[296]
[SECT. CXLI.—L’EMPEREUR IN-GIYŌ (PARTIE V.—LE PRINCE KARU AIME SA SŒUR LA PRINCESSE SO-TOHOSHI)]
Après le décès du Souverain Céleste, il fut décidé que le Roi Karu de Ki-nashi gouvernerait la succession du Soleil. [^2213] Mais dans l’intervalle précédant son accession au trône, il débaucha sa sœur cadette, la Grande Dame de Karu, et chanta en disant :
« Créer des rizières sur la montagne, faire passer des conduits cachés à cause de la hauteur de la montagne : aujourd’hui en effet, mon corps touche facilement la sœur cadette que j’ai courtisée d’une cour cachée, l’épouse pour laquelle j’ai pleuré d’un sanglot caché. » [^2214]
C’est une chanson qui lève les fesses. [^2215] Il chanta de nouveau en disant :
Le grincement de la grêle contre le bambou : après avoir dormi, que les gens complotent contre moi ! Quand j’aurai dormi délicieusement, si le désordre de l’Hydropyrum latifolium coupé est présent, que le désordre règne, quand j’aurai dormi d’un bon sommeil ! [297]
C’est une chanson de levage rustique. [^2217]
[ p. 370 ]
[ p. 371 ]
Français C’est pourquoi tous les fonctionnaires [1] et le peuple de l’Empire se tournèrent contre l’héritier présomptif Karu et contre l’auguste enfant Anaho. Alors l’héritier présomptif Karu, alarmé, s’enfuit dans la maison du Grand, le noble Oho-mahe Wo-mahe, [2] et fit provision d’instruments de guerre. (Les flèches fabriquées à cette [298] époque [3] étaient munies d’intérieurs de flèches en cuivre : [4] c’est pourquoi ces flèches sont appelées flèches Karu.) Le prince Anaho fabriqua également des instruments de guerre. (Les flèches fabriquées par ce prince étaient exactement les flèches de l’époque actuelle : [5] on les appelle flèches Anaho.) Alors, Anaho leva une armée et assiégea la maison du noble Oho-make Wo-mahe. Puis, lorsqu’il atteignit la porte, une forte pluie verglaçante [6] tombait. Alors il chanta en disant :
« Venez donc sous le couvert de la porte métallique du Noble Oho-mahe Wo-mahe ! Nous resterons debout jusqu’à ce que la pluie cesse. » [7]
Alors le noble Oho-mahe arriva en chantant, levant les mains, frappant les genoux, dansant et agitant les bras. Le chant disait :
« Les courtisans sont tumultueux, disant que la clochette de leur jarretière est tombée. Gens de la campagne, prenez garde aussi ! » [8]
Ce chant est d’un style courtisan. [9] Chantant ainsi, il [299] s’approcha et dit : « Auguste Enfant de notre Souverain Céleste ! Ne viens pas les armes contre le Roi, ton frère aîné. Si tu t’avances contre lui les armes à la main, les gens riront sûrement. Je [10] le capturerai et te le présenterai. » [11] Le Prince Anaho licencia ses troupes et partit. Alors le Noble Oho-make Wo-mahe captura le Prince Karu, le conduisit et le présenta [au Prince Anaho]. Le Prince captif chanta en disant :
« Vierge du ciel, Karu ! Si tu cries violemment, les gens le sauront. Crie doucement comme les colombes du mont Hasa. » [12]
Il chanta encore :
« Vierge de Karu, la planante des cieux ! Viens dormir, et ensuite, ô jeune fille de Karu ! » [13]
[ p. 373 ]
[ p. 374 ] [300]
Le prince Karu fut donc banni dans les eaux chaudes d’Iyo. [14] De nouveau, alors qu’il était sur le point d’être banni, il chanta en disant :
« Les oiseaux qui planent vers le ciel sont aussi de véritables messagers. Quand tu entends la voix de la grue, demande-moi mon nom. » [15]
