1. Ma famille n’est pas ignoble, mais descend tout droit des prêtres. Et comme la noblesse varie d’un peuple à l’autre, notre dignité sacerdotale est un signe de la splendeur d’une famille. Or, je ne suis pas seulement issu d’une famille sacerdotale en général, mais de la première des vingt-quatre [1] classes ; et comme il existe chez nous une différence considérable entre une famille de chaque classe et une autre, je suis aussi de la famille principale de cette première classe ; de plus, par ma mère, je suis de sang royal ; car les enfants d’Asamoneus, dont cette famille est issue, ont exercé à la fois la fonction de grand prêtre et la dignité royale, et ce pendant longtemps. Je vais donc classer mes ancêtres par ordre. Le père de mon grand-père s’appelait Simon, avec le nom de Psellos. Il vivait en même temps que le fils de Simon, le grand prêtre, qui, parmi tous les grands prêtres, s’appelait Hyrcan. Ce Simon Psellos eut neuf fils, dont Matthias, appelé Éphlias. Il épousa la fille de Jonathan, le grand prêtre. Jonathan était le premier des fils d’Asamoneus, qui était grand prêtre, et était également le frère de Simon, le grand prêtre. Ce Matthias eut un fils appelé Matthias Curtus, et ce, la première année du règne d’Hyrcan. Son fils s’appelait Joseph, né la neuvième année du règne d’Alexandra. Son fils Matthias naquit la dixième année du règne d’Archiclaus ; comme moi, je suis né de Matthias la première année du règne de Caïus César. J’ai trois fils : Hyrcan, l’aîné, est né la quatrième année du règne de Vespasien, Justus la septième, et Agrippa la neuvième. Voici donc la généalogie de ma famille telle que je l’ai trouvée décrite [2] dans les archives publiques, et je dis adieu à ceux qui me calomnient comme étant d’origine inférieure.
2. Mon père Matthias était non seulement éminent par sa noblesse, mais encore plus reconnu pour sa droiture, et jouissait d’une grande réputation à Jérusalem, notre plus grande ville. J’ai moi-même été élevé avec mon frère, nommé Matthias, car il était mon frère de père et de mère ; j’ai fait de grands progrès dans l’amélioration de mes connaissances, et je me suis montré doté d’une mémoire et d’une intelligence remarquables. De plus, lorsque j’étais enfant, vers l’âge de quatorze ans, j’étais loué de tous pour mon amour de l’étude ; c’est pourquoi les grands prêtres et les notables de la ville venaient souvent me voir ensemble pour connaître mon opinion sur la compréhension exacte des points de la loi. Et vers seize ans, j’ai eu l’intention de me débarrasser des différentes sectes qui existaient parmi nous. Ces sectes sont au nombre de trois : la première est celle des pharisiens, la seconde celle des sadducéens, et la troisième celle des esséniens, comme nous vous l’avons souvent dit ; car je pensais que par ce moyen je pourrais choisir la meilleure, si je les connaissais toutes ; je me suis donc contenté d’une nourriture dure, j’ai subi de grandes difficultés, et je les ai toutes traversées. Et je ne me suis pas contenté de ces seules épreuves ; mais quand j’ai appris qu’un certain Banus vivait dans le désert, ne portait d’autres vêtements que ceux qui poussaient sur les arbres, n’avait d’autre nourriture que celle qui poussait d’elle-même, et se baignait fréquemment dans l’eau froide, nuit et jour, afin de conserver sa chasteté, je l’ai imité en ces choses, et j’ai continué avec lui trois ans. [3] Après avoir accompli mes désirs, je retournai à la ville, ayant alors dix-neuf ans, et je commençai à me conduire selon les règles de la secte des pharisiens, qui est parente de la secte des stoïciens, comme les Grecs les appellent.
3. Or, à vingt-six ans, il m’arriva d’entreprendre un voyage à Rome, et ce, dans l’occasion que je vais raconter. À l’époque où Félix était procurateur de Judée, il y avait des prêtres de ma connaissance, des hommes de grande valeur, qu’il avait, pour une occasion banale et sans importance, enchaînés et envoyés à Rome plaider leur cause devant César. Je désirais obtenir leur délivrance, d’autant plus qu’on m’avait appris qu’ils n’étaient pas indifférents à la piété envers Dieu, même dans leurs afflictions, et qu’ils se nourrissaient de figues et de noix. [4] C’est ainsi que je suis arrivé à Rome, malgré de nombreux dangers maritimes ; car, comme notre navire avait coulé dans la mer Adriatique, nous qui étions à bord, au nombre d’environ six cents, [5] avons nagé pour sauver notre vie toute la nuit, Dès l’aube, à la vue d’un navire de Cyrène, nous fûmes, par la grâce divine, quatre-vingts et moi, prévenus les autres, et fûmes embarqués sur l’autre navire. Après m’être échappé et être arrivé à Diécharie, que les Italiens appellent Pouzzoles, je fis la connaissance d’Aliturius, acteur de théâtre très aimé de Néron, mais juif de naissance. Grâce à son intérêt, je fus connu de Poppée, femme de César, et je pris soin de la supplier au plus vite de faire libérer les prêtres. Après avoir obtenu de Poppée, outre cette faveur, de nombreux présents, je retournai chez moi.
4. Je m’aperçus alors que des innovations avaient déjà commencé, et que beaucoup nourrissaient l’espoir d’une révolte contre les Romains. Je m’efforçai donc de mettre un terme à ces turbulents et de les persuader de changer d’avis. Je leur exposai le nom de celui contre qui ils allaient se battre, leur dis qu’ils étaient inférieurs aux Romains non seulement en habileté martiale, mais aussi en chance. Je les exhortai à ne pas s’exposer, avec imprudence et folie, aux pires calamités, à leur pays, à leurs familles et à eux-mêmes. Je le dis avec véhémence, car je prévoyais que l’issue d’une telle guerre serait des plus funestes pour nous. Mais je ne parvins pas à les convaincre, car la folie des hommes désespérés était bien trop forte pour moi.
5. Je craignais alors, en leur inculquant si souvent ces choses, d’encourir leur haine et leurs soupçons, comme si j’étais du parti de nos ennemis, et de courir le danger d’être capturé et tué, car ils étaient déjà maîtres d’Antonia, qui était la citadelle. Je me retirai donc dans la cour intérieure du temple. Pourtant, je sortis du temple après la mise à mort de Manahem et du chef de la bande de brigands, alors que je demeurais parmi les grands prêtres et les chefs des pharisiens. Mais une grande crainte nous saisit en voyant le peuple en armes, tandis que nous-mêmes ne savions que faire et ne pouvions contenir les séditieux. Cependant, comme le danger était imminent, nous fîmes semblant d’être du même avis qu’eux, mais nous leur conseillâmes seulement de se tenir tranquilles pour le moment, et de laisser l’ennemi s’en aller, espérant encore que Gessius [Florus] ne tarderait pas à venir, et cela avec de grandes forces, et mettrait ainsi fin à ces procédés séditieux.
6. Mais, à son arrivée et au combat, il fut battu, et un grand nombre de ceux qui étaient avec lui tombèrent. Et cette honte que Gessius [et Cestius] reçurent devint le malheur de toute notre nation ; car ceux qui aimaient la guerre furent si enthousiasmés par ce succès qu’ils espéraient finalement vaincre les Romains. Cette guerre eut un autre effet : ceux qui habitaient les villes voisines de Syrie s’emparèrent des Juifs qui y résidaient, avec leurs femmes et leurs enfants, et les tuèrent, alors qu’ils n’avaient pas le moindre motif de plainte ; car ils n’avaient tenté aucune innovation ni révolte contre les Romains, et n’avaient manifesté aucune haine ni aucun dessein perfide envers les Syriens. Mais ce que firent les habitants de Scythopolis fut le plus impie et le plus criminel de tous ; [6] Car lorsque les Juifs, leurs ennemis, les attaquèrent de l’extérieur, ils forcèrent les Juifs qui étaient parmi eux à porter les armes contre leurs propres compatriotes, ce qui nous est interdit ; [7] et lorsque, grâce à leur aide, ils eurent engagé le combat contre ceux qui les attaquaient et les eurent vaincus, après cette victoire, ils oublièrent les assurances qu’ils avaient données à leurs concitoyens et alliés, et les massacrèrent tous, au nombre de plusieurs dizaines de milliers [13 000]. Les Juifs qui habitaient Damas subirent des souffrances similaires. Mais nous avons donné un récit plus précis de ces événements dans les livres de la guerre juive. Je ne les mentionne que maintenant, afin de démontrer à mes lecteurs que la guerre des Juifs contre les Romains n’était pas volontaire, mais qu’ils y étaient, pour l’essentiel, contraints par la nécessité.
7. Ainsi, lorsque Gessius eut été battu, comme nous l’avons déjà dit, les principaux hommes de Jérusalem, voyant que les brigands et les innovateurs avaient des armes en grande quantité, et craignant que, sans armes, ils ne soient soumis à leurs ennemis, ce qui arriva aussi plus tard ; et ayant été informés que toute la Galilée ne s’était pas encore révoltée contre les Romains, mais qu’une partie était encore tranquille, ils m’envoyèrent avec deux autres prêtres, qui étaient des hommes d’excellente réputation, Joazar et Judas, afin de persuader les hommes malades de déposer les armes, et de leur enseigner cette leçon, - qu’il valait mieux avoir ces armes réservées aux hommes les plus courageux de la nation [que d’être gardés là-bas] ; car il avait été résolu que nos meilleurs hommes auraient toujours leurs armes prêtes pour l’avenir ; mais néanmoins, qu’ils attendraient de voir ce que les Romains feraient.
8. Ayant donc reçu ces instructions, je me rendis en Galilée et trouvai les habitants de Sepphoris profondément tourmentés par leur pays, car les Galiléens avaient décidé de le piller, en raison de leur amitié avec les Romains, et parce qu’ils avaient fait alliance avec Cestius Gallus, président de Syrie. Mais je les sauvai tous de la peur qui les rongeait, persuadai la multitude d’être bienveillants envers eux et leur permis d’envoyer leurs propres otages avec Gessius à Dora, ville de Phénicie, aussi souvent qu’ils le désiraient. Je trouvai cependant les habitants de Tibériade prêts à prendre les armes, et ce, dans l’occasion suivante :
9. Il y avait trois factions dans cette ville. La première était composée d’hommes de valeur et de sérieux ; Julius Capellus en était le chef. Lui, ainsi que tous ses compagnons, Hérode, fils de Miarus, Hérode, fils de Gamalus, et Compsus, fils de Compsus ; car Crispus, frère de Compsus, qui avait été gouverneur de la ville sous le grand roi Agrippa, [8], était au-delà du Jourdain, dans ses propres possessions ; tous ces hommes, déjà nommés, conseillèrent que la ville demeurerait alors fidèle aux Romains et au roi. Mais Pistus, guidé par son fils Justus, refusa cette résolution ; par ailleurs, il était lui-même d’un caractère naturellement bon et vertueux. La seconde faction, composée des personnes les plus ignobles, était déterminée à la guerre. Mais quant à Justus, fils de Pistus, qui était le chef de la troisième faction, bien qu’il feignît d’être hésitant à aller en guerre, il désirait en réalité innover, comme s’il supposait qu’il gagnerait du pouvoir par le changement des affaires. Il se joignit donc à eux et s’efforça d’informer la foule que « la ville de Tibère avait toujours été une ville de Galilée, et qu’à l’époque d’Hérode le tétrarque, qui l’avait bâtie, elle avait obtenu la place principale, et qu’il avait ordonné que Sepphoris soit subordonnée à Tibériade ; qu’ils n’avaient pas perdu cette prééminence même sous Agrippa père, mais l’avaient conservée jusqu’à ce que Félix soit procurateur de Judée. Mais il leur expliqua qu’ils avaient eu le malheur de recevoir un présent de Néron à Agrippa fils ; et que, suite à la soumission de Sepphoris aux Romains, elle était devenue la capitale de la Galilée, et que la bibliothèque royale et les archives leur avaient été retirées. » Français Après avoir dit ces choses, et bien d’autres encore, contre le roi Agrippa, afin de provoquer le peuple à la révolte, il ajouta que « c’était le moment pour eux de prendre les armes et de se joindre aux Galiléens comme leurs confédérés (qu’ils pourraient commander, et qui maintenant les aideraient volontiers, par haine qu’ils portaient au peuple de Sepphoris ; parce qu’ils conservaient leur fidélité aux Romains), et de rassembler un grand nombre de forces, afin de les punir. » Et tout en disant cela, il exhorta la multitude, [à aller à la guerre] ; car son talent résidait dans les harangues au peuple, et dans une trop grande dureté dans ses discours pour ceux qui s’opposaient à lui, bien qu’ils conseillaient ce qui était plus à leur avantage, et cela par sa ruse et ses erreurs, car il n’était pas inexpérimenté dans la science des Grecs ; C’est grâce à cette habileté qu’il entreprit d’écrire l’histoire de ces événements, cherchant, par cette manière de haranguer, à dissimuler la vérité. Mais quant à cet homme, à son caractère et à sa conduite déplorables, et à la façon dont lui et son frère furent, dans une large mesure, les auteurs de notre destruction,Je raconterai cela au lecteur plus tard. Ainsi, lorsque Justus eut, par ses persuasions, convaincu les citoyens de Tibériade de prendre les armes, et même contraint un grand nombre d’entre eux à le faire contre leur gré, il sortit et incendia les villages de Gadara et d’Hippone, situés aux confins de Tibériade et de la région de Scythopolis.
10. Voici la situation de Tibériade. Quant à Gischala, la situation se présentait ainsi : lorsque Jean, fils de Lévi, vit certains citoyens exaltés par leur révolte contre les Romains, il s’efforça de les contenir et les supplia de leur rester fidèles. Mais il n’y parvint pas, malgré tous ses efforts. Les Gadaras, Gabaras et Soganas, voisins, et les Tyriens, rassemblèrent une grande armée, fondirent sur Gischala, s’en emparèrent de force et y mirent le feu. Après l’avoir entièrement détruite, ils retournèrent chez eux. Jean, furieux, arma tous ses hommes et engagea le combat contre les habitants susmentionnés. Il reconstruisit Gischala mieux qu’auparavant et la fortifia de murs pour sa sécurité future.
