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« Beaucoup de rites du temple avaient frappé d’une manière touchante son sens de la beauté et du symbole, mais il était toujours déçu par les explications du sens réel des cérémonies que ses parents lui offraient en réponse à ses multiples et pénétrantes questions. Jésus refusait absolument d’accepter les éclaircissements sur le culte de la dévotion religieuse quand ils impliquaient une croyance au courroux de Dieu ou à la colère du Tout-Puissant. Dans une nouvelle discussion de ces questions, après la fin de la visite au temple, alors que son père insistait avec douceur pour qu’il acceptât les croyances orthodoxes des Juifs, Jésus se retourna soudainement vers ses parents, regarda son père dans les yeux, d’une manière suppliante, et dit : « Mon père, cela ne peut pas être vrai — le Père qui est aux cieux ne peut pas regarder ainsi ses enfants égarés sur terre — le Père Céleste ne peut aimer ses enfants moins que tu ne m’aimes. Si malavisés que soient mes actes, je sais bien que jamais tu ne pourrais déverser sur moi ta colère ni donner libre cours à ton courroux. Si toi, mon père terrestre, tu reflètes le Divin si humainement, combien plus le Père céleste doit-il être rempli de bonté et déborder de miséricorde. Je refuse de croire que mon Père céleste m’aime moins que mon père terrestre. » » LU 125:0.6
« Cinq familles de Nazareth furent invitées par la famille de Simon de Béthanie pour la célébration de la Pâque ou s’y associèrent, Simon ayant acheté l’agneau pascal pour toute la compagnie. C’était le massacre en si grand nombre de ces agneaux qui avait tellement affecté Jésus pendant sa visite au temple. Le projet avait été de manger la Pâque avec la famille de Marie, mais Jésus persuada ses parents d’accepter l’invitation à se rendre à Béthanie. »
« Cette nuit-là, ils se réunirent pour les rites de la Pâque, mangeant la viande rôtie avec du pain sans levain et des herbes amères. Jésus étant un nouveau fils de l’alliance, on lui demanda de raconter les origines de la Pâque, ce qu’il fit très bien, mais il déconcerta quelque peu ses parents en y incluant de nombreuses remarques reflétant avec modération les impressions qu’avaient faites sur son mental jeune, mais réfléchi, les choses qu’il avait si récemment vues et entendues. Ce fut le commencement des sept jours de cérémonies de la fête pascale. » LU 125:2.1-2
« Avant la fin du jour, toute l’attention du principal groupe des débats du temple s’était concentrée sur les interrogations de Jésus. Voici quelques-unes de ses nombreuses questions : »
« 1. Qu’y a-t-il réellement dans le Saint des Saints derrière le voile ? »
« 2. Pourquoi, en Israël, les mères doivent-elles être séparées des fidèles masculins au temple ? »
« 3. Si Dieu est un père qui aime ses enfants, pourquoi tous ces massacres d’animaux pour gagner la faveur divine — l’enseignement de Moïse a-t-il été mal compris ? »
« 4. Puisque le temple est consacré à l’adoration du Père céleste, est-il logique d’y tolérer la présence de ceux qui exercent un métier profane de troc ou de commerce ? »
« 5. Le Messie attendu sera-t-il un prince temporel siégeant sur le trône de David, ou agira-t-il comme la lumière de vie dans l’établissement d’un royaume spirituel ? » LU 125:5.2-7
« Le garçon se montra à la hauteur des circonstances. Si l’on prend équitablement en considération tous les facteurs qui se conjuguèrent pour provoquer cette situation, on pourra mieux sonder la sagesse de la réponse qu’il fit à la réprimande involontaire de sa mère. Après un moment de réflexion, Jésus lui dit : « Pourquoi m’avez-vous cherché si longtemps ? Ne vous attendiez-vous pas à me trouver dans la maison de mon Père, puisque l’heure est venue pour moi de m’occuper des affaires de mon Père ? » » LU 125:6.7 (Luc 2:49)
« En arrivant à la maison, Jésus fit une brève déclaration à ses parents, les assurant de son affection et leur laissant entendre qu’ils n’auraient plus jamais à craindre que sa conduite ne leur donnât des occasions d’anxiété. Il conclut cette déclaration capitale en disant : « Bien que je doive faire la volonté de mon Père céleste, j’obéirai aussi à mon père terrestre. J’attendrai mon heure. » » LU 125:6.11
« Marie fit de son mieux pour l’inciter à s’enrôler, mais elle ne put le faire céder le moins du monde. Elle alla jusqu’à lui signifier que son refus d’épouser la cause nationaliste, comme elle le lui ordonnait, était de l’insubordination, une violation de sa promesse faite à leur retour de Jérusalem d’être soumis à ses parents. En réponse à cette insinuation, Jésus posa seulement sur son épaule une main bienveillante, la regarda en face et lui dit : « Ma mère, comment peux-tu ? » Et Marie se rétracta. » LU 127:2.3
« Il félicita sa mère et l’ainé de ses frères de vouloir bien le libérer, mais répéta que la fidélité à la mémoire de son père lui interdisait de quitter sa famille, quelles que soient les sommes reçues pour sa vie matérielle. À cette occasion, il exprima son inoubliable axiome que « l’argent ne peut aimer. » Au cours de cette allocution, Jésus fit plusieurs allusions voilées à la « mission de sa vie ». Il expliqua que, indépendamment du fait qu’elle fût compatible ou non avec le militarisme, il y avait renoncé ainsi qu’à tout le reste pour pouvoir remplir fidèlement son devoir envers les siens. Chacun à Nazareth savait qu’il était un bon père de famille, et c’était une chose qui touchait de si près le cœur de tout Juif bien né que le plaidoyer de Jésus trouva une réponse favorable dans le cœur de beaucoup de ses auditeurs. Certains autres, qui n’étaient pas dans les mêmes dispositions, furent désarmés par une harangue prononcée par Jacques à ce moment-là, bien qu’elle ne figurât pas dans le programme. Le jour même, le chazan avait fait répéter à Jacques son allocution, mais ça, c’était leur secret. » LU 127:2.8
« « Pendant quatre ans, leur niveau de vie avait constamment décliné. D’année en année, ils se sentaient plus tenaillés par la pauvreté. Vers la fin de cette année, ils eurent à affronter une des épreuves les plus pénibles de leurs luttes ardues. Jacques n’avait pas encore commencé à bien gagner, et la dépense d’un enterrement s’ajoutant au reste les consterna. Mais Jésus se borna à dire à sa mère anxieuse et affligée : « Mère Marie, le chagrin ne nous aidera pas ; nous faisons tous de notre mieux, et le sourire de maman pourrait même nous inciter à faire encore mieux. Jour après jour, nous sommes fortifiés dans ces tâches par notre espoir d’avoir devant nous des jours meilleurs. » Son solide et pratique optimisme était vraiment contagieux ; tous les enfants vivaient dans une ambiance où l’on escomptait des choses et des temps meilleurs. Et ce courage plein d’espoir contribua puissamment à développer chez eux de nobles et puissants caractères, malgré leur pauvreté déprimante. » LU 127:3.14
« Dès le début de cette année, Jésus avait complètement gagné sa mère à ses méthodes d’éducation pour les enfants — l’injonction positive de bien faire au lieu de l’ancienne méthode juive interdisant de mal faire. Chez lui et durant sa carrière d’enseignement public, Jésus se servit invariablement de la forme positive d’exhortation. Toujours et partout, il disait : « Vous ferez ceci, vous devriez faire cela. » Jamais il n’employait le mode négatif d’enseignement dérivé des anciens tabous. Il s’abstenait de donner de l’importance au mal en l’interdisant, tandis qu’il prônait le bien en ordonnant de l’accomplir. Dans ce foyer, le moment de la prière était l’occasion de discuter de tout ce qui concernait le bienêtre de la famille. » LU 127:4.2
« Jésus écouta attentivement et avec sympathie tout ce récit, d’abord par le père de Rébecca, puis par Rébecca elle-même. Il répondit avec bonté qu’aucune somme d’argent ne pouvait remplacer son obligation personnelle d’élever la famille de son père, de « remplir le plus sacré de tous les devoirs humains — la fidélité à sa propre chair et à son propre sang ». Le père de Rébecca fut profondément touché par les paroles de dévotion familiale de Jésus et se retira de l’entretien. Son unique remarque à sa femme Marie fut : « Nous ne pouvons l’avoir pour fils ; il est trop noble pour nous. » »
« Alors commença l’entretien mémorable avec Rébecca. Jusque-là, Jésus avait fait peu de distinction dans ses relations avec garçons et filles, avec jeunes hommes et jeunes femmes. Son mental avait été trop entièrement absorbé par les problèmes pressants des affaires pratiques de ce monde et trop intrigué par la considération de sa carrière éventuelle « concernant les affaires de son Père » pour avoir jamais envisagé sérieusement la consommation de l’amour personnel dans le mariage humain. Mais, à présent, il se trouvait en face d’un autre problème que chaque mortel ordinaire doit affronter et résoudre. Vraiment il fut « éprouvé de toutes les manières comme vous l’êtes vous-mêmes ». »
« Après avoir écouté attentivement, il remercia sincèrement Rébecca pour l’admiration qu’elle lui exprimait et ajouta : « Cela m’encouragera et me réconfortera tous les jours de ma vie. » Il expliqua qu’il n’était pas libre d’avoir, avec une femme, d’autres relations que celle de simple considération fraternelle et de pure amitié. Il précisa que son premier et plus important devoir était d’élever la famille de son père, qu’il ne pouvait envisager de mariage avant que cela fût accompli ; et alors il ajouta : « Si je suis un fils de la destinée, je ne dois pas assumer d’obligations pour la durée de la vie avant que ma destinée soit rendue manifeste. » » LU 127:5.3-5
« Au cours de cette visite, eut lieu l’une des manifestations périodiques de révolte de Jésus contre la tradition — l’expression d’un ressentiment contre les pratiques cérémonielles qu’il considérait comme donnant une fausse idée de son Père céleste. Ignorant que Jésus allait venir, Lazare s’était arrangé pour célébrer la Pâque avec des amis dans un village voisin, plus bas sur la route de Jéricho. Voici que maintenant Jésus proposait de célébrer la fête là où ils étaient, dans la maison de Lazare. « Mais, dit Lazare, nous n’avons pas d’agneau pascal ». C’est alors que Jésus entama une dissertation prolongée et convaincante pour montrer que le Père céleste ne s’intéressait pas véritablement à ces rituels enfantins et vides de sens. Après une prière fervente et solennelle, ils se levèrent et Jésus dit : « Laissez les gens de mon peuple au mental puéril et ignorant servir leur Dieu conformément aux ordres de Moïse ; il vaut mieux qu’ils le fassent, mais nous, qui avons vu la lumière de la vie, cessons d’approcher notre Père par les ténèbres de la mort. Soyons libres, instruits de la vérité de l’amour éternel de notre Père. » » LU 127:6.6
« Ce fut durant cette année que Marie eut une longue conversation avec Jésus au sujet du mariage. Elle lui demanda franchement s’il se marierait au cas où il serait dégagé de ses responsabilités familiales. Jésus lui expliqua que le devoir immédiat lui interdisait le mariage, et qu’il y avait donc peu pensé. Il s’exprima comme s’il doutait qu’il dût jamais entrer dans les liens du mariage ; il dit que toutes ces choses devaient attendre « mon heure », le moment où « le travail de mon Père devra commencer ». Ayant déjà mentalement décidé qu’il ne devait pas engendrer d’enfants charnels, il se préoccupait très peu de la question du mariage humain. » LU 127:6.8
« Joseph posa à Jésus de multiples questions tendancieuses concernant la mission de sa vie, mais, à la plupart d’entre elles, Jésus se borna à répondre : « Mon heure n’est pas encore venue ». Au cours de ces entretiens intimes, Jésus laissa cependant échapper beaucoup de paroles dont Joseph se souvint pendant les évènements émouvants des années suivantes. Accompagné de Joseph, Jésus passa la Pâque avec ses trois amis de Béthanie, selon son habitude quand il était à Jérusalem pour assister à ces fêtes commémoratives. » LU 128:1.15
« Jésus écouta tout ce qu’ils avaient à dire et les remercia de leur confiance, et, en déclinant leur offre d’aller à Alexandrie, il leur dit en substance : « Mon heure n’est pas encore venue. » Ils furent confondus par son apparente indifférence à l’honneur qu’ils avaient pensé lui conférer. Avant de prendre congé de Jésus, ils lui offrirent une bourse comme marque d’estime de ses amis d’Alexandrie et comme compensation pour le temps et les dépenses de sa venue à Césarée pour conférer avec eux. Mais il refusa également l’argent en disant : « La maison de Joseph n’a jamais reçu l’aumône, et nous ne pouvons manger le pain d’autrui tant que j’ai de bons bras et que mes frères peuvent travailler. » » LU 128:5.4
« Jésus était un homme de paix et, de temps en temps, il était très embarrassé par les exploits belliqueux et les nombreux éclats patriotiques de Jude. Jacques et Joseph étaient d’avis de le mettre à la porte, mais Jésus ne voulut pas y consentir. Quand leur patience avait été rudement mise à l’épreuve, Jésus se bornait à conseiller : « Soyez patients, soyez sages dans vos conseils et éloquents dans votre vie, pour que votre jeune frère puisse d’abord connaitre le meilleur chemin et ensuite être contraint de vous y suivre. » Le conseil sage et affectueux de Jésus évita une rupture familiale. Ils restèrent unis, mais Jude ne fut ramené à la raison qu’après son mariage. » LU 128:7.4
« Marie parlait rarement de la future mission de Jésus. Chaque fois que l’on faisait allusion à ce sujet, Jésus répondait seulement : « Mon heure n’est pas encore venue. » Jésus avait presque achevé la tâche difficile de sevrer sa famille pour qu’elle ne dépende plus de la présence immédiate de sa personnalité. Il se préparait rapidement au jour où il pourrait logiquement quitter la maison de Nazareth et commencer le prélude plus actif de son véritable ministère auprès des hommes. » LU 128:7.5
« Le lendemain de ce double mariage, Jésus eut un entretien important avec Jacques. Il lui raconta en confidence qu’il se préparait à quitter la maison. Il fit don à Jacques de la pleine propriété de l’atelier de réparations. Il abdiqua officiellement et solennellement sa position de chef de la famille de Joseph, et il établit, de la manière la plus touchante, son frère Jacques comme « chef et protecteur de la maison de mon père ». Il rédigea un accord secret avec Jacques, qu’ils signèrent tous les deux et dans lequel il était stipulé qu’en compensation du don de l’atelier de réparations, Jacques assumerait désormais l’entière responsabilité financière de la famille et déchargerait ainsi Jésus de toute obligation ultérieure en ces matières. Après avoir signé le contrat et arrangé le budget de telle sorte que la famille puisse réellement faire face à ses dépenses sans aucune contribution de Jésus, ce dernier dit à Jacques : « Mon fils, je continuerai cependant à t’envoyer quelque chose chaque mois jusqu’à ce que mon heure soit venue, mais tu emploieras ce que je t’enverrai selon les nécessités du moment. Dépense mes fonds pour les besoins ou les plaisirs de la famille comme tu le jugeras bon. Utilise-les en cas de maladie ou pour faire face aux incidents imprévus qui pourraient survenir à un membre quelconque de la famille. » » LU 128:7.13
« Tous trois prirent plaisir à cette très agréable traversée jusqu’à Alexandrie. Ganid était ravi du voyage et accablait Jésus de questions. À l’approche du port de la ville, le jeune homme fut très excité par le grand phare de Pharos situé sur l’ile qu’Alexandre avait réunie à la terre ferme par une jetée, créant ainsi deux magnifiques rades qui firent d’Alexandrie le carrefour commercial maritime de l’Afrique, de l’Asie et de l’Europe. Ce grand phare était l’une des sept merveilles du monde et le précurseur de tous les phares ultérieurs. Les voyageurs se levèrent de bon matin pour regarder ce splendide dispositif de sauvegarde des hommes. Au milieu des exclamations de Ganid, Jésus dit : « Et toi, mon fils, tu ressembleras à ce phare quand tu retourneras aux Indes, alors même que ton père reposera dans la tombe. Tu deviendras comme la lumière de la vie pour ceux qui vivent autour de toi dans les ténèbres, montrant à tous ceux qui le désirent le chemin pour atteindre en sécurité le havre du salut. » Ganid serra la main de Jésus et lui dit : « Je le ferai. » » LU 130:3.2
« À ce moment-là, Ganid commençait à apprendre comment son précepteur occupait ses loisirs à ce ministère personnel inhabituel auprès de ses semblables, et le jeune Indien entreprit de découvrir le mobile de ces activités incessantes. Il demanda : « Pourquoi t’occupes-tu si constamment à rencontrer des étrangers ? » Jésus répondit : « Ganid, nul homme n’est un étranger pour qui connait Dieu. Dans l’expérience de trouver le Père qui est aux cieux, on découvre que tous les hommes sont nos frères, et n’est-il pas naturel que l’on éprouve de la joie à rencontrer un frère récemment découvert ? Lier connaissance avec ses frères et sœurs, connaitre leurs problèmes et apprendre à les aimer, c’est l’expérience suprême de la vie. » »
« Ce fut un entretien qui dura bien avant dans la nuit et au cours duquel le jeune homme demanda à Jésus de lui expliquer la différence entre la volonté de Dieu et l’acte mental humain de faire un choix, que l’on appelle aussi volonté. En substance, Jésus dit : « La volonté de Dieu est la voie de Dieu, et cette voie est une association avec le choix de Dieu devant chaque alternative potentielle. Par conséquent, faire la volonté de Dieu est l’expérience progressive qui consiste à devenir de plus en plus semblable à Dieu, Dieu étant la source et la destinée de tout ce qui est bon, beau et vrai. La volonté de l’homme est la voie de l’homme, la somme et la substance de ce que le mortel choisit d’être et de faire. La volonté est le choix délibéré d’un être conscient qui mène à la conduite décidée et basée sur la réflexion intelligente. » »
« Cet après-midi-là, Jésus et Ganid avaient pris tous deux plaisir à jouer avec un chien de berger très intelligent, et Ganid voulut savoir si le chien avait une âme, s’il avait une volonté. En réponse à ses questions, Jésus dit : « Le chien a un mental qui peut connaitre l’homme matériel, son maitre, mais ne peut connaitre Dieu qui est esprit. Le chien ne possède donc pas une nature spirituelle et ne peut gouter une expérience spirituelle. Le chien peut avoir une volonté dérivée de la nature et accrue par l’entrainement, mais ce pouvoir du mental n’est pas une force spirituelle ; il n’est pas non plus comparable à la volonté humaine, attendu qu’il n’est pas réflexif — il ne résulte pas de ce que le chien a discerné des significations supérieures et morales ou choisi des valeurs spirituelles et éternelles. C’est la possession de tels pouvoirs de discrimination spirituelle et de choix de la vérité qui fait de l’homme mortel un être moral, une créature dotée des attributs de la responsabilité spirituelle et du potentiel de survie éternelle. » Jésus continua en expliquant que c’est l’absence de ces pouvoirs mentaux chez les animaux qui rend impossible pour toujours au monde animal de développer un langage avec le temps, ou d’expérimenter quoi que ce soit d’équivalent à la survie de la personnalité dans l’éternité. À la suite de l’enseignement de cette journée, Ganid ne crut plus jamais à la transmigration des âmes humaines dans les corps d’animaux. » LU 130:2.6-8
