© 1992 Meredith Sprunger
© 1998 Fellowship du Livre d'Urantia
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La grande majorité des enseignements du Livre d’Urantia renforcent et améliorent les idées et les vérités de la théologie chrétienne traditionnelle ; cependant, il est parfois bon de souligner les aspects les plus controversés d’un nouveau paradigme pour affiner sa distinction par rapport à un paradigme traditionnel et ainsi stimuler la pensée critique.
Le Livre d’Urantia est une source abondante d’informations et de connaissances religieuses. Sur plus de 2000 pages, il couvre un large éventail de sujets. Mais, plus stimulant encore, il projette une nouvelle vision du cosmos. Tout comme Jésus a apporté un nouveau paradigme à la religion de son époque, tout en renforçant les meilleures perspectives spirituelles de l’Ancien Testament, le Livre d’Urantia apporte un nouveau paradigme à la religion d’aujourd’hui, tout en enrichissant les concepts spirituels fondamentaux du christianisme contemporain et des autres religions du monde. La révélation d’époque rehausse toujours les meilleurs enseignements du développement religieux évolutionnaire. Même si elle renforce les anciennes vérités spirituelles, il faut un temps considérable aux institutions et à la culture religieuses pour examiner de manière critique et s’adapter à une nouvelle cosmologie spirituelle.
Il serait peut-être possible d’accélérer ce processus en examinant certaines des principales divergences entre le nouveau paradigme et les anciens cadres de référence. Suivant la courbe historique normale du changement, certains d’entre nous se sentent plus à l’aise avec les formes théologiques traditionnelles, tandis que d’autres sont dynamisés et inspirés par la nouvelle vision de la réalité. Le défi d’évaluer de manière créative des concepts et des valeurs spirituelles élargis exige courage, équilibre et ouverture d’esprit.
Dans la foi chrétienne, nous croyons que Dieu a inspiré la vérité spirituelle à certains individus. Ces prophètes inspirés ont partagé ce message avec leurs semblables. Au fil des ans, ces enseignements ont été révisés à maintes reprises, puis évalués par les conciles de l’Église et intégrés au canon des Écritures. Le Livre d’Urantia parle de deux types fondamentaux de révélation : (1) la révélation d’époque, périodique, successive et évolutive ; et (2) la révélation continue, dans la mesure où l’Esprit de Dieu, présent en nous, révèle la vérité aux individus.
Les auteurs du Livre d’Urantia reconnaissent la difficulté de traduire les réalités spirituelles en concepts et en langage humains. Ils affirment que des milliers de concepts et d’énoncés humains ont été utilisés pour faciliter la compréhension et la communication. Ils précisent également qu’ils sont soumis à des restrictions rigoureuses et qu’il leur est interdit d’anticiper les développements futurs. La science et la cosmologie du livre, nous dit-on, ne sont pas révélatrices et nécessiteront bientôt une révision.
La connaissance doit être acquise par la découverte évolutionnaire, mais elle est intégrée et dotée d’une valeur spirituelle par la révélation. Cela permet de gagner beaucoup de temps pour éliminer les erreurs et les distorsions de l’évolution. La révélation n’est jamais très éloignée du processus de pensée de l’époque où elle est donnée. Elle est solidement ancrée dans les fondements évolutionnaires. Elle ne peut être validée que par l’expérience et n’est jamais complète avant la rencontre du Père Universel au Paradis.
La conception chrétienne de la Déité est centrée sur la doctrine de la Trinité. Nous avons eu du mal à comprendre comment trois personnes peuvent exister et fonctionner comme une entité monothéiste. Le Livre d’Urantia clarifie ce concept en décrivant les fonctions uniques de chaque personne de la Trinité et en affirmant leur unité absolue. Ce concept est encore renforcé par l’existence d’une réalité trinitaire non personnelle, dotée de fonctions universelles.
L’image de la Déité et de la Réalité du Livre d’Urantia présente une structure de réalité bien plus complexe que le concept chrétien de Déité. Outre la Trinité, le Livre d’Urantia décrit des Absolus de potentialité et un aspect évolutif de la Déité, appelé Dieu le Suprême. Le Suprême grandit à mesure que les personnalités des univers en évolution atteignent la ressemblance divine. Cette Réalité de Déité en évolution est très proche des concepts contemporains des écrits de Jung, Tillich, Tellhard de Chardin et Whitehead. La Théologie du Processus parle de « la nature conséquente de Dieu », semblable à l’image du Suprême du Livre d’Urantia et essentiellement identique au concept d’immanence de Dieu dans la théologie traditionnelle. Le Livre d’Urantia présente d’autres aspects de la Déité et de la Réalité qui accroissent encore la complexité du concept de Dieu dans l’univers des univers. Alors que l’humanité commence à mieux comprendre l’immense diversité du microcosme et du macrocosme, il ne faut pas s’étonner qu’un concept plus mature de Dieu révèle également une complexité accrue de la Réalité.
