© 1999 Seppo Kanerva
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Journal de l'IUA — Décembre 1999 | Journal — Décembre 1999 — Table des matières | Le salon du livre de New Delhi |
Seppo Kanerva, Heisinki, Finlande
Nous pouvons noter que Le Livre d’Urantia ne nous présente pas d’instructions explicites concernant la dissémination de la Révélation. Nous pouvons, bien sûr, étudier les méthodes utilisées dans la dissémination des quatre révélations antérieures puis nous efforcer d’appliquer les mêmes méthodes à la cinquième révélation.
La première révélation, les enseignements de Dalamatia, fut propagée par une méthode qui impliquait l’invitation d’individus de diverses tribus et peuples qui se rendaient à Dalamatia pour y être éduqués, puis qui étaient renvoyés auprès de leurs tribus comme émissaires d’une vie nouvelle et meilleure.
En ce qui concerne la deuxième révélation d’époque, les enseignements édéniques, la méthode de dissémination était partiellement identique à celle de la première révélation, mais il y avait aussi de nouveaux traits, à savoir l’organisation par Adam et Eve d’environ une centaine de centres de progrès et de culture en diverses parties du monde. Après la mort d’Adam et Eve les enseignements furent disséminés, pendant des milliers d’années, par une prêtrise formée par Seth, le plus âgé des fils survivants nés dans le second jardin. Le petit- fils de Seth, Kenan, institua un service de missionnaires qui dissémina les nouveaux enseignements auprès des tribus environnantes, proches et lointaines. (LU 76:3.4). L’impact des enseignements de la prêtrise séthite ne commença à disparaitre qu’autour de 2500 avant JC.
Le premier disséminateur de la troisième révélation d’époque, les enseignements de Machiventa Melchizédek, au 19 ème siècle avant JC, fut Abraham, jusqu’à la fin de sa vie; il fut suivit par les missionnaires de Salem qui continuèrent à diffuser la bonne nouvelle pendant des centaines d’années.
La dissémination du 6 ème siècle avant JC , une «mini révélation», eut lieu au travers des prophètes et des fondateurs des nouvelles religions de cette époque.
Parmi les disséminateurs de la quatrième révélation d’époque sont inclus les apôtres, d’autres disciples, le groupe des 70 enseignants, les femmes évangélistes ainsi que d’autres disciples et personnes religieuses de divers lieux de l’Empire romain entrainés par Jésus. Longtemps après la mort terrestre de Jésus, ses enseignements furent aussi mis par écrit. Un rôle particulier dans la dissémination de cette révélation échoua à Saul, le pharisien, après que, par suite d’une expérience inexpliquée, il fut devenu Paul, le champion des enseignements de Jésus, suivant son interprétation. Principalement en raison des efforts de Paul, et, à un moindre degré, en raison des activités des apôtres, mais aussi du fait d’une distorsion involontaire des enseignements de Jésus, la chrétienté et l’église chrétienne s’est progressivement développée.
On peut, cependant, mettre en question l’utilité des méthodes employées pour la propagation des révélations précédentes relativement à la dissémination de la cinquième révélation d’époque. La cinquième révélation nous a été donnée sous la forme de livre, et la profondeur de ses enseignements peut difficilement se conformer aux modèles observés dans la dissémination des révélations précédentes. Peu d’entre nous peuvent, ou désirent, se lancer sur les routes et se mettre à proclamer la bonne nouvelle aux coin des rues ou sur les places de marchés. Pourtant, les enseignements du livre nous donnent bel et bien une représentation multiple des façons dont une révélation religieuse gagne le coeur des hommes: elle se répand grâce à tous ceux qui croient en cette révélation, et les croyants le font au travers de leur propre vie, dans leurs relations avec leurs concitoyens, dans leurs contacts avec d’autres humains. La dissémination se fait dans les actes des croyants, dans leur comportement, dans leurs paroles et dans leur enseignement.
Une réponse exhaustive à cette question exigerait une présentation de pratiquement tous les enseignements qui se trouvent dans Le Livre d’Urantia. C’est à dire que je devrais vous lire tout Le Livre d’Urantia en une heure, ou vous fournir un résumé exhaustif de ses enseignements. Je n’en ferai rien.
Chaque disséminateur créera sa propre conception du message qu’il s’efforce de répandre. Ce pourrait être, par exemple, l’évangile de la Paternité de Dieu et de la fraternité des hommes. Le message pourrait-être celui de l’amour de Dieu et que nous fassions sa volonté. La volonté de Dieu est que chacun d’entre nous devienne parfait comme lui-même est parfait, et Dieu a réservé à l’homme une carrière éternelle pour lui permettre d’atteindre ce but de perfection. Il suffit à l’homme de donner l’accord de son libre arbitre à faire la volonté de Dieu.