11. Mais Gamala persévéra dans sa fidélité aux Romains, pour la raison suivante : Philippe, fils de Jacimus, leur gouverneur sous le roi Agrippa, avait été sauvé inopinément lors du siège du palais royal de Jérusalem ; mais, en fuyant, il courut un autre danger : celui d’être tué par Manahem et les brigands qui l’accompagnaient. Des Babyloniens, de sa famille, alors à Jérusalem, empêchèrent les brigands d’exécuter leur projet. Philippe y resta quatre jours, puis s’enfuit le cinquième, se déguisant avec des cheveux fictifs pour ne pas être découvert. Arrivé dans un de ses villages, situé aux confins de la citadelle de Gamala, il envoya des messagers à certains de ses subordonnés pour leur ordonner de venir à lui. Mais Dieu lui-même s’opposa à son projet, et cela pour son propre intérêt. Car, sans cela, il aurait certainement péri. Pris d’une fièvre, il écrivit à Agrippa et à Bérénice, et les confia à l’un de ses affranchis pour qu’il les porte à Varus, alors procurateur du royaume, que le roi et sa sœur lui avaient confié, tandis qu’ils se rendaient à Béryte pour rencontrer Gessius. Lorsque Varus eut reçu ces lettres de Philippe et apprit qu’il était sauvé, il en fut très inquiet, craignant de paraître inutile au roi et à sa sœur, maintenant que Philippe était arrivé. Il présenta donc le porteur des lettres à la foule et l’accusa de les avoir falsifiées ; il déclara qu’il avait menti en racontant que Philippe était à Jérusalem, combattant parmi les Juifs contre les Romains. Il le fit donc tuer. Cet affranchi de Philippe ne revenant pas, Philippe, se demandant pourquoi il était resté, envoya un second messager chargé de lettres pour lui raconter, à son retour, ce qui était arrivé à l’autre envoyé auparavant et pourquoi il était resté si longtemps. Varus, à son arrivée, accusa également ce messager de mensonge et le fit tuer. Enflé d’orgueil par les Syriens de Césarée, il nourrissait de grandes espérances ; ils disaient qu’Agrippa serait tué par les Romains pour les crimes commis par les Juifs, et qu’il prendrait lui-même le pouvoir, comme s’il avait été issu de leurs rois. Varus, en effet, était, de l’aveu général, de la famille royale, descendant de Sohémus, qui avait joui d’une tétrarchie sur le Liban ; c’est pourquoi il s’enorgueillissait et garda les lettres pour lui. Il s’arrangea également pour que le roi ne découvre pas ces écrits, en gardant tous les passages, de peur que quelqu’un ne s’échappe et n’informe le roi de ce qui s’était passé. De plus, il massacra de nombreux Juifs pour satisfaire les Syriens de Césarée. Il projeta également de se joindre aux Trachonites en Batanée.et de prendre les armes et d’attaquer les Juifs babyloniens qui étaient à Ecbatane ; car c’était le nom qu’ils portaient. Il appela donc douze Juifs de Césarée, de la meilleure réputation, et leur ordonna d’aller à Ecbatane et d’informer leurs compatriotes qui y résidaient : « Varus a entendu dire que vous avez l’intention de marcher contre le roi ; mais, ne croyant pas à cette rumeur, il nous a envoyés pour vous persuader de déposer les armes, et que cette obéissance sera un signe qu’il a bien fait de ne pas ajouter foi à ceux qui ont répandu cette rumeur à votre sujet. » Il leur enjoignit également d’envoyer soixante-dix de leurs principaux hommes pour se défendre de l’accusation portée contre eux. Lorsque les douze messagers arrivèrent auprès de leurs compatriotes à Ecbatane, et constatèrent qu’ils n’avaient aucune intention d’innover, ils les persuadèrent d’envoyer également les soixante-dix hommes ; ceux-ci, ne se doutant pas du tout de ce qui allait arriver, les envoyèrent en conséquence. Ces soixante-dix descendirent donc à Césarée, avec les douze ambassadeurs ; Varus les rencontra avec les forces du roi, les massacra tous, ainsi que les douze ambassadeurs, et lança une expédition contre les Juifs d’Ecbatane. Mais l’un des soixante-dix s’échappa et se hâta d’informer les Juifs de leur arrivée. Ils prirent alors les armes, avec leurs femmes et leurs enfants, et se retirèrent à la citadelle de Gamala, laissant leurs villages remplis de toutes sortes de biens et y gardant plusieurs dizaines de milliers de têtes de bétail. Informé de ces événements, Philippe se rendit également à la citadelle de Gamala. À son arrivée, la multitude poussa de grands cris et le pria de reprendre le pouvoir et de lancer une expédition contre Varus et les Syriens de Césarée, car on disait qu’ils avaient tué le roi. Mais Philippe modéra leur zèle et leur rappela les bienfaits que le roi leur avait accordés. Il leur raconta la puissance des Romains et leur affirma qu’il n’était pas dans leur intérêt de leur faire la guerre. Français et il finit par les convaincre. Mais, lorsque le roi fut informé du projet de Varus, qui était d’exterminer les Juifs de Césarée, au nombre de plusieurs dizaines de milliers, avec leurs femmes et leurs enfants, le tout en une seule journée, il appela Equiculus Modius et le désigna comme successeur de Varus, comme nous l’avons rapporté ailleurs. Cependant, Philippe conserva la possession de la citadelle de Gamala et du pays adjacent, qui demeurèrent ainsi fidèles aux Romains.Il leur ordonna également d’envoyer soixante-dix de leurs principaux hommes pour se défendre de l’accusation portée contre eux. Lorsque les douze messagers arrivèrent auprès de leurs compatriotes à Ecbatane et constatèrent qu’ils n’avaient aucune intention d’innover, ils les persuadèrent d’envoyer également les soixante-dix hommes ; ceux-ci, ne se doutant pas de ce qui allait arriver, les envoyèrent en conséquence. Ces soixante-dix descendirent donc à Césarée, avec les douze ambassadeurs. Varus les rencontra avec les forces du roi, les massacra tous, ainsi que les douze ambassadeurs, et lança une expédition contre les Juifs d’Ecbatane. Mais l’un des soixante-dix s’échappa et se hâta d’informer les Juifs de leur arrivée. Sur quoi, ils prirent leurs armes, avec leurs femmes et leurs enfants, et se retirèrent à la citadelle de Gamala, laissant leurs villages remplis de toutes sortes de biens et possédant plusieurs dizaines de milliers de têtes de bétail. Philippe, informé de ces événements, se rendit également à la citadelle de Gamala ; et lorsqu’il fut arrivé, la multitude cria à haute voix et le pria de reprendre le pouvoir et de lancer une expédition contre Varus et les Syriens de Césarée ; car on disait qu’ils avaient tué le roi. Mais Philippe réprima leur zèle et leur rappela les bienfaits que le roi leur avait accordés. Il leur expliqua la puissance des Romains et leur affirma qu’il n’était pas dans leur intérêt de leur faire la guerre. Finalement, il les convainquit. Mais, lorsque le roi fut informé du projet de Varus, qui était d’exterminer les Juifs de Césarée, qui étaient plusieurs dizaines de milliers, avec leurs femmes et leurs enfants, le tout en une seule journée, il appela Equiculus Modius et l’envoya comme successeur de Varus, comme nous l’avons rapporté ailleurs. Philippe conserva néanmoins la possession de la citadelle de Gamala et du pays adjacent, qui demeurèrent ainsi fidèles aux Romains.Il leur ordonna également d’envoyer soixante-dix de leurs principaux hommes pour se défendre de l’accusation portée contre eux. Lorsque les douze messagers arrivèrent auprès de leurs compatriotes à Ecbatane et constatèrent qu’ils n’avaient aucune intention d’innover, ils les persuadèrent d’envoyer également les soixante-dix hommes ; ceux-ci, ne se doutant pas de ce qui allait arriver, les envoyèrent en conséquence. Ces soixante-dix descendirent donc à Césarée, avec les douze ambassadeurs. Varus les rencontra avec les forces du roi, les massacra tous, ainsi que les douze ambassadeurs, et lança une expédition contre les Juifs d’Ecbatane. Mais l’un des soixante-dix s’échappa et se hâta d’informer les Juifs de leur arrivée. Sur quoi, ils prirent leurs armes, avec leurs femmes et leurs enfants, et se retirèrent à la citadelle de Gamala, laissant leurs villages remplis de toutes sortes de biens et possédant plusieurs dizaines de milliers de têtes de bétail. Philippe, informé de ces événements, se rendit également à la citadelle de Gamala ; et lorsqu’il fut arrivé, la multitude cria à haute voix et le pria de reprendre le pouvoir et de lancer une expédition contre Varus et les Syriens de Césarée ; car on disait qu’ils avaient tué le roi. Mais Philippe réprima leur zèle et leur rappela les bienfaits que le roi leur avait accordés. Il leur expliqua la puissance des Romains et leur affirma qu’il n’était pas dans leur intérêt de leur faire la guerre. Finalement, il les convainquit. Mais, lorsque le roi fut informé du projet de Varus, qui était d’exterminer les Juifs de Césarée, qui étaient plusieurs dizaines de milliers, avec leurs femmes et leurs enfants, le tout en une seule journée, il appela Equiculus Modius et l’envoya comme successeur de Varus, comme nous l’avons rapporté ailleurs. Philippe conserva néanmoins la possession de la citadelle de Gamala et du pays adjacent, qui demeurèrent ainsi fidèles aux Romains.et de lancer une expédition contre Varus et les Syriens de Césarée ; car on disait qu’ils avaient tué le roi. Mais Philippe modéra leur zèle et leur rappela les bienfaits que le roi leur avait accordés. Il leur expliqua la puissance des Romains et leur affirma qu’il n’était pas dans leur intérêt de leur faire la guerre. Finalement, il les convainquit. Mais, lorsque le roi fut informé du projet de Varus, qui était d’exterminer les Juifs de Césarée, au nombre de plusieurs dizaines de milliers, avec leurs femmes et leurs enfants, le tout en une seule journée, il appela Equiculus Modius et l’envoya comme successeur de Varus, comme nous l’avons rapporté ailleurs. Philippe conserva néanmoins la citadelle de Gamala et le pays adjacent, qui demeurèrent ainsi fidèles aux Romains.et de lancer une expédition contre Varus et les Syriens de Césarée ; car on disait qu’ils avaient tué le roi. Mais Philippe modéra leur zèle et leur rappela les bienfaits que le roi leur avait accordés. Il leur expliqua la puissance des Romains et leur affirma qu’il n’était pas dans leur intérêt de leur faire la guerre. Finalement, il les convainquit. Mais, lorsque le roi fut informé du projet de Varus, qui était d’exterminer les Juifs de Césarée, au nombre de plusieurs dizaines de milliers, avec leurs femmes et leurs enfants, le tout en une seule journée, il appela Equiculus Modius et l’envoya comme successeur de Varus, comme nous l’avons rapporté ailleurs. Philippe conserva néanmoins la citadelle de Gamala et le pays adjacent, qui demeurèrent ainsi fidèles aux Romains.
12. Dès mon arrivée en Galilée, et après avoir appris la situation par ceux qui m’en avaient parlé, j’écrivis au sanhédrin de Jérusalem et leur demandai ce que je devais faire. Ils me conseillèrent de rester là-bas et, si mes collègues légats le voulaient, de m’associer à eux pour la direction de la Galilée. Mais ces collègues légats, ayant acquis de grandes richesses grâce aux dîmes qui leur étaient dues en tant que prêtres, décidèrent de retourner dans leur pays. Cependant, lorsque je les ai priés de rester assez longtemps pour régler d’abord les affaires publiques, ils ont obéi à ma demande. Je partis donc avec eux de la ville de Sepphoris et arrivai à un village appelé Bethmaüs, à quatre stades de Tibère, Français De là, j’envoyai des messagers au sénat de Tibère, et je priai les principaux de la ville de venir me trouver. Lorsqu’ils furent arrivés, Justus lui-même étant avec eux, je leur dis que j’étais envoyé auprès d’eux par le peuple de Jérusalem comme légat, avec ces autres prêtres, afin de les persuader de démolir la maison qu’Hérode le tétrarque avait construite là, et qui contenait des figures d’êtres vivants, bien que nos lois nous interdisent d’en faire ; et je demandai qu’ils nous en donnassent immédiatement la permission. Mais pendant un bon moment, Capellus et les principaux de la ville refusèrent de nous donner cette permission, mais ils furent finalement complètement vaincus par nous et se laissèrent convaincre de notre avis. Jésus, fils de Saphias, l’un de ceux que nous avons déjà mentionnés comme chef d’une sédition de marins et de pauvres, nous en prévint, prit avec lui quelques Galiléens et mit le feu à tout le palais, pensant ainsi gagner beaucoup d’argent, car il avait vu des toits dorés. Ils pillèrent aussi une grande partie du mobilier, sans notre consentement. Après avoir discuté avec Capellus et les principaux de la ville, nous quittâmes Bethmaüs et nous rendîmes en Haute Galilée. Jésus et ses hommes massacrèrent tous les Grecs qui habitaient Tibériade, ainsi que tous ceux qui étaient leurs ennemis avant le début de la guerre.
13. Apprenant cet état de choses, je fus vivement irrité et descendis à Tibériade. Je pris soin du mobilier royal, afin de récupérer tout ce qui pouvait l’être auprès de ceux qui l’avaient pillé. Il s’agissait de chandeliers d’airain corinthien, de tables royales et d’une grande quantité d’argent brut. Je résolus de conserver pour le roi tout ce qui me tombait sous la main. J’envoyai donc chercher dix des principaux sénateurs, ainsi que Capellus, fils d’Antylle, et je leur confiai le mobilier, avec l’ordre qu’ils ne le cèdent à personne d’autre qu’à moi. De là, mes collègues légats et moi nous rendîmes à Gichala, auprès de Jean, désireux de connaître ses intentions. Nous vîmes bientôt qu’il était partisan des innovations et qu’il avait des vues sur la principauté. Il me demandait en effet de lui donner l’autorisation d’emporter le blé qui appartenait à César et qui se trouvait dans les villages de Haute Galilée. Il prétendait dépenser l’argent nécessaire pour construire les murs de sa propre ville. Mais, lorsque je compris ses projets et ses intentions, je dis que je ne le lui permettrais pas, car je pensais les réserver aux Romains ou à moi-même, maintenant que les habitants de Jérusalem m’avaient confié les affaires publiques. Mais, n’ayant pas réussi à me convaincre, il s’adressa à mes collègues légats, car ils manquaient de sagesse pour prévoir l’avenir et étaient très disposés à accepter des pots-de-vin. Il les corrompit donc avec de l’argent pour qu’ils décrètent que tout le blé qui se trouvait dans sa province lui serait livré. Moi, qui n’étais qu’un, je fus mis en minorité par deux voix et je me tus. Alors Jean introduisit une autre ruse de sa part : Il disait que les Juifs qui habitaient Césarée de Philippe, et qui y étaient enfermés par ordre du représentant du roi, l’avaient envoyé prier de leur fournir une quantité suffisante d’huile pure, faute d’huile pure, afin qu’ils ne soient pas contraints d’utiliser de l’huile grecque et de transgresser ainsi leurs propres lois. Jean disait cela non par égard pour la religion, mais par un désir de profit flagrant ; car il savait que deux sextaires se vendaient chez eux à Césarée pour une drachme, mais qu’à Gischala, quatre-vingts sextaxies se vendaient pour quatre sextaires. Il ordonna donc que toute l’huile qui s’y trouvait soit emportée, comme ayant ma permission ; ce que je ne lui accordai pas de mon plein gré, mais uniquement par crainte de la foule, car si je le lui avais interdit, j’aurais été lapidé par elle. Lorsque j’eus donc permis à John de faire cela, il gagna de vastes sommes d’argent grâce à sa friponnerie.
14. Après avoir renvoyé mes collègues légats et les avoir renvoyés à Jérusalem, je pris soin de faire préparer des armes et de fortifier les villes. Après avoir fait venir les plus courageux des brigands, je compris qu’il n’était pas en mon pouvoir de leur prendre leurs armes ; mais je persuadai la multitude de leur donner de l’argent en guise de salaire, et leur dis qu’il valait mieux leur en donner un peu de bon gré, plutôt que d’être obligés de les ignorer lorsqu’ils pilleraient leurs biens. Après les avoir obligés à jurer de ne pas entrer dans ce pays, à moins d’y être invités, ou de ne pas recevoir leur salaire, je les renvoyai et leur défendis de faire une expédition contre les Romains, ni contre leurs voisins qui les entouraient ; car mon premier souci était de maintenir la paix en Galilée. J’acceptai donc de prendre les principaux Galiléens, au total soixante-dix, comme otages en échange de leur fidélité, mais toujours sous le couvert de l’amitié. C’est pourquoi je les fis mes amis et mes compagnons de voyage, et je les chargeai de juger les causes ; et c’est avec leur approbation que je rendis mes sentences, tout en m’efforçant de ne pas me méprendre sur ce que la justice exigeait, et de me garder à l’écart de toute corruption dans ces décisions.
15. J’avais alors environ trente ans ; à cet âge, il est difficile d’échapper aux calomnies des envieux, même si l’on se garde de satisfaire des désirs illicites, surtout lorsqu’on est investi d’une grande autorité. Pourtant, je préservais toutes les femmes de toute injure ; et quant aux présents qu’on m’offrait, je les méprisais, comme si j’en avais besoin. Et je ne prenais pas non plus les dîmes qui m’étaient dues en tant que prêtre, de ceux qui les apportaient. Pourtant, j’avoue avoir pris une partie du butin des Syriens qui habitaient les villes voisines, lorsque je les avais conquises, et que je les ai envoyés à mes parents à Jérusalem, Quoique, après avoir pris Sepphoris par la force à deux reprises, Tibériade à quatre reprises, et Gadara une fois, et après avoir soumis et capturé Jean, qui me tendait souvent des pièges perfides, je ne l’ai puni de mort ni lui ni aucun des hommes susnommés, comme le montrera la suite de ce discours. Et c’est pour cette raison, je suppose, que Dieu, qui connaît bien ceux qui font ce qu’ils doivent faire, m’a délivré des mains de mes ennemis, et m’a ensuite préservé lorsque je tombai dans les nombreux dangers que je relaterai plus loin.
16. Or, la multitude des Galiléens avait pour moi une telle bonté et une telle fidélité que, lorsque leurs villes furent prises de force et leurs femmes et leurs enfants emmenés en esclavage, ils ne se lamentèrent pas tant de leurs propres malheurs que de leur souci de ma préservation. Mais, voyant cela, Jean me prit d’envie et m’écrivit pour me demander de l’autoriser à descendre et à utiliser les bains chauds de Tibériade pour recouvrer la santé. Je ne l’en empêchai donc pas, ne soupçonnant aucun dessein malveillant de sa part ; et j’écrivis à ceux à qui j’avais nommément confié l’administration des affaires de Tibère, de fournir un logement à Jean et à ceux qui l’accompagneraient, et de lui procurer tout le nécessaire. Or, à cette époque, je résidais dans un village de Galilée, nommé Cans.
17. Mais lorsque Jean fut arrivé à Tibériade, il persuada les hommes de rompre leur fidélité envers moi et de s’attacher à lui. Beaucoup d’entre eux acceptèrent avec joie son invitation, toujours friands d’innovations, naturellement disposés aux changements et se complaisant dans les séditions. Mais c’étaient surtout Justus et son père Pistus, qui étaient déterminés à se révolter contre moi et à s’attacher à Jean. Mais je les ai surpris et je les ai empêchés de le faire. Un messager de Silas, que j’avais nommé gouverneur de Tibériade, comme je l’ai déjà dit, était venu me trouver. Il m’avait informé des inclinations des habitants de Tibériade et m’avait conseillé de m’y rendre sans tarder, car si je tardais, la ville passerait sous la juridiction d’un autre. À la réception de cette lettre de Silas, je pris deux cents hommes avec moi et voyageai toute la nuit, après avoir envoyé un messager pour prévenir les habitants de Tibériade de ma venue. Arrivé près de la ville, de bon matin, la multitude sortit à ma rencontre. Jean les accompagna et me salua, mais avec une vive inquiétude, craignant que je ne lui demande des comptes pour ce que je devinais. Il regagna donc son logement en toute hâte. Arrivé sur la place publique, après avoir congédié les gardes que j’avais autour de moi, à l’exception d’un seul, et les dix hommes armés qui l’accompagnaient, je tentai de m’adresser à la multitude des Tibériens. Debout sur une hauteur, je les suppliai de ne pas se révolter si précipitamment ; car un tel changement de comportement leur serait reproché, et ils seraient alors, à juste titre, soupçonnés par ceux qui les gouverneraient plus tard, comme s’ils n’étaient pas non plus fidèles à eux.
18. Mais avant d’avoir fini de parler, j’entendis un de mes domestiques qui m’ordonnait de descendre, car ce n’était pas le moment de me soucier de la bienveillance des habitants de Tibériade, mais de pourvoir à ma propre sécurité et d’échapper à mes ennemis. Jean avait choisi les plus sûrs des hommes armés qui l’entouraient, parmi les mille qu’il avait avec lui, et leur avait donné l’ordre, en les envoyant, de me tuer, ayant appris que j’étais seul, à l’exception de quelques-uns de mes domestiques. Ceux qui furent envoyés arrivèrent donc comme on le leur avait ordonné, et ils auraient exécuté ce qu’ils avaient entrepris, si je n’avais sauté du haut de la colline où je me tenais, et si je n’avais pas été transporté avec un de mes gardes, nommé Jacques, hors de la foule sur le dos d’un certain Hérode de Tibériade, et guidé par lui jusqu’au lac, où je m’emparai d’une barque, y montai, échappai à mes ennemis à l’improviste et parvins à Tarichese.
19. Dès que les habitants de cette ville comprirent la perfidie des Tibériades, ils furent vivement irrités. Ils prirent les armes et me demandèrent de les mener contre eux, car ils disaient qu’ils vengeraient la cause de leur commandant. Ils rapportèrent aussi à tous les Galiléens ce qui m’avait été fait, et s’efforcèrent avec empressement de les irriter contre les Tibériades. Ils demandèrent qu’un grand nombre d’entre eux se rassemblent et viennent à eux, afin qu’ils agissent de concert avec leur commandant, et décident de ce qui serait jugé convenable. Les Galiléens vinrent donc à moi en grand nombre, de toutes parts, avec leurs armes, et me supplièrent d’attaquer Tibériade, de la prendre de force et de la démolir jusqu’à ce qu’elle soit rasée, puis de réduire en esclavage ses habitants, leurs femmes et leurs enfants. Ceux qui étaient amis de Josèphe et qui s’étaient échappés de Tibériade lui donnèrent le même conseil. Mais je ne les suivis pas, jugeant terrible de déclencher une guerre civile entre eux ; car je pensais que cette dispute ne devait pas aller au-delà des mots ; je leur dis même qu’il n’était pas dans leur intérêt de faire ce qu’ils voulaient que je fasse, alors que les Romains n’espéraient rien d’autre que de nous détruire mutuellement par nos séditions mutuelles. Et en disant cela, je mis fin à la colère des Galiléens.
