[ p. 28 ]
Je suis né à Musashi et, lorsque mes cheveux furent attachés en queue de cheval, j’étudiai la poésie et l’histoire chinoises.[1] [ p. 28 ] Dès lors, j’écrivis des essais sur des thèmes qui m’intéressaient, présentai mes écrits aux daimyos et me fis recevoir dans leurs demeures. Ou bien, avec ma boîte de livres sur le dos, je vivais comme un voyageur à Kyōto. Par la suite, je m’installai dans le nord,[2] étudiant sans cesse les écrits anciens et renforçant constamment mon objectif de me perfectionner jusqu’à la fin de ma vie. Mais, contre toute attente, je fus convoqué par mon seigneur et retournai dans mon pays natal.[3] Ainsi, je suis devenu vieux et imbécile, attendant que la mort vienne poser ma tête sur les collines. Bien des années et des mois se sont écoulés et, à soixante-quatorze ans, aussi vieux qu’un cheval ou un chien, bien que j’aime apprendre et que je me propose de suivre la « Voie », je n’ai aucune vertu qui me permette d’être un leader ou un enseignant. Je n’ai pas non plus les capacités pour quoi que ce soit d’autre, et je reste inutile au monde. C’est bien loin de ce que j’avais prévu. J’expose donc ce que j’ai appris à ceux qui croient au Vieil Homme et qui viennent le voir avec des questions. Si je peux aider les futurs érudits, ce sera la récompense de ma longue vie, et dans la maladie et la douleur, je commente constamment les livres.[4]
Un jour après l’exposition, alors que l’on parlait des changements dans l’apprentissage depuis l’époque des Sō, l’un des p. 29 présents exprima des doutes quant à la philosophie de Tei-Shu ;[^5] et le Vieil Homme répondit : [ p. 29 ]
Jeune, j’ai moi aussi étudié avec des maîtres sans valeur. J’ai falsifié les mots et perdu mon temps, jusqu’à ce que je perçoive soudain la folie d’une telle étude et que je décide de rechercher la sagesse des hommes d’autrefois, celle qui est pour soi-même.[^6] Hélas ! Sans maître ni ami, j’étais déconcerté par les opinions contradictoires des érudits, et j’ai à moitié douté, à moitié cru à l’enseignement du Tei-Shu. Ainsi, le temps s’écoula en vain jusqu’à mes quarante ans, où j’ai pleinement accepté cette philosophie,6a, comprenant que rien ne pouvait la remplacer. Pendant trente ans, je l’ai lue et méditée. Contempler ses hauteurs, quelle transcendance ! Chercher à la diviser, quelle concision ! Pourtant, elle n’est ni trop lointaine ni trop élevée, ni trop superficielle ni trop proche ! Si des Sages réapparaissaient, ils la suivraient ! Car la « Voie » du Ciel et de la Terre est la « Voie » de Gyō et Shun[^7] : la « Voie » de Gyō et Shun est la « Voie » de Confucius et Mencius ; et la « Voie » de Confucius et Mencius est la « Voie » de Tei-Shu. En abandonnant Tei-Shu, nous ne pouvons trouver Confucius et Mencius. En abandonnant Confucius et Mencius, nous ne pouvons trouver Gyō et Shun ; et en abandonnant Gyō et Shun, nous ne pouvons trouver la « Voie » du Ciel et de la Terre. Ne vous fiez pas aveuglément à un vieux savant, mais cela, je le sais et c’est pourquoi je le dis. Si je dis quelque chose de faux, ce que je n’ai pas vérifié, que le Ciel et la Terre me punissent à l’instant.
[ p. 30 ]
À ces mots, tous les présents se redressèrent et écoutèrent attentivement. Le Vieil Homme [ p. 30 ] [5] continua : — Ceci n’a pas attendu mon serment, cela a été décidé il y a cinq cents ans. Depuis l’époque de Shushi, les grands érudits du Sō, du Gen et du Min[6], ainsi que tous ceux qui suivaient la philosophie éthique, l’ont pleinement accepté. Les hommes de grand savoir ont certes débattu de son style et de ses points mineurs, mais n’ont rien dit contre sa philosophie[7]. Ainsi, jusqu’au milieu du Min, l’érudition était pure et la vérité célébrée intacte. Puis vint Ōyōmei avec son intuitionnalisme[^11]. Il attaqua Shushi et modifia l’érudition du Min. Après sa mort, ses élèves acceptèrent les doctrines du Zen[8] et, dès lors, les érudits furent ivres d’intuitionnalisme et las de la philosophie naturelle. Ils étaient soit de simples mémorisateurs, soit bouddhistes. Que des hommes ne possédant pas un dixième de la connaissance du Tei-Shu puissent facilement critiquer, c’est comme si un roitelet se moquait d’un bo[^13], comme si une chenille mesurait la mer. Comme le dit Kantaishi[9] : « S’asseoir dans un puits et, regardant le ciel, le déclarer petit. » Mais les ignorants superficiels qui adoptent ces points de vue en raison de leur nouveauté sont innombrables.
Dans notre pays, en paix depuis cent ans, le savoir prospère. Je ne peux me prononcer sur sa valeur, mais les anciens modèles et le Tei-Shu ont été fermement acceptés, ce qui est un motif de gratitude. Mais récemment, certains ont échafaudé de fausses doctrines. Ils ont fondé leur école et rassemblé des disciples. Des érudits malfaisants apparaissent au-dessus de qui ces hommes cherchent à se faire valoir par des arguments insensés, égoïstement et sans vergogne. Il est de coutume que tous les chiens se joignent à quelqu’un qui aboie mensongèrement ; ainsi, les enseignements et les doctrines malfaisants abondent. Un véritable malheur s’est abattu sur la philosophie éthique.
Kantaishi vivait à une époque où le bouddhisme et le taoïsme étaient florissants. Se comparant à Mencius, il les attaqua seul en jurant : « Les dieux du ciel et de la terre sont là-haut, à droite et à gauche. »[^15] [ p. 32 ] Mon serment n’a pas la force de Mencius, mais je n’ai pas l’intention de le trahir. Veillez à ne pas l’entendre en vain ! »
Le célèbre prêtre Genku a envoyé son serment à Tsukinowa, Kujō, Kyōto. Le document se trouve toujours au temple, p. 32 du Shin-kuro-tani. Je ne l’ai pas vu, mais on m’a dit qu’il est ainsi rédigé : « Si ceux qui disent nembutsu[10] ne vont pas au Paradis, que je sombre en Enfer. » Les bouddhistes considèrent sans doute ce serment comme fort, mais du point de vue de notre philosophie, quoi de plus vain ? S’il n’y a pas de Paradis, il n’y a évidemment pas d’Enfer ! Il est facile de prononcer de tels serments !
Autrefois, lorsque les serviteurs mouraient avec leurs seigneurs[11], dans un certain clan, de nombreux samouraïs étaient déterminés à mettre fin à leurs jours. Parmi eux se trouvait un jeune homme particulièrement pleuré de tous. Son karō se présenta à sa maison et tenta de l’en dissuader. En vain. Finalement, cependant, comme le karō persistait à l’importuner, ses multiples paroles obtinrent son consentement, et le samouraï, par un serment, promit de renoncer à son projet. Le fonctionnaire rentra donc chez lui, satisfait. Mais le lendemain, lorsqu’il se rendit au temple avec ceux qui avaient décidé de mourir avec lui, ce samouraï, avec les autres, faisait ses adieux aux invités. Le karō s’exclama : « Bien que vous me trompiez, comment osez-vous rompre votre serment ? C’est impie ! » Mais le samouraï rit et répondit : « Pardonne-moi de t’avoir trompé. Hier, si je n’avais pas juré que tu ne m’aurais pas quitté, j’ai juré de te satisfaire. Quant aux dieux, même s’ils me punissent, il n’y a rien d’autre que la mort, et comme j’étais déterminé à mourir, j’ai juré de rompre mon serment. » Le karō resta silencieux.
Tel était le serment du prêtre Genku. Il savait qu’il n’y a pas d’Enfer, rien au-delà de la chute dans la tombe. Mais mon serment n’est pas comme ceux-là. « Avec le Ciel souverain au-dessus, et foulant la Terre souveraine en dessous »,[12] [ p. 33 ] par Ciel et Terre p. 33 je jure. Ainsi, comme Genku, j’ai l’intention de jurer pour ma « Voie », mais si mon serment est faux, je suis puni par le Ciel et la Terre. Considérez que, dans le bouddhisme, « est » devient « n’est pas »[13] [ p. 35 ] et la vérité se fait fausse. Ce n’est que lorsque ce qui « n’est pas » devient ce qui « est » que nous pouvons faire de ce qui « est » ce qui « n’est pas ». Ce n’est qu’en transformant les mensonges en vérité que nous pouvons transformer la vérité en mensonges. Bien que nous sachions que ce discours sur le Ciel et l’Enfer est faux, il est néanmoins enseigné comme si le mensonge et la vérité ne faisaient qu’un. Ainsi, on enseigne à de nombreux hommes, sans distinction de sages ni d’insensés, que si nous prononçons le nembutsu, le châtiment sera détruit. Tel est le mystère du Bouddha. Et ici, au Japon, de nombreux prêtres, semblables aux fondateurs de sectes, gardent ce mystère en leur cœur. Ils le transmettent de cœur en cœur et ne disent jamais que tout ce discours sur le Ciel et l’Enfer est faux. Le serment de Genku était un serment tellement propagé. Il n’y a ni Ciel pour Tsukinowa, ni Enfer pour Genku. « N’est pas » remplace « est » et mensonges remplace vérité, afin que les hommes soient séparés de la naissance et de la mort. Tel était le dessein du Bouddha.