« Un jour, l’un des jeunes gens qui taillaient avec Jésus la rame-gouvernail fut captivé par les paroles que ce dernier laissait tomber de temps à autre pendant qu’ils travaillaient sur le chantier. Quand Jésus suggéra que le Père qui est aux cieux s’intéressait au bienêtre de ses enfants sur terre, ce jeune Grec nommé Anaxande dit : « Si les Dieux s’intéressent à moi, alors pourquoi n’enlèvent-ils pas le cruel et injuste contremaitre de ce chantier ? » Il fut stupéfait d’entendre Jésus lui répondre : « Puisque tu connais les voies de la bonté et que tu apprécies la justice, peut-être les Dieux ont-ils rapproché de toi cet homme égaré pour que tu puisses le guider dans cette voie meilleure. Peut-être es-tu le sel qui doit rendre ce frère plus agréable à tous les autres hommes, du moins si tu n’as pas perdu ta saveur. En ce moment, cet homme est ton maitre du fait que ses mauvais procédés t’influencent défavorablement. Pourquoi ne pas affirmer ta maitrise sur le mal par la puissance de la bonté et devenir ainsi le maitre de toutes les relations entre vous deux ? Je prédis que le bien qui est en toi pourrait vaincre le mal qui est en lui, si tu lui donnais une honnête chance de se réaliser. Au cours de notre existence terrestre, nulle aventure n’est plus passionnante que la joie exaltante de devenir, dans la vie matérielle, le partenaire vivant de l’énergie spirituelle et de la vérité divine dans l’une de leurs luttes triomphales contre l’erreur et le mal. C’est une expérience merveilleuse et transformatrice que de devenir le chenal vivant de lumière spirituelle pour les mortels perdus dans les ténèbres spirituelles. Si tu es plus favorisé que cet homme par la vérité, le besoin où il se trouve devrait te mettre au défi. Tu n’es surement pas un lâche capable d’attendre au bord de la mer en regardant périr un compagnon qui ne sait pas nager. Combien l’âme de cet homme se débattant dans l’obscurité a plus de valeur que son corps se noyant dans la mer ! » » LU 130:2.4
« Enfin, ils atteignirent Naples et eurent le sentiment qu’ils n’étaient pas loin de leur destination, Rome. Gonod avait beaucoup d’affaires à traiter à Naples ; en dehors des moments où Jésus était requis comme interprète, Ganid et lui-même employèrent leurs loisirs à visiter et à explorer la ville. Ganid devenait expert à déceler ceux qui paraissaient avoir besoin d’aide. Ils trouvèrent beaucoup de misère dans cette ville et distribuèrent de nombreuses aumônes, mais Ganid ne comprit jamais le sens des paroles de Jésus lorsqu’il le vit donner, dans la rue, une pièce de monnaie à un mendiant et refuser de s’arrêter et de réconforter l’homme. Jésus dit : « Pourquoi parler en pure perte à un individu incapable de percevoir la signification de ce que tu dis ? L’esprit du Père ne peut instruire et sauver quelqu’un d’inapte à la filiation. » Jésus voulait dire que l’homme n’avait pas un mental normal, qu’il lui manquait l’aptitude à répondre aux directives de l’esprit. »
« À Naples, il n’y eut pas d’expérience marquante ; Jésus et le jeune homme parcoururent la ville en tous sens et distribuèrent des encouragements par beaucoup de sourires à des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants. » LU 130:8.4-5
« À Syracuse, ils passèrent une semaine entière. Là, l’évènement marquant de leur séjour fut la réhabilitation d’Ezra, le Juif relaps qui tenait la taverne où Jésus et ses compagnons s’étaient arrêtés. Ezra fut charmé par la façon de voir de Jésus et lui demanda de l’aider à revenir à la foi d’Israël. Il exprima son désespoir en disant : « Je veux être un vrai fils d’Abraham, mais je ne peux trouver Dieu. » Jésus dit : « Si tu veux vraiment trouver Dieu, ce désir est en lui-même la preuve que tu l’as déjà trouvé. Ton problème n’est pas ton incapacité de trouver Dieu, car le Père t’a déjà trouvé ; il provient simplement de ce que tu ne connais pas Dieu. N’as-tu pas lu dans le prophète Jérémie : ‘Tu me chercheras et tu me trouveras quand tu me chercheras de tout ton cœur’ ? Et, encore, le même prophète ne dit-il pas : ‘Je te donnerai un cœur pour me connaitre, car je suis le Seigneur, et tu appartiendras à mon peuple, et je serai ton Dieu’ ? Et n’as-tu pas aussi lu le passage des Écritures où il est dit : ‘Il abaisse son regard sur les hommes, et, si quelqu’un d’entre eux venait à dire : J’ai péché et perverti ce qui était bon, et cela ne m’a pas profité, alors Dieu délivrera des ténèbres l’âme de cet homme, et il verra la lumière’ ? » Alors, Ezra trouva Dieu, et son âme fut satisfaite. Plus tard, en association avec un riche prosélyte grec, ce Juif bâtit la première église chrétienne à Syracuse. » LU 130:8.2 (Jer 29:13; Jér 24:7)
« Ils ne s’arrêtèrent qu’un jour à Messine, mais ce fut assez pour changer la vie d’un jeune garçon, un vendeur de fruits ; Jésus lui acheta des fruits et, en retour, le nourrit avec le pain de vie. Le garçon n’oublia jamais les paroles et la bonté du regard qui les accompagnait quand Jésus posa sa main sur son épaule et dit : « Adieu, mon garçon, aie bon courage pendant que tu grandis jusqu’à l’âge d’homme ; après avoir nourri le corps, apprends également à nourrir l’âme. Mon Père céleste sera avec toi et marchera devant toi. » Le garçon devint un adepte de la religion mithriaque et, plus tard, se convertit à la foi chrétienne. » LU 130:8.3
« Ce fut avec Angamon, chef des stoïciens, que Jésus eut un entretien durant toute une nuit au début de son séjour à Rome. Cet homme devint plus tard un grand ami de Paul et se révéla un des puissants soutiens de l’Église chrétienne à Rome. Voici en substance, et transcrit en langage moderne, ce que Jésus enseigna à Angamon : »
« Le critère des vraies valeurs doit être recherché dans le monde spirituel et sur les niveaux divins de réalité éternelle. Pour un mortel ascendant, tous les critères matériels et de bas niveaux doivent être considérés comme transitoires, partiels et inférieurs. Le scientifique, en tant que tel, est limité à la découverte du rapport des faits matériels entre eux. Techniquement, il n’a pas le droit d’affirmer qu’il est matérialiste, ou idéaliste, car en le faisant il abandonnerait le comportement du vrai scientifique ; en effet, toutes ces prises de position sont l’essence même de la philosophie. »
« À moins que le discernement moral et le niveau spirituel de l’humanité ne soient accrus en proportion, le progrès illimité d’une culture purement matérialiste peut finir par devenir une menace pour la civilisation. Une science purement matérialiste recèle en elle-même le germe potentiel de destruction de tout effort scientifique, car un pareil comportement laisse présager l’effondrement ultime d’une civilisation qui a abandonné son sens des valeurs morales et répudié son but spirituel de réalisation. »
« Les scientifiques matérialistes et les idéalistes extrémistes sont destinés à être toujours en conflit, mais ce n’est pas le cas pour les scientifiques et les idéalistes qui utilisent les mêmes normes d’appréciation en ce qui concerne les hautes valeurs morales et les niveaux d’épreuve spirituelle. À toutes les époques, les scientifiques et les religionistes doivent reconnaitre qu’ils passent en jugement devant le tribunal des besoins de l’humanité. Ils doivent s’abstenir de guerroyer entre eux, tout en s’efforçant vaillamment de justifier leur survivance par une dévotion accrue au service du progrès humain. Si la prétendue science ou la prétendue religion d’un âge sont fausses, il faut qu’elles purifient leurs activités ou alors qu’elles disparaissent devant l’émergence d’une science matérielle ou d’une religion spirituelle d’un ordre plus véridique et plus méritoire. » LU 132:1.1-4
« Marchant le long du Tibre avec un soldat romain, il dit : « Que ton cœur soit aussi courageux que ton bras. Ose faire justice et sois de taille à te montrer miséricordieux. Oblige ta nature inférieure à obéir à ta nature supérieure, comme toi tu obéis à tes supérieurs. Révère la bonté et exalte la vérité. Choisis le beau à la place du laid. Aime ton prochain et recherche Dieu de tout ton cœur, car Dieu est ton Père dans les cieux. » » LU 132:4.6
« À l’orateur du forum, Jésus dit : « Ton éloquence est plaisante, ta logique est admirable, ta voix est agréable, mais ton enseignement n’est guère conforme à la vérité. Si seulement tu pouvais jouir de la satisfaction inspirante de connaitre Dieu comme ton Père spirituel, alors tu pourrais employer ta puissance d’élocution à libérer tes semblables de la servitude des ténèbres et de l’esclavage de l’ignorance. » Cet homme appelé Marcus fut celui qui entendit plus tard Pierre prêcher à Rome et devint son successeur. Lors de la crucifixion de Simon Pierre, ce fut lui qui défia les persécuteurs romains et continua audacieusement à prêcher le nouvel évangile. » LU 132:4.7
« Rencontrant un pauvre homme qui avait été accusé à tort, Jésus l’accompagna devant le magistrat et reçut l’autorisation spéciale de comparaitre en son lieu et place. Il fit alors le superbe discours dans lequel il dit : « La justice assure la grandeur d’une nation, et plus une nation est grande, plus elle doit être soucieuse que l’injustice n’atteigne pas même son plus humble citoyen. Malheur à une nation où seuls ceux qui possèdent de l’argent et de l’influence peuvent obtenir promptement justice devant les tribunaux ! Un magistrat a le devoir sacré d’acquitter l’innocent aussi bien que de punir le coupable. La survie d’une nation dépend de l’impartialité, de l’équité et de l’intégrité de ses tribunaux. Le gouvernement civil est fondé sur la justice, de même que la vraie religion est basée sur la miséricorde. » Le juge reconsidéra le cas et, après passage au crible des témoignages, il libéra le prévenu. Parmi toutes les activités de Jésus au cours de cette époque de ministère personnel, cet incident fut celui où il fut le plus près d’intervenir publiquement. » LU 132:4.8
« Jésus, Gonod et Ganid firent cinq voyages en partant de Rome vers des points intéressants du territoire environnant. Au cours de leur visite de la région des lacs italiens du Nord, Jésus eut un long entretien avec Ganid sur l’impossibilité de donner à un homme des enseignements sur Dieu si cet homme ne désire pas connaitre Dieu. Au cours de leur trajet vers les lacs, ils avaient rencontré par hasard un païen borné, et Ganid fut surpris de voir que Jésus, contrairement à sa manière de faire habituelle, n’entrainait pas cet homme dans une conversation qui aurait naturellement conduit à discuter des questions spirituelles. Lorsque Ganid demanda à son Maitre pourquoi il portait si peu d’intérêt à ce païen, Jésus répondit : »
« « Ganid, cet homme n’avait pas soif de vérité. Il n’était pas mécontent de lui-même. Il n’était pas prêt à appeler à l’aide, et les yeux de son mental n’étaient pas ouverts pour recevoir la lumière destinée à l’âme. Cet homme n’était pas mûr pour la moisson du salut. Il faut lui accorder un délai pour que les épreuves et les difficultés de la vie le préparent à recevoir la sagesse et la connaissance supérieure. Ou bien encore, s’il pouvait venir vivre avec nous, nous pourrions par notre vie lui montrer le Père qui est aux cieux ; nos vies, en tant que fils de Dieu, pourraient l’attirer au point de l’obliger à s’enquérir de notre Père. On ne peut révéler Dieu à ceux qui ne le cherchent pas, ni conduire des âmes réticentes aux joies du salut. Il faut que les expériences de la vie aient donné à l’homme la soif de la vérité ou bien qu’il désire connaitre Dieu par suite du contact avec la vie de ceux qui connaissent le divin Père avant qu’un autre être humain puisse agir comme intermédiaire pour conduire un tel compagnon mortel à croire au Père qui est aux cieux. Si nous connaissons Dieu, notre véritable travail sur terre consiste à vivre de manière à permettre au Père de se révéler à travers notre vie. Ainsi, toutes les personnes qui recherchent Dieu verront le Père et recourront à notre aide pour mieux connaitre le Dieu qui réussit à s’exprimer de cette manière dans notre vie. » » LU 132:7.1-2
« Ce fut dans la montagne, au cours de leur voyage en Suisse, que Jésus eut, avec le père et le fils, un entretien de toute une journée sur le bouddhisme. Ganid avait bien des fois posé à Jésus des questions directes sur Bouddha, mais avait toujours reçu des réponses plus ou moins évasives. Ce jour-là, en présence de son fils, le père posa à Jésus une question directe concernant Bouddha et reçut une réponse directe. Gonod dit : « Je voudrais réellement savoir ce que tu penses de Bouddha. » Et Jésus répondit : »
« « Votre Bouddha fut très supérieur à votre bouddhisme. Bouddha fut un grand homme, et même un prophète pour son peuple, mais un prophète orphelin. Je veux dire par là que, de bonne heure, il perdit de vue son Père spirituel, le Père qui est aux cieux. Son expérience fut tragique. Il essaya de vivre et d’enseigner en tant que messager de Dieu, mais sans Dieu. Bouddha dirigea son navire du salut droit vers le port de sécurité, jusqu’à l’entrée du havre de salut des mortels, et, là, à cause de plans de navigation erronés, le bon navire s’échoua à la côte. Il y est resté pendant de nombreuses générations, immobile et presque irrémédiablement bloqué. Beaucoup de vos compatriotes sont restés sur ce bateau pendant toutes ces années. Ils vivent à portée de voix des eaux tranquilles du repos, mais refusent d’y entrer parce que la noble embarcation du bon Bouddha a eu la malchance d’échouer juste à côté du port. Les peuples bouddhistes n’entreront jamais dans cette rade à moins d’abandonner le navire philosophique de leur prophète et de saisir son noble esprit. Si votre peuple était resté fidèle à l’esprit de Bouddha, il y a longtemps que vous seriez entrés dans votre havre de tranquillité d’esprit, de repos d’âme et d’assurance de salut. »
« « Tu vois, Gonod, Bouddha connaissait Dieu en esprit, mais ne réussit pas à le découvrir clairement mentalement ; les Juifs découvrirent Dieu mentalement, mais manquèrent dans une large mesure de le connaitre en esprit. Aujourd’hui, les Bouddhistes pataugent dans une philosophie sans Dieu, tandis que mon peuple est pitoyablement enchainé à la crainte d’un Dieu et dépourvu d’une philosophie salvatrice de vie et de liberté. Vous avez une philosophie sans Dieu ; les Juifs ont un Dieu, mais sont largement dépourvus d’une philosophie de vie qui y soit reliée. Faute d’avoir la vision de Dieu en tant qu’esprit et Père, Bouddha n’a pas réussi à apporter dans son enseignement l’énergie morale et la force motrice spirituelle qu’une religion doit posséder pour changer une race et élever une nation. » »
« Alors Ganid s’écria : « Maitre, instituons, toi et moi, une nouvelle religion qui soit assez bonne pour l’Inde et assez grande pour Rome ; peut-être pourrons-nous l’apporter aux Juifs en échange de Yahweh ». Jésus répondit : « Ganid, les religions des hommes ne s’instituent pas. Elles se développent au cours de longues périodes de temps, tandis que les révélations de Dieu illuminent comme des éclairs sur terre dans la vie des hommes qui révèlent Dieu à leurs semblables ». Mais ni Gonod ni Ganid ne comprirent la signification de ces paroles prophétiques. »
« Cette nuit-là, après s’être couché, Ganid ne put dormir. Il parla longuement à son père et finit par dire : « Tu sais, père, je crois parfois que Joshua est un prophète. » Et son père répondit seulement d’un ton somnolent : « Mon fils, il y en a d’autres… » » LU 132:7.3-7
« Un incident très intéressant se produisit un après-midi au bord de la route alors qu’ils approchaient de Tarente. Ils virent un jeune garçon grossier et brutal attaquer un garçon plus petit. Jésus se hâta d’aider la jeune victime et, quand il l’eut tiré de ce mauvais pas, il maintint étroitement l’agresseur jusqu’à ce que le petit garçon se fût échappé. Dès que Jésus eut lâché le jeune brutal, Ganid fonça sur lui et se mit à lui infliger une bonne correction. Au grand étonnement de Ganid, Jésus intervint promptement. Il réfrèna Ganid et permit au garçon effrayé de s’enfuir. Aussitôt qu’il eut repris son souffle, Ganid s’écria avec agitation : « Maitre, je n’arrive pas à te comprendre. Si la miséricorde demande que tu sauves le petit garçon, la justice n’exige-t-elle pas que l’agresseur plus fort soit puni ? » Au cours de sa réponse, Jésus dit : »
« « Ganid, il est bien vrai que tu ne comprends pas. Le ministère de la miséricorde est toujours une affaire individuelle, tandis que la justice et ses châtiments sont la fonction de groupes administratifs de la société, du gouvernement ou de l’univers. En tant qu’individu, je suis tenu de montrer de la miséricorde ; il fallait que j’aille au secours du garçon attaqué, et, en toute logique, j’ai le droit d’employer la force suffisante pour paralyser l’agresseur. C’est précisément ce que j’ai fait. J’ai délivré le garçon attaqué, et là se terminait le ministère de miséricorde. Ensuite, j’ai maintenu, par la force, l’agresseur assez longtemps pour permettre à sa victime plus faible de s’enfuir, après quoi je me suis retiré de l’affaire. Je ne me suis pas mis à juger l’attaquant en évaluant ses mobiles — à apprécier tous les éléments que comportait son attaque — puis à infliger la punition que mon mental aurait pu dicter pour la juste rétribution de son méfait. Ganid, la miséricorde peut être prodigue, mais la justice est précise. Rends-toi compte qu’il y a peu de chances de voir deux personnes se mettre d’accord sur la sanction susceptible de satisfaire les exigences de la justice. L’une voudra imposer quarante coups de fouet, une autre vingt, tandis qu’une troisième recommandera la réclusion comme juste punition. Ne peux-tu voir que, sur cette terre, il vaut mieux que de telles responsabilités retombent sur la collectivité ou qu’elles soient administrées par des représentants choisis de cette collectivité ? Dans l’univers, le droit de juger appartient à ceux qui connaissent pleinement les antécédents de tous les méfaits aussi bien que leurs motifs. Dans une société civilisée et dans un univers organisé, l’administration de la justice présuppose le prononcé d’une juste sentence après un jugement équitable, et ces prérogatives sont dévolues aux corps judiciaires des mondes et aux administrateurs omniscients des univers supérieurs de toute la création. » »