20. Mais Jean craignait pour lui-même, sa trahison ayant échoué. Il prit donc les hommes armés qui l’entouraient, quitta Tibériade pour Gischala et m’écrivit pour s’excuser de ce qui avait été fait, comme si cela avait été fait sans son approbation, et me pria de ne pas avoir de soupçons à son égard. Il ajouta également des serments et d’horribles malédictions contre lui-même, pensant qu’il serait ainsi cru dans les points qu’il m’avait écrits.
21. Mais un grand nombre de Galiléens se rassemblèrent de nouveau avec leurs armes, connaissant l’homme, sa méchanceté et son parjure flagrant. Ils me demandèrent de les mener contre lui et me promirent de le tuer, lui et Gischala. Je leur témoignai alors ma reconnaissance pour leur empressement à me servir et leur promettais de les récompenser amplement. Cependant, je les suppliai de se retenir et de me permettre d’accomplir mon projet : mettre fin à ces troubles sans effusion de sang. Après avoir obtenu la permission de la multitude des Galiléens, je me rendis à Sepphoris.
22. Mais les habitants de cette ville, déterminés à rester fidèles aux Romains, craignirent ma venue et tentèrent, en m’engageant dans une autre action, de me distraire afin de se libérer de la terreur qui les régnait. Ils envoyèrent donc trouver Jésus, le chef des brigands qui se trouvaient aux confins de Ptolémaïs, et lui promirent de lui donner une forte somme d’argent s’il venait avec ses huit cents hommes et combattait avec nous. Il obéit donc à leurs désirs, conformément aux promesses qu’ils lui avaient faites, et désirait fondre sur nous alors que nous n’étions pas préparés à son arrivée et que nous ignorions son arrivée. Il m’envoya donc demander la permission de venir me saluer. Lorsque je lui eus donné cette permission, ce que je fis sans avoir la moindre idée de ses intentions perfides, il prit sa bande de brigands et se hâta de venir me trouver. Mais sa fourberie ne réussit pas à la fin. Comme il approchait déjà, l’un de ceux qui l’accompagnaient l’abandonna et vint me dire ce qu’il avait entrepris. Informé de cela, j’allai sur la place publique et feignis d’ignorer son dessein perfide. J’emmène avec moi de nombreux Galiléens armés, ainsi que quelques Tibériens. Après avoir donné l’ordre de surveiller soigneusement toutes les routes, je donnai l’ordre aux gardiens des portes de ne laisser entrer que Jésus, lorsqu’il viendrait avec les principaux de ses hommes, et d’exclure les autres ; et, au cas où ils tenteraient d’entrer de force, de les repousser à coups de fouet. Ceux qui avaient reçu cet ordre exécutèrent donc ce qui leur était demandé, et Jésus entra avec quelques autres. Quand je lui eus ordonné de déposer les armes immédiatement et que je lui eût dit que s’il refusait, il était mort, il vit des hommes armés tout autour de lui, fut terrifié et obéit. Quant à ceux de ses disciples qui avaient été exclus, lorsqu’ils apprirent qu’il était capturé, ils s’enfuirent. J’appelai alors Jésus seul à moi et lui dis : « Je n’étais pas étranger à son dessein perfide contre moi, ni ignorant par qui il était envoyé ; mais je lui pardonnerais ce qu’il avait déjà fait, s’il s’en repentait et me restait fidèle à l’avenir. » Ainsi, sur sa promesse de faire tout ce que je désirais, je le laissai partir et lui donnai la permission de réunir ceux qu’il avait autrefois avec lui. Mais je menaçai les habitants de Sepphoris que, s’ils persistaient dans leur ingratitude à mon égard, je les punirais suffisamment.
23. En ce temps-là, deux hommes importants, qui étaient sous la juridiction du roi [Agrippa], vinrent me trouver de la région de Trachonius, apportant leurs chevaux et leurs armes, et emportant aussi leur argent. Et comme les Juifs voulaient les forcer à se faire circoncire, s’ils voulaient rester parmi eux, je ne permis pas qu’on les force [9], mais je leur dis : « Chacun doit adorer Dieu selon ses propres inclinations, et ne pas se laisser contraindre par la force ; et que ces hommes, qui s’étaient réfugiés chez nous pour leur protection, ne devaient pas être traités au point de se repentir de leur venue. » Et après avoir apaisé la multitude, je fournissais aux hommes qui étaient venus chez nous tout ce dont ils avaient besoin, selon leur mode de vie habituel, et cela en grande quantité.
24. Le roi Agrippa envoya une armée pour s’emparer de la citadelle de Gamala, et de son commandement par Equieulus Modius. Mais les forces envoyées ne purent encercler la citadelle, mais se postèrent devant elle, en rase campagne, et l’assiégèrent. Or, lorsque le décurion Ébutius, chargé du gouvernement de la grande plaine, apprit que j’étais à Simonias, village situé aux confins de la Galilée, à soixante stades de lui, il prit cent cavaliers qui l’accompagnaient de nuit, et environ deux cents fantassins, et il emmena avec lui les habitants de la ville de Guibéa comme auxiliaires. Il marcha de nuit et arriva au village où je demeurais. J’établis alors mon camp en face de lui, qui comptait sur de nombreuses forces. Ébutius essaya de nous attirer dans la plaine, car il comptait beaucoup sur sa cavalerie ; mais nous refusâmes de descendre. Français : car, convaincu de l’avantage que sa cavalerie aurait si nous descendions dans la plaine, alors que nous étions tous des fantassins, je résolus d’engager le combat contre l’ennemi là où je me trouvais. Alors Ébutius et son parti firent une résistance courageuse pendant quelque temps ; mais lorsqu’il vit que sa cavalerie lui était inutile en cet endroit, il se retira vers la ville de Gibéa, ayant perdu trois de ses hommes dans le combat. Je le suivis donc directement avec deux mille hommes armés ; et lorsque je fus à la ville de Besara, qui se trouvait aux confins de Ptolémaïs, à seulement vingt stades de Gibéa, où résidait Ébutius, je plaçai mes hommes armés à l’extérieur du village, et donnai l’ordre de garder les passages avec le plus grand soin, afin que l’ennemi ne nous dérange pas avant que nous ayons emporté le blé, dont une grande quantité s’y trouvait : il appartenait à la reine Bérénice, et avait été rassemblé des villages voisins à Besara ; Je chargeai donc mes chameaux et mes ânes, dont j’avais amené un grand nombre, et j’envoyai le blé en Galilée. Cela fait, j’offris bataille à Ébutius ; mais comme il refusa, effrayé par notre promptitude et notre courage, je changeai de route et marchai vers Néopolitain, car j’avais appris qu’il avait ravagé les environs de Tibériade. Ce Néopolitain était capitaine d’une troupe de cavalerie et s’était vu confier la garde de Scythopolis par l’ennemi ; et, après l’avoir empêché de nuire davantage à Tibériade, je m’occupai des affaires de la Galilée.
25. Mais lorsque Jean, fils de Lévi, qui, comme nous vous l’avons déjà dit, demeurait à Gischala, apprit que tout avait réussi à mes yeux, que j’étais en grande faveur auprès de mes subordonnés et que l’ennemi me craignait beaucoup, il n’en fut pas satisfait, pensant que ma prospérité contribuait à sa ruine. Il se prit alors d’une profonde jalousie et d’une inimitié contre moi ; et, espérant qu’en incitant mes subordonnés à me haïr, il mettrait fin à ma prospérité, il essaya de persuader les habitants de Tibériade et de Sepphoris (et ceux de Gabara, il supposait qu’ils seraient du même avis que les autres), les plus grandes villes de Galilée, de se révolter contre ma soumission et de rejoindre son parti ; et il leur dit qu’il les commanderait mieux que moi. Quant aux habitants de Sepphoris, qui n’étaient de notre parti ni l’un ni l’autre, car ils avaient choisi de se soumettre aux Romains, ils n’acceptèrent pas sa proposition. Quant à ceux de Tibériade, ils ne se révoltèrent pas contre moi, mais acceptèrent d’être ses amis, tandis que les habitants de Gabara se rallièrent à Jean. Ce fut Simon qui les persuada de le faire, lui qui était à la fois le principal personnage de la ville, un ami et un compagnon intime de Jean. Il est vrai qu’ils n’avouèrent pas ouvertement leur révolte, car ils craignaient beaucoup les Galiléens et avaient souvent constaté leur bienveillance à mon égard. Pourtant, ils guettaient secrètement l’occasion propice pour me tendre des pièges ; et c’est ainsi que je courus le plus grand danger, la fois suivante.
26. Il y avait quelques jeunes hommes audacieux du village de Dabaritta, qui remarquèrent que la femme de Ptolémée, procurateur du roi, allait traverser la grande plaine avec une escorte nombreuse et quelques cavaliers qui les suivaient comme gardes, et ce, depuis un pays soumis au roi et à la reine, sous la juridiction des Romains. Ils fondirent sur eux à l’improviste, obligèrent la femme de Ptolémée à s’enfuir et pillèrent tous les chariots. Ils vinrent aussi me trouver à Tarichese, avec quatre mules chargées de vêtements et d’autres meubles ; le poids de l’argent qu’ils apportaient n’était pas négligeable, et il y avait aussi cinq cents pièces d’or. Or, j’avais l’intention de conserver ce butin pour Ptolémée, qui était mon compatriote ; et il est interdit [10] par nos lois de piller même nos ennemis ; Je dis donc à ceux qui apportaient ce butin qu’il fallait le conserver pour reconstruire les murailles de Jérusalem lorsqu’il serait vendu. Mais les jeunes gens furent très fâchés de ne pas recevoir une partie de ce butin, comme ils l’espéraient. Ils allèrent donc dans les villages des environs de Tibériade et dirent au peuple que j’allais livrer leur pays aux Romains, et que je leur avais menti en disant que ce qui avait été ainsi volé devait être conservé pour la reconstruction des murailles de la ville de Jérusalem, alors que j’avais résolu de restituer ce butin à leur ancien propriétaire. Et en effet, ils ne se trompèrent pas sur ce point ; car, une fois débarrassé d’eux, je fis venir deux des principaux hommes, Dassion et Jannée, fils de Lévi, qui étaient parmi les principaux amis du roi, et leur ordonnai de prendre les meubles pillés et de les lui envoyer. et je les ai menacés de les faire mettre à mort en guise de punition s’ils découvraient que j’avais donné cet ordre à une autre personne.
27. Alors que toute la Galilée était remplie de cette rumeur selon laquelle j’allais livrer leur pays aux Romains, et que tous étaient exaspérés contre moi et prêts à me faire punir, les habitants de Tarichée crurent eux-mêmes à la vérité des dires des jeunes gens et persuadèrent mes gardes et mes hommes armés de me quitter pendant mon sommeil et de se rendre immédiatement à l’hippodrome pour y tenir conseil contre moi, leur commandant. Après les avoir convaincus et rassemblés, ils trouvèrent une grande foule déjà rassemblée, qui tous, d’une seule voix, réclamaient le châtiment mérité de l’homme qui avait été si méchant envers eux au point de les trahir ; et ce fut Jésus, fils de Saphias, qui les excita principalement. C’était un gouverneur de Tibériade, un homme méchant, naturellement disposé à semer le trouble dans les affaires importantes ; c’était un séditieux, et un novateur hors pair. Il prit alors les lois de Moïse en main, et vint au milieu du peuple, et dit : « Ô mes concitoyens ! si vous n’êtes pas disposés à haïr Josèphe pour votre propre compte, ayez cependant égard aux lois de votre pays, que votre commandant en chef va trahir ; haïssez-le donc pour ces deux raisons, et faites subir à l’homme qui a agi ainsi insolemment le châtiment qu’il mérite. »
28. Après avoir dit cela, et la foule l’ayant applaudi ouvertement, il prit quelques hommes armés et se hâta vers la maison où je logeais, comme s’il allait me tuer immédiatement, alors que j’étais complètement inconscient jusqu’à ce que ce trouble survienne ; et à cause des efforts que je prenais, je m’étais profondément endormi. Mais Simon, qui était chargé de mon corps, et qui était le seul à rester avec moi, et qui vit la violente incursion des citoyens contre moi, me réveilla, me fit part du danger que je courais et me pria de le laisser me tuer, afin que je puisse mourir bravement et comme un général, avant que mes ennemis n’entrent et ne me forcent à me tuer, ou ne me tuent eux-mêmes. C’est ainsi qu’il me parla ; mais je recommandai à Dieu le soin de ma vie et me hâtai de sortir vers la foule. Je revêtis donc un vêtement noir, suspendis mon épée à mon cou et me rendis à l’hippodrome par un chemin si différent que je pensais qu’aucun de mes adversaires ne me rencontrerait. J’apparus donc au milieu d’eux à l’improviste, me prosternai à terre et arrosai le sol de mes larmes. Ils me semblèrent alors tous compatissants. Voyant le changement qui s’opérait dans la foule, je tentai de diviser leurs opinions avant que les hommes armés ne reviennent de chez moi. Je leur accordai donc que j’avais été aussi méchant qu’ils le supposaient ; mais je les suppliai néanmoins de me laisser d’abord leur dire à quoi j’avais destiné l’argent du butin, afin qu’ils puissent ensuite me tuer s’ils le voulaient. La foule m’ordonna de parler, et les hommes armés se jetèrent sur moi. Lorsqu’ils me virent, ils coururent me tuer. mais lorsque la multitude leur ordonna de tenir leurs mains, ils obéirent et espérèrent que dès que je leur avouerais que je gardais l’argent pour le roi, cela serait considéré comme une confession de ma trahison, et ils seraient alors autorisés à me tuer.
29. Lorsque toute la multitude eut fait silence, je leur parlai ainsi : « Ô mes compatriotes ! Je refuse de mourir, si la justice l’exige. Cependant, je désire vous dire la vérité sur cette affaire avant de mourir ; car, sachant que votre ville [Tarichée] était une ville d’une grande hospitalité, et remplie d’un grand nombre d’hommes qui ont quitté leur pays et sont venus ici pour partager votre fortune, quelle qu’elle soit, j’ai eu l’intention de l’entourer de murs avec cet argent, pour lequel vous êtes si irrité contre moi, alors qu’il devait être dépensé pour construire vos propres murs. » À ces mots, les habitants de Tarichée et les étrangers s’écrièrent : « Ils me rendaient grâce et me demandaient d’avoir bon courage ! » Cependant, les Galiléens et les Tibériens persistèrent dans leur colère contre moi, au point qu’un tumulte s’éleva parmi eux, certains menaçant de me tuer, d’autres me recommandant de ne pas les regarder. Mais lorsque je leur ai promis de construire des murs à Tibériade et dans les autres villes qui en avaient besoin, ils ont tenu parole et sont rentrés chacun chez soi. J’ai ainsi échappé au danger mentionné plus haut, contre toute espérance, et je suis rentré chez moi, accompagné de mes amis et de vingt hommes armés.
30. Cependant, ces brigands et autres auteurs de ce tumulte, craignant pour leur propre compte que je ne les punisse pour leurs actes, prirent six cents hommes armés et se rendirent à la maison où j’habitais pour y mettre le feu. Apprenant cette insulte, je jugeai indécent de fuir, et résolus de m’exposer au danger et d’agir avec audace. Je donnai donc l’ordre de fermer les portes, montai dans une chambre haute et demandai qu’ils envoient quelques-uns de leurs hommes pour recevoir l’argent du butin, car je leur disais qu’ils n’auraient alors aucune raison de se fâcher contre moi. Lorsqu’ils envoyèrent l’un des plus audacieux, je le fis fouetter sévèrement, et ordonnai qu’on lui coupe une main et qu’on le pende au cou ; et il fut alors livré à ceux qui l’envoyaient. De ma part, ils furent fort effrayés et profondément consternés, et craignirent d’être eux-mêmes traités de la même manière s’ils restaient là ; car ils supposaient que j’avais dans la maison plus d’hommes armés qu’eux-mêmes ; ils s’enfuirent donc immédiatement, tandis que moi, par ce stratagème, j’échappai à leur deuxième dessein perfide contre moi.
31. Mais il y en eut encore qui irritèrent la foule contre moi, et dirent qu’il ne fallait pas laisser vivre ces grands hommes du roi s’ils ne changeaient pas de religion pour celle de ceux vers qui ils cherchaient refuge. Ils les blâmèrent aussi, les traitant de magiciens et de ceux qui invoquaient les Romains. La foule fut donc bientôt trompée par des prétextes plausibles qui convenaient à ses propres inclinations, et elle se laissa convaincre. Mais lorsque j’en fus informé, je répétai à la foule que ceux qui cherchaient refuge chez eux ne devaient pas être persécutés. Je riai aussi de l’allégation de sorcellerie, [11] et leur dis que les Romains n’entretiendraient pas tant de dix mille soldats s’ils pouvaient vaincre leurs ennemis par des magiciens. Sur ces paroles, le peuple acquiesça un moment, mais il revint ensuite, irrité par des propos malveillants contre les grands hommes. Ils attaquèrent même un jour la maison qu’ils habitaient à Tarichess, afin de les tuer. Informé de ce crime, je craignis qu’un crime aussi horrible ne se produise et que personne d’autre ne fasse plus de cette ville son refuge. Je me rendis donc moi-même, avec quelques autres, à la maison où vivaient ces grands hommes, fermai les portes à clé, fis creuser un fossé depuis leur maison jusqu’au lac, envoyai chercher un navire, m’y embarquai avec eux et fis voile jusqu’aux confins d’Hippone. Je leur payai également la valeur de leurs chevaux ; et, dans une telle fuite, je ne pus leur faire amener leurs chevaux. Je les congédiai alors et les suppliai instamment de supporter courageusement la détresse qui les frappait. J’étais aussi moi-même très mécontent d’être contraint d’exposer ceux qui s’étaient réfugiés chez moi à retourner en pays ennemi ; Pourtant, j’estimais plus digne de les voir périr parmi les Romains, si cela devait arriver, que dans le pays qui était sous ma juridiction. Cependant, ils finirent par s’échapper, et le roi Agrippa leur pardonna leurs offenses. Voilà ce qui les concernait.
