[ p. 336 ]
Alors le Souverain Céleste, gravissant une haute montagne et observant le paysage environnant, prit la parole et dit : « Sur tout le pays, il ne s’élève aucune fumée ; le pays est tout entier frappé de pauvreté. Je remets donc [^2045] tous les impôts et le travail forcé du peuple, d’ici trois ans. » Le grand palais se délabra donc et la pluie s’infiltra partout ; mais aucune réparation ne fut effectuée. L’eau qui s’infiltrait était recueillie dans des auges, [^2046] et les habitants évacués hors de sa portée vers des endroits où il n’y avait pas de fuite. Plus tard, lorsque [le Souverain Céleste] observa tout le pays, la fumée était abondante. Trouvant le peuple riche, il exigea alors impôts et travail forcé. Ainsi, la paysannerie [^2047] prospéra et ne souffrit pas du travail forcé. C’est pourquoi, en hommage à ce règne auguste, on l’appela le règne de l’Empereur-Sage. [^2048]
[ p. 337 ]
Son impératrice, Son Auguste Iha-no-hime, était extrêmement jalouse. Les concubines employées par le Souverain Céleste ne pouvaient même pas jeter un coup d’œil à l’intérieur du palais ; et si quelque chose arrivait, [^2049] [l’Impératrice] était prise de jalousie. Alors, le Souverain Céleste, ayant entendu parler de la beauté de la princesse Kuro, [1] fille du suzerain d’Ama à Kibi, [2] l’ayant fait venir, l’employa. Mais celle-ci, effrayée par la jalousie de l’Impératrice, s’enfuit vers son pays natal. Le Souverain Céleste, observant du haut d’un étage le départ de la princesse Kuro en bateau sur la mer, chanta :
« Au large, des rangées de petites embarcations s’avancent. Ma femme, Masadzuko de Kurozaki, descend vers sa terre natale. » [3]
L’Impératrice fut très en colère en entendant cet auguste chant et envoya des gens sur la grande plage [4] pour chasser la princesse Kuro à pied. [5] Alors le Souverain Céleste, par amour pour la princesse Kuro, trompa l’Impératrice en lui disant qu’il voulait voir l’île d’Ahaji. [6] Et lorsqu’il fut arrivé [ p. 338 ] sur l’île d’Ahaji, il, regardant au loin, chanta en disant :
« Quand, après avoir quitté la pointe de Naniha battue par les vagues, je contemple le paysage : l’île d’Aha, l’île d’Onogoro et l’île d’Ajimasa sont visibles. L’île de Saketsu est également visible. » [7]
Après avoir quitté cette île, il se rendit au pays de Kibi. Son auguste princesse Kuro le fit alors résider dans un lieu majestueux au milieu des montagnes et lui offrit une nourriture abondante et auguste. Lorsqu’à cette fin, elle cueillit des choux à cet endroit pour les faire cuire en une grande soupe auguste, la Souveraine céleste se rendit à l’endroit où la jeune fille cueillait les choux et chanta :
« Oh ! qu’il est délicieux de cueillir avec un homme de Kibi les choux semés dans les champs de montagne ! » [8]
Lorsque le Souverain Céleste a fait son progrès, [9]
La princesse Kuro a présenté une auguste chanson [10] disant :
« Même si le vent d’ouest souffle vers Yamato, et que les nuages se séparent, et que nous soyons séparés, t’oublierai-je ? » [11]
[273] Elle chanta de nouveau en disant :
« À qui appartient l’épouse qui s’avance vers Yamato ? À qui appartient l’épouse qui surgit comme une eau cachée ? » [12]
[ p. 339 ]
[ p. 340 ]
Après ce temps, l’Impératrice se rendit au pays de Ki afin de cueillir des feuilles d’aralia pour un festin copieux ; [13] et, pendant ce temps, le Souverain Céleste épousa Yata-no-waki-iratsume. Sur ce, alors que l’Impératrice revenait dans son auguste vaisseau chargé [ p. 341 ] de feuilles d’aralia, un coolie de Kozhima [14] dans le pays de Kibi, qui était au service du surintendant des directeurs des eaux, [15] étant en route pour son pays, rencontra au grand passage [16] de Naniha le navire d’une dame du train [17] qui était restée en arrière, et le lui dit aussitôt, disant : « Le Souverain Céleste a [274] récemment [18] épousé Yata-no-waki-iratsume, et joue avec elle jour et nuit. C’est probablement