© 2021 Chris and Nicole Raguetly
© 2021 Association Francophone des Lecteurs du Livre d'Urantia
Chris et Nicole Raguetly
Présenter le Livre d’Urantia n’est pas chose facile. La remarque en a d’ailleurs été faite au docteur Sadler lui-même lorsqu’il a voulu écrire une introduction. (William Sadler est le psychiatre qui a examiné la personnalité de contact et grâce à qui le livre a pu être imprimé). On lui a dit : « On n’éclaire pas le soleil avec une lampe de poche. » Ce même docteur Sadler avait établi une liste des points qui lui paraissaient originaux dans le Livre d’Urantia, il en avait recensé 47 et je pourrai vous en citer quelques-uns à la fin si vous le désirez.
Quant à moi, je me suis demandé ce que les auditeurs auraient en commun et j’ai parié sur un point : la recherche, et pour beaucoup, la recherche de la vérité.
Je vais donc dire ce qui fait, à mon avis, par expérience personnelle, que le Livre d’Urantia mérite une lecture attentive. Toutefois, ce qui fera ou non le succès de cette conférence c’est moins ce que je vais vous dire que les questions que vous voudrez bien poser aux organisateurs de cette journée et à moi-même. On apprend bien souvent plus par les questions que par les réponses.
En introduction, et pour toutes celles et tous ceux qui ne connaissent pas du tout le Livre d’Urantia, je voudrais vous lire ce que deux d’entre nous avaient destiné à des non-lecteurs français.
Tout au long du XIXe siècle, et même au début du 20ème sont apparues des oeuvres, tant en Europe qu’aux États-Unis, qui souhaitaient marquer leur temps par une approche qui se voulait complémentaire du christianisme ancien. La plupart des auteurs se disaient inspirés. Pour n’en citer que quelques-uns :
JOSEPH SMITH, présentateur du Livre de Mormon.
MARY BAKER EDDY, avec sa Clé des écritures
ABD-RU-SHI, avec « Dans la lumière de la vérité ». Ils, ou elles, ont eu un certain impact sur les gens de leur temps et au-delà.
En quoi les tenants du Livre d’Urantia diffèrent-ils des adeptes de ces personnalités? Peutêtre en partie par ce qui gêne tant de lecteurs potentiels de ce livre. On pouvait connaitre Mary Baker Eddy, on connaissait Joseph Smith, on connaissait Alexander Bernhardt, chacun avait son charisme, mais qui donc a écrit Le Livre d’Urantia ?
Ceux qui s’appellent eux-mêmes parfois (à tort ?) les urantiens, éludent soigneusement la question de deux façons:
Il est évident que l’examen de ces deux réponses ne satisfait personne, a priori. En effet, les signatures sont celles d’êtres non humains, aux noms plus ou moins ésotériques comme: Une Brillante Étoile du Soir, Un Lanonandek, un Fils Vorondadek, etc. Quel lecteur sérieux, en quête de vérité, se laisserait prendre à de telles facéties, certes poétiques, mais science-fictionesques ?
Nous avons été habitués à juger d’une œuvre par la qualité plus ou moins reconnue de son auteur; nous achetons et lisons un auteur, mais aussi nous ne voulons pas être entrainés sur des sentiers inconnus par des gens qui se cachent et dissimulent leur position, et leurs intentions ; des fois qu’ils nous feraient prendre des vessies pour des lanternes!Bref, on veut savoir à qui l’on a affaire. Je crois que c’est là ce que le Livre d’Urantia appelle précisément un doute honnête.
Ceci dit, il va bien falloir juger. Et ce n’est pas parce qu’on connait le nom de l’auteur que le livre sera bon, et ce n’est pas parce qu’on croit connaitre le nom de l’auteur que le livre est bien de lui. L’histoire commence avec Moïse qui raconte sa propre mort et se poursuit avec Homère qui pourrait bien être multiple et dans les temps modernes par Shakespeare. Mais en fait qu’importe que ce soit un certain Homère ou un certain Shakespeare qui aient écrit? Les textes ont fait et font encore les délices de millions de lecteurs et spectateurs.
Il faut accepter d’entreprendre la lecture du Livre d’Urantia avec un brin de frustration. Vous direz: Je ne connais pas le nom de la personnalité de contact qui a permis la publication de ce livre. Soit, mais je vais être très critique. Eh bien, bravo ! Soyez critique, mais restez honnête ! Le livre, lui, parle de sincérité ! Il dit même que ce sont les clés du royaume De la sincérité, plus de sincérité et encore de sincérité… LU 39:4.14 C’est en sortant du théâtre que l’on peut dire j’ai aimé la pièce, ce n’est pas au bout de cinq minutes, quand les personnages ne sont mêmes pas définissables et que le spectateur ignore tout de l’action. Faites de même avec le Livre d’Urantia, lisez-le en entier et alors seulement vous pourrez dire : Non, c’est une parodie, je garde mon scepticisme ou ma religion traditionnelle, ou bien : Oui, mais il y a des choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord.
