[p. 233]
(400 [1]) Celui-là (le calomniateur) aide l’esprit, le guidant vers sa région pour une contemplation qui se déroule dans un moule spirituel ;
(401) Et celui-ci (le railleurs) aide l’âme, la conduisant vers ses compagnons pour le bien d’une existence qui se déroule sous une forme matérielle.
(402 [2]) Quiconque connaît, comme moi, (la véritable nature de) ces figures, sa doctrine en éliminant la perplexité du doute (quant à l’Unité Divine) n’est pas mêlée de polythéisme.
(403 [3]) Mon essence a doté de délices toute la somme de mes mondes (de l’être) tant en particulier qu’en général, afin de les remplir de son unité englobante.
(404) Et il a déversé abondamment son débordement alors qu’il n’y avait pas encore de capacité d’acquisition (d’être), et il était capable (de débordement) avant qu’il y ait une préparation pour recevoir (le débordement).
[p. 234]
(405 [4]) Les formes d’existence étaient rendues heureuses par l’Âme, et les esprits de (le plan de) contemplation étaient rafraîchis par l’Esprit.
L’unité intérieure de l’Essence avec ses attributs ou émanations est maintenant illustrée davantage par référence à ce qui se passe dans l’audition (samá‘), lorsque le mystique tombant en extase au son de la musique trouve Dieu, seulement pour le perdre à nouveau dès que le transport momentané s’est estompé.
(406 [5]) Ma double contemplation d’un calomniateur accourant dans sa région et d’un moqueur prodiguant de bons conseils à ses compagnons
(407) Témoigne de mon état dans le samá‘, un état causé par deux choses qui m’attirent (dans un sens et dans l’autre), à savoir, la loi de ma demeure et la loi du lieu où ma sentence est prononcée.
(408 [6]) Et mon déni d’être perplexe (avec des doutes touchant ittiḥád) par les cinq sens externes est établi comme étant vrai par l’accord des deux images.
(409 [7]) Maintenant, avant (d’en venir à) mon but, laisse-moi te dire le mystère de ce que mon âme a reçu secrètement d’eux (les sens externes) et communiqué (aux sens intérieurs).
(410 [8]) Chaque fois que l’idée de beauté apparaît sous quelque forme que ce soit, et [p. 235] chaque fois qu’une personne affligée par le chagrin pousse un cri lugubre en (récitant) les versets d’un chapitre du Coran,
(411) Ma pensée la contemple avec l’œil de mon imagination, et ma mémoire l’entend avec l’oreille de mon intelligence,
(412) Et mon esprit l’amène en imagination devant mon âme, de sorte que mon entendement la considère sensiblement à mes côtés,
(413 [9]) Et je m’étonne de mon ivresse sans vin, et je suis frémissant au plus profond de mon être d’une joie qui vient de moi-même,
(414) Et mon cœur danse, et le tremblement de mes membres fait battre ses mains comme un chantre, et mon esprit est mon musicien.
(415 [10]) Mon âme n’a cessé de se nourrir de désirs (spirituels) et d’effacer les facultés (sensuelles) en les affaiblissant, jusqu’à ce qu’enfin elle devienne forte.
(416) Ici j’ai trouvé toutes les choses existantes alliées pour m’aider - bien que l’aide (en réalité) vienne de moi-même -
(417) Afin que chaque organe des sens puisse m’unir à Elle, et que mon union puisse inclure chaque racine de mes cheveux,
(418 [11]) Et que le voile de l’éloignement entre nous soit jeté, bien que je n’aie trouvé en lui rien d’autre que de l’amitié.
(419) Remarquez maintenant — et n’espérez pas apprendre cela par l’étude — comment le sens transmet à l’âme par révélation immédiate ce qu’elle met en lumière.
(420 [12]) Lorsqu’un vent du nord venant d’Elle souffle de nuit à l’aube, sa fraîcheur rappelle à mon esprit la pensée d’Elle,
(421 [13]) Et mon oreille est heureuse quand dans la matinée les colombes grises gazouillant et chantant sur les branches l’éveillent,
(422) Et mon œil se réjouit si le soir des éclairs se transmettent et le donnent d’Elle à la pupille de mon œil,
[p. 236]
(423) Et cela est accordé à mon goût et à mon toucher par les coupes de vin quand elles me sont passées la nuit,
(424 [14]) Et mon cœur le transmet comme une chose intérieure aux facultés mentales par l’intermédiaire de la chose extérieure qui a été délivrée par les messagers corporels (les sens).
(425 [15]) Celui qui chante Son nom dans l’assemblée (des auditeurs) me rend présent avec Elle, de sorte que pendant que j’écoute, je La contemple de tout mon être.
(426 [16]) Mon esprit s’élève vers le ciel d’où il a été insufflé (en moi), tandis que mon théâtre de manifestation (mon âme), qui a été façonnée par l’esprit, s’abaisse vers ses pairs terrestres.
(427) Une partie de moi est attirée vers Elle et une partie de moi est attirée vers elle-même, et dans chaque attraction il y a une traction comme un abandon de l’âme.
(428) La cause de cela est que mon âme se souvient de sa véritable nature lorsqu’Elle l’a inspirée,
(429) De sorte qu’il aspirait dans les limbes de la terre à entendre l’appel divin seul (non contaminé par l’appel du moi inférieur), puisque les deux (la nature spirituelle et la nature sensuelle) tiennent mes rênes de bride.