Comparez leur projet à notre philosophie qui guide les hommes par la vérité même ! La différence est comparable à celle entre les nuages et la terre.
Un jour que le Vieil Homme était malade, ses amis vinrent le voir et il les supplia de rester et de se consoler de sa solitude. Ils passèrent ainsi la journée à discuter des opinions dominantes. L’un d’eux fit cette remarque : « J’ai entendu les plus grands érudits d’Edo et de Kyoto. Certains exposent ce qu’ils appellent notre religion nationale et la confondent avec la Voie des Dieux ; d’autres suivent Ōyōmei et son intuitionnisme ; d’autres encore expliquent l’érudition ancienne selon de nouveaux principes. Où est la vérité dans cette confusion d’opinions étranges et familières ? Qu’en penses-tu au fond de toi ? » Et le Vieil Homme répondit :
J’ai moi aussi entendu parler de ces écoles qui se sont établies et enseignent l’hérésie. Leur sagesse est telle que vous la décrivez. Mais je ne peux être d’accord avec elles. Car la « Voie » vient du Ciel et sa source est unique. Si nous connaissons cette source, nous ne distinguerons pas la religion de notre pays de celle des pays étrangers ; l’intuitionnisme ne s’opposera pas à la philosophie naturelle ; et l’érudition des Sages ne sera pas opposée au Tei-Shu. La littérature classique enseigne tout cela, mais il n’est ni facile ni compréhensible sans une étude humble et objective. Mais les érudits d’aujourd’hui sont fiers, et rares sont ceux qui étudient en profondeur les œuvres du Tei-Shu. Sans même connaître les limites du Tei-Shu, ils font de leur propre cœur la suprématie et réfutent volontiers ces grands érudits. Nous remettrons à plus tard l’examen de leur savoir. Nous sommes attristés par leur érudition mince, légère, agitée et superficielle. Ils n’ont pas étudié en profondeur Confucius et Mencius et ne les comprennent pas, alors comment pourraient-ils ne pas douter du Tei-Shu ? Ils les attaquent superficiellement, mais je n’entends parler d’aucune attaque contre Confucius et Mencius. Non pas que ces érudits ne doutent pas des Sages, mais ils savent que Confucius et Mencius sont honorés et acceptés par le monde depuis deux mille ans et qu’il n’écoutera pas les attaques contre eux. Mais Shushi est moderne et certains, à l’époque des Min, l’ont attaqué, aussi se sentent-ils libres de l’injurier. « Ils agissent selon l’homme » et non selon des principes établis. Ils savent que leur philosophie ne peut en aucun cas égaler celle des Sages, et c’est pourquoi ils se justifient en se permettant d’injurier Shushi. Ils espèrent ainsi se hisser au-dessus de lui. Mais qu’il en soit ainsi !
Quant au shintoïsme, il prétend aider notre pays et qualifie les Sages de rebelles.[^20] Une telle « Voie des Dieux » est distincte de la Bienveillance et de la Droiture. L’illustre vertu de l’intuitionnalisme n’est que la « nature » des bouddhistes. Les intuitionnalistes qualifient Musashibo Benkei[^21] de samouraï de sagesse, d’humanité et de bravoure ! Un tel intuitionnalisme n’est pas celui d’un cœur capable de distinguer le bien du mal.
Et certains, professant l’érudition ancienne, affirment que la Grande Érudition n’est pas l’œuvre d’un Sage[14] et que le confucianisme et le bouddhisme ne font qu’un ! Une telle érudition ancienne est étrangère à la vertu[15]. [ p. 36 ]
Le Vieil Homme doute de tous ces enseignements. Seule la philosophie du Tei-Shu unit l’extérieur et l’intérieur, inclut la Bienveillance et la Droiture, unit le passé et le présent, et constitue l’école orthodoxe, descendante en droite ligne de Confucius et de Mencius. Ma seule profonde inquiétude est que ses adeptes se contentent de discuter et d’exposer au lieu de mettre en pratique ce qu’ils prêchent. Une telle orthodoxie est vaine. Ce mal abondait à l’époque des Min, et c’est ainsi qu’Ōyōmei (p. 36) a pu reprocher à Shushi ce point secondaire. C’est là la source de l’hérésie, et les classiques interdisent toujours un tel oubli de la pratique et une telle complaisance dans des paroles creuses. C’est un sujet qui mérite la plus profonde réflexion.
Puis quelqu’un fit remarquer : « Nous convenons que le meilleur moyen de vaincre l’hérésie est de s’exhorter les uns les autres et de s’efforcer d’adopter une conduite juste. Mencius fit de même lorsqu’il répondit à l’attaque de Yo-Bu[16], car il ignora l’accusation de dispute et conclut son exposé des principes fondamentaux en disant : « L’homme supérieur revient à la ligne droite. » Nous devrions encore plus dégrader la « Voie » de nos jours, où les hérésies et les hérétiques sont comme des mauvaises herbes sur une plaine et où les principes mauvais et les opinions méprisables sont comme les feuilles mortes d’une forêt, si nous devions répondre à chacun. Récemment, j’ai été stupéfait par les paroles d’un philosophe : « La voie ne vient pas du ciel », dit-il, « elle a été inventée par les sages. Elle n’est pas non plus en accord avec la nature ; c’est une simple question d’esthétique et d’ornement.[17] Des cinq relations, seule la relation conjugale est naturelle, tandis que la loyauté, l’obéissance filiale et les autres ont été inventées par les sages et ont été maintenues sur leur autorité depuis lors. « Sûrement parmi toutes les hérésies depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, aucune n’a été aussi monstrueuse que celle-ci. »
Les auditeurs parlèrent ensemble et rirent, et le vieil homme dit :
« Vous connaissez la parabole de Sotōba[18] [ p. 37 ] sur le soleil ? Un homme p. 37 né aveugle demanda un jour : « À quoi ressemble le soleil ? » et on lui répondit : « Il est rond comme ce gong », l’orateur tapotant le gong tout en parlant. Oh ! Il a une voix ! pensa l’aveugle. Et un autre dit : « Il donne de la lumière », et plaça une bougie devant ses yeux. L’aveugle toucha la bougie et pensa : « Le soleil est long et fin ! »
Il en est de même pour la plupart des hommes. Bien qu’ils lisent des livres, ils sont dans l’ignorance des principes, et, les yeux ouverts, leur cœur est aveugle. Et leur réflexion est comparable à l’étude du soleil par cet aveugle. Comment ne pas se tromper ! Il n’est pas nécessaire de discuter de telles opinions : ce serait comme discuter du bien et du mal avec des hommes sans cœur. Ceux qui discutent avec eux leur ressemblent.
Je connais l’origine de telles notions. Ces hommes ne sont que de simples étudiants de la lettre. Ils aiment fouiller dans une multitude de livres, mais ne fondent pas leur cœur sur les classiques. Ils étudient les mots et les commentaires, mais ne recherchent pas la vérité profonde. Ignorant leurs propres ténèbres, ils s’adonnent à la vanité savante et à l’amour des éloges creux. Il en est ainsi depuis l’époque du Min. Ces hommes aspirent à des choses élevées, insultent les anciens hommes supérieurs et se placent au-dessus des érudits du passé. Mais le sage voit que leur savoir est « lointain », qu’ils sont intoxiqués par le poison de Jun et So[19] et que leur style n’est qu’un simple assemblage des ornements d’Ori[20]. [ p. 38 ] Avec leur savoir hérétique, ils déclarent que la « Voie » ne vient pas du Ciel. La testant avec leurs propres cœurs vils, ils disent que seule la relation conjugale est p. 38 « naturel ». Leurs arguments sont faibles, mais beaucoup les croient, et le monde semble s’inspirer de leurs opinions viles. Nous déplorons qu’ils puissent ainsi nuire de plus en plus à l’esprit des hommes et à la vérité acceptée. Pour prévenir un tel mal, les paroles creuses ont été punies dans le Livre des Rites.[21]
Mais dans un tel monde, pour moi, sans talent ni vertu, arrêter le mal revient à soutenir une grande maison avec un seul bâton. Qui croirait à ma polémique ou à mon exposé ? Et comment échapperais-je au reproche d’ignorer les limites de mes pouvoirs ? La philosophie Tei-Shu est comme les robes de cérémonie des anciens rois ; mais c’est comme vendre les vêtements des hommes civilisés à des sauvages. Bien que sa philosophie soit la musique célèbre du monde, elle ressemble aujourd’hui au Chant du Printemps d’Eikaku[22] parmi un peuple au langage barbare. Comme le dit le Livre de la Poésie : « Qui me connaît dit : Il a du chagrin dans son cœur ; Qui ne me connaît pas dit : Il cherche quelque chose ; Ciel bleu et lointain ! Quel est cet homme ? »[^31] [ p. 39 ] Ainsi chantait l’officier de Shu dans sa tristesse face à la chute de la maison de Shu, et telle est ma douleur face à la décadence de la « Voie ».
Mais je ne recherche pas de collaborateurs à l’époque actuelle. Les mauvaises coutumes et les fausses opinions ont fleuri depuis longtemps comme des choses sans racines, et fleurissent, avec une réputation bruyante, l’espace d’une heure. Au fil des siècles, on revient assurément à la « Voie », même si la chercher avec précipitation témoigne d’inexpérience.
