[ p. 388 ]
Ainsi, le clan Shiraka [^2292] fut établi comme auguste mandataire du prince Shiraka. Les serviteurs du clan Hatsuse [^2293] furent à nouveau établis. À cette époque, des gens de Kure arrivèrent. Les serviteurs Kahase [^2294] furent à nouveau établis. Ces gens de Kure [^2295] furent logés [^2296] à Kure-hara. Le lieu fut alors appelé Kure-hara [^2297].
[ p. 389 ] [311]
[SECTE CLII. — EMPEREUR YŪ-RIYAKU (PARTIE III. — LE TOIT DE LA MAISON DU GRAND SEIGNEUR DÉPARTEMENTAL DE SHIKI).]
Au début, lorsque l’Impératrice [1] résidait à Kusaka, [2] [le Souverain Céleste] progressa à Kafuchi par la route de Tadagoye [3] à Kusaka. Puis, en grimpant au sommet de la montagne et en contemplant l’intérieur du pays, [il aperçut] une maison construite avec une charpente surélevée. [4] Le Souverain Céleste envoya demander [au sujet] de cette maison, disant : « À qui est ce toit à charpente surélevée ? » La réponse fut : « C’est la maison du grand Seigneur Départemental de Shiki. » [5] Alors le Souverain Céleste dit : « Quoi ! un esclave construit sa propre maison à l’imitation de l’auguste demeure du Souverain Céleste ! » . . . . et aussitôt il envoya des hommes pour incendier la maison, lorsque le Grand Seigneur Départemental, tremblant et effrayé, baissa la tête, [^2303] disant : « Étant esclave, comme un esclave, je n’ai pas compris et j’ai trop construit. Je suis dans une grande terreur. » [6] Alors, la chose qu’il offrit en auguste offrande [en signe] de sa supplication fut un chien blanc [312] vêtu de tissu [7] et avec une cloche pendue [autour de son cou] ; et il chargea un de ses proches, nommé Koshihaki, [8] de le conduire par une ficelle et de le présenter [au Souverain Céleste]. Alors, le Souverain Céleste leur ordonna de cesser de brûler [la maison].
[ p. 390 ]
Se dirigeant immédiatement vers la résidence de la reine Wakakusaka-be, le Souverain Céleste envoya le chien en guise de messager : « Ce que j’ai trouvé aujourd’hui en chemin est étrange. C’est donc un objet de charme », et, ce disant, il l’envoya en cadeau. La reine Waka-kusaka-be envoya alors dire au Souverain Céleste : « Il est très inquiétant que tu avances dos au soleil. [^2307] Je monterai donc directement à la capitale et te servirai respectueusement. » [9] Lorsqu’il revint donc habiter au palais, il alla se tenir sur la crête [10] de cette montagne et chanta en disant :
« Dans le creux entre la montagne la plus proche et la plus éloignée, ce mont Kusakabe et le mont Heguri, pousse le chêne sanglier aux larges feuilles florissantes ; à la base poussent des bambous entrelacés ; au sommet poussent des bambous luxuriants : nous ne dormons pas maintenant entrelacés comme les bambous entrelacés, nous ne dormons certainement pas comme les bambous luxuriants : oh ! mon épouse bien-aimée, avec qui je dormirai plus tard entrelacés ! » [11]
Et il envoya aussitôt un messager avec ce chant. [12]
[ p. 392 ]