Ces trois chansons sont d’un style céleste. [16] Il chanta de nouveau en disant :
« S’ils bannissent le Grand Seigneur sur une île, il fera assurément le voyage de retour. Prenez garde à mon tapis ! Tapis, en effet, en paroles, prenez garde à mon épouse ! [17]
[301] Ce chant est d’un style rustique partiellement abaissé. [18] La reine So-tohoshi lui offrit un chant [à]. Ce chant disait :
« Que tes pieds ne foulent pas les coquilles d’huîtres du rivage d’Ahine et ses herbes d’été ! Passe-y après avoir fait le vide ! » [19]
[ p. 375 ]
Alors, quand plus tard, ne pouvant plus contenir son amour, elle le suivit, elle chanta en disant :
« Ton départ est depuis longtemps passé. J’irai, oh ! à ta rencontre. Attends ! J’ai hâte. » (Ce qu’on appelle ici yama-tadzu est maintenant tatsuge.) [20]
Alors, lorsqu’au cours de sa poursuite elle atteignit l’endroit où se trouvait le prince Karu, celui-ci, qui avait attendu pensivement, chanta en disant :
Hélas ! époux bien-aimé, qui as déterminé l’emplacement de notre tombe, dressé des drapeaux dans la grande vallée, dressé des drapeaux dans la petite vallée de Hatsuse, le château caché ! Hélas ! époux bien-aimé, que je vois après nos nombreux ennuis, prosterné comme un arc tsuki, dressé comme un arc adzusa ! [21]
Il chanta de nouveau en disant :
« Enfoncer des pieux sacrés dans le cours supérieur, enfoncer de vrais pieux dans le cours inférieur de la rivière de Hatsuse, et accrocher un miroir aux pieux sacrificiels, enfonçant sur les vrais pieux de vrais joyaux : — s’ils disaient que la sœur cadette que j’aime comme un vrai joyau, que l’épouse que j’aime comme un miroir étaient [là], je rentrerais chez moi, je regretterais mon pays. » [22]
Après avoir ainsi chanté, ils se tuèrent aussitôt ensemble. [23] Ces deux chants sont donc des chants de lecture. [24]
[ p. 376 ]
[ p. 377 ]
[ p. 378 ]
L’auguste enfant [25] Anaho résidait au palais d’Anaho à Isonokami, [26] et gouvernait l’Empire. Le Souverain Céleste envoya le Grand de Ne, [27] ancêtre des Grands de Sakamoto, à la résidence du roi Oho-kusaka, au nom de son jeune frère, le prince Oho-hatsuse, pour lui ordonner : « Je souhaite que la sœur cadette de Ton Auguste, la reine Waka-kusaka, épouse le prince Oho-hatsuse. Alors, présente-la-moi. » [28] Le roi Oho-kusaka s’inclina alors quatre fois et dit : « En raison d’une supposition qu’il pourrait y avoir de tels Grands Commandements, je l’ai toujours gardée à l’intérieur. [29] Avec révérence [30] je l’offrirai respectueusement selon les Grands Commandements. » Néanmoins, pensant qu’il était irrespectueux [simplement] d’envoyer un message, [31] il fit aussitôt, comme cadeau cérémoniel [32] de sa jeune sœur, [le Grand de Ne] prendre une coiffe de joyaux en bois de poussoir [33] pour l’offrir [au Souverain Céleste]. Français Le Grand de Ne vola aussitôt la coiffe de joyaux destinée à servir de cadeau cérémoniel et calomnia le roi Oho-kusaka en disant : « Le roi Oho-kusaka ne voulut pas accepter les ordres impériaux, mais dit : « An soror mea fiet ejusdem stirpis [viri] inferior storea ? » [34] et, saisissant la poignée de son épée croisée, [35] fut en colère. » Alors le Souverain Céleste, ayant dans sa grande colère tué le roi Oho-kusaka, prit la principale épouse de ce roi, Nagata-no-oho-iratsume, [36] et la fit impératrice.