Profitez-en car pour l’instant, personne ne peut vous imposer une croyance, et je crois que si vous lisez ce livre personne ne pourra plus jamais vous imposer une croyance.
On peut voir le Livre d’Urantia comme une symphonie. L’introduction nous donne les principaux thèmes qui seront développés ultérieurement. Nul ne peut prétendre mémoriser ou comprendre l’ensemble de ces thèmes à la première lecture. Ne pas se décourager et vouloir comprendre à tout prix. Les choses s’éclaircissent avec les diverses reprises et modulations. L’introduction est un guide de définitions auquel on se réfère plus tard, mais qu’il faut avoir lu. Nous y reviendrons…
On peut voir le Livre d’Urantia comme un livre éducatif. Éduquer vient du latin « educare », conduire hors de. Hors de quoi ? Hors des traditions et formes communément admises. Cela ne signifie pas le rejet de tout ce qui est antérieur, loin de là. Le livre nous dit :
« Nulle révélation de la religion, qui se prétend telle, ne peut être considérée comme authentique si elle ne reconnait pas les devoirs, commandés par les obligations morales, qui avaient été créés et entretenus par la religion évolutionnaire antérieure. La révélation élargit infailliblement l’horizon éthique de la religion évoluée, tout en accroissant simultanément et infailliblement les obligations morales résultant de toutes les révélations antérieures. » [LU 101:9.1].
Mais on ne peut lire le Livre d’Urantia que si l’on est éducable.
Nul non plus n’aborde le livre sans préjugés. Les scientifiques seront choqués de voir que l’accord n’est pas parfait avec la science de leur temps. Qu’ils laissent de côté ces désaccords en se rappelant que la science est encore toute jeune et que la vérité d’aujourd’hui sera peut-être démentie demain. De plus, que ce n’est pas là le fonds du livre, que les enseignements d’ordre éthique sont beaucoup plus importants que les renseignements d’ordre scientifique.
Les chrétiens seront peut-être choqués par le rejet de tel ou tel dogme. Qu’ils laissent de côté ces désaccords, en se rappelant qu’il s’agit la plupart du temps de croyances et non de foi. Le temps et la réflexion aplanissent la plupart des premiers problèmes rencontrés par les nouveaux lecteurs, à la seule condition d’être ouverts et honnêtes et de n’être pas totalement aveuglés par les préjugés.
Je vais maintenant vous lire, au moins en partie, ce qu’a écrit Chris Ragetly en guise d’introduction, vous l’écouterez avec en arrière pensée quelques-unes des restrictions que j’ai introduites dans vos cerveaux.
Je voudrais d’abord citer T. Burnet, un auteur de 17ème siècle (A. D. 1692). Voici un paragraphe de son livre « Archéologica Philosophica ».
« Je crois sincèrement qu’il existe dans l’univers plus d’êtres invisibles que visibles. Mais qui va nous expliquer leur nature, leur rang, leur parenté, leurs signes distinctifs ainsi que leurs talents? Que font-ils? Où se trouvent-ils? Le mental humain a fait le tour de ce problème, mais ne l’a jamais résolu. Il y a pourtant un bénéfice à en tirer, je n’en doute pas, de contempler dans le mental, comme dans un tableau, l’image d’un monde meilleur et plus grand; de crainte que l’intellect, habitué aux détails futiles de la vie quotidienne, ne se contracte en des limites trop étroites et ne se contente que de bagatelles.
T. Burnet aurait été passionné par Le Livre d’Urantia.
Le Livre d’Urantia est une révélation. Elle est la 5ème révélation d’époque.
Le Livre d’Urantia s’articule autour de 4 parties bien distinctes:
1. L’univers central et les superunivers.
2. L’univers local.
3. L’histoire d’Urantia.
4. La vie et les enseignements de Jésus.
Les auteurs du Livre d’Urantia sont tous des personnalités suprahumaines. Les techniques qui ont été employées pour transmettre Le Livre d’Urantia nous sont inconnues et ont été délibérément laissées de côté par les auteurs.
Ceci pour empêcher que l’habitude humaine de vouer un culte plus ou moins conscient à des personnes dites de contact ne fasse un nouveau St Paul ou un nouveau Calvin de la personnalité de contact. Le contenu du Livre d’Urantia parle par lui-même à tout lecteur patient et spirituellement intéressé.