parce que l’Impératrice n’a pas entendu parler de cette chose, qu’elle avance tranquillement pour le plaisir. » Alors la dame du train, ayant entendu ce récit, poursuivit aussitôt et atteignit l’auguste navire, et rapporta tout exactement comme le coolie l’avait dit. Sur ce, l’impératrice, profondément vexée et furieuse, jeta à la mer toutes les feuilles d’aralia qu’elle avait placées à bord de l’auguste navire. C’est pourquoi l’endroit où elle fit cela fut appelé cap Mitsu. [19] Sans entrer dans le palais, mais en prenant son auguste navire [20] et en remontant le chenal [21] à contre-courant, elle remonta le fleuve jusqu’à Yamashiro ; [22] Elle chanta alors :
« Oh ! la rivière Yamashiro où les jeunes pousses se succèdent ! Tandis que je remonte, remonte la rivière, oh ! sur la rive pousse un sashibu ! — un sashibu ; en contrebas pousse un véritable camélia au feuillage large et cinq cents fois ramifié ; oh ! celui qui est brillant comme ses fleurs, vaste et puissant comme son feuillage, est le grand seigneur. » [23]
Après avoir fait le tour de Yamashiro, [24] et être arrivée à [275] l’entrée de la montagne Nara, [25] elle chanta en disant :
[ p. 342 ]
« Oh ! la rivière Yamashiro où les jeunes pousses poussent successivement ! En montant vers Miya, je passe par Nara, je passe par Yamato et son bouclier montagneux ; et le pays que je voudrais voir, c’est Takamiya à Kadzuraki, le quartier de ma maison. » [26]
[276] Ayant ainsi chanté, elle revint et entra quelque temps dans la maison d’une personne de Kara [27] nommée Nurinomi [28] à Tsutsuki. [29]
[ p. 343 ]
[ p. 344 ]
Le Souverain Céleste, ayant entendu que l’Impératrice avait fait une avancée par Yamashiro, fit chanter par un homme, un serviteur appelé Toriyama, [30], un chant auguste, [31] qui disait :
« Rejoins-la à Yamashiro, Toriyama ! Rejoins-la ! Rejoins-la ! Ah ! Veux-tu rejoindre mon épouse bien-aimée ? » [32]
Il continua encore en envoyant Kuchiko, Grand de Wani, [33] et chanta en disant : [277]
« Veux-tu ne même pas penser au Cœur qui est dans la lande d’Ohowiko, la lande d’Ohowiko, qui est près de Takaki à Mimoro ? » [34]
Il chanta de nouveau en disant :
« Si j’avais vraiment posé ma tête sur le bras blanc comme la blancheur des racines, les grandes racines, battues avec des houes en bois par les femmes de Yamashiro là où poussent les jeunes plants en succession, alors tu pourrais dire : « Je ne te connais pas ». » [35]
[ p. 345 ]
Alors que le Grand de Kuchiko répétait cet auguste Chant à l’Impératrice, il pleuvait à verse. Alors, sans échapper à la pluie, il vint se prosterner devant la porte d’entrée du palais, [36] elle, au contraire, sortit par la porte de derrière ; et, lorsqu’il vint se prosterner devant la porte de derrière, elle sortit par la porte de devant. Alors, tandis qu’il rampait à genoux au milieu de la cour, les ruisseaux [37] lui atteignirent les reins. Vêtu d’un vêtement teint [38] en vert et orné d’un cordon rouge, le cordon frôla le cordon rouge, et le vert se changea en rouge. La sœur cadette du Grand de Kuchiko, la princesse Kuchi [39], était alors au service de l’Impératrice. [40] Alors la princesse Kuchi chanta en disant :
« Oh ! comme mon seigneur frère aîné est en larmes, à dire des choses dans le palais de Tsutsuki à Yamashiro ! » [41]
Alors, lorsque l’Impératrice en demanda la raison, [42] elle répondit : « C’est mon frère, le Grand de Kuchiko. » Sur ce, le Grand de Kuchiko, sa sœur cadette, la princesse Kuchi, et Nurinomi, tous trois tinrent conseil et envoyèrent faire un rapport au Souverain Céleste, en disant : « La raison des progrès de l’Impératrice est qu’il y a des insectes élevés par Nurinomi, d’étranges insectes se transformant de trois manières, [43] devenant tantôt des insectes rampants, tantôt des cocons, [44] et tantôt des oiseaux volants [45] — et c’est uniquement pour aller les voir qu’elle est entrée dans la maison de Nurinomi. Elle n’a aucune intention étrange. » [46] Après qu’ils eurent ainsi fait leur rapport, le Souverain Céleste dit : « Ceci étant dit, je veux aller voir [ces insectes], car [ p. 346 ] je pense [qu’ils doivent être] étranges ; [et sur ces mots] il s’éleva du grand palais. Lorsqu’il entra dans la maison de Nurinomi, celle-ci avait déjà présenté à l’Impératrice les insectes triples qu’il avait élevés. Alors le Souverain Céleste se tint majestueusement à la porte du palais où résidait l’Impératrice, et chanta en disant :