[ p. 380 ][305]
Après cela, le Souverain Céleste, assis sur sa couche divine, [37] dormait à midi. Il s’adressa alors à son Impératrice : « As-tu quelque chose en tête ? » Elle répondit : « Étant l’objet de la généreuse faveur du Souverain Céleste, que puis-je donc avoir en tête ? » [38] Sur ce, l’ancien enfant de l’Impératrice, [39] le roi Ma-yowa, âgé de sept ans cette année-là, jouait justement à l’extérieur de l’appartement. [40] Alors le Souverain Céleste, ignorant que le jeune roi jouait à l’extérieur, s’adressa à l’Impératrice : « J’ai constamment quelque chose en tête, à savoir [la crainte] que ton enfant, le roi Ma-yowa, lorsqu’il atteindra l’âge adulte, puisse, en apprenant que j’ai tué le roi son père, me rendre la pareille avec un cœur impur. » [41] Le roi Ma-yowa, qui jouait dehors [ p. 381 ], et dont l’oreille avait entendu ces paroles, guetta aussitôt le sommeil auguste du Souverain céleste. Prenant la grande épée qui se trouvait à son côté, [42] lui coupa aussitôt la tête et s’enfuit dans la maison du Grand Tsubura. [43] Le Souverain céleste atteignit cinquante-six ans. Son mausolée auguste se trouve sur le monticule de Fushimi à Sugahara. [44]
369:1b p. 370 Voir Sect. XXXII. Note 27. La formulation de cette phrase laisserait entendre que ce n’est qu’après la mort de l’empereur In-giyo que le roi Karu fut choisi pour lui succéder. Mais il est probable que le roi Karu ait été nommé héritier présomptif ( ) du vivant de son père, comme cela est expressément indiqué dans les « Chroniques », et comme cela est implicite dans des passages ultérieurs de cet ouvrage ; et ce que notre auteur voulait dire était : « Il fut décidé que le roi Karu gouvernerait l’Empire après le décès de l’ancien souverain. » etc. ↩︎
369:2 Le sens du Chant est : « La sœur, la maîtresse, que j’ai courtisée avec tant de difficulté, est maintenant facilement mienne. » — La première phrase, jusqu’à « hauteur de la montagne », n’est qu’une « préface » au poème proprement dit, servant à introduire par un jeu de mots le mot shita-dohi, qui signifie non seulement « conduit caché », mais « courtiser secrètement ». En même temps, la comparaison implicite de l’amour secret du poète pour une personne aussi difficile à obtenir que sa propre sœur, au cours de l’eau, dans des conduits cachés, qui est acheminée jusqu’au flanc de la montagne pour irriguer un champ perché dans un endroit presque inaccessible, n’est nullement dénuée de pertinence. Le mot « montagne » (yama) est, dans l’original, précédé du mot-oreiller ashihiki (ou askiki) no, dont la signification est obscure et très controversée. ↩︎
369:3 Shirage-uta (écrit phonétiquement). L’interprétation du terme adopté ici est celle approuvée par Motowori et Moribe. Ils l’expliquent comme signifiant que la voix s’élevait progressivement vers la fin du chant. ↩︎
369:4 Comme dans le cas du Chant précédent, la première phrase n’est qu’une préface, qui joue sur la coïncidence sonore entre les mots tashi-dashi, « cliquetant », et tashika, « certainement », c’est-à-dire « sans être dérangé ». La signification du Chant proprement dit est : « Si j’ai seulement satisfait ma passion, que m’importent les complots des hommes contre moi ? Si je peux seulement serrer ma bien-aimée contre mon sein, que tout aille à vau-l’eau, comme l’Hydropyrum latifolium, une herbe qui, une fois coupée, tombe en désordre ! » — Quant au sentiment du Chant, moins on en dit, mieux c’est ; mais considéré simplement d’un point de vue littéraire, c’est certainement l’une des petites productions les plus fascinantes de la première muse japonaise, et sa traduction littérale en anglais lui fait une terrible injustice. Moribe rejette à juste titre la proposition de Motowori de diviser le poème en deux après les mots hito hakayu to mo, « comploté par les gens ». Kari-komo no, « de l’Hydropyrum latifolium », est un mot-oreiller. ↩︎