32. Quant aux habitants de Tibériade, ils écrivirent au roi pour lui demander de leur envoyer des troupes suffisantes pour la garde de leur pays ; car ils désiraient se rallier à lui. Voici ce qu’ils lui écrivirent. Mais lorsque je suis arrivé chez eux, ils m’ont prié de construire leurs murailles, comme je le leur avais promis ; car ils avaient entendu dire que les murs de Tarichess étaient déjà construits. J’ai accédé à leur proposition en conséquence ; et après avoir tout préparé, j’ai donné l’ordre aux architectes de se mettre à l’ouvrage. Mais le troisième jour, alors que j’étais en route pour Tarichess, qui était à trente stades de Tibériade, il advint que des cavaliers romains furent découverts en marche, non loin de la ville, ce qui laissa supposer que les troupes venaient du roi. Sur quoi ils poussèrent des cris et élevèrent la voix pour louer le roi et m’injurier. Là-dessus, quelqu’un accourut vers moi et me dit quelles étaient leurs dispositions et qu’ils avaient résolu de se révolter contre moi. En apprenant cette nouvelle, je fus très alarmé. J’avais déjà renvoyé mes hommes armés de Tarichess chez eux, car le lendemain était notre sabbat. Je ne voulais pas que les habitants de Tarichess soient troublés ce jour-là par une multitude de soldats. En effet, chaque fois que je séjournais dans cette ville, je ne prenais jamais particulièrement soin d’avoir une garde près de moi, car j’avais eu de fréquents exemples de la fidélité de ses habitants envers moi. Je n’avais alors plus que sept hommes armés avec moi, en plus de quelques amis, et je ne savais que faire. Car envoyer rappeler mes propres forces ne me semblait pas opportun, car la journée était presque terminée ; et si ces forces avaient été avec moi, je n’aurais pas pu prendre les armes le lendemain, car nos lois nous l’interdisaient, même si notre nécessité était très grande. Français et si je permettais aux gens de Tarichess, et aux étrangers qui les accompagnaient, de garder la ville, je vis qu’ils ne seraient pas suffisants pour cela, et je compris que je serais obligé de retarder mon aide un long moment ; car je pensais en moi-même que les forces qui venaient du roi m’en empêcheraient, et que je serais chassé de la ville. Je réfléchis donc à un moyen de me débarrasser de ces forces par un stratagème ; alors je plaçai immédiatement ceux de mes amis de Tariches, sur lesquels je pouvais le mieux me fier, aux portes, pour surveiller très attentivement ceux qui sortaient par ces portes. J’appelai aussi moi les chefs de famille, et ordonnai à chacun d’eux de s’emparer d’un navire [12] pour y monter à bord, et de prendre un maître avec eux, et de le suivre à la ville de Tibériade. Moi aussi, je montai à bord de l’un de ces navires, avec mes amis et les sept hommes armés déjà mentionnés, et je fis voile pour Tibériade.
33. Mais les Tibériens, voyant qu’aucune force royale n’était venue, et voyant pourtant le lac rempli de navires, craignirent le sort de leur ville et furent saisis d’une grande terreur, pensant que les navires étaient remplis d’hommes. Ils changèrent alors d’avis, jetèrent leurs armes et vinrent à ma rencontre avec leurs femmes et leurs enfants, m’acclamant avec de grandes louanges. Ils s’imaginaient que j’ignorais leurs anciennes inclinations contre moi ; ils me persuadèrent donc d’épargner la ville. Arrivé suffisamment près, je donnai l’ordre aux capitaines des navires de jeter l’ancre à bonne distance de la terre, afin que les Tibériens ne s’aperçoivent pas que les navires étaient vides. Je m’approchai alors du peuple sur l’un des navires et les réprimanda pour leur folie et leur inconstance à se détourner de moi, sans raison valable. Cependant, je leur ai assuré que je leur pardonnerais entièrement pour l’avenir, s’ils m’envoyaient dix des meneurs de la multitude ; et lorsqu’ils ont accepté volontiers cette proposition et m’ont envoyé les hommes mentionnés ci-dessus, je les ai mis à bord d’un navire et les ai envoyés à Tarichese ; et j’ai ordonné qu’ils soient gardés en prison.
34. C’est par ce stratagème que je pris peu à peu le sénat de Tibériade en mon pouvoir et que je l’envoyai dans la ville mentionnée, avec de nombreux hommes importants de la population, et non moins nombreux que les autres. Mais, voyant dans quelles grandes misères ils s’étaient attirés, la multitude me demanda de punir l’auteur de cette sédition : Clitus, un jeune homme audacieux et téméraire dans ses entreprises. Or, comme je jugeais contraire à la piété de mettre à mort un des miens, et que je jugeais pourtant nécessaire de le punir, j’ordonnai à Lévi, l’un de mes gardes, d’aller le trouver et de lui couper une main. Mais comme celui qui en avait reçu l’ordre craignait de sortir seul du navire au milieu d’une si grande foule, je ne voulus pas que la timidité du soldat fût apparente aux habitants de Tibériade. J’appelai donc Clitus lui-même et lui dis : « Puisque tu mérites de perdre tes deux mains pour ton ingratitude envers moi, sois ton propre bourreau, de peur que, si tu refuses, tu ne subisses un châtiment plus cruel. » Il me supplia instamment de lui épargner une de ses mains, mais je lui accordai avec difficulté. Pour éviter de perdre ses deux mains, il prit donc volontiers son épée et se coupa la main gauche, ce qui mit fin à la sédition.
35. Les Tibériens, après mon départ pour Tarichées, comprirent le stratagème que j’avais employé contre eux et admirèrent la façon dont j’avais mis fin à leur folle sédition, sans effusion de sang. Mais, après avoir fait sortir de prison quelques-uns de ces nombreux Tibériens, parmi lesquels se trouvaient Justus et son père Pistus, je les fis souper avec moi ; et pendant le repas, je leur dis que je savais que la puissance des Romains était supérieure à toutes les autres, mais que je ne le disais pas publiquement à cause des brigands. Je leur conseillai donc d’agir comme moi, d’attendre une occasion propice et de ne pas s’inquiéter de ma présence à leur tête ; car ils ne pouvaient espérer avoir quelqu’un d’autre qui fasse preuve de la même modération que moi. Je rappelai aussi à Justus comment les Galiléens avaient coupé les mains de son frère avant mon arrivée à Jérusalem, accusé d’escroquerie et de faux écrits ; comment les habitants de Gamala, dans une sédition qu’ils soulevèrent contre les Babyloniens après le départ de Philippe, tuèrent Charès, son parent, et comment ils avaient sagement puni de mort Jésus, le mari de la sœur de son frère Justus. Après leur avoir dit cela pendant le souper, j’ordonnai au matin que Justus et tous les autres prisonniers soient libérés et renvoyés.
36. Mais auparavant, Philippe, fils de Jacimus, quitta la citadelle de Gamala pour la raison suivante : Philippe, informé que Varus avait été destitué de son gouvernement par le roi Agrippa, et qu’Equieulus Modius, son ami et compagnon de longue date, allait lui succéder, lui écrivit pour lui raconter ses hauts faits et le prier de lui transmettre les lettres qu’il avait envoyées au roi et à la reine. Modius, ravi de ces lettres, les envoya au roi et à la reine, qui se trouvaient alors près de Béryte. Mais le roi Agrippa, sachant que l’histoire de Philippe était fausse (car on avait prétendu que les Juifs avaient commencé une guerre contre les Romains et que Philippe avait été leur commandant dans cette guerre), envoya des cavaliers pour le conduire auprès de lui. Lorsqu’il fut arrivé, il le salua avec beaucoup d’obligeance, le présenta aux généraux romains et leur dit que c’était l’homme dont la rumeur avait couru comme s’il s’était révolté contre les Romains. Il lui ordonna également de prendre des cavaliers avec lui, de se rendre rapidement à la citadelle de Gamala, d’en faire sortir tous ses domestiques et de ramener les Babyloniens en Batanée. Il lui confia également la mission de veiller à ce qu’aucun de ses sujets ne commette la moindre innovation. En conséquence, sur ces instructions du roi, il s’empressa d’exécuter ce qui lui était ordonné.
37. Or, il y avait un certain Joseph, fils d’une femme médecin, qui excita un grand nombre de jeunes gens à se joindre à lui. Il s’adressa aussi avec insolence aux notables de Gamala et les persuada de se révolter contre le roi, de prendre les armes et de leur faire espérer qu’ils recouvreraient, par son intermédiaire, leur liberté. Ils en forcèrent certains à s’engager dans le service, et ceux qui refusèrent d’accepter leur résolution furent tués. Ils tuèrent aussi Charès, et avec lui Jésus, l’un de ses parents et frère de Juste de Tibériade, comme nous l’avons déjà dit. Ceux de Gamala m’écrivirent également, me demandant de leur envoyer une force armée et des ouvriers pour relever les remparts de leur ville ; je ne rejetai aucune de leurs demandes. La région de Gaulanite se révolta également contre le roi, jusqu’au village de Solyma. J’ai également construit une muraille autour de Séleucie et de Sogannis, villages naturellement très forts. De plus, j’ai également fortifié plusieurs villages de Haute Galilée, pourtant très rocailleux. Leurs noms sont Jamnia, Méroth et Achabare. J’ai aussi fortifié, en Basse Galilée, les villes de Tarichee, Tibériade, Sepphoris, ainsi que les villages de la grotte d’Arbela, Bersobe, Sélamin, Jotapata, Capharecho, Sigo, Japha et le mont Thabor. [13] J’ai aussi accumulé dans ces lieux une grande quantité de blé et d’armes, pour assurer leur sécurité par la suite.
38. Mais la haine que Jean, fils de Lévi, me portait s’intensifia, car il ne supportait plus ma prospérité. Il se proposa donc, par tous les moyens possibles, de me supprimer et construisit les murs de Gischala, son lieu de naissance. Il envoya alors son frère Simon, Jonathan, fils de Sisenna, et une centaine d’hommes armés à Jérusalem, auprès de Simon, fils de Gamaliel, [14], afin de le persuader d’inciter le peuple de Jérusalem à me retirer le gouvernement des Galiléens et à donner leur suffrage pour lui conférer cette autorité. Ce Simon était de la ville de Jérusalem et d’une famille très noble de la secte des pharisiens, réputés surpasser les autres par la connaissance exacte des lois de leur pays. C’était un homme d’une grande sagesse et d’une grande raison, capable de redresser les affaires publiques par sa prudence, lorsqu’elles étaient en mauvaise posture. C’était aussi un vieil ami et compagnon de Jean ; Mais à ce moment-là, il avait un différend avec moi. Ayant donc reçu une telle exhortation, il persuada les grands prêtres, Ananus, Jésus, fils de Gamala, et quelques autres membres de la même faction séditieuse, de me tuer, maintenant que je devenais si important, et de ne pas me négliger tandis que je m’élevais vers les sommets de la gloire. Il dit qu’il serait dans l’intérêt des Galiléens que je sois privé de mon gouvernement là-bas. Ananus aussi et ses amis les exhortèrent à ne pas tarder, de peur que je ne sois informé trop tôt de ce qui se passait et que je ne vienne attaquer la ville avec une grande armée. Tel était le conseil de Simon ; mais Artanus, le grand prêtre, leur démontra que ce n’était pas chose facile, car de nombreux grands prêtres et chefs du peuple témoignèrent que j’avais agi en excellent général, et que c’était l’œuvre de personnes mal intentionnées d’accuser quelqu’un contre qui elles n’avaient rien à dire.
39. Lorsque Simon entendit ces paroles d’Anan, il demanda aux messagers de cacher la nouvelle et de ne pas la révéler à beaucoup de gens ; il veillerait ainsi à faire sortir Josèphe de Galilée au plus vite. Il fit donc venir le frère de Jean, [Simon], et le chargea d’envoyer des présents à Ananus et à ses amis ; car, comme il le disait, ils pourraient probablement ainsi les persuader de changer d’avis. Et Simon finit par atteindre son but ; car Artanus et ceux qui l’accompagnaient, corrompus par des pots-de-vin, convinrent de m’expulser de Galilée, sans en informer le reste des citoyens. Ils résolurent donc d’envoyer des hommes distingués par leurs familles et par leur savoir. Deux d’entre eux étaient du peuple, Jonathan [15] et Ananias, de confession pharisienne ; le troisième, Jozar, était de la lignée des prêtres et lui aussi pharisien ; Simon, le dernier d’entre eux, était l’un des plus jeunes des grands prêtres. Ils reçurent la mission, lorsqu’ils seraient arrivés auprès de la multitude des Galiléens, de leur demander : « Pourquoi m’aimaient-ils ? » S’ils répondaient que c’était parce que je suis né à Jérusalem, ils répondraient qu’ils étaient tous les quatre nés au même endroit ; s’ils répondaient que c’était parce que je connaissais bien leur loi, ils répondraient qu’ils n’ignoraient pas non plus les coutumes de leur pays ; mais s’ils disaient en outre qu’ils m’aimaient parce que j’étais prêtre, ils répondraient que deux d’entre eux étaient aussi prêtres.
40. Après avoir donné ces instructions à Jonathan et à ses compagnons, ils leur donnèrent quarante mille drachmes sur les deniers publics. Mais lorsqu’ils apprirent qu’il y avait un Galiléen qui séjournait alors à Jérusalem, nommé Jésus, et qui avait autour de lui une troupe de six cents hommes armés, ils le firent venir, lui donnèrent trois mois de solde et lui ordonnèrent de suivre Jonathan et ses compagnons et de leur obéir. Ils donnèrent aussi de l’argent à trois cents hommes, citoyens de Jérusalem, pour leur entretien, et leur ordonnèrent aussi de suivre les ambassadeurs. Lorsqu’ils eurent obéi et furent prêts à partir, Jonathan et ses compagnons partirent avec eux, ayant avec eux le frère de Jean et cent hommes armés. Voici l’ordre que leur donnèrent ceux qui les envoyaient : si je déposais volontairement les armes, ils me renverraient vivant à Jérusalem ; mais si je leur résistais, ils me tueraient sans crainte, car c’était leur ordre. Ils écrivirent aussi à Jean de tout préparer pour me combattre, et donnèrent ordre aux habitants de Sepphoris, de Gabara et de Tiberin d’envoyer des auxiliaires à Jean.
41. Or, comme mon père m’écrivait ce récit (car Jésus, fils de Gamala, qui était présent à ce conseil, un de mes amis et compagnons, le lui avait rapporté), je fus très troublé, car je découvrais ainsi que mes concitoyens s’étaient montrés si ingrats envers moi qu’ils avaient, par envie, donné l’ordre de me tuer. Mon père me pressa aussi instamment dans sa lettre de venir le trouver, car il désirait ardemment voir son fils avant sa mort. J’en informai mes amis, et leur dis que dans trois jours je quitterais le pays et rentrerais chez moi. En apprenant cela, ils furent tous très attristés et me prièrent, les larmes aux yeux, de ne pas les laisser périr. Français car ils pensaient qu’il en serait ainsi si j’étais privé de mon commandement sur eux. Mais comme je n’accédais pas à leur demande, mais que je veillais à ma propre sécurité, les Galiléens, craignant les conséquences de mon départ, d’être alors à la merci des brigands, envoyèrent des messagers dans toute la Galilée pour les informer de ma résolution de les quitter. Sur quoi, dès qu’ils l’apprirent, ils se rassemblèrent en grand nombre, de toutes parts, avec leurs femmes et leurs enfants ; et ils le firent, me semble-t-il, non pas tant par affection pour moi que par crainte pour eux-mêmes ; car tant que je restais avec eux, ils pensaient ne subir aucun mal. Ils arrivèrent donc tous dans la grande plaine où j’habitais, qui s’appelait Asochis.
42. Quel rêve merveilleux que celui que je fis cette nuit-là ! Car, tandis que je me couchais, affligé et troublé par la nouvelle qu’on m’avait écrite, il me sembla qu’un homme se tenait près de moi et me dit : « Ô Josèphe ! Cessez d’affliger votre âme et chassez toute crainte ; car ce qui vous afflige maintenant vous rendra considérable et, à tous égards, très heureux ; car vous surmonterez non seulement ces difficultés, mais bien d’autres, avec succès. Cependant, ne soyez pas abattu, mais souvenez-vous que vous allez combattre les Romains. » Après avoir eu ce rêve, je me levai avec l’intention de descendre dans la plaine. Or, lorsque toute la multitude des Galiléens, parmi lesquels se trouvaient les femmes et les enfants, me vit, ils se prosternèrent face contre terre et, les larmes aux yeux, me supplièrent de ne pas les laisser exposés à leurs ennemis, ni de partir et de permettre que leur pays soit attaqué par eux. Mais comme je n’écoutais pas leurs supplications, ils me forcèrent à jurer que je resterais avec eux. Ils jetèrent aussi beaucoup d’opprobre sur les habitants de Jérusalem, en disant qu’ils ne laisseraient pas leur pays jouir de la paix.
43. En entendant cela et en voyant la douleur du peuple, je fus ému de compassion et pensai qu’il était de mon devoir de courir les plus grands risques pour une si grande multitude ; je leur fis donc savoir que je resterais avec eux. Après avoir donné l’ordre que cinq mille d’entre eux viennent à moi armés et avec des provisions, je renvoyai les autres chez eux. Lorsque ces cinq mille furent arrivés, je les pris avec trois mille soldats qui m’avaient accompagné auparavant et quatre-vingts cavaliers, et marchai jusqu’au village de Chabolo, situé aux confins de Ptolémaïs. Là, je rassemblai mes forces, feignant de me préparer à combattre Placidus, qui était venu avec deux cohortes de fantassins et une troupe de cavaliers, et avait été envoyé là par Cestius Gallus pour incendier les villages de Galilée proches de Ptolémaïs. Après avoir dressé un talus devant la ville de Ptolémaïs, j’établis mon camp à environ soixante stades de ce village. Nous faisions alors souvent avancer nos forces comme pour combattre, mais nous nous contentions d’escarmouches à distance ; car lorsque Placidus comprit que je voulais absolument livrer bataille, il prit peur et l’évita. Pourtant, il ne quitta pas les environs de Ptolémaïs.