[p. 237]
(430) En ce qui concerne mon état d’audition, un bébé, même s’il grandit et devient terne, t’informera en le jetant dans ton esprit comme (un éclair d’)inspiration ou de perspicacité.
(431) Lorsqu’il gémit à cause des langes serrés et aspire sans cesse à être soulagé d’une détresse excessive,
(432) Il est apaisé par des berceuses, de sorte qu’il laisse de côté toute la fatigue qui l’envahit et écoute son apaisant comme quelqu’un qui l’écoute en silence,
(433) Et les douces paroles lui font oublier son amer chagrin et se rappeler le discours qui a eu lieu dans les temps anciens,
(434) Et par son état il explique l’état de samá‘ (audition) et confirme l’absence d’imperfection de la danse mystique :
(435) Quand, à cause de celui qui le fait taire, il devient affligé de désir et voudrait s’envoler vers sa première demeure,
(436) Il est calmé en étant bercé dans son berceau tandis que les mains de sa nourrice le déplacent d’avant en arrière.
(437) J’ai senti, quand Elle est évoquée par les belles tonalités d’un récitant (du Coran) ou les notes perçantes d’un chanteur,
(438) Comme le souffre ressent dans son agonie lorsque les anges de la mort prennent pour eux tout ce qu’il a.
(439) Car celui qui ressent de la douleur en étant poussé à se séparer (de son corps) est comme celui qui est peiné par le sentiment (de ravissement) dans son désir de ses compagnons (spirituels) :
(440) Comme l’âme du premier avait pitié de ce (corps) dans lequel elle apparaissait, ainsi mon esprit s’éleva vers ses hautes origines.
Après avoir exposé les phénomènes du samá‘ dans leur juste relation avec la doctrine du ittiḥád, Ibnu ’l-Fáriḍ retourne à la région de l’Unité autonome qui est le seul acteur sur la scène universelle.
(441) Mon esprit a franchi la porte qui m’interdisait l’accès
(433) « Le discours qui se passait dans les temps anciens (ou « alliances ») » — voir les notes sur vv. 69 et 156.
(434-6) De nombreux Ṣúfís considéraient d’un mauvais œil la danse extatique, qui est une caractéristique bien connue du samá‘. Cf. le dicton, al-raqṣ naqṣ, « danser est une faute ». Ibnu ’l-Fáriḍ la justifie en disant qu’elle est un antalgique à la fièvre de l’âme : ses mouvements violents calment les réminiscences agitées réveillées par la musique et bercent l’âme jusqu’au repos.
(440) Cf. vv. 426-7. Comme la mort fait pleurer l’âme inférieure (nafs) pour la perte de sa demeure terrestre, ainsi la musique fait pleurer l’esprit (rúḥ) pour la perte de sa demeure céleste.
(441) Ailleurs (Díwán, p. 217, 1. so) Ibnu ’l-Fáriḍ dit : « Si les autres se contentent de Son image vue en rêve, je ne me contente même pas d’être uni à Lui. » Dans ce verset (441) et aussi dans le verset cité, il utilise le mot wiṣál, proprement « conjonction ». Wiṣál, waṣl et ittiṣál contiennent l’idée de dualité et sont donc inférieurs à jam‘ ou union complète et ittiḥád ou ἕνωσις. Cf. Nallino, op. cit. p. 60, note 1.}
[p. 238]
au-delà de l’union (avec le Bien-Aimé) et s’est élevé là où aucune barrière d’union ne subsistait.
(442) Celui qui comme moi en fait (cette porte) sa quête choisie, qu’il me suive et qu’il la poursuive avec une ferme résolution !
(443 [17]) Avant d’y entrer, je me suis plongé dans combien de profondeurs ! d’où aucun avide de richesses (spirituelles) n’a jamais été béni par un breuvage.
(444) Je te le montrerai, si tu es résolu, dans le miroir de ma poésie, donc prête l’oreille à la perspicacité à ce que j’ai laissé tomber.
(445 [18]) Je rejette de mon discours le mot « estime de soi » et de mes actions l’intérêt personnel dans tout acte ;
(446) Et ma recherche d’une juste récompense pour mes œuvres, et mon souci de préserver mes états mystiques de la honte du soupçon,
(447) Et ma prédication, toutes ces choses, je les écarte avec une ferme résolution, comme quelqu’un qui est entièrement désintéressé, et mon rejet, le respect que j’accorde à mon rejet, s’applique à chaque division.
(448 [19]) Ainsi mon cœur est un temple dans lequel j’habite : devant lui (empêchant l’approche) se trouve l’apparition des attributs appartenant à mon voilement.
(449 [20]) Parmi eux, ma main droite est un pilier (pierre angulaire) qui est embrassé en moi-même, et à cause de la loi dans ma bouche, mon [p. 239] baiser (qubla) vient de ma qibla (l’objet vers lequel je me tourne en adoration).
(450 [21]) Ma circumambulation dans l’esprit est en réalité autour de moi-même, et ma course de mon Ṣafá à mon Marwa est pour le bien de mon propre visage (réalité).
(451 [22]) Dans un sanctuaire de mon intérieur, mon extérieur est en sécurité, tandis que mes voisins autour de lui sont en danger d’être arrachés.