369:5 Hinaburi no ageuta. Les commentateurs n’ont rien de plus précis à nous dire concernant l’expression « chant d’élévation » que « cela fait référence à l’élévation de la voix lors du chant ». ↩︎
371:1 p. 372 Voir Sect. CXII, Note ↩︎
371:2 Oho-mahe Wo-make sukune no omi (selon l’ancienne lecture Oho-saki Wo-saki, etc. Motowori considère que ce double nom désigne deux frères, les mots oho et wo (« grand » et « petit ») se prêtant naturellement à l’interprétation de « aîné » et « cadet ». Moribe, au contraire, pense qu’il n’y en avait qu’un, et est soutenu à la fois par l’autorité des « Chroniques du Japon » et par le fait que, sauf dans les « Chroniques des choses anciennes des âges passés », que l’on croit être un faux, aucun deuxième frère n’est mentionné nulle part. Il explique l’utilisation du double nom dans le texte en prose comme s’étant glissé sous l’influence du texte de la chanson suivante (voir note 7 ci-dessous). Cela semble au traducteur le meilleur point de vue. ↩︎
371:3 C’est-à-dire, « à cette occasion ». ↩︎
371:4 Il y a ici une corruption évidente du texte, et Motowori suppose à juste titre qu’il s’agit de pointes de flèches, ou, comme on les appelle en japonais, de pointes de flèches. Il ajoute que jusqu’alors, les pointes de flèches avaient toujours été en fer. ↩︎
371:5 Le style de l’auteur est ici plutôt fautif ; car il semble vouloir dire que les flèches employées par le prince Anaho étaient celles qui avaient été utilisées dans les temps anciens et étaient encore les plus universellement employées - qu’en fait, elles étaient le style habituel de flèches en contraste avec celles de l’invention du prince Karu. ↩︎
371:6 Voir Sect, LXXXVIII, Note 5. ↩︎
371:7 p. 373 Le prince, dans cette chanson, ordonne à ses troupes de suivre son exemple et de se réfugier de la pluie sous le couvert de la porte de la maison d’Oho-mahe. Tel est du moins le sens réel des mots employés ; mais Motowori n’y voit rien de moins qu’une exhortation légèrement voilée à ses partisans à attaquer le château, tandis que Moribe, d’autre part, pense qu’ils étaient destinés à transmettre à Oho-mahe un indice de sa présence et à permettre au prince assiégé, pour lequel (étant son frère aîné) le prince Anaho conservait une grande affection et un grand respect, de concevoir un moyen de s’échapper. Cela semble extrêmement tiré par les cheveux. — Le mot « métal » ne désigne probablement que les attaches de la porte, et non sa structure entière. ↩︎
371:8 Le sens et l’application exacts de ce chant sont controversés, mais une chose semble claire : son compositeur cherche à calmer à la fois l’armée assiégeante (appelée courtisans par politesse) et les paysans qui s’étaient joints à la mêlée, en minimisant l’événement, qu’il compare à un accident aussi banal que la chute d’une clochette de la jarretière ou des jambières d’un homme. La coutume d’orner cet article vestimentaire d’une clochette n’est cependant mentionnée nulle part ailleurs. Le mot yume, qui conclut le chant et est ici traduit par « prendre garde », est identifié par Motowori et Moribe à l’impératif du verbe iwu « éviter », « éviter », « ne pas faire ». ↩︎
371:9 Miya-hito-buri. C’est l’un des cas qui étayent l’opinion de Motowori selon laquelle les noms des soi-disant styles de chansons dérivent de leurs paroles initiales. ↩︎
371:10 Écrit avec l’humble caractère , « serviteur ». ↩︎
372:11 Le mot utilisé dans le texte, ici et aussi dans la phrase suivante, est celui qui désigne proprement la présentation du tribut. ↩︎