Vous connaissez les œuvres de Resshi.[23] [ p. 40 ] Il parle d’un M. Fou qui, avec ses enfants, travaillait chaque jour avec une pioche et un panier à enlever une montagne qui se dressait maladroitement près de sa maison. M. Wiseman se moquait de cette folie : « Comment quelques hommes peuvent-ils enlever une montagne ? » Mais M. Fou répondit : « Je commence la tâche, mes enfants la continuent, leurs enfants après eux et les enfants de leurs petits-enfants continuent à travailler et finalement ce sera fait. » M. Wiseman rit encore plus.
Les hommes qualifient une telle conduite de stupide, de fou, et les critiques de « sages ». Mais avec un cœur de fou, tout est possible, au ciel comme sur terre. Et les sages, au cœur de « Monsieur Sage », se moquent de la montagne du fou et n’accomplissent rien. Car la folie du monde est sagesse, et sa sagesse folie.
Après ma mort viendra un jour qui mettra fin à ce débat vieux de cent ans. En attendant, mes errements font rire les hommes, mais je suis vieux et têtu, déterminé à persévérer dans cette voie jusqu’au bout. Vous pouvez me classer parmi les fous et leurs admirateurs.
Mais j’ai une autre idée. Au-delà de Shinobu-ga-oka se trouve un village appelé Yanaka, avec un temple de la secte Shin-gon ; et c’est là que j’ai souvent joué quand j’étais enfant. Un jour, j’ai entendu un prêtre raconter cette histoire :
À l’époque de Kan-ei (1624-1643 apr. J.-C.), le shogun arriva à Yanaka pour une expédition de chasse au faucon. Alors qu’il suivait les oiseaux, il tomba par hasard sur le temple avec seulement un ou deux serviteurs. p. 40 Un vieux prêtre de quatre-vingts ans greffait des arbres et, ignorant le rang du shogun, continua son travail. Le shogun demanda : « Que faites-vous, prêtre ? » Le prêtre trouva la question insensée et répondit sèchement : « Greffer des arbres. » Le shogun rit : « Un prêtre aussi vieux ne vivra pas assez longtemps pour les voir pousser. Quel est le profit de votre dur labeur ? » Le prêtre rétorqua : « Qui êtes-vous pour dire une chose aussi cruelle ? Réfléchissez ! Les arbres seront assez grands pour obscurcir le temple au temps des futurs prêtres. Je travaille pour le temple, pas seulement pour moi. » Le shogun était rempli d’admiration. Pendant ce temps, des serviteurs continuaient d’arriver, arborant les armoiries du shogun, et le prêtre, reconnaissant son visiteur, s’enfuit, consterné. Mais le shogun le rappela et le récompensa.
Je suis comme ce vieux prêtre. Jusqu’à la fin de ma vie, j’étudie les principes établis, j’enseigne et j’écris des livres afin que puisse naître un véritable apprentissage dans un âge futur. Si je peux aider la « Voie » d’un dix-millième, même si je meurs, je vivrai.[24] Comme disait un ancien : « Même mort, les os ne se décomposent pas. » C’est ce que je pense. Je ne travaille pas du tout pour moi-même. Croyez-moi ! Tel est le cœur du Vieil Homme.
Mais profonde serait ma honte si j’étais comme Sekkō. Depuis ma jeunesse, j’ai chéri les Sages et les hommes supérieurs, lisant leurs livres, mais je ne les connais que par les livres et ne comprends que le début de leur véritable caractère. Si je rencontrais un Sage vivant différent de ceux que j’ai chéris, ne pourrais-je pas le haïr ? J’ai de telles craintes. Et si tant est que je hais les Sages, tout ce que je dis est faux, une honte incomparable à celle des collines et des vallées. Et comment alors attendre l’âge à venir ?
Autrefois, Sekkō adorait les dragons, les peignait et passait ses journées à les aimer. Un vrai dragon en entendit parler et se dit : « S’il est si attaché aux dragons peints, comme il m’aimera, si je lui rends visite ! » Il passa aussitôt la tête par la fenêtre, mais Sekkō, paniqué, s’enfuit !
Parmi les érudits d’Orient et d’Occident, il existe des hommes sincères, mais la plupart sont fiers et vaniteux, avides seulement de réputation et d’applaudissements, tout en prétendant aimer les Sages. S’ils rencontraient un sage vivant, ils ne pourraient le regarder en face. Leur admiration quotidienne est comparable à la dévotion de Sekkō pour les dragons. Apprendre sans pratiquer la vertu est comme nager dans un champ. Pour illustrer ce que je veux dire, je vais vous raconter une histoire vieille de trente ans.
À Kaga, j’avais un ami, un samouraï de rang inférieur nommé Sugimoto. Alors qu’il était à Adzuma avec son seigneur, son fils Kujurō, âgé de quinze ans, se querella avec le fils d’un voisin du même âge à propos d’une partie de go. Il perdit son sang-froid et, avant d’être saisi, dégaina son sabre et trancha le garçon. Pendant que le garçon blessé était sous les soins du chirurgien, Kujurō était en détention, mais il ne manifesta aucune crainte et ses paroles et ses actes étaient d’un calme inouï pour son âge. Quelques jours plus tard, le garçon mourut et Kujurō fut condamné au hara-kiri. L’officier responsable lui offrit un festin d’adieu la veille de sa mort. Il écrivit calmement à sa mère, prit congé cérémonieusement de son gardien et de toute la maison, puis dit aux invités : « Je regrette de vous quitter et j’aimerais rester discuter jusqu’au lever du jour ; mais je ne dois pas avoir sommeil quand je me ferai hara-kiri demain, alors je vais me coucher immédiatement. » Restez à l’aise et buvez du vin. Il alla donc dans sa chambre et s’endormit, tous remplis d’admiration en l’entendant ronfler. Le lendemain, il se leva tôt, prit un bain, s’habilla avec soin, fit tous ses préparatifs avec un calme absolu, puis, calme et posé, se tua. Aucun samouraï âgé, entraîné et maître de lui n’aurait pu le surpasser. Quiconque l’avait vu ne pouvait en parler pendant des années sans verser des larmes.
Au début de l’affaire, j’écrivais à son père : « Bien que Kujurō se soit fait hara-kiri, il est si calme et serein qu’il n’y a pas lieu d’avoir de regrets. Sois en paix. » Mais en lisant la lettre, Sugimoto remarqua : « Un enfant se montre souvent assez courageux si on l’encourage avant l’application du moxa, et pourtant il fond en larmes sous l’effet de la chaleur. Mon enfant est si jeune que je ne peux être en paix tant que je n’ai pas appris qu’il a accompli cet acte avec bravoure. » Comme le dit le proverbe : « Seuls de tels pères ont de tels fils. » Je vous ai dit cela pour que l’on se souvienne de Kujurō. Il serait honteux d’oublier qu’un si jeune garçon ait accompli un tel acte.
Mais il y a une autre raison. Si moi, et tous ceux qui étudient les paroles et imitent les actions des anciens Sages, rencontrions un être vivant différent de nos conceptions, nous serions comme l’enfant qui pleure en sentant le moxa appliqué. Il serait certainement honteux d’étudier pendant des années, d’atteindre le titre de philosophe, et pourtant d’être moins courageux que cet enfant Kujurō.
Examinez-vous donc avec cette pensée.
Lors d’une réunion ultérieure, le vieil homme dit : « Je n’ai pas terminé ce que je disais l’autre jour sur l’apprentissage du vrai et du faux. Aujourd’hui, j’y mets un terme. »
Trois classes de savants attaquent Shushi :
1° l’école d’Ōyōmei. Ōyōmei était un homme fort, et bien que ses arguments ne résistent pas à l’examen (p. 43), il n’était pas totalement dénué de raison. Car, à son époque, la plupart des érudits s’occupaient de mots et de phrases et négligeaient l’introspection. Il supposait donc que la « science » de Shushi était distincte de la droiture et, grâce à ses « intuitions », cherchait à s’examiner lui-même. Nous approuvons son propos. Mais la « science » de Shushi ne néglige pas nos intuitions, mais montre qu’elles naissent des « choses ». En dehors des « choses », pouvons-nous chercher nos intuitions, à l’instar d’Ōyōmei ? Mais les classiques, les cérémonies et la musique ne sont-ils pas l’enseignement des rois précédents ? Que sont-ils sinon des « choses » ? Il y a les six classiques et les cent actes. Loyauté et déloyauté, vérité et mensonge, nous connaissons leurs principes par les « choses ». Si intuitivement nous savons tout de la révérence, à quoi bon étudier les cérémonies ? Et si nous sommes paisibles par nature, à quoi bon la musique ? De plus, si intuitivement nous pouvons maîtriser nos actions et progresser dans la loyauté et la vérité, s’il existe un chemin si court et si facile, pourquoi les sages ne l’ont-ils pas enseigné au lieu de leur longue et difficile « Voie » ? De plus, à quoi utiliserons-nous ces « intuitions » sinon aux « choses » ? « Sûrement », diront-ils, « en nous examinant et en rejetant la luxure, nous utiliserons nos intuitions. » Prenons un exemple : la connaissance des cinq sons se fait par les oreilles ; alors, prêtons attention à nos oreilles et connaissons les cinq sons sans les entendre ! Et la connaissance des cinq couleurs se fait par les yeux ; prêtons attention à elles et connaissons les cinq couleurs sans les voir ! Et la connaissance des cinq saveurs se fait par la bouche ; si nous y prêtons attention, nous les connaîtrons sans manger ! N’est-il pas évident que, bien que la connaissance des cinq sons et des autres soit en nous, les couleurs, les sons et les saveurs sont dans les « choses » et que nous ne les connaissons qu’en écoutant, en regardant et en mangeant ? Nous pouvons encore moins connaître les distinctions subtiles entre la lumière et la profondeur des couleurs, entre le pur et l’impur des sons, et entre le délicat et l’âpre des goûts, indépendamment des choses, car ces différences sont dans les choses.[25] [ p. 43 ]
[ p. 44 ]
Sans étude, nous savons que nous devons aimer nos parents et révérer notre frère aîné, mais en accomplissant ces devoirs, nous en approfondissons les principes. Il en va de même pour les cent vertus de l’Homme Supérieur. Si nous ne sommes pas « scientifiques » et nous contentons de notre intuition, nous ne distinguerons pas le bien du mal. La piété filiale étant le commencement des cent vertus, j’en parlerai un instant.
