*** Le savant Von Hammer-Purgstall dit que le Mo’allaqah d’Antara est contenu deux fois dans les copies complètes du Roman d’Antar : une fois en fragments, comme le héros les livre impromptu à diverses occasions dans l’ardeur du moment, à la louange de sa chérie Abla, de son cheval incomparable, de son épée et de sa lance irrésistibles, etc. ; et une autre fois à l’occasion du concours poétique devant l’assemblée des tribus à Okātz, lorsque le poète réunit les perles jusqu’alors dispersées de son génie par un fil d’or et les suspendit au Ka’beh.
vv. 1, 2. La traduction par Hamilton des premiers vers du Mo’allaqah d’Antara est donnée à la page 264 du présent volume. Voici comment le professeur E. H. Palmer a transformé ces vers en vers anglais, dans sa traduction intitulée, « An Ancient Arabic Prize Poem » :
Les poètes auraient-ils alors laissé un thème non chanté ?
Reconnais-tu donc la demeure de ton amour ?
La maison de mon Abla! chère pour elle!
Si seulement tes pierres, Jewá, pouvaient me parler !
D’après le Roman d’Antar, Abla se trouvait en Irak arabe lorsque, au retour du héros du pays de Zebeid, il vit sa demeure abandonnée et, s’appuyant tristement sur sa lance, il laissa libre cours à ses sentiments dans ces deux couplets.
vv. 13-19. Il y a un charme dans la gracieuse traduction métrique de ce beau passage par le professeur Palmer, qui n’est pas à attendre d’une traduction littérale :
C’est alors que ses beautés ont asservi mon cœur pour la première fois.
Ces perles scintillantes et ces lèvres rubis, dont le baiser
C’était bien plus doux que le miel au goût. [p. 393 ]
Comme lorsque le marchand ouvre une boîte précieuse
De parfum, une telle odeur de son haleine
Je suis venu vers toi, annonciateur de son approche ;
Ou comme une prairie intacte, où la pluie
Est tombé fraîchement sur les herbes parfumées
Ce tapis tout son sol pur et non foulé :
Une prairie où tombent fréquemment des gouttes de pluie
Comme des pièces d’argent dans les piscines tranquilles,
Et l’irriguer de ruisseaux perpétuels;
Une prairie où bourdonnent les insectes sportifs,
Comme des buveurs apathiques chantant sur leurs tasses,
Et ils plient leurs pattes avant, comme un homme qui essaie
Avec une main mutilée pour utiliser le silex et l’acier.
versets 22-25.
Je choisirai un chameau d’une vitesse surpassant celle des autres,
Patient de la soif, de la race généreuse de Shaden :
Elle me portera fièrement jusqu’à la maison de ma belle,
Et ne retiens pas ses pas vigoureux, même si le soir arrive.
Fier comme l’autruche sans oreilles, et aussi rapide,
Qui frappe le sable avec ses pieds aux multiples sons,
Tandis qu’autour d’elle la couvée rassemblée se réjouit,
Comme des chameaux assoiffés à la voix de leur gardien.—Ret. Rev.
v. 27. Il semble quelque peu étrange que le poète compare une autruche à un esclave vêtu d’un long vêtement de fourrure, mais tel est le sens de l’original, que M. Redhouse rend comme suit :
« D’une autruche mâle à petite tête qui visite les œufs de sa femelle à Dhū-’l-‘ushayra, comme l’esclave dans un long vêtement de fourrure, dont les oreilles et le nez sont coupés de près. »
M. Redhouse remarque que « nous ne pouvons que conjecturer pourquoi le poète a comparé les plumes d’autruche à un long vêtement de fourrure. Les esclaves étaient alors des nègres et peut-être, étant originaires d’Afrique et sensibles au froid, portaient-ils des fourrures (de mouton ?). La longueur exacte que le poète entend par « long » dépendrait du type de veste ou de robe de fourrure portée par les esclaves dans les camps du désert. Vingt pouces sont long alors que douze sont habituels. »
[p. 394]
v. 42. La comparaison dans le deuxième hémistiche est ainsi rendue par le professeur Palmer :
Où que tombe ma lame étincelante,
Le mari d’une noble dame repose en bas,
Et comme le sifflement d’une lèvre fendue,
Le sang de vie gargouille de sa blessure horrible,
Et scintille autour de lui dans une pluie cramoisie.
v. 54. « Habile à tirer au sort » : voir Mo’all. de Tarafa, v. 102, et Mo’all. de Lebīd, vv. 73, 74, et Nate. — Les flèches utilisées pour tirer au sort étaient sans pointes ni plumes, comme celles employées en divination.