372:12 Une autre lecture donne ce sens :
« Comme si la jeune fille du paradis Karu criait violemment, les gens le sauraient, elle pleure doucement comme les colombes du mont Hasa. »
Français Selon cette lecture, le poète explique simplement la raison du manque de démonstration du chagrin de sa maîtresse ; selon celle du texte, il la supplie de ne pas pleurer trop passionnément. — Amadamu ou amadamu ya, « planant vers le ciel », est le mot-oreiller pour Karu, appliqué à lui par jeu de mots en raison de sa similitude de son avec le mot kari, « une oie sauvage », qui mérite bien l’épithète « planant vers le ciel ». Du mont Hasa on ne sait rien. ↩︎
372:13 p. 374 Rendu ainsi selon l’exégèse de Moribe, qui s’approuve tout à fait dans l’esprit du traducteur, ce Chant signifie : « Oh ! jeune fille de Karu ! viens dormir avec moi une seule fois, avant que mon bannissement imminent ne nous empêche de nous revoir. » Motowori choisit d’interpréter nete comme une crase de nayete, « se pencher », et voit dans le Chant une invitation à la jeune fille à venir discrètement afin de ne pas attirer l’attention. — Le dernier mot, traduit par « jeune fille », est wotome-domo, proprement un pluriel, mais utilisé ici au singulier, comme watakuski-domo, « je » (proprement « nous »), l’est si constamment dans le dialecte familier moderne. Pour le mot-oreiller « s’élevant au ciel », voir la note précédente. ↩︎
374:1 p. 375 Pour Iyo, voir Sect. V, Note 4. Ses sources chaudes sont souvent mentionnées dans les documents anciens. Motowori les identifie à un lieu aujourd’hui appelé Dō-go ( ). ↩︎
374:2 Le sens de ce chant est : « Je vais là où aucun messager ne m’atteindra. Mais tu dois demander de mes nouvelles aux oiseaux. » ↩︎
374:3 p. 376 Ama-da-buri. Le titre semble dériver du mot-oreiller initial de ces trois chansons. ↩︎
374:4 Le sens de ce Chant semble être, pour le traducteur : « Même s’ils osent me bannir maintenant, je reviendrai un jour. Respecte ma natte pendant mon absence. Natte, en effet ! C’est ma femme qu’il faut respecter. » Les commentateurs considèrent les derniers mots comme un ordre adressé à l’épouse et interprètent la phrase comme signifiant : « Mon épouse, prends garde ! » Mais cela a certainement moins de sens et, de plus, ne convient pas au passage exactement parallèle du premier Chant de la secte CXXV. Par les mots « Grand Seigneur », le poète princier se désigne lui-même, peut-être avec une pointe de colère face à l’indignation à laquelle il est soumis. L’expression difficile funa-amari est ici, conformément à l’opinion de Moribe, rendue par les mots « voyage restant », c’est-à-dire « le voyage de retour », qui est la partie du voyage que l’on peut dire terminée pour un navire en partance lorsqu’il a atteint sa destination. Il convient de consulter le Commentaire de Motowori, vol. XXXIX, p. 50-51, pour des interprétations plus anciennes de la signification du terme. L’expression « Attention à ma natte » rappelle qu’autrefois, le sol d’une pièce japonaise n’était pas entièrement recouvert de nattes selon la coutume moderne, mais que chaque personne disposait de sa propre natte pour s’asseoir et dormir. On prenait toujours grand soin de ne pas souiller la natte d’autrui. Conf, une élégie tirée du « Collection d’une myriade de feuilles », traduite par l’auteur dans son ouvrage « Poésie classique japonaise », p. 79. ↩︎
374:5 Hina-buri no kata-oroshi. Comme la plupart des noms de styles de chants, celui-ci est extrêmement obscur. Les commentateurs supposent qu’une partie était chantée à voix plus basse que les autres. Mais ce ne sont que des suppositions. ↩︎