« « Ganid, je comprends bien à quel point certains de ces problèmes te rendent perplexe, et je vais m’efforcer de répondre à ta question. D’abord, dans toute attaque éventuelle dirigée contre ma personne, je déterminerais si l’agresseur est ou non un fils de Dieu — mon frère dans la chair. Si j’estimais que cette créature est dépourvue de jugement moral et de raison spirituelle, je me défendrais sans hésitation jusqu’à la limite de ma force de résistance, sans me préoccuper des conséquences pour l’attaquant. Mais, si ce compagnon avait statut de fils, je ne me battrais pas ainsi contre lui, même en cas de légitime défense. Autrement dit, je ne le punirais pas d’avance et sans jugement pour m’avoir attaqué. Par tous les artifices possibles, je chercherais à l’empêcher et à le dissuader de lancer son attaque, et à la modérer au cas où je ne réussirais pas à la faire avorter. Ganid, j’ai une confiance absolue dans la surveillance supérieure exercée par mon Père qui est aux cieux. Je suis consacré à faire la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Je ne crois pas que l’on puisse réellement me nuire, ni que l’œuvre de ma vie puisse vraiment être mise en péril par un effort quelconque de mes ennemis contre moi, et par ailleurs nous n’avons certainement à craindre aucune violence de la part de nos amis. Je suis absolument convaincu que l’univers entier est amical à mon égard — et je persiste à croire à cette toute-puissante vérité avec une confiance totale, malgré toutes les apparences contraires. » » LU 133:1.1-2,4
« Tandis qu’ils s’attardaient au point d’accostage du bateau en attendant le déchargement d’une partie de sa cargaison, les voyageurs remarquèrent un homme qui maltraitait sa femme. Selon son habitude, Jésus intervint en faveur de la personne attaquée. Il s’avança derrière le mari furieux, lui tapa gentiment sur l’épaule et lui dit : « Mon ami, puis-je te parler en tête-à-tête pendant quelques instants ? » L’homme en colère fut interloqué par cette approche et, après un moment d’hésitation embarrassée, il balbutia : « Euh — pourquoi — oui, que me veux-tu ? » Jésus le conduisit à l’écart et lui dit : « Mon ami, j’imagine qu’il a dû t’arriver quelque chose de terrible. Je désire vivement t’entendre raconter ce qui a pu advenir à un homme fort comme toi pour l’amener à se livrer à des voies de fait sur sa femme, la mère de ses enfants, et cela aux yeux de tous. Je suis certain que tu as le sentiment d’avoir une bonne raison pour justifier cette attaque. Qu’est-ce que ta femme a fait pour mériter pareil traitement de la part de son mari ? En te regardant, je crois discerner sur ton visage l’amour de la justice, sinon le désir de montrer de la miséricorde. Je m’aventure à dire que, si tu me trouvais sur le côté de la route, attaqué par des voleurs, tu te précipiterais sans hésitation à mon secours. J’ose affirmer que tu as accompli bien des actes de bravoure de cet ordre au cours de ta vie. Maintenant, mon ami, dis-moi de quoi il s’agit. Ta femme a-t-elle fait quelque chose de mal, ou bien as-tu sottement perdu la tête et l’as-tu frappée d’une manière irréfléchie ? » Le cœur de l’homme fut touché, moins par les paroles de Jésus que par le regard affectueux et le sourire compatissant accompagnant la conclusion de ses remarques. L’homme dit : « Je perçois que tu es un prêtre des cyniques et je te suis reconnaissant de m’avoir réfréné. Ma femme n’a pas fait grand-chose de mal, elle est une brave femme, mais elle m’irrite par la manière dont elle me cherche noise en public, et je perds alors mon sang-froid. Je suis désolé de mon manque de contrôle sur moi-même, et je promets d’essayer de remplir l’engagement que j’avais pris envers l’un de tes frères qui m’avait enseigné la meilleure voie, il y a bien des années. Je te le promets. » »
« Alors, en lui disant adieu, Jésus ajouta : « Mon frère, n’oublie jamais que l’homme n’a pas d’autorité sur la femme à moins que la femme ne lui ait spontanément et volontairement donné cette autorité. Ton épouse s’est engagée à traverser la vie avec toi, à t’aider dans les luttes que cette vie comporte et à assumer la majeure partie du fardeau consistant à mettre au monde et à élever tes enfants. En retour de cette prestation spéciale, il est simplement équitable qu’elle reçoive de toi cette protection spéciale que l’homme peut donner à la femme en tant que partenaire obligée de porter, de mettre au monde et de nourrir les enfants. La considération et les soins affectueux qu’un homme est disposé à accorder à sa femme et à ses enfants indiquent la mesure dans laquelle cet homme a atteint les niveaux supérieurs de conscience de soi, créative et spirituelle. Ne sais-tu pas que les hommes et les femmes sont partenaires de Dieu, en ce sens qu’ils coopèrent pour créer des êtres qui grandissent jusqu’à posséder le potentiel d’âmes immortelles ? Le Père qui est aux cieux traite comme un égal l’Esprit-Mère des enfants de l’univers. C’est ressembler à Dieu que de partager ta vie et tout ce qui s’y rapporte sur un pied d’égalité avec la mère et compagne qui partage pleinement avec toi cette expérience divine de vous reproduire dans la vie de vos enfants. Si seulement tu peux aimer tes enfants comme Dieu t’aime, tu aimeras et tu chériras ta femme comme le Père qui est aux cieux honore et exalte l’Esprit Infini, mère de tous les enfants de l’esprit d’un vaste univers. » » LU 133:2.1-2
« Un jour où ils s’arrêtèrent pour déjeuner, à peu près à moitié chemin de Tarente, Ganid posa à Jésus une question directe sur ce qu’il pensait du système des castes aux Indes. Jésus répondit : « Bien que les êtres humains diffèrent les uns des autres sous beaucoup de rapports, tous les mortels se trouvent sur un pied d’égalité devant Dieu et le monde spirituel. Aux yeux de Dieu, il n’y a que deux groupes de mortels, ceux qui désirent faire sa volonté et ceux qui ne le désirent pas. Quand l’univers contemple un monde habité, il discerne également deux grandes classes d’hommes, ceux qui connaissent Dieu et ceux qui ne le connaissent pas. Ceux qui ne peuvent pas connaitre Dieu sont comptés parmi les animaux dudit royaume. On peut, à juste titre, diviser les hommes en de nombreuses classes selon leurs différentes qualifications, car on peut les considérer du point de vue physique, mental, social, professionnel ou moral ; mais, devant la barre du tribunal de Dieu, ces différentes classes de mortels apparaissent sur un pied d’égalité. En vérité, Dieu ne fait pas acception de personnes. Bien que l’on ne puisse éviter de reconnaitre, chez les hommes, des aptitudes et des dons diversifiés en matière intellectuelle, sociale et morale, il ne faudrait faire aucune distinction de cet ordre dans la fraternité spirituelle des hommes quand ils sont réunis pour adorer en présence de Dieu. » » LU 133:0.3
« Au cours de leur séjour à Rome, Ganid avait remarqué que Jésus refusait de les accompagner aux bains publics. Le jeune homme essaya plusieurs fois ensuite d’inciter Jésus à donner son opinion sur les relations entre sexes. Jésus répondait aux questions du garçon, mais ne paraissait jamais enclin à s’étendre sur ce sujet. Un soir, tandis qu’ils se promenaient à Corinthe, près de l’endroit où le mur de la citadelle descendait jusqu’à la mer, ils furent accostés par deux filles publiques. Ganid était à juste titre imbu de l’idée que Jésus était un homme de haut idéal abhorrant tout ce qui touchait à l’impureté ou avait un relent de mal ; en conséquence, il parla sèchement à ces femmes en les invitant grossièrement à s’en aller. Voyant cela, Jésus dit à Ganid : « Tu as de bonnes intentions, mais tu ne devrais pas te permettre de parler ainsi aux enfants de Dieu, même s’ils se trouvent être ses enfants dévoyés. Qui sommes-nous pour juger ces femmes ? Connais-tu toutes les circonstances qui les ont amenées à recourir à de pareilles méthodes pour se procurer leur subsistance ? Reste ici avec moi ; et discutons de ces choses. » Les prostituées furent encore plus étonnées que Ganid par ses paroles. »
« Le groupe se tenait debout, éclairé par la lune, et Jésus poursuivit : « Dans chaque mental humain vit un esprit divin, don du Père qui est aux cieux. Ce bon esprit s’efforce toujours de nous conduire à Dieu, de nous aider à trouver Dieu et à connaitre Dieu. Mais les mortels sont également soumis à bien des tendances physiques naturelles que le Créateur a placées en eux pour servir le bienêtre individuel et racial. Or, les hommes et les femmes s’embrouillent bien souvent dans leurs efforts pour se comprendre et attaquer les multiples difficultés rencontrées pour gagner leur vie dans un monde si largement dominé par l’égoïsme et le péché. Ganid, je perçois que ni l’une ni l’autre de ces femmes n’est volontairement dépravée. Je peux dire, d’après leur visage, qu’elles ont subi de grands chagrins ; elles ont beaucoup souffert sous les coups d’un destin apparemment cruel ; elles n’ont pas choisi intentionnellement cette sorte de vie. Dans un découragement frisant le désespoir, elles ont succombé à la pression du moment et accepté ce procédé déplaisant pour gagner de quoi vivre, comme meilleur moyen de se tirer d’une situation qui leur paraissait désespérée. Ganid, certaines personnes sont réellement perverses dans leur cœur et choisissent délibérément de faire des choses méprisables. Mais, dis-moi, en regardant ces visages maintenant inondés de larmes, y vois-tu quelque chose de mauvais ou de méchant ? » Tandis que Jésus attendait sa réponse, la voix de Ganid s’étouffait dans un balbutiement. « Non, Maitre, je ne vois rien de tel et je m’excuse de ma grossièreté — je les supplie de me pardonner. » Alors, Jésus dit : « Je t’annonce, de leur part, qu’elles t’ont pardonné, de même que je dis, de la part de mon Père qui est aux cieux, que lui leur a pardonné. Maintenant, accompagnez-moi tous les trois vers la maison d’un ami où nous chercherons de quoi nous sustenter et ferons des plans pour la vie nouvelle et meilleure qui est devant nous. » Jusque-là, les femmes stupéfaites n’avaient pas dit un mot ; elles se regardèrent et suivirent silencieusement les hommes qui montraient le chemin. »
« Imaginez la surprise de la femme de Justus quand, à cette heure tardive, Jésus apparut avec Ganid et les deux étrangères en disant : « Nous nous excusons d’arriver à cette heure, mais Ganid et moi, nous aimerions manger un morceau et le partager avec ces nouvelles amies qui ont également besoin de nourriture. En outre, nous venons vers toi avec l’idée que cela t’intéressera de tenir conseil avec nous sur la meilleure manière d’aider ces deux femmes à prendre un nouveau départ dans la vie. Elles peuvent te raconter leur histoire, mais je suppose qu’elles ont eu bien des difficultés ; leur présence même dans la maison témoigne combien sérieusement elles désirent connaitre des gens de bien, et combien volontiers elles saisiront l’occasion de montrer au monde entier — et même aux anges du ciel — qu’elles peuvent devenir de braves et nobles femmes. » »
« Lorsque Marthe, la femme de Justus, eut disposé la nourriture sur la table, Jésus prit congé d’une manière inattendue en disant : « Il est tard, et le père du jeune homme va nous attendre ; veuillez bien nous excuser de vous laisser ensemble — trois femmes — les filles bienaimées du Très Haut. Je prierai pour votre gouverne spirituelle pendant que vous allez faire des plans pour leur vie nouvelle et meilleure sur terre et pour leur vie éternelle dans le grand au-delà. » »
« Jésus et Ganid prirent donc congé des femmes. Jusque-là, les deux courtisanes n’avaient rien dit, et Ganid était également incapable de parler. Pendant quelques instants, il en fut de même pour Marthe, mais elle s’éleva bientôt à la hauteur des circonstances et fit, pour ces étrangères, tout ce que Jésus avait espéré. La plus âgée des deux mourut, peu de temps après, avec de brillantes espérances de survie éternelle ; la plus jeune travailla avec Justus au siège de ses affaires et devint plus tard, pour toute sa vie, membre de la première Église chrétienne à Corinthe. » LU 133:3.6-10
« Jésus et Ganid firent de nombreuses autres expériences intéressantes à Corinthe. Ils eurent des discussions intimes avec un grand nombre de personnes qui profitèrent grandement des exposés de Jésus. »
« À un meunier, Jésus apprit à moudre les grains de vérité dans le moulin de l’expérience vivante, de manière à rendre les choses difficiles de la vie divine aisément acceptables, même par des compagnons mortels faibles et débiles. Jésus dit : « Donne le lait de la vérité à ceux qui sont dans l’enfance de la perception spirituelle. Dans ta vie et dans ton affectueux ministère, sers la nourriture spirituelle sous forme attrayante et adaptée à la capacité de réception de chacun de ceux qui t’interrogent. » »
« Au centurion romain, Jésus dit : « Rends à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Il n’y a pas de conflit entre le sincère service de Dieu et le loyal service de César, à moins que César n’ait la prétention de s’arroger l’hommage auquel seule la Déité peut prétendre. La loyauté envers Dieu, si tu parviens à le connaitre, te rendra d’autant plus loyal et fidèle dans ta dévotion à un empereur digne de ce nom. » »
« Au chef sincère du culte mithriaque, Jésus dit : « Tu fais bien de rechercher une religion de salut éternel, mais tu te trompes en espérant trouver cette glorieuse vérité dans les mystères établis par les hommes et dans les philosophies humaines. Ne sais-tu pas que le mystère du salut éternel réside dans ta propre âme ? Ne sais-tu pas que le Dieu du ciel a envoyé son esprit vivre en toi, et que tous les hommes qui aiment la vérité et servent Dieu seront conduits par cet esprit hors de cette vie, par les portes de la mort, jusqu’aux hauteurs éternelles de lumière, où Dieu attend de recevoir ses enfants ? Et n’oublie jamais que vous, qui connaissez Dieu, êtes les fils de Dieu si vous aspirez véritablement à être semblables à lui. » »
« Au maitre épicurien, il dit : « Tu fais bien de choisir le meilleur et d’apprécier ce qui est bon, mais es-tu sage quand tu omets de discerner les grands facteurs de la vie mortelle incorporés dans les royaumes spirituels issus de la conscience de la présence de Dieu dans le cœur humain ? Dans toute expérience humaine, le facteur important est la conscience de connaitre le Dieu dont l’esprit vit en toi et cherche à te faire avancer dans le long et presque interminable voyage pour atteindre la présence personnelle de notre Père commun, le Dieu de toute la création, le Seigneur des univers. » »
« À l’entrepreneur et constructeur grec, il dit : « Mon ami, en même temps que tu construis les édifices matériels des hommes, développe un caractère spirituel ressemblant à l’esprit divin intérieur de ton âme. Ne laisse pas ta réussite comme constructeur temporel l’emporter sur tes accomplissements comme fils spirituel du royaume des cieux. Pendant que tu bâtis les maisons du temps pour autrui, ne néglige pas de t’assurer ton propre droit de séjour dans les maisons de l’éternité. Souviens-toi toujours qu’il existe une cité dont les fondements sont la droiture et la vérité, et dont le constructeur et créateur est Dieu. » »
« Au juge romain, Jésus dit : « Pendant que tu juges les hommes, rappelle-toi que tu comparaitras aussi, un jour, devant le tribunal des Souverains d’un univers. Juge avec justice, et même avec miséricorde, car de même, un jour, tu souhaiteras ardemment la considération miséricordieuse de la part de l’Arbitre Suprême. Juge comme tu voudrais être jugé dans des circonstances semblables, et tu seras ainsi guidé par l’esprit de la loi aussi bien que par sa lettre. De même que tu accordes une justice dominée par l’équité, et à la lumière des besoins de ceux qui sont amenés devant toi, de même tu auras le droit de t’attendre à une justice tempérée par la miséricorde quand tu te trouveras, un jour, devant le Juge de toute la terre. » »
« À la tenancière de l’auberge grecque, il dit : « Offre ton hospitalité comme une personne qui reçoit les enfants du Très Haut. Élève la corvée de ton travail quotidien au niveau élevé d’un art par la conscience croissante que tu sers Dieu en servant les personnes que Dieu habite par son esprit venu vivre dans le cœur des hommes. Cherche ainsi à transformer leur mental et à conduire leur âme à la connaissance du Père Paradisiaque qui a octroyé tous ces dons d’esprit divin. » »
« Jésus eut de nombreuses rencontres avec un marchand chinois. En prenant congé de lui, il lui fit les recommandations suivantes : « N’adore que Dieu, qui est ton véritable ancêtre spirituel. Souviens-toi que l’esprit du Père vit toujours en toi et oriente toujours ton âme vers le ciel. Si tu suis les directives inconscientes de cet esprit immortel, tu es certain de gravir le chemin élevé qui conduit à trouver Dieu. Quand tu réussiras à atteindre le Père qui est aux cieux, ce sera parce qu’en le cherchant tu t’es mis à lui ressembler de plus en plus. Donc, adieu Chang, mais seulement pour un temps, car nous nous rencontrerons de nouveau dans les mondes de lumière, où le Père des âmes spirituelles a ménagé de nombreux points d’arrêt charmants pour ceux qui se dirigent vers le Paradis. » »
« Au voyageur venant de Grande-Bretagne, il dit : « Mon frère, je perçois que tu es à la recherche de la vérité. Je suggère la possibilité que l’esprit du Père de toute vérité demeure en toi. As-tu jamais sincèrement essayé de parler à l’esprit de ta propre âme ? Assurément la chose est difficile, et il est rare qu’elle procure la conscience d’une réussite ; mais toute tentative honnête du mental matériel pour communiquer avec son esprit intérieur aboutit à un succès certain, bien que la majorité de ces magnifiques expériences humaines doive rester longtemps des enregistrements superconscients dans les âmes de ces mortels connaissant Dieu. » »
« Au garçon fugueur, Jésus dit : « Rappelle-toi qu’il y a deux êtres auxquels tu ne peux échapper — Dieu et toi-même. Où que tu ailles, tu t’emmènes toi-même et tu emmènes l’esprit du Père céleste qui vit dans ton cœur. Mon fils, n’essaye plus de te tromper toi-même ; attèle toi à la pratique courageuse de faire face aux évènements de la vie ; appuie-toi fermement sur l’assurance de ta filiation avec Dieu et sur la certitude de la vie éternelle, comme je te l’ai indiqué. Aie dorénavant pour objectif d’être réellement un homme, un homme décidé à affronter bravement et intelligemment la vie. » »