A propos de Jésus on nous dit que la substance de son message était: le fait de l’amour du Père céleste et la vérité de sa miséricorde, joint à la bonne nouvelle que l’bomme est fils par la foi de ce même Dieu d’amour. LU 132:4.2
Jésus dit:
« Contentez-vous d’aller proclamer: Voici le royaume des cieux - Dieu est votre Père et vous êtes ses fils, et, si vous croyez de tout coeur à cette bonne nouvelle, elle est votre salut éternel. ». LU 141:6.4
« Lorsque vous entrez. dans le royaume, vous êtes nés à nouveau. Vous ne pouvez enseigner les choses profondes de l’esprit à ceux qui sont seulement nés de la chair. Veillez. d’abord à ce que les hommes soient nés de l’esprit avant de chercher à les instruire dans les voies avancées de l’esprit. N’entreprenez pas de leur montrer les beautés du temple avant de les avoir d’abord fait entrer dans le temple. Amenez les hommes à la connaissance de Dieu, et ce, en tant que fils de Dieu, avant de discourir sur les doctrines de la paternité de Dieu et de la filiation des hommes. » LU 141:6.4
Les vérités présentées ci-dessus pourraient servir de message même aux disséminateurs modernes.
Dans les enseignements du Livre d’Urantia il y a beaucoup de choses qui appartiennent à la religiosité générale et que le livre partage avec les doctrines des religions institutionnalisées. Le laïcisme et la mentalité matérialiste prédominante, la philosophie matérialiste et la confiance illimitée en la manière purement humaine, sans aide extérieure, de résoudre les problèmes du monde sont des faits qui parlent en faveur de la propagation du message de religiosité générale et même qui l’exigent. Cependant, un lecteur du Livre d’Urantia peut introduire, même dans la diffusion de ce message de religiosité générale, des détails et des traits qu’aucune religion institutionnalisée ne peut fournir. L’un de ces traits, qui apparait de manière évidente dans Le Livre d’Urantia, est l’enseignement qui concerne la nature de la religion, de la vraie religion. L’enseignement du Livre d’Urantia est que la vraie religion est personnelle. Elle concerne la relation personnelle de l’homme avec Dieu. La vraie religion ne signifie pas que l’on doive adopter certains principes doctrinaux, ni vivre selon certaines règles de moralité préconçues, ni observer certains rituels donnés. La religion personnelle, authentique et véritable devient manifeste dans la vie de l’homme. Elle se manifeste sous la forme des fruits de l’esprit. Elle donne à une telle personne religieuse un arôme spirituel, elle la rend attrayante.
Jésus a enseigné:
« Laissez-moi proclamer solennellement cette vérité éternelle : Si, en vous harmonisant avec la vérité, vous apprenez à donner, dans votre vie, l’exemple de cette magnifique intégralité de la droiture, vos semblables vous rechercheront pour obtenir ce que vous aurez ainsi acquis. La mesure dans laquelle les chercheurs de vérité seront attirés vers vous représente la mesure de votre don de vérité, de votre droiture. La mesure dans laquelle il faut que vous portiez votre message aux gens représente, en un certain sens, la mesure de votre inaptitude à viure la vie saine et droite, la vie barmonisée avec la vérité. » LU 155:1.5
La Révélation laisse entendre que notre religiosité doit se manifester de manière reconnaissable. Nous pourrions, donc, en conclure qu’il n’est point besoin de l’affirmer ni de la publier auprès des autres. Si l’on éprouve le besoin de la publier, on est en droit de douter de l’existence d’une foi authentique. Les citations suivantes confirment ces affirmations :
Un mental observateur et une âme capable de discernement reconnaissent la religion quand ils la rencontrent dans la vie de leurs compagnons. La religion n’a besoin d’aucune définition; nous connaissons tous ses fruits sociaux, moraux, intellectuels et spirituels…L’une des particularités caractéristiques de l’assurance religieuse authentique est que, malgré le caractère absolu de ses affirmations et la fermeté de son attitude, l’esprit de son expression est assez équilibré et tempéré pour ne jamais donner la plus petite impression d’affirmation de soi ou d’exaltation de l’ego… C’est ainsi que les paroles et les actes de la religion vraie, dans sa pureté originale, acquièrent une autorité irrésistible pour tous les mortels éclairés. LU 102:2.1-2
Une religiosité d’apparence, est en fait simplement superficielle et non intériorisée, c’est la maitrise de certains dogmes et certains codes moraux ainsi qu’une attitude critique au regard de sa propre vie, mais plus particulièrement au regard de la vie des autres, à la lumière de ces dogmes et de ces codes. Un telle religiosité aboutit au fanatisme, à l’intolérance, à la trahison de l’honnêteté intellectuelle, à l’isolation et à une moindre efficacité en tant que propagateur du message sauveur.