(452 [23]) Mon âme fut purifiée par mon jeûne solitaire de tout autre que moi-même, et donna en aumône le trop-plein de ma grâce ;
(453 [24]) Et le doublement de mon existence pendant ma contemplation devint simple dans mon unité (ittiḥád) quand je me réveillai de mon sommeil ;
(454 [25]) Et le voyage nocturne de mon moi le plus intime vers moi-même, à partir du privilège spécial de la Vérité, est comme mon voyage dans l’obligation générale de la Loi ;
(455 [26]) Et ma divinité ne m’a pas fait négliger l’exigence [p. 240] de mon théâtre de manifestation, et mon humanité ne m’a pas fait oublier le théâtre dans lequel ma sagesse se manifeste.
(456 [27]) De moi les alliances ont tiré leur pouvoir contraignant sur l’âme, et par moi les lois de la religion ont été instituées pour restreindre les sens,
(457 [28]) Comme il m’était venu de moi-même un apôtre à qui mon péché était pénible, quelqu’un qui prenait soin de moi avec jalousie et compassion,
(458) Et j’ai exécuté mon ordre (donné) de mon âme à elle-même, et quand elle a pris en charge sa propre affaire, elle n’a pas reculé ;
(459) Et depuis le temps de mon alliance, avant l’ère de mes éléments, avant que l’avertissement (prophétique) ne soit envoyé (au monde) où les hommes seront ressuscités d’entre les morts,
(460) J’étais un apôtre envoyé de moi-même à moi-même, et mon essence était conduite à moi par l’évidence de mes propres signes.
(461 [29]) Et quand j’ai transporté mon âme, par achat, de la possession de sa propre terre au royaume du Paradis
(462) Car elle avait combattu un bon combat et était morte en martyre pour sa cause et avait obtenu la joie de son contrat lorsqu’elle avait payé le prix
(463 [30]) Elle s’éleva avec moi, par suite de mon union, au-delà de [p. 241] la vie éternelle dans son ciel (Paradis), puisque je ne consentis pas à m’incliner vers la terre de mon vice-gérant ;
(464 [31]) Et comment devrais-je me soumettre à ce dont je suis le seigneur, comme les amis de mon royaume, mes partisans, mon parti et mes adhérents ?
(465 [32]) Il n’y a pas de sphère céleste où, de la lumière de mon être intérieur, se trouve un ange qui donne des conseils par ma volonté,
(466) Et il n’y a pas de région où, du débordement de mon être extérieur, ne tombe une goutte qui est la source de l’effusion des nuages.
(467) À côté de mon visage, la lumière qui s’étend au loin (du soleil) est comme un éclat, et à côté de mon lieu d’eau, la mer qui englobe tout est comme une goutte.
(468 [33]) C’est pourquoi tout de moi cherche tout de moi et se dirige vers lui, et une partie de moi tire une partie de moi avec les rênes.
(469 [34]) Chaque direction tend vers la face tout-guidante de celui qui est au-dessus (la relation de) « en-dessous » et au-dessous de qui est (la relation de) « au-dessus ».
(470 [35]) Ainsi (dans mon expérience) le « dessous » de la terre est le « dessus » de l’éther, à cause de la fermeture de ce [p. 242] que j’ai séparé ; et le clivage de ce qui était fermé n’est que l’aspect extérieur de ma voie (sunna).
(471) Et il n’y a aucun doute, puisque l’union est l’essence de la certitude, et aucune direction, puisque le lieu est une (relation de) différence provenant de ma séparation ;
(472 [36]) Et il n’y a pas de nombre, puisque la numération coupe comme le tranchant d’une épée, et pas de temps, puisque la limitation est le dualisme de celui qui fixe un terme défini ;
(473 [37]) Et je n’ai dans les deux mondes aucun rival qui condamnerait à la destruction ce que j’ai construit ou dont le commandement ferait appliquer le décret de mon autorité ;
(474 [38]) Je n’ai pas non plus dans aucun des deux mondes d’opposé, car tu ne verras pas parmi les êtres créés une incongruité dans leur mode de création, mais tous sont pareils (en perfection).
(475 [39]) Et de moi apparut ce que j’avais déguisé pour moi-même, et par mon moyen les phénomènes furent amenés à revenir de moi à moi-même ;
(476 [40]) Et en moi-même, je vis ceux qui s’inclinaient en adoration devant mon théâtre de manifestation, et je sus avec certitude que j’étais l’Adam devant lequel je m’inclinais ;
(477 [41]) Et j’ai discerné que les dirigeants spirituels des terres [p. 243] parmi les anges de la plus haute sphère sont égaux par rapport à mon rang.
(478 [42]) Bien que mes camarades aient désiré une bonne direction de mon horizon qui est proche (d’eux), l’union de mon unité s’est manifestée dès ma seconde séparation,
(479 [43]) Et dans l’évanouissement qui écrasait mes sens, mon âme tomba prosternée devant moi afin qu’elle puisse se rétablir avant de se repentir comme Moïse s’est repenti.
(480 [44]) Car il n’y a pas de « où » après (la vision de) la Réalité, puisque je me suis remis de l’ivresse, et que le nuage qui voilait l’Essence a été dissipé par la sobriété.