Tous les fils pieux connaissent des préceptes tels que « Réfléchis le matin et réfléchis le soir »[26]. Pourtant, même cela est ignoré des paysans qui ne manquent pas d’amour. Quant à « nourrir » nos parents, tous les nourrissent ; pourtant, il y a une différence entre simplement prendre soin du corps et nourrir aussi le cœur. Et si tous révèrent leurs parents, nombreux sont ceux qui ne suivent pas la voie stricte et sévère des préceptes tels que : « Ne parle pas de vieillesse devant eux »[26:1] et « Ne parle pas avec colère devant eux, même à un chien ou à un cheval »[26:2]. Tout cela fait partie de la piété filiale, et si un sage peut observer cette loi sans en apprendre les détails un par un, il n’en est certainement pas de même pour un érudit ordinaire. p. 45 Un tel individu ne manquerait pas simplement d’observer la loi dans son intégralité, il commettrait de véritables transgressions.
Nous ne devons pas cesser d’obéir par amour de l’étude, ni établir toutes les lois avant de commencer à obéir. Dans notre obéissance, nous devons en établir la justesse ou l’inexactitude, en nous examinant en lisant les paroles des Sages, en les goûtant attentivement et en les lisant d’un bout à l’autre. Toutes les vertus sont illustrées par ce que j’ai dit. Telle est la philosophie scientifique. Suivez cette voie constamment et apprenez minutieusement ces lois ; vous ne commettrez finalement aucun tort, même en suivant simplement les préceptes de votre amour filial. Tel est le mystère du Tei-Shu, mais seuls ceux qui s’y efforcent sincèrement peuvent en connaître la saveur.
L’expression de Mencius : « Connaître sans apprendre est une connaissance intuitive »[^36] [ p. 45 ] signifie qu’il existe en l’homme, avant même qu’il n’étudie, un cœur qui aime ses parents et révère son frère aîné. Faisons de ce cœur le fondement, étudions et nous renforcerons cette force. Mencius n’a pas enseigné que l’on peut être parfait sans étude ! Tenter de corriger Shushi en rejetant la philosophie naturelle ne revient pas simplement à le mal comprendre. C’est redresser ce qui est tordu au point de le faire pencher en arrière.
[ p. 47 ]
Ces érudits disent : « Au Ciel et sur Terre, il n’y a que l’esprit (ki), qui circule à travers les quatre saisons ; il produit toutes choses et ne cesse naturellement pas. Telle est la Voie du Ciel, telle que nous la voyons clairement. Il est absurde pour Shushi de placer au-dessus de cet esprit une autre chose informe appelée loi. »[^41] Même en Chine, de nombreux érudits ne parvenaient pas à se débarrasser de ces doutes, bien qu’ils prétendaient avoir étudié Shushi attentivement. Du moins, ils ne réglaient pas la question d’un coup d’œil comme nos érudits japonais. Bien sûr, je ne peux pas prétendre résoudre la mystérieuse question de la priorité du ki ou du ri en une seule séance, mais je vais m’étendre un instant, en prenant un exemple de Lao Tseu.[29] [ p. 48 ]
« En comptant la roue, il n’y a plus de roue ; en comptant l’année, il n’y a plus d’année. » Voyons, ceci est la jante, ceci le moyeu, ceci l’essieu, ceci le rayon ; mais la jante n’est pas la roue, ni le moyeu, ni l’essieu, ni les rayons. Pourtant, si nous les rejetons, la roue disparaît aussi. Mais la loi de la roue la précédait et avant que la roue ne soit faite, le principe était déterminé. Et parce que la loi est impérissable, le charpentier la suit et fabrique la roue. Voyez donc ! La roue vient-elle des rayons et de la jante ou ceux-ci viennent-ils de la roue ? Si nous disons que la roue vient des parties, nous connaissons sa forme, mais pas sa loi.
Il en va de même pour l’année. Douze heures font un jour, trente jours font un mois, douze mois font une année. Nous disons donc que c’est une heure, un jour, un mois ou une année, et si nous les mettons de côté, sans eux il n’y a pas d’année. Mais le trois cent soixante-sixième jour, le soleil et la terre reviennent et se rencontrent pour former l’année. Car l’année n’est pas en jour ou en mois, mais sa « loi » a été déterminée d’abord, et le soleil et la lune tournent selon ce plan. Ainsi, depuis des siècles, des calendriers ont été établis, et pour les années et les jours qui ne sont pas encore, pour les cent ans à venir comme pour les cent ans passés. Car la « loi » n’est pas en jour ou en mois, mais est éternelle. Ainsi, « le ciel ne parle pas, et pourtant les quatre saisons travaillent et toutes choses sont produites. »[^43] [ p. 49 ] Car c’est ici le centre, le pilier principal du Ciel et de la Terre ; les quatre saisons y œuvrent et toutes choses sont engendrées. Voici le sens de l’expression : En comptant la roue, il n’y a pas de roue, et en comptant l’année, il n’y a pas d’année.
Séparé de l’« esprit », il n’y a pas de « loi », car ainsi, sans forme ni lieu, nous devrions simplement dire « raison » (dori). Confucius, par la forme, séparait le supérieur de l’inférieur et, face à l’ustensile, plaçait la « Voie » ; de même, Shushi, par la forme, séparait l’avant de l’après et, face à l’« esprit », plaçait la « loi ». Le raisonnement est le même. Négliger la raison fondamentale et raisonner à partir des feuilles et des branches ne fait que semer la confusion : aucune conclusion ne peut être tirée.
De la même manière, nous raisonnons sur le « corps » et l’« activité ». Là où il y a activité, il y a toujours corps. Le corps est calme, immobile, l’activité se meut et agit. L’activité, nourrie tranquillement, réside dans le corps, le corps réfléchissant et mouvant travaille avec l’activité. C’est ce que signifie l’expression : corps et activité ne font qu’un à l’origine, sans la moindre séparation. Confucius a dit : « L’Homme Supérieur réforme ce qui est intérieur avec révérence et établit ce qui est extérieur avec droiture. »[^44] Shishi a dit : « Avec modération et harmonie, établissez la voie universelle. »[30] Et Mencius : « La bienveillance et la droiture sont la voie grande et sainte. »[31] [ p. 50 ] Sans les mots « corps » et « activité », la raison est pourtant la même en tous, et « corps » et « activité » sont en eux tous. Mais cette école corrompue de savants se contente des banalités qu’elle connaît et, bien sûr, ne comprend pas qu’un corps parfait et une grande activité sont inclus dans la « Voie ». Il n’est pas nécessaire d’argumenter en profondeur avec eux.
Henjaku a prescrit deux fois des médicaments au duc de Sei, mais la troisième fois, ne pouvant plus rien faire, il a jeté sa cuillère à remède et s’est enfui, consterné. Le mal de la philosophie s’aggrave de jour en jour. Même Henjaku n’a pas pu le guérir. Moi, âgé et sans talent, encore moins. Je ne peux que me couvrir la bouche et fuir, consterné.[32]
Un jour, cinq ou six étudiants restèrent après le cours pour poser des questions. L’un d’eux dit : « J’ai une question. Nombre d’érudits expliquent le « Shin-tō » en disant que « le Japon est le pays des dieux ». Mais leur enseignement est fantaisiste et contraire à la raison. Puisque même le Sage ne parlait pas à la légère des dieux[^48], des hommes comme nous ne peuvent le comprendre. Nous comptons sur votre aide. Nous y trouverons matière à réflexion. » Et comme tous étaient du même avis, Okina répondit :
Dans le Livre des Mutations, il est dit : « Les Sages ont formé leur enseignement selon la Voie des Dieux. »[33] Autrement dit, leur enseignement est appelé « la Voie des Dieux » pour manifester son mystère divin, comme on parle de la Voie de la Bienveillance. Mais la « Voie des Dieux » n’est pas une religion en soi. Je ne peux donc accepter ce que l’on appelle communément Shin-tō et qui est exalté au-dessus de l’enseignement des Sages comme notre religion d’origine. Je ne prétends pas comprendre la raison profonde des Divinités, mais voici, en résumé, mon idée :
La Doctrine du Milieu parle de la « vertu des Dieux »[34] [ p. 51 ] et Shushi explique que ce mot « vertu » signifie « le cœur et sa révélation ». Sa signification est ainsi énoncée p. 51 dans le Saden : « Dieu est pure intelligence et justice. »[^51] Or, tous savent que Dieu est juste, mais ignorent qu’il est intelligent. Mais il n’existe nulle part ailleurs une intelligence semblable à celle de Dieu. L’homme entend par l’oreille, et là où il n’a pas d’oreille, il n’entend pas, bien qu’il ait l’ouïe aussi rapide que Shikō ; et l’homme voit avec ses yeux, et là où il n’y a pas d’oreille, il ne voit pas, bien qu’il ait la vue aussi rapide que Rirō ;[35] et avec son cœur, l’homme pense, et la pensée la plus rapide prend du temps. Mais Dieu n’utilise ni l’oreille ni l’œil, et ne passe pas outre en pensée. Directement, il ressent, et directement il répond. Il ne s’agit donc pas de deux ou trois choses, mais simplement de la vertu reçue de l’unique vérité. Ainsi, au Ciel et sur la Terre, existe un être à l’œil et à l’oreille perçants, séparé de tout temps et de tout lieu, communiquant ainsi instantanément, incarné en toutes choses, emplissant l’univers. N’ayant bien sûr ni forme ni voix, il n’est ni vu ni entendu par les hommes. Quand il y a vérité, il ressent et quand il ressent, il répond. Quand il n’y a pas de vérité, il ne ressent rien et quand il ne ressent rien, il n’y a pas de réponse. Répondant immédiatement, il est, ne répondant pas, il n’est naturellement pas. N’est-ce pas la Divinité du Ciel et de la Terre ? Ainsi, la Doctrine du Milieu dit : « On ne peut le voir, on ne peut l’entendre. Il pénètre toutes choses ! Il n’y a rien sans lui. »[36]
[ p. 52 ]
C’est comme les vers du prêtre Saigyō dans les sanctuaires d’Ise,[^54]
« Bien qu’il ne sache pas ce que c’est, il verse des larmes de gratitude. »
Ses larmes ne proviennent-elles pas de sa perception de la vérité ? Devant le sanctuaire, il se tient, sincère, direct, avec la vérité ; et Dieu aussi vient à sa vérité et ils communient, et c’est ainsi qu’il pleure.