« Au criminel condamné, il dit à la dernière heure : « Mon frère, tu as passé par de mauvais moments. Tu t’es égaré, tu t’es empêtré dans le filet du crime. D’après ce que tu m’as dit, je sais que tu n’avais pas projeté de faire la chose qui est sur le point de te couter la vie temporelle. Mais tu as commis cette mauvaise action, et tes concitoyens t’ont jugé coupable ; ils ont décidé que tu devais mourir. Ni toi ni moi, nous ne pouvons contester à l’État le droit de se défendre de la manière qu’il choisit. Il ne parait pas y avoir d’échappatoire humaine au châtiment de tes méfaits. Tes semblables sont obligés de te juger d’après ce que tu as fait, mais il existe un Juge auprès de qui tu peux faire appel pour être pardonné, et qui te jugera d’après tes vrais mobiles et tes meilleures intentions. Tu ne dois pas craindre le jugement de Dieu si ton repentir est authentique et ta foi sincère. Le fait que ton erreur entraine la peine de mort imposée par les hommes ne préjuge pas des chances que conserve ton âme d’obtenir justice et miséricorde devant les tribunaux célestes. » » LU 133:4.1-11
« Un penseur progressif avait des liens avec cette école locale de philosophie. Jésus eut avec lui plusieurs entretiens profitables au cours desquels il employa, à maintes reprises, le mot « âme ». Ce Grec érudit finit par lui demander ce qu’il entendait par « âme », et Jésus répondit : »
« « L’âme est la fraction de l’homme qui reflète son moi, qui discerne la vérité et qui perçoit l’esprit ; elle élève à jamais l’être humain au-dessus du niveau du monde animal. La conscience de soi, en elle-même et par elle-même, n’est pas l’âme. La conscience du moi moral est la réalisation du vrai moi humain et constitue le fondement de l’âme humaine. L’âme est la partie de l’homme qui représente la valeur de survie potentielle de l’expérience humaine. Le choix moral et l’accomplissement spirituel, l’aptitude à connaitre Dieu et l’impulsion à être semblable à lui, sont les caractéristiques de l’âme. L’âme de l’homme ne peut exister sans pensée morale et sans activité spirituelle. Une âme stagnante est une âme mourante. Mais l’âme de l’homme est distincte de l’esprit divin qui habite son mental. L’esprit divin arrive au moment même où le mental de l’homme manifeste sa première activité morale, et c’est l’occasion de la naissance de l’âme. »
« « Le salut ou la perte d’une âme dépendent du fait que la conscience morale a atteint, ou non, le statut de survie par alliance éternelle avec l’esprit immortel associé qui lui a été donné. Le salut est la spiritualisation de sa propre réalisation de la conscience morale, qui acquiert ainsi une valeur de survie. Toutes les formes de conflits de l’âme consistent en un manque d’harmonie entre la conscience de soi, morale ou spirituelle, et la conscience de soi purement intellectuelle. »
« « Quand l’âme humaine est murie, ennoblie et spiritualisée, elle approche du statut céleste, en ce sens qu’elle est proche d’être une entité intermédiaire entre le matériel et le spirituel, entre le moi matériel et l’esprit divin. L’âme évoluante d’un être humain est difficile à décrire, et son existence est encore plus difficile à démontrer, car on ne peut la découvrir ni par les méthodes d’investigation physiques ni par celles de la preuve spirituelle. La science matérielle ne peut prouver l’existence d’une âme, et les épreuves purement spirituelles non plus. Malgré l’impuissance de la science matérielle et des critères spirituels à découvrir l’existence de l’âme humaine, tout individu moralement conscient connait l’existence de son âme en tant qu’expérience personnelle réelle et effective. » » LU 133:6.4-7
« Absorbé par les détails du baptême rapide d’un aussi grand nombre de convertis, Jean ne leva pas les yeux pour voir Jésus avant que le Fils de l’Homme ne fût en face de lui. Lorsque Jean reconnut Jésus, il interrompit les cérémonies pendant un moment tandis qu’il saluait son cousin dans la chair et lui demandait : « Mais pourquoi descends-tu dans l’eau pour me saluer ? » Jésus répondit : « Pour me soumettre à ton baptême. » Jean répliqua : « Mais c’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi. Pourquoi viens-tu à moi ? » Jésus lui murmura : « Supporte de me baptiser maintenant, car il convient que nous donnions cet exemple à mes frères qui se tiennent ici avec moi, et aussi pour que les gens puissent savoir que mon heure est venue. » » LU 135:8.5 (Matt 3:15)
« Cette longue incertitude en prison était humainement intolérable. À peine quelques jours avant sa mort, Jean envoya de nouveau à Jésus des messagers de confiance pour lui demander : « Mon travail est-il fait ? Pourquoi dois-je languir en prison ? Es-tu vraiment le Messie ou devons-nous en chercher un autre ? » Lorsque les deux disciples eurent remis le message à Jésus, le Fils de l’Homme répondit : « Retournez vers Jean et dites-lui que je n’ai pas oublié, mais qu’il supporte encore cela, car il convient que nous accomplissions tout ce qu’impose la droiture. Dites à Jean ce que vous avez vu et entendu — que la bonne nouvelle est prêchée aux pauvres — et, finalement, dites au bienaimé précurseur de ma mission terrestre qu’il sera abondamment béni dans l’âge à venir s’il ne lui arrive pas de douter ou de trébucher à propos de moi. » Ce fut la dernière communication que Jean reçut de Jésus. Ce message le réconforta grandement et contribua beaucoup à stabiliser sa foi et à le préparer à la fin tragique de sa vie dans la chair, fin qui devait suivre de si près ce jour mémorable. » LU 135:11.4 (Matthieu 11:2-6)
« Jésus dormait lorsqu’ils atteignirent sa demeure, mais ils le réveillèrent en disant : « Pendant que nous, qui avons si longtemps vécu avec toi, nous explorions les collines à ta recherche, comment se fait-il que tu aies donné la préférence à d’autres et choisi André et Simon comme les premiers associés pour le nouveau royaume ? » Jésus répondit : « Ayez le cœur calme et demandez-vous ’qui vous a ordonné de rechercher le Fils de l’Homme pendant qu’il vaquait aux affaires de son Père ?’ » Après qu’ils lui eurent raconté les détails de leur longue recherche dans les collines, Jésus poursuivit ses instructions : « Vous devriez apprendre à chercher dans votre cœur, et non dans les collines, le secret du nouveau royaume. Ce que vous cherchiez était déjà présent dans votre âme. Vous êtes en vérité mes frères — vous n’aviez pas besoin que je vous agrée — vous apparteniez déjà au royaume. Ayez bon courage et préparez-vous aussi à nous accompagner demain matin en Galilée. » Jean s’enhardit alors à demander : « Mais, Maitre, Jacques et moi serons-nous tes associés dans le nouveau royaume au même titre qu’André et Simon ? » Jésus posa une main sur l’épaule de chacun d’eux et dit : « Mes frères, vous étiez déjà avec moi dans l’esprit du royaume, même avant que les deux autres aient demandé à y être admis. Vous, mes frères, vous n’avez pas besoin de présenter une requête pour entrer dans le royaume ; vous y avez été avec moi depuis le commencement. Devant les hommes, d’autres peuvent avoir priorité sur vous, mais, dans mon cœur, je vous admettais aussi dans les conseils du royaume avant même que vous ayez songé à me le demander. Vous auriez même pu être les premiers devant les hommes si vous ne vous étiez pas absentés pour la tâche bien intentionnée, mais fixée par vous-mêmes, de rechercher quelqu’un qui n’était nullement perdu. Dans le royaume à venir, ne vous occupez pas des choses qui entretiennent votre anxiété, mais plutôt occupez-vous en tout temps de faire la volonté du Père qui est aux cieux. » » LU 137:1.6 (Jean 1:42)
« Philippe se rendit subitement compte que Jésus était réellement un grand homme, peut-être le Messie, et il décida de se conformer à la décision de Jésus en la matière. Il alla droit à lui et lui demanda : « Maitre, dois-je aller vers Jean ou me joindre à mes amis qui te suivent ? » Et Jésus répondit : « Suis-moi. » Philippe fut galvanisé par la certitude qu’il avait découvert le Libérateur. » LU 137:2.5 (Jean 1:43)
« Philippe se rendit subitement compte que Jésus était réellement un grand homme, peut-être le Messie, et il décida de se conformer à la décision de Jésus en la matière. Il alla droit à lui et lui demanda : « Maitre, dois-je aller vers Jean ou me joindre à mes amis qui te suivent ? » Et Jésus répondit : « Suis-moi. » Philippe fut galvanisé par la certitude qu’il avait découvert le Libérateur. » LU 137:2.5 (Jean 1:45-51)
« Marie frémissait d’espérance. Elle croyait que la promesse de Gabriel était près de se réaliser. Elle s’attendait à voir bientôt toute la Palestine saisie et frappée de stupeur par la révélation miraculeuse de son fils en tant que roi surnaturel des Juifs. Mais, aux nombreuses questions que lui posèrent sa mère, Jacques, Jude et Zébédée, Jésus se borna à répondre en souriant : « Il est préférable que je reste ici pendant un temps ; il faut que je fasse la volonté de mon Père qui est aux cieux. » » LU 137:3.5
« Tôt dans l’après-midi, Marie appela Jacques, et ensemble ils s’enhardirent à interroger Jésus pour lui demander s’il voulait les mettre dans sa confidence et les renseigner sur le lieu et le moment de la cérémonie du mariage où il avait projeté de se manifester en tant que « l’être surnaturel ». Aussitôt qu’ils eurent abordé cette question avec Jésus, ils virent qu’ils avaient suscité son indignation caractéristique. Il répondit simplement : « Si vous m’aimez, ayez la patience de demeurer avec moi tandis que je suis au service de la volonté de mon Père qui est aux cieux. » Mais l’éloquence de son reproche résidait dans l’expression de son visage. » LU 137:4.4
« Mais Jésus ôta toute espérance d’une démonstration de cet ordre du mental de ses six disciples-apôtres en les réunissant juste avant le souper pour leur dire très sérieusement : « Ne croyez pas que je sois venu en ce lieu pour accomplir quelque prodige, pour satisfaire les curieux, ou convaincre ceux qui doutent. Nous sommes plutôt ici au service de la volonté de notre Père qui est aux cieux. » Lorsque Marie et les autres le virent en consultation avec ses associés, ils furent au contraire persuadés qu’un évènement extraordinaire était imminent. Ils s’assirent tous à la table du souper pour jouir en bonne compagnie du repas et de la soirée de fête. » LU 137:4.6
« Pendant bien des années, Marie s’était toujours tournée vers Jésus pour être aidée dans chacune des crises de leur vie de famille à Nazareth, de sorte qu’elle avait tout naturellement pensé à lui dans les circonstances présentes. Mais cette mère ambitieuse avait encore d’autres raisons pour faire appel à son fils ainé en cette occasion. Jésus se tenait seul dans un coin du jardin. Sa mère s’approcha de lui et dit : « Mon fils, ils n’ont plus de vin. » Et Jésus répondit : « Ma bonne mère, en quoi cela me concerne-t-il ? » Marie dit : « Mais je crois que ton heure est venue. Ne peux-tu nous aider ? » Jésus répliqua : « De nouveau, je déclare que je ne suis pas venu pour agir de cette manière. Pourquoi me déranges-tu encore avec de pareilles affaires ? » Alors, fondant en larmes, Marie le supplia : « Mais, mon fils, je leur ai promis que tu nous aiderais. Ne veux-tu, s’il te plait, faire quelque chose pour moi ? » Et Jésus dit alors : « Femme, pourquoi te permets-tu de faire de telles promesses ? Veille à ne pas recommencer. En toutes choses, il faut que nous servions la volonté du Père qui est aux cieux. » »
« Marie, la mère de Jésus, fut accablée ; elle était abasourdie ! Tandis qu’elle se tenait immobile devant lui et qu’un flot de larmes coulait sur son visage, le cœur humain de Jésus fut ému d’une profonde compassion pour la femme qui l’avait porté dans son sein. Il se pencha vers elle, posa tendrement sa main sur sa tête et lui dit : « Allons, allons, Maman Marie, ne te chagrine pas de mes paroles apparemment dures. Ne t’ai-je pas dit maintes fois que je suis venu uniquement pour faire la volonté de mon Père céleste ? Je ferais avec joie ce que tu me demandes si cela faisait partie de la volonté du Père… » Et Jésus s’arrêta court. Il hésitait. Marie parut avoir le sentiment qu’il se produisait quelque chose. Se relevant d’un bond, elle jeta ses bras autour du cou de Jésus, l’embrassa et se précipita dans la salle des serviteurs en leur disant : « Quoi que mon fils vous dise, faites-le. » Mais Jésus ne dit rien. Il se rendait maintenant compte qu’il en avait déjà trop dit — ou plutôt qu’il avait trop désiré en pensée. » LU 137:4.8-9 (Jean 2:1-11)
« Le lendemain matin, Jésus rejoignit ses amis au déjeuner, mais ils formaient un groupe sans entrain. Il s’entretint avec eux et, à la fin du repas, il les groupa autour de lui en disant : « C’est la volonté de mon Père que nous restions dans le voisinage durant un certain temps. Vous avez entendu Jean dire qu’il était venu préparer le chemin du royaume. Il convient donc que nous attendions l’achèvement des prédications de Jean. Quand le précurseur du Fils de l’Homme aura achevé son œuvre, nous commencerons à proclamer la bonne nouvelle du royaume. » Il ordonna à ses apôtres de retourner à leurs filets, tandis que lui-même se préparait à accompagner Zébédée au chantier naval. Il leur promit de les revoir à la synagogue où il devait parler le lendemain, jour de sabbat, et leur fixa un rendez-vous pour une conférence l’après-midi de ce même sabbat. » LU 137:5.4
« Au cours du souper, la joie des convives s’éleva à un haut diapason d’allégresse ; tout le monde s’en donnait tellement à cœur joie que les observateurs pharisiens commencèrent à critiquer Jésus dans leur cœur pour sa participation à une distraction aussi frivole. Plus tard dans la soirée, au moment des discours, l’un des pharisiens parmi les plus malveillants alla jusqu’à faire des critiques à Pierre sur la conduite de Jésus en disant : « Comment oses-tu enseigner que cet homme est juste, puisqu’il mange avec des publicains et des pécheurs, et prête ainsi sa présence à de pareilles scènes d’insouciance dans les plaisirs. » Pierre répéta cette critique à voix basse à Jésus avant qu’il ne prononçât la bénédiction de départ sur les hôtes assemblés. Lorsque Jésus commença à parler, il dit : « En venant ici ce soir pour accueillir Matthieu et Simon dans notre communauté, je suis heureux de constater votre allégresse et vos bonnes dispositions sociales, mais vous devriez vous réjouir encore plus de ce que beaucoup d’entre vous entreront dans le royaume de l’esprit qui vient et où vous jouirez plus abondamment des bonnes choses du royaume des cieux. Quant à ceux qui se tiennent autour de nous en me critiquant dans leur cœur parce que je suis ici pour me divertir avec ces amis, laissez-moi dire que je suis venu proclamer la joie aux opprimés de la société et la liberté spirituelle aux captifs moraux. Est-il nécessaire de vous rappeler que les bienportants n’ont pas besoin d’un médecin, mais plutôt les malades ? Je suis venu non pour appeler les justes, mais les pécheurs. » » LU 138:3.6
« Thomas le pêcheur et Judas l’errant rencontrèrent Jésus et les apôtres à l’appontement des bateaux de pêche à Tarichée, et Thomas conduisit le groupe à son domicile voisin. Philippe présenta alors Thomas comme son candidat à l’apostolat, et Nathanael présenta Judas Iscariot, le Judéen, pour un honneur similaire. Jésus regarda Thomas et lui dit : « Thomas, tu manques de foi ; néanmoins je te reçois. Suis-moi. » Et, à Judas Iscariot, le Maitre dit : « Judas, nous sommes tous d’une même chair et, en te recevant au milieu de nous, je prie pour que tu sois toujours loyal envers tes frères galiléens. Suis-moi. » » LU 138:5.1
« Zébédée et Salomé étaient allés vivre avec leur fils David, de sorte que leur grande maison pouvait être mise à la disposition de Jésus et de ses douze apôtres. Jésus y passa un sabbat paisible avec ses messagers choisis. Il leur exposa soigneusement ses plans pour proclamer le royaume et leur expliqua pleinement l’importance qu’il y avait à éviter tout conflit avec les autorités civiles, disant : « Si les chefs civils doivent être blâmés, laissez-moi le soin de le faire. Veillez à ne pas porter d’accusations contre César ou ses serviteurs. » Ce fut ce même soir que Judas Iscariot prit Jésus à part pour lui demander pourquoi l’on ne faisait rien pour tirer Jean de prison. Et Judas ne fut pas entièrement satisfait de l’attitude de Jésus. » LU 138:5.4
« Ce fut alors que Jésus institua le jour de congé du milieu de la semaine pour le repos et la récréation. Ils poursuivirent ce plan de détente, un jour par semaine, durant le reste de la vie matérielle de Jésus. En règle générale, ils ne vaquaient pas à leurs occupations régulières le mercredi. Durant ce jour de congé hebdomadaire, Jésus avait l’habitude de se retirer en les laissant seuls et en disant : « Mes enfants, allez vous distraire durant une journée. Reposez-vous des travaux ardus du royaume et jouissez du délassement que procure le retour à vos anciennes vocations ou la découverte de nouvelles sortes d’activités récréatives. » Durant cette période de sa vie terrestre, Jésus n’avait pas réellement besoin de ce jour de repos, mais il se conformait à ce plan parce qu’il le savait meilleur pour ses associés humains. Jésus était l’éducateur — le Maitre. Ses compagnons étaient ses élèves — des disciples. » LU 138:6.2
« Jésus s’efforça d’établir clairement, pour ses apôtres, la différence entre ses enseignements et sa vie parmi eux d’une part, et les enseignements qui pourraient ultérieurement surgir à son propos d’autre part. Jésus leur dit : « Mon royaume et l’évangile qui s’y rapporte seront l’essentiel de votre message. Ne vous laissez pas entrainer à prêcher à propos de moi ou à propos de mes enseignements. Proclamez l’évangile du royaume et décrivez ma révélation du Père qui est aux cieux, mais ne déviez pas dans des voies détournées en créant des légendes ou en bâtissant un culte consacré à des croyances et à des enseignements à propos de mes croyances et enseignements. » Mais, de nouveau, les disciples ne comprirent pas ses raisons de parler ainsi, et nul n’osa lui demander pourquoi il les instruisait de la sorte. » LU 138:6.3