La foi chrétienne a vécu avec une cosmologie spirituelle plutôt simpliste. Le ciel était censé être un lieu de perfection, avec ses « portes nacrées » et ses « rues dorées », peuplé d’anges et d’autres êtres spirituels. Les théologiens traditionnels sont devenus de plus en plus sceptiques à l’égard des anges et ont eu très peu à dire sur l’eschatologie. Entre-temps, la connaissance de notre cosmologie astronomique matérielle a explosé à des années-lumière, nous laissant entrevoir un cosmos presque illimité. Certains d’entre nous ont été profondément conscients de l’insuffisance de notre cosmologie spirituelle chrétienne. Le Livre d’Urantia présente une vision élargie de la cosmologie spirituelle, à la mesure de notre gigantesque création matérielle. Il offre également un aperçu d’un vaste éventail de personnalités spirituelles fonctionnant selon un système hiérarchique de capacités et de pouvoirs. Un tel univers de personnalités supra-mortelles doit exister si nous voulons donner un sens au cosmos spirituel.
Au centre de toute chose se trouve l’Île du Paradis, résidence de la Trinité du Paradis. Autour de cette immense Île se trouvent des niveaux concentriques de créations astronomiques. Le premier de ces niveaux universels est composé des mondes aux motifs parfaits de l’Univers Central, Havona. Cet univers de perfection est à bien des égards similaire à la vision platonicienne du « motif parfait » de la Réalité Ultime et à la conception du paradis dans le christianisme traditionnel.
Le Paradis et l’Univers Central sont englobés par sept univers évolutionnaires, avec leurs innombrables galaxies astronomiques et leurs nombreuses planètes habitées. Chaque superunivers est composé d’univers locaux, lesquels sont eux-mêmes constitués de constellations, de systèmes et de planètes habitées. L’unité administrative de base des sept superunivers est l’univers local. Notre planète, Urantia, réside dans un univers local dont le Souverain est Christ Micaël.
La vision chrétienne traditionnelle d’Adam et Ève comme premiers êtres humains sur terre a été reléguée au rang de folklore par les études bibliques. Les théologiens qualifient désormais le récit de la création de mythe religieux, un récit transmettant une vérité spirituelle importante, mais non une histoire réelle. Le récit biblique lui-même révèle l’existence d’une civilisation avant l’avènement d’Adam et Ève. Le Livre d’Urantia présente un récit fascinant de l’origine de la race humaine et du développement de la civilisation, qui concorde largement avec les conceptions scientifiques actuelles.
Les auteurs décrivent la dynamique de l’évolution comme un processus qui finit par épuiser son potentiel naturel. À ce stade de l’évolution humaine sur les planètes habitées, un fils et une fille matériels d’ordre supérieur, Adam et Ève, sont envoyés du système de l’univers local pour élever la race humaine. Ils doivent établir une importante population de leur progéniture, la race violette, avant tout mélange avec les peuples autochtones. En raison de l’isolement de notre planète, dû à la rébellion de Lucifer dans notre système, à laquelle notre Prince Planétaire a participé, la tâche d’Adam et Ève sur notre monde était particulièrement difficile. La prétendue « chute » d’Adam et Ève résulta de leur décision bien intentionnée, secrètement encouragée par notre Prince Planétaire rebelle, d’amorcer prématurément ce mélange génétique.
Si la cosmologie spirituelle élargie du Livre d’Urantia est époustouflante, sa christologie constitue la déviation la plus radicale de la théologie chrétienne. D’un point de vue planétaire, la vie et les enseignements de Jésus s’harmonisent avec la théologie orthodoxe traditionnelle et la renforcent : Jésus était véritablement humain et véritablement divin, et le médiateur entre Dieu et l’humanité. Mais d’un point de vue universel, la vision est tout autre. Les auteurs du Livre d’Urantia nous disent qu’en raison de notre vision limitée de la cosmologie universelle, nous avons supposé que Jésus de Nazareth était l’incarnation de la Deuxième Personne de la Trinité. Il s’agit, nous assurent-ils, d’une erreur compréhensible. Le tableau historique authentique, nous dit-on, est bien plus complexe.
Après que la Trinité eut donné naissance à l’Île du Paradis et à l’Univers Central à l’aube de l’éternité, elle institua un plan de création délégué pour la création finie et évolutive centrée sur les univers locaux. Le Père Universel et le Fils Éternel donnèrent naissance aux Fils Créateurs du Paradis, de l’ordre de Michel, investis du pouvoir et ordonnés créateurs des univers locaux et de leurs mondes temporels et spatiaux. Notre Fils Créateur, connu sous le nom de Christ Michel, est à la fois le créateur et le sauveur de tout dans notre univers. (Le prologue de Jean, Paul dans Col. 1: 15-16, et l’auteur de Hébreux 1:2 parlent du Christ comme créateur, ce qui a toujours intrigué les théologiens chrétiens.) Chaque Fils Créateur est accompagné d’une fille de l’Esprit Infini, désignée l’Esprit Mère de l’Univers dont la présence spirituelle est connue sous le nom de Saint-Esprit.