De même que le reflet dans l’eau claire répond à la lune, et qu’ensemble lune et étang augmentent la lumière, de même si continuellement dans l’unique vérité ils se dissolvent, nous ne pouvons distinguer Dieu et l’homme, de même que le ciel et l’eau, l’eau et le ciel s’unissent. « Partout, partout, à droite comme à gauche, Il apparaît. »[37] [ p. 53 ] Telle est la révélation de Dieu, la vérité à ne pas dissimuler. Ne pensez pas que Dieu soit lointain, mais cherchez-Le dans votre cœur, car le cœur est la Maison de Dieu. Là où il n’y a aucun obstacle de convoitise, d’un seul esprit avec le Dieu du Ciel et de la Terre, là est cette communion. Mais sans cette communion, une telle chose n’existe pas. Saigyō n’a pas pleuré avant de se rendre au sanctuaire et par là nous savons que Dieu est venu.
Et maintenant, l’application. Examinez-vous, faites de la vérité du cœur le fondement, approfondissez vos connaissances et vous finirez par atteindre la vérité. Alors vous connaîtrez la vérité de ce que je dis.
Tandis qu’il parlait ainsi, tous restèrent silencieux, impressionnés par les grandes pensées du vieux philosophe. Eux aussi versèrent des larmes de gratitude, comme le prêtre devant le sanctuaire.
[ p. 53 ]
Le Vieil Homme poursuivit : Considérez le dicton : « Éviter de ne rien faire est une règle. »[38] La vérité du Sage est Divine. Quand il y a quelque chose, nous ne pouvons pas utiliser cette expression « ne rien faire ». Ne sachant ni ce que c’est ni pourquoi, mais seulement que c’est très saint et divin, « il pleure des larmes de gratitude ». Lorsque le Sage, les bras croisés, occupe le lieu du pouvoir[39], l’empire l’honore comme le soleil et la lune, l’imite comme on imite ses parents et communie avec lui plus qu’avec le Dieu informe du Ciel et de la Terre. Où qu’il aille, la réforme s’opère, comme le fluide se façonne au récipient. Lorsque Shun était fermier, chacun cherchait naturellement à agrandir les champs de son voisin, et lorsqu’il était potier, tous produisaient des pièces sans défaut. Sa pensée est Divine et accomplit ce sur quoi son cœur repose aussi facilement qu’on tourne la main. Lorsque Confucius voulait œuvrer à la réforme, il se contentait de rester sur place et le résultat était atteint, et lorsqu’il voulait faire bouger les hommes, tous le suivaient en paix. Comme cela est loin des pensées des hommes ordinaires ![^58] [ p. 54 ]
Les Sages n’ont pas accompli de prodiges, mais leur vérité ne peut être cachée. Lorsqu’un Homme supérieur prononce un mot dans sa chambre, la réponse parvient à des milliers de kilomètres, et son voisinage se réforme davantage encore. Et si une mauvaise parole est prononcée, des milliers de kilomètres sont transformés, et le voisinage immédiat est encore plus corrompu.[40] Cela ne se propage pas instantanément, mais comme le vent souffle d’un brin d’herbe à l’autre, ainsi ce qui se fait en privé se propage de maison en province et, en augmentant, jusqu’à l’empire. Telle est la nature des choses, la vérité qui ne peut être cachée. Ainsi, l’homme supérieur s’occupe de se réformer et ne se soucie ni de l’effet extérieur ni de l’ornement, et pourtant ses richesses cachées se révèlent comme une robe de soie portée sous un manteau sans valeur. Mais l’homme vulgaire ne se soucie ni de sa culture personnelle, ni de l’ostentation, comme celui qui cherche vainement à dissimuler une décadence qui pourtant se manifeste de plus en plus.
Maijō réprimanda le roi de Go : « Si tu ne veux pas que les hommes sachent, n’agis pas ; et si tu ne veux pas qu’ils entendent, ne parle pas. »[41] C’est un dicton célèbre, simple dans son expression mais profond dans son sens. Dire du mal ou le faire, en pensant que cela ne sera pas connu, c’est ajouter des intérêts au capital et imposer un fardeau qui s’alourdit de jour en jour. À la fin, son poids est lourd, comment le dissimuler ? Tous pèchent, sauf le Sage, même l’homme supérieur. Mais l’homme supérieur ne cherche pas à dissimuler ses fautes, mais les réforme aux yeux des hommes. L’erreur et le repentir sont sans tentative de dissimulation et ainsi la vertu s’en trouve accrue. L’erreur de l’homme supérieur est comme l’éclipse de soleil ou de lune : tous voient l’erreur et tous sont impressionnés par son repentir.[42] [ p. 55 ] Bien que moindre que la vérité du Sage, quand les hommes voient un tel visage et entendent de telles paroles, ils croient et suivent, et aucun effort n’est nécessaire. Telle est la véritable « communion ». Elle ne peut être égalée par la direction de la sagesse, du pouvoir ou des dons. Combien partial est le dicton : « Le bien reste à l’intérieur des portes, mais le mal va à mille lieues. » Les deux, lorsqu’ils sont réels, vont partout.
[ p. 55 ]
Un auditeur demanda : — Puisque Dieu est juste et prompt à percevoir, il est possible qu’une telle communion avec la vérité existe. Mais la tradition ancienne parle de l’apparition de choses mauvaises. La raison en rend-elle également compte ? Et le Vieil Homme répondit :
Les Dieux sont l’activité du Ciel et de la Terre, la puissance bienfaisante de l’In et du Yō[^62] et bien sûr de la vraie « loi ». La nature de l’homme est originellement bonne, mais à mesure qu’elle s’individualise, le bien et le mal apparaissent[43]. [ p. 56 ] De même, lorsque Dieu descend dans le monde de l’homme, il y a le bien et le mal. Car bien que l’action de l’esprit des cinq éléments de l’In et du Yō à travers les quatre saisons relève de la juste « loi » du Ciel et de la Terre et non du mal du tout, alors que cet « esprit » est dispersé dans l’univers et confus, surgissent de manière inattendue des vents, de la chaleur, du froid et des tempêtes. Ainsi, il existe naturellement des esprits mauvais que les hommes connaissent lorsqu’ils les ressentent. Lorsque nous ressentons avec un « esprit » juste, les « esprits » justes répondent ; et lorsque nous ressentons avec un « esprit » mauvais, les « esprits » mauvais répondent. Et comme le bien et le mal naissent de ce « sentiment et de cette réponse » avec l’In et le Yō, nous ne pouvons refuser d’appeler aussi les mauvais dieux. Au Ciel et sur Terre, il n’est aucun endroit où ces « esprits » ne soient présents. Le « sentiment » des bons « esprits », grands ou petits, est tout entier issu du cœur pur. Ainsi, dans l’empire, les qualités des hommes humbles ont été miraculeusement perçues ; et, dans une station privée, le gel a été perçu en été et Kantaishi a « senti » l’alligator dans la vallée maléfique.[^64] De tels événements sont extraordinaires, mais ils ne font aucun doute et sont tous causés par le pur « sentiment ».
J’ai lu il y a quelque temps, dans les écrits de Shinseisan, l’histoire de la fille d’un fermier. Son père était malade et elle priait pour souffrir à sa place. À cause de ce « sentiment et de cette réaction », pendant une nuit, de nombreux oiseaux chantèrent autour de la maison, trois grandes étoiles brillèrent dans le ciel, illuminant les avant-toits comme la lune ; et au matin, le fermier était guéri. Seisan était le chef du village et connaissait la situation. Il baptisa le lieu « Le village de la grande piété filiale » et y érigea un mémorial. C’est un fait certain et une illustration du sentiment dont je parle.
Mais à une époque dégénérée, le cœur de l’homme est mauvais ; la plupart du temps, il « sent » apparaître les esprits malins et les monstres. Le Sage n’a pas parlé de prodiges[^65], de prouesses de force, de confusions ou de divinités, mais comme leur « loi » est incluse dans « la distinction des choses », il faut les mentionner.