44. C’est à cette époque que Jonathan et ses collègues légats arrivèrent. Ils étaient envoyés, comme nous l’avons déjà dit, par Simon et le grand prêtre Ananus. Jonathan imagina un moyen de me surprendre par trahison ; car il n’osait pas attenter ouvertement à ma vie. Il m’écrivit donc l’épître suivante : « Jonathan et ceux qui sont avec lui, envoyés par les habitants de Jérusalem, à Josèphe, vous saluent. Nous sommes envoyés par les notables de Jérusalem, qui ont appris que Jean de Gischala t’a tendu de nombreux pièges, pour le reprendre et l’exhorter à te devenir désormais soumis. Nous désirons également te consulter sur nos affaires communes et sur ce qu’il convient de faire. Nous te prions donc de venir nous voir rapidement, en n’amenant que quelques hommes avec toi, car ce village ne contient pas beaucoup de soldats. » C’est ainsi qu’ils écrivirent, s’attendant à l’une de ces deux choses : Soit que je vienne sans hommes armés, et alors ils me tiendraient entièrement en leur pouvoir ; soit que, si je venais avec un grand nombre d’hommes, ils me considéreraient comme un ennemi public. Or, c’était un cavalier qui apportait la lettre, un homme autrefois audacieux, et qui avait servi dans l’armée sous le roi. Il arriva à la deuxième heure de la nuit, alors que je festoyais avec mes amis et les principaux des Galiléens. Cet homme, sur l’annonce de mon serviteur de l’arrivée d’un cavalier juif, fut appelé sur mon ordre. Il ne me salua même pas, mais me tendit une lettre et dit : « Cette lettre t’est envoyée par ceux qui sont arrivés de Jérusalem ; réponds-y vite, car je suis obligé de revenir bientôt. » Mes invités ne purent s’empêcher de s’étonner de l’audace du soldat. Je le priai de s’asseoir et de souper avec nous ; mais comme il refusait, je tins la lettre entre mes mains dès que je la reçus, et me mis à discuter d’autres sujets avec mes invités. Quelques heures plus tard, je me levai et, après avoir renvoyé les autres au lit, je ne fis rester que quatre de mes amis intimes, et ordonnai à mon serviteur de préparer du vin. J’ouvris également la lettre de manière à ce que personne ne puisse la voir ; et, comprenant aussitôt le sens de l’écriture, je la refermai, faisant semblant de ne pas l’avoir encore lue, la tenant simplement entre mes mains. J’ordonnai que vingt drachmes soient versées au soldat pour son voyage. Lorsqu’il prit l’argent et me remercia, je compris qu’il aimait l’argent et qu’il se laissait prendre principalement par ce moyen. Je lui dis donc : « Si tu veux boire avec nous, tu auras une drachme pour chaque verre que tu boiras. » Il accepta donc avec joie cette proposition et but beaucoup de vin pour gagner plus d’argent. Il était si ivre qu’il finit par ne pas pouvoir garder les secrets qu’on lui avait confiés, mais les découvrit sans que je lui pose de questions, à savoir : « Qu’un complot avait été ourdi contre moi. »et que j’étais condamné à mort par ceux qui l’avaient envoyé. Lorsque j’appris cela, je répondis ainsi : « Josèphe, à Jonathan et à ceux qui l’accompagnent, vous salue. Sachant que vous êtes bien rentré en Galilée, je me réjouis, d’autant plus que je peux maintenant vous remettre la gestion des affaires publiques et retourner dans mon pays natal, ce que je désirais faire depuis longtemps ; et j’avoue que je devrais non seulement venir jusqu’à Xaloth, mais plus loin, et cela sans votre ordre. Mais je vous prie de m’excuser, car je ne peux le faire maintenant, car je surveille les mouvements de Placidus, qui a l’intention de monter en Galilée ; et c’est ce que je fais ici à Chabolo. Dès réception de cette lettre, venez donc me trouver. Adieu. »
45. Après avoir écrit cela et donné la lettre au soldat, j’envoyai avec lui trente Galiléens de la meilleure réputation, et leur donnai instruction de saluer ces ambassadeurs, mais de ne rien leur dire d’autre. Je donnai également l’ordre à autant d’hommes armés que je considérais comme les plus fidèles, de suivre les autres, chacun avec celui qu’il devait garder, de peur qu’une conversation n’éclate entre ceux que j’envoyais et ceux qui étaient avec Jonathan. Ces hommes allèrent donc [chez Jonathan] ; mais Jonathan et ses compagnons ayant échoué dans cette première tentative, ils m’envoyèrent une autre lettre, dont le contenu était le suivant : « Jonathan et ceux qui l’accompagnent, à Josèphe, saluez. Nous te prions de venir nous rejoindre au village de Gabaroth, le troisième jour, sans hommes armés, afin que nous puissions entendre ce que tu as à reprocher à Jean [de Gischala] ». Après avoir écrit cette lettre, ils saluèrent les Galiléens que j’avais envoyés, et arrivèrent à Japha, le plus grand village de toute la Galilée, entouré de fortifications et peuplé de nombreux habitants. Là, une multitude d’hommes, avec leurs femmes et leurs enfants, les rencontrèrent et les accusèrent à grands cris, les priant de s’en aller et de ne pas leur envier l’avantage d’un excellent commandant. Ces clameurs irritèrent vivement Jonathan et ses compagnons, bien qu’ils n’osassent pas manifester ouvertement leur colère ; ils ne leur répondirent donc pas et se rendirent dans d’autres villages. Mais les mêmes clameurs les accompagnèrent de la part de tout le peuple, qui disait : « Que personne ne les persuade d’avoir un autre commandant que Josèphe. » Jonathan et ses compagnons les quittèrent donc sans succès et arrivèrent à Sepphoris, la plus grande ville de toute la Galilée. Or, les hommes de cette ville, qui penchaient du côté des Romains, les rencontrèrent, mais sans me louer ni me reprocher. Lorsqu’ils furent descendus de Sepphoris à Asochis, les habitants de ce lieu lancèrent contre eux des clameurs, comme celles de Japha. Sur quoi, incapables de se contenir davantage, ils ordonnèrent aux hommes armés qui les accompagnaient de frapper à coups de bâton ceux qui lançaient ces clameurs. Arrivés à Gabara, Jean les rencontra avec trois mille hommes armés. Mais, comme j’avais compris par leur lettre qu’ils étaient résolus à me combattre, je quittai Chabolo, avec trois mille hommes armés également ; mais je laissai dans mon camp l’un de mes plus fidèles amis et me rendis à Jotapata, désireux d’être près d’eux, la distance n’étant que de quarante stades. C’est pourquoi je leur écrivis ainsi : « Si vous désirez vraiment que je vienne chez vous, vous savez qu’il y a deux cent quarante villes et villages en Galilée ; j’irai dans n’importe laquelle d’entre elles qui vous plaira, à l’exception de Gaburn et de Gischala ; l’une étant la ville natale de Jean, et l’autre en alliance et amitié avec lui. »
46. Lorsque Jonathan et ses associés eurent reçu cette lettre, ils ne m’écrivirent plus de réponses, mais convoquèrent un conseil de leurs amis. Prenant Jean en conseil, ils délibérèrent sur les moyens de m’attaquer. Jean était d’avis qu’ils devraient écrire à toutes les villes et villages de Galilée, car il devait y avoir dans chacun d’eux une ou deux personnes en désaccord avec moi, et qu’il fallait les inviter à venir s’opposer à moi comme à un ennemi. Il leur demandait également d’envoyer cette résolution à Jérusalem, afin que ses habitants, s’ils savaient que j’étais jugé ennemi par les Galiléens, puissent eux-mêmes confirmer cette décision. Il ajouta qu’une fois cela fait, même les Galiléens qui me plaisaient bien m’abandonneraient par peur. Après que Jean leur eut donné ce conseil, ce qu’il avait dit fut très agréable aux autres. Je fus également informé de ces affaires vers la troisième heure de la nuit, par un certain Saccheus, qui avait été leur compagnon, mais qui les avait abandonnés et était venu me trouver, et m’avait raconté ce qu’ils faisaient. Je compris donc qu’il n’y avait pas de temps à perdre. Je donnai donc l’ordre à Jacob, un homme armé de ma garde, que j’estimais fidèle, de prendre deux cents hommes et de surveiller les passages qui menaient de Gahara à la Galilée, de saisir les passagers et de me les envoyer, surtout ceux qui étaient surpris avec des lettres. J’envoyai aussi Jérémie lui-même, un de mes amis, avec six cents hommes armés, aux frontières de la Galilée, afin de surveiller les routes qui menaient de ce pays à la ville de Jérusalem, et je le chargeai de saisir ceux qui voyageaient avec des lettres, de les garder en prison sur place et de me les envoyer.
47. Après leur avoir donné ces ordres, je leur donnai des ordres et leur dis de prendre leurs armes, d’apporter des provisions pour trois jours et de venir me rejoindre le lendemain. Je divisai aussi ceux qui m’entouraient en quatre groupes, et je désignai ceux d’entre eux qui m’étaient les plus fidèles comme gardes de mon corps. Je les mis sous leur commandement, et leur commandai de veiller à ce qu’aucun soldat qu’ils ne connaissent pas ne se mêle à eux. Le cinquième jour suivant, alors que j’étais à Gabaroth, je trouvai toute la plaine qui était devant le village remplie d’hommes armés, venus de Galilée pour m’aider ; beaucoup d’autres, de la foule, du village, accoururent aussi avec moi. Mais dès que je fus placé et que je commençai à leur parler, ils poussèrent tous des acclamations et m’appelèrent le bienfaiteur et le sauveur du pays. Et après les avoir remerciés de leur affection, je leur conseillai de ne combattre avec personne, ni de piller le pays, mais de planter leurs tentes dans la plaine et de se contenter des vivres qu’ils avaient apportés ; car je leur disais que j’avais l’intention de régler ces problèmes sans verser le sang. Or, le jour même, ceux qui avaient été envoyés par Jean avec des lettres tombèrent parmi les gardes que j’avais nommés pour surveiller les routes ; ainsi, ces hommes furent retenus sur place, comme je l’avais ordonné, mais je reçus les lettres, pleines de reproches et de mensonges ; et je comptais m’attaquer à ces hommes, sans en parler à personne.
48. Dès que Jonathan et ses compagnons apprirent mon arrivée, ils prirent tous leurs amis, et Jean avec eux, et se retirèrent dans la maison de Jésus, qui était en effet un grand château, qui ne ressemblait en rien à une citadelle. Ils y installèrent donc secrètement une troupe d’hommes armés, fermèrent toutes les portes sauf une, qu’ils maintinrent ouvertes, et s’attendaient à ce que je sorte du chemin pour les saluer. Ils avaient en effet donné ordre à ces hommes armés de ne laisser entrer personne d’autre que moi, à mon arrivée, mais d’exclure les autres, pensant que, par ce moyen, ils me mettraient facilement sous leur emprise. Mais ils furent trompés dans leur attente, car je compris les pièges qu’ils m’avaient tendus. Dès que je fus descendu de mon chemin, je m’installai en face d’eux et fis semblant de dormir. Alors Jonathan et sa troupe, pensant que j’étais réellement endormi et au repos, se hâtèrent de descendre dans la plaine pour persuader le peuple que j’étais un mauvais gouverneur. Mais les choses se révélèrent différentes. Dès leur apparition, les Galiléens poussèrent des cris, exprimant leur bonne opinion de moi en tant que leur gouverneur. Ils critiquèrent Jonathan et ses compagnons d’être venus les rejoindre alors qu’ils n’avaient subi aucun dommage, comme s’ils voulaient ruiner leur heureux établissement. Ils les pressèrent de retourner chez eux, car ils ne se laisseraient jamais persuader d’avoir un autre chef que moi. Dès que j’appris cela, je n’eus pas peur de descendre au milieu d’eux ; j’y descendis donc moi-même pour entendre ce que Jonathan et ses compagnons disaient. Dès mon apparition, toute la foule m’acclama et me félicita, avouant que je leur devais leurs remerciements pour ma bonne conduite.
49. Lorsque Jonathan et ses compagnons entendirent cela, ils craignirent pour leur vie et craignirent d’être attaqués par les Galiléens. Ils cherchèrent donc un moyen de s’enfuir. Mais comme ils ne pouvaient s’échapper, car je leur avais demandé de rester, ils regardèrent avec inquiétude mes paroles. J’ordonnai donc à la foule de retenir ses acclamations et plaçai mes plus fidèles hommes armés sur les avenues, pour nous protéger, de peur que Jean ne nous attaque à l’improviste. J’encourageai les Galiléens à prendre leurs armes, de peur d’être inquiétés par leurs ennemis, si une insulte soudaine leur était adressée. Ensuite, tout d’abord, je rappelai à Jonathan et à ses compagnons leur lettre précédente, et la manière dont ils m’avaient écrit, et je déclarai qu’ils étaient envoyés d’un commun accord auprès du peuple de Jérusalem, pour régler mes différends avec Jean, et comment ils m’avaient demandé de venir à eux. et tandis que je parlais ainsi, je montrai publiquement la lettre qu’ils avaient écrite, jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus nier ce qu’ils avaient fait, la lettre elle-même les condamnant. Je dis alors : « Ô Jonathan ! Et vous qui êtes envoyés avec lui comme collègues, si je devais être jugé sur ma conduite, comparée à celle de Jean, et que je n’avais amené que deux ou trois témoins [16], hommes bons et loyaux, il est clair que vous auriez été contraints, après examen préalable de leur caractère, de rejeter les accusations. Afin que vous sachiez donc que j’ai bien agi dans les affaires de Galilée, je pense que trois témoins sont trop peu nombreux pour être amenés par un homme qui a agi comme il se doit ; c’est pourquoi je vous ai tous donnés pour témoins. Demandez-leur [17] comment j’ai vécu, et si je ne me suis pas conduit en toute décence et de manière vertueuse parmi eux. Et je vous conjure de plus, ô Galiléens ! de ne rien cacher de la vérité, mais de dire devant ces hommes comme devant des juges si, en quoi que ce soit, j’ai agi autrement que bien. »
50. Tandis que je parlais ainsi, les voix de tout le peuple s’unirent et m’appelèrent leur bienfaiteur et leur sauveur, attestèrent de ma conduite passée et m’exhortèrent à continuer ainsi désormais. Tous affirmèrent, sous serment, que leurs femmes avaient été préservées de tout tort et que personne n’avait jamais été lésé par moi. Après cela, je lus aux Galiléens deux des épîtres envoyées par Jonathan et ses collègues, et que ceux que j’avais désignés pour surveiller la route avaient reçues et m’avaient envoyées. Elles étaient pleines de reproches et de mensonges, comme si j’avais agi envers eux plus comme un tyran que comme un gouverneur, et contenaient bien d’autres choses qui n’étaient rien de plus que des mensonges impudents. J’expliquai également à la foule comment je m’étais procuré ces lettres, et que ceux qui les portaient les avaient remises volontairement. car je ne voulais pas que mes ennemis sachent quoi que ce soit des gardes que j’avais placées, de peur qu’ils ne soient effrayés et ne cessent d’écrire à l’avenir.
51. Lorsque la multitude entendit ces choses, elle fut vivement irritée contre Jonathan et ses compagnons qui l’accompagnaient, et elle allait les attaquer et les tuer. Et c’est ce qu’ils auraient certainement fait, si je n’avais pas contenu la colère des Galiléens et dit : « Je pardonnais à Jonathan et à ses compagnons ce qui s’était passé, s’ils se repentaient, retournaient dans leur pays et disaient la vérité sur ma conduite à ceux qui les ont envoyés. » Après avoir dit cela, je les laissai partir, sachant qu’ils ne tiendraient pas leurs promesses. Mais la multitude était très furieuse contre eux et me suppliait de leur permettre de les punir de leur insolence. Pourtant, j’essayai par tous les moyens de les persuader d’épargner ces hommes, car je savais que toute sédition était néfaste au bien public. Mais la foule était trop irritée contre eux pour se laisser dissuader, et tous se rendirent immédiatement à la maison où Jonathan et ses compagnons demeuraient. Cependant, lorsque je vis que leur rage ne pouvait être contenue, je montai à cheval et ordonnai à la multitude de me suivre jusqu’au village de Sogane, qui était à vingt stades de Gabara ; et en utilisant ce stratagème, je me débrouillai de manière à ne pas paraître commencer une guerre civile parmi eux.
52. Arrivé près de Sogane, je fis halte à la multitude et l’exhortai à ne pas se laisser si facilement irriter et à ne pas infliger des châtiments irrévocables. Je donnai également l’ordre à cent hommes, déjà âgés et éminents parmi eux, de se préparer pour Jérusalem et de porter plainte auprès du peuple contre ceux qui fomentaient des séditions dans le pays. Je leur dis : « Si vos paroles les touchent, vous demanderez à la communauté de m’écrire pour m’enjoindre de rester en Galilée et d’ordonner à Jonathan et à ses compagnons de partir. » Après leur avoir suggéré ces instructions, et pendant qu’ils se préparaient au plus vite, je les envoyai en mission le troisième jour après leur rassemblement. J’envoyai également cinq cents hommes armés avec eux [comme garde]. J’écrivis alors à mes amis de Samarie, pour qu’ils veillent à ce qu’ils puissent traverser le pays en toute sécurité. Car la Samarie était déjà sous le joug des Romains, et il était absolument nécessaire pour ceux qui se rendaient rapidement à Jérusalem de traverser cette région ; car c’est par cette route qu’on peut, en trois jours, aller de la Galilée à Jérusalem. J’y allai moi-même, et je conduisis les vieillards jusqu’aux frontières de la Galilée, et je plaçai des gardes sur les routes, afin que personne ne sût facilement qu’ils étaient partis. Après cela, je m’en allai et séjournai à Japha.
53. Jonathan et ses collègues, n’ayant pas réussi à accomplir ce qu’ils voulaient faire contre moi, renvoyèrent Jean à Gischala, mais se rendirent eux-mêmes à Tibériade, espérant qu’elle se soumettrait à eux. Cette décision était fondée sur une lettre que Jésus, leur gouverneur d’alors, leur avait écrite, promettant que, s’ils venaient, la multitude les accueillerait et choisirait de se soumettre à eux. Ils partirent donc avec cette espérance. Mais Silas, que j’avais établi curateur de Tibériade, comme je l’ai dit, m’en informa et me pria de m’y rendre au plus vite. Je suivis donc immédiatement son conseil et m’y rendis. Mais je me trouvai en danger de mort à cause de la circonstance suivante : Jonathan et ses collègues étaient à Tibériade et avaient persuadé un grand nombre de ceux qui m’avaient contesté de m’abandonner. Mais lorsqu’ils apprirent mon arrivée, ils craignirent pour eux-mêmes et vinrent me trouver. Après m’avoir salué, ils dirent que j’étais heureux de m’être si bien comporté dans le gouvernement de la Galilée ; et ils me félicitèrent des honneurs qui m’étaient rendus : ils disaient que ma gloire leur faisait honneur, puisqu’ils avaient été mes maîtres et mes concitoyens ; et ils ajoutèrent qu’il était juste qu’ils préfèrent mon amitié à celle de Jean, et qu’ils seraient rentrés immédiatement chez eux, s’ils n’étaient restés que pour me livrer Jean. Après avoir dit cela, ils en firent serment, ainsi que ceux qui sont les plus redoutables parmi nous, et que je ne jugeais pas bon de ne pas croire. Cependant, ils me demandèrent de loger ailleurs, car le lendemain était un sabbat, et il ne convenait pas que la ville de Tibériade fût troublée ce jour-là.