« Pur comme les grandes racines que les femmes de Yamashiro ont battues avec leurs houes en bois là où les graines poussent successivement : c’est parce que tu as parlé tumultueusement que je viens ici [avec mes nombreux serviteurs] comme les arbres de plus en plus florissants que je regarde. » [47]
[280] Ces six Chants du Souverain Céleste et de l’Impératrice sont des Chants Changeants qui sont des Chants Calmes. [48]
[ p. 347 ]
[ p. 348 ]
[ p. 349 ]
Le Souverain Céleste, aimant Yata-no-waki-iratsume, daigna lui envoyer un chant auguste. Ce chant disait :
« La tige de carex de Yata, sans descendance, va-t-elle se faner telle qu’elle est ? Pauvre lande de carex ! Une lande de carex, voilà ce que je peux dire, pauvre fille pure ! » [49]
Alors Yata-no-waki-iratsume répondit dans une chanson, en disant :
« Même si la tige de carex de Yata est seule, si le Grand Seigneur dit que c’est juste, même si elle est seule, c’est juste. » [50]
Ainsi, la tribu Yata [51] fut établie comme auguste mandataire de Yata-no-waki-iratsume.
336:1 La lecture de ce verbe par Motowori à l’impératif (comme s’il contenait un ordre adressé par le monarque à ses ministres) semble moins naturelle que la lecture de l’ordre à l’indicatif, que le traducteur a donc suivi. ↩︎
336:2 Il y a une incertitude quant au caractère exact dans l’original. p. 337 Mais les éditions plus anciennes le lisent comme le mot japonais hako, « boîtes », tandis que Motowori préfère hi, « tubes ». « Auges » semble concilier les deux points de vue et être également approprié à l’usage mentionné dans le texte. ↩︎
336:3 Ou simplement, « le peuple ». Mais l’expression est généralement utilisée en japonais uniquement pour désigner la paysannerie. ↩︎
336:4 ; Si, en suivant la plupart des textes, nous omettions le caractère final
, « règne », la traduction française serait « à la louange de cet auguste règne, (le Souverain Céleste) fut appelé l’Empereur-Sage. » ↩︎
337:1 Motowori montre en collationnant divers passages dans d’autres ouvrages anciens que c’est la signification probable de la curieuse expression de la p. 339 de l’original, kotodateba ( pour
). La référence est bien sûr à l’occurrence de quelque chose de notable parmi les concubines, comme la naissance d’un fils, etc. ↩︎
337:2 Kuro-hime, c’est-à-dire, « princesse noire » signifiant probablement « princesse aux cheveux noirs ». ↩︎
337:3 Kibi no Ama no atahe. On ne sait rien de cette famille. Ama signifie « pêcheur ». Kibi est le nom d’une province. ↩︎
337:5 Scil, du voisinage de Naniha. Ou peut-être Oho-ura (« Grande Plage ») devrait être pris comme nom de lieu, bien que Motowori ne suggère pas une telle hypothèse. ↩︎
337:6 C’est-à-dire, de lui faire effectuer le voyage à pied. ↩︎
337:7 Voir Sect. V, Note 3. ↩︎
338:8 Moribe, commentant le sens de ce chant, dit : Bien que la raison invoquée fût une tournée d’inspection, c’était véritablement par amour pour la princesse Kuro que le monarque avait entrepris ce voyage. Lorsque son navire disparut, il put encore, hélas ! apercevoir les îles qui restaient derrière lui : l’île d’Aha et l’île d’Ajimasa ; il put encore, hélas ! apercevoir les îles d’Onogoro et de Saketsu. Hélas pour lui, laissé seul, séparé de son amour ! Bien qu’il ne parlât pas ouvertement, ceux qui l’entouraient comprirent le sens profond de ses « paroles ». « Batassé par les vagues » est l’interprétation acceptée de oshiteru ya (ou oshiteru), le mot-oreiller pour Naniha. Pour les îles d’Aha et d’Onogoro, voir respectivement la section IV, note 5 et la section III, note 5. On ne sait rien des îles d’Ajimasa et de Saketsu. Ajimasa est le nom d’une espèce de palmier, le Livistona sinensis, et Motowori suppose qu’une des îles voisines aurait reçu son nom anciennement des palmiers qui y poussaient. Les palmiers, quels qu’ils soient, sont cependant peu courants au Japon et ne semblent pousser que s’ils sont spécialement cultivés. ↩︎