(481 [45]) La fin d’un effacement de soi qui a précédé ma conclusion (celle de moi individuel) est comme le début d’une sobriété (conscience de soi), car tous deux sont circonscrits par une période.
(482) J’ai pesé dans une balance celui qui est ravi par un effacement oblitérant dans la mort (de soi-même) avec celui qui est coupé par la sobriété des sens (conscience de soi) dans la séparation (de Dieu).}
[p. 244]
(483 [46]) Ainsi le point du « i » de « film » s’effaça de ma sobriété, et l’éveil de l’œil de l’Essence annula mon effacement de soi.
(484 [47]) Celui qui perd (Dieu) dans la sobriété et trouve (Dieu) dans l’effacement de soi est incapable, en raison de son alternance, de la fixité de la proximité (de Dieu).
(485 [48]) L’ivrogne et le sobre sont semblables dans la mesure où ils sont qualifiés par la marque de « présence » ou par la marque de « clôture ».
(486 [49]) Aucun de mes disciples ne sont ceux chez qui les attributs de « déguisement » ou les vestiges de quelque reste (de ces attributs) se succèdent.
(487) Celui qui n’hérite pas de ma perfection est un fautif, un rétrograde dans le châtiment.
(488) En moi il n’y a rien qui puisse conduire au « déguisement » résultant d’un reste (d’existence propre), ni aucune ombre (d’être phénoménal) qui me condamnerait à retourner (à un degré inférieur).
(489 [50]) Combien peu un cœur peut communiquer sous forme de pensée ou une langue s’exprimer sous forme de parole !
(490 [51]) Tous les côtés (de l’Être) se sont joints en moi et le tapis de l’altérité s’est enroulé en vertu de l’égalité (de tous),
[p. 245]
(491) Et mon existence, dans la disparition de la dualité de l’existence, devint une contemplation dans la permanence de l’unité.
(492 [52]) Ce qui est au-dessus de la portée de l’intellect — la Première Émanation — est comme ce qui est au-dessous du Sinaï de la tradition — la dernière poignée.
(493 [53]) C’est pourquoi la meilleure des créatures de Dieu nous défend de le préférer à l’Homme du Poisson, quoiqu’il soit digne de préférence.
(494) J’ai indiqué (la vérité concernant les relations phénoménales) par les moyens que donne le langage, et ce qui est obscur, je l’ai rendu clair par une allégorie subtile.
(495 [54]) Le « Ne suis-je pas » d’hier n’est pas autre (que ce qui sera manifesté) à celui qui entre demain, puisque mes ténèbres sont devenues mon aube et mon jour ma nuit.
(496) Le secret du « Oui » – à Dieu appartient le miroir de sa révélation, et affirmer la réalité de l’union (jam‘) c’est nier la « proximité ».
(497 [55]) Aucune obscurité ne me couvre et aucun mal n’est à craindre, puisque la miséricorde de ma lumière a éteint le feu de ma vengeance.
(498 [56]) Et il n’y a pas de temps, sauf là où il n’y a pas de temps qui calcule l’existence [p. 246] de cette existence qui est la mienne et qui est calculée par le calcul des nouvelles lunes ;
(499) Mais celui qui est emprisonné dans les limites du Temps ne voit pas ce qui se trouve au-delà de son cachot, dans le Paradis éternel.
233 : 400 (400) Du point de vue de la « séparation » (farq), le calomniateur et le détracteur sont des types (cf. note sur v. 51) de deux influences qui agissent sur le cœur. Le calomniateur, littéralement l’espion dont l’affection pour la Bien-Aimée le pousse à empêcher tout rival de s’approcher d’elle, est l’esprit (rúḥ) ; le détracteur est l’âme (nafs) : dans le langage théologique, le premier est décrit comme l’Ange qui inspire au cœur de bonnes pensées ; le second comme le Diable qui le tente par de mauvaises suggestions (voir D. B. Macdonald, The Religious altitude and life in Islam, p. 274 et suiv.). Mais dans la sphère de l’union (jam‘), il ne peut y avoir de dualité : l’amant, l’aimé, le détracteur et le détracteur sont autant d’aspects de l’Être unique. Ici donc le calomniateur ou l’esprit (rúḥ) représente l’Esprit Universel, première émanation de l’Absolu, et le détracteur ou l’âme (nafs) représente l’Ame Universelle. [Cf. l’introduction au commentaire de K., p. 20 s., où la Première Intelligence, « le calomniateur », est dite la luminosité de l’Esprit Universel, et la Seconde Intelligence, « le détracteur », est dite la luminosité de l’Ame Universelle.] L’esprit humain est guidé par l’Esprit Universel vers sa « région », c’est-à-dire l’Essence Divine, tandis que l’âme humaine appartient à l’Ame Universelle, qui, en tant que principe animateur du monde sensible, met l’âme en contact avec ses « compagnons », c’est-à-dire ses corps. ↩︎
233:402 (402) « Ces figures », c’est-à-dire le Bien-aimé, l’amant, le moqueur et le calomniateur. ↩︎