« Jésus avait projeté une paisible campagne missionnaire de cinq mois de travail personnel. Il ne dit pas à ses apôtres combien de temps elle devait durer ; ils travaillaient de semaine en semaine. De bonne heure le premier jour de la semaine, alors qu’il était sur le point de s’en ouvrir à ses douze apôtres, Simon Pierre, Jacques Zébédée et Judas Iscariot vinrent lui parler en privé. Prenant Jésus à part, Pierre s’enhardit jusqu’à lui dire : « Maitre, nous venons, à la demande de nos compagnons, nous enquérir si le moment n’est pas maintenant venu d’entrer dans le royaume. Vas-tu proclamer le royaume à Capharnaüm, ou bien irons-nous jusqu’à Jérusalem ? Et quand saurons-nous chacun les postes que nous devrons occuper auprès de toi dans l’établissement du royaume… » Et Pierre aurait continué à poser d’autres questions, mais Jésus leva une main réprobatrice et l’arrêta ; et, faisant signe d’approcher aux autres apôtres qui attendaient dans le voisinage, il leur dit : « Mes petits enfants, combien de temps vous supporterai-je ? Ne vous ai-je pas expliqué que mon royaume n’est pas de ce monde ? Je vous ai maintes fois dit que je ne suis pas venu siéger sur le trône de David ; alors, comment se fait-il que vous me demandiez la place que chacun de vous occupera dans le royaume du Père ? Ne pouvez-vous percevoir que je vous ai appelés comme ambassadeurs d’un royaume spirituel ? Ne comprenez-vous pas que bientôt, très bientôt, vous aurez à me représenter dans le monde et à proclamer le royaume, de même que je représente maintenant mon Père qui est aux cieux ? Est-il possible que je vous aie choisis et instruits comme messagers du royaume, et que pourtant vous ne compreniez ni la nature ni la signification de ce royaume à venir, où Dieu prédominera dans le cœur des hommes ? Mes amis, écoutez-moi encore une fois. Bannissez de votre mental l’idée que mon royaume est une souveraineté de puissance ou un règne de gloire. En vérité, tous pouvoirs dans le ciel et sur terre seront bientôt remis entre mes mains, mais la volonté du Père n’est pas que nous utilisions ce don divin pour nous glorifier durant cet âge. Dans un autre âge, vous siègerez en effet avec moi en puissance et en gloire, mais, présentement, il convient de nous soumettre à la volonté du Père et d’obéir humblement en allant exécuter ses commandements sur terre. » » LU 138:7.1
« Jésus leur demanda alors combien à eux tous ils avaient d’argent ; il s’enquit aussi des dispositions qu’ils avaient prises pour leurs familles. Lorsqu’il fut clair qu’ils avaient à peine assez de fonds pour s’entretenir pendant deux semaines, Jésus dit : « Ce n’est pas la volonté de mon Père que nous commencions à travailler dans ces conditions. Nous allons rester ici quinze jours près de la mer et pêcher ou faire les travaux manuels que nous trouverons. Entretemps, sous la direction d’André, premier apôtre choisi, vous vous organiserez de manière à vous procurer tout ce dont vous aurez besoin dans votre futur ministère, aussi bien dans votre présent travail personnel que dans la période ultérieure, où je vous confèrerai l’ordination pour prêcher l’évangile et instruire les croyants. » Ils furent tous grandement ragaillardis par ces paroles ; c’était la première fois que Jésus leur indiquait, d’une manière claire et positive, son intention d’entreprendre plus tard des efforts publics plus dynamiques et plus spectaculaires. »
« Les apôtres passèrent le reste de la journée à mettre au point leur organisation et à se procurer bateaux et filets pour aller pêcher le lendemain matin, car ils avaient tous décidé de se consacrer à la pêche ; la plupart d’entre eux avaient été des pêcheurs, et Jésus lui-même était un marin et un pêcheur expérimenté. Nombre de bateaux qu’ils utilisèrent au cours des années suivantes avaient été construits des propres mains de Jésus, et c’étaient de bons bateaux dignes de confiance. »
« Jésus enjoignit aux apôtres de se consacrer à la pêche durant deux semaines et ajouta : « Ensuite, vous partirez pour devenir pêcheurs d’hommes. » Ils se séparèrent en trois groupes, Jésus accompagnant, chaque nuit, un groupe différent. Ils éprouvaient tous un immense plaisir à sa compagnie. Il était bon pêcheur, joyeux compagnon et un ami inspirant. Plus les apôtres travaillaient avec lui, plus ils l’aimaient. Matthieu dit un jour : « Plus vous comprenez certaines personnes, moins vous les admirez, mais avec cet homme, moins je le comprends plus je l’aime. » » LU 138:7.4-6
« Jésus leur apprit à prêcher le pardon des péchés par la foi en Dieu sans pénitence ni sacrifice, et de déclarer que le Père qui est aux cieux aime tous ses enfants du même amour éternel. Il enjoignit à ses apôtres de s’abstenir de toute discussion sur : »
« 1. Le travail et l’emprisonnement de Jean le Baptiste. »
« 2. La voix venant du ciel à son baptême. Jésus dit : « Seuls ceux qui ont entendu la voix ont le droit d’y faire allusion. Proclamez seulement ce que vous m’avez entendu dire ; ne parlez pas par ouï-dire. » »
« 3. Le changement de l’eau en vin à Cana. Jésus les invita formellement à « ne raconter à personne l’histoire de l’eau et du vin ». » LU 138:8.2-5
« Avant le service officiel d’ordination, Jésus parla aux douze assis autour de lui. Il leur dit : « Mes frères, l’heure du royaume est arrivée. Je vous ai amenés ici, seuls avec moi, pour vous présenter au Père comme ambassadeurs du royaume. Certains d’entre vous m’ont entendu parler de ce royaume dans la synagogue au moment où vous fûtes appelés pour la première fois. Chacun de vous en a appris davantage sur le royaume du Père depuis que vous m’avez accompagné en travaillant dans les villes qui entourent la mer de Galilée. Mais, à présent, j’ai quelque chose de plus à vous dire en ce qui concerne ce royaume. »
« « Le nouveau royaume que mon Père est sur le point d’établir dans le cœur de ses enfants terrestres est destiné à être un empire éternel. Il n’y aura point de fin à ce règne de mon Père dans le cœur de ceux qui désirent faire sa volonté divine. Je vous déclare que mon Père n’est pas le Dieu des Juifs ou des Gentils. Beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident siéger avec nous dans le royaume du Père, tandis que bien des enfants d’Abraham refuseront d’entrer dans cette nouvelle fraternité où l’esprit du Père règne dans le cœur des enfants des hommes. »
« « La puissance de ce royaume ne consistera ni dans la force des armées, ni dans le pouvoir des richesses, mais plutôt dans la gloire de l’esprit divin qui viendra enseigner le mental et diriger le cœur des citoyens, nés à nouveau, de ce royaume céleste — les fils de Dieu. C’est la fraternité de l’amour où règne la droiture, et dont le cri de ralliement sera : Paix sur terre et bonne volonté à tous les hommes. Ce royaume, que vous allez si prochainement proclamer, est le désir des hommes de bien de tous les âges, l’espoir de toute la terre et l’accomplissement des sages promesses de tous les prophètes. »
« « Mais, pour vous, mes enfants, et pour tous ceux qui voudront vous suivre dans ce royaume, une sévère épreuve est instaurée : la foi seule vous permettra de franchir ses portes mais il vous faudra produire les fruits de l’esprit de mon Père si vous souhaitez poursuivre l’ascension dans la vie progressive de la communauté divine. En vérité, en vérité, je vous le dis, ceux qui disent ‘Seigneur, Seigneur’ n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais plutôt ceux qui font la volonté de mon Père qui est aux cieux. »
« « Votre message au monde sera : Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa droiture et, quand vous les aurez trouvés, tous les autres éléments essentiels à la survie éternelle vous seront assurés en même temps. Maintenant, je voudrais vous faire comprendre clairement que ce royaume de mon Père ne viendra ni avec un étalage extérieur de pouvoir, ni avec des démonstrations malséantes. Il ne faut pas partir d’ici et proclamer le royaume en disant : ‘il est ici’ ou ‘il est là’, car le royaume que vous prêchez est Dieu en vous. »
« « Quiconque veut être grand dans le royaume de mon Père doit devenir un ministre pour tous ; et, si quelqu’un veut être le premier parmi vous, qu’il devienne le serviteur de ses frères. Une fois que vous êtes reçus comme citoyens du royaume céleste, vous n’êtes plus des serviteurs, mais des fils, des fils du Dieu vivant. C’est ainsi que ce royaume progressera dans le monde jusqu’à ce qu’il rompe toutes les barrières et amène tous les hommes à connaitre mon Père et à croire à la vérité salvatrice que je suis venu proclamer. Dès maintenant, le royaume est à portée de la main, et plusieurs d’entre vous ne mourront pas sans avoir vu le règne de Dieu advenir en grande puissance. »
« « Ce que vos yeux aperçoivent maintenant, ce petit début de douze hommes ordinaires, se multipliera et croitra jusqu’à ce que, finalement, toute la terre soit remplie des louanges de mon Père. C’est moins par les paroles que vous prononcerez, mais plutôt par la vie que vous vivrez, que les hommes sauront que vous avez été avec moi et que vous avez appris les réalités du royaume. Je ne voudrais imposer à votre mental aucun fardeau trop lourd, mais je vais charger vos âmes de la responsabilité solennelle de me représenter dans le monde quand je vous quitterai bientôt, de même que je représente mon Père dans ma présente vie incarnée. » Et, lorsque Jésus eut fini de parler, il se leva. » LU 140:1.1-7
« Jésus demanda ensuite aux douze mortels, qui venaient d’écouter sa déclaration au sujet du royaume, de s’agenouiller en cercle autour de lui. Le Maitre posa alors ses mains sur la tête de chaque apôtre en commençant par Judas Iscariot et en finissant par André. Après les avoir bénis, il étendit les mains et pria : »
« « Mon Père, je t’amène maintenant ces hommes, mes messagers. Parmi nos enfants sur terre, j’ai choisi ces douze pour aller me représenter comme je suis venu te représenter. Aime-les et accompagne-les comme tu m’as aimé et accompagné. Et maintenant, mon Père, donne-leur la sagesse tandis que je place toutes les affaires du royaume à venir entre leurs mains. Si telle est ta volonté, je voudrais rester quelque temps sur terre pour les aider dans leurs travaux pour le royaume. De nouveau, mon Père, je te remercie pour ces hommes et je les confie à ta garde, tandis que je vais achever l’œuvre que tu m’as donnée à accomplir. » » LU 140:2.1-2
« Jésus leur recommanda de n’emporter ni argent ni vêtements de rechange, disant : « le bon ouvrier mérite son salaire. » Et finalement il dit : « Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc aussi prudents que des serpents et aussi inoffensifs que des colombes. Mais prenez garde, car vos ennemis vous amèneront devant leurs conseils et vous critiqueront sévèrement dans leurs synagogues. Vous serez trainés devant des gouverneurs et des dirigeants parce que vous croyez à cet évangile, et votre témoignage même témoignera pour moi auprès d’eux. Quand ils vous feront passer en jugement, ne vous inquiétez pas de ce que vous direz, car l’esprit de mon Père vous habite et parlera pour vous à ces moments-là. Quelques-uns d’entre vous seront mis à mort et, avant que vous établissiez le royaume sur terre, vous serez haïs par bien des peuples à cause de cet évangile ; mais n’ayez aucune crainte ; je serai auprès de vous et mon esprit vous précèdera dans le monde entier. La présence de mon Père demeurera avec vous pendant que vous irez d’abord vers les Juifs et ensuite vers les Gentils. » » LU 140:9.3 (Matt 10:16)
« Le même soir, Thomas demanda à Jésus : « Maitre, tu dis qu’il nous faut devenir comme des petits enfants avant de pouvoir gagner l’entrée dans le royaume du Père, et cependant tu nous as prévenus de ne pas nous laisser tromper par de faux prophètes et de ne pas nous rendre coupables de jeter nos perles aux pourceaux. Franchement, je suis déconcerté. Je n’arrive pas à comprendre ton enseignement. » Jésus répondit à Thomas : « Combien de temps vous supporterai-je ! Vous insistez toujours pour prendre à la lettre tout ce que j’enseigne. Quand je vous ai demandé de devenir semblables à de petits enfants comme prix de votre entrée dans le royaume, je ne parlais ni de la facilité à se laisser tromper, ni de la simple bonne volonté de croire ni de la rapidité à faire confiance à d’agréables étrangers. Ce que je désirais que vous retiriez de cet exemple, c’était la relation entre enfant et père. Tu es l’enfant, et c’est dans le royaume de ton Père que tu cherches à entrer. Il existe, entre tout enfant normal et son père, une affection naturelle qui assure des relations compréhensives et affectueuses, et qui exclut perpétuellement toute tendance à négocier pour obtenir l’amour et la miséricorde du Père. L’évangile que vous allez prêcher concerne un salut provenant de la réalisation, par la foi, de cette même et éternelle relation d’enfant à père. » » LU 140:10.4
« Après que Jésus et Matthieu eurent achevé de parler, Simon Zélotès demanda : « Maitre, les hommes sont-ils tous fils de Dieu ? » Jésus répondit : « Oui, Simon, tous les hommes sont fils de Dieu, et c’est la bonne nouvelle que vous allez proclamer. » Mais les apôtres ne parvenaient pas à comprendre une telle doctrine qui était pour eux une annonce nouvelle, étrange et stupéfiante. Et c’était à cause de son désir d’inculquer cette vérité à ses disciples que Jésus leur apprenait à traiter tous les hommes comme leurs frères. »
« En réponse à une question posée par André, le Maitre expliqua que la moralité de son enseignement était inséparable de sa manière religieuse de vivre. Il enseignait la moralité non en partant de la nature de l’homme, mais en partant de la relation de l’homme avec Dieu. »
« Jean demanda à Jésus : « Maitre, qu’est-ce que le royaume des cieux ? » Et Jésus répondit : « Le royaume des cieux se compose de trois éléments essentiels : premièrement la reconnaissance du fait de la souveraineté de Dieu ; deuxièmement la croyance à la vérité de la filiation avec Dieu ; et troisièmement la foi dans l’efficacité du suprême désir humain de faire la volonté de Dieu — d’être semblable à Dieu. Et voici la bonne nouvelle de l’évangile : par la foi, chaque mortel peut posséder tous ces éléments essentiels du salut. » » LU 140:10.7-9
« Au moment du départ, les apôtres ne virent pas le Maitre, et André partit à sa recherche. Il ne tarda pas à le trouver assis dans un bateau sur la plage, et Jésus pleurait. Les douze avaient souvent vu leur Maitre à des moments où il semblait triste et ils avaient été témoins de ses brèves périodes de graves préoccupations mentales, mais aucun ne l’avait jamais vu verser des larmes. André fut quelque peu surpris de voir le Maitre ainsi affecté au moment de leur départ pour Jérusalem, et il osa s’approcher de Jésus et lui demanda : « En ce grand jour, Maitre, au moment où nous allons nous rendre à Jérusalem pour proclamer le royaume du Père, pourquoi pleures-tu ? Qui de nous t’a offensé ? » Et Jésus, revenant avec André vers les douze, lui répondit : « Aucun de vous ne m’a causé de chagrin. Je suis attristé seulement parce qu’aucun membre de la famille de mon père Joseph n’a songé à venir nous souhaiter bon voyage. » À ce moment-là, Ruth était en visite chez son frère Joseph à Nazareth ; les autres membres de la famille s’étaient tenus à l’écart par orgueil, déception, incompréhension et mesquine rancune à laquelle ils se laissaient aller parce que leurs sentiments avaient été froissés. » LU 141:0.2
« Le soir avant leur départ de Pella, Jésus donna aux apôtres quelques enseignements supplémentaires sur le nouveau royaume. Le Maitre dit : « On vous a appris à attendre la venue du royaume de Dieu, et maintenant je viens vous annoncer que ce royaume longtemps attendu est à portée de la main, qu’il est même déjà ici, au milieu de nous. Dans tout royaume, il faut un roi siégeant sur son trône et décrétant les lois du royaume. Vous avez donc conçu le royaume des cieux comme une souveraineté glorifiée du peuple juif sur tous les peuples de la terre, avec le Messie siégeant sur le trône de David et, de ce lieu de pouvoir miraculeux, promulguant les lois du monde entier. Mais, mes enfants, vous ne voyez pas avec l’œil de la foi et vous n’entendez pas avec l’intelligence de l’esprit. Je déclare que le royaume des cieux est la réalisation et la récognition de la loi de Dieu dans le cœur des hommes. Il est vrai qu’il y a un Roi dans ce royaume ; ce Roi est mon Père et votre Père. Nous sommes en vérité ses sujets loyaux mais ce fait est de loin transcendé par la vérité transformatrice que nous sommes ses fils. Dans ma vie, cette vérité doit devenir manifeste pour tous. Notre Père siège aussi sur un trône, mais sur un trône que nulle main n’a façonné. Le trône de l’Infini est la résidence éternelle du Père dans le ciel des cieux ; il remplit toutes les choses et proclame ses lois à tous les univers. Et le Père règne aussi dans le cœur de ses enfants terrestres par l’esprit qu’il a envoyé vivre dans l’âme des mortels. »
« « Quand vous êtes les sujets de ce royaume, il vous faut en vérité entendre la loi du Souverain de l’Univers. Mais, quand, à cause de l’évangile du royaume que je suis venu proclamer, vous découvrez par la foi que vous êtes des fils, vous ne vous considérez plus comme des créatures soumises à la loi d’un roi tout-puissant, mais comme des fils privilégiés d’un Père aimant et divin. En vérité, en vérité, je vous le dis, quand la volonté du Père est votre loi, vous n’êtes guère dans le royaume. Mais, quand la volonté du Père devient vraiment votre volonté, alors vous êtes en toute vérité dans le royaume, parce que le royaume est devenu de ce fait une expérience établie en vous. Quand la volonté de Dieu est votre loi, vous êtes de nobles sujets esclaves ; mais, quand vous croyez à ce nouvel évangile de filiation divine, la volonté de mon Père devient votre volonté, et vous êtes élevés à la haute position de libres enfants de Dieu, de fils affranchis du royaume. » » LU 141:2.1-2
« Durant son séjour à Amathus, Jésus passa beaucoup de temps à enseigner aux apôtres le nouveau concept de Dieu. Maintes et maintes fois, il leur inculqua que Dieu est un Père, et non un grand et suprême comptable, principalement occupé à inscrire, au compte débiteur de ses enfants terrestres égarés, des enregistrements de leurs péchés et de leurs mauvaises actions pour les utiliser ultérieurement contre eux quand il les jugera en tant que juste Juge de toute la création. Les Juifs avaient, depuis longtemps, conçu Dieu comme un souverain universel, et même comme un Père de la nation, mais jamais auparavant un nombre important d’hommes mortels n’avait conçu Dieu en tant que Père aimant de chaque individu. »
