand prêtre, en captivité. Le temps de ces grands prêtres fut de quatre cent soixante-six ans, six mois et dix jours, alors que les Juifs étaient encore sous le gouvernement royal. Mais après soixante-dix ans de captivité sous les Babyloniens, Cyrus, roi de Perse, renvoya les Juifs de Babylone dans leur pays et leur permit de reconstruire leur temple. C’est alors que Jésus, fils de Josadek, assuma le poste de grand prêtre sur les captifs lorsqu’ils furent de retour chez eux. Lui et sa postérité, qui comptèrent quinze personnes en tout, jusqu’au roi Antiochus Eupator, furent sous un gouvernement démocratique pendant quatre cent quatorze ans. et alors Antiochus, mentionné plus haut, et Lysias, le général de son armée, dépouillèrent Onias, qui était aussi appelé Ménélas, du sacerdoce, et le tuèrent à Bérée ; et chassant le fils [d’Onias troisième], ils établirent Jaïmus à la place du grand prêtre,Il était certes de la lignée d’Aaron, mais non de la famille d’Onias. C’est pourquoi Onias, neveu d’Onias décédé et portant le même nom que son père, vint en Égypte et se lia d’amitié avec Ptolémée Philométor et Cléopâtre, sa femme, et les persuada de le nommer grand-prêtre du temple qu’il avait construit à Dieu dans la préfecture d’Héliopolis, à l’image de celui de Jérusalem. Quant au temple construit en Égypte, nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises. Jacimus, après avoir exercé le sacerdoce pendant trois ans, mourut, sans successeur, et la ville resta sept ans sans grand-prêtre. Mais la postérité des fils d’Asamonée, à qui le gouvernement de la nation avait été conféré, après avoir vaincu les Macédoniens à la guerre, nomma Jonathan grand-prêtre, qui régna sur eux pendant sept ans. Après sa mort, comme nous l’avons rapporté, par la trahison de Tryphon, Simon, son frère, prit la charge de grand-prêtre. Il fut anéanti lors d’un festin par la trahison de son gendre. Son propre fils, Hyrcan, lui succéda, après avoir exercé la charge de grand-prêtre un an de plus que son frère. Hyrcan jouit de cette dignité trente ans et mourut âgé, laissant la succession à Judas, aussi appelé Aristobule, dont le frère Alexandre était l’héritier. Judas mourut d’une grave maladie, après avoir conservé la charge et l’autorité royale ; car ce Judas fut le premier à se coiffer d’un diadème pendant un an. Après vingt-sept ans de règne et de grand-prêtre, Alexandre mourut et permit à sa femme Alexandra de le nommer grand-prêtre. Elle confia donc la charge de grand-prêtre à Hyrcan, mais conserva le royaume pendant neuf ans, puis mourut. Son fils Hyrcan jouit du grand-prêtre pendant la même durée, et non plus longtemps. Après sa mort, son frère Aristobule combattit contre lui, le battit et le déposséda de sa principauté. Il régna lui-même et remplit la fonction de grand-prêtre de Dieu. Mais après trois ans et autant de mois de règne, Pompée survint et non seulement prit Jérusalem par la force, mais le mit en prison, lui et ses enfants, et les envoya à Rome. Il rétablit également Hyrcan dans le grand-prêtresse et le nomma gouverneur de la nation, mais lui interdit de porter le diadème. Cet Hyrcan régna, outre ses neuf premières années, vingt-quatre ans de plus, lorsque Barzapharnès et Pacore, généraux des Parthes, traversèrent l’Euphrate, combattirent Hyrcan, le capturèrent vivant et proclamèrent roi Antigone, fils d’Aristobule. Après trois ans et trois mois de règne, Sosius et Hérode l’assiégèrent et le prirent. Antoine le fit amener à Antioche et y fut tué. Hérode fut alors proclamé roi par les Romains.Il ne nomma plus de grands prêtres parmi la famille d’Asamonée ; il en fit certains hommes qui n’étaient pas de familles éminentes, mais seulement de prêtres, sauf Aristobule. En effet, après avoir fait d’Aristobule le petit-fils d’Hyrcan, alors capturé par les Parthes, et avoir épousé sa sœur Mariamné, il chercha ainsi à gagner la sympathie du peuple, qui gardait un bon souvenir d’Hyrcan [son grand-père]. Cependant, par la suite, craignant que tous ne se tournent vers Aristobule, il le fit mourir, et cela en s’ingéniant à le faire suffoquer alors qu’il nageait à Jéricho, comme nous l’avons déjà relaté ; mais après cet homme, il ne confia plus le sacerdoce à la postérité des fils d’Asamonée. Archélaüs, fils d’Hérode, fit comme son père pour la nomination des grands prêtres, tout comme les Romains, qui prirent ensuite le pouvoir sur les Juifs. Ainsi, le nombre des grands prêtres, depuis l’époque d’Hérode jusqu’à la prise et l’incendie du Temple et de la Ville par Titus, fut de vingt-huit ; leur mandat fut de cent sept ans. Certains d’entre eux furent les gouverneurs politiques du peuple sous le règne d’Hérode et sous celui d’Archélaüs, son fils. Cependant, après leur mort, le gouvernement devint une aristocratie et les grands prêtres se virent confier la domination de la nation. Voilà qui suffit à dire sur nos grands prêtres.et les grands prêtres furent investis de la domination sur la nation. Voilà ce qu’il faut dire de nos grands prêtres.et les grands prêtres furent investis de la domination sur la nation. Voilà ce qu’il faut dire de nos grands prêtres.
CONCERNANT FLORUS LE PROCURATEUR, QUI A FORCÉ LES JUIFS À PRENDRE LES ARMES CONTRE LES ROMAINS. CONCLUSION.
1. Gessius Florus, envoyé par Néron comme successeur d’Albinus, remplit la Judée de misères. Originaire de Clazomène, il emmena avec lui sa femme Cléopâtre (grâce à l’amitié de laquelle il obtint le pouvoir avec Poppée, épouse de Néron), qui ne différait en rien de lui par sa méchanceté. Ce Florus était si méchant et si violent dans l’usage de son autorité que les Juifs prirent Albinus pour leur bienfaiteur, tant les maux qu’il leur causa étaient excessifs. Albinus, en effet, dissimulait sa méchanceté et prenait soin qu’elle ne fût pas découverte à tous ; mais Gessius Florus, comme s’il avait été envoyé exprès pour révéler ses crimes à tous, en fit une pompeuse ostentation devant notre nation, n’omettant jamais aucune violence ni aucun châtiment injuste. Car il ne se laissait pas impressionner par la pitié et ne se contentait jamais du moindre gain. Il n’accordait pas plus d’importance aux grandes acquisitions qu’aux petites, mais s’associait aux brigands eux-mêmes. Nombreux étaient ceux qui se livraient alors à cette pratique sans crainte, le considérant comme leur sécurité et comptant sur lui pour les préserver de leurs brigandages. De sorte qu’il n’y avait plus de limites aux misères de la nation. Mais les malheureux Juifs, incapables de supporter les ravages causés par les brigands, furent tous contraints de quitter leurs demeures et de fuir, espérant vivre plus facilement ailleurs au monde parmi des étrangers que dans leur propre pays. Et qu’ai-je besoin d’en dire davantage à ce sujet ? Puisque c’est ce Florus qui nous a obligés à prendre les armes contre les Romains, alors que nous préférions être détruits sur-le-champ plutôt que petit à petit. Cette guerre commença la deuxième année du règne de Florus et la douzième année du règne de Néron. Mais alors, les actions que nous fûmes contraints de commettre, et les souffrances que nous dûmes endurer, pourront être connues avec précision par ceux qui liront les livres que j’ai écrits sur la guerre juive.
