v. 1. « Notre boisson matinale » : voir note sur v. 74, Amriolkais – « Une coupe de vin gaie le matin », dit Nott, « était un plaisir favori chez les Perses les plus luxueux. Et il n’était pas rare chez les Orientaux de saluer un ami en disant : « Que votre boisson matinale vous soit agréable ! » » Ainsi Hafiz (traduction de Nott) :
Tandis que résonnent la douce lyre et les cymbales,
Versez une mélodie joyeuse autour;
Bois ta gorgée vivifiante de vin du matin ;
Et comme les notes fondantes inspirent
Ton âme avec un désir amoureux,
Embrasse ta belle servante, embrasse son cou divin.
v. 2. « Vin dilué avec de l’eau » : voir note sur le v. 58, Mo’all de Tarafa. — Dans le Roman d’Antar, le héros est représenté s’exclamant :
Donnez-moi du vin pur à boire, ou qu’il soit _mélangé _;
Donnez-le-moi vieux, afin que je puisse imaginer qu’il a été fait avant le monde :
Donne-moi à boire, et fais-moi entendre le chant qui me ravit !
Amru, au v. 1, et Lebīd, au v. 59, font également référence à la coutume arabe de thésauriser les meilleurs vins. — Hafiz, dans une de ses odes, demande un verre de vin pur ou non mélangé : mi nab, vin non dilué avec de l’eau.
versets 1-4.
Réveille-toi, demoiselle ! Réveille-toi ! et apporte ce vin généreux,
L’âme joyeuse de la vigne d’Enderina;
Remplis, remplis la coupe cramoisie jusqu’au bord,
Jusqu’à ce que le vin vacille sur le bord circulaire : [p. 397 ]
Réconforté par ses sourires, la jeunesse oublie ses soucis,
La froideur de sa belle et son propre désespoir :
Encouragé par ses sourires, l’avare adorateur se repose
De l’adoration affectueuse de ses coffres bien remplis.—Ret. Rev.
v. 17. Il ne faut pas croire que la référence spéciale du poète aux hanches bien développées de sa belle dans ce vers tende à confirmer l’idée encore généralement admise par les Européens que les Orientaux aiment les femmes grosses et grasses – idée totalement erronée. (Voir la traduction de Lane des « Mille et une nuits », éd. 1859, vol. I, p. 25, note 19.) Il est vrai que les poètes arabes et autres poètes orientaux mentionnent souvent en termes d’admiration les « hanches larges et larges » des jeunes filles dont ils célèbrent les charmes ; par exemple, dans la poésie du Roman d’Antar contenue dans le présent volume : p. 229, l. 3 ; p. 292, l. 1 ; p. 293, l. 6 ; – mais leur taille fine est aussi invariablement louée, comme dans ce même vers d’Amru. Et dans le distique suivant, cité dans le Anvári Suhaili de Husain Vā‘iz (une version persane moderne des Fables hindoues de Vishnusarman, mieux connues du grand public sous le nom de Fables de Bidpai, ou Pilpay, l’original du arabe Kalilah wa Damnah), les larges hanches et la taille fine d’une jeune fille sont décrites par un amusant jeu de mots :
Comment décrire ses hanches et sa taille ?
Qui a vu une montagne (Kūh) suspendue par une paille (KIM) ?
La poésie arabe ne célèbre que les femmes sveltes. Le héros-poète Antar décrit sa bien-aimée Abla comme étant « de forme délicate » – « comme la branche du tamaris » ; tandis que le palmier, le cyprès et la lance bien proportionnée sont des similitudes courantes dans la poésie orientale pour la forme gracieusement élancée d’une belle femme.
v. 26. M. Lyall, dans une note sur l’une de ses traductions de Chants du Hamāseh et de l’Agāhnī (publiée dans le Journal de la Bengal Asiatic Society), rend ainsi le distique :
De nombreux jours sont nôtres, longtemps éclairés de gloire,
quand nous résistâmes au Roi et ne voulumes pas le servir.
[p. 398]
« Jours » (Ayyām), explique-t-il, est le mot utilisé dans la légende arabe pour les batailles : on dit, « le jour d’el-Kuālb », « le jour de Shi’b Jebeleh », etc., bien que le combat ait pu (comme ce fut le cas à el-Kulāb) durer plus d’un jour. (Voir note sur les vv. 25, 26, Mo’all de Hareth.)
vv. 31, 32. Dans une note sur le v. 31 du Mo‘all. de Zohair, M. Lyall donne ces distiques d’Amru comme suit :
Lorsque notre moulin de guerre est dirigé contre un peuple,
Comme du grain, ils tombent sous lui réduits en poudre ;
Vers l’est dans le Nejd est placée la peau en dessous,
Et le grain qui y est jeté est tout Qudâ‘ah;
et il explique que thifâl (traduit par « tissu » par Sir W. Jones) est la natte de peau qui est placée sous le moulin pour recevoir la farine. — Dans la partie introductive du Roman d’Antar, le roi Jazīmah (le père du roi Zoheir, l’ami du héros) menace ainsi une tribu hostile : « Je commanderai à ces guerriers, nombreux comme des sauterelles, de vous attaquer et de vous moudre comme du grain. » S’apparente à cette comparaison de la guerre avec un moulin la similitude dans 2 Rois, xiii., 7 : « Le roi de Syrie les avait détruits et les avait rendus semblables à la poussière en les battant. » (Voir Poème de Zohair, v. 31, et Note.)
v. 40. « Nos javelots finement travaillés en roseaux de Khathaian », c’est-à-dire des lances de Khatt : voir note sur v. 50, Lebeid’s Mo’all.
