La valeur de la Mishna réside donc principalement dans deux directions. Elle éclaire l’histoire du judaïsme tel qu’il est aujourd’hui, présentant une avancée très nette par rapport à la religion de l’Ancien Testament – que ce soit en bien ou en mal, nous n’avons pas besoin d’en discuter ici – et elle nous aide également à comprendre l’environnement dans lequel notre Seigneur et ses disciples, tout au long du premier siècle, ont vécu et enseigné. Certes, elle ne fournit pas d’informations sur l’ensemble de cet environnement. D’autres influences – très fortes et très différentes (par exemple, l’enseignement apocalyptique réactionnaire et la pression du paganisme) – étaient également à l’œuvre. Ses informations sur le judaïsme du premier siècle ne peuvent pas non plus être toujours prises au pied de la lettre. Beaucoup de choses sont arrivées aux Juifs entre, disons, 50 et 200 après J.-C. [p. xii] La ville et le temple, les prêtres et les Sadducéens avaient disparu, et avec eux la vie quotidienne des villes de province et des villages. Il est inévitable que les écrits, rédigés sous leur forme actuelle au plus tôt à la fin du IIe siècle, par des personnes qui ne connaissaient les temps anciens que par ouï-dire, contiennent de nombreux détails qui ne correspondent pas aux faits. En ce qui concerne l’ancienneté, il est donc probable, à première vue, que lorsque la Mishna diffère d’autorités bien plus anciennes, comme Josèphe et le Nouveau Testament, celles-ci sont plus exactes. Malheureusement, Josèphe était influencé par son désir de plaire à ses maîtres romains, et on affirme que les auteurs du Nouveau Testament l’étaient par leur opposition au judaïsme. Il n’est pas facile de prouver cette dernière affirmation, mais elle ne doit pas être totalement écartée par les véritables amoureux de la vérité. L’étudiant chrétien accueille favorablement toute demande. [1]
Prenant donc la Mishna telle que nous la trouvons, et pour notre propos immédiat nous pouvons y ajouter la Tosephta, quelle lumière est jetée par ce traité de Berakoth sur la religion des Juifs au premier siècle, et sur la signification des faits ou des phrases que l’on trouve dans le N.T.?
Premièrement, la représentation générale de la religion juive de l’époque dans le Nouveau Testament est abondamment confirmée. C’est une religion légale. Chaque détail de la vie, souvent considéré comme sans importance de nos jours, possède sa propre règle qui doit être observée. Berakoth l’implique tout au long.
Deuxièmement, la religion sous-jacente à Berakoth n’est pas purement formelle. La Mishna et la Tosephta insistent toutes deux fortement sur la nécessité d’une préoccupation religieuse pour l’esprit et le cœur (voir ci-dessous, pp. 14 sq., 35, 37 sq., 85). À première vue, cela semble contraire à la représentation du judaïsme dans le Nouveau Testament. Les Évangiles sont nombreux à dénoncer l’hypocrisie, comme si le judaïsme insistait uniquement sur l’action, négligeant la vie intérieure. Mais tel n’est pas le récit de saint Paul sur sa propre expérience, ni ce que nous pouvons déduire du peu que nous savons de Zacharie et d’Élisabeth, de Siméon et d’Anne, de Nicodème et de Joseph d’Arimathée, ni même de nos informations sur les antécédents et le caractère des douze apôtres. Il devait y avoir une ferveur pieuse et préexistante pour fournir le point d’appui nécessaire à l’effet de l’enseignement de notre Seigneur. Le judaïsme de son temps était certes imparfait, souvent très satisfait de lui-même, souvent très ignorant du véritable sens de la Loi, des Prophètes et des Saintes Écritures, mais, dans son ensemble, il ne s’intéressait pas seulement aux réalités extérieures, mais aussi aux réalités intérieures. Hypocrites au pire sens du terme, même la plupart des pharisiens ne l’étaient pas ; superficiels et superficiels, ils l’étaient souvent. Car leur religion était bien pauvre comparée à la richesse spirituelle que le Seigneur Jésus est venu transmettre et a transmise au christianisme.
[p. xiv]
Troisièmement, Berakoth confirme pleinement les méthodes du Nouveau Testament pour utiliser l’Ancien Testament. Le sens logique et contextuel d’un passage importe souvent peu. Si la phraséologie décrit clairement une vérité – aussi éloignée soit-elle de l’esprit de l’Ancien Testament – elle peut légitimement servir à étayer l’argument et être citée comme la parole, la parole divine, de l’Écriture en sa faveur. On en trouvera des exemples dans presque toutes les pages suivantes. Voir, par exemple, pp. 13 sq., 85, 88, 90.
Quatrièmement, plusieurs termes et expressions du N.T. reçoivent un éclairage de Berakoth, par exemple pp. 45, 50, 66, 86.
xii:1 Sur le sujet général de la fiabilité des liens dans les traditions, voir Bacher, Tradition u. Tradenten, 1914. ↩︎