233:403 (403-4) Au v. 403 je lis imdád. La lecture amdád donne le même sens, si elle est prise (comme il se doit) comme le pluriel, non de madd, mais de madad. Cf. mes Poèmes choisis du Díváni Shamsi Tabríz, pp. 216 et 334. Le processus d’émanation (fayḍ) par lequel l’Être Absolu se diffuse ne dépend pas de l’existence de capacités à recevoir ce qui est rayonné. La pluralité est l’auto-manifestation de l’Un, l’irradiation par laquelle l’Un devient visible à lui-même. ↩︎
234:405 (405) « Rendu heureux », c’est-à-dire doté d’existence. ↩︎
234 : 406 (406-7) « Vers sa région » — cf. verset 400. Le poète veut dire que sa contemplation de l’Essence sous l’aspect de ses deux attributs symboliquement décrits comme le calomniateur et le diffamateur est analogue à sa perception de l’unité dans le samá‘ : dans chaque cas, l’apparence de la dualité est illusoire. Son « état dans le samá‘ », c’est-à-dire l’état d’agitation et de suspense entre « trouver Dieu » (wujúd) et « Le perdre » (faqd), est le résultat de deux aspects divers qui sont inhérents à la nature même de l’Essence. L’un de ces aspects est « l’union » (jam‘), c’est-à-dire l’unité dans laquelle la pluralité est inexistante ou n’existe que potentiellement ; L’autre aspect est la « séparation » (tafriqa) dans laquelle l’Essence sort de son unité pour devenir consciente d’elle-même. Le premier est la « demeure permanente » du mystique. « Le lieu où ma sentence est prononcée », c’est-à-dire le monde phénoménal que le mystique, en sortant de l’état d’« union » (jam’), juge être la demeure de la « séparation » (tafriqa). ↩︎
234:408 (408) L’unité de l’Être est affirmée par la correspondance existant entre les sens et l’esprit. Le mystique trouve Dieu dans tout objet perçu par les sens, de sorte que l’image de tout objet dans sa perception est identique à l’image de Dieu dans son cœur. ↩︎
234:409 (409) « Mon but », c’est-à-dire expliquer ce qui est expérimenté dans le samá‘. ↩︎
234:410 (410-12) Ces versets illustrent « la correspondance des deux images ». La pensée est une vision intérieure et la mémoire est une audition intérieure. ↩︎
235:413 (413-4) L’extase de la vision et de l’audition n’est pas produite par une cause extérieure, telle que le vin, la danse et la musique, mais est elle-même la danse et le chant du mystique. ↩︎
235:415 (415 ss.) L’union parfaite avec Dieu dépend de la force de l’âme, c’est-à-dire de sa purification des impressions sensuelles. Mais lorsque l’âme est purifiée, elle se sert comme moyen de s’unir à Dieu des mêmes facultés qui l’empêchaient autrefois d’atteindre sa fin. Le poète dit que ce secours vient réellement de lui-même, car les sens ne peuvent le rendre hors de leur propre nature : il faut d’abord que le moi soit spiritualisé, afin que par ses organes toutes choses soient perçues comme essentiellement une, selon la doctrine de ittiḥád. ↩︎
235:418 (418) « Rien d’autre que l’amitié » : cf. note sur v. 82. ↩︎
235:420 (420) Il n’y a dans ce verset qu’une allusion au sens de l’odorat, tandis que les quatre autres sens sont mentionnés explicitement dans les versets qui suivent. ↩︎
235:421 (421-4) « Cela » dans ces versets est « la pensée d’Elle » (dhikruhá). ↩︎
236 : 424 (424) Dans la psychologie musulmane, le cœur (qalb) « suggère les pensées les plus intimes, les plus secrètes et les plus authentiques, la base même de la nature intellectuelle de l’homme » (voir D. B. Macdonald, The Religious attitude and life in Islam, p. 221 et suivantes). Il reçoit des sens extérieurs l’idée extérieure de Dieu, à savoir les formes des objets des sens, et transmet l’idée universelle correspondante, à savoir l’essence et les attributs de Dieu, aux sens intérieurs, c’est-à-dire aux facultés de réflexion, de mémorisation, d’estimation et d’appréhension. Ces deux idées sont identiques dans la mesure où elles sont des aspects corrélatifs de l’Être. Le mystique contemple comme pure réalité ce qu’il perçoit objectivement dans les formes des phénomènes. D’après le commentateur, la préposition que j’ai traduite par « par l’intermédiaire de » devrait avoir le sens de « simultanément avec », c’est-à-dire que la délivrance de la donnée sensorielle au cœur se synchronise avec sa transmission par le cœur aux facultés intellectuelles. ↩︎
236:425 (425) Ici le poète commence son explication promise (qui est basée sur la théorie précédente) de son « état dans le samá‘ ». Il dit que, tout en écoutant la musique, il contemple néanmoins Dieu avec tout son être spirituel et sensuel. ↩︎
236:426 (426-9) Ces versets répondent à la question: Pourquoi la musique agite-t-elle et transporte-t-elle ceux qui l’entendent? Parce que, répond le poète, les éléments supérieurs et inférieurs de l’homme attirent et sont attirés dans des directions opposées. L’homme est conduit tantôt par l’esprit (rúḥ), tantôt par la chair (nafs); mais la musique, dans laquelle Dieu se révèle, lui rappelle ce qu’il était avant d’avoir une existence corporelle: alors il tombe en extase et son âme (nafs) lutte comme un oiseau captif pour s’échapper de sa cage. ↩︎