2. Je vais donc maintenant terminer ici mes Antiquités. Après la conclusion de ces événements, j’ai commencé à écrire le récit de la guerre. Ces Antiquités contiennent ce qui nous a été transmis depuis la création de l’homme jusqu’à la douzième année du règne de Néron, concernant ce qui est arrivé aux Juifs, tant en Égypte qu’en Syrie et en Palestine, et ce que nous avons souffert des Assyriens et des Babyloniens, et quelles afflictions les Perses et les Macédoniens, et après eux les Romains, nous ont infligées. Car je crois pouvoir dire que j’ai composé cette histoire avec suffisamment d’exactitude en tout. J’ai essayé d’énumérer les grands prêtres que nous avons eus pendant l’intervalle de deux mille ans ; j’ai également relaté la succession de nos rois, et relaté leurs actions et leur administration politique, sans erreurs considérables, ainsi que le pouvoir de nos monarques ; et tout cela conformément à ce qui est écrit dans nos livres sacrés. C’est en effet ce que j’avais promis de faire au début de cette histoire. Et j’ose dire que j’ai maintenant si bien accompli l’œuvre que je me proposais, que nul autre, Juif ou étranger, même s’il en avait eu le plus grand désir, ne pourrait transmettre ces récits aux Grecs avec autant d’exactitude que dans ces livres. Car ceux de ma nation reconnaissent volontiers que je les surpasse de loin dans le savoir des Juifs ; j’ai également pris grand soin d’acquérir le savoir des Grecs et de comprendre les éléments de la langue grecque, bien que je sois depuis si longtemps habitué à parler notre propre langue que je ne puisse prononcer le grec avec suffisamment d’exactitude. Notre nation n’encourage pas ceux qui apprennent les langues de nombreuses nations et ornent ainsi leurs discours de la douceur de leurs époques ; ils considèrent ce genre d’aptitude comme courante, non seulement chez tous les hommes libres, mais aussi chez tous les serviteurs qui souhaitent les apprendre. Mais ils lui donnent le témoignage d’être un homme sage qui connaît parfaitement nos lois et est capable d’en interpréter le sens ; c’est pourquoi, comme il y en a eu beaucoup qui ont fait leurs efforts avec beaucoup de patience pour obtenir cette connaissance, il y en a eu à peine deux ou trois qui y ont réussi, et qui ont été immédiatement bien récompensés de leurs peines.
3. Et maintenant, ce ne sera peut-être pas une chose odieuse, si je traite brièvement de ma propre famille et des actions de ma vie [26], alors qu’il existe encore des vivants capables soit de prouver que ce que je dis est faux, soit d’attester que c’est vrai. Avec ces récits, je mettrai fin à ces Antiquités, qui sont contenues dans vingt livres et soixante mille versets. Et si Dieu me le permet, je reviendrai brièvement sur cette guerre [27], et d’ajouter que ce qui leur est arrivé jusqu’à ce jour même, le 13 Domitien, ou 03 apr. J.-C., n’est, à ma connaissance, pas clairement noté par quiconque ; et nous ne le ferons plus jamais, avec ce qui nous est arrivé jusqu’à ce jour même, qui est la treizième année du règne de César Domitien, et la cinquante-sixième année de ma vie. J’ai également l’intention d’écrire trois livres sur nos opinions juives sur Dieu et son essence, et sur nos lois ; pourquoi, selon eux, certaines choses nous sont permises et d’autres interdites.