La condition préalable, pour quiconque veut avoir la capacité de disséminer le message par ses fruits spirituels c’est, bien entendu, d’avoir cette foi qui produit ces fruits de l’esprit. En son absence, la seule méthode de propagation du message c’est le prêche. La cinquième révélation d’époque explique de multiples manières ce que sont les manifestations de la foi et de la religion authentique, les fruits de l’esprit. La liste exhaustive qui apparait aux paragraphes LU 101:3.5-17 du Livre d’Urantia n’est pas trop souvent citée dans les discours qui traitent de la façon dont la religion et la spiritualité se manifestent chez un individu.
Ces manifestations incluent :1) La véritable religion fait progresser l’éthique et la morale.2) La religion produit une sublime confiance dans la bonté de Dieu, même en face de déceptions amères et de défaites écrasantes. 3) La véritable spiritualité engendre une confiance et un courage profond. 4) La religion authentique fait preuve d’une stabilité inexplicable et d’une tranquillité fortifiante. 5) La religion conserve à la personnalité un sang-froid et un équilibre mystérieux en face des mauvais traitements et des plus flagrantes injustices. 6) La religion maintient une confiance divine dans la victoire finale.7) La véritable foi ne faiblit pas face aux sophismes intellectuels; elle conserve une croyance en Dieu inébranlable. 8) La vraie religiosité a foi dans la survie de l’âme indépendamment des allégations contraires de la science et de la philosophie. 9) La foi ne s’effondre pas sous le fardeau écrasant des civilisations. 10) La foi authentique contribue à la survie de l’altruisme en dépit de l’égoїsme humain, des antagonismes et des convoitises. 11) La spiritualité croit en l’unité de l’univers et à la gouverne divine, sans se préoccuper de la présence du mal et du péché. 12) Elle continue imperturbablement à adorer Dieu en dépit de tout, et quoi qu’il arrive. Elle ose déclarer: « Même s’il m’immole, je le servirai.» LU 101:3.16
En ce qui concerne la religion, la Révélation nous enseigne que sa marque particulière est la certitude ; sa caractéristique philosophique est la cohérence ; ses fruits sociaux sont l’amour et le service. LU 102:7.5
Le Jésus morontiel a donné les enseignements suivants à Tyr en l’an 30 :
« ceux qui sont nés de l’esprit commencent immédiatement à montrer les fruits de l’esprit par leur service expression de l’amour auprès de leurs semblables. Et voici les fruits de l’esprit divin produits dans la vie des mortels nés d’esprit et connaissant Dieu: service expression de l’amour, dévouement désintéressé, fidélité courageuse, équité sincère, honnêteté éclairée, espoir vivace, confiance sans soupcons, ministère miséricordieux, bonté inaltérable, tolérance indulgente et paix durable. Si de prétendus croyants ne portent pas ces fruits de l’esprit divin dans leur vie, ils sont morts. » LU 193:2.2
Un plaidoyer de religiosité ne nécessite aucunement la maitrise du Livre d’Urantia, il n’est pas non plus besoin de se référer à ses enseignements, ni indispensable de posséder la moindre connaissance révélatoire ; pourtant, maitriser les enseignements du Livre d’Urantia, s’y référer, et être en possession d’une connaissance révélatoire rend tout plaidoyer de religiosité plus facile et lui donne une fondation solide. Lorsque l’on s’engage dans un plaidoyer en faveur de la religion il est très important de se souvenir de cette part de connaissance révélatoire qui rappelle que la religion ne s’intéresse qu’aux valeurs. (LU 101:5.2;LU 103:1.4). Il beaucoup plus facile aux hommes de s’accorder sur des valeurs religieuses- sur les buts - que sur des croyances, des interprétations.. [LU 103:1.4] Les faits sont le domaine de la science, pas de la religion. L’importance et la signification de l’expérience, de même que la nature évolutionnaire de notre existence, sont aussi des aspects utiles qu’il est bon de se remémorer et de mettre en avant dans toute propagation du message lorsque celui ci est basé sur la révélation. Un troisième facteur s’avérera utile dans un plaidoyer en faveur de la religion qui a pour base la révélation, à savoir, l’information sur la vie après la mort, la vie éternelle, et le but de la vie terrestre; toute cette information ne se trouve que dans la Révélation. Aucune religion institutionnelle ne peut donner de réponse satisfaisante à ces questions.
Le Livre d’Urantia nous enseigne que l’homme dispose de son libre arbitre. Donc, personne ne peut être forcé à devenir religieux. De multiples influences divines s’efforcent d’aider le libre arbitre de l’homme dans son choix et dans sa pensée dans le cadre du mental; ces influences incluent les Ajusteurs de Pensée, l’Esprit de Vérité, et les esprits mentaux adjuvats. Tout ce que peuvent faire les disséminateurs d’un message religieux c’est d’aider quelqu’un à faire le pas décisif et à accepter l’idée qu’il est un fils de Dieu et que les autres sont ses frères. Nul disséminateur de ce message ne peut faire ce choix, cet effort de volonté, à la place d’un autre.