338:9 Motowori pense que nous devrions ici comprendre le mot yamagata (pour yama-agata) comme le nom d’un lieu. Mais dans la chanson, p. 340, qui suit immédiatement, il faut certainement le prendre dans son sens étymologique de « champs de montagnes », et il semble donc tout à fait incohérent de le traduire différemment ici. De plus, il est admis qu’aucun lieu tel que Yamagata dans le Kibi n’est mentionné nulle part. ↩︎
338:10 Le sens de cette chanson est parfaitement clair, « la personne de Kibi » étant bien sûr la bien-aimée du poète impérial. ↩︎
338:11 C’est-à-dire, était sur le point de retourner à la capitale, qui se trouvait dans la province de Settsu. ↩︎
338:12 Cet honorifique semble si déplacé (vu qu’il n’est pas appliqué aux propres chants de l’empereur donnés dans cette section), que les commentateurs supposent qu’il s’agit d’un ajout erroné au texte. ↩︎
338:13 On pourrait aussi traduire ainsi : « Même si nous sommes séparés, comme les nuages qui se séparent à cause du vent d’ouest qui souffle vers Yamato, etc. » — car les premiers vers du poème qui contiennent l’allusion au vent et aux nuages ne sont qu’une préface, et leur signification peut donc être à volonté soit considérée séparément, soit rendue continue avec celle du reste du poème. ↩︎
338:14 Le sens de ce Chant est : « De qui est l’épouse qui revient à Yamato ? De qui est l’épouse qui vient ainsi me faire l’amour en secret, comme un ruisseau souterrain ? » — L’allusion contenue dans les mots répétés deux fois « dont l’épouse » est bien sûr à l’Impératrice. La poétesse, pleine de tendresse pour l’Empereur, regrette pour lui, comme pour elle-même, qu’il soit l’époux d’une femme aussi jalouse. « Eau cachée » est l’interprétation admise du Mot-Oreiller kontoridzu no, qui est, avec raison apparente, supposé être une contraction de komori-midzu no. ↩︎
340:1 Voir Sect. CVII, Note 7. ↩︎
341:2 C’est-à-dire, « petite île ». Elle est mentionnée pour la première fois dans la Sect V (Note 29). ↩︎
341:3 Voir Sect. XLVII, Note 18. ↩︎
341:4 Oho watari. L’embouchure du fleuve Yedo est censée être désignée par ce nom. ↩︎
341:5 L’expression originale kuru-bito-me ( ) est obscure, ne se rencontrant nulle part ailleurs dans la littérature japonaise. Motowori conjecture que la fonction exercée par cette dame était liée à la bourse privée de l’empereur. ↩︎
341:6 Le texte contient le caractère , « tous », ce qui n’a aucun sens ; et Motowori (suivant Mabuchi) le modifie raisonnablement en
, « récemment », « tout à l’heure ». ↩︎
341:7 Mitsu no saki. Mitsu, signifiant « trois », est supposé par l’auteur faire référence aux feuilles triangulaires de l’aralia (le nom de ce dernier étant mitsuna gashiha) ; mais une opinion plus probable est celle qui nous amènerait à prendre mitzu comme deux mots, au sens de « port auguste ». Dans le passage parallèle des « Chroniques », on nous dit que l’endroit s’appelait Kashiha no watari, c’est-à-dire passage du chêne. ↩︎
341:8 C’est-à-dire, remonter la rivière sans s’arrêter à Naniha où se trouvait le palais. ↩︎
341:9 Jr., ,le lit artificiel de la rivière mentionné dans la Sect. CXX, Note, 8. ↩︎
341:10 C’est-à-dire, la rivière Yodo. ↩︎