Un jour, alors que le Souverain Céleste, sortant pour s’amuser, atteignit la rivière Miwa, [13] il vit une jeune fille, d’une très belle apparence, laver du linge au bord de la rivière. Le Souverain Céleste demanda à la jeune fille : « De qui es-tu l’enfant ? » Elle répondit : « Je m’appelle Akawi-ko, de la tribu Hiketa. » [14] Puis il la fit prévenir : « N’épouse pas un mari. Je te ferai venir », et [sur ces mots] il retourna au palais. Ainsi, quatre-vingts ans s’étaient déjà écoulés, tandis qu’elle attendait respectueusement les ordres du Souverain Céleste. Alors Akawi-ko pensa : « J’ai déjà passé de nombreuses années à attendre les ordres impériales, et comme mon visage et mon corps sont maigres et flétris, il n’y a plus d’espoir. Néanmoins, si je ne montre pas à la Souveraine céleste combien j’ai attendu, ma déception sera insupportable. » — et, ce disant, elle fit transporter des marchandises sur des tables pouvant contenir cent [15], puis s’avança et présenta ces présents en tribut. La Souveraine céleste, qui avait complètement oublié ce qu’elle avait ordonné, demanda à Akawi-ko : « Quelle vieille femme es-tu, et pourquoi es-tu venue ici ? » Akawiko répondit alors : « Ayant reçu, tel mois de telle année, les ordres du Souverain Céleste, j’ai attendu avec révérence ce grand commandement jusqu’à ce jour, et quatre-vingts ans se sont écoulés. Mon apparence est maintenant tout à fait décrépite, et il n’y a plus aucun espoir. Néanmoins, je suis venu témoigner ma fidélité. » Sur ce, le Souverain Céleste fut profondément surpris et s’exclama : « J’avais complètement oublié la circonstance précédente ; et toi, attendant toujours fidèlement mes ordres, tu as vainement laissé passer les années de ta force. C’est bien pitoyable. » Au fond de lui, il souhaitait l’épouser, mais son âge avancé le révulsa et il ne put se marier ; mais il lui conféra un chant auguste. Ce chant disait :
« Qu’il est terrible, le chêne sacré, le chêne de l’auguste demeure ! Jeune fille de la plaine des chênes ! » [16]
Il chanta de nouveau en disant : [315]
« La jeune châtaigneraie de Hiketa : — o si dormivissem cum iliâ in juventâ ! Oh ! qu’elle a vieilli ! » [17]
Alors les larmes qu’Akawi-ko versa trempèrent complètement la manche teinte en rouge qu’elle portait. [18] En réponse au grand chant auguste, elle chanta en disant :
« Reste de l’empilement du mur de joyaux entassé autour de l’auguste demeure, p. 394 — à qui ira la personne du temple de la Divinité ? » [19]
[316] Elle chanta de nouveau en disant :
« Oh ! qu’elle est enviable celle qui est dans sa floraison comme le lotus en fleurs, le lotus de la crique, de la crique de Kusaka ! » [20]
La vieille femme fut alors renvoyée, généreusement dotée. Ces quatre chants sont donc des chants de paix. [21]
[ p. 395 ]
Lorsque le Souverain Céleste se rendit au palais de Yeshinu, [22] il y avait sur la rive de la Yeshinu [ p. 396 ] une jeune fille de belle apparence. Après l’avoir épousée, il retourna au palais. Plus tard, lorsqu’il se rendit de nouveau à Yeshinu, il s’arrêta là où il avait rencontré la jeune fille, et y érigea un grand trône auguste, [23] s’y assit, joua de son luth auguste et fit danser la jeune fille. Puis il composa un chant auguste en hommage à la danse de la jeune fille. Ce chant disait :
« Oh ! que la jeune fille dansant au son du luth, de la main auguste de la Divinité assise sur le trône, puisse continuer à jamais ! » [24]
[^2297] : 388:1 p. 388 Shiraka-be.
[^2303] : 389:1 p. 389 I.e., Waka-kusaka-be.
[^2307] : 389:5 Shiki no oho-agata-nushi. Pour Shiki, voir Sect. LXIII, Note 1.
[^2325] : 394:9 Voir Sect. CXXIV, note 19.