[ p. 57 ]
Dans le Saden, Shinju de Rō écrit à propos des monstres : « Quand les hommes ont peur, les monstres surgissent des flammes vacillantes de l’esprit. Les monstres naissent des hommes. »[44] Cela concorde parfaitement avec notre science. Lorsque le feu est indéterminé, la flamme vacille, s’éteignant et resplendissant, et il en résulte un état d’esprit qui ressemble à celui-ci. Comme le dit le proverbe : « Les hommes désirent voir ce qu’ils craignent. » Ils ne peuvent l’oublier et, guidés par leurs imaginations, tandis que la flamme jaillit et s’éteint, ils la voient tantôt, tantôt ne la voient plus. Finalement, leur esprit est si étourdi qu’ils s’interrogent sur leur propre identité. Alors, par cette ouverture, les esprits s’introduisent et révèlent leurs formes dans des visions, des monstres et des créatures maléfiques. Ceux-ci naissent par les flammes de l’esprit et cessent par la « sentiment » des bons esprits.
Dans les contes de Tō-Sō[45] [ p. 58 ], on raconte qu’au lac Do-tei se trouve un temple dédié au dieu de l’eau, où les voyageurs prient avant d’embarquer. Un marchand à la foi inébranlable, et attentif à ses prières tout au long de sa traversée année après année, fut finalement noyé dans une tempête. Son fils, empli de chagrin et de colère, décida alors de brûler, le lendemain, le temple qui n’avait pas apporté son aide malgré prières et dons. Mais dans ses rêves, le dieu apparut, effrayé, et dit : « Pardonne-moi et demain tu entendras la musique divine sur le lac. Je ne crains ni l’incendie du temple ni ta colère, mais implore ton pardon, car je ne peux me défendre de la détermination de ton esprit. »
Cette anecdote anodine nous apprend que les dieux craignent les esprits déterminés. Si l’homme n’avait pas su s’il devait brûler ou non, tantôt résolu, tantôt irrésolu, il aurait été maudit.
Dans le château de Sumpu[46] vivait un renard nommé Uba. Il mettait une serviette sur sa tête et dansait, sans qu’aucune forme ne soit visible, seule la serviette ondulait dans l’air. Lorsque le renard la prenait de la main, un frottement se faisait sentir dans la paume. Les jeunes hommes cherchaient à la retenir, mais en vain. Ōkubo Hikozaemon[^69], cependant, tendit la serviette, mais le renard ne put la prendre ; car, au contact de ce contact, il avait résolu de trancher de son épée le renard et sa main. Le renard connaissait son dessein et était impuissant. Lorsque le cœur du samouraï est déterminé, il n’y a pas d’entrée et le renard ne peut faire le mal. C’est encore plus vrai pour les sages et les hommes supérieurs. Car le mal fond devant les esprits vertueux comme la glace devant le soleil. Ceux qui pratiquent des arts maléfiques contre de tels hommes voient leurs malédictions se retourner contre eux. Mais les hommes de bien sont rares et les esprits maléfiques abondent.
De plus, les hommes fréquentent des temples profanes et croient au bouddhisme. Comme une ombre accompagne un corps, ainsi, si une croyance forte existe, même là où il n’y en a pas, nous construirons un être. Des merveilles sont observées, et les gens sont de plus en plus trompés, et la vérité se perd. On prend des broutilles pour des dieux et des Bouddhas, et on les appelle bêtement leurs réponses. Les prêtres inventent des mensonges, trompent le peuple, l’amassant jusqu’à ce que les offrandes de sous soient comme des montagnes. Ces tricheurs sont les voleurs de la nation, un grand mal pour l’empire.
[ p. 59 ]
Après une pause, le Vieil Homme poursuivit : « Ce sentiment et cette réponse » des dieux sont le chemin de l’esprit. Si l’esprit est le moindre contact, même s’il ne se manifeste ni par la voix ni par le visage, les dieux le reconnaissent immédiatement. Mais lorsque, dans un calme absolu, il n’y a aucune trace de l’esprit, les dieux ne trouvent aucun moyen d’y pénétrer. Telle est la véritable nature (honbun), ce que j’appelle le « soi ». Le vers de Sha-rei-un[70] a déclenché ma réflexion, bien qu’il ne connaisse pas le sens profond du « soi » :
« L’homme parfait s’exalte. »
Le Livre des Mutations dit : « Le Ciel ne s’oppose pas, et encore moins l’homme ou Dieu. »[47] Ceci est bien sûr vrai de l’homme, mais aussi du Ciel et des dieux. Ainsi, les rois sages, dotés de ce « moi », étaient au-dessus de l’empire : « L’empire, c’est moi seul, qui peut briser ma résolution ? » Les philosophes ultérieurs ont mis le « moi » à part parmi dix mille, et au milieu de la multitude, ils ne connaissaient que le « moi ».
Où est donc ce « soi » ? Il est avant toute pensée, la réalité de l’immuable. Les hommes supérieurs le chérissent, le Ciel et la Terre y sont élevés, et c’est par lui que toutes choses sont élevées. De lui, le « sentiment » va à Dieu et il n’y a rien en dehors de lui. Comme le dit Shokosetsu : « S’il n’y a pas de pensée, même les dieux ne peuvent le savoir ; si ce n’est par soi, alors par personne. »[48] [ p. 60 ] Voici une illustration vulgaire que j’ai entendue à Kaga.
Un scieur fabriquait des planches dans les bois d’Hidayama lorsqu’il aperçut un ermite au long nez et le prit pour un gobelin. L’ermite s’écria : « Pourquoi me prenez-vous pour un gobelin, me haïssez-vous et souhaitez-vous mon départ ? » Le scieur, exaspéré, ramassa ses affaires pour partir (p. 60) lorsqu’une planche glissa par hasard et frappa le gobelin au nez. « Homme terrible », s’écria-t-elle, « je ne comprends pas tes pensées », et s’enfuit. Elle ne put supporter ce coup involontaire. Ainsi, « s’il n’y a pas de pensée, même les dieux ne peuvent la connaître ».
Mais les esprits ordinaires sont toujours mus par les pensées et les fantaisies indéterminées qui les habitent. Ils sont donc guidés par les esprits, enchaînés par les choses, et le « moi » ne peut s’affirmer. Nous devons nourrir la source du « moi » si nous ne voulons pas la perdre, et d’abord en nous débarrassant de la luxure. Sans luxure, dans le repos, et sans projets ni pensées, de cette seule quiétude vide, en accord avec la juste raison, naît le mouvement, déterminé avant tout, et donc, après tout, sans chute. C’est cela commander aux dieux et non être commandé par eux. Sans voix ni odeur, il est le fondement de l’empire, un corps informe. Sans pensée ni acte, il est la source de tout.[49]
* * * * *
Inconnue des hommes, l’origine d’une pensée dans l’obscurité et la solitude est comme l’arrivée du printemps alors que l’hiver est encore là. Au moment même où la pensée commence à surgir, apparaît la distinction du bien et du mal, comme cette année et la suivante se séparent tandis que l’hiver persiste. Mille kilomètres d’erreur naissent d’un pouce. Dans la bagatelle réside la séparation du bien et du mal, leur division et leur frontière. « Nous devons sans cesse garder cette porte », nous demandant si le bien ou le mal relève de notre choix. Ainsi, abandonner tout mal et suivre le bien est le début de la pratique de notre philosophie. Être négligent ici, ne connaître le bien et le mal que par le visage et les actes, c’est arriver trop tard. Nous aurons beau lutter, nous n’y parviendrons pas.
[ p. 61 ]
Plusieurs de ceux qui s’étaient absentés un moment revinrent et s’excusèrent en disant : « Nous avons été occupés et avons donc été négligents. » Mais le Vieil Homme répondit :
Les érudits ont tendance à dire que leur occupation des affaires du monde les a rendus négligents. J’ai moi aussi commis cette erreur. Mais la véritable difficulté réside dans un manque de résolution, tandis que, inconscients de cela, nous rejetons la faute sur notre occupation. Cela peut sans doute interférer avec notre étude des livres, mais « apprendre » est la pratique de la « Voie » des Sages. Certes, nous devons connaître les « lois » pour agir correctement, et celles-ci ne s’apprennent pas seulement dans les livres, même si l’étude des classiques doit être privilégiée. Lisez, apprenez les « lois », puis recherchez-les dans votre conduite et vos affaires ; telle est la véritable connaissance, celle qui est le début d’une conduite juste. La « Voie » des Sages n’est pas étrangère aux choses du quotidien. Loyauté, obéissance, amitié, toutes les relations sont dans cet « apprentissage », et pas un geste, pas même notre repos, n’est sans son devoir.
Les disciples d’Ōyōmei critiquent la « science » de Shushi et disent : « Sans doute admirable, mais comment des hommes affairés trouveront-ils le temps d’en apprendre les lois universelles ? » Ainsi, ils interprètent Shushi à tort, en enseignant que nous déterminons d’abord des « lois » à notre guise et que nous ne commençons à les pratiquer qu’ensuite. Il n’en est rien ! Nous apprenons la loyauté et l’obéissance en étant loyaux et obéissants. Aujourd’hui, je connais les défauts d’hier et demain, je connaîtrai ceux d’aujourd’hui. Telle est la connaissance de la philosophie scientifique. Dans nos occupations, nous apprenons si notre conduite est conforme au droit, et ainsi, par la pratique, nous progressons dans la vérité.