Livre XIX — De la sortie des Juifs de Babylone à Fadus, procurateur romain | Page de titre | La vie de Flavius Josèphe - Autobiographie |
20.1a Voici une erreur dans les copies, ou une faute de Josèphe ; car le pouvoir de nommer les grands prêtres, après qu’Hérode, roi de Chalcis, fut mort, et qu’Agrippa, le jeune, fut fait roi de Chalcis à sa place, lui appartenait ; et il l’exerça tout le temps jusqu’à la destruction de Jérusalem, comme Josèphe nous l’informe ailleurs, ch. 8. sect. , 11 ; ch. 9. sect. 1, 4, 6, 7. ↩︎
20.2a Josèphe utilise ici le mot monogène, un fils unique, pour désigner nul autre que le plus aimé, comme le font l’Ancien et le Nouveau Testament, je veux dire là où il y avait un ou plusieurs fils en plus, Genèse 22:2; Hébreux 11:17. Voir la note sur BI ch. 13. sect. 1. ↩︎
20.3a Il est ici très remarquable que l’on ait cru que les restes de l’arche de Noé existaient encore à l’époque de Josèphe. Voir la note sur BI ch. 3, sect. 5. ↩︎
20.4a Josèphe est très complet et explicite dans ces trois chapitres, 3., 4. et 5., en observant avec quel soin la Divine Providence a préservé cet Izates, roi d’Adiabène, et ses fils, tandis qu’il faisait ce qu’il pensait être son devoir, malgré les motifs politiques les plus forts contraires. ↩︎
20.5a Ce récit supplémentaire des bienfaits d’Izatès et d’Hélène aux Juifs de Jérusalem, promis ici par Josèphe, n’est, je crois, nulle part repris dans ses ouvrages actuels. Mais concernant cette terrible famine en Judée, prenons la note du Dr Hudson : « C’est (dit-il) la famine prédite par Agabus, Actes 11:28, qui se produisit lorsque Claude était consul pour la quatrième fois ; et non l’autre qui se produisit lorsque Claude était consul pour la deuxième fois, et que Césina était son collègue, comme le dit Scaliger à propos d’Eusèbe, p. 174. » Or, lorsque Josèphe dit peu après, ch. 5, sect. 2, que « Tibère Alexandre succéda à Cuspius Fadus comme procurateur », il ajoute immédiatement que « sous ces procurateurs, il y eut une grande famine en Judée ». Il est donc évident que cette famine dura de nombreuses années, compte tenu de sa durée sous ces deux procurateurs. Or, Fadus ne fut envoyé en Judée qu’après la mort du roi Agrippa, c’est-à-dire vers la fin de la quatrième année de Claude ; de sorte que cette famine prédite par Agabus se produisit les cinquième, sixième et septième années de Claude, comme le dit Valésius sur Eusèbe. II. 12. Concernant également cette famine, les provisions de la reine Hélène et son monument, voir Moses Churenensis, p. 144, 145, où il est observé dans les notes que Pausanias mentionne également son monument. ↩︎
20.6a Ce privilège de porter la tiare droite, ou avec la pointe du cône dressée, est connu pour avoir été autrefois particulier aux grands rois, depuis Xénophon et d’autres, comme le Dr Hudson l’observe ici. ↩︎
20.7a Cette conduite d’Izatès est un signe qu’il était devenu soit juif, soit chrétien ébionite, ce qui ne différait guère des vrais juifs. Voir ch. 6. sect. 1. Cependant, ses supplications furent entendues, et il fut providentiellement délivré du danger imminent dans lequel il se trouvait. ↩︎
20.8a Ces pyramides ou piliers, érigés par Hélène, reine d’Adiabène, près de Jérusalem, au nombre de trois, sont mentionnés par Eusèbe, dans son Eccles. Hist. B. II. ch. 12, pour lequel le Dr Hudson nous renvoie aux notes de Valesius sur cet endroit. — Ils sont également mentionnés par Pausanias, comme cela a déjà été noté, ch. 2. sect. 6. Reland suppose que celui maintenant appelé le pilier d’Absalom pourrait être l’un d’eux. ↩︎
20.9a Ce Theudas, qui apparut sous Fadus le procurateur, vers 45 ou 46 après J.-C., ne pouvait pas être ce Thendas qui apparut à l’époque de l’impôt, sous Cyrenius, ou vers 7 après J.-C., Actes v. 36, 37. Pour savoir qui était ce Theudas antérieur, voir la note sur B. XVII. ch. 10. sect. 5. ↩︎
20.10a Ce tumulte et bien d’autres séditions survenus lors des fêtes juives, chez Josèphe, illustrent la prudence des gouverneurs juifs, lorsqu’ils disaient, Matthieu 26:5, « Ne prenons pas Jésus le jour de la fête, de peur qu’il n’y ait un tumulte parmi le peuple », comme le remarque fort bien Reland à ce propos. Josèphe relève également la même chose dans De la Guerre, BI ch. 4, sect. 3. ↩︎
20.11a Ce passage constant des Galiléens à travers le pays de Samarie, alors qu’ils se rendaient en Judée et à Jérusalem, illustre plusieurs passages des Évangiles ayant le même but, comme le Dr Hudson l’observe à juste titre. Voir Luc 17:11; Jean 4:4. Voir aussi Josèphe dans sa propre Vie, sect. 52, où ce voyage est déterminé à trois jours. ↩︎