388:2 Hatuse-be no tomire. Ce clan portait le nom de l’empereur régnant. Rappelons que le mot « Vestiaires » est ici un « nom païen ». ↩︎
388:3 Kahase no toneri. Kaha-se signifie « étendue de rivière », et les « Chroniques », datées de la onzième année de ce règne, relatent l’apparition d’un cormoran blanc, commémorant la fondation de cette famille. On se souvient que les cormorans étaient utilisés pour pêcher dans les rivières ; d’où la pertinence du nom donné à la famille en question. ↩︎
388:4 Nom donné par les premiers Japonais à Wu ( ), un ancien État de Chine orientale, au sud du Yang-Tseu. En japonais, cependant, comme d’autres noms de régions de Chine, il désigne souvent l’ensemble du pays de manière assez vague. L’origine du mot Kura est obscure. La proposition la plus acceptable est celle qui y verrait une corruption du terme chinois original Wu, dont Go est la prononciation sinico-japonaise. Mais qu’en est-il de la deuxième syllabe re ? ↩︎
388:5 L’expression est ici utilisée pour « logé ». ↩︎
388:6 C’est-à-dire, Kure Moor. Il se trouve dans le Yamato. Selon les « Chroniques », l’ancien nom du lieu était Himokuma-nu. ↩︎
389:2 Voir Sect. XLIV, Note 31. Le Kusaka mentionné ici est celui de Kafuchi. ↩︎
389:3 De tada, « tout droit » et koyuru « traverser », ce qui est un raccourci à travers les montagnes. ↩︎
389:4 L’original de cette clause est , qui se lit katsuwo wo agete ya wo tsukureru ihe ari. Le katsuwo (à proprement parler p. 390 katsuwo-gi
) est le nom de la partie supérieure du toit des temples shintoïstes modernes, et apparemment aussi dans les temps anciens des maisons qui n’étaient pas consacrées à des fins religieuses. La difficulté ne réside pas dans le sens, mais dans la dérivation du mot katsuwo-gi. D’après les caractères avec lesquels il est écrit ici et ailleurs, Motowori y voit une référence à la forme des blocs de bois ressemblant à des « bonites séchées », ce qui est la signification moderne de katsuwo. Français Mais Moribe, dans son « Examen des mots difficiles », propose une dérivation qui s’approuve davantage à l’esprit de l’auteur actuel, à savoir kadzuku wo-gi (
), « petites poutres au sommet » (voir « Examen des mots difficiles », s.v.). Le Commentaire de Motowori, Vol. XLI, pp. 11-14, devrait être consulté pour une discussion de toute la question de l’utilisation de ces cadres dans les temps anciens, et pour la force particulière à attribuer au mot « surélevé » (
) dans ce passage. ↩︎
389:6 c’est-à-dire, s’est humblement prosterné sur le sol. ↩︎
389:7 Ou, selon l’ancienne lecture, « Ceci c’est-à-dire, ton commandement) [doit être reçu avec] crainte. » ↩︎
389:8 Ou, « attaché avec [une corde de] tissu. » La traduction suit l’interprétation de Motowori. ↩︎
389:9 Le nom signifie « ceint de reins », c’est-à-dire, comme on peut le supposer, « portant une épée ». ↩︎
390:1 p. 391 Car il était venu de Yamato à l’Est à Kafuchi à l’Ouest. ↩︎
391:2 Le sens est : « Ta Majesté ne doit pas venir me courtiser ici, car la direction est malchanceuse. Mais je monterai moi-même immédiatement au palais pour être « ton impératrice ». » ↩︎
391:3 La montée mentionnée ici est, selon Motowori, la route de Tadagoye, et la montagne est le mont Kusaka. Voir Sect. CLII, Notes 2 et 3. ↩︎
391:4 Dans cette chanson, l’empereur se console du retard de son union avec la princesse Waka-kusaka-be en pensant qu’après tout, elle sera bientôt sienne. — La première moitié du poème, jusqu’aux deux points et au tiret, est une préface au reste. La plupart des mots difficiles qui y figurent ont été expliqués dans les notes précédentes ; pour le « chêne-ours à larges feuilles », voir Sect. LXXII, Note, 19 ; pour tatami-komo, le mot-oreiller par lequel Heguri est précédé dans le texte japonais, voir Sect. LXXXIX, Note 12. Kusaka-be est curieux, car alors qu’il signifie proprement la tribu Kusaka – cette tribu ou famille étant nommée d’après le lieu où elle résidait – le lieu lui-même a été rebaptisé d’après eux lorsque le fait de l’origine postérieure de la désignation familiale a été oublié. Français La raison (ou la mention du chêne à la p. 392 dans la préface, qui n’est pas mentionnée dans le texte principal du poème), est difficile à déterminer. Moribe pense cependant que c’est à cause de la luxuriance de son feuillage qui, comme s’il s’agissait d’une préface dans la préface, ouvre la voie à la mention des bambous à la croissance dense. Le lien de jeu de mots entre tashinu-dake, « bambous luxuriants », et tashi ni ha wi-nezu, « nous ne dormons certainement pas », est nécessairement effacé dans la traduction anglaise. « Certainement » doit être pris dans le sens de « sans être dérangé ». ↩︎