Grands et petits décrivent les choses et non les principes. Ainsi, partout et toujours, nous pouvons apprendre la philosophie, et nous ne devons rien mépriser. Car les principes sont déterminés par les choses du Ciel et de la Terre. Mais tout doit être ordonné, sans négliger les choses importantes du quotidien, telles que les lois des arbres ou des brins d’herbe. Dans la « Voie » du Ciel et de la Terre, rien n’est issu des actes. Et là où il y a quelque chose, il y a la règle. Tout comme les six accomplissements que nous apprenons par la pratique, sans pour autant être dépourvus de règles, il en va de même pour la « Voie ». Bien que j’aie une intuition, si je ne connais pas la règle de son application, je suis comme un joyau non poli ou un minerai non fondu.
Un vieux samouraï enseignait ainsi à ses élèves : « Ne soyez pas samouraï par le port de deux sabres, mais veillez jour et nuit à ne pas porter atteinte à votre nom. Lorsque vous franchissez le seuil et franchissez la porte, soyez des hommes qui ne reviendront jamais. Ainsi serez-vous prêts à affronter toutes les aventures. » Tous les hommes profondément sincères pensent ainsi. Le bouddhiste doit toujours se souvenir des cinq commandements et le samouraï des lois de la chevalerie. Mais celles-ci sont faciles, car leur application est limitée. Or, la philosophie est primordiale, et en toute chose l’érudit trouve son devoir. Et trois choses en particulier ne doivent jamais être oubliées : les bénédictions des parents, du seigneur et du sage. Les parents accordent et chérissent le corps, pas un cheveu ne leur échappe, ni à leur amour. Le daimyō nous donne tout ce que nous avons et nous soutient, pas une baguette, si ce n’est de lui. Et le sage nous instruit et nous sauve de la condition des brutes. En se souvenant de ces bienfaits, la nature originelle ne se perd pas, la raison céleste n’est pas détruite et toutes les vertus sont réunies. Tel est le mystère de notre philosophie. Imprimez-le même dans votre corps.
Mais de nos jours, les jeunes gens ne recherchent que le plaisir. Ignorant leurs devoirs envers leurs parents et leurs seigneurs, ils sombrent dans l’égoïsme. Leurs aînés et leurs érudits ignorent la bénédiction des Sages, mais sont fiers et avides de gloire, sans une once de vérité. S’ils connaissaient ce mystère, ils réfréneraient leur orgueil et deviendraient des alliés sur la voie de la vertu. Aujourd’hui, professeurs et élèves rient de la vérité de Shushi jusqu’à en avoir mal au ventre. S’ils entendaient mon triple mystère, leur estomac leur ferait vomir. Mais tous ceux qui savent vraiment comprennent que ce n’est pas un mot creux et sénile.
[^5] : Le Sō, pp. 4-5 ci-dessus. La philosophie du Tei-Shu, p. 5 ci-dessus.
[^6] : Un enseignement qui régit sa propre vie.
6a Ainsi, Confucius « à quarante ans n’avait aucun doute ». Entretiens, II ; IV, 3. À « quinze ans, il était déterminé à apprendre ».
[^7] : Les rois sages mythiques de Chine. Gyō, selon la chronologie ordinaire et peu fiable, commença à régner en 2357 av. J.-C. et régna 100 ans, succédant à Shun, qui régna 50 ans. « L’Empire du Milieu », vol. II, p. 148.
[^11] : Ōyōmei, p. 10 ci-dessus. Son « intuitionnisme » est le ###. Voir Mencius, Livre VII., Partie 1. Chap. XV., 1. p. 44 note ci-dessous.
[^13] : Le bo est un oiseau fabuleux d’une taille monstrueuse. Pour la « philosophie naturelle », voir « Ki Ri et Ten » ci-dessous.
[^15] : La doctrine du juste milieu, XVI. Le mot pour « Dieux » est ici ki-shin.
[^20] : Voir le vol. III, appendice, des Transactions, « The Revival of Pure Shin-tau », pp. 20-31, pour l’attaque shintoïste contre la philosophie chinoise. Les « saints » de Chine y sont qualifiés de « simples rebelles victorieux ». Et c’est dans le même esprit qu’ils furent vilipendés il y a longtemps en Chine, « The Divine Classic of Nan-Hua », traduction de Balfour, pp. 112-113.
[^21] : Musashibo Benkei. Prêtre et samouraï brigand, il devint le plus fidèle serviteur de Minamoto Yoshitsune.
[^31] : Le Roi Shih, Leçons des États. Livre VI. Ode 1 « En voyant la désolation de l’ancienne capitale de Kau. » Livres sacrés de l’Orient, vol. III, p. 439.
« Puis-je rejoindre le chœur invisible
De ces morts immortels qui revivent
Dans les esprits rendus meilleurs par leur présence :
[^36] : Livre VII., Partie I., Chap. XV., 1. « La capacité possédée par les hommes sans être acquise par l’apprentissage est l’apprentissage intuitif, et la connaissance possédée par eux sans l’exercice de la pensée est leur connaissance intuitive. » Traduction de Legge. The Chinese Classics, vol. II., p. 332.
[^38] : Analectes, Livre XVII ; Type. II.
[^40] : Livre II, Partie I Chap. II, 9-16. Le Dr Legge traduit « ki » par ### « nature passionnelle » et remarque : « Sur ### {. . . ki}, il y a beaucoup de vains bavardages dans la Comm. pour montrer comment le ### {ki} du ciel et de la terre est aussi le ### {ki} de l’homme. » Et il traduit 13 ainsi : « Telle est la nature passionnelle : elle est extrêmement grande et extrêmement forte. Étant nourrie par la rectitude et ne subissant aucun préjudice, elle remplit tout ce qui se trouve entre le ciel et la terre. » L’école Tei-Shu se demanderait peut-être qui est ici coupable de vains bavardages. Si des hommes comme notre auteur et son maître Shushi comprenaient les classiques, le ### {ki} du ciel et de la terre pourrait bien être identifié au ### {ki} de l’homme. En effet, je ne vois pas comment leur philosophie peut être expliquée autrement. Le Dr Legge écrit ailleurs ; « Khi (ki), ou « esprit », est le souffle, toujours matériel mais plus pur que le Zing (essence) et appartient à la partie la plus fine et la plus active de l’éther. » « Le Yi King », p. 355, note, vol. XVI, « Livres sacrés de l’Orient ». Et il écrit encore : « Le nom de l’esprit intelligent est littéralement « le souffle connaisseur »… « le souffle » étant utilisé comme l’hébreu ruach et le latin spiritus. » « Je l’ai invoqué pour montrer comment il (Confucius) soutenait que, tandis que le corps de l’homme s’effrite et retourne à la poussière à la mort, l’esprit libéré, « le souffle » comme il le dit, s’élève vers un état plus lumineux. » « Les religions de Chine », p. 119-121. En fait, le « pneuma » stoïcien est le « ki » de l’école de Tei-Shu, et donc du système de pensée chinois dominant jusqu’à nos jours : « L’âme humaine, telle que définie par les stoïciens (p. 47), est un souffle inné… C’est une partie séparée de la Déité. » « Cette dernière imprègne le monde comme un souffle omniprésent. L’âme humaine est une partie de la Déité, ou une émanation de celle-ci ; l’âme et sa source agissent et réagissent l’une sur l’autre. L’âme est le souffle chaud en nous. » Les opinions divergeaient quant à sa vie après la mort du corps. Histoire de la philosophie d’Ueberweg, vol. I, pp. 194-196, trad. anglaise. Voir « Ki Ri et Ten » ci-dessous.
[^41] : Voir le Chinese Repository, vol. XIII, pp. 552, 609 et suiv. pour une traduction de l’explication de Shushi sur ces mots. Medhurst y traduit « ri » par principe immatériel et « ki » par matière première. McClatchie traduit « ri » par « destin » et « ki » par « air » et « cosmogonie confucéenne ». Eitel, p. ci-dessus, traduit par « loi » et « énergie vitale ». I par « esprit » et « loi », le premier au sens stoïcien de pneuma. Griffith John traduit « ri » par « principe immatériel » et « ki » par principe matériel. Voir mon « Commentaire » ci-dessous pour un résumé de l’enseignement de Shushi.
[^43 ]: Entretiens, Livre XVII, Chap., XIX, 3.
[^44] : Livre des Mutations, Annexe IV, Section II, 6.
[^48] : Entretiens VII ; 20.
[^51] : Le plus ancien commentaire sur Les Printemps et les Automnes. Livre III., An XXIII, Partie II., traduit par le Dr Legge (Classiques chinois, Vol. V, Pt. I, p. 120) : « Les esprits sont intelligents, corrects, impartiaux. » Le mot « esprits » est « shin » (kami) et dans notre passage ne peut être rendu que par Dieu ou Dieux.
[^54] : Saigyō était un illustre serviteur de Yoritomo qui devint prêtre. Il mourut en 1198.
[^58] : Mencius, Livre VII, Partie I, Chap. XIII, 3. « Partout où l’homme supérieur passe, une transformation le suit ; partout où il demeure, son influence est de nature spirituelle. Elle s’étend au-dessus et au-dessous comme celle du Ciel et de la Terre. » Traduction de Legge. Cette application de l’influence du sage idéal au Confucius historique est en contradiction frappante avec les faits de son insuccès comme homme d’État de son vivant.
[^62] : Les prétendus principes masculin et féminin de la cosmogonie chinoise. Voir la « Note » de M. Haga.
Dans cet article, le mot « esprit » représente le caractère « ki » ###. Voir le Journal of the N. China Asiatic Soc. Vol. II, No. 1. pp. 37-44.
[^64] : Ci-dessus note 14.
[^65] : Entretiens VII ; 20.
[^69] : Un célèbre serviteur d’Ieyasu, Hidetada et Iemitsu.