« Obliger le marchand de vin à abandonner son pavillon » : voir note sur le v. 58, Mo’all de Lebīd.
vv. 60-62. Dans la traduction du professeur Palmer, la petite fille que le poète envoie pour lui apporter des nouvelles de son « doux agneau » est représentée comme disant à son retour :
J’ai vu les ennemis bercés par une facilité perfide,
Et celui qui le veut, cet agneau sera à lui.
Son cou est plus joli que celui du faon gracieux,
Sa forme est plus belle que celle de la jeune gazelle !
Selon la traduction de Sir William Jones, la jeune fille informe simplement Antara qu’elle a trouvé « les gardes hostiles négligents de leur surveillance » et que la dame pourrait donc être facilement visitée ; et nous devons supposer qu’Antara, apprenant ainsi que « la voie était libre », pour ainsi dire, se rendit immédiatement chez la dame, qui, en le voyant, « se tourna vers lui avec le cou d’un jeune chevreuil ». — M. Redhouse pense que « les positions variables qu’occupent ces vers dans différentes éditions rendent presque impossible de juger si sa bien-aimée se tourna vers Antara ou vers la jeune fille envoyée. Les mots se lisent comme si la jeune fille se tournait vers Antara ; mais ce n’est pas le sens probable ». — Le fat bédouin Amarah, dans le roman d’Antar, envoie une esclave dans une mission similaire – pour lui rendre compte des charmes personnels d’Abla : voir page 209 du présent volume.
[p. 395]
v. 70. « Faites voler rapidement de chaque crâne les oiseaux perchés dans le cerveau. » Parmi les anciens Arabes, la croyance était répandue que du sang près du cerveau d’une personne morte se formait un oiseau, appelé Hamah (Carlyle l’appelle Manah, mais c’était le nom d’une idole de pierre adorée par les Arabes païens), qui se posait sur la tombe du défunt et poussait des cris plaintifs. Ceci semble être évoqué dans Job, xxi., 32, que Carlyle traduit ainsi :
Il sera amené au tombeau,
Et veillera sur le monceau élevé.
D’autres disent que l’âme d’un homme assassiné ou tué dans une bataille animait cet oiseau et criait continuellement : Oscûni ! Oscûni ! — « Donne-moi à boire », c’est-à-dire du sang du meurtrier.
versets 72-77.
« En avant ! Antar, en avant ! » crient les guerriers exultants.
Contre mon destrier noir volent mille lances.
En avant pour endiguer la marée montante, je prie,
Jusqu’à ce que des flots de sang débordent de la poitrine de mon coursier ;
Il se tourna silencieux et triste, son cavalier le regarda,
Et bien que les paroles prononcées aient été niées,
Des regards de reproche parlaient de ses sentiments intérieurs,
Tandis que des sanglots d’angoisse se brisaient dans les cordes de son cœur ;
En se ralliant, il lève à nouveau sa tête ardente,
Et charge fièrement au milieu de ses fiers compagnons,
Tandis que je défie à nouveau les terreurs de la guerre,
« En avant ! Antar, en avant ! » crient les guerriers exultants. —Ret. Rev.
v.v. 79-81.
Damdam fut tué par Antara le jour d’El-Mureyqib, l’une des premières batailles de la guerre de Dāhis. Herim, un fils de Damdam, fut ensuite tué par Ward fils de Hābis ; et Hoseyn, en représailles de la mort de son frère, viola grossièrement les lois de l’hospitalité en tuant un parent de Ward (dont le nom est donné par El-Meydānī comme Tījān) qui était son invité : voir Argument sur le poème de Zohair.
Oh, que je vive jusqu’à ce que justice soit faite sur les têtes
Des fils de Damdam se verse la coupe de la vengeance ! [p. 396 ]
Pour gâcher ma renommée durement gagnée, ils ont cherché bassement,
Qui ne leur avait jamais fait de tort, ni en paroles, ni en pensées :
Ils cherchaient mon sang, moi qui ne leur ai jamais fait de mal,
Mais moi, au moins, j’ai connu le charme ravissant
De douce vengeance, j’ai laissé leur père mort,
Et des vautours voraces planant au-dessus de sa tête. Tour._