Trois questions vitales se posent à tout être humain :
- Les Fascicules d’Urantia. Ces exposés, dont le présent fascicule fait partie, constituent la plus récente présentation de la vérité aux mortels d’Urantia. Ils diffèrent de toutes les révélations antérieures, car ils ne sont pas l’œuvre d’une seule personnalité de l’univers, mais une présentation composite par de nombreux êtres. Toutefois, jamais aucune révélation ne peut être complète avant d’atteindre le Père Universel. Tous les autres ministères célestes ne sont que partiels, transitoires et pratiquement adaptés aux conditions locales dans le temps et l’espace. Il est possible qu’en admettant cela, on amoindrisse la force et l’autorité immédiates de toutes les révélations, mais l’heure est arrivée sur Urantia où il est opportun de faire ces franches déclarations, même au risque d’affaiblir l’influence et l’autorité du présent ouvrage qui représente la révélation la plus récente de la vérité aux races mortelles d’Urantia. (LU 92:4.9)
Il parait évident que seule une intelligence au-dessus de l’humaine, avec une sagesse et une perspective cosmique, peut fournir les réponses. Jusqu’ici tous les efforts des théologiens, philosophes, éducateurs, gourous et gens d’Églises ne nous satisfont pas.
Le Livre d’Urantia nous apporte les réponses. En profondeur et avec une autorité suprême. C’est la dernière révélation d’époque sur cette planète après celle de Jésus qui avait été la 4ème.
URANTIA est le véritable nom de notre planète dans notre univers local, il est inscrit comme tel dans les archives de la création.
URANTIA est une des planètes les plus récentes et les moins avancées parmi les 619 mondes évolutionnaires de notre système local.
Et pourtant, dans la hiérarchie céleste, notre petit Urantia arriéré et présentement en quarantaine est le favori sentimental parmi ces 10 millions de mondes. Car Michaël de Nébadon, un Fils Créateur paradisiaque, créateur de notre univers, dans sa dernière effusion, est né sur URANTIA comme un bébé normal et mortel. Et il vécut ici en tant qu’homme — Dieu incarné en Jésus — le Christ — de Nazareth.
Les premiers deux tiers du Livre d’Urantia nous livrent l’incommensurable panoplie du cosmos, dans lequel notre vaste univers local n’est qu’une unité périphérique minuscule de seulement 10 millions de planètes habitées parmi un total de 7 milliards.
Le dernier tiers des 2097 pages du Livre d’Urantia est la narration détaillée de la vie de Jésus, année par année, presque jour par jour, sans emphase ni omission, comprenant tous ses enseignements.
La chose la plus importante que tout homme peut apprendre n’importe où dans cet univers si la civilisation humaine ne se détruit pas — est la connaissance que ce Créateur très sage (Jésus) a enseigné — et enseigne — aux hommes, pour permettre à n’importe quelle société, primitive ou avancée, de prospérer et de progresser. Le Livre d’Urantia est splendide et complet dans la pleine présentation de ses enseignements.
Le Livre d’Urantia vous donne la religion DE Jésus. Les diverses religions chrétiennes nous enseignent une religion Á PROPOS de Jésus.
Il est peu probable qu’une personne puisse lire et méditer sur la vie de Jésus, sans en être changé. Le Livre d’Urantia vous changera, si vous êtes prédisposé à apprendre.
Ne craignez pas d’embrasser Le Livre d’Urantia, parce que vous croyez aujourd’hui que vous n’êtes pas aussi prêt que vous pensez l’être un jour. Le Livre d’Urantia fera de vous un homme ou une femme bien meilleure, un compagnon ou une compagne meilleure, un ami meilleur, un mari, une épouse, un parent, un fils ou une fille. Mais oui, il fera tout cela! Vous y trouverez les réponses. Elles se révèleront dépasser de loin votre imagination la plus féconde. [1]
Nous allons maintenant examiner quelques particularités du livre qui devraient inciter tout curieux et tout chercheur de vérité à le lire.
Mais je voudrais d’abord éclaircir un point qui a été mentionné précédemment sans explication. Le Livre d’Urantia est dit 5ème révélation d>époque, quest-ce que cela veut dire ?
Techniquement c’est simplement que quatre révélations l’ont précédé, du moins quatre révélations non pas individuelles ou privées comme le dit l’Église catholique (nous reviendrons sur ce point plus tard), mais touchant toute la communauté humaine.
Ces révélations furent:
Toutes ces révélations sont faites par un personnage. La cinquième révélation n’est pas faite par un personnage mais est proposée au moyen d’un livre.