341:11 Le sens de cette chanson est : « Alors que je remonte la rivière en bateau, j’aperçois un sashibu (nom d’un arbre qui ne peut être identifié actuellement), au pied duquel, c’est-à-dire plus près de l’eau, pousse un p. 343 camélia, étalé et couvert de fleurs. Ah ! comme la vue de la beauté robuste et éclatante de ce camélia me rappelle mon seigneur et maître ! » — Il faut se rappeler qu’au Japon, les camélias atteignent une taille bien supérieure à celle de leurs représentants en Europe. Tsuginefu, traduit selon l’opinion de Motowori et Moribe par l’expression « où les semis poussent successivement », est le mot-clé de Yamashiro, et sa signification est controversée. L’interprétation adoptée ici considère qu’il se réfère à la succession régulière de jeunes arbres plantés à flanc de montagne lorsqu’une parcelle de bois plus ancienne a été abattue. Mabuchi, dans son « Dictionnaire des mots-oreillers », y voit au contraire une référence à l’élévation de pics en pics dans une région montagneuse (tsugi-ne fu— ). Les deux interprétations reposent sur le lien entre ce terme et yama, la première moitié du nom de la province de Yamashiro, qu’il qualifie. « Cinq cents ramifications » et « vrai » sont des épithètes ornementales appliquées par la poétesse au camélia. Moribe prendrait la syllabe ma, « vrai », au sens de ha, « feuille », mais cela semble moins juste. ↩︎
341:12 Car la route directe de Naniha à Settsu à Nara à Yamato l’aurait fait passer par la province de Kafuchi et non par Yamashiro. ↩︎
341:13 C’est-à-dire, le col ou la colline menant du district de Sagara à Yamashiro à Nara à Yamato. Pour un autre, voir Sect. LXXII, Note ↩︎
342:14 Ce chant exprime le désir de l’impératrice de retourner dans sa maison parentale à Takamiya, dans le district de Kadzuraki, désir que son état d’esprit agité ne lui permit cependant pas de réaliser. Le mot-oreiller pour Yamashiro, qui revient ici, a déjà été évoqué dans la note 11. Il y a deux autres mots-oreillers dans ce chant : awoniyoshi, qui est préfixé à Nara, et wo-date (ou wo-date-yama selon l’ancienne interprétation, ou wo-date tatsu selon une autre interprétation), qui est préfixé à Yamato. Le premier est si obscur que, plutôt que de tenter de le traduire en anglais, le traducteur préfère renvoyer l’étudiant aux remarques des différents commentateurs : Mabuchi s.v. dans son « Dictionnaire des mots-oreillers », Motowori dans son Commentaire, vol. XXXVI, pp. 22-24, et Moribe in loco. Wodate [-yama] semble sans aucun doute désigner le cercle de montagnes qui garde l’accès à la province de Yamato, et il a été traduit en conséquence. La grande difficulté des Song réside dans le vers rendu par « monter à Miya », et les commentateurs, depuis Keichiū jusqu’à nos jours, s’efforcent de l’expliquer. L’opinion de Moribe, selon laquelle le mot doit être considéré (p. 344) comme une abréviation familière de Takamiya, naturellement utilisée par celui dont c’était la ville natale, semble la plus acceptable. Motowori interprète ce vers comme signifiant : « Quand je monterai au-delà du palais [de Naniha]. » ↩︎
342:15 , c’est-à-dire, Corée. ↩︎
342:16 Pour Nuri no omi, c’est-à-dire, « le Grand de Nuri ». Nuri est probablement une forme corrompue d’un nom coréen. ↩︎
342:17 Ou Tsudzuki, dans Yamashiro. Étymologie obscure. ↩︎
344:1 p. 346 Ce nom signifie « montagne-oiseau ». Les commentateurs supposent qu’il contient une allusion au fait que son porteur était un courrier impérial. ↩︎
344:2 C’est le sens réel véhiculé par l’original , et nous en déduisons naturellement que Toriyama fut chargé de transmettre à l’Impératrice le Chant suivant. Le Chant lui-même, cependant, n’est pas adressé à elle, mais à Toriyama lors de son départ. D’un autre côté, les deux poèmes qui suivent sont évidemment destinés à l’Impératrice, et il est impossible de supposer que le premier messager n’était pas également destiné à lui transmettre une missive poétique. Tout ce que nous pouvons faire, c’est restituer le texte tel qu’il est, et le supposer corrompu. ↩︎
344:3 Le sens de ce chant est : « Ô Toriyama ! Poursuis-la jusqu’à Yamashiro ! Je tremble à l’idée que tu ne la retrouves pas. » ↩︎