Puisque Le Livre d’Urantia présente dans son Introduction et dans les parties I à III la cinquième révélation d’époque, et puisque la quatrième partie est un réexposé de la quatrième révélation d’époque, cela implique que ses enseignements sont d’une nature hautement révélatoire; ils incluent de nouvelles informations, inconnues de l’humanité, des choses que l’humanité toute seule et par les moyens évolutionnaires, n’aurait jamais pu découvrir. Les enseignements du Livre d’Urantia sont donc, pleins de potentiels énormes. Grâce à ces enseignements il est possible de rectifier des controverses et des absurdités que l’on trouve dans les religions institutionnalisées. Ces choses absurdes, et ces controverses sont devenues, pour bien des chercheurs de vérité, bien des penseurs et bien des gens sensés, un obstacle effectif qui bloquent leur avance dans la croissance religieuse personnelle.
Outre leur valeur révélatoire, ces enseignements, qui fournissent les moyens de rectifier les absurdités des doctrines des religions institutionnelles, peuvent être utilisés à corriger des inexactitudes, des notions fausses, et des absurdités tant en science qu’en philosophie. Puisque les enseignements révélatoires sont véridiques, ils peuvent être exploités comme connaissance a priori, ce qui signifie qu’il est sage d’essayer d’obtenir la même connaissance par les méthodes traditionnelles de recherche scientifique et par les méthodes traditionnelles de pensée philosophique. La philosophie est fondée sur certains postulats qui sont éprouvés dans notre façon de penser la réalité et en faisant des observations quant au fonctionnement de ces postulats dans cette réalité. La science est fondée sur un grand nombre d’observations et de résultats obtenus au cours d’expériences; ces observations et ces expériences nécessitent une explication telle qu’elle fournisse une vision cohérente, en conformité avec les lois de la mathématique et de la logique. La Révélation conduit à un élargissement des horizons, elle ouvre de nouvelles perspectives même dans le champs de la logique, elle offre une connaissance que ne peuvent jamais découvrir simplement les observations scientifiques ni les méthodes de déduction.
Les enseignements de la Révélation peuvent, d’une façon décisive, nous aider à comprendre et à interpréter correctement la réalité évolutionnaire. Ils peuvent s’avérer extrêmement utiles à l’analyse que fait l’homme de l’évolution de l’humanité et ainsi, permettre de trouver de quoi il retourne et où nous allons. Les enseignements de la Révélation doivent être exploités en tant que connaissance a priori et doivent être sagement appliqués à toutes les activités humaines, à la vie sociale, à la politique, aux affaires, au mariage, aux relations de couple, à l’éducation, à la culture, etc… ils doivent être le fondement des décisions éthiques et morales, et ce qui détermine la direction vers laquelle nous allons. Ils doivent être appliqués de telle façon, et être si liés à la réalité, qu’ils fassent partie intégrante de l’évolution. Pratiquement, ceci signifie que ces enseignements ne peuvent guère être appliqués au maximum et en toute rigueur; il faut se contenter de moins, pourvu que la tendance et la direction soient correctes.
Quelques exemples éclaireront peut-être ce que je veux dire. La Révélation nous enseigne que l’humanité devrait s’efforcer de parvenir à une situation dans laquelle un seul gouvernement mondial unifié aurait le pouvoir, dans laquelle une seule religion institutionnelle prévaudrait et dans laquelle on ne parlerait qu’une seule langue. Cette connaissance a priori est utile à quiconque doit se déterminer par rapport à, disons, l’unification de l’Europe, la défense de l’autodétermination nationale, la lutte pour l’indépendance des petites nations, les mesures prises pour venir au secours des langues moribondes, l’enseignement linguistique, l’oecuménisme -la coopération entre les religions institutionnalisées. Il est bon de noter que cette prise de position, en quelque sorte, fait, elle aussi, partie de la « dissémination du message ». L’évolution ne signifie pas une avance en droite ligne vers un but donné. Pas du tout. L’évolution est lente, mais elle est terriblement efficace. (LU 81:1.3;LU 86:7.6) et elle est faite de nombreux pas en arrière et de côté, suivis, par ailleurs, de progrès rapides.