Toutes ces révélations successives ont pour caractéristique de reprendre la précédente en la complétant en fonction du temps. La 4ème révélation rappelait la précédente en disant que Dieu était Père et que par conséquent nous étions frères, mais elle insistait sur l>aspect spirituel et sur l’amour du Père. Qu’apporte de plus la 5ème révélation ? Elle ajoute une dimension, celle de la citoyenneté cosmique, c’est pourquoi il lui faut développer certains aspects physiques qui étaient totalement ignorés des précédentes, mais cette dimension cosmique permet aussi de donner un sens nouveau à bien des évènements passés.
Si j’ai dit d’entrée que présenter Le Livre d’Urantia n’est pas chose facile c’est que Le Livre d’Urantia n’est pas un livre facile. Il utilise comme tout auteur original un_vocabulaire dans un sens qui peut lui être particulier et de plus il présente des concepts qui ne sont pas familiers au lecteur. Dans la plupart des livres en français les explications sont données dans des notes de fin de volume. Les auteurs, ici, ont voulu donner un certain nombre d’explications en_introduction. Ils nous disent:
Dans l’espoir de faciliter la compréhension et d’éviter la confusion chez tout mortel qui lira attentivement ces fascicules, nous estimons sage d’exposer, dans ce préambule, un aperçu des sens qu’il faut attacher à de nombreux mots qui vont être employés pour désigner la Déité et certains concepts associés des choses, des significations et des valeurs de la réalité universelle. LU 0:0.3
Il s’agit bien d’un aperçu des sens et non pas nous allons tout vous dire dans ces quelque 17 pages d’introduction.
C’est pourquoi il est bon d’aborder le livre par son introduction ; mais il faut rester très modeste. S’ils nous disent que ce préambule est donné « dans l’espoir de faciliter la compréhension et d’éviter la confusion » c’est que tout lecteur part avec certains préjugés et certaines ignorances. Si ce livre est une révélation il va nous ouvrir de nouvelles perspectives et quand des concepts sont nouveaux il faut à chacun du temps pour les assimiler.
Cette Introduction n’est donc pas un exposé complet par lui-même ; ce n’est qu’un guide de définitions destiné à aider les lecteurs des fascicules suivants traitant de la Déité et de l’univers des univers. LU 0:0.4
Dès lors, il faut s’attendre à des éclaircissements, mais aussi à ce que bien des choses demeurent mystérieuses.
Le plus important me semble être qu’une première lecture élimine certaines croyances que nous avons hérité de l’histoire. Chacune, et chacun, trouvera des éléments de compréhension immédiate et des éléments d’incompréhension. Il ne faut surtout pas s’en inquiéter. Mais il faut absolument se rappeler que l’introduction est un guide de définitions et que l’on peut s’y référer chaque fois qu’un terme nous gêne.
Par exemple : le mental humain chercherait d’ordinaire à aborder la philosophie cosmique décrite dans ces révélations en procédant du simple et du fini au complexe et à l’infini, des origines humaines aux destinées divines. Mais ce chemin ne conduit pas à la sagesse spirituelle. C’est la voie la plus facile vers une certaine forme de connaissance génétique susceptible au mieux de dévoiler simplement l’origine des hommes ; elle ne révèle que peu ou rien sur leur destinée divine.
Même dans l’étude de l’évolution biologique des hommes sur Urantia, il y a de graves objections à aborder leur présent statut et leurs problèmes courants exclusivement par la voie historique. On ne peut saisir la vraie perspective de quelque problème de réalité — humain ou divin, terrestre ou cosmique — que par l’étude et la corrélation complètes et sans préjugés de trois phases de la réalité universelle : l’origine, l’histoire et la destinée. La bonne compréhension de ces trois réalités expérientielles fournit la base nécessaire à une sage estimation du statut présent.
Quand le mental humain entreprend de suivre la technique philosophique consistant à partir de l’inférieur pour s’approcher du supérieur, soit en biologie soit en théologie, il court toujours le danger de commettre quatre erreurs de raisonnement :
- Il peut manquer totalement de percevoir le but évolutionnaire final et accompli de l’aboutissement personnel ou de la destinée cosmique.
- Il peut commettre l’erreur philosophique suprême en simplifiant à l’excès la réalité cosmique évolutionnaire (expérientielle), ce qui conduit à déformer les faits, à pervertir la vérité et à concevoir faussement les destinées.
- L’étude des causes est la lecture approfondie de l’histoire. Mais il ne suffit pas de savoir comment un être est devenu ce qu’il est pour comprendre intelligemment son présent statut et son vrai caractère.