344:4 Wani no omi Kuchiko (plus loin, il est mentionné comme Kuchiko no omi, c’est-à-dire « le Grand (de) Kuchiko »). Kuchi-ko peut être interprété p. 347 comme signifiant « enfant de bouche » et Moribe pense que ce personnage était ainsi appelé en raison des messages verbaux dont il était le porteur. Le traducteur préférerait considérer ko comme une abréviation de hiko, « prince », d’autant plus que le nom de la sœur est Kuchi-hime, où le mot hime doit signifier « princesse ». ↩︎
344:5 Ce chant est si obscur que Motowori et Moribe divergent complètement quant à son interprétation. Le traducteur a suivi Moribe, sans toutefois être convaincu que ce dernier ait trouvé la signification exacte. Selon ce point de vue, l’empereur fait un jeu de mots sur le mot « cœur », qui serait le nom d’un étang situé sur la lande d’Ohowiko, près de Takaki, à Mimoro – noms de lieux familiers à l’impératrice – et lui reproche de ne pas penser à son cœur qui bat si amoureusement pour elle. Motowori, en revanche, pense que le poème proprement dit ne se compose que de ses deux derniers vers (dans la traduction anglaise, ils viennent nécessairement en premier) : « Veux-tu être sans penser même au cœur ? » – et que tout le reste est une « préface » au mot-oreiller kimo-mukafu, précédé du mot kokoro, « cœur ». Quant à oho-wi-ko et takaki, ils sont considérés non comme des noms de lieux, mais comme des noms communs. Selon cette conception de la structure du Chant, il perd (à l’exception de ses deux derniers vers) toute signification rationnelle, et il est inutile de tenter de le traduire pour le lecteur anglophone. Les personnes familiarisées avec le japonais sont donc invitées à se référer au Commentaire de Motowori, vol. XXXVI, p. 34-36. ↩︎
344:6 Le sens de ce chant est : « Si toi et moi n’avions pas été époux si longtemps, tu aurais pu rompre avec moi et déclarer ne pas me connaître. Mais comment peux-tu oublier notre mariage au point de m’abandonner maintenant ? » – « La « grande racine », oho-ne, est le dai-kon moderne (Raphanus sativus), une variété de radis très appréciée des Japonais et qui se distingue par son aspect blanc éclatant. « Battu » signifie ici « déterré ». L’utilisation du passé est curieuse. Ko-guha, traduit ici par « houes en bois » selon Motowori, est interprété par Moribe comme signifiant « petites houes ». » « Là où les plants poussent successivement » est la traduction anglaise de tsugi-ne fu, le mot-oreiller pour Yamashiro (voir Sect. CXXIII Note 11). ↩︎
345:7 L’Impératrice logeait chez un particulier, mais sa présence justifie l’application du terme « palais » à sa maison. ↩︎
345:8 Il pleuvait trop fort pour que l’eau s’arrête à la surface sous forme de flaques, alors elle s’écoulait en petits ruisseaux. ↩︎
345:9 Littéralement, « frotté ». Voir Introduction p. xxx. Au lieu de « vert », p. 348, on pourrait tout aussi bien traduire par « bleu ». Le vêtement visé doit être le vêtement supérieur ou le manteau. ↩︎
345:10 Kuchi-hime. ↩︎
345:11 Littéralement, « servi respectueusement l’Impératrice ». ↩︎
345:12 Le sens de ces vers, que l’on ne peut qualifier que de poésie parce qu’ils sont en mètre, est clair : le locuteur y attire l’attention de l’Impératrice sur la situation pitoyable du messager qui s’efforce de lui transmettre le message de l’Empereur. La lecture de notre texte a probablement été altérée ; car celle des « Chroniques », que l’on peut traduire ainsi : « Oh ! que je pleure quand je vois mon seigneur frère aîné », etc., est de loin préférable. ↩︎
345:13 Scil. de son serviteur prenant ainsi le parti du messager. ↩︎
345:14 Littéralement, « couleurs ». ↩︎
345:15 Il s’agit de la restauration conjecturale de Motowori de la lecture de ce mot, qui dans tous les textes est désespérément corrompue. ↩︎
345:16 Selon une autre lecture, « insectes volants ». ↩︎
345:17 C’est-à-dire, « elle ne médite aucune mauvaise conduite. » ↩︎