« En réponse à la question de Thomas : « Qui est ce Dieu du royaume ? » Jésus répliqua : « Dieu est ton Père, et la religion — mon évangile — n’est rien de plus ou de moins que de reconnaitre, en y croyant, la vérité que tu es son fils. Je suis incarné ici, parmi vous, pour clarifier ces deux idées par ma vie et mes enseignements. » » LU 141:4.1-2
« En même temps, Jésus commença à instruire plus complètement les douze sur leur mission « de consoler les affligés et de soigner les malades ». Le Maitre leur parla longuement de l’homme total — de l’union du corps, du mental et de l’esprit pour former l’individu, homme ou femme. Jésus exposa, à ses associés, les trois formes d’affliction qu’ils allaient rencontrer, et poursuivit en leur expliquant comment ils devraient apporter leur ministère à tous ceux qui endurent les douleurs des maladies humaines. Il leur apprit à reconnaitre : »
« 1. Les maux de la chair — les afflictions communément considérées comme les maladies physiques. »
« 2. Les troubles du mental — les afflictions non physiques, ultérieurement considérées comme des difficultés et des dérangements émotionnels et mentaux. »
« 3. La possession par de mauvais esprits. »
« En plusieurs occasions, Jésus expliqua à ses apôtres la nature de ces mauvais esprits et leur donna quelques indications sur leur origine ; à cette époque, on les appelait souvent esprits impurs. Le Maitre connaissait bien la différence entre la possession par de mauvais esprits et la démence, mais les apôtres l’ignoraient. Vu leur connaissance limitée de l’histoire primitive d’Urantia, Jésus ne pouvait pas non plus entreprendre de leur rendre cette question pleinement compréhensible. Mais il leur dit, à maintes reprises, en faisant allusion à ces mauvais esprits : « Ils ne molesteront plus les hommes quand je serai monté au ciel auprès de mon Père et que j’aurai répandu mon esprit sur toute chair, à l’époque où le royaume viendra en grande puissance et en gloire spirituelle. » » LU 141:4.4-8
« L’une des conférences du soir les plus mouvementées d’Amathus fut la session où l’on discuta de l’unité spirituelle. Jacques Zébédée avait demandé : « Maitre, comment apprendrons-nous à avoir le même point de vue et à jouir ainsi d’une plus grande harmonie entre nous ? » Lorsque Jésus entendit cette question, son esprit fut tellement ému qu’il répliqua : « Jacques, Jacques, quand t’ai-je enseigné que vous deviez tous avoir le même point de vue ? Je suis venu dans le monde pour proclamer la liberté spirituelle afin que les mortels aient le pouvoir de vivre des vies individuelles originales et libres devant Dieu. Je ne désire pas que l’harmonie sociale et la paix fraternelle soient achetées par le sacrifice de la libre personnalité et de l’originalité spirituelle. Ce que je vous demande, mes apôtres, c’est l’unité spirituelle — dont vous pouvez faire l’expérience dans la joie de l’union de votre consécration à faire, de tout cœur, la volonté de mon Père qui est aux cieux. Vous n’avez pas besoin d’avoir le même point de vue, les mêmes sentiments, ni même des pensées semblables, pour être spirituellement semblables. L’unité spirituelle dérive de la conscience que chacun de vous est habité, et de plus en plus dominé, par le don d’esprit du Père céleste. Votre harmonie apostolique doit naitre du fait que l’espoir spirituel de chacun de vous est identique par son origine, sa nature et sa destinée. »
« « De cette manière, vous pouvez faire l’expérience d’une unité parfaite d’intention d’esprit et de compréhension d’esprit provenant de la conscience mutuelle de l’identité de chacun des esprits du Paradis qui vous habitent ; et vous pouvez jouir de la totalité de cette profonde unité spirituelle même devant la plus extrême diversité de vos attitudes individuelles dans les domaines de la réflexion intellectuelle, des sentiments innés et de la conduite sociale. Vos personnalités peuvent avoir une plaisante diversité et des différences marquées, en même temps que vos natures spirituelles et les fruits spirituels de votre adoration divine et de votre amour fraternel peuvent être si bien unifiés que tous ceux qui observent votre vie prendront certainement acte de cette identité d’esprit et de cette unité d’âme. Ils reconnaitront que vous avez vécu auprès de moi et que vous avez ainsi appris à faire d’une manière acceptable la volonté du Père qui est aux cieux. Vous pouvez atteindre l’unité dans le service de Dieu, même pendant que vous accomplissez ce service selon la technique de vos propres dons originaux de mental, de corps et d’âme. »
« « Votre unité spirituelle implique deux facteurs qui s’harmonisent toujours dans la vie individuelle des croyants : premièrement, vous possédez un motif commun pour une vie de service ; chacun de vous désire par-dessus tout faire la volonté du Père qui est aux cieux. Et, deuxièmement, vous avez tous un but commun d’existence ; vous avez tous le dessein de trouver le Père qui est aux cieux, et de prouver, par là, à l’univers que vous êtes devenus semblables à lui. » »’ » LU 141:5.1-3
« Quand Simon Zélotès et Jésus furent seuls, Simon demanda au Maitre : « Comment se fait-il que je n’aie pas réussi à le persuader ? Pourquoi m’a-t-il tant résisté et t’écoute-t-il si volontiers ? » Jésus répondit : « Simon, Simon, combien de fois t’ai-je recommandé de t’abstenir de tout effort pour retirer quelque chose du cœur de ceux qui cherchent le salut ? Combien de fois je t’ai dit de ne travailler que pour faire pénétrer quelque chose dans ces âmes assoiffées. Conduis les hommes dans le royaume, et ensuite les grandes vérités vivantes du royaume ne tarderont pas à éliminer toute erreur sérieuse. Une fois que tu as annoncé à un mortel la bonne nouvelle que Dieu est son Père, tu peux d’autant plus facilement le persuader qu’il est en réalité un fils de Dieu. Ayant fait cela, tu as apporté la lumière du salut à un être plongé dans les ténèbres. Simon, la première fois que le Fils de l’Homme est venu vers toi, a-t-il condamné Moïse et les prophètes pour proclamer une nouvelle et meilleure manière de vivre ? Non. Je ne suis pas venu pour enlever ce que vous tenez de vos ancêtres, mais pour vous montrer la vision plus complète de ce que vos pères n’ont vu qu’en partie. Donc, Simon, va enseigner et prêcher le royaume, et, quand tu y auras conduit un homme sain et sauf, alors il sera temps, s’il vient vers toi avec des questions, de lui communiquer un enseignement relatif à l’avancement progressif de l’âme à l’intérieur du royaume divin. » » LU 141:6.2
« Durant la deuxième semaine du séjour à Béthanie au-delà du Jourdain, Jésus emmena Pierre, Jacques et Jean se reposer trois jours dans les collines situées de l’autre côté du fleuve, au sud de Jéricho. Le Maitre enseigna à ces trois hommes de nombreuses vérités nouvelles et d’un niveau plus élevé sur le royaume des cieux. Nous les avons remises en ordre et classées de la manière suivante pour la clarté de notre exposé : »
« Jésus s’efforça d’expliquer qu’il désirait que ses disciples, ayant gouté des bonnes réalités d’esprit du royaume, vivent dans le monde de telle sorte que les hommes, en voyant leur vie, deviennent conscients du royaume et soient ainsi amenés à s’enquérir auprès des croyants sur les voies du royaume. De tels sincères chercheurs de vérité sont toujours heureux d’entendre les bonnes nouvelles annonçant le don de foi, qui assure l’admission dans le royaume avec ses réalités spirituelles éternelles et divines. »
« Le Maitre cherchait à inculquer à tous ceux qui enseignaient l’évangile du royaume que leur seule affaire consistait à révéler individuellement à l’homme que Dieu est son Père — à amener cet homme à devenir personnellement conscient de sa filiation ; ensuite de présenter cet homme à Dieu comme son fils par la foi. Ces deux révélations essentielles étaient accomplies en Jésus. Il devint réellement « le chemin, la vérité et la vie ». La religion de Jésus était entièrement fondée sur la manière de vivre sa vie d’effusion sur terre. Lorsque Jésus quitta ce monde, il ne laissa derrière lui ni livres, ni lois, ni autres formes d’organisation humaine affectant la vie religieuse des individus. »
« Jésus expliqua clairement qu’il était venu pour établir avec les hommes des relations personnelles et éternelles qui auraient définitivement préséance sur toutes les autres relations humaines. Il fit ressortir que cette communion spirituelle intime devait être étendue à tous les hommes de tous les âges et de toutes les conditions sociales chez tous les peuples. La seule récompense qu’il faisait miroiter à ses enfants était : dans ce monde, la joie spirituelle et la communion divine — et, dans l’autre monde, la vie éternelle avec l’assimilation progressive des réalités d’esprit divines du Père du Paradis. »
« Jésus insista beaucoup sur ce qu’il appelait les deux vérités de première importance dans les enseignements du royaume, à savoir : l’obtention du salut par la foi et la foi seule, associée à l’enseignement révolutionnaire de l’obtention de la liberté humaine par la récognition de la vérité. « Vous connaitrez la vérité, et la vérité vous affranchira. » Jésus était la vérité manifestée dans la chair, et il promit d’envoyer son Esprit de Vérité dans le cœur de tous ses enfants après son retour auprès du Père qui est aux cieux. »
« Le Maitre enseignait aux apôtres les éléments essentiels de la vérité pour tout un âge terrestre. Souvent, ils écoutaient ses enseignements alors qu’en réalité ce qu’il disait était destiné à inspirer et à édifier d’autres mondes. Il donna l’exemple d’un plan de vie nouveau et original. Du point de vue humain, il était véritablement un Juif, mais il vécut sa vie comme un mortel du royaume pour l’édification du monde entier. »
« Pour être sûr que son Père serait reconnu au cours du développement du plan du royaume, Jésus expliqua qu’il avait volontairement ignoré « les grands de la terre ». Il commença son travail avec les pauvres, la classe même qui avait été si négligée par la plupart des religions évolutionnaires des époques précédentes. Il ne méprisait personne ; son plan était à l’échelle du monde entier, et même de l’univers. Jésus montrait tant d’audace et d’énergie dans ces déclarations que même Pierre, Jacques et Jean furent tentés de croire qu’il n’avait plus tout son bon sens. »
« Il chercha doucement à faire comprendre à ces apôtres qu’il accomplissait cette mission d’effusion non pour donner un exemple à quelques créatures de la terre, mais pour établir et démontrer un critère de vie humaine pouvant servir à tous les peuples de tous les mondes de tout son univers. Ce modèle de vie approchait de la plus haute perfection, et même de la bonté suprême du Père Universel, mais les apôtres ne pouvaient saisir la signification de ses paroles. »
« Il annonça qu’il était venu opérer comme instructeur, un instructeur envoyé du ciel pour présenter la vérité spirituelle au mental matériel. Et, c’est exactement ce qu’il fit ; il était un instructeur et non un prédicateur. Du point de vue humain, Pierre était un prédicateur beaucoup plus efficace que Jésus. Si la prédication de Jésus était si efficace, c’est qu’elle était due à sa personnalité extraordinaire bien plus qu’à un irrésistible attrait oratoire ou émotionnel. Jésus parlait directement à l’âme des hommes. Il instruisait l’esprit des hommes par l’intermédiaire du mental. Il vivait avec les hommes. »
« Ce fut à cette occasion que Jésus signifia à Pierre, Jacques et Jean que son œuvre sur terre devait, sous certains rapports, être limitée conformément au mandat reçu de son « associé céleste ». Il faisait allusion aux instructions données avant son effusion par son frère paradisiaque Emmanuel. Il leur dit qu’il était venu faire la volonté de son Père et uniquement la volonté de son Père. En raison de ce dessein unique qui était son mobile sincère, il ne se tourmentait pas outre mesure de l’emprise du mal dans le monde. »
« Les apôtres commençaient à reconnaitre l’amitié spontanée de Jésus. Bien que le Maitre fut d’un abord facile, il vivait toujours indépendamment de tous les êtres humains et au-dessus d’eux. Jamais il ne fut dominé, même un instant, par une influence purement terrestre, ni sujet à la fragilité du jugement humain. Il ne prêtait aucune attention à l’opinion publique et il ne se laissait pas influencer par les louanges. Il s’interrompait rarement pour corriger des malentendus ou pour s’offenser d’une présentation erronée des faits. Il ne demanda jamais conseil à personne ; il ne réclama jamais de prières. »
« Jacques s’étonnait de la manière dont Jésus semblait voir la fin dès le commencement. Le Maitre paraissait rarement surpris. Il n’était jamais agité, vexé ou déconcerté. Il ne présenta jamais d’excuses à personne. Il était parfois attristé, mais jamais découragé. »
« Jean comprit plus clairement que, malgré tous ses dons divins, Jésus était après tout un homme. Il vivait en homme parmi les hommes, il les comprenait, les aimait et savait les diriger. Dans sa vie personnelle, il était si humain et pourtant si irréprochable. Et il était toujours désintéressé. » LU 141:7.2-14
« Il y avait à Jérusalem, assistant aux festivités de la Pâque, un riche négociant juif de Crète, nommé Jacob, qui aborda André et lui demanda de voir Jésus en privé. André arrangea cette rencontre secrète chez Flavius pour le lendemain soir. Ce Jacob ne pouvait comprendre les enseignements du Maitre et venait par désir de se renseigner plus complètement sur le royaume de Dieu. Il dit à Jésus : « Mais Rabbi, Moïse et les anciens prophètes nous disent que Yahweh est un Dieu jaloux, un Dieu aux grandes colères et aux emportements impétueux. Les prophètes disent qu’il hait ceux qui font le mal et se venge de ceux qui n’obéissent pas à sa loi. Toi et tes disciples, vous nous enseignez, au contraire, que Dieu est un Père compatissant et bon, qui aime tellement les hommes qu’il voudrait les accueillir tous dans ce nouveau royaume des cieux, que tu proclames si proche. » »
« Lorsque Jacob eut fini de parler, Jésus répondit : « Jacob, tu as bien exposé les enseignements des prophètes de jadis, qui instruisirent les enfants de leur génération conformément aux lumières de leur temps. Notre Père au Paradis est invariant, mais le concept de sa nature s’est élargi et accru depuis l’époque de Moïse jusqu’à l’époque d’Amos, et même jusqu’à la génération du prophète Isaïe. Maintenant, je me suis incarné pour révéler le Père dans une nouvelle gloire et manifester son amour et sa miséricorde à tous les hommes sur tous les mondes. À mesure que l’évangile de ce royaume se répandra sue le monde avec son message de courage et de bonne volonté à tous les hommes, il s’établira des relations meilleures chez les familles de toutes les nations. Le temps passant, les pères et les enfants s’aimeront davantage les uns les autres, ce qui amènera une meilleure compréhension de l’amour du Père qui est aux cieux pour ses enfants terrestres. Rappelle-toi, Jacob, qu’un père sincère et bon non seulement aime sa famille collectivement — en tant que famille — mais aussi qu’il en aime vraiment individuellement chaque membre et prend de lui un soin affectueux. » »
« Après une discussion prolongée sur le caractère du Père qui est aux cieux, Jésus s’arrêta pour dire : « Toi, Jacob, qui es père d’une famille nombreuse, tu connais bien la vérité de mes paroles. » Et Jacob dit : « Mais, Maitre, qui t’a dit que j’étais le père de six enfants ? Comment as-tu su cela à mon sujet ? » Et le Maitre répliqua : « Il suffit de dire que le Père et le Fils connaissent toutes choses, car en vérité ils voient tout. Aimant les enfants comme un père terrestre, il faut maintenant que tu acceptes comme une réalité l’amour du Père céleste pour toi — non pas simplement pour tous les enfants d’Abraham, mais pour toi, pour ton âme individuelle. »
« Jésus poursuivit : « Quand tes enfants sont très jeunes, qu’ils manquent de maturité et que tu dois les punir, ils peuvent penser que leur père est courroucé, plein de colère rancunière. Leur immaturité ne leur permet pas de pénétrer au-delà de la punition pour discerner l’affection prévoyante et corrective du père. Mais, quand ces mêmes enfants deviennent des hommes et des femmes adultes, ne serait-il pas insensé de leur part de s’attacher à ces anciennes et fausses conceptions au sujet de leur père ? En tant qu’hommes et femmes, ils devraient maintenant discerner l’amour de leur père dans toutes ces mesures disciplinaires de leur enfance. À mesure que les siècles s’écoulent, l’humanité ne devrait-elle pas arriver à mieux comprendre la vraie nature et le caractère aimant du Père qui est aux cieux ? Quel profit tires-tu de l’illumination spirituelle des générations successives si tu persistes à envisager Dieu comme Moïse et les prophètes ? Je te dis, Jacob, qu’à la brillante lumière de cette heure, tu devrais voir le Père comme aucun de tes prédécesseurs ne l’a jamais perçu. En le voyant ainsi, tu devrais te réjouir d’entrer dans le royaume où règne un Père aussi miséricordieux, et tu devrais veiller à ce que sa volonté d’amour domine désormais ta vie. » »
« Et Jacob répondit : « Rabbi, je crois ; je désire que tu me conduises dans le royaume du Père. » » LU 142:2.1-5
« Flavius, le Juif grec, était un prosélyte de la porte, car il n’avait été ni circoncis ni baptisé. Comme il appréciait beaucoup la beauté dans l’art et la sculpture, la maison qu’il occupait durant ses séjours à Jérusalem était un bâtiment magnifique. Elle était délicieusement ornée de trésors sans prix qu’il avait acquis çà et là, au cours de ses voyages dans le monde. Quand il eut, pour la première fois, l’idée d’inviter Jésus, il craignit que le Maitre ne s’offensât de voir ces « images ». Mais, lorsque Jésus entra chez lui, Flavius fut également surpris de voir qu’au lieu de le réprimander pour avoir ces objets prétendument idolâtres un peu partout dans la maison, le Maitre manifestait un grand intérêt pour toute la collection. Jésus montra son appréciation en posant maintes questions sur chaque objet, tandis que Flavius l’accompagnait de pièce en pièce en lui montrant toutes ses statues favorites. »