- L’histoire seule ne réussit pas à révéler convenablement le développement futur — la destinée. Les origines finies sont utiles, mais seules les causes divines révèlent les effets finals. Les fins éternelles ne se montrent pas dans les commencements temporels. On ne peut véritablement interpréter le présent qu’à la lumière de la corrélation du passé et du futur.
Pour les raisons ci-dessus et pour d’autres encore, nous employons donc la technique consistant à aborder l’homme et ses problèmes planétaires, en entreprenant le voyage dans l’espace-temps à partir de l’infinie, éternelle et divine Source-Centre Paradisiaque de toute réalité de personnalité et de toute existence cosmique. (LU 19:1.5-12)
C’est pourquoi, de nouveau je dis qu’il est bon d’avoir lu l’introduction, même si elle semble difficile.
On peut se demander pourquoi ce livre apparait au 20e siècle ?
Est-ce parce que les précédents manquaient de foi ? Je ne le crois pas. La mythologie urantienne nous dit que les médians ont demandé la permission de faire une nouvelle révélation dès le 13ème siècle. Mais elle n’aurait guère pu se présenter sous la forme où nous connaissons le Livre d’Urantia car à ces époques, relativement lointaines, les connaissances de l’univers étaient encore bien maigres. Et pas seulement les connaissances astronomiques, mais l’ensemble des sciences.
Les siècles précédents ont uniquement vécu et pensé par la logique d’Aristote, encore bien utile maintenant, mais tout à fait insuffisante lorsque l’on parle des Absolus et de l’Infini. Cette logique repose sur les principes d’identité, de non-contradiction et sur le tiers exclu. Il a pratiquement fallu attendre le 20e siècle pour voir apparaitre des logiques plus générales, comme en mathématique il fallut attendre le milieu du 19ème siècle avec Lobatchevski et Riemann pour échapper à la géométrie euclidienne et aussi le 20e siècle en physique pour admettre tout à la fois la relativité d’Einstein et la physique quantique de Planck.
Le Livre d’Urantia dès son introduction indique que ses auteurs sont relativistes (pas au sens d’Einstein) ; ils nous disent qu’une application stricte de la logique d’Aristote ne peut qu’aboutir à des paradoxes et la méthode préconisée pour la compréhension de tout ce qui touche à autre chose que le fini est celle des niveaux. Prenons un exemple :
DIEU est un symbole verbal désignant toutes les personnalisations de la Déité. Il faut définir différemment ce terme pour chaque niveau personnel de fonction de la Déité et ilfaut encore le redéfinir plus explicitement à l’intérieur de chacun de ces niveaux. En effet, on peut employer le mot pour désigner les diverses personnalisations coordonnées et subordonnées de la Déité, par exemple les Fils Créateurs Paradisiaques les pères des univers locaux. LU 0:2.6
On peut, à l’intérieur de chaque niveau utiliser les principes de la logique traditionnelle, mais cela n’est pas applicable à l’ensemble des niveaux.
Un livre qui, sans rien renier de la logique classique est capable de la dépasser mérite d’être lu.
Le Livre d’Urantia est en quelque sorte un anti-Theilhard de Chardin. Je m’explique. Theilhard part de ses études de paléontologie, de la base terrestre, pour monter jusqu’au Christ cosmique, jusqu’à l’Oméga. Le Livre d’Urantia part de Dieu le Père pour descendre depuis le Paradis jusqu’à notre planète en passant par l’univers central, les superunivers et les univers locaux. Il s’achève sur une version renouvelée de la quatrième révélation, celle de Jésus de Nazareth, une version illuminée par la connaissance de tout ce qui précède.
En quoi cette première partie nous offre-telle une vision neuve ?
Les anciens avaient bien tenté d’imaginer le Paradis et les êtres qui le peuplaient. Il suffit de lire les gnostiques du premier siècle pour voir qu’ils ne manquaient pas d’imagination, mais ils partaient généralement sur une base fausse qui conduisait invariablement à des paradoxes, des situations inextricables tout simplement parce que depuis le début du christianisme on avait voulu faire du Logos, le Christ, la deuxième personne de la Trinité.
Il n’est évidemment pas question de répondre à toutes les interrogations sur la Trinité, notre mental d’être fini ne nous le permet pas, mais en quelques pages Le Livre d’Urantia tranche le nœud gordien que représentait l’incarnation d’un Fils de Dieu et ainsi s’envole la querelle de l’homoousios, (de même nature que le Père) de l’homoiousios (de nature semblable) et de l’anomoios, (de nature dissemblable) qui a envenimé les relations des chrétiens pendant des siècles. Le Fils Éternel se distingue des Fils Créateurs et si le mystère de l’incarnation demeure, celui de la nature du Fils Éternel est traité en quelques lignes.
Si Le Livre d’Urantia n’avait fait que cela, il mériterait d’être lu.