54. Je ne me doutai donc de rien et me rendis à Tarichese. Cependant, je laissai quelques personnes s’enquérir dans la ville de l’état des choses et de ce qu’on disait de moi. J’envoyai aussi beaucoup de gens tout le long du chemin qui menait de Tarichese à Tibériade, afin qu’ils puissent communiquer entre eux s’ils avaient des nouvelles de ceux qui étaient restés dans la ville. Le lendemain, donc, ils arrivèrent tous à la Proseucha ; [18] c’était un grand édifice, capable d’accueillir un grand nombre de personnes ; Jonathan y entra, et, bien qu’il n’osa pas parler ouvertement d’une révolte, il dit cependant que leur ville avait besoin d’un meilleur gouverneur qu’elle n’en avait alors. Mais Jésus, qui était le chef, n’hésita pas à parler ouvertement et dit ouvertement : « Ô concitoyens ! il vaut mieux pour vous être soumis à quatre qu’à un seul, et à ceux qui sont de haute naissance et qui ne sont pas sans réputation de sagesse ; » et il désigna Jonathan et ses collègues. Sur ces mots, Justus entra, le félicita et persuada quelques personnes de partager son avis. Mais la foule, mécontente de ce qui se disait, était entrée en tumulte, à moins que la sixième heure, déjà venue, n’eût dissous l’assemblée, heure à laquelle nos lois nous obligent à dîner le jour du sabbat. Jonathan et ses collègues reportèrent donc leur conseil au lendemain et partirent sans succès. Informé de ces événements, je résolus de me rendre à Tibériade le lendemain matin. Le lendemain, vers la première heure du jour, je revins de Tarichee et trouvai la foule déjà rassemblée dans la Proseucha ; mais ceux qui étaient réunis ignoraient pourquoi ils s’étaient réunis. Jonathan et ses collègues m’aperçurent là à l’improviste, et ils étaient en désordre ; après quoi ils racontèrent, de leur propre initiative, que des cavaliers romains avaient été aperçus à un endroit appelé Union, sur la frontière de la Galilée, à trente stades de la ville. Sur ce rapport, Jonathan et ses collègues m’exhortèrent astucieusement à ne pas négliger cette affaire et à ne pas laisser l’ennemi piller le pays. Ils disaient cela dans le but de m’expulser de la ville, sous prétexte de manque d’aide extraordinaire, alors qu’ils risquaient de la transformer en ennemi.
55. Quant à moi, bien que connaissant leur projet, je m’y conformai, de peur que les habitants de Tibériade ne soupçonnent que je ne me souciais pas de leur sécurité. Je partis donc ; mais, arrivé sur place, je ne trouvai pas la moindre trace d’ennemi. Je revins donc aussi vite que possible et trouvai le conseil tout entier assemblé, le peuple rassemblé, et Jonathan et ses collègues m’accusant avec véhémence, comme quelqu’un qui ne se souciait pas de les soulager des fardeaux de la guerre et qui vivait dans le luxe. Et tandis qu’ils discutaient ainsi, ils produisirent quatre lettres, comme écrites par des habitants des frontières de la Galilée, les implorant de leur venir en aide, car une armée romaine, cavaliers et fantassins, viendrait ravager le pays le troisième jour ; ils les priaient également de se hâter et de ne pas les négliger. Lorsque les habitants de Tibériade entendirent cela, ils crurent dire la vérité et se mirent à crier contre moi. Ils déclarèrent que je ne devais pas rester inactif, mais aller au secours de leurs compatriotes. Je répondis alors (car je comprenais le message de Jonathan et de ses compagnons) que j’étais prêt à me conformer à leur proposition et à marcher sans délai à la guerre dont ils parlaient. Je leur conseillai cependant que, puisque ces lettres annonçaient que les Romains attaqueraient en quatre points différents, ils devaient diviser leurs forces en cinq corps et nommer Jonathan et ses compagnons généraux de chaque corps. Car il convenait à des hommes courageux non seulement de donner des conseils, mais aussi de prendre la place de chefs et d’assister leurs compatriotes lorsque la nécessité les imposait ; car, dis-je, il ne m’était pas possible de diriger plus d’un parti. Ce conseil plut grandement à la foule ; elle la contraignit donc à partir en guerre. Mais leurs desseins furent mis en grand désordre, parce qu’ils n’avaient pas fait ce qu’ils avaient projeté de faire, à cause de mon stratagème, qui était contraire à leurs entreprises.
56. Or, il y avait un nommé Ananias (un homme méchant et très malfaisant) ; il proposa qu’un jeûne religieux général [19] soit institué pour le lendemain pour tout le peuple, et ordonna qu’à la même heure ils se présentent au même endroit, sans armes, pour montrer devant Dieu que, tout en obtenant son aide, ils jugeaient toutes ces armes inutiles. Il disait cela non par piété, mais pour nous surprendre, moi et mes amis, sans armes. Or, je fus alors contraint d’obtempérer, de peur de paraître mépriser une proposition qui tendait à la piété. Aussitôt rentrés, Jonathan et ses collègues écrivirent à Jean de venir les rejoindre le lendemain matin, le priant de venir avec autant de soldats que possible, afin qu’ils puissent alors facilement me mettre entre leurs mains et faire tout ce qu’ils désiraient. Lorsque Jean eut reçu cette lettre, il résolut de l’exécuter. Quant à moi, le lendemain, j’ordonnai à deux de mes gardes, que j’estimais les plus courageux et les plus fidèles, de cacher des poignards sous leurs vêtements et de m’accompagner afin que nous puissions nous défendre si nos ennemis nous attaquaient. Je pris moi-même ma cuirasse, ceignis mon épée afin de la dissimuler autant que possible, et j’entrai dans la Proseucha.
57. Jésus, qui était le chef, ordonna d’exclure tous ceux qui m’accompagnaient, car il gardait lui-même la porte et ne laissait entrer que ses amis. Pendant que nous étions occupés à nos devoirs du jour et que nous étions en prière, Jésus se leva et me demanda ce qu’il était advenu des vases emportés du palais du roi après son incendie, ainsi que de cet argent non monnayé ; et à qui étaient-ils maintenant ? Il disait cela pour gagner du temps jusqu’à l’arrivée de Jean. Je dis que Capellus et les dix principaux de Tibériade les avaient tous ; et je lui dis qu’ils pourraient leur demander si j’avais menti ou non. Et lorsqu’ils dirent qu’ils les avaient, il me demanda : « Qu’est-il advenu de ces vingt pièces d’or que tu as reçues pour la vente d’un certain poids d’argent non monnayé ? » Je répondis que je les avais données à leurs ambassadeurs, pour leur entretien, lorsqu’ils les avaient envoyés à Jérusalem. Jonathan et ses collègues dirent que je n’avais pas bien fait de payer les ambassadeurs sur les deniers publics. La foule, vivement irritée, constatant la méchanceté de ces hommes, comprit qu’un tumulte allait éclater. Désireux d’attiser la colère du peuple contre eux, je dis : « Si je n’ai pas bien fait de payer nos ambassadeurs sur les deniers publics, cessez votre colère contre moi, car je rembourserai moi-même les vingt pièces d’or. »
58. Après avoir dit cela, Jonathan et ses collègues gardèrent le silence ; mais le peuple fut encore plus irrité contre eux, car ils manifestaient ouvertement leur injuste mauvaise volonté à mon égard. Voyant ce changement dans le peuple, Jésus leur ordonna de partir, mais demanda au Sénat de rester. Français car ils ne pouvaient pas examiner des choses de cette nature dans un tumulte : et comme le peuple criait qu’il ne voulait pas me laisser tranquille, quelqu’un vint dire à Jésus et à ses amis en particulier que Jean et ses hommes armés étaient proches. Sur quoi Jonathan et ses collègues, ne pouvant se contenir plus longtemps (et peut-être la providence de Dieu procurant ainsi ma délivrance, car sans cela, j’aurais certainement été détruit par Jean), dirent : « Ô vous, peuple de Tibériade ! cessez cette enquête au sujet des vingt pièces d’or ; car Josèphe n’a pas mérité de mourir pour elles ; mais il l’a mérité par son désir de tyranniser et en trompant la multitude des Galiléens par ses discours, afin de s’emparer d’eux. » Lorsqu’il eut dit cela, ils mirent aussitôt la main sur moi et essayèrent de me tuer ; mais dès que ceux qui étaient avec moi virent ce qu’ils faisaient, ils tirèrent leurs épées et menacèrent de les frapper s’ils me faisaient violence. Le peuple prit aussi des pierres, et voulut les jeter sur Jonathan ; et ainsi ils m’arrachèrent à la violence de mes ennemis.
59. Mais, comme je m’éloignais un peu, je me trouvais sur le point de rencontrer Jean, qui marchait avec ses hommes armés. J’eus peur de lui, je fis un détour et m’échappai par un passage étroit jusqu’au lac. Je m’emparai d’un navire, m’y embarquai et fis voile vers Tarichese. Contre toute attente, j’échappai ainsi à ce danger. Sur ce, j’envoyai chercher le chef des Galiléens et leur racontai comment, contre toute foi, j’avais été bien près d’être détruit par Jonathan, ses compagnons et les habitants de Tibériade. Sur quoi, la multitude des Galiléens fut très irritée et m’encouragea à ne plus tarder à leur faire la guerre, mais à les laisser s’attaquer à Jean et à le détruire complètement, ainsi que Jonathan et ses compagnons. Cependant, malgré leur fureur, je les ai retenus et je leur ai demandé de patienter un peu, jusqu’à ce que nous soyons informés des ordres que les ambassadeurs qu’ils avaient envoyés à Jérusalem devaient apporter de là. Je leur ai dit qu’il valait mieux agir selon leur résolution ; sur quoi ils ont été convaincus. À ce moment-là, Jean, les embûches qu’il avait tendues n’ayant pas eu d’effet, retourna à Gischala.
60. Quelques jours plus tard, les ambassadeurs qu’il avait envoyés revinrent et nous informèrent que le peuple était vivement irrité contre Ananus, Simon, fils de Gamaliel, et leurs amis ; que, sans aucune décision publique, ils avaient envoyé des messagers en Galilée et avaient fait tout leur possible pour que je sois chassé du gouvernement. Les ambassadeurs ajoutèrent que le peuple était prêt à brûler ses maisons. Ils apportèrent également des lettres par lesquelles les notables de Jérusalem, à la demande pressante du peuple, me confirmaient dans le gouvernement de la Galilée et enjoignaient à Jonathan et à ses collègues de rentrer rapidement chez eux. Après avoir reçu ces lettres, je me rendis au village d’Arbèles. J’y fis convoquer une assemblée de Galiléens et demandai aux ambassadeurs de leur faire part de la colère des habitants de Jérusalem face aux agissements de Jonathan et de ses compagnons, de leur répugnance pour leurs méfaits, de leur confirmation à la tête de leur pays et de l’ordre écrit qu’ils avaient donné à Jonathan et à ses compagnons de rentrer chez eux. Je leur envoyai donc immédiatement la lettre et demandai à celui qui la portait de s’enquérir, autant que possible, de la conduite qu’ils avaient l’intention de tenir à cette occasion.
61. Ayant reçu cette lettre, et profondément troublés par elle, ils envoyèrent chercher Jean, les sénateurs de Tibériade et les principaux des Gabarens, et proposèrent de tenir un conseil, les priant de considérer ce qu’ils devaient faire. Cependant, les gouverneurs de Tibériade étaient très disposés à garder le gouvernement pour eux-mêmes ; car ils disaient qu’il n’était pas convenable d’abandonner leur ville, maintenant qu’elle leur était confiée, et que sinon je ne tarderais pas à les attaquer ; car ils prétendaient faussement que c’était ce que j’avais menacé de faire. Jean non seulement était de leur avis, mais leur conseilla que deux d’entre eux aillent m’accuser devant la foule [à Jérusalem], que je ne dirige pas les affaires de la Galilée comme je le devrais ; et qu’ils persuaderaient facilement le peuple, en raison de leur dignité et de la grande variabilité de la foule. Quand Jean leur eut donné le conseil le plus sage, ils décidèrent que deux d’entre eux, Jonathan et Ananias, iraient vers les habitants de Jérusalem, tandis que les deux autres resteraient à Tiberin. Ils prirent aussi avec eux une centaine de soldats pour les garder.
62. Cependant, les gouverneurs de Tibériade prirent soin de fortifier leur ville et ordonnèrent à leurs habitants de prendre les armes. Ils envoyèrent aussi chercher de nombreux soldats de Jean pour les aider contre moi, si besoin était. Or, Jean était à Gischala. Jonathan et ceux qui étaient avec lui, après leur départ de Tibériade, et dès qu’ils furent arrivés à Dabaritta, village situé à l’extrémité de la Galilée, dans la grande plaine, ils tombèrent, vers minuit, entre les mains des gardes que j’avais postés. Ceux-ci leur ordonnèrent de déposer leurs armes et les gardèrent enchaînés sur place, comme je le leur avais ordonné. Cette nouvelle me fut écrite par Lévi, à qui j’avais confié le commandement de cette garde. Je n’en dis rien pendant deux jours, Faisant semblant de ne rien savoir, j’envoyai un message aux habitants de Tibériade pour leur conseiller de déposer les armes et de renvoyer leurs hommes afin qu’ils puissent rentrer chez eux. Mais, pensant que Jonathan et ceux qui l’accompagnaient étaient déjà arrivés à Jérusalem, ils me firent des reproches. Pourtant, je n’en fus pas effrayé, et je conçus un autre stratagème contre eux, car je ne jugeais pas conforme à la piété d’allumer le feu de la guerre contre les citoyens. Comme je voulais attirer ces hommes loin de Tibériade, je choisis dix mille de mes meilleurs hommes armés, les divisai en trois corps et leur ordonnai d’aller discrètement et de se tenir en embuscade dans les villages. J’en conduisis aussi mille dans un autre village, situé dans la montagne comme les autres, mais à seulement quatre stades de Tibériade ; et je donnai l’ordre de descendre immédiatement à mon signal, tandis que moi-même, avec mes soldats, je resterais à la vue de tous. Alors, à ma vue, les habitants de Tibériade accoururent hors de la ville et m’injurièrent sans cesse. Leur folie était telle qu’ils me firent un cercueil convenable et, debout autour, se lamentèrent sur moi, par jeu et par plaisanterie ; et je ne pouvais qu’être de bonne humeur à la vue de leur folie.
63. Désireux de surprendre Simon par ruse, et Joazar avec lui, je leur envoyai un messager, les priant de s’éloigner un peu de la ville, avec plusieurs de leurs amis pour les garder. Je disais que je descendrais vers eux, que je conclurais une alliance avec eux et que je partagerais avec eux le gouvernement de la Galilée. Simon, abusé par son imprudence et par l’espoir d’un gain, ne tarda pas à venir ; mais Joazar, soupçonnant des pièges, resta en arrière. Lorsque Simon fut sorti, et ses amis avec lui pour le garder, je le rencontrai, le saluai avec beaucoup de politesse, et lui témoignai ma reconnaissance d’être venu me trouver. Peu après, je marchai avec lui, comme pour lui dire quelque chose en privé ; et, l’ayant éloigné de ses amis, je le pris par le milieu et le donnai à mes amis qui étaient avec moi pour le conduire dans un village. Ordonnant à mes hommes armés de descendre, je lançai avec eux l’assaut sur Tibériade. Le combat s’intensifiant des deux côtés, les soldats tibériens étant sur le point de me vaincre (car mes hommes armés avaient déjà pris la fuite), je vis l’état de mes affaires. Encourageant ceux qui étaient avec moi, je poursuivis les Tibériens, même s’ils étaient déjà vainqueurs, jusqu’à l’intérieur de la ville. J’envoyai également une autre troupe de soldats dans la ville, près du lac, et leur donnai l’ordre de mettre le feu à la première maison qu’ils pourraient s’emparer. Cela fait, les habitants de Tibériade, croyant leur ville prise de force, jetèrent les armes, effrayés, et implorèrent, eux, leurs femmes et leurs enfants, que j’épargne leur ville. Leurs supplications me persuadèrent de la violence avec laquelle ils les poursuivaient. Quant à moi, le soir venu, je retournai avec mes soldats pour aller me rafraîchir. J’invitai aussi Simon à souper avec moi, et je le consolai de ce qui était arrivé ; et je lui promis de le renvoyer sain et sauf à Jérusalem, et de lui donner en même temps des provisions pour son voyage.
64. Le lendemain, j’emmène dix mille hommes armés avec moi et je vais à Tibériade. J’envoie chercher les principaux de la foule sur la place publique et leur ordonne de me révéler les auteurs de la révolte. Lorsqu’ils me les révèlent, je les envoie liés à la ville de Jotapata. Quant à Jonathan et à Ananias, je les libère de leurs liens et leur donne des provisions pour le voyage, ainsi que Simon et Joazar, et cinq cents hommes armés pour les garder. Je les envoie ensuite à Jérusalem. Les habitants de Tibériade reviennent aussi me trouver et me demandent pardon pour leurs actes. Ils me disent qu’ils répareront leurs torts envers moi par leur fidélité pour l’avenir. Ils me supplient de conserver le butin restant du pillage de la ville pour ceux qui les ont perdus. J’ordonne donc à ceux qui les avaient capturés de nous les amener tous. et comme ils n’obéirent pas pendant un long moment, et que je vis un des soldats qui étaient autour de moi portant un vêtement plus splendide que d’habitude, je lui demandai d’où il le tenait ; et comme il répondit qu’il le tenait du butin de la ville, je le fis punir de coups de fouet ; et je menaçai tous les autres de leur infliger un châtiment plus sévère, s’ils ne présentaient devant nous tout ce qu’ils avaient pillé ; et lorsqu’un grand butin fut rassemblé, je rendis à chacun des Tibériens ce qu’ils prétendaient être le sien.