« Le Maitre vit que son hôte était désorienté par son attitude favorable à l’égard des arts ; en conséquence, quand ils eurent fini d’inspecter toute la collection, Jésus lui dit : « Parce que tu apprécies la beauté des choses créées par mon Père et façonnées par des mains d’artistes humains, pourquoi t’attendrais-tu à recevoir des reproches ? Parce que Moïse a jadis cherché à combattre l’idolâtrie et l’adoration des faux dieux, pourquoi tous les hommes devraient-ils réprouver la reproduction de la grâce et de la beauté ? Je te dis, Flavius, que les enfants de Moïse l’ont mal compris, et maintenant ils transforment en faux dieux sa prohibition même des statues et des images des choses célestes et terrestres. Mais, même si Moïse a enseigné ces restrictions au mental enténébré de jadis, en quoi cela concerne-t-il notre temps où le Père qui est aux cieux est révélé en tant que Souverain Spirituel universel au-dessus de tout ? Flavius, je te déclare que, dans le royaume à venir, on n’enseignera plus ‘n’adorez pas ceci et n’adorez pas cela’ ; on ne s’occupera plus de commandements pour s’abstenir de ceci et pour prendre garde d’éviter cela, mais tout le monde s’occupera plutôt d’un seul devoir suprême. Ce devoir des hommes s’exprime en deux grands privilèges ; l’adoration sincère du Créateur infini, le Père du Paradis, et le service aimant rendu à nos semblables. Si tu aimes ton prochain comme toi-même, tu sais réellement que tu es un fils de Dieu. »
« « À une époque où mon Père n’était pas bien compris, Moïse avait raison d’essayer de résister à l’idolâtrie, mais, dans l’âge à venir, le Père aura été révélé dans la vie du Fils, et cette nouvelle révélation de Dieu rendra définitivement vain de confondre le Père Créateur avec des idoles de pierre ou des statues d’or et d’argent. Désormais, les hommes intelligents peuvent jouir des trésors de l’art sans confondre cette appréciation matérielle de la beauté avec l’adoration et le service du Père du Paradis, le Dieu de toutes les choses et de tous les êtres. » » LU 142:4.1-3
« Après avoir été présenté par Flavius, Nicodème dit : « Rabbi, nous savons que tu es un instructeur envoyé par Dieu, car nul homme ne pourrait enseigner de la sorte si Dieu n’était pas avec lui. Je désirerais en savoir plus long sur tes enseignements au sujet du royaume à venir. » »
« Jésus répondit à Nicodème : « En vérité, en vérité, je te dis, Nicodème, qu’à moins d’être né d’en haut, un homme ne peut voir le royaume de Dieu. » Alors Nicodème répondit : « Mais comment un homme peut-il naitre de nouveau quand il est vieux ? Il ne peut entrer une seconde fois dans le sein de sa mère pour renaitre. » »
« Jésus dit : « Néanmoins, je te déclare qu’à moins de naitre de l’esprit, un homme ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit. Ne t’étonne pas que j’aie dit qu’il fallait naitre d’en haut. Quand le vent souffle, tu entends le bruissement des feuilles, mais tu ne vois pas le vent — ni d’où il vient ni où il va — et il en est ainsi pour quiconque est né de l’esprit. Avec les yeux de la chair, on peut apercevoir les manifestations de l’esprit, mais on ne peut effectivement discerner l’esprit. » »
« Nicodème répondit : « Mais je ne comprends pas — comment cela peut-il être ? » Jésus dit : « Est-il possible que tu sois un éducateur d’Israël et que tu ignores tout cela ? Ceux qui connaissent les réalités de l’esprit ont donc le devoir de révéler ces choses à ceux qui discernent seulement les manifestations du monde matériel. Mais nous croiras-tu si nous te parlons des vérités célestes ? As-tu le courage, Nicodème, de croire en quelqu’un qui est descendu du ciel, au Fils de l’Homme lui-même ? » »
« Nicodème dit alors : « Mais comment puis-je commencer à saisir cet esprit qui doit me recréer en me préparant à entrer dans le royaume ? » Jésus répondit : « L’esprit du Père qui est aux cieux demeure déjà en toi. Si tu veux te laisser conduire par cet esprit d’en haut, tu commenceras très bientôt à voir avec les yeux de l’esprit ; ensuite, si tu choisis de tout cœur la gouverne de l’esprit, tu naitras d’esprit, car le dessein unique de ta vie sera de faire la volonté de ton Père qui est aux cieux. En te trouvant ainsi né de l’esprit et heureux dans le royaume de Dieu, tu commenceras à produire, dans la vie quotidienne, les abondants fruits de l’esprit. » » LU 142:6.3-7 (Jean 3:3-21)
« Vers cette époque, un état de grande tension émotive et nerveuse se développa parmi les apôtres et parmi leurs disciples immédiatement associés. Ils ne s’étaient guère habitués à vivre et à travailler ensemble. Ils éprouvaient des difficultés croissantes à maintenir des relations harmonieuses avec les disciples de Jean. Le contact avec les Gentils et les Samaritains était une grande épreuve pour ces Juifs. En outre, les récents propos de Jésus avaient accru l’état de confusion de leur mental. André en perdait presque son bon sens ; ne sachant plus que faire, il alla trouver le Maitre avec ses problèmes et ses perplexités. Lorsque Jésus eut entendu le chef apostolique lui raconter ses difficultés, il dit : « André, tu ne peux tirer les hommes de leur confusion par des explications quand ils se trouvent engagés à un tel point et que tant de personnes, éprouvant des sentiments violents, sont impliquées. Je ne puis faire ce que tu me demandes — je ne me mêlerai pas de ces difficultés sociales personnelles — mais je me joindrai à vous pour jouir d’une période de trois jours de repos et de détente. Va vers tes frères, et annonce-leur que vous allez tous monter avec moi sur le mont Sartaba, où je désire me reposer un jour ou deux. »
« « Maintenant, tu devrais aller trouver individuellement tes onze frères et dire à chacun : ‘Le Maitre désire que nous prenions, seuls avec lui, une période de repos et de détente. Puisque nous avons tous éprouvé récemment beaucoup de contrariété d’esprit et de tension mentale, je suggère que, pendant ces vacances, nous ne fassions aucune mention de nos épreuves et de nos difficultés. Puis-je compter sur toi pour coopérer avec moi dans cette affaire ?’ Prends ainsi contact avec chacun de tes frères personnellement et en privé. » Et André fit ce que le Maitre lui avait recommandé. »
« Ce fut un évènement merveilleux dans l’expérience de chacun d’eux ; ils n’oublièrent jamais cette journée d’ascension de la montagne. Durant tout le trajet, ils ne dirent presque rien de leurs difficultés. En arrivant au sommet de la montagne, Jésus les fit assoir autour de lui et leur dit : « Mes frères, il faut que vous appreniez tous la valeur du repos et l’efficacité de la détente. Comprenez bien que la meilleure méthode pour résoudre certains problèmes embrouillés consiste à les laisser de côté pendant quelque temps. Ensuite, quand vous revenez rafraichis par le repos ou l’adoration, vous êtes en mesure d’attaquer vos difficultés avec une tête plus claire et une main plus ferme, sans mentionner un cœur plus résolu. Par ailleurs, vous trouverez bien souvent que l’importance et les proportions de votre problème se sont amenuisées pendant que vous reposiez votre mental et votre corps. » » LU 143:3.1-3
« Jean était maintenant en prison depuis un an et demi et, durant presque tout ce temps-là, Jésus avait travaillé très discrètement ; il n’était donc pas étonnant que Jean fût amené à s’inquiéter du royaume. Les amis de Jean interrompirent la leçon de Jésus en lui disant : « Jean le Baptiste nous a envoyés te demander si tu es vraiment le Libérateur ou si nous devons en chercher un autre. » »
« Jésus s’arrêta pour dire aux amis de Jean : « Retournez dire à Jean qu’il n’est pas oublié. Dites-lui ce que vous avez vu et entendu, que la bonne nouvelle est prêchée aux pauvres. » Après avoir dit encore quelques mots aux messagers de Jean, Jésus se tourna de nouveau vers la foule et dit : « Ne croyez pas que Jean mette en doute l’évangile du royaume. Il s’enquiert seulement pour rassurer ses disciples qui sont aussi mes disciples. Jean n’est pas faible. À vous qui avez entendu Jean prêcher avant qu’Hérode ne le mette en prison, laissez-moi vous demander ce que vous avez vu en lui. Un roseau secoué par le vent ? Un homme d’humeur changeante et habillé de vêtements douillets ? En règle générale, ceux qui sont vêtus somptueusement et vivent en sybarites se rencontrent dans les cours des rois et les demeures des riches. Mais qu’avez-vous aperçu en voyant Jean ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. Il a été écrit de Jean : ‘Voici, j’envoie mon messager devant ta face ; il préparera le chemin devant toi.’ »
« « En vérité, en vérité, je vous le dis, parmi ceux qui sont nés de femmes, il ne s’en est pas élevé de plus grand que Jean le Baptiste ; pourtant, même le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui, parce qu’il est né d’esprit et sait qu’il est devenu un fils de Dieu. » » LU 144:8.2-4
« Ce même après-midi, Jésus continua à enseigner, disant : « À quoi comparerai-je cette génération ? Beaucoup d’entre vous ne recevront ni le message de Jean ni mon enseignement. Vous ressemblez à des enfants jouant sur la place du marché, qui appellent leurs camarades et disent : ‘ Nous avons joué de la flute pour vous et vous n’avez pas dansé ; nous avons gémi et vous ne vous êtes pas affligés.’ Il en est de même pour certains d’entre vous. Jean est venu ne mangeant pas et ne buvant pas, et ils ont dit qu’il était possédé par un démon. Le Fils de l’Homme vient, mangeant et buvant, et les mêmes personnes disent : ‘Voyez, il est un gourmand et un buveur de vin, un ami des publicains et des pécheurs !’ En vérité, la sagesse est justifiée par ses enfants. »
« « Il semble que le Père céleste ait caché quelques-unes de ces vérités aux sages et aux arrogants, tandis qu’il les a dévoilées à de petits enfants. Mais le Père fait bien toutes choses ; il se révèle à l’univers par les méthodes de son propre choix. Venez donc, vous tous qui peinez et portez de lourds fardeaux, et vous trouverez du repos pour votre âme. Prenez sur vous le joug divin, et vous éprouverez la paix de Dieu, qui dépasse tout entendement. » » LU 144:8.7-8 (Matt 11:2-30; Luc 7:18-35)
« Après que Jésus eut fini d’enseigner la foule, il dit à David : « Tu as perdu du temps en venant à mon aide, alors permets-moi de travailler avec toi. Allons pêcher. Dirige-toi vers les fonds qui sont là-bas, et jette tes filets pour une prise. » Mais Simon, l’un des aides de David, répondit : « Maitre, c’est inutile. Nous avons peiné toute la nuit et nous n’avons rien pris ; toutefois, puisque tu le demandes, nous allons sortir et lancer les filets. » Simon consentit à suivre les directives de Jésus parce que son patron, David, lui avait fait signe d’un geste. Quand ils furent arrivés à l’endroit désigné par Jésus, ils immergèrent leurs filets et prirent une telle quantité de poissons qu’ils craignirent de voir leurs filets se déchirer ; à tel point qu’ils firent signe à leurs associés, restés au bord du rivage, de venir à la rescousse. Lorsqu’ils eurent rempli les trois bateaux de poissons presque au point de les faire couler, Simon tomba aux genoux de Jésus en disant : « Écarte-toi de moi, Maitre, car je suis chargé de péchés. » Simon et tous les participants furent stupéfaits de ce fructueux coup de filet. À partir de ce jour, David Zébédée, son aide, Simon, et leurs associés abandonnèrent leurs filets et suivirent Jésus. »
« Mais ce ne fut en aucun sens une pêche miraculeuse. Jésus avait étudié de près la nature ; il était un pêcheur expérimenté et connaissait les habitudes des poissons dans la mer de Galilée. En cette occasion, il avait simplement dirigé les pêcheurs vers l’endroit où les poissons se trouvaient généralement à cette heure-là de la journée. Mais les disciples de Jésus considérèrent toujours cet évènement comme un miracle. » LU 145:1.2-3 (Matt 4:18-22; Marc 1:16-20)
« Ce sermon fut un effort de la part de Jésus pour exposer clairement le fait que la religion est une expérience personnelle. Entre autres choses, le Maitre dit : »
« « Vous savez bien que, si un père au cœur tendre aime sa famille comme un tout, il la considère comme un groupe à cause de sa solide affection pour chaque membre de cette famille. Il faut cesser d’approcher le Père en tant qu’enfant d’Israël, mais le faire comme enfant de Dieu. En tant que groupe, vous êtes en vérité les enfants d’Israël, mais, à titre individuel, chacun de vous est un enfant de Dieu. Je ne suis pas venu révéler le Père aux enfants d’Israël, mais plutôt apporter individuellement aux croyants la connaissance de Dieu et la révélation de son amour et de sa miséricorde, en tant qu’expérience personnelle authentique. Les prophètes vous ont tous enseigné que Yahweh prend soin de son peuple, que Dieu aime Israël. Moi, je suis venu parmi vous proclamer une vérité plus grande, une vérité que beaucoup des derniers prophètes avaient déjà saisie, la vérité que Dieu vous aime — chacun de vous — en tant qu’individus. Pendant toutes ces générations, vous avez eu une religion raciale ou nationale ; maintenant, je suis venu vous donner une religion personnelle. »
« « Mais, même ceci n’est pas une idée nouvelle. Parmi vous, bien des personnes spirituellement douées ont connu cette vérité, car certains prophètes vous l’ont enseignée. N’avez-vous pas lu dans les Écritures le passage où le Prophète Jérémie dit : ‘En ces jours, on ne dira plus : les pères ont mangé des raisins verts et les dents des enfants ont été agacées. Chaque homme mourra pour sa propre iniquité ; tout homme qui mangera des raisins verts aura ses propres dents agacées. Voici, les jours viennent où je ferai une nouvelle alliance avec mon peuple, non selon l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères quand je les ai fait sortir de la terre d’Égypte, mais selon la nouvelle voie. J’écrirai même ma loi dans leur cœur. Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple. Ce jour-là, un homme ne dira plus à son voisin : Connais-tu le Seigneur ? Non ! Car ils me connaitront tous personnellement depuis le plus humble jusqu’au plus grand.’ »
« « N’avez-vous pas lu ces promesses ? Ne croyez-vous pas les Écritures ? Ne comprenez-vous pas que les paroles du prophète sont accomplies par ce que vous voyez aujourd’hui même ? Jérémie ne vous a-t-il pas exhortés à faire de la religion une affaire du cœur, à vous relier à Dieu en tant qu’individus ? Le prophète ne vous a-t-il pas dit que le Dieu du ciel sonderait le cœur de chacun ? Et n’avez-vous pas été avertis que, par nature, le cœur humain est plus trompeur que tout, et souvent désespérément méchant ? »
« « N’avez-vous pas lu aussi le passage où Ézéchiel a enseigné à vos pères que la religion doit devenir une réalité dans votre expérience individuelle ? Vous cesserez d’employer le proverbe qui dit : ‘Les pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants ont été agacées.’ ‘Aussi surement que je suis vivant’ dit le Seigneur Dieu, ’voici, toutes les âmes sont à moi, l’âme du père comme celle du fils. Seule mourra l’âme pécheresse.’ Ensuite, Ézéchiel prévit même le présent jour lorsqu’il annonça de la part de Dieu : ‘Je vous donnerai aussi un nouveau cœur et je mettrai en vous un nouvel esprit.’ »
« « Vous devriez cesser de craindre que Dieu punisse une nation pour le péché d’un individu. Le Père qui est aux cieux ne punira pas non plus un de ses enfants croyants pour les péchés d’une nation, bien qu’un membre individuel d’une famille doive souvent supporter les conséquences matérielles des fautes familiales et des transgressions collectives. Ne saisissez-vous pas que l’espoir d’une nation meilleure — ou d’un monde meilleur — est lié au progrès et à l’éclairement de l’individu ? » » LU 145:2.3-8
« Entretemps, tôt dans la matinée du dimanche, beaucoup d’autres âmes en peine ainsi que de nombreux curieux commencèrent à se réunir autour de la maison de Zébédée. Ils réclamaient Jésus à grands cris. Les apôtres étaient tellement désorientés qu’André et plusieurs de ses compagnons partirent à la recherche de Jésus en laissant Simon le Zélote parler à l’assemblée. Lorsqu’André eut trouvé Jésus en compagnie des trois, il dit : « Maitre, pourquoi nous laisses-tu seuls avec la foule ? Regarde, tout le monde te cherche ; jamais auparavant tant de personnes n’ont recherché ton enseignement. À cette heure même, la maison est entourée de gens venus de près et de loin à cause de tes œuvres puissantes. Ne veux-tu pas revenir avec nous leur apporter ton ministère ? » »
« Quand Jésus entendit cela, il répondit : « André, ne t’ai-je pas appris, ainsi qu’aux autres, que ma mission sur terre consiste à révéler le Père, et mon message à proclamer le royaume des cieux ? Comment donc se fait-il que tu souhaites me détourner de mon travail pour contenter des curieux et satisfaire ceux qui cherchent des signes et des prodiges ? N’avons-nous pas été parmi eux durant tous ces mois ? Se sont-ils attroupés en foule pour entendre la bonne nouvelle du royaume ? Pourquoi viennent-ils maintenant nous assiéger ? N’est-ce pas plutôt pour la guérison de leur corps physique que parce qu’ils ont reçu la vérité spirituelle pour le salut de leur âme ? Quand les hommes sont attirés vers nous par des manifestations extraordinaires, la plupart ne viennent pas chercher la vérité et le salut, mais plutôt la guérison de leurs maladies physiques et la délivrance de leurs difficultés matérielles. »
« « Tous ces temps-ci, j’ai été à Capharnaüm. Aussi bien dans la synagogue qu’au bord de la mer, j’ai proclamé la bonne nouvelle du royaume à ceux qui avaient des oreilles pour entendre et un cœur pour recevoir la vérité. La volonté de mon Père n’est pas que je revienne avec vous pour satisfaire ces curieux et m’occuper du ministère des choses physiques, à l’exclusion des affaires spirituelles. Je vous ai ordonnés pour prêcher l’évangile et soigner les malades, mais il ne faut pas que je me laisse absorber par les guérisons en laissant de côté mon enseignement. Non, André, je ne retournerai pas avec vous. Allez dire aux gens de croire à ce que nous leur avons enseigné et de se réjouir dans la liberté des fils de Dieu. Et apprêtez-vous à partir avec moi pour les autres villes de Galilée où le chemin a déjà été préparé pour la prédication de la bonne nouvelle du royaume. C’est dans ce but que je suis venu de chez le Père. Donc, allez et préparez notre départ immédiat pendant que j’attends ici votre retour. » » LU 145:5.5-7 (Marc 1:21-34; Luc 4:31-41)
« Le second soir à Rama, Thomas posa à Jésus la question suivante : « Maitre, comment un néophyte de ton enseignement peut-il vraiment savoir, être réellement certain de la vérité de cet évangile du royaume ? » »
« Jésus répondit à Thomas : « L’assurance que tu es entré dans la famille du royaume du Père, et que tu survivras éternellement avec les enfants du royaume, est entièrement une affaire d’expérience personnelle — de foi dans la parole de vérité. L’assurance spirituelle est l’équivalent de ton expérience religieuse personnelle dans les réalités éternelles de la vérité divine ; en d’autres termes, elle est égale à ta compréhension intelligente des réalités de la vérité, augmentée de ta foi spirituelle et diminuée de tes doutes honnêtes. »