374:6 Les paroles mêmes du Chant signifient : « Ne lacère pas tes pieds en marchant sur les coquilles d’huîtres invisibles du rivage d’Ahine, couvert d’herbes d’été ; mais marche là après l’aube. » (C’est l’interprétation que Keichiū donne du mot akashite, « avoir éclairci », et c’est la meilleure selon l’auteur ; ces derniers commentateurs y voient une recommandation au prince exilé de dégager l’herbe de chaque côté.) Le mot akashite appelle cependant une explication particulière afin de faire ressortir toute la portée du poème. Il signifie proprement « dormir ensemble » ou « s’allonger l’un sur l’autre », et s’applique donc soit aux deux époux, soit à l’herbe d’été. Il est même douteux qu’il s’agisse du nom d’un lieu réel. Le mot natsu-kusa peut également être pris simplement comme un mot-oreiller pour Ahine. — L’essentiel de la chanson est en tout cas un avertissement de la jeune fille à son amant pour se prémunir contre les périls du voyage. ↩︎
375:7 p. 377 Le sens de ce chant est : « Il y a trop longtemps que tu es parti. Je ne peux plus attendre, mais j’irai à ta rencontre. » — Le verbe « rencontrer » (mukahe) est dans l’original précédé du mot-oreiller yama-tadzu, qui forme le sujet de la note annexée au poème par le compilateur. Les commentateurs ne sont pas d’accord sur la nature précise de l’instrument prévu ; mais il semble qu’il s’agisse d’une sorte de hache. La raison de son utilisation comme mot-oreiller pour « rencontre » est également controversée. Il n’apparaît qu’écrit phonétiquement. Le terme tatsu-ge, par lequel il est expliqué dans le texte, y est écrit , ce qui ne nous aide pas beaucoup à comprendre ce qu’il est censé désigner. ↩︎
375:8 Cette chanson est si obscure dans l’original que Motowori avoue être incapable d’en comprendre le sens. Le traducteur a adopté l’interprétation de Mortise, selon laquelle l’essentiel est le suivant : « Hélas ! ma chère épouse, qui étais si désireuse de m’être unie à jamais que tu as même fixé l’endroit dans la vallée funèbre de Hatsuse où nous serions un jour enterrés ensemble ! Hélas pour toi, que je revoie enfin maintenant. » — Pour parvenir à ce sens, Moribe est obligé de prouver de manière plus ou moins satisfaisante que le mot wo répété trois fois signifie « vallée » ou « bergerie » les deux premières fois où il apparaît, et « tombe » la troisième, et que komoriku no hatsuse, généralement interprété comme « Hatsuse » isolé, signifie « le château caché », le « lieu final », c’est-à-dire « le tombeau ». Il est également nécessaire de supposer, sans autorité, que les drapeaux mentionnés par le poète sont destinés aux drapeaux funéraires, et que les mots « se prosterner comme un arc tsuki », etc., qui, selon le les lois de la construction japonaise, précèdent au lieu de suivre la phrase « hélas ! « Époux bien-aimé », etc., ne sont qu’une préface à ce dernier. — On constate que l’interprétation de Moribe repose sur un fondement fragile, et que Motowori n’est guère à blâmer pour avoir déclaré le Chant incompréhensible. En même temps, le traducteur a jugé préférable, en suivant Moribe, d’en donner une traduction plutôt que de laisser le passage en blanc. Avec cet avertissement, l’étudiant peut rechercher d’autres significations possibles s’il le souhaite. — Hatsuse est un lieu encore existant et célèbre parmi les montagnes du Yamato. L’étymologie du nom, à moins d’accepter celle de Moribe mentionnée ci-dessus, est obscure. On le prononce aujourd’hui généralement Hase. Le tsuki serait presque impossible à distinguer de l’arbre keyaki (Zelkowa keaki). L’adzusa semble être le Catalpa kaempferi, mais certains pensent qu’il s’agit du cerisier. ↩︎