Les cinq livres portent le nom des cinq vertus cardinales, mais sans signification particulière. ↩︎
À quatorze ou quinze ans, ses cheveux étaient attachés en queue de cheval. Il vivait avec les samouraïs. Et sa maison dans le Nord était Kaga. ↩︎
À Edo, par le Shōgun. ↩︎
Les expressions d’humilité sont conventionnelles. Kyusō avait la plus grande influence et les plus grands honneurs accordés par les Tokugawa à un érudit. Il était admis en présence immédiate du shogun et était consulté sur les affaires de l’État. ↩︎
Okina, le vieil homme, est un titre de respect. ↩︎
La dynastie des Gen (Yuen) était mongole (1280-1368 apr. J.-C.), et fut remplacée par celle des Min (Mings) (1368-1644). « L’Empire du Milieu », vol. II, pp. 175-179. ↩︎
Le texte ici contient une liste d’érudits chinois dont les noms sont omis dans la traduction conformément à ce qui est dit aux pp. 26-27 ci-dessus. Du Sō, Shinseizan, Gikakuzan, du Gen, Kiyorozai Kosoro, du Min, Sek-kei-ken, Ko-kei-sai. ↩︎
La secte zen du bouddhisme, la secte contemplative qui prétend n’utiliser aucun livre. ↩︎
Kantaishi était l’un des huit hommes de lettres les plus célèbres de Chine. Il appartenait à l’époque des T’ang (Tang). « Il était le plus important parmi les hommes d’État, les philosophes et les poètes de la dynastie T’ang et l’un des noms les plus vénérés de la littérature chinoise. » p. 31… En 819 après J.-C., il présenta une remontrance à l’empereur Hien Tsung contre les honneurs publics avec lesquels il avait fait transporter une prétendue relique de Bouddha au palais impérial. Le texte de la diatribe de Han Yu (Kantai) contre la superstition étrangère est toujours reconnu comme l’un des documents d’État les plus célèbres. Mais son seul effet fut « le bannissement de l’auteur ». Durant son bannissement, Kantaishi s’efforça de civiliser les barbares avec lesquels il vivait, et ses efforts sont symbolisés par une légende selon laquelle il aurait expulsé un crocodile monstrueux. Plus tard, il fut rétabli dans ses honneurs. » Mayers, p. 50. ↩︎
La prière bouddhiste, Namu Amida-butsu. ↩︎
La coutume ne fut finalement abolie qu’en 1664 après J.-C. ; Lay’s « Japanese Funeral Rites », Vol. XIX., Pt. III., p. 528 de ces « Transactions ». Un karō était le ministre d’un daimyō. ↩︎
Le commentaire sur Le Printemps et l’Automne, Livre V., Année XV. p. 165 des Classiques chinois, édition de Legge. ↩︎
Cela fait référence au hōben bouddhiste, des dispositifs pieux pour conduire les ignorants à la vertu. ↩︎
Si par « sage » l’auteur entend Confucius, alors le Grand Savoir n’est pas celui d’un Sage, mais est accepté comme contenant son enseignement. Classiques chinois, vol. I. Prolégomènes, p. 26-27. Dans les sections consacrées à la littérature, l’auteur montre une certaine familiarité avec les résultats, au moins de la critique, mais il ne l’applique pas aux classiques, acceptant sans critique tout ce que la tradition lui attribue comme écrit de Confucius. ↩︎
Pour l’École de l’Étude Ancienne, voir la « Note » de M. Haga et mon « Commentaire » ci-dessous. La « Vertu des Illustrations » est une expression de l’École Ōyōmei, p. 13, ci-dessus. ↩︎
Mencius, Livre III : Pt. II., Chapitre IX. La citation n’est pas verbale. ↩︎
Donc dès le début, en raison de l’accent mis sur les rites. ↩︎
Sotōba ### était l’un des plus célèbres hommes de lettres chinois. Il appartenait à la dynastie Sō (Sung). Il appartenait à l’école orthodoxe et était à la fois homme d’État, poète et philosophe. Mayers, p. 190. ↩︎
Jun et So ### Écrivains taoïstes. Jun était un érudit et un homme d’État remarquable. Il se suicida en 212 apr. J.-C. Il en est de même pour le célèbre Chang, auteur du « Classique divin de Nan-Hua » (traduit par F.H. Balfour) Mayers p. 198 et p. 30. ↩︎
Écrivains connus pour l’ornementation mercenaire de leur style. ↩︎
Les archives historiques. ### ↩︎
Res-shi ### Un métaphysicien chinois de l’époque précédant Confucius. Mayers p. 126. Ses écrits ont été édités au quatrième siècle après J.-C. et occupent un rang élevé parmi les écrits taoïstes. ↩︎
Laotz a dit : « Celui qui meurt mais ne périt pas jouit de la longévité. » « Tau Teh King » p. 26, traduction de Chalmers. « Ceci est identique à la version comtiste de l’immortalité ; l’homme survit dans les résultats posthumes de ses œuvres antérieures », Balfour, « Tchouang-Tsé » xix, note. ↩︎
Kaku-butsu-gaku Je traduis « science ». Cela s’explique ainsi : p. 44 ### « La distinction des choses est simplement la même chose que l’étude parce que toute étude est une contemplation discriminante des choses, qu’elles soient réelles ou abstraites. Il faut certainement les contempler jusqu’à ce qu’un principe ### en ait été tiré. . . . On peut donc dire que ### est un criblage de matériaux. Mais ce n’est pas une science naturelle. . . . cela se réfère aux hommes. » « A Systematical Digest of the Doctrines of Confucius », p. 55. Voir le Grand Savoir, 4-5. « Désireux d’être sincères dans leurs pensées, ils ont d’abord étendu au maximum leurs connaissances. Une telle extension des connaissances résidait dans l’investigation des choses » The Chinese Classics, Vol. I : p. 222, traduction de Legge. ↩︎
Livre VI, Partie I Chap. NOUS. ↩︎
Cette citation ne se trouve pas dans le Tao Teh King. ↩︎
La doctrine du juste milieu, chap. I. 4-5. Shishi était le petit-fils de Confucius. ↩︎
Livre I, Partie I, Chapitre I, 3 amplifié par l’auteur. ↩︎
Henjaku (Pien Ts’iao) était le titre donné à un médecin qui vivait dans l’État de Chao vers le VIe siècle avant J.-C. Il fut instruit dans l’art mystique de la guérison par un Sage possédant des pouvoirs magiques. Henjaku disséquait le corps humain. La théorie chinoise des pouls est dérivée de ses découvertes. « Manuel » de Mayers, p. 172. ↩︎
Annexe I : Sec. I : Hex. XX : 3. ↩︎
XVI: 1 ↩︎
Rirō pouvait distinguer un seul cheveu à une distance de cent pas. Mayers, p. 119. Shikō avait des pouvoirs magiques d’audition. ↩︎
XVI; 1. 3 Legge traduit au pluriel : « Nous les cherchons », le texte n’ayant bien sûr aucune distinction de nombre. ↩︎
La doctrine du juste milieu, XVI:3 ; Legge traduit : « Comme de l’eau qui déborde, ils semblent être au-dessus des têtes, et à droite et à gauche des adorateurs. » ↩︎
Entretiens XV; 4. ↩︎
Livre des Mutations, Appendice 1 Sec., I, I, 5. Doctrine du juste milieu, Chap. XXXI. ↩︎
Livre des Mutations, Appendice III : Sec. I : Chap. VIII, 42. ↩︎
Mencius, Livre II, Pt. II, chap. IX., 4. Entretiens, Livre XIX Chap. XXI. ↩︎
Il existe une nature idéale qui est bonne. Il en est de même pour le « ri », la « loi », mais lorsqu’elle s’individualise, lorsqu’elle s’unit à la « nature ki », le bien et le mal apparaissent tous deux. Cette « nature ki » varie, est fine ou dense, est l’air, le souffle, l’essence des cinq éléments, forme la matière. Elle est en l’homme comme son « esprit » qui peut donc être considéré comme matériel, mais la matière pourrait aussi être considérée comme éthérée. L’esprit en nous « ressent » l’esprit extérieur et ce dernier « répond ». Il y a donc une révélation de l’invisible, une théophanie, mais elle relève de la volonté de l’homme et non de la volonté de Dieu, p. 51 ci-dessus. Le mal semble être la confusion, les bonnes puissances apparaissant au mauvais moment. Les cinq éléments sont le bois, le feu, la terre, le métal, l’eau. Peut-être serait-il plus juste de traduire les cinq éléments par « les cinq activités » manifestées dans les cinq éléments. Je suis redevable pour cette suggestion, comme pour beaucoup d’autres, au révérend H. Waddell, AB ↩︎
Le Dr Legge traduit : « Quand les hommes sont remplis de peur, leur souffle s’enflamme comme s’il s’enflammait et provoquait de telles choses. Si les hommes ne leur en donnent pas la cause, elles ne surgissent pas d’elles-mêmes. » « Classiques chinois » Vol. V, Pt. I, p. 92. Je ne comprends pas ici « ki » comme signifiant « le souffle », mais « l’esprit ». Les esprits (ki) qui nous entourent sont confus, indéterminés et impuissants face à un esprit déterminé, mais lorsque l’esprit (ki) de l’homme est indéterminé et vacille comme une flamme, alors il est trompé par le maléfique « ki » et des monstres apparaissent. ↩︎
Un recueil d’histoires communes des dynasties Tō et Sō. ↩︎
Le château des Tokugawa à Suruga. ↩︎
Le Livre des Mutations, Appendice, IV. Sec. I. Chap. VI: 34. ↩︎
La pensée et l’acte sont du ki, le vrai soi est du ri, voir « Ki, Ri et Ten » ci-dessous. ↩︎