Ne quittons pas la Trinité aussi vite. Le fascicule 10 lui est consacré.
Les premiers chrétiens pouvaient bien avoir une idée sur la Trinité, mais la réflexion théologique sur le sujet ne semble pas apparaitre clairement avant le quatrième siècle. Même le concile de Nicée en 325, s’il note la présence des trois personnes, le Père, le Fils et l’Esprit, n’insiste pas sur leurs relations. C’est le concile de Constantinople en 381 qui proclame l’égale divinité du Père du Fils et de l’Esprit. Disons une fois encore que le Fils et son incarnation posaient des problèmes insolubles. Le Livre d’Urantia expose clairement à la fois la primauté du Père, les raisons qui imposent l’existence d’une Trinité (c’est la seule façon d’échapper à l’absolutisme de personnalité LU 10:0.1) et la coordination parfaite des trois personnes. De plus il nous dit que cette Trinité n’a pas tant des attributs que des fonctions. Or ces fonctions sont liées aux concepts de réalité. Le concept de réalité est en fait le constituant fondamental du livre, il n’est pas abordé selon les méthodes de la philosophie traditionnelle mais le plus souvent suivant la méthode des niveaux dont nous avons déjà parlé. Le mot réalité lui-même est si important qu’il se trouve 780 fois au singulier dans la version anglaise. (réel 480 fois)
Tous les philosophes de l’antiquité avaient bien eu conscience de l’existence d’une réalité finie et d’une réalité Absolue, mais aucun n’avait, semble-t-il, imaginé l’existence du Suprême (fini), (bien que le terme Être Suprême ait été connu) de l’Ultime (absonite) et de l’Absolu. Aucun n’avait non plus imaginé la possibilité de plusieurs Trinités. Or ce concept de trinité est si important que trois autres fascicules vont être nécessaires pour tenter de nous faire comprendre ces fonctions et leurs relations avec la réalité totale.
Si Le Livre d’Urantia n’avait à nous offrir que cette majestueuse vision des Déités, il mériterait dêtre lu.
La deuxième partie est consacrée à l’Univers local.
Autant il était possible de croire que la Terre était le centre du monde, jusqu’à Galilée, autant la connaissance de la grandeur de l’univers rend cette idée dérisoire à un terrien du 21ème siècle. Bien sûr, la science, qui est encore toute jeune, n’a pas découvert de civilisations dans des astres proches de nous, mais ce qui paraissait n’être que science-fiction au début du 20 ème siècle est bel et bien partie constituante des hypothèses scientifiques même des moins imaginatifs de nos astrophysiciens. Le corps des exobiologistes ne cesse de croitre. Le nombre de planètes découvertes circulant autour de soleils plus ou moins lointains a maintenant dépassé la centaine. (170)
Le Livre d’Urantia nous présente un panorama de ce qui fait un univers local, tant au niveau physique qu’au niveau de ses habitants, ex-humains et célestes et de l’évolution prévue de ces univers. Tous les mondes entreront un jour ou l’autre dans l’ère de lumière et de vie.
Le dernier chapitre offre une vision globale de l’unité universelle, unité physique, unité mentale et unité spirituelle. En nous proposant une vision à long terme, il nous sort de la vision limitée et catastrophique de notre univers quotidien.
S’il ne faisait que cela Le Livre d’Urantia mériterait deêtre lu.
La troisième partie s’intitule l’Histoire d’Urantia (c’est ainsi que l’on appelle notre planète).
a) On découvre d’abord l’origine de notre planète et l’apparition de la vie.
Les scientifiques qui ont suivi les évolutions des hypothèses sur la naissance de la Terre risquent d’être fort déçus parce que l’hypothèse retenue n’est pas celle qui jouit de la faveur des astrophysiciens du moment. Ce n’est pas non plus, contrairement à ce qu’une lecture un peu trop rapide pourrait laisser croire, celle de James Jeans, il s’agit d’une hypothèse tout à fait originale, celle de l’approche par un corps noir (peut-être devrions-nous dire un trou noir ?) de notre système solaire qui aurait engendré la majorité des planètes actuellement existantes. James Jeans développe une théorie qui avait d’abord été proposée par Buffon en 1745 et selon laquelle une étoile serait passée assez près du soleil pour lui arracher une partie de son gaz et former les planètes. Cette théorie est réfutée pour plusieurs raisons dont l’une est que l’on ne trouve pas d’étoile dont la direction correspondrait à une orbite anormale. Mais on trouve maintenant un nombre de plus en plus important de trous noirs dans notre galaxie. Il faudra attendre des études beaucoup plus spécifiques pour savoir si l’on peut trouver un tel trou noir qui serait passé près de notre soleil.