Chaque Fils Créateur est unique par sa nature et sa personnalité ; chacun est le « Fils unique » de son univers. Un Fils Micaël est la personnification, dans l’univers local, du Père Universel et du Fils Éternel dans son univers. Tous ceux qui s’adressent au Père dans son univers passent par son ministère bienveillant. Chaque Fils Créateur doit gagner sa souveraineté en s’incarnant à l’image des différents ordres d’êtres créés dans son univers. Jésus de Nazareth fut la septième et dernière effusion du Christ Micaël, par laquelle il acquit la souveraineté dans son univers et, en principe, mit fin à la rébellion de Lucifer. (« Moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12:32) et « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre » (Matt. 28:18) sont des passages de l’Évangile suggérant cette souveraineté.) Après l’ascension du Christ, son Esprit de Vérité a été conféré à notre planète.
La vision chrétienne traditionnelle de la vie après la mort est simpliste et, aux yeux de beaucoup, naïve : nous allons au ciel, sommes accueillis par Jésus et rendus parfaits. Ici, les problèmes et la souffrance sont inexistants. Cette perfection instantanée est incompréhensible pour beaucoup de personnes réfléchies, et les théologiens chrétiens ont eu très peu à dire sur la vie après la mort.
Le Livre d’Urantia décrit une image parfaitement raisonnable de la vie après la mort. Notre croissance spirituelle reprend là où nous l’avons laissée dans notre existence mortelle. Nous ressuscitons sur les « mondes des maisons » de notre système local avec un corps « morontiel », en partie matériel et en partie spirituel, et acquérons progressivement une existence plus spirituelle. L’univers spirituel tout entier est une grande université éducative, d’apprentissage et de réussite, où nous sommes préparés au service futur. Au cours de notre voyage ascendant, comme sur Urantia, nous rencontrons de nombreuses épreuves et frustrations. Mais bien avant d’atteindre Havona, ces enfants ascendants du temps ont appris à se repaître d’incertitude, à s’engraisser de déceptions, à s’enthousiasmer face à des défaites apparentes, à se revigorer face aux difficultés, à faire preuve d’un courage indomptable face à l’immensité et à exercer une foi invincible face au défi de l’inexplicable. Depuis longtemps, le cri de guerre de ces pèlerins est devenu : « En liaison avec Dieu, rien – absolument rien – n’est impossible. » (LU 26:5.3)
Nous traversons l’univers local, le superunivers, l’univers central, et progressons jusqu’à l’Île du Paradis où nous rencontrons le Père Universel et sommes conduits dans le Corps de la Finalité en préparation à un service plus grand dans l’éternité. Vous, humains, avez commencé le déploiement sans fin d’un panorama presque infini, une expansion illimitée de sphères d’opportunités sans fin et toujours plus vastes pour un service exaltant, une aventure incomparable, une incertitude sublime et des réalisations sans limites. (LU 108:6.8)
Cette présentation grandement simplifiée des principales déviations du Livre d’Urantia par rapport à la théologie chrétienne traditionnelle n’est ni adéquate ni convaincante quant à sa qualité ; mais elle peut aider ceux qui ne sont pas familiers avec le livre à concentrer leur lecture et leur réflexion sur les domaines les plus critiques pour l’adoption d’un nouveau paradigme de la réalité spirituelle.
Puisque Le Livre d’Urantia se présente comme la Cinquième Révélation d’Époque, rédigée par des personnalités supramortelles, il est important de bien comprendre les critères philosophiques de vérité nécessaires à l’évaluation d’une telle affirmation. Tout d’abord, la prétention à l’autorité n’est pas un critère philosophique valable. Ensuite, connaître l’origine et/ou la paternité du livre peut apporter des éclaircissements utiles, mais ce n’est pas non plus un critère philosophique fiable. Que ce soit des supramortels ou des êtres humains qui aient écrit le livre, il doit être évalué à l’aune de son contenu, et non de son auteur.
L’objectif principal de l’évaluation du Livre d’Urantia est d’évaluer la qualité de sa compréhension spirituelle. Cette évaluation doit être menée par des personnes utilisant toutes leurs ressources, développées et éprouvées par l’expérience. La qualité spirituelle et la compréhension du livre sont-elles inférieures, égales ou supérieures à nos sources traditionnelles de vérité spirituelle ? Durant cette période de test, un consensus se dégagera progressivement quant à sa qualité. Si cette opinion est négative, le livre tombera dans l’oubli. Si le consensus est positif, une évaluation continue déterminera finalement le niveau de sa valeur spirituelle. S’agit-il simplement d’une ressource utile parmi d’autres, ou possède-t-il la qualité d’une véritable révélation ? Mon hypothèse est que s’il possède la qualité spirituelle de la révélation, son influence continuera de croître.
Mon opinion personnelle, après trente-cinq ans d’étude et d’évaluation, est que le livre est de qualité supérieure dans au moins quatre catégories :