Un autre exemple. La Révélation nous enseigne que les hommes naissent inégaux en capacités et en dispositions et qu’il y a des différences considérables entre les races et de plus grandes différences encore à l’intérieur des races. La Révélation est sans équivoque quand elle déclare que certaines personnes et certains groupes de personnes sont décadents et que leur procréation devrait être restreinte. Libérer l’humanité de ces éléments doit être l’objectif. Tout cela va à l’encontre de ce que l’on croit généralement. Nous pouvons aussi propager le message en refusant d’agir à partir de croyances erronées, en osant aller contre le courant dominant, en mettant notre confiance dans la connaissance révélatoire a priori et en agissant à partir d’elle.
Un troisième exemple. La Révélation nous enseigne que l’évolution a une direction, que cette direction est vers le haut et vers l’avant et, en fin de compte, vers quelque chose de meilleur. Cet enseignement aussi, va à l’encontre de ce que l’on croit généralement. Il y en a même qui nient et réfutent tout développement. L’objectif de leurs activités est de ramener l’humanité à une existence primitive. Cette sorte de vision pessimiste est à la mode, et, dans les discussions publiques elle jouit d’un rôle dominant, sinon exclusif. En conséquence, nous pouvons aussi disséminer le message en refusant d’agir à partir de ces notions illusoires et en leur refusant notre soutien. Nous devrions plutôt nous enhardir pour aller contre le courant dominant et mettre notre confiance dans la connaissance révélatoire et agir à partir d’elle.
Un quatrième exemple. La Révélation nous dit que la démocratie est la forme la plus avancée de gouvernement, et pourtant, en même temps, elle nous met en garde contre les faiblesses et les dangers immédiats de la démocratie. La démocratie est devenue un phénomène si sacro-saint, un tel tabou, qu’il n’est pas politiquement correct de le soumettre à une analyse raisonnée. Les dangers liés à la démocratie incluent, parmi d’autres : la glorification de la médiocrité, le choix d’éminences grises viles et ignorantes, l’ignorance des faits de base de l’évolution sociale, le suffrage universel aux mains de majorités indolentes et sans éducation, l’état d’esclavage par rapport à l’opinion publique, laquelle est devenue un facteur que peu osent affronter, etc… La Révélation souligne la responsabilité de l’individu, la signification de l’individu, et l’importance des choix individuels. Elle nous exhorte à mettre en question, à analyser et si nécessaire à nous confronter à l’opinion publique et à ce qui est considéré comme «politiquement correct». La Révélation nous dit:
Ce monde a été largement régi par des minorités supérieures et bien organisées. LU 81:6.14
La propagation du message, donc, inclut aussi une attitude bien raisonnée envers la démocratie et le courage, si besoin est, de montrer du doigt ses faiblesses et les dangers qui lui sont inhérents. Un disséminateur de vérité ne devrait pas avoir peur d’être dans la minorité.
Cinquième exemple. L’adoration surfaite de la démocratie a aussi obscurci l’importance de la qualité des chefs. La véritable qualité des chefs est d’une importance vitale, mais malheureusement il y a moins de un pour cent de la population mondiale qui soit capable d’être vraiment des chefs.
La qualité des chefs est vitale pour le progrès. La sagesse, la perspicacité et la prévoyance sont indispensables aux nations pour durer. La civilisation n’est jamais réellement en péril tant que les chefs capables ne commencent pas à disparaître. Le nombre de ces chefs sages n’a jamais dépassé un pour cent de la population. LU 81:6.42
Un autre enseignement de la révélation proclame:
La plupart des grandes époques religieuses ont été inangurées par la vie et les enseignements d’une personnalité sortant de l’ordinaire. La majorité des mouvements moraux historiques dignes d’être mentionnés a eu son origine dans les directives d’un chef. Les hommes ont toujours eu tendance à vénérer ce chef, même aux dépens de ses enseignements, à révérer sa personnalité, même en perdant de vue les vérités qu’il proclamait. Cela n’est pas sans raison; le coeur de l’bomme évolutionnaire contient le désir instinctif de recevoir de l’aide d’en baut et de l’au-delà. Cet ardent désir est destiné à anticiper l’apparition sur la Terre du Prince Planétaire et des Fils Matériels ultérieurs. LU 92:5.5
Il est politiquement correct de mettre en question l’importance des chefs, parce que cette importance des chefs est perçue, à tort, comme quelque chose qui s’oppose à la démocratie. Cependant, la Révélation nous enseigne, dans les termes de Jésus:
« Dans mon univers, comme dans l’univers des univers de mon Père, nos fils-frères sont traités en tant qu’individus dans tous leurs rapports spirituels, mais, dans tous les rapports collectifs, nous établissons invariablement une fonction précise de commandement. Notre royaume est un domaine ordonné et, quand deux ou plusieurs créatures volitives agissent en coopération, l’autorité d’un chef est toujours prévue. » LU 181:2.16
En conséquence, nous pouvons aussi propager le message en refusant d’agir à partir de ces notions illusoires concernant la démocratie et en leur refusant notre soutien. Nous devrions plutôt nous enhardir pour aller contre le courant dominant et mettre notre confiance dans la connaissance révélatoire et agir à partir d’elle.
