Le Souverain Céleste implora à nouveau sa demi-sœur cadette, la reine Medori, utilisant comme intermédiaire son frère cadet, le roi Hayabusa-wake. Alors la reine Medori [281] s’adressa au roi Hayabusa-wake et dit : « À cause de la violence de l’Impératrice, [le Souverain Céleste] n’a pas daigné accueillir Yata-no-waki-iratsume [au Palais.] Je ne le servirai donc pas respectueusement. Je deviendrai l’épouse de Ton Auguste. » Ils s’unirent aussitôt, et le roi Hayabusa-wake ne fit aucun rapport [^2102]. Alors le Souverain Céleste, se rendant directement à l’endroit où résidait la reine Medori, se tint sur le seuil du palais. Alors, la reine Medori, à son métier à tisser, tissait des vêtements. Le Souverain Céleste chanta alors :
« Oh ! pour qui peuvent être les vêtements que ma Grande Dame Medori tisse ? » [^2103]
La reine Medori répondit dans une chanson en disant :
« Pour un voile auguste pour le haut-seigneur Faucon. » [^2104]
Alors, le Souverain Céleste, percevant ses sentiments, retourna au palais. À ce moment-là, lorsque son époux, le roi Hayabusa, arriva, sa femme, la reine Medori, chanta :
« L’alouette vole vers le ciel. Ô Seigneur Faucon, attrape le roitelet. » [^2106]
[282] Le Souverain Céleste, entendant ce Chant, [1] leva aussitôt une armée, voulant tuer le Roi Hayabusa et la Reine Medori, qui s’enfuirent alors ensemble et gravirent le Mont Kurahashi. [2] Alors le Roi Hayabusa-wake chanta, disant :
« En raison de la raideur du mont Kurahashi, semblable à une échelle, étant incapable de grimper sur les rochers, oh ! elle prend ma main ! [3]
Il chanta de nouveau en disant :
« Bien que le mont Kurahashi, semblable à une échelle, soit raide, il n’est pas raide lorsque je le gravit avec ma jeune sœur. »
Ainsi, lorsqu’ils s’enfuirent de là et atteignirent Soni à Uda, [4] l’armée impériale [5] les poursuivit, les rattrapa et les tua.
[ p. 352 ]
Le chef Ohotate de Yamabe, [6] généralissime de cette armée, prit le bracelet orné de joyaux enroulé autour du bras auguste de la reine Medori et le donna à sa propre épouse. Plus tard, alors qu’un festin copieux [7] devait avoir lieu, les femmes des différentes familles se rendirent toutes à la cour. L’épouse du chef Ohotate arriva alors avec le bracelet orné de joyaux de la reine enroulé autour de son propre bras. [283] Sur ce, l’impératrice, Son Auguste Iha-no-hime, prit elle-même les feuilles de chêne [8] [pleines] d’une liqueur auguste et les donna gracieusement aux femmes des différentes familles. Alors l’impératrice, reconnaissant le bracelet orné de joyaux, ne donna [à la personne qui le portait] aucune feuille de chêne [pleine] d’une liqueur auguste, mais la renvoya aussitôt ; [9] et envoya. car le mari, le chef Ohotate, dit : « À cause de l’inconvenance de ce roi et de cette reine, [l’empereur] a daigné les renvoyer. Cela n’avait rien d’étrange. Et un esclave comme toi dépouille le bracelet orné de pierres précieuses qui entourait son bras auguste du corps encore chaud de sa dame, et le donne à sa propre épouse ! » — et il fut immédiatement condamné à mort. [10]
[ p. 353 ]
Une autre fois, le Souverain Céleste, s’apprêtant à donner un festin copieux, [11] se rendit sur l’île de Hime, [12] juste au moment où une oie sauvage venait de pondre un œuf sur cette île. Alors, faisant venir Son Auguste le Noble Takeuchi, il l’interrogea dans un Chant sur la ponte d’un œuf par une oie sauvage. Ce Chant disait :
« Noble de la cour d’Uchi ! Tu es vraiment un homme d’une grande longévité. As-tu déjà entendu parler d’une oie sauvage pondant un œuf au pays de Yamato ? » [13]
Là-dessus, le noble Take-uchi parla dans une chanson, disant : [284]