65. Et maintenant que j’en suis arrivé à cette partie de mon récit, j’ai envie de dire quelques mots à Justus, qui a lui-même écrit une histoire sur ces affaires, ainsi qu’à d’autres qui prétendent écrire l’histoire, mais qui ont peu d’égards pour la vérité et ne craignent pas, par malveillance ou par bienveillance envers certaines personnes, de raconter des mensonges. Ces hommes agissent comme ceux qui falsifient des actes et des actes de transfert ; et, n’étant pas punis comme eux, ils n’ont aucun égard pour la vérité. Ainsi, lorsque Justus entreprit d’écrire sur ces faits et sur la guerre des Juifs, afin de paraître un homme travailleur, il falsifia ce qu’il rapporta à mon sujet, et ne put même pas dire la vérité sur son propre pays. C’est pourquoi, ayant été démenti par lui, je suis obligé de me défendre ; je dirai donc ce que j’ai caché jusqu’ici. Et que personne ne s’étonne que je n’aie pas révélé ces choses au monde depuis longtemps. Car, bien qu’il soit nécessaire à un historien d’écrire la vérité, il n’est pas tenu de critiquer sévèrement la méchanceté de certains hommes ; non par faveur envers eux, mais par modération. Comment se fait-il donc, ô Justus ! toi le plus sagace des écrivains (que je puisse m’adresser à lui comme s’il était ici présent), que tu te vantes ainsi, que moi et les Galiléens ayons été les auteurs de la sédition que ton pays a engagée, tant contre les Romains que contre le roi [Agrippa, fils]. Car avant même que je sois nommé gouverneur de Galilée par la communauté de Jérusalem, toi et tout le peuple de Tibériade aviez non seulement pris les armes, mais aviez fait la guerre à la Décapole de Syrie. C’est pourquoi tu avais ordonné que leurs villages soient brûlés, et un de tes domestiques était tombé dans la bataille. Et ce n’est pas moi seul qui le dis ; c’est ce qui est écrit dans les Commentaires de Vespasien, l’empereur ; De même, les habitants de la Décapole vinrent à Ptolémaïs réclamer à grands cris Vespasien, demandant que toi, l’auteur de cette guerre, tu sois puni. Et tu aurais certainement été puni sur l’ordre de Vespasien, si le roi Agrippa, qui avait le pouvoir de te faire mettre à mort, n’avait, sur les instances pressantes de sa sœur Bérénice, transformé la peine de mort en une longue peine de prison. Ta gestion politique ultérieure révèle aussi clairement ton autre comportement et que tu fus à l’origine de la révolte de ton pays contre les Romains ; j’en donnerai des preuves évidentes tout à l’heure. J’ai aussi l’intention de dire quelques mots au reste du peuple de Tibériade à ton sujet, et de démontrer à ceux qui liront cette histoire que tu n’avais aucune bienveillance, ni envers les Romains, ni envers le roi. Assurément, les plus grandes villes de Galilée, ô Justus ! Sepphoris et ta contrée de Tibériade. Or, Sepphoris, située au cœur même de la Galilée et entourée de nombreux villages,Français et capable avec facilité d’être audacieux et gênant pour les Romains, s’ils l’avaient voulu, il résolut néanmoins de rester fidèle à ceux de leurs maîtres, et en même temps m’exclut de leur ville, et interdit à tous leurs citoyens de se joindre aux Juifs dans la guerre ; et, afin qu’ils puissent être hors de danger de ma part, ils, par une ruse, obtinrent de moi la permission de fortifier leur ville avec des murs : ils ont aussi, de leur propre chef, admis une garnison de légions romaines, envoyées par Cestlus Gallus, qui était alors président de Syrie, et ainsi m’avaient méprisé, bien que j’étais alors très puissant, et que tous avaient une grande peur de moi ; et en même temps que la plus grande de nos villes, Jérusalem, était assiégée, et que notre temple, qui appartenait à nous tous, était en danger de tomber sous la puissance de l’ennemi, ils n’y envoyèrent aucune aide, comme ne voulant pas qu’on pense qu’ils porteraient les armes contre les Romains. Quant à ton pays, ô Justus, situé sur le lac de Génésareth, à trente stades d’Hippone, soixante de Gadara et cent vingt de Scythopolis, qui était sous la juridiction du roi, il aurait pu aisément, sans ville juive à proximité, rester fidèle aux Romains s’il leur avait plu, car la ville et ses habitants étaient bien armés. Mais, comme tu le dis, j’étais alors l’auteur de leurs révoltes. Et je t’en prie, ô Justus ! Qui fut cet auteur ensuite ? Tu sais que j’étais au pouvoir des Romains avant le siège de Jérusalem, et qu’avant la prise de Jotapata, ainsi que de nombreuses autres forteresses, un grand nombre de Galiléens tombèrent au combat. C’était donc le moment opportun, puisque vous étiez assurément libérés de toute crainte à cause de moi, de jeter vos armes et de démontrer au roi et aux Romains que ce n’était pas par choix, mais par nécessité, que vous vous étiez engagés dans la guerre contre eux. Mais vous êtes restés jusqu’à ce que Vespasien soit arrivé lui-même jusqu’à vos murs, avec toute son armée. Alors, par crainte, vous avez effectivement déposé vos armes, et votre ville aurait certainement été prise de force, à moins que Vespasien n’ait cédé à la supplication du roi en votre faveur et n’ait excusé votre folie. Ce n’est donc pas moi qui étais à l’origine de tout cela, mais votre propre inclination à la guerre. Ne vous souvenez-vous pas combien de fois je vous ai soumis sans pourtant mettre à mort aucun de vous ? Vous vous êtes un jour révoltés les uns contre les autres et avez tué cent quatre-vingt-cinq de vos concitoyens, non par bienveillance envers le roi et les Romains, mais par votre propre méchanceté, alors que j’étais assiégé par les Romains à Jotapata. N’a-t-on pas compté deux mille Tibériens lors du siège de Jérusalem ? Certains furent tués, d’autres capturés et emmenés captifs ? Mais vous prétendez ne pas avoir pris part à la guerre, puisque vous avez fui vers le roi. Oui, en effet.Tu as fui vers lui ; mais je dis que c’était par crainte de moi. Tu dis, en effet, que c’est moi qui suis un homme méchant. Mais alors, pour quelle raison le roi Agrippa, qui t’a procuré la vie lorsque tu étais condamné à mort par Vespien, et qui t’a comblé de tant de richesses, t’a-t-il ensuite mis en prison à deux reprises, et contraint autant de fois à fuir ton pays, et, après t’avoir une fois ordonné la mort, t’a-t-il accordé son pardon à la demande pressante de Bérénice ? Et lorsque (après tant de tes mauvaises actions) il t’a nommé son secrétaire, il t’a surpris en train de falsifier ses lettres et t’a chassé de sa vue. Mais je n’examinerai pas avec précision ces faits de scandale contre toi. Je ne peux m’empêcher de m’étonner de ton impudence, alors que tu as l’assurance d’avoir mieux relaté ces événements [de la guerre] que tous ceux qui les ont écrits, alors que tu ignorais ce qui s’était passé en Galilée ; car tu étais alors à Béryte avec le roi ; tu ne savais pas non plus combien les Romains avaient souffert au siège de Jotapata, ni quels malheurs ils nous avaient infligés ; tu n’as pas non plus pu apprendre par enquête ce que j’ai fait moi-même pendant ce siège ; car tous ceux qui auraient pu me fournir de telles informations ont été entièrement détruits lors de ce siège. Mais tu diras peut-être que tu as décrit précisément ce qui a été fait au peuple de Jérusalem. Mais comment cela se pourrait-il ? Car tu n’as pas participé à cette guerre et tu n’as pas lu les commentaires de César, ce dont nous avons la preuve évidente, puisque tu les as contredits dans ton histoire. Mais si tu oses affirmer que tu as écrit cette histoire mieux que tous les autres, pourquoi ne l’as-tu pas publiée du vivant des empereurs Vespasien et Titus, généraux de cette guerre, ainsi que du roi Agrippa et de sa famille, hommes très versés dans l’étude des Grecs ? Car tu l’as écrite il y a vingt ans, et alors tu aurais pu avoir la preuve de ton exactitude. Mais maintenant que ces hommes ne sont plus parmi nous et que tu penses ne pouvoir être contredit, tu te permets de la publier. Or, je n’avais pas peur de mes propres écrits, mais j’ai offert mes livres aux empereurs eux-mêmes, alors que les faits étaient presque connus ; car j’étais conscient d’avoir constaté la véracité des faits ; et comme je m’attendais à avoir leur attestation, je ne me suis pas trompé dans cette attente. De plus, j’ai immédiatement présenté mon histoire à de nombreuses autres personnes, dont certaines étaient impliquées dans la guerre, comme le roi Agrippa et certains de ses proches. Or, l’empereur Titus désirait tellement que ces seuls livres soient la source de ces événements qu’il les a signés de sa propre main et a ordonné leur publication. Il m’a écrit soixante-deux lettres pour le roi Agrippa.et j’ai attesté la véracité de ce que j’y avais livré ; j’ai joint ici deux de ces lettres, et vous pouvez ainsi en connaître le contenu : « Roi Agrippa à Josèphe, cependant, quand tu viendras me voir, je t’informerai de beaucoup de choses que tu ignores. » Ainsi, lorsque cette histoire fut achevée, Agrippa, non par flatterie, ce qui ne lui était pas agréable, ni par ironie, comme tu le diras (car il était totalement étranger à une telle disposition d’esprit mauvaise), mais il écrivit ceci en guise d’attestation de ce qui était vrai, comme tous ceux qui lisent des histoires peuvent le faire. Et tant de choses seront dites sur Justus [20] que je suis obligé d’ajouter en guise de digression.
66. Après avoir réglé les affaires de Tibériade et réuni mes amis en sanhédrin, je consultai sur ce que je devais faire à l’égard de Jean. Sur ce, tous les Galiléens semblèrent être d’avis que je les armerais tous, que je marcherais contre Jean et que je le punisse comme l’auteur de tous les troubles survenus. Pourtant, leur résolution ne me convenait pas, car ils voulaient régler ces troubles sans effusion de sang. Sur ce, je les exhortai à prendre le plus grand soin de connaître les noms de tous ceux qui étaient sous les ordres de Jean. Lorsqu’ils eurent terminé, et que je sus ainsi qui étaient ces hommes, je publiai un édit dans lequel j’offrais une caution et ma main droite à ceux du parti de Jean qui voulaient se repentir ; et j’accordais vingt jours à ceux qui prendraient cette décision la plus avantageuse pour eux-mêmes. Je les menaçai également que, s’ils ne jetaient pas les armes, je brûlerais leurs maisons et exposerais leurs biens à la vente publique. Lorsque les hommes apprirent cela, ils furent dans un grand désordre et abandonnèrent Jean. Au nombre de quatre mille, ils jetèrent les armes et vinrent à moi. De sorte que seuls restèrent auprès de Jean ses concitoyens et environ quinze cents étrangers venus de Tyr. Jean, voyant qu’il avait été déjoué par ma ruse, resta ensuite dans son pays, et me craignit beaucoup.
67. Mais vers cette époque, les habitants de Sepphoris s’insolent et prennent les armes, confiants dans la solidité de leurs murs et me voyant occupés d’autres affaires. Ils envoyèrent donc Cestius Gallus, président de Syrie, le prier de venir rapidement à eux et de prendre leur ville sous sa protection, ou de leur envoyer une garnison. Gallus leur promit donc de venir, mais ne me fit pas savoir quand il viendrait. Après avoir appris cela, je pris les soldats qui étaient avec moi, je lançai l’assaut sur les habitants de Sepphoris et pris la ville de force. Les Galiléens saisirent cette occasion, pensant avoir le moment propice pour leur manifester leur haine, car ils nourrissaient également de la rancœur envers cette ville. Ils se mirent alors en devoir de les détruire tous, y compris ceux qui y séjournaient. Ils se précipitèrent donc sur eux et incendièrent leurs maisons, les trouvant sans habitants. Les hommes, pris de peur, coururent ensemble à la citadelle. Les Galiléens emportèrent donc tout et ne laissèrent rien au hasard pour la dévastation qu’ils pouvaient causer à leurs compatriotes. Voyant cela, j’en fus extrêmement troublé, et je leur ordonnai de s’arrêter, leur rappelant qu’il n’était pas conforme à la piété de faire de telles choses à leurs compatriotes. Mais comme ils ne voulaient écouter ni mes exhortations ni mes ordres (car la haine qu’ils portaient au peuple était trop forte pour mes exhortations), je demandai à mes amis les plus fidèles et ceux qui m’entouraient de faire des rapports, comme si les Romains attaquaient l’autre partie de la ville avec une grande armée. Je fis cela afin que, par la propagation de ce bruit, je puisse contenir la violence des Galiléens et préserver la ville de Sepphoris. Et finalement, ce stratagème eut son effet. En entendant ce rapport, ils craignirent pour eux-mêmes, cessèrent donc de piller et s’enfuirent ; d’autant plus qu’ils me virent, moi leur général, faire de même ; car, pour faire croire à ce rapport, je feignis d’avoir peur autant qu’eux. Ainsi, les habitants de Sepphoris furent sauvés de façon inattendue par ce stratagème.
68. Tibériade aurait bien failli être pillée par les Galiléens à la même occasion : les principaux du sénat écrivirent au roi pour le prier de venir à eux et de prendre possession de leur ville. Le roi promit de venir, écrivit une lettre en réponse et la confia à l’un de ses compagnons, Crispus, juif de naissance, pour la porter à Tibériade. Lorsque les Galiléens surent que cet homme portait une telle lettre, ils le saisirent et me l’amenèrent ; mais dès que toute la multitude l’apprit, ils furent furieux et prirent les armes. Le lendemain, un grand nombre d’entre eux, venus de tous côtés, se rendirent à la ville d’Asochis, où je logeais alors. Ils poussèrent de fortes clameurs, qualifiant Tibériade de traître à leurs yeux et d’amie du roi, et me demandèrent la permission de descendre et de la détruire entièrement. car ils portaient la même rancœur aux habitants de Tibériade qu’à ceux de Sepphoris.
69. En entendant cela, je fus incertain de ce que je devais faire et hésitais sur les moyens de délivrer Tibériade de la fureur des Galiléens. Car je ne pouvais nier que les habitants de Tibériade avaient écrit au roi pour l’inviter à venir les voir ; ses lettres de réponse en prouveraient pleinement la véracité. Je restai donc assis un long moment à réfléchir, puis je leur dis : « Je sais bien que les habitants de Tibériade ont commis des péchés ; je ne vous interdis pas non plus de piller la ville. Cependant, il faut agir avec discernement ; car les habitants de Tibériade n’ont pas été les seuls à trahir notre liberté, mais plusieurs des plus éminents patriotes galiléens, comme ils le prétendaient, ont agi de même. Attendez donc que j’aie complètement découvert les auteurs de notre danger, et alors vous les aurez tous sous votre contrôle, ainsi que tous ceux que vous y introduirez. » En disant cela, j’apaisa la multitude, qui abandonna sa colère et s’en alla. J’ordonnai que celui qui apportait les lettres du roi fût mis en prison ; mais quelques jours plus tard, je feignis d’être contraint, par une nécessité personnelle, de quitter le royaume. J’appelai alors Crispus en secret et lui ordonnai de libérer le soldat qui l’enivrait et de se réfugier auprès du roi. Ainsi, lorsque Tibériade fut menacée d’être entièrement détruite une seconde fois, elle échappa au danger grâce à mon habileté et au soin que j’ai apporté à sa préservation.
70. C’est à cette époque que Justus, fils de Pistus, s’enfuit à mon insu auprès du roi ; je vais raconter ici les circonstances. Au début de la guerre entre les Juifs et les Romains, les habitants de Tibériade résolurent de se soumettre au roi et de ne pas se révolter contre les Romains. Justus essaya de les persuader de prendre les armes, car il était lui-même avide d’innovations et espérait obtenir le gouvernement de la Galilée, ainsi que de son propre pays [Tibériade]. Mais il n’obtint pas ce qu’il espérait, car les Galiléens en voulaient à ceux de Tibériade, irrités par les souffrances qu’ils leur avaient infligées avant la guerre ; c’est pourquoi ils refusèrent que Justus soit leur gouverneur. Moi aussi, à qui la communauté de Jérusalem avait confié le gouvernement de la Galilée, j’en venais souvent à une telle colère contre Justus que j’étais sur le point de le tuer, incapable de supporter son caractère malveillant. Il avait donc très peur de moi, craignant que ma colère ne finisse par atteindre son paroxysme ; il alla donc trouver le roi, pensant qu’il serait mieux et plus en sécurité avec lui.
71. Or, lorsque les habitants de Sepphoris eurent, de façon si surprenante, échappé à leur premier danger, ils envoyèrent Cestius Gallus pour le prier de venir immédiatement à eux et de prendre possession de leur ville, ou d’envoyer des forces suffisantes pour réprimer toutes les incursions ennemies. Finalement, ils persuadèrent Gallus de leur envoyer une armée considérable, cavalerie et infanterie, qui arriva de nuit et qu’ils laissèrent entrer dans la ville. Mais comme les environs étaient harcelés par l’armée romaine, je pris les soldats qui m’entouraient et me rendis à Garisme, où j’élevai un talus, à bonne distance de Sepphoris. Arrivé à vingt stades de distance, je l’abordai de nuit et donnai l’assaut à ses murs avec mes forces. Après avoir ordonné à un nombre considérable de mes soldats de les escalader avec des échelles, je m’emparai de la plus grande partie de la ville. Mais peu après, notre méconnaissance des lieux nous força à nous retirer, après avoir tué douze fantassins romains, deux cavaliers et quelques habitants de Sepphoris, et n’avoir perdu qu’un seul homme. Un combat dans la plaine contre la cavalerie, que nous avions longtemps affronté courageusement, nous serions vaincus. Mes soldats, effrayés, battirent en retraite. L’un de ceux qui avaient été chargés de me protéger tomba dans cette bataille : Justus, qui occupait alors le même poste auprès du roi. Des troupes, cavaliers et fantassins, arrivèrent également du roi, et Sylla, leur commandant, était le chef de sa garde. Sylla établit son camp à cinq stades de Julias et posta une garde sur les routes, celle de Cana et celle de la forteresse de Gamala, afin d’empêcher leurs habitants de s’approvisionner en provisions de Galilée.
72. Dès que j’eus appris cela, j’envoyai deux mille hommes armés, sous la direction d’un capitaine nommé Jérémie. Ce dernier éleva un talus à un stade de Julias, près du Jourdain, et se contenta d’une escarmouche avec l’ennemi. J’eus alors moi-même trois mille soldats et arrivai à leur rencontre. Le lendemain, ayant tendu une embuscade dans une vallée, non loin du talus, je provoquai les troupes du roi au combat et donnai l’ordre à mes soldats de leur tourner le dos jusqu’à ce qu’ils aient éloigné l’ennemi de son camp et l’aient fait sortir en campagne, ce qui fut fait. Sylla, croyant que notre groupe s’était réellement enfui, était prêt à les poursuivre, lorsque nos soldats embusqués les prirent sur leur dos et les mirent tous en grand désordre. Aussitôt, je fis un brusque mouvement de recul avec mes propres forces, rencontrai les troupes du roi et les mis en fuite. J’aurais accompli de grandes choses ce jour-là, si un destin ne m’avait empêché de le faire. Le cheval sur lequel je me battais, tomba dans un bourbier et me jeta à terre. Je fus blessé au poignet et transporté dans un village nommé Cépharnome, ou Capharnaüm. Lorsque mes soldats apprirent cela, ils craignirent que je ne sois plus gravement blessé ; ils cessèrent donc de poursuivre, mais revinrent très inquiets pour moi. J’envoyai donc chercher les médecins, et tant que j’étais sous leur surveillance, je restai fiévreux ce jour-là ; et, comme les médecins l’avaient ordonné, je fus transféré cette nuit-là à Taricheee.
73. Lorsque Sylla et son groupe apprirent ce qui m’était arrivé, ils reprirent courage. Comprenant que la garde était négligée dans notre camp, ils placèrent de nuit un corps de cavaliers en embuscade au-delà du Jourdain, et au jour, ils nous provoquèrent au combat. Comme nous ne refusâmes pas, mais entrâmes dans la plaine, leurs cavaliers surgirent de l’embuscade où ils s’étaient tendus, mirent nos hommes en désordre et les firent fuir ; ils tuèrent ainsi six hommes de notre camp. Pourtant, ils ne remportèrent pas la victoire ; car, lorsqu’ils apprirent que des hommes armés avaient fait voile de Tarichée pour Juli, ils prirent peur et se retirèrent.