Si ce n’était que pour cette hypothèse, inenvisageable à l’époque où fut donné le livre, celui-ci mériterait d’être lu.
b) On nous montre ensuite l’évolution des races et l’évolution des institutions humaines.
Disons tout de suite deux choses :
Un livre qui synthétise l’évolution humaine et peut donner un sens à cette évolution mérite certainement d’être lu ne serait-ce qu’à titre hypothétique.
c) C’est aussi dans la troisième partie que nous sont présentés les Ajusteurs de Pensée et l’âme.
Le Livre d’Urantia développe là un thème qui est connu de toutes les religions, Ce que Le Livre d’Urantia appelle Ajusteur de Pensée c’est ce que les chrétiens appellent « la petite lumière qui éclaire chaque homme venu dans ce monde » Jean I : 10, mais alors que le christianisme s’en tient à cette présence sans autre explication, Le Livre d’Urantia précise les conditions d’arrivée de l’Ajusteur, son rôle et sa fonction en particulier son rôle dans la création de l’âme, car là aussi, si le mot âme est ancien le concept urantien est entièrement nouveau et de plus ce concept d’âme est suivi jusqu’à l’établissement de la perfection, jusqu’à l’accomplissement du commandement de Jésus : Soyez parfait comme votre Père du ciel est parfait.
Si Le Livre d’Urantia ne faisait que nous donner cette vision enfin claire de l’Ajusteur et de l’âme il mériterait d’être lu.
Curieusement la quatrième partie, la vie de Jésus, est celle qui est le plus susceptible d’intéresser les gens de cette planète et en même temps de susciter le plus de réticences de la part des autorités religieuses établies.
Nous essayerons de voir pourquoi, mais auparavant voyons quelques particularités de cette quatrième partie du Livre d’Urantia .
Le mythe urantien veut que les trois premières parties aient été données à la Commission de contact dans un premier temps et sur questions posées par les membres du Forum, la quatrième partie est venue après parce que les médians en avaient fait la demande aux autorités supérieures et qu’ils auraient eu l’aval non seulement de ces autorités mais de Micaël lui-même. Cette quatrième partie est présentée tout entière comme le fruit d’une Commission de Médians. Elle se dit fondée sur les Évangiles traditionnels plus des notes de l’apôtre André depuis longtemps disparues et aussi sur la connaissance que les Médians ont de l’époque, car ils étaient tous présents à cette époque-là.
a) Qu’est-ce qui en fait l’attrait ?
Tout d’abord c’est une version presque au jour le jour de la vie de Jésus depuis sa naissance jusqu’à sa mort et même son ascension. Or, si vous voulez gagner un peu d’argent en écrivant il suffit que vous écriviez une vie de Jésus. Il fait recette, plus que le Pape ou le Dalaï-Lama. C’est ainsi. Ce personnage, qui vivait il y a un peu plus de 2000 ans continue d’intriguer. Certes, il y a bien les Évangiles, mais ils sont quelque peu avares de renseignements sur l’homme et en particulier sur sa jeunesse, son éducation, et tout ce qui l’a amené à choisir 12 apôtres qui, après sa mort, allaient bouleverser le monde gréco-romain de son époque. Le Livre d’Urantia comble un manque d’informations sur les parties ignorées par les Évangiles de la vie de Jésus.
Ne serait-ce qu’à titre de curiosité cela mérite d’être lu.
Mais il y a plus, Le Livre d’Urantia nous donne l’évangile de Jésus tel qu’il a été formulé dans son esprit et pas seulement dans sa lettre. Nombre de discours de Jésus sont précédés d’une formule comme : Résumé et mis en termes modernes, voici ce que dit Jésus.
On se trouve devant un choix : ou bien ceux qui présentent cette version fabulent et nous sommes devant une bien belle histoire qui mérite d’être lue, ou bien les Médians sont ce qu’ils prétendent être et nous devons leur faire confiance. C’est un peu comme une nouvelle version du pari de Pascal.
Dans les deux cas il faut lire le livre.
Les religions du monde
Il est rare qu’un livre religieux recommande d’étudier les autres religions.
b) Pourquoi les autorités religieuses sont-elles réticentes?
Que dit le catéchisme de l’Église catholique édité par Mame/Plon dépôt légal de novembre 1992, en son Article 1 chapitre III, article 66 intitulé : Il n’y aura plus d’autre révélation?
« L’économie chrétienne, étant l’alliance nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus Christ… 'article 67, alinéa 2 précise : La foi chrétienne ne peut pas accepter des « révélations » qui prétendent dépasser ou corriger la révélation dont le Christ est l’achèvement. C’est le cas de certaines religions non chrétiennes et aussi de certaines sectes récentes qui se fondent sur de telles « révélations ».