20.12a Notre Sauveur avait prédit que le rejet de son Évangile par les Juifs leur apporterait, entre autres misères, ces trois malheurs, dont ils montrent eux-mêmes ici qu’ils s’attendaient à ce qu’ils soient les conséquences de leurs troubles et séditions actuels : la subversion totale de leur pays, la conflagration de leur temple, et l’esclavage d’eux-mêmes, de leurs femmes et de leurs enfants. Voir Luc 21:6-24. ↩︎
20.13a Ce Simon, ami de Félix, un Juif né à Chypre, bien qu’il se soit fait passer pour un magicien et semble avoir été assez méchant, pouvait difficilement être ce célèbre Simon le magicien, dans les Actes des Apôtres, 8:9, etc., comme certains sont prêts à le supposer. Ce Simon mentionné dans les Actes n’était pas à proprement parler un Juif, mais un Samaritain, de la ville de Gittae, dans le pays de Samarie, comme nous l’apprennent les Constitutions apostoliques, VI. 7, les Reconnaissances de Clément, II. 6, et Justin Martyr, lui-même né dans le pays de Samarie, Apologie, I. 34. Il était également l’auteur, non pas d’une ancienne hérésie juive, mais des premières hérésies païennes, comme nous l’assurent les auteurs mentionnés ci-dessus. Je le suppose donc une personne différente de l’autre. Je dis cela seulement dans l’hypothèse où Josèphe n’était pas mal informé quant à son origine juive chypriote ; Français car autrement l’époque, le nom, la profession et la méchanceté de tous deux inciteraient fortement à les croire identiques. Quant à cette Drusille, sœur d’Agrippa le jeune, comme Josèphe nous l’apprend ici, et juive, comme saint Luc nous l’apprend (Actes 24:24), que ce Simon mentionné par Josèphe persuada de quitter son ancien mari, Azizus, roi d’Émèse, un prosélyte de la justice, pour épouser Félix, le procurateur païen de Judée, Tacite, Hist. V. 9, la suppose païenne et petite-fille d’Antoine et de Cléopâtre, contrairement à saint Luc et à Josèphe. Or, Tacite a vécu un temps et un lieu bien trop éloignés pour être comparé à l’un ou l’autre de ces écrivains juifs, sur une affaire concernant les Juifs de Judée à leur époque, et concernant une sœur d’Agrippa le jeune, qu’Agrippa Josèphe connaissait si bien. Il est probable que Tacite dit vrai, quand il nous informe que ce Félix (qui avait en tout trois femmes, ou reines, comme Suétone dans Claude, sect. 28, nous l’assure) épousa une fois une petite-fille d’Antoine et de Cléopâtre ; et trouvant que le nom de l’une d’elles était Drusilla, il la prit pour cette autre femme, dont il ne connaissait pas le nom. ↩︎
20.14a Cette éruption du Vésuve fut l’une des plus grandes que nous ayons dans l’histoire. Voir les observations curieuses et importantes de Bianchini sur ce Vésuve, et ses sept grandes éruptions, avec leurs restes vitrifiés, et existant encore, dans tant de différentes strates souterraines, jusqu’à ce que les creuseurs arrivent aux eaux antédiluviennes, avec leurs interstices proportionnels, impliquant que le déluge a eu lieu plus de deux mille cinq cents ans avant l’ère chrétienne, selon notre chronologie la plus exacte. ↩︎
20.15a Ceci manque maintenant. ↩︎
20.16a Ceci aussi manque maintenant. ↩︎
20.17a Cette durée du règne de Claude concorde avec celle de Dion, comme le remarque ici le Dr Hudson ; il remarque également que le nom de Néron, qui était d’abord L. Domitius Aenobarbus, après que Claude l’eut adopté, était Nero Claudius Caesar Drusus Germanicus. Ce Solée est [propre Vie, sect. 11, comme aussi] par Dion Cassius et Taeims, comme nous l’informe le Dr Hudson. ↩︎
20.18a Ceci concorde avec les récits fréquents de Josèphe ailleurs dans sa propre Vie, selon lesquels les Tibétains, les Tarichées et Gamala étaient sous le commandement d’Agrippa, le cadet, jusqu’à ce que Justus, le fils de Pistus, soit capturé pour les Juifs, au début de la guerre. ↩︎
20.19a Ce meurtre perfide et barbare du bon grand prêtre Jonathan, par l’intermédiaire de ce méchant procurateur, Félix, fut l’occasion immédiate des meurtres qui suivirent, perpétrés par les Sicaires ou brigands, et l’une des principales causes des horribles cruautés et misères qui suivirent pour la nation juive, comme le suppose ici Josèphe ; son excellente réflexion sur la méchanceté flagrante de cette nation, cause directe de sa terrible destruction, mérite l’attention de tout lecteur juif et chrétien. Et puisque nous arrivons bientôt au catalogue des grands prêtres juifs, il ne serait peut-être pas superflu, avec Reland, d’insérer ce Jonathan parmi eux, et de transcrire son catalogue particulier des vingt-huit derniers grands prêtres, tiré de Josèphe, en commençant par Ananèle, nommé par Hérode le Grand. Voir Antiq. B. XV. ch. 2. sect. 4, et la note qui s’y trouve.