74. Vespasien ne tarda pas à arriver à Tyr, accompagné du roi Agrippa. Mais les Tyriens commencèrent à insulter le roi et à le traiter d’ennemi des Romains. Ils affirmaient que Philippe, le général de son armée, avait trahi le palais royal et les forces romaines stationnées à Jérusalem, et que c’était sur son ordre. Apprenant ce rapport, Vespasien réprimanda les Tyriens pour avoir insulté un homme qui était à la fois roi et ami des Romains ; mais il exhorta le roi à envoyer Philippe à Rome pour répondre de ses actes devant Néron. Philippe, envoyé là-bas, ne parut pas à Néron, car il le trouva à deux doigts de la mort, à cause des troubles qui s’étaient produits alors et d’une guerre civile ; il retourna donc auprès du roi. Or, lorsque Vespasien fut arrivé à Ptolémaïs, les notables de la Décapole de Syrie s’écrièrent contre Justus de Tibériade, parce qu’il avait incendié leurs villages. Vespasien le livra au roi, pour qu’il soit mis à mort par ceux qui étaient sous sa juridiction. Le roi se contenta de le mettre en prison et cacha à Vespasien ce qu’il avait fait, comme je l’ai déjà raconté. Les habitants de Sepphoris vinrent au-devant de Vespasien, le saluèrent, et lui envoyèrent des troupes, avec Placidus comme chef. Il monta avec eux, et je les suivis moi-même, jusqu’à l’arrivée de Vespasien en Galilée. Quant à son arrivée, à la manière dont elle fut ordonnée, à la manière dont il livra sa première bataille contre moi près du village de Taricheae, à la manière dont ils se rendirent de là à Jotapata, à la manière dont je fus capturé vivant et lié, puis relâché, ainsi qu’à tout ce que j’ai fait pendant la guerre des Juifs et le siège de Jérusalem, j’en ai relaté avec précision dans les livres consacrés à la guerre des Juifs. Cependant, il me semble opportun d’ajouter maintenant le récit des actions de ma vie que je n’ai pas relatées dans ce livre.
75. Car, après le siège de Jotapata, et alors que je me trouvais parmi les Romains, je fus gardé avec beaucoup de soin, grâce au grand respect que Vespasien me témoignait. De plus, sur son ordre, j’épousai une vierge, qui était parmi les captives de ce pays [21], mais elle ne vécut pas longtemps avec moi, mais fut répudiée après ma libération et mon départ pour Alexandrie. Cependant, j’épousai une autre femme à Alexandrie, et de là, je fus envoyé, avec Titus, au siège de Jérusalem, où je fus fréquemment menacé de mort ; les deux Juifs étaient très désireux de me soumettre à leur domination afin de me punir. Les Romains, chaque fois qu’ils étaient battus, supposaient que c’était à cause de ma trahison et adressaient de continuelles clameurs aux empereurs, leur demandant de me punir comme traître. Mais Titus César, bien au fait des aléas de la guerre, ne répondit pas aux véhémentes sollicitations des soldats. De plus, lorsque la ville de Jérusalem fut prise de force, Titus César me persuada fréquemment de prendre tout ce que je voulais des ruines de mon pays ; il le fit, il me le permit. Mais lorsque mon pays fut détruit, je ne crus rien d’autre avoir de valeur que de pouvoir prendre et conserver pour me consoler de mes calamités ; alors je demandai à Titus la liberté pour ma famille. J’obtins également les livres saints [22] par sa concession. Peu après, je lui demandai la vie de mon frère et de cinquante de ses amis, et il ne me la refusa pas. Une fois, avec la permission de Titus, je me rendis au temple où se trouvaient une grande multitude de femmes et d’enfants captifs. J’obtins la libération de tous ceux dont je me souvenais comme étant mes amis et connaissances, au nombre d’environ cent quatre-vingt-dix. Je les délivrai ainsi sans qu’ils aient à payer de prix de rachat, et je les rétablis dans leur ancienne fortune. Envoyé par Titus César avec Céréalins et mille cavaliers à un certain village appelé Thécoa, afin de savoir si c’était un lieu convenable pour un camp, à mon retour, je vis de nombreux captifs crucifiés, et je me souvins de trois d’entre eux comme de mes anciennes connaissances. J’en fus profondément attristé, et j’allai les larmes aux yeux trouver Titus et lui en parlai. Il ordonna aussitôt qu’on les descendît et qu’on prenne grand soin d’eux afin de les guérir. Cependant, deux d’entre eux moururent sous les coups du médecin, tandis que le troisième guérit.
76. Mais lorsque Titus eut apaisé les troubles en Judée, et qu’il conjectura que les terres que j’y possédais ne me seraient d’aucun profit, car une garnison devait s’y installer pour garder le pays, il me donna un autre pays dans la plaine. Et lorsqu’il partit pour Rome, il me choisit pour l’accompagner, et me témoigna beaucoup d’égards. Arrivés à Rome, Vespasien prit grand soin de moi ; il me donna un appartement dans sa propre maison, qu’il occupait avant son arrivée dans l’empire. Il m’honora également du privilège de citoyen romain et me versa une pension annuelle ; et il continua à me respecter jusqu’à la fin de sa vie, sans jamais diminuer sa bonté envers moi. Ce qui même me rendit envieux et me mit en danger ; car un certain Juif, nommé Jonathan, qui avait soulevé un trouble à Cyrène et avait persuadé deux mille hommes de cette région de se joindre à lui, fut la cause de leur ruine. Mais, lorsqu’il fut lié par le gouverneur de ce pays et envoyé auprès de l’empereur, il lui dit que je lui avais envoyé armes et argent. Cependant, il ne put cacher son mensonge à Vespasien, qui le condamna à mort ; selon cette sentence, il fut mis à mort. Par la suite, lorsque ceux qui enviaient ma bonne fortune portèrent fréquemment des accusations contre moi, par la providence divine, j’y échappai. J’ai également reçu de Vespasien une importante quantité de terres, en don gratuit, en Judée ; à cette époque, je répudiai ma femme, mécontent de sa conduite, mais seulement après qu’elle eut trois enfants, dont deux sont morts et un autre, que j’ai appelé Hyrcan, est vivant. Après cela, j’épousai une femme qui avait vécu en Crète, mais juive de naissance. Elle était issue de parents illustres, parmi les plus illustres du pays, et dont la réputation dépassait celle de la plupart des autres femmes, comme le prouva sa vie ultérieure. J’eus d’elle deux fils, L’aîné s’appelait Justus, et le suivant Simonide, également nommé Agrippa. Telles étaient les circonstances de ma vie privée. Cependant, la bienveillance de l’empereur à mon égard demeurait la même. Après la mort de Vespasien, Titus, qui lui succéda au pouvoir, conserva pour moi le même respect que celui que j’avais reçu de son père ; et, malgré les nombreuses accusations portées contre moi, il refusa de les croire. Domitien, qui lui succéda, redoubla encore son respect pour moi ; il punit les Juifs qui m’accusaient et ordonna que l’un de mes serviteurs, eunuque et mon accusateur, soit puni. Il accorda également l’exonération fiscale à mon pays de Judée, ce qui est un signe de grand honneur pour celui qui le possède ; Domitia, la femme de César, continua même à me témoigner sa bienveillance. Voici le récit de mes actions ; que chacun en juge à sa guise. Mais à toi, ô Épaphrodite, [23] toi le plus excellent des hommes ! je dédie tout ce traité de nos Antiquités ; et ainsi,pour le moment, je conclus ici le tout.
1a Nous pouvons donc corriger l’erreur de la copie latine du deuxième livre Contre Apion, sect. 8, (car le grec y est perdu), qui dit qu’il n’y avait alors que quatre tribus ou classes de prêtres, au lieu de vingt-quatre. Et ce témoignage ne doit pas être ignoré, comme si Josèphe contredisait ici ce qu’il avait affirmé ici ; car même le récit donné ici s’accorde mieux avec vingt-quatre qu’avec quatre classes, alors qu’il dit que chacune de ces classes contenait plus de 5000 hommes, ce qui, multiplié par seulement quatre, ne fera pas plus de 20 000 prêtres ; alors que le nombre de 120 000, multiplié par 24, semble de loin le plus probable, ils représentant environ un dixième de tout le peuple, même après la captivité. Voir Esdras 2:36-39 ; Néhémie 7:39-42 ; 1 Esdras 5:24, 25, avec Esdras 2:64; Néhémie 7:66; 1 Esdras 5:41. Cette lecture courante, ou notion, de quatre classes de prêtres seulement, ne concorde pas non plus avec l’affirmation de Josèphe, par ailleurs, Antiq. B. VII. ch. 14. sect. 7, selon laquelle la division des prêtres par David en vingt-quatre classes s’était poursuivie jusqu’à ce jour. ↩︎
2a Un exemple éminent du souci des Juifs pour leurs généalogies, en particulier celles des prêtres. Voir Contre Ap. B. 1 sect. 7. ↩︎
3a Quand Josèphe dit ici que de seize à dix-neuf ans, ou pendant trois ans, il fit l’essai des trois sectes juives, les pharisiens, les sadducéens et les esséniens, et qu’il dit pourtant, dans toutes nos copies, qu’il demeura en outre avec un ascète particulier, appelé Banus, avec lui, et ce encore avant ses dix-neuf ans, il reste peu de place pour son essai des trois autres sectes. Je suppose donc que pour, avec lui, l’ancienne lecture pourrait être, avec eux ; ce qui est une très petite correction, et élimine la difficulté qui se présente à nous. La conjecture du Dr Hudson, évoquée par M. Hall dans sa préface à l’édition du Docteur de Josèphe, n’est pas du tout improbable, selon laquelle ce Banus, par sa description, pourrait bien être un disciple de Jean-Baptiste, et que Josèphe pourrait facilement s’imprégner de telles notions, qui le préparèrent plus tard à avoir une opinion favorable de Jésus-Christ lui-même, dont Jean-Baptiste a attesté l’existence. ↩︎
4a Nous pouvons noter ici que les hommes religieux parmi les Juifs, ou du moins ceux qui étaient prêtres, étaient parfois aussi des ascètes, et, comme Daniel et ses compagnons à Babylone, Daniel 1:8-16, ne mangeaient pas de viande, mais seulement des figues et des noix, etc. C’était comme le régime austère des ascètes chrétiens pendant la semaine de la Passion. Constitut. V. 18. ↩︎
5a On a pensé que le nombre de Paul et de ses compagnons à bord du navire, Actes 27:38, qui sont 276 dans nos copies, est trop élevé ; alors que nous trouvons ici que Josèphe et ses compagnons, quelques années après l’autre, étaient environ 600. ↩︎
6a Voir Guerre juive, B. II. ch. 18. secte. 3. ↩︎
7a Les Juifs pourraient déduire cette illégalité de combattre leurs frères de la loi de Moïse, Lévitique 19:16 : « Tu ne t’élèveras pas contre le sang de ton prochain » ; et du v. 17 : « Tu ne te vengeras point, et tu ne garderas point de rancune contre les enfants de ton peuple ; mais tu aimeras ton prochain comme toi-même » ; ainsi que de nombreux autres passages du Pentateuque et des Prophètes. Voir Antiq. B. VIII. ch. 8. sect. 3. ↩︎
8a Que cet Hérode Agrippa, le père, ait été appelé autrefois un Grand Roi, comme ici, cela apparaît par ses pièces de monnaie qui subsistent encore ; auxquelles Havercamp nous renvoie. ↩︎
11a L’opinion de Josèphe mérite d’être notée ici : — Que chacun doit être autorisé à adorer Dieu selon sa propre conscience, et ne doit pas être contraint en matière de religion ; comme on peut observer ici, au contraire, que le reste des Juifs étaient toujours pour obliger tous ceux qui épousaient des Juives à se faire circoncire et à devenir Juifs, et étaient prêts à détruire tous ceux qui ne s’y soumettraient pas. Voir sect. 31, et Luc 11:54. ↩︎
12a Comment Josèphe pouvait-il dire ici que les lois juives leur interdisaient de « dépouiller même leurs ennemis », alors que, peu avant lui, notre Sauveur l’avait mentionné comme une maxime courante chez eux : « Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi » (Matthieu 5:43), mérite notre enquête. Je suppose que Josèphe, ayant été depuis de nombreuses années un chrétien ébionite, avait appris cette interprétation de la loi de Moïse du Christ, qu’il reconnaissait comme le véritable Melah, comme il est indiqué dans les versets suivants, qui, bien qu’il ne l’ait peut-être pas lue dans l’Évangile de saint Matthieu, aurait néanmoins pu lire à peu près la même exposition dans leur propre Évangile ébionite ou nazaréen lui-même ; des améliorations apportées par Josèphe, après être devenu chrétien, nous en avons déjà eu plusieurs exemples dans sa vie, sect. 3, 13, 15, 19, 21, 23, et nous en aurons beaucoup d’autres avant sa conclusion, ainsi que nous en avons les retrouver ailleurs dans tous ses écrits ultérieurs. ↩︎
13a Ici, nous pouvons observer la notion juive vulgaire de sorcellerie, mais notre Josèphe était trop sage pour lui donner une quelconque approbation. ↩︎
14a Dans cette section, ainsi que dans les 18 et 33. ces petits navires qui naviguaient sur la mer de Galilée, sont appelés par Josèphe, c’est-à-dire clairement des navires ; de sorte que nous n’avons pas besoin de nous égarer chez nos évangélistes, qui les appellent encore navires ; et nous ne devrions pas non plus les traduire par bateaux, comme certains le font. Leur nombre était en tout de 230, comme nous l’apprenons ailleurs de notre auteur. Guerre juive. B. II. ch. 21. sect. 8. ↩︎
15a Une partie de ces fortifications sur le mont Thabor pourrait être celle qui subsiste encore et qui a été vue récemment par M. Maundrel. Voir ses Voyages, p. 112. ↩︎
16a Ce Gamaliel pourrait être le même que celui mentionné par les rabbins dans la Mishna, dans Juchasin et dans la Porta Mosis, comme l’observent les notes latines. Il pourrait aussi être ce Gamaliel II, dont le grand-père était Gamaliel Ier, mentionné dans Actes 5:34, et aux pieds duquel saint Paul fut élevé (Actes 22:3). Voir Prid. en l’an 449. ↩︎
17a Ce Jonathan est également mentionné dans les notes latines, comme le même qui est mentionné par les rabbins à Porta Mosis. ↩︎
20a Nous apprenons ici la pratique des Juifs, à l’époque de Josèphe, de s’enquérir du caractère des témoins avant qu’ils ne soient admis ; et que leur nombre devait être de trois, ou deux au moins, exactement comme dans la loi de Moïse, et dans les Constitutions apostoliques, B. II. ch. 37. Voir Horeb Covenant Revived, page 97, 98. ↩︎
21a Cet appel à tout le corps des Galiléens par Josèphe, et le témoignage qu’ils lui ont donné de l’intégrité de sa conduite en tant que leur gouverneur, ressemble beaucoup à cet appel et à ce témoignage dans le cas du prophète Samuel, 1 Samuel 12:1-5, et a peut-être été fait par Josèphe à son imitation. ↩︎
22a Il convient de noter ici qu’il y avait maintenant une grande Proseucha, ou lieu de prière, dans la ville de Tibériade elle-même, bien que cette Proseucha fût autrefois hors des villes, car les synagogues y étaient à l’intérieur. À leur sujet, voir Le Moyne sur l’épître de Polycarpe, page 76. Il convient également de noter que les Juifs, à l’époque de Josèphe, avaient l’habitude de dîner à la sixième heure, ou à midi ; et cela également en obéissance à leurs notions de la loi de Moïse. ↩︎
23a On peut observer ici que ce pharisien laïc, Ananias, comme nous l’avons vu, sect. 39, prit sur lui d’ordonner un jeûne à Tibériade, et fut obéi ; bien qu’en réalité ce ne fût pas par religion, mais par politique malhonnête. ↩︎
24a Le caractère de cette histoire de Juste de Tibériade, rival de notre Josèphe, qui est maintenant perdue, avec son seul fragment restant, nous est donné par un critique très habile, Photius, qui a lu cette histoire. Elle figure dans le 33e code de ses Bibliotheea et se lit ainsi : « J’ai lu (dit Photius) la chronologie de Juste de Tibériade, dont le titre est celui-ci : « [La Chronologie] des rois de Juda qui se succédèrent. Ce Juste était originaire de Tibériade, en Galilée. Il commence son histoire par Moïse et ne la termine qu’à la mort d’Agrippa, septième souverain de la famille d’Hérode et dernier roi des Juifs ; ce dernier prit le pouvoir sous Claude, le fit accroître sous Néron, et encore davantage sous Vespasien. Il mourut la troisième année de Trajan, où s’achève également son histoire. » Il est très concis dans son langage et passe légèrement sur les points sur lesquels il était le plus nécessaire d’insister ; et, sous l’influence des préjugés juifs, comme il était lui-même juif de naissance, il ne fait aucune mention de l’apparition du Christ, ni de ce qui lui arriva, ni des événements merveilleux. Il était le fils d’un Juif nommé Pistus. C’était un homme, comme le décrit Josèphe, d’un caractère des plus débauchés, esclave de l’argent et des plaisirs. Dans les affaires publiques, il était l’adversaire de Josèphe ; on raconte qu’il ourdit de nombreux complots contre lui ; mais Josèphe, bien qu’il eût fréquemment son ennemi sous son emprise, ne le réprimanda que verbalement, et le laissa donc partir sans autre punition. Il affirme également que l’histoire écrite par cet homme est, pour l’essentiel, fabuleuse, surtout en ce qui concerne les passages où il décrit la guerre romaine contre les Juifs et la prise de Jérusalem. ↩︎
25a Ici Josèphe, un prêtre, confesse honnêtement qu’il a fait cela sur l’ordre de Vespasien, ce qu’il nous avait dit auparavant n’être pas permis à un prêtre de faire selon la loi de Moïse, Antiq. B. III. ch. 12. sect. 2. Je veux dire, prendre une femme captive pour épouse. Voir aussi Contre Apion, BI sect. 7. Mais il semble avoir rapidement compris que sa conformité aux ordres d’un empereur ne l’excuserait pas, car il l’a bientôt répudiée, comme Reland l’observe justement ici. ↩︎
26a De cette clause très remarquable et de ses conséquences les plus importantes, voir Essai sur l’Ancien Testament, pages 193-195. ↩︎
27a De cet Épaphrodite, voir la note sur la Préface des Antiquités. ↩︎