238:443 (443) Le chemin vers cette porte passe par les profondeurs de la fana. Ceux qui ne recherchent pas Dieu seul mais la richesse spirituelle, c’est-à-dire les bonnes œuvres et les dispositions pieuses, désirent la continuation de leur existence phénoménale. ↩︎
238:445 (445-7) Ces lignes décrivent le ikhláṣ du poète, terme qui désigne la liberté de toute forme d’estime de soi. Dans la mesure où aucun être purement désintéressé ne peut s’attribuer le désintéressement, Ibnu 'l-Fáriḍ dit que dans chaque cas — paroles, actes, œuvres et déclarations — « il a mis de côté le respect pour son éloignement », c’est-à-dire qu’il n’est pas désintéressé (mukhliṣ) mais inconscient d’être désintéressé (mukhlaṣ). Voir R. Hartmann, Al-Ḳuschairîs Darstellung des Ṣûfîtums, p. 17, et Kitáb al-Luma’, p. 218, l. 6 s. ↩︎
238:448 (448) Le cœur (qalb), dans lequel réside l’essence de l’homme, est voilé par les attributs limitant cette essence, tout comme le temple d’une divinité est enveloppé de rideaux. ↩︎
238:449 (449) Selon une Tradition apostolique, Dieu (l’essence de l’homme) est contenu dans le cœur du croyant, qui est donc assimilé à la Ka’ba, tandis que par la même analogie les actes rituels d’adoration accomplis dans le pèlerinage sont des actes de l’Essence, c’est-à-dire des actes divins. L’un de ces rites est le baiser de la Pierre Noire, « la main droite de Dieu » (yamín Allah). Puisque la loi religieuse est la Parole de Dieu, le baiser qu’elle prescrit et qui est inclus en elle, vient, pour ainsi dire, de la bouche de Dieu, qui en tant qu’essence de la créature (al-khalq) s’adore lui-même en tant que Créateur (al-Ḥaqq). ↩︎
239:450 (450) Ṣafá et Marwa sont deux collines proches de la Mecque. Le commentateur pense que Ṣafá signifie la vie présente et Marwa la vie dans l’au-delà. ↩︎
239:451 (451) Lorsque le soi phénoménal et ses facultés sont dans le sanctuaire du cœur, c’est-à-dire absorbés en Dieu, ils sont à l’abri de l’assaut de « l’altérité », auquel ils sont exposés en dehors de lui (cf. Coran, 29, 67). ↩︎
239:452 (452) Le jeûne du mystique consiste à s’abstenir de tout ce qui n’est pas réel et divin et à être seul avec son essence ; son aumône est la communication aux autres de la grâce divine qui découle de son essence. ↩︎
239:453 (453) La référence aux prières dans ce verset est indiquée par les mots shaf‘ (double) et witr (simple), qui peuvent aussi être rendus par « deux génuflexions » et « une seule génuflexion » dans la prière canonique (ṣalát). Dans ittiḥád, l’adorateur ne fait qu’un avec l’objet de l’adoration et réalise que son existence individuelle était un rêve. ↩︎
239:454 (454) Le terme « voyage nocturne » est utilisé dans le Coran, 17, 1, de l’ascension (mi’ráj) du Prophète. Comme une ascension de la Vérité ou de l’Essence implique qu’il y a quelque chose de plus élevé que cela, le poète répond à cette objection en soulignant que le voyage de l’Homme Parfait à partir de la Vérité est comme son voyage dans la Loi, c’est-à-dire que les deux voyages sont en réalité des mouvements de son essence en elle-même et vers elle-même et depuis elle-même. Ici le « voyage nocturne » dénote la troisième étape de l’Unité (voir note sur vv. 326-7) dans laquelle le mystique revient de « l’ivresse de l’union » à « la sobriété de l’union ». ↩︎
239:455 (455) La Divinité (láhút) et l’humanité (násút) sont des attributs ou des aspects corrélatifs de la Réalité Une. L’homme, créé à l’image de Dieu, doit néanmoins accomplir la loi imposée à sa nature corporelle, mais tout en la reconnaissant et en lui obéissant, il doit se rappeler qu’en tant qu’esprit il est l’oracle de la Sagesse Divine. ↩︎
240:456 (456) « Les alliances », c’est-à-dire la reconnaissance par les âmes humaines dans leur état de préexistence qu’elles doivent aimer et adorer Dieu. Cf. note sur le verset 69. ↩︎
240:457 (457-60) L’Apôtre est l’Esprit Universel, qui émane de l’Essence considérée comme Pure Unité vers l’Essence considérée comme Ame Universelle. Cette émanation est, au moins relativement, un processus éternel. Mahomet (identifié à l’Esprit Universel) a dit : « J’étais un prophète quand Adam était eau et argile », c’est-à-dire avant la Création. Les « signes » ou miracles probants donnés à l’Ame par l’Apôtre de l’Esprit Universel sont les attributs de l’Essence, qui se révèle ainsi à elle-même. ↩︎