1. Annales.
2. Aristobule.
3. Jésus, fils de Fabus.
4. Simon, fils de Boethus.
5. Marthias, fils de Théophile.
6. Joazar, fils de Boéthus.
7. Éléazar, fils de Boethus.
8. Jésus, fils de Sic.
9. [Annas, ou] Ananus, le fils de Seth.
10. Ismaël, fils de Fabus.
11. Éléazar, fils d’Ananus.
12. Simon, fils de Camithus.
13. Josèphe Caïphe, gendre d’Ananus.
14. Jonathan, fils d’Ananus.
15. Théophile, son frère, et fils d’Ananus.
16. Simon, fils de Boethus.
17. Matthias, frère de Jonathan et fils d’Ananus.
18. Alyonus.
19. Josèphe, fils de Camyde.
20. Ananias, fils de Nébédée.
21. Jonathan.
22. Ismaël, fils de Fabi.
23. Joseph Cabi, fils de Simon.
24. Ananus, le fils d’Artanus.
25. Jésus, fils de Damnetas.
26. Jésus, fils de Gamaliel.
27. Matthias, fils de Théophile.
28. Phannias, fils de Samuel.
Quant à Ananus et Joseph Caïphe, mentionnés ici vers le milieu de ce catalogue, ils ne sont autres que ces Anne et Caïphe si souvent mentionnés dans les quatre Évangiles ; et qu’Ananias, le fils de Nébédée, était ce grand prêtre devant lequel saint Paul plaida sa propre cause, Actes 24. ↩︎
20.20a De ces imposteurs et faux prophètes juifs, ainsi que de nombreuses autres circonstances et misères des Juifs, jusqu’à leur destruction totale, prédite par notre Sauveur, voir Lit. Accompl. de Proph. p. 58-75. De cet imposteur égyptien et du nombre de ses disciples, voir dans Josèphe, Actes 21:38. ↩︎
20.23a Il apparaît donc évidemment que les Sadducéens pouvaient être grands prêtres à l’époque de Josèphe, et que ces Sadducéens étaient généralement des juges très sévères et inexorables, tandis que les Pharisiens étaient beaucoup plus doux et plus miséricordieux, comme l’indiquent les exemples de Reland dans sa note sur cet endroit, et sur la Vie de Josèphe, sect. 31, et ceux tirés du Nouveau Testament, de Josèphe lui-même, et des Rabbins ; et nous ne rencontrons aucun Sadducéen postérieur à ce grand prêtre dans tout Josèphe. ↩︎
20.24a De cette condamnation de Jacques le Juste, et de ses causes, ainsi que du fait qu’il ne mourut que longtemps après, voir Prim. Christ. Revived, vol. III. ch. 43-46. Le sanhédrin condamna notre Sauveur, mais ne put le mettre à mort sans l’approbation du procurateur romain ; Ananias et son sanhédrin ne purent donc pas faire davantage ici, puisqu’ils n’eurent jamais l’approbation d’Albinus pour mettre à mort ce Jacques. ↩︎
20.25a Cet Ananias n’était pas le fils de Nébédée, à mon avis, mais celui qu’on appelait Anne ou Ananus l’aîné, le neuvième dans le catalogue, et qui avait été estimé grand prêtre pendant longtemps ; et, outre Caïphe, son gendre, il eut cinq de ses propres fils grands prêtres après lui, qui étaient ceux des numéros 11, 14, 15, 17, 24, dans le catalogue précédent. Nous ne devons pas non plus passer sous silence ce que Josèphe dit ici d’Anne, ou Ananias, qu’il était grand prêtre longtemps avant que ses enfants ne le soient ; il était le fils de Seth, et est inscrit en premier comme grand prêtre dans le catalogue précédent, sous le numéro 9. Il fut fait par Quirinus, et continua jusqu’à Ismaël, le 10e en nombre, pendant environ vingt-trois ans, longue durée de son grand prêtre, jointe aux successions de son gendre et de ses cinq enfants, fit de lui une sorte de grand prêtre perpétuel, et fut peut-être l’occasion pour les anciens grands prêtres de conserver leurs titres par la suite ; car je crois que cela se rencontre rarement avant lui. ↩︎