Il faut comprendre la position de l’Église et pas seulement de l’Église catholique, mais aussi de tous les fondamentalistes orthodoxes ou protestants. Depuis bien longtemps, et même au temps du Christ, les corps constitués se sont opposés au changement et même si Jésus disait : « Je ne suis pas venu pour abolir mais pour accomplir », les Pharisiens l’ont accusé, entre autres, de ne pas respecter la loi mosaïque.
Aucune nouveauté ne s’impose à l’autorité établie et seul le temps et l’évolution peuvent imposer une révision. « Contrairement à la science, la religion ne pourvoit pas à sa propre correction progressive. » LU 92:3.4
Seules deux influences peuvent modifier et élever les dogmes de la religion naturelle : la pression des mours en lent progrès et l’illumination périodique des révélations d’époque. LU 92:3.5
Les exemples des difficultés de modification d’attitude de la religion sont connus de tous, au moins pour la religion catholique. Les premiers siècles sont remplis d’anathèmes (voir l’Enchiridion de Denzinger) et chacun sait combien il a fallu de temps pour maitriser l’Inquisition, pour qu’un début d’œcuménisme se manifeste envers les protestants, pour que Galilée soit réhabilité, pour que l’évolutionnisme soit admis comme possibilité ou même pour que Theilard de Chardin ne soit pas mis à l’Index. Cet Index qui n’a été, on espère définitivement, supprimé qu’en 1966. Songez que les Pensées de Blaise Pascal étaient à l’Index au même titre que Les Fleurs du mal de Baudelaire.
Qu’est-ce qui peut nous faire espérer que le rejet de toute nouvelle révélation n’écartera pas de nouveaux lecteurs éventuels du Le Livre d’Urantia ? C’est un phénomène sociologique prévalant dans nos sociétés et qui est: « La distanciation par rapport aux institutions religieuses, qui se traduit… par une baisse de la socialisation religieuse des jeunes générations… » (Pour une mémoire des religions /La découverte p.80) Face aux conflits religion-science l’homme du 21ème siècle veut pouvoir choisir par lui-même tout comme dans les rapports sociaux ou sexuels il n’entend pas se laisser dicter par les clercs.
Après tout qu’est-ce qui amène au Le Livre d’Urantia ?
C’est d’abord l’insatisfaction avec le système dans lequel on vit, quel que soit ce système. Presque toutes les vérités que nous avons apprises étant jeunes en matière scientifique, en matière littéraire, en art, ont été soit démenties soit relativisées. (Les trois règnes : minéral, végétal, animal ces trois règnes sont devenus 5 en 1969, avec Whitteker, 6 en 1977 avec Woese, animal, champignon, végétal, protiste, archéobactéries, eubactéries ; (mais il y a bien d’autres classifications encore) Mais en matière religieuse, où en sommes-nous ? Pouvons-nous espérer vivre avec un système religieux qui n’a guère dépassé le niveau de l’école primaire ?
J’ai dit au tout début que j’avais parié sur un point commun entre tous les auditeurs, à savoir la recherche de la vérité. Il ne s’agissait pas d’apporter la vérité sur un plateau, la vérité n’est pas statique, elle ne se laisse pas enfer- mer dans des formules fussent-elles du meilleur des conférenciers (et je ne parle pas pour moi) non, elle est dynamique. Mais la sensibilité à la vérité est un don que nous avons toutes et tous reçu, quoiqu’accepté de manière différente, depuis que l’Esprit de Vérité a été répandu sur ce monde et c’est pourquoi je suis sûr que celles et ceux qui feront l’effort de lire honnêtement Le Livre d’Urantia seront sensibles à cet Esprit de Vérité.
Je ne voudrais pas terminer sans vous rappeler que Le Livre d’Urantia est un message de joie et d’espoir, un message libérateur. Dans cette période où les gouvernements cherchent trop souvent à gouverner par la peur, nous devrions constamment nous souvenir de cette parole que Joshua ben Joseph répétait à ses auditeurs : N’ayez pas peur.
Voici très brièvement quelques thèmes, parmi les 47 , que nous aurions pu aborder en suivant l’ordre adopté par Sadler sur les concepts et enseignements originaux du Livre d’Urantia :
Je vous remercie de votre attention et répondrai à vos questions dans les limites de mes capacités.
J’ai puisé et traduit avec quelques libertés, quelques citations de l’introduction du « Concordex » de Clyde Bedell, en particulier, le texte de T. Burnet dans son « ARCHAEOLOGICA PHILOSOPHICA » (CMR) ↩︎