L’efficacité de la propagation du message dépend de la spiritualité de l’individu qui le propage, de sa foi et de sa force de persuasion, mais elle dépend aussi à part égale de l’attitude de la cible qui est l’objet de l’effort de propagande. Certaines personnes sont conformistes: elles se soumettent volontiers à la domination de la tradition et de l’autorité. Une grande partie même de ceux qui se considèrent comme religieux appartient à cet ordre de gens. De même, une grande partie de ceux qui ne se considèrent pas comme religieux appartient à cette même catégorie. Ces gens obéissent servilement aux traditions, ils ne mettent en question presque rien, leurs sombres idées ont été entièrement empruntées à d’autres personnes et adoptées.
De même, certaines personnes se satisfont d’accomplissements modestes, qui leur permettent tout juste d’équilibrer leur vie quotidienne. Très tôt, elles cessent de réfléchir aux grandes questions de la vie et ne progressent pas au delà de ce niveau d’accomplissements modestes. Leur relation avec Dieu est presque au point mort. elles croient que les choses vont d’elles-mêmes et que la lutte et l’effort ne sont pas nécessaires. Le nombre de ceux qui entrent dans cette catégorie est élevé.
Puis, il y a aussi ceux qui pensent et réfléchissent et parviennent jusqu’au niveau d’un intellectualisme logique. Ils ne progressent cependant pas plus, parce qu’ils n’osent pas franchir le pas de la foi, faire le saut de la croyance. Ils sont prisonniers de leur cadre culturel et de leur réseau social. La porte de la prison est ouverte, mais ils n’osent pas s’en aller. Ceux qui travaillent dans le domaine de la science ou de la culture sont bien représentés dans cette catégorie.
A l’intérieur de ces trois catégories on ne peut pas dire que la foi soit particulièrement vive. Ces personnes ont tendance à être fanatiques, à persécuter les dissidents et à être intolérantes. La foi vivante ne favorise ni la bigoterie, ni la persécution ni l’intolérance. LU 101:8.3
Finalement, la quatrième catégorie est faite de ceux qui se sont libérés de tous les obstacles du conventionnalisme et du traditionalisme et ont rassemblé assez de courage pour penser, agir et vivre honnêtement, loyalement et sincèrement. (LU 101:7.4). Ceux qui appartiennent à ce groupe s’intéressent moins à une croyance intellectuelle spécifique ou à un mode de vie particulier qu’à discerner la vérité de la vie, la bonne et juste technique pour réagir aux situations toujours récurrentes de l’existence humaine. (LU 101:9.5)
La Révélation présente aussi une autre façon, quelque peu différente, de classer ceux qui se disent croyants. Dans cette catégorisation les croyants sont classés en conformistes indolents ou fuyants, en romantiques sentimentaux et finalement en activistes. (LU 102:2.7-9).
Les conformistes indolents : Il n’y a pas de véritable religion sans une personnalité très active : c’est pourquoi les bommes les plus indolents cherchent souvent à échapper aux rigueurs des activités vraiment religieuses en se dupant ingénieusement eux-mêmes, en se retirant dans le faux abri de doctrines et de dogmes religieux stéréotypés… La cristallisation intellectuelle de concepts religieux équivaut à la mort spirituelle. LU 102:2.7
*Les fuyants et les sentimentaux romantiques : Par ailleurs, d’autres types d’ames instables et peu disciplinées cherchent à employer les idées sentimentales de la religion pour échapper aux exigences irritantes de la vie. Quand certains mortels vacillants et timides cherchent à échapper à la pression incessante de la vie évolutionnaire, la religion telle qu’ils la conçoivent semble leur offrir le refuge le plus proche, la meilleure échappatoire. Mais la mission de la religion consiste à préparer l’homme à faire face courageusement, et même hérö̈quement, aux vicissitudes de la vie… Cependant, le mysticisme est souvent empreint d’une tendance à se retirer de la vie ; il est embrassé par les humains qui n’apprécient pas les activités plus rudes d’une vie religieuse vécue dans les arènes ouvertes de la société et du commerce avec les hommes. La vraie religion se doit d’agir… La religion ne se satisfera jamais de pensées velléitaires, ni de sentiments passifs. LU 102:2.8
Les activistes : Mais la vraie religion est vivante…Dans la vie expérientielle, pour marcher de pair avec les exigences harcelantes et les besoins pressants d’une expérience religieuse grandissante, il faut une incessante activité dans la croissance spirituelle, l’expansion intellectuelle, le développement factuel et le service social. LU 102:2.7
Pour un disséminateur qui aborde les gens avec un message révélatoire la situation n’est désespérée par rapport à aucune des catégories précédentes. En tant que cibles, les personnes des trois premiers groupes sont, bien sûr, plus difficile à toucher que les autres, mais la Révélation a bien et bien des potentiels de pénétration ,y compris des cœurs les plus durs, à condition d’être présentés avec sagesse. Il y a cependant une exception, en ce qui concerne ceux qui sont spirituellement morts. La cinquième révélation d’époque nous informe que: La cristallisation intellectuelle de concepts religieux équivaut à la mort spirituelle. LU 102:2.7
Indépendamment des influences suprahumaines mentionnées ci-dessus ,il existe un certain nombre de traits et de capacités dans l’homme lui-même qui l’aident à reconnaitre la vérité et à accepter le message.