« Enfant auguste du Soleil éclatant, il est tout naturel que tu daignes me demander, il est tout à fait juste que tu le fasses. Je suis certes une personne de longue vie, mais je n’ai pas encore entendu parler d’une oie sauvage pondant un œuf au pays de Yamato. » [14]
Ayant ainsi parlé, on lui accorda l’auguste [15] luth et il chanta en disant :
« Ô prince ! L’oie sauvage a dû pondre son œuf, car tu finiras par régner. » [16]
C’est une chanson de félicitations incomplète. [17]
[ p. 354 ]
[ p. 355 ]
Sous ce règne auguste, il y avait un grand arbre à l’ouest de la rivière Tsuki. [18] L’ombre de cet arbre, frappée par le soleil du matin, atteignait l’île d’Ahaji ; [19] et, frappée par le soleil du soir, elle traversait le mont Takayasu. [20] L’arbre fut donc abattu et transformé en un vaisseau, et c’était un vaisseau très rapide. À l’époque, ce vaisseau était appelé Karanu. [21] C’est ainsi que l’eau de l’île d’Ahaji était puisée matin et soir, et présentée comme la grande eau auguste. [22] Les morceaux brisés de ce vaisseau servaient de combustible pour brûler du sel, et les morceaux de bois restants après la combustion étaient transformés en un luth, dont le son résonnait à sept milles [23] de distance. Alors, [24] chanta :
« Le karanu était brûlé comme combustible pour le sel ; le reste servait à fabriquer un luth ; oh ! lorsqu’on le frappe, il résonne comme les plantes humides, bercées par les récifs au milieu du port, le port de Yura. » [25]
C’est une chanson changeante qui est une chanson calme. [26] [285]
[ p. 356 ]
Les années augustes de ce Souverain Céleste furent quatre-vingt-trois. Son mausolée majestueux se trouve sur la lande de Mozu. [27]
350:1 p. 351 Scil. du succès de sa médiation. ↩︎
350:2 Ou, « pour qui est [employé] le métier à tisser avec lequel ma Grande Dame Medori tisse ? » — Le mot hata en japonais archaïque signifie à la fois « vêtement » et l’instrument qui est utilisé pour tisser un vêtement, c’est-à-dire un « métier à tisser » ( et
). Plus tard, le second sens a prévalu à l’exclusion du premier. ↩︎
350:3 Il y a ici un jeu de mots sur le nom de l’amant de la reine Hayabusa-wake, qui signifie « Seigneur-Faucon » comme dans la traduction — Le passage parallèle des « Chroniques » donne ces deux chansons comme une seule qui est mise dans la bouche des servantes de la reine Medori, — est une version plus acceptable de l’incident. ↩︎
350:4 Motowori soupçonne qu’il y a ici une erreur dans le texte, qui devrait, selon lui, se lire : « Après cela. » ↩︎
350:5 L’essentiel de ce chant est une incitation au meurtre de l’empereur (dont le nom était Oho-sazaki, c’est-à-dire Grand Troglodyte. Conf. Sect. CIV, Note 18), adressée au mari de la chanteuse (dont le nom était Hayabusa-wake, c’est-à-dire Seigneur Faucon). Mais l’allusion au lac reste obscure. Keichiū suggère qu’il est simplement mentionné comme terme de comparaison pour la capacité de vol du faucon, tandis que Motowori est d’avis que le sens est plutôt : « L’alouette vole si haut vers le ciel qu’il serait difficile de l’attraper ; mais le troglodyte est une proie facile. » ↩︎
350:6 C’est-à-dire, comme on peut le supposer, répété par une quatrième personne. ↩︎
350:7 Kurahashi-yama, à Yamato. ↩︎
350:8 Le Chant, comme le suivant, est trop clair pour nécessiter une explication. « En forme d’échelle » est une tentative de traduire la force du Mot-Oreiller hashi-tate. Voir le « Dictionnaire des Mots-Oreillers » de Mabuchi, sv, pour la force exacte qui lui est attribuée par Mabuchi. ↩︎
351:9 Pour Uda, voir Sect. XLVI, Note, 14. L’étymologie de Soni est également obscure. ↩︎
351:10 Le caractère , bien que lu par les commentateurs avec l’honorifique japonais habituel mi, « auguste », a ici sa signification chinoise propre de « impérial ». ↩︎