v. 45. La fleur de seringa. — L’arbre de Judas, sur lequel le traître se pendit après avoir trahi son maître : on dit que l’arbre pleurait du sang dont ses fleurs sont encore profondément teintées. — Nott. Odes de Hafiz. — Dans le roman d’Antar, les guerriers dont l’armure est tachée de sang sont souvent comparés aux fleurs de l’arbre de Judas ; et le héros lui-même décrit les coupes de vin comme des manteaux semblables à la fleur de Judas. C’est le Cercis Siliquastrum des botanistes, selon Hamilton, « dont les fleurs sont d’une couleur pourpre très brillante, sortant des branches et de la tige de tous côtés en grandes grappes et sur de courts pédoncules. »
[p. 399]
v. 66. Colaib Ebn Rabiah gouvernait les Banu Maad (les Sarrasins de Procope), et était si fier qu’il ne permettait pas que l’on chasse dans son voisinage, ni qu’on abreuve les chameaux avec les siens, ni qu’on allume un feu près de celui dont il se servait lui-même. Il fut finalement tué par un certain Jassas, pour avoir tiré sur un chameau, nommé Sarab, qu’il avait trouvé en train de paître dans un endroit interdit. Ce chameau appartenait à un Arabe qui avait été hébergé par Basus, un proche parent de Jassas. Le meurtre de Colaib Ebn Rebiah déclencha une guerre de quarante ans [voir Argument préfixé au poème d’Amru, page 65], d’où sont venus les proverbes arabes : « un pire présage que Sarab » ; « plus sinistre que Basus. » — Il n’est peut-être pas inopportun de remarquer ici que les rois et les chefs des Arabes défendaient généralement aux autres d’amener leurs troupeaux dans les lieux et les pâturages qu’ils choisissaient pour eux-mêmes. Pour connaître les limites de ces pâturages, lorsqu’ils arrivaient dans une vallée ou une plaine fertile, ils faisaient aboyer un chien, et s’appropriaient toute l’étendue du terrain sur lequel il pouvait être entendu. — Histoire universelle ancienne, vol. xviii, p. [440].
v. 97. « Elles marchent avec des mouvements gracieux et ondulent leur corps », etc. La démarche des femmes arabes est très remarquable : elles inclinent la partie inférieure du corps d’un côté à l’autre en marchant, et avec les mains levées au niveau de la poitrine, elles tiennent les bords de leur couverture extérieure. Leur pas est lent et elles ne regardent pas autour d’elles, mais gardent les yeux vers le sol dans la direction vers laquelle elles vont. — Lane : Mille et Une Nuits : Notes.
92-100. Le passage suivant, tiré de la « Dissertation sur les langues, la littérature et les mœurs des nations orientales » de Richardson, servira de commentaire intéressant sur ces versets : « Les idées militaires qui prévalaient dans l’ancienne Arabie semblent avoir été particulièrement calculées pour promouvoir une attention romantique au beau sexe. Une longue cessation des hostilités était pénible pour les Arabes : leurs armes étaient souvent tournées contre les pays voisins et les [400] caravanes de voyageurs, mais plus souvent les unes contre les autres. Les captifs et le butin étaient les principaux objets ; les femmes et les hommes étaient considérés comme des butins très précieux. Les protéger devint par conséquent un grand point d’honneur. Ces guerres prédales, sous quelque angle que nous les considérions, étaient considérées comme hautement honorables en Arabie, et aucun homme n’était considéré comme accompli en quelque manière que ce soit, qui ne pouvait se vanter, dans ces guerres, d’avoir accompli quelque fait d’armes. Leurs expéditions étaient en général courtes. S’ils trouvaient l’ennemi trop puissant, ils se retiraient ; s’ils n’étaient pas préparés, ils le surprenaient ; « Si la force était égale ou inférieure, ils les attaquaient : et une bataille était pour la plupart décisive. Un jeune guerrier qui revenait après une courte absence et déposait ses lauriers, ses captifs et son butin aux pieds de sa maîtresse, courait généralement avec succès ; et celui dont l’intrépidité courageuse avait sauvé sa tribu de la rapine et de la captivité était toujours le favori de la belle. Lorsque la fleur d’une tribu était absente pour une entreprise lointaine, des voisins hostiles attaquaient souvent ceux qu’ils avaient laissés derrière eux : et de là est peut-être née la coutume des femmes arabes, même du plus haut rang, d’accompagner leurs maris, pères et frères dans leurs expéditions militaires ; et de se battre souvent avec un degré d’héroïsme non inférieur aux exploits légendaires des anciennes Amazones. »
versets 103-108.
Le monde est à nous, et toutes ses richesses sont à nous ;
Personne n’ose nous résister parmi les puissances de l’Arabie ;
Personne n’ose contrôler, même si certains essaient en vain
Pour enchaîner notre liberté, du joug nous volons :
Personne n’ose réprimander notre valeur comme étant injuste,
Autrement, le calomniateur téméraire devrait se repentir dans la poussière ;
Nous possédons un chef, et quand le fils de ce chef
Il jure de maintenir le nom que son père a gagné,
Dans une fidélité aussi franche que celle qui convient à l’homme libre,
Nous nous plions, et faisons plier le genou aux nations.
Nous continuerons à déployer nos guerriers sur la plaine,
Et nos navires continueront à dominer la mer sans limites.
Ret. Rév.
Les derniers vers du discours d’Amru à la louange de sa tribu fournissent un bon échantillon de la vantardise sans bornes dans [401] laquelle les vieux Arabes aimaient se livrer à des occasions telles que celle qui a donné lieu à ce poème et au suivant, dans lequel le vénérable champion poétique de la tribu de Bekr répond au vain Taglebite.