La dotation de sensibilité à la réalité. La Révélation nous montre que l’homme est doté d’un pouvoir de reconnaissance de la réalité, d’un portrait véridique de ce qui existe :
Toutes les divisions de la pensée humaine sont basées sur certaines hypothèses qui, malgré l’absence de preuves, sont acceptées par la sensibilité à la réalité, inbérente aux facultés mentales humaines. LU 103:7.11
Le désir de savoir. La Révélation nous fait savoir que la curiosité humaine a un but:
La curiosité — l’esprit d’investigation, le besoin de découvrir, l’impulsion de l’exploration-font partie des dons innés et divins des créatures évolutionnaires de l’espace. Ces impulsions naturelles ne vous ont pas été données simplement pour être frustrées et refoulées. LU 14:5.11
La soif de perfection. Il y a en l’homme une soif de perfection et ce fait a, bien sûr, un impact sur la dissémination du message:
Il faut que le coeur de l’bomme soit avide de perfection pour lui assurer la capacité de comprendre les sentiers de la foi menant à l’aboutissement suprême. LU 102:1.1
L’intense désir de survivre. L’homme a un désir inné de survivre et cela constitue le fondement de sa foi.
La meilleure preuve de la réalité et de l’efficacité de la religion consiste dans le fait de l’expérience humaine. Voici des hommes naturellement craintifs et soupconneux, doués par naissance d’un fort instinct de conservation et ardemment désireux de survivre à la mort; ils acceptent pleinement de confier les plus profonds intérêts de leur présent et de leur avenir à la garde et à la direction du pouvoir et de la personne que leur foi appelle Dieu. Telle est l’unique vérité centrale de toute religion. LU 102:8.1
Les tendances religieuses sont innées. Il n’est pas nécessaire de créer des tendances religieuses chez un être humain car c’est une inclination naturelle:
Les tendances religieuses des races humaines sont innées ; elles se manifestent universellement et ont une origine apparemment naturelle LU 103:0.2
Du fait que la religion traite de la spiritualité, de la relation personnelle avec Dieu, il n’y a pas de langage au niveau du mental qui puisse discuter de cette valeur de manière adéquate. C’est là un aspect qu’il faut prendre en compte lorsque l’on s’engage dans la propagation du message. La cinquième révélation d’époque décrit ce paradoxe en ces termes:
Les spéculations religieuses sont inévitables, mais toujours nuisibles. La spéculation dénature invariablement son objet. La spéculation tend à faire passer la religion pour quelque chose de matériel ou d’humaniste, et ainsi, interférant alors directement avec la clarté de la pensée logique, elle fait indirectement apparaître la religion comme une fonction du monde temporel, le monde même avec lequel elle devrait éternellement former contraste. La religion sera donc toujours caractérisée par des paradoxes, les paradoxes résultant de l’absence de la connexion expérientielle entre les niveaux matériels et spirituels de l’univers de la mota morontielle, la sensibilité supraphilosophique permettant de discerner la vérité et de percevoir l’unité. LU 102:3.2
Le message à diffuser est une révélation – la cinquième révélation d’époque et la reformulation de la quatrième révélation d’époque – imprimée dans un livre, Le Livre d’Urantia. Il convient donc d’étudier de quelle manière la révélation se caractérise.