391:5 C’est-à-dire, comme on peut le supposer, un messager envoyé par sa maîtresse. Il semble préférable de supposer que l’auteur représente l’empereur comme ne s’étant pas rendu chez elle, mais comme ayant seulement communiqué avec elle par messager. ↩︎
392:1 Miwa gawa. C’est le ruisseau qui coule près de Hatsuse. Pour Miwa, voir Sect. LXV, Note 8. ↩︎
392:2 Hiketa-bo no Akawi-ko. Hiketa se trouve dans le Yamato. L’étymologie du mot est obscure. Akawi-ko signifie « enfant sanglier rouge » ; mais l’adéquation du nom à la femme du récit n’est pas mise en évidence. ↩︎
393:3 Voir Sect. XXXVII, Note 7. ↩︎
393:4 Moribe dit que, dans ce chant, le monarque oublieux se souvient de l’apparence majestueuse et redoutable de l’arbre sacré dans l’enceinte du temple, et est poussé par cette pensée religieuse à se repentir de son traitement négligent envers celle qui l’avait si patiemment attendu pendant tant d’années. Motowori, au contraire, ne voit dans ces paroles qu’une comparaison de la vieille femme avec un arbre sacré immémorial, et l’aversion du monarque pour une union avec elle. — Le chêne mentionné (le Kashi, Quercus myrsinæfolia) est une espèce à feuillage persistant. Motowori et Moribe considèrent tous deux que mimoro, dans l’original japonais de ce chant, doit être pris non pas comme un nom propre (voir Sect. XXVIII, Notes 3 et 5), mais simplement comme signifiant « une demeure sacrée ». Comme Miwa est mentionné au début du récit, il pourrait sembler plus naturel de considérer mimoro comme un nom propre. Mais le mot mimoro signifiant « lieu sacré », la différence entre les deux points de vue est minime, et il est préférable de suivre les autorités locales. « Plaine de chênes » (kashi-hara) signifie « lieu planté de chênes ». La première phrase du Chant doit être considérée comme une sorte de préface à la seconde. ↩︎
393:5 Les premiers mots de cette chanson jusqu’aux deux points et au tiret sont une préface à la chanson proprement dite, dont le sens n’a pas besoin d’explication. Moribe suppose que le mot kuri, « châtaigne », était autrefois p. 395 un nom général pour toutes sortes de fruits, un peu comme notre mot anglais « baie ». ↩︎
393:6 La manche trempée de larmes est une figure courante dans la poésie japonaise. ↩︎
394:7 Ou nous pourrions (suivant Moribe) traduire ainsi : « Reste de la garde du bosquet de joyaux à l’auguste demeure », etc. La formulation de son Chant est loin d’être claire. Alors que Motowori y voit une référence à la construction d’un mur autour du terrain d’un temple, l’excédent de matériaux pour lesquels le terme « mur sacré » ne pourrait, on peut le supposer, être appliqué à aucun but profane, Moribe conteste la pertinence d’une telle interprétation du mot kaki qui, selon lui, désigne le bosquet planté dans l’enceinte des temples, les temples n’ayant jamais été entourés de murs tels que Motowori suppose l’existence, ni même de « haies » ou de « clôtures », qui est l’acception la plus courante du terme. Il pense donc que la signification superficielle des paroles mêmes du Chant est que le prêtre, qui a consacré toute sa vie au service d’un sanctuaire particulier, ne peut l’abandonner pour adorer une autre divinité. Le sens profond du petit poème est le même dans les deux cas : Akawi-ko était restée fidèle à son premier amour, l’Empereur, durant sa longue attente de quatre-vingts ans. Pour toutes les raisons, il lui avait été impossible de donner son affection à un autre, et elle était maintenant venue à la capitale pour démontrer à celui qui l’avait oubliée la nature immuable de ses sentiments. ↩︎