240:461 (461-2) Ces lignes sont mieux expliquées par un passage du Coran (9, 112) : « En vérité, Allah a acheté aux vrais croyants leurs âmes et leurs biens, leur promettant le Paradis en échange, à condition qu’ils combattent dans la cause d’Allah, tuent et soient tués - une promesse qui L’engage dans la Torah, l’Evangile et le Coran ; et qui remplit son engagement plus fidèlement qu’Allah ? Réjouissez-vous donc du contrat que vous avez conclu. » ↩︎
240:463 (463) Dans les vers suivants (463-477) le poète se décrit dans l’état d’union (jam’), c’est-à-dire sur le plan de l’Être Absolu, émancipé des relations auxquelles il est soumis dans le monde phénoménal. « La terre de p. 241 mon vice-gérant », c’est-à-dire le corps. L’âme humaine gouverne le corps en tant que vice-gérant (khalífa) de Dieu. ↩︎
241:464 (464) Le mystique « uni » (ṣáḥibu ’l-jam‘) est le seigneur de toutes les relations, c’est-à-dire qu’il les transcende et n’est conditionné par aucune d’elles. « Les amis de mon royaume, etc. » c’est-à-dire ceux qui me suivent mais n’ont pas atteint l’Unité, de sorte qu’ils appartiennent toujours au royaume de l’existence phénoménale. ↩︎
241:465 (465-6) Il veut dire que, par rapport à son identification mystique avec l’Absolu, il est la source ultime de tout ce qui existe dans le monde visible aussi bien que dans l’univers de l’Invisible : le premier est l’aspect extérieur de la Réalité, tandis que le second en est le fondement caché. ↩︎
241:468 (468) « Chaque partie de moi — esprit, cœur, âme et corps — cherche mon Essence, c’est-à-dire l’Universel dans lequel tous les détails sont compris. » Lorsque l’esprit contemple Dieu seul, il attire à lui le cœur, de sorte que le cœur désire Dieu seul ; et le cœur attire alors à lui l’âme, de sorte que l’âme adore Dieu seul et attire à lui le corps, que Dieu fait alors employer entièrement à de bonnes œuvres. ↩︎
241:469 (469) L’Être Absolu est le centre vers lequel convergent tous les objets particuliers. ↩︎
241:470 (470) L’expression, « à cause de la fermeture, etc. » est empruntée à Cor. 21,31 : « Les incrédules n’ont-ils pas discerné que les cieux et la terre étaient fermés jusqu’à ce que Nous les séparions et fassions de l’eau (qui jaillit) toute chose vivante ? » Quelle que soit la signification que le Prophète ait pu attacher à ces métaphores, Ibnu 'l-Fáriḍ signifie évidemment par « la fermeture » cet état qu’il appelle ailleurs « union » (jam’), c’est-à-dire l’Être considéré synthétiquement comme l’unité intérieure dans laquelle toutes les distinctions sont réconciliées, et par « le clivage de ce qui était fermé » l’état de « séparation » (tafriqa), c’est-à-dire l’Être considéré analytiquement dans son aspect externe et phénoménal. ↩︎
242:472 (472) Le Nombre et le Temps impliquent division et limitation, qui sont incompatibles avec l’unité réelle. ↩︎
242:473 (473) « Pas de rival », c’est-à-dire pas de partenaire dans les attributs de la divinité ; cf. Cor. 21, 22 : « S’il y avait des dieux en dehors d’Allah dans le ciel ou sur la terre, en vérité, les deux (le ciel et la terre) seraient ruinés. » ↩︎
242:474 (474) Cor. 67, 3: « Tu ne vois aucune incongruité (imperfection) dans la création du Miséricordieux (Dieu). » S’il y avait deux créateurs opposés, comme Ormuzd et Ahriman, leur différence se manifesterait dans les objets créés par eux. ↩︎
242:475 (475) L’illusion des phénomènes ne porte pas atteinte à l’unité réelle qui crée à partir d’elle-même, se révèle à elle-même et se retire de nouveau de sa manifestation dans son soi occulte. ↩︎
242:476 (476) En réalité, l’adorateur et l’objet de l’adoration ne font qu’un. Les anges qui adorèrent Adam (Cor. 15, 28 ss.) symbolisent la relation d’un attribut divin à son Essence. ↩︎
242:477 (477) Les attributs divins tels qu’ils se manifestent dans l’homme peuvent être distingués les uns des autres, de sorte que nous parlons de natures, facultés et pouvoirs supérieurs et inférieurs, mais ils sont fondamentalement un et identiques quant à l’Essence dont ils sont les modes. Pour cet emploi symbolique des « anges », cf. p. 115 foll. ↩︎
243:478 (478) L’Essence apparaît de deux horizons, c’est-à-dire sous deux aspects : (1) sans attributs ni actions ; (2) qualifiée par l’ensemble de ses attributs et actions. « Mon horizon qui est proche » se réfère à la première épiphanie, qui produit chez le mystique l’état d’union (jam’) sans séparation (tafriqa), état nécessairement accompagné d’inconscience extatique. Dans la seconde épiphanie, plus exaltée, l’Essence se révèle avec ses attributs comme l’unité de l’Un et du Multiple, la synthèse de l’union et de la séparation. Cet aspect de la réalité est associé à « la seconde séparation », c’est-à-dire au retour de l’extase à un plan de conscience plus élevé que tout ce qui a été expérimenté avant le début de l’extase (cf. notes sur 233-5, 326-7). ↩︎