. . . La révélation (le substitut de la mota morontielle) conduit à la conscience de la vraie réalité. . . LU 102:3.5
La révélation affranchit les hommes et les lance dans l’aventure éternelle. LU 102:3.6
. . . la révélation glorifie l’homme et révèle sa capacité d’association avec Dieu. LU 102:3.7
. . . la révélation dépeint la fraternité éternelle, le Corps Paradisiaque de la Finalité. LU 102:3.8
. . . la révélation est l’assurance de la survie de la personnalité. LU 102:3.9
La science montre la Déité comme un fait ; la philosophie présente l’idée d’un Absolu ; la religion envisage Dieu comme une personnalité spirituelle aimante. La révélation affirme qu’il y a unité entre le fait de la Déité, l’idée de l’Absolu et la personnalité spirituelle de Dieu ; de plus, elle présente ce concept comme étant notre Père — le fait universel de l’existence, l’idée éternelle du mental et l’esprit infini de la vie. LU 102:3.11
. . la révélation tend à faire ressembler l’homme à Dieu. LU 102:3.14
La révélation unifie l’histoire, coordonne la géologie, l’astronomie, la physique, la chimie, la biologie, la sociologie et la psychologie. LU 102:4.6
Jésus a instruit ses apôtres de bien des manières. En ce qui concerne la dissémination de son message il a dit entre autres :
« Lorsque vous entrez. dans le royaume, vous êtes nés à nouveau. Vous ne pouvez. enseigner les choses profondes de l’esprit à ceux qui sont seulement nés de la chair. Veillez d’abord à ce que les hommes soient nés de l’esprit avant de chercher à les instruire dans les voies avancées de l’esprit. N’entreprenezpas de leur montrer les beautés du temple avant de les avoir d’abord fait entrer dans le temple. Amenez les hommes à la connaissance de Dieu, et ce, en tant que fils de Dieu, avant de discourir sur les doctrines de la paternité de Dieu et de la filiation des hommes. » LU 141:6.4
Cette nuit-là, Jésus parla aux apôtres de la vie nouvelle dans le royaume. Il a dit en partie :
« Ne luttez pas avec les hommes - soyez toujours patients. Il ne s’agit pas de votre royaume, vous n’en êtes que des ambassadeurs. » LU 141:6.4
« …combien de fois t’ai-je recommandé de t’abstenir de tout effort pour retirer quelque chose du coeur de ceux qui cherchent le salut? Combien souvent je t’ai dit de ne travailler que pour faire pénétrer quelque chose dans ces âmes assoiffées. Conduis les hommes dans le royaume, et ensuite les grandes vérités vivantes du royaume ne tarderont pas à éliminer toute erreur sérieuse. Une fois que tu as annoncé à un mortel la bonne nouvelle que Dieu est son Père, tu peux d’autant plus facilement le persuader qu’il est en réalité un fils de Dieu. Ayant fait cela, tu as apporté la lumière du salut à un être plongé dans les ténèbres. Simon, la première fois que le Fils de l’Homme est venu vers toi, a-t-il condamné Moїse et les prophètes pour proclamer une nouvelle et meilleure manière de vivre? Non. Je ne suis pas venu pour enlever ce que vous tenez de vos ancêtres, mais pour vous montrer la vision complète de ce que vos pères n’ont vu qu’en partie. » LU 141:6.2
En ce qui concerne les méthodes d’enseignement de Jésus on nous donne, à tout le moins, les aspects suivants:
Et voici comment il les instruisit. Il ne s’attaqua pas une seule fois à leurs erreurs et ne mentionna même jamais les défauts de leurs enseignements. Dans chaque cas, il choisissait la part de vérité dans leurs leçons, et ensuite il entreprenait d’embellir et d’éclairer cette vérité dans leur mental de telle sorte qu’en très peu de temps, ce rehaussement de la vérité chassait efficacement l’erreur antérieure. LU 132:0.4
Dans tout son enseignement, Jésus éliminait infailliblement les détails susceptibles de détourner l’attention. Il évitait le langage fleuri et les simples images poétiques d’un jeu de mots. Il introduisait généralement de grandes significations dans de petites expressions. Pour illustrer sa pensée, Jésus renversa la signification courante attribuée à bien des mots tels que sel, levain, pêche et petits enfants. Il employait fort efficacement l’antithèse en comparant le minuscule à l’infini, et ainsi de suite. Ses expressions telles que «les aveugles conduisant les aveugles » étaient frappantes. Mais la plus grande force de son enseignement imagé était son naturel. Jésus fit descendre du ciel sur terre la philosophie de la religion. Il décrivait les besoins élémentaires de l’àme avec une nouvelle perspicacité et une nouvelle effusion d’amour. LU 159:5.17
Le disséminateur du message agira, certes, de manière sage s’il s’efforce d’être fidèle à la méthode d’enseignement de Jésus, méthode qui, en bien des manières, est très différente de celle de l’enseignement humain.
Si la vie des individus subit de profonds changements cela entrainera aussi de profonds changements dans leurs actions. De nos jours il est encore difficile de discerner des changements qui seraient dûs à des efforts conscients d’une amélioration du monde fondée sur les enseignements du Livre d’Urantia. Nous ne devons pas nous en inquiéter, encore moins nous sentir coupables, car les révélateurs euxmêmes nous ont indiqué que la Révélation nous était donnée longtemps avant qu’elle puisse avoir un impact mondial. Au bout du compte, tout dépend de l’évolution. Et l’évolution est lente mais terriblement efficace.
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