375:9 La première moitié de ce Chant, jusqu’aux mots « suspendus aux véritables pieux, véritables joyaux », est une préface à ce qui suit. La signification du reste, p. 378, est : « Si ma chère épouse-sœur était encore à Hatsuse, dans le Yamato, je m’enfuirais vers elle, en pensée ou en acte ; mais maintenant qu’elle m’a suivi en exil, la terre d’exil me suffit. » — Moribe, tout en admettant que la première moitié du Chant soit une préface au reste, soutient qu’il faut également lui attribuer une signification en rapport avec le sujet de la partie principale du Chant. Il suppose, à savoir, que la cérémonie religieuse, quelle qu’elle soit, consistant à enfoncer des pieux dans le lit ou la rive de la rivière et à les décorer de perles et d’un miroir, a été réellement accomplie par la princesse So-tohoshi pour annoncer le retour de son amant. De l’avis du traducteur, il est plus élégant et plus conforme à l’usage archaïque de considérer la préface comme n’ayant aucune signification particulière ni aucun lien (autre que verbal) avec le reste du poème. Le mot i-kuhi ou i-guhi, traduit par « tas sacrés », pose problème ; car il n’est pas certain que Motowori ait raison de donner à la syllabe initiale i le sens de « sacré ». Il pourrait s’agir simplement de ce que l’on a appelé un « préfixe ornemental », dénué de sens. Motowori souligne cependant que cet usage est limité aux verbes et n’apparaît pas avec les substantifs. Komoriku no, le mot-oreiller pour Hatsuse, est rendu par « isolé », conformément à la dérivation généralement admise de Mabuchi de komori-kuni, « terre retirée ». Moribe, malgré ce qu’il a dit dans son exégèse du poème précédent (Note 8), est prêt à admettre que, même si ce n’était peut-être pas son sens original, c’était son sens commun, même dans les temps anciens. ↩︎
375:10 C’est-à-dire, se sont suicidés ensemble. ↩︎
375:11 Cette expression est interprétée comme signifiant que ces chants étaient récités d’une voix monotone, comme quelqu’un qui lirait un livre ou raconterait un conte. ↩︎
378:1 C’est-à-dire, Prince. Dans tous les autres cas, nous trouvons le mot mikoto, « Augustité », comme titre par lequel le Souverain est mentionné au début de son règne. ↩︎
378:2 Voir Sect. XLV, Note 16. ↩︎
378:3 Ne no omi. L’étymologie de ne est obscure. ↩︎
379:4 Littéralement, comme « hommage ». ↩︎
379:5 Plus littéralement, « Je l’ai gardée sans la mettre dehors. » ↩︎
379:6 Conf. Sect. IX, Note 4 et Sect. XVIII, Note 14. ↩︎
379:7 Motowori suppose que peut être une erreur pour
dans l’original de cette clause
. ↩︎
379:8 . Ce terme correspond au , nom par lequel sont désignés les cadeaux échangés lors des fiançailles. ↩︎
379:9 p. 380 Le terme original oshi-ki no tam-akadzura est extrêmement obscur. L’une des hypothèses de Motowori est que le « bois à pousser » était une sorte de cadre permettant de maintenir fermement attachés à la tête les bijoux ou les perles, enfilés sur une tige dressée faite du même matériau dur. On peut peut-être se faire une idée de la coiffure envisagée en lisant la planche ci-contre, p. 354, de la troisième partie du volume VIII de ces « Transactions » (article de M. J. Condor sur « L’histoire du costume japonais »). ↩︎
379:10 C’est-à-dire, « Ma sœur, dont le père est l’empereur Nin-toku, deviendra-t-elle l’épouse de l’empereur actuel ? » — La rusticité de cette comparaison est une honte même pour les commentateurs japonais eux-mêmes. ↩︎
379:11 Voir Sect. XLV, Note 5. ↩︎
379:12 Voir Sect. CXXXVII, Note 5. ↩︎
380:1 Conf. Sect. LXIV, Note 2. ↩︎
380:2 Littéralement, « As-tu quelque chose à penser ? » La même construction est utilisée dans la phrase suivante. ↩︎
380:3 C’est-à-dire, son fils avec son ancien mari, le roi Oho-kusaka. ↩︎