20.26a Cette pétition insolente de certains Lévites, de porter les vêtements sacerdotaux lorsqu’ils chantaient des hymnes à Dieu dans le temple, était très probablement due à la grande dépression et au mépris dans lesquels les grands prêtres hautains avaient maintenant amené leurs frères les prêtres ; à ce sujet, voir ch. 8, sect. 8, et ch. 9, sect. 2. ↩︎
20.27a De ces cloîtres de Salomon, voir la description du temple, ch. 13. Ils semblent, d’après les paroles de Josèphe, avoir été construits du fond de la vallée. ↩︎
20.28a Voir la Vie au début du volume. ↩︎
20.29a Ce que Josèphe déclare ici vouloir faire, si Dieu le permettait, c’est donner au public un abrégé de la Guerre des Juifs, qu’il en entende parler ailleurs, qu’il ait accompli ou non ce qu’il avait prévu. Ce projet s’explique peut-être en partie par le constat des nombreuses erreurs qu’il avait commises dans les deux premiers des sept livres de la Guerre, écrits alors qu’il était relativement jeune et moins au courant des antiquités juives qu’il ne l’était maintenant. Dans cet abrégé, nous aurions pu espérer trouver les nombreux passages que lui-même, ainsi que les nombreux passages auxquels d’autres se réfèrent, ont été écrits par lui, mais qui n’existent plus dans ses œuvres actuelles. Cependant, comme nombre de ses propres références à ce qu’il avait écrit ailleurs, ainsi que la plupart de ses propres erreurs, appartiennent à des époques si anciennes qu’elles ne pouvaient guère figurer dans cet abrégé de la Guerre des Juifs ; et comme aucun de ceux qui citent des choses qui n’existent pas actuellement dans ses œuvres, y compris lui-même comme d’autres, ne cite jamais un tel abrégé, je suis plutôt forcé de supposer qu’il n’a jamais publié un tel ouvrage ; je veux dire, distinct de sa propre Vie, écrite par lui-même, pour un appendice à ces Antiquités, et ce au moins sept ans après leur achèvement. Il ne me semble pas non plus que Josèphe ait jamais publié l’autre ouvrage mentionné ici, qu’il destinait également au public : je veux dire les trois ou quatre livres concernant Dieu et son essence, et concernant les lois juives ; pourquoi, selon eux, certaines choses étaient permises aux Juifs, et d’autres interdites ; ce dernier semble être le même ouvrage que Josèphe avait également promis, si Dieu le permettait, à la fin de sa préface à ces Antiquités ; et je ne suppose pas non plus qu’il en ait jamais publié aucun. La mort de tous ses amis de la cour, Vespasien, Titus et Domitien, et l’arrivée à la couronne de ceux qu’il ne connaissait pas, je veux dire Nerva et Trajan, ainsi que son déplacement de Rome en Judée, avec ce qui s’ensuivit, pourraient facilement interrompre ses intentions et empêcher la publication de ces ouvrages. ↩︎