243:479 (479) Voir note sur v. 11 et vv. 288-9. « Avant de se repentir, etc. » c’est-à-dire avant de revenir au monde des sens. Moïse demanda à voir Dieu avec sa nature phénoménale et fut puni en étant jeté dans l’état d’« ivresse », dans lequel il n’est pas possible d’avoir une clairvoyance parfaite ; donc son repentir et sa guérison impliquèrent un retour à la conscience normale, alors que la guérison d’Ibnu 'l-Fáriḍ le dota de la conscience anormale qui est caractéristique de la vie unitive. ↩︎
243:480 (480) « Pas de « où » (ayn) après la Réalité (‘ayn) », qui est libre de toute limitation. Le sens du reste du verset a été suffisamment expliqué ci-dessus. ↩︎
243:481 (481-2) La vie mystique supérieure, avant d’atteindre l’unité parfaite qui est son but, oscille entre des états d’extase et de conscience : effacement de soi (maḥw) et restauration de soi (ithbát), ivresse (sukr) et sobriété (ṣaḥw), etc. Cette succession toujours changeante (talwín) d’états complémentaires ne cesse qu’avec la fin de l’existence en soi, c’est-à-dire lorsque l’individualité du mystique a entièrement disparu, de sorte qu’il est en permanence un avec l’être intemporel et infini de Dieu. Une telle unité consciente permanente avec Dieu est décrite symboliquement comme « la seconde séparation » p. 244 (al-farqu ’l-thání) ou « la seconde sobriété » (as-saḥwu ’l-thání). Vus de ce sommet, les états négatifs ou positifs, comme maḥw et .saḥw, sont également imparfaits ; c’est pourquoi le poète dit : « J’ai pesé, etc. », c’est-à-dire : « J’ai trouvé les deux insuffisants. » Maḥq (mal interprété par K.) est presque équivalent à maḥw. Voir Kitáb al-Luma‘, 355, 17. ↩︎
244:483 (483) « Le point du « i » de « film » » : littéralement, « le point de la (lettre) ghayn de (le mot) ghayn (film ou nuage) », c’est-à-dire qu’en premier lieu mon existence individuelle fut effacée de ma conscience ; puis l’effacement de soi fut remplacé par « l’éveil de l’œil de l’Essence », c’est-à-dire par la conscience divine ou cosmique, qui est techniquement appelée « la seconde sobriété ». Ghayn (film) devient 'ayn (œil ou essence) lorsque le point de sa lettre initiale est supprimé. ↩︎
244:484 (484) Alternance (talwín), fixité (tamkín): cf. note sur vv. 481-2 et Kashf al-Maḥjúb, p. 370 suiv. ↩︎
244:485 (485) Cf. verset 482. L’Unité parfaite est l’unité qui combine les deux aspects principaux de l’Être telle qu’elle est révélée aux mystiques (cf. note sur v. 478). « Présence » (ḥuḍúr) équivaut ici à « union » (jam’), et « clôture » (ḥaẓíra) à « séparation » (tafriqa). ↩︎
244:486 (486) Cf. note sur vv. 481-2. « Les attributs de ‘déguisement’ » se réfèrent à l’état de sobriété (ṣaḥw) et désignent la conscience normale qui suit l’extase et « voile » le mystique de Dieu. « Les vestiges de tout reste » se réfèrent à l’état d’effacement de soi (maḥw) dans lequel ces attributs disparaissent. ↩︎
244:489 (489) Dans ce verset, waḥy fait référence au cœur, ṣígha à la langue. ↩︎
244:490 (490) « Tous les côtés », c’est-à-dire les prédications contraires, telles que l’éternité et le temps, au-dessus et au-dessous, le premier et le dernier, etc. ↩︎
245:492 (492) Selon la doctrine moniste, il n’y a pas de distinction réelle dans l’univers des choses créées — depuis leur source métaphysique dans l’Esprit Universel jusqu’à la Résurrection prédite par la tradition prophétique, lorsque « la terre entière sera sa poignée et les cieux seront roulés dans sa main droite » (Cor. 39, 67). ↩︎
245:493 (493) On rapporte que Mahomet aurait dit : « Ne pensez pas que je sois meilleur que Yúnus ibn Mattá (Jonas). » ↩︎
245:495 (495-6) Voir note sur v. 69. « Hier » signifie l’Alliance Primitive par laquelle les âmes, avant que leurs corps ne soient créés, se sont engagées à aimer Dieu ; « demain » signifie la Résurrection. Le temps disparaît dans l’unité de l’Essence : le jour est identique à la nuit, et la nuit au jour. « Le secret de « Oui » » fait allusion à Cor. 7, 171 : (Quand Dieu dit aux enfants d’Adam) « Ne suis-je pas votre Seigneur ? » et ils répondirent : « Oui. » Ceux qui affirment l’unité de l’Être et nient « l’à côté », c’est-à-dire nient qu’il existe quelque chose à côté de Dieu, savent que « Oui » est la Parole éternelle de Dieu, révélée et parlée par Lui-même à Lui-même. ↩︎
245:497 (497) Le commentateur cite deux paroles attribuées à Mahomet: (a) que Dieu a dit, « Ma miséricorde a précédé Ma colère »; (b) que l’Enfer dira à tout vrai croyant qui s’en approche, « Passe, ô vrai croyant, car voici, ta lumière a éteint mon feu. » ↩︎
245:498 (498) Le temps n’est une réalité que dans le monde spirituel où il est éternel et infini. ↩︎