352:1 p. 352 Yamabe no Ohotate no murazhi. Le « nom gentil » était Yamabe no murazhi, et le nom personnel Ohotate, bien que la formulation confuse de ce passage ne le laisse pas croire. Yama-be signifie tribu montagnarde (c’est-à-dire de chasseurs). Oho-tate signifie « grand bouclier ». ↩︎
352:2 Voir Sect. CVII, Note 7. ↩︎
352:3 Ou peut-être plutôt « feuilles d’aralia » (Con/. Sect. CXXIII). ↩︎
352:4 Ou, « l’a fait entraîner ». ↩︎
352:5 Littéralement, « a été condamné à mort », ou « (l’empereur) a daigné le condamner à mort ». ↩︎
353:1 p. 353 Voir Sect. CVII, 7. ↩︎
353:2 Hime-shima, c’est-à-dire, « Île de la Princesse ». Le nom est supposé être lié à celui de la déesse Himegoso mentionnée vers la fin de la Sect. CXIV, et apparaît pour la première fois dans la Sect. V (Note 33). ↩︎
353:3 L’oie sauvage se déplace loin vers le nord à l’approche du printemps, et le traducteur est informé par le capitaine Blakiston que ce dernier n’a pas eu connaissance de p. 354 d’une quelconque reproduction, même sur l’île de Yezo. Français L’Empereur fut donc naturellement étonné d’un événement aussi étrange que celui d’une oie sauvage pondant un œuf à Yamato, et demanda au Noble Take-uchi s’il avait jamais entendu parler d’un événement semblable auparavant, Take-uchi étant à cette époque âgé de plus de deux cents ans (!) selon la chronologie des « Chroniques », et donc l’homme le plus âgé et le plus expérimenté de l’Empire. — « Noble de la Cour » représente le mot japonais Aso (pour Asomi, que Motowori et Moribe croient dériver de a se omi , littéralement, « mon frère aîné ministre » mais utilisé simplement comme titre), Les mots Uchi et Yamato sont précédés dans l’original de leurs mots-oreillers respectifs tamaki-haru et soramitsu, dont la force est impossible à rendre en anglais, et dont l’origine est en effet obscure. Les mots traduits par « pondre un œuf » signifient littéralement « donner naissance à un enfant ». ↩︎
353:4 Ce chant est trop clair pour nécessiter une explication. Comme le précédent, Yamato est accompagné du Mot-Oreiller sora-mitsu. ↩︎
353:5 Ou, « Impérial ». ↩︎
353:6 C’est-à-dire, disent Motowori et Moribe, qui rapportent cet épisode à une époque antérieure à l’accession de Nin-toku, « L’oie sauvage a pondu un œuf en signe de la future accession au trône. » Le traducteur préfère l’opinion exprimée par Keichiū dans son Kō-Gan Shō, et adoptée dans l’« Explication des Songs dans les Chroniques du Japon », selon laquelle les mots tsuki na « enfin », doivent ici être pris au sens de « long », et les Song interprétés comme signifiant « L’oie sauvage pond un œuf en signe que ton règne sera long. » Cette opinion est corroborée par l’histoire des « Chroniques », qui place les Song dans la cinquantième année de l’empereur et lui donne trente-six années d’existence ultérieure, ce qui permet à la prophétie de se réaliser amplement, comme on pourrait s’y attendre dans les pages d’un tel ouvrage. Selon l’autre point de vue, le texte des « Chroniques » appelle une correction. ↩︎
353:7 Hogi-uta no kata-uta. Pour « Chanson incomplète », voir Sect. LXXXIX, Note 14. ↩︎
355:1 p. 355 Voici la lecture de Moribe (donnée sans aucun commentaire) des caractères originaux . Motowori les déclare corrompus ; mais, n’ayant aucune correction à proposer, les laisse simplement sans aucune lecture kana. ↩︎
355:2 Voir Sect. V, Note 3. ↩︎
355:3 Takayasu no yama, dans la province de Kahachi. Les caractères qui composent le nom signifient « haut et facile ». ↩︎
355:4 La signification de ce nom, écrit , reste obscure malgré les efforts des commentateurs pour l’expliquer. ↩︎
355:5 C’est-à-dire, ce navire était utilisé pour apporter chaque matin et chaque soir p. 356 l’eau pour la maison impériale, qui était puisée sur l’île d’Ahaji. ↩︎