« « Le Fils est doté par nature de la vie du Père. Vous avez été dotés de l’esprit vivant du Père ; vous êtes donc fils de Dieu. Vous survivrez à la vie incarnée du monde matériel parce que vous êtes identifiés à l’esprit vivant du Père, le don de la vie éternelle. En vérité, nombreux sont ceux qui avaient cette vie avant que je ne vienne ici de chez le Père, et de nombreux autres ont reçu cet esprit parce qu’ils ont cru à ma parole. Toutefois, je vous déclare qu’au moment où je retournerai auprès du Père, il enverra son esprit dans le cœur de tous les hommes. »
« « Vous ne pouvez observer l’esprit divin à l’œuvre dans votre mental, mais il existe une méthode pratique pour découvrir le degré auquel vous avez abandonné le contrôle des pouvoirs de votre âme à l’enseignement et aux directives de l’esprit intérieur du Père qui est aux cieux : c’est le degré de votre amour pour vos semblables. Cet esprit du Père participe de l’amour du Père ; quand il domine l’homme, il le conduit infailliblement dans la direction de l’adoration divine et de la considération affectueuse pour son prochain. Au début, vous croyez que vous êtes fils de Dieu parce que mon enseignement vous a rendus plus conscients des directives intérieures de la présence de notre Père en vous ; mais l’Esprit de Vérité sera bientôt répandu sur toute chair : il vivra parmi les hommes et les enseignera tous, comme moi-même je vis maintenant parmi vous et vous adresse les paroles de vérité. Cet Esprit de Vérité, parlant pour les dotations spirituelles de votre âme, vous aidera à savoir que vous êtes les fils de Dieu. Il témoignera infailliblement avec la présence intérieure du Père, votre esprit, qui habitera alors tous les hommes, comme il en habite maintenant quelques-uns, et vous dira que vous êtes en réalité les fils de Dieu. »
« « Tout enfant terrestre qui suit les directives de cet esprit finira par connaitre la volonté de Dieu, et quiconque s’abandonne à la volonté de mon Père vivra éternellement. Le chemin allant de la vie terrestre à l’état éternel ne vous a pas été décrit clairement. Il y a cependant un chemin, un chemin qui a toujours existé, et je suis venu le rendre nouveau et vivant. Quiconque entre dans le royaume a déjà la vie éternelle — il ne périra jamais. Vous comprendrez mieux une grande partie de cela quand je serai retourné vers mon Père et que vous serez capables d’examiner rétrospectivement les expériences que vous vivez présentement. » » LU 146:3.3-7
« Jésus expliqua en outre à ses apôtres que les esprits des humains trépassés ne reviennent pas sur le monde de leur origine pour communiquer avec les vivants. C’est seulement après l’écoulement d’un âge dispensationnel qu’il serait possible à l’esprit en évolution progressive de l’homme mortel de revenir sur terre, et, même alors, ce ne serait que dans des cas exceptionnels et en tant qu’agent de l’administration spirituelle de la planète. »
« Après deux jours de repos, Jésus dit à ses apôtres : « Retournons demain matin à Capharnaüm pour y demeurer et y enseigner pendant que les environs se calment. Entretemps, chez nous, ils se seront déjà partiellement remis de cette sorte d’excitation. » » LU 146:7.2-3
« Le soir de ce même jour de sabbat, à Béthanie, tandis que Jésus, les douze et un groupe de croyants étaient réunis autour du feu dans le jardin de Lazare, Nathanael posa à Jésus la question suivante : « Maitre, bien que tu nous aies appris la version positive de l’ancienne règle de vie nous commandant de faire aux autres ce que nous voudrions qu’ils nous fassent, je ne vois pas très bien comment nous pouvons toujours obéir à une telle injonction. Permets-moi d’illustrer ma question en citant l’exemple d’un homme sensuel qui regarde, avec lubricité, la partenaire qu’il a l’intention d’associer à son péché. Comment pouvons-nous enseigner que cet homme mal intentionné devrait faire aux autres ce qu’il voudrait qu’on lui fasse ? » »
« Lorsque Jésus entendit la question de Nathanael, il se leva immédiatement, montra l’apôtre du doigt et dit : « Nathanael, Nathanael ! Quelles tournures de pensées entretiens-tu dans ton cœur ? Ne reçois-tu pas mes enseignements comme un homme né de l’esprit ? N’entendez-vous pas la vérité comme des hommes sages et spirituellement intelligents ? Quand je vous ai recommandé de faire à autrui ce que vous voudriez que l’on vous fasse, je parlais à des hommes ayant un idéal élevé, et non à ceux qui seraient tentés de déformer mon enseignement et de le transformer en licence pour encourager les mauvaises actions. » »
« Quand le Maitre eut ainsi parlé, Nathanael se leva et dit : « Maitre, il ne faut pas croire que j’approuve une telle interprétation de ton enseignement. J’ai posé cette question parce que j’ai supposé que beaucoup d’hommes de ce genre pourraient méjuger ainsi tes recommandations, et j’espérais que tu complèterais tes instructions sur ce point. » Après que Nathanael se fut rassis, Jésus poursuivit : « Je sais bien, Nathanael, que ton mental n’approuve aucune mauvaise idée de cette sorte, mais je suis déçu de voir que trop souvent vous n’arrivez pas à donner une interprétation purement spirituelle à mes enseignements courants, instructions que je dois vous donner en langage humain et à la façon dont les hommes doivent parler. Laissez-moi maintenant vous apprendre les divers niveaux de signification attachés à l’interprétation de cette règle de vie, à cette recommandation de ‘faire aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fassent’ : »
« « 1.Le niveau charnel. Cette interprétation purement égoïste et lascive trouve un bon exemple dans l’hypothèse de ta question. »
« « 2.Le niveau sentimental. Ce plan se situe immédiatement au-dessus de celui de la chair ; il implique que la sympathie et la pitié rehaussent votre interprétation de cette règle de vie. »
« « 3.Le niveau mental. La raison du mental et l’intelligence de l’expérience entrent maintenant en jeu. Un bon jugement dicte qu’une telle règle de vie devrait être interprétée en harmonie avec l’idéalisme le plus élevé concrétisé dans la noblesse d’un profond respect de soi. »
« « 4.Le niveau de l’amour fraternel. En s’élevant encore, on découvre le niveau de dévouement désintéressé au bienêtre de ses semblables. Ce plan supérieur de service social sincère est issu de la conscience de la paternité de Dieu et de la récognition corolaire de la fraternité des hommes. On y découvre une interprétation nouvelle et beaucoup plus belle de cette règle de vie fondamentale. »
« « 5.Le niveau moral. Ensuite, quand vous atteindrez de véritables niveaux philosophiques d’interprétation, quand vous apercevrez réellement et clairement ce qui est bien et mal dans les évènements, quand vous percevrez l’éternel à-propos des relations humaines, vous commencerez à considérer un tel problème d’interprétation comme vous imagineriez qu’une tierce personne de haut niveau mental, idéaliste, sage et impartiale considèrerait et interprèterait une telle injonction appliquée à vos problèmes personnels d’ajustement aux circonstances de la vie. »
« « 6.Le niveau spirituel. En dernier lieu, nous atteignons le niveau de clairvoyance d’esprit et d’interprétation spirituelle, le plus élevé de tous. Il nous pousse à reconnaitre, dans cette règle de vie, le divin commandement de traiter tous les hommes comme nous concevrions que Dieu les traiterait. Tel est l’idéal universel des relations humaines, et telle est aussi votre attitude envers tous ces problèmes quand votre suprême désir est de toujours faire la volonté du Père. Je voudrais donc que vous fassiez à tous les hommes ce que vous savez que je ferais pour eux dans des circonstances semblables. » » LU 147:4.1-9
« En cette occasion particulière, dans la maison de Simon, et parmi les gens qui venaient de la rue, il se trouva une femme de réputation douteuse qui s’était récemment mise à croire à la bonne nouvelle de l’évangile du royaume. Elle était bien connue dans tout Jérusalem comme l’ancienne tenancière d’une maison de prostitution, dite de grande classe, attenante à la cour des Gentils du temple. En acceptant l’enseignement de Jésus, elle avait fermé la maison où elle exerçait son vil métier et incité la majorité de ses pensionnaires à accepter l’évangile et à changer leur mode de vie. Malgré cela, elle était fort méprisée des pharisiens et obligée de porter ses cheveux flottants — le signe distinctif de la prostitution. Cette femme non dénommée avait apporté avec elle un grand flacon de lotion parfumée. Elle se tint derrière Jésus, allongé pour son repas, et commença à oindre ses pieds en les mouillant aussi de ses larmes de reconnaissance et en les essuyant avec ses cheveux. Lorsqu’elle eut terminé l’onction, elle continua à pleurer et à lui embrasser les pieds. »
« Voyant tout cela, Simon se dit en lui-même : « Si cet homme était un prophète, il saurait qui le touche ainsi et de quel genre de femme il s’agit, une pécheresse notoire. » Sachant ce qui se passait dans le mental de Simon, Jésus prit la parole et dit : « Simon, il y a quelque chose que j’aimerais te dire. » Simon répondit : « Maitre, dis-le. » Alors, Jésus répondit : « Un riche prêteur d’argent avait deux débiteurs. L’un lui devait cinq-cents deniers, l’autre cinquante. Aucun des deux n’ayant de quoi le payer, il remit leur dette à tous deux. À ton avis, Simon, lequel des deux l’aimera le plus ? » Simon répondit : « Je suppose que c’est celui à qui il a remis le plus. » Et Jésus dit : « Tu as bien jugé. » Puis, montrant du doigt la femme, il poursuivit : « Simon, regarde bien cette femme. Je suis entré dans ta maison comme invité, et, cependant, tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds. Cette femme reconnaissante m’a lavé les pieds avec des larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné de baiser d’accueil amical, mais cette femme, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé de m’embrasser les pieds. Tu as négligé d’oindre d’huile ma tête, mais elle a oint mes pieds avec des lotions précieuses. Que signifie tout ceci ? Simplement que ses nombreux péchés lui ont été pardonnés, ce qui l’a conduite à beaucoup aimer. Ceux qui n’ont reçu qu’un peu de pardon n’aiment parfois qu’un peu. » Puis Jésus se retourna vers la femme, la prit par la main, la fit lever et dit : « En vérité, tu t’es repentie de tes péchés, et ils sont pardonnés. Ne te laisse pas décourager par l’attitude irréfléchie et inamicale de tes semblables ; va ton chemin dans la joie et la liberté du royaume des cieux. » »
« À l’audition de ces paroles, Simon et ses convives furent encore plus étonnés et commencèrent à chuchoter entre eux : « Qui est cet homme qui ose même pardonner les péchés ? » En les entendant murmurer ainsi, Jésus se retourna pour congédier la femme en disant : « Femme, va en paix, ta foi t’a sauvée. » »
« Lorsque Jésus se leva avec ses amis pour prendre congé, il se tourna vers Simon et dit : « Je connais ton cœur, Simon. Je sais combien tu es déchiré entre la foi et le doute, combien tu es bouleversé par la peur et troublé par l’orgueil, mais je prie pour toi, pour que tu t’abandonnes à la lumière et que, dans ta situation, tu subisses de puissantes transformations de mental et d’esprit, comparables aux prodigieux changements que l’évangile du royaume a déjà opérés dans le cœur de la convive qui n’était ni invitée ni bienvenue. Je vous déclare à tous que le Père a ouvert les portes du royaume céleste à tous ceux qui ont assez de foi pour y entrer. Nul homme et nulle association d’hommes ne peuvent fermer ces portes, même à l’âme la plus humble ou au pécheur supposé le plus flagrant de la terre, s’ils désirent sincèrement y entrer. » Puis Jésus, Pierre, Jacques et Jean prirent congé de leur hôte et allèrent rejoindre les autres apôtres au camp, dans le jardin de Gethsémani. »
« Le même soir, Jésus fit, aux apôtres, le mémorable discours sur la valeur relative du statut auprès de Dieu et du progrès dans l’ascension éternelle du Paradis. Jésus dit : « Mes enfants, s’il existe un véritable lien vivant entre l’enfant et le Père, l’enfant est certain de progresser continuellement vers les idéaux du Père. Il est vrai que les progrès de l’enfant peuvent d’abord être lents, mais ils n’en sont pas moins surs. La chose importante n’est pas tant la rapidité de vos progrès que leur certitude. Vos accomplissements actuels sont moins importants que le fait que la direction de vos progrès soit orientée vers Dieu. Ce que vous devenez, jour après jour, a infiniment plus d’importance que ce que vous êtes aujourd’hui. »
« « Cette femme convertie, que certains d’entre vous ont vue aujourd’hui chez Simon, vit actuellement sur un niveau très inférieur à celui de Simon et de ses associés bien intentionnés. Mais ces pharisiens sont occupés par le faux progrès de l’illusion de franchir des cercles trompeurs par la pratique de services cérémoniaux dépourvus de signification, tandis que cette femme est partie résolument sur la route longue et mouvementée de la recherche de Dieu ; son sentier vers le ciel n’est bloqué ni par l’orgueil spirituel ni par l’autosatisfaction morale. Humainement parlant, cette femme est beaucoup plus éloignée de Dieu que Simon, mais son âme suit un mouvement progressif ; elle est en route vers un but éternel. Cette femme porte en elle de prodigieuses possibilités spirituelles pour l’avenir. Certains d’entre vous peuvent ne pas se trouver à des niveaux réellement élevés d’âme et d’esprit, mais vous faites des progrès quotidiens vers Dieu sur le chemin vivant que votre foi a ouvert. Il y a, en chacun de vous, de prodigieuses possibilités pour l’avenir. Mieux vaut avoir une foi restreinte, mais vivante et croissante, que de posséder un puissant intellect avec ses réserves mortes de sagesse temporelle et d’incrédulité spirituelle. » »
« Jésus mit ses apôtres sérieusement en garde contre la folie de l’enfant de Dieu qui abuse de l’amour du Père. Il déclara que le Père céleste n’est pas un père négligent, relâché ou sottement indulgent, toujours prêt à excuser le péché et à pardonner l’insouciance. Il recommanda à ses auditeurs de ne pas appliquer, de façon erronée, son illustration du père et du fils de façon qu’elle fasse apparaitre Dieu comme semblable à certains parents trop indulgents et dépourvus de sagesse qui conspirent, avec la folie de la terre, pour consommer la ruine morale de leur progéniture écervelée, et qui contribuent ainsi, certainement et directement, à démoraliser de bonne heure leurs propres enfants et à en faire des délinquants. Jésus dit : « Mon Père n’excuse pas avec indulgence les pratiques de ses enfants quand elles mènent à la destruction automatique de toute croissance morale et à la ruine de tout progrès spirituel. Ces pratiques coupables sont une abomination aux yeux de Dieu. » » LU 147:5.3-9 (Luc 7:36-50)
« Toutefois, les espions n’eurent pas longtemps à attendre pour trouver l’occasion d’accuser Jésus et ses compagnons de violer le sabbat. Tandis que le groupe cheminait le long de la route étroite, il y avait des deux côtés, à portée de la main, du blé ondulant qui murissait, et certains apôtres, qui avaient faim, cueillirent des grains murs et les mangèrent. C’était la coutume pour les voyageurs de grappiller du blé en passant le long de la route, de sorte qu’aucune idée de mauvaise action ne s’attachait à cette manière de faire. Mais les espions saisirent cela comme prétexte pour attaquer Jésus. Quand ils virent André triturer les grains dans sa main, ils allèrent à lui en disant : « Ne sais-tu pas qu’il est illicite de cueillir et de triturer du blé le jour du sabbat ? » André répondit : « Mais nous avons faim et nous n’en triturons que juste assez pour nos besoins. Depuis quand est-ce un péché de manger du blé le jour du sabbat ? » Mais les pharisiens rétorquèrent : « Il n’y a rien de mal à en manger, mais tu violes la loi en cueillant le blé et en triturant les grains entre tes mains ; ton Maitre n’approuverait certainement pas ces agissements. » Alors, André dit : « S’il n’est pas contraire à la loi de manger les grains, leur trituration entre les mains ne représente guère plus de travail que leur mastication, qui est permise. Alors, pourquoi ergotez-vous sur de pareilles vétilles ? » Lorsqu’André les traita d’ergoteurs, ils furent indignés et se précipitèrent vers Jésus, qui marchait à l’arrière en causant avec Matthieu ; ils protestèrent en disant : « Regarde, Maitre, tes apôtres font ce qui est illégal le jour du sabbat ; ils cueillent, triturent et mangent du blé. Nous sommes surs que tu vas leur ordonner de cesser. » Jésus répondit aux accusateurs : « Vous avez, en vérité, beaucoup de zèle pour la loi, et vous faites bien de vous rappeler le jour du sabbat pour le garder sanctifié. Mais n’avez-vous jamais lu dans les Écritures qu’un jour où David avait faim, il entra dans la maison de Dieu avec ses compagnons et mangea des pains de proposition que nul n’avait le droit de manger, sauf les prêtres ? Et David donna aussi de ce pain à ceux qui étaient avec lui. Et n’avez-vous pas lu dans notre loi qu’on a le droit de faire beaucoup de choses nécessaires le jour du sabbat ? Et ne vais-je pas vous voir, avant la fin de la journée, manger ce que vous avez emporté pour les besoins d’aujourd’hui ? Mes bons amis, vous avez raison d’être des zélateurs du sabbat, mais vous feriez mieux de veiller à la santé et au bienêtre de vos semblables. Je déclare que le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat. Si vous êtes ici avec nous pour surveiller mes paroles, alors je proclamerai ouvertement que le Fils de l’Homme est maitre même du sabbat. » » LU 147:6.4 (Matt 12:1-8; Marc 2:23-28; Luc 6:1-5)
« Le mardi soir, alors que Jésus dirigeait l’une de ses conférences coutumières faites de questions et de réponses, le chef des six espions lui dit : « Je parlais aujourd’hui à l’un des disciples de Jean, ici présent, pour assister à ton enseignement, et nous n’arrivions pas à comprendre pourquoi tu ne commandes jamais à tes disciples de jeuner et de prier comme nous autres pharisiens nous jeunons, et comme Jean l’a recommandé à ses disciples. » Jésus se référa à une affirmation de Jean et répondit à l’interrogateur : « Les garçons d’honneur jeunent-ils pendant que le marié est avec eux ? Tant que l’époux est avec eux, ils ne peuvent guère jeuner. Mais le temps arrive où l’époux sera enlevé, et alors les garçons d’honneur jeuneront et prieront indubitablement. La prière est naturelle aux enfants de lumière, mais le jeûne ne fait pas partie de l’évangile du royaume des cieux. Je vous rappelle qu’un bon tailleur ne coud pas un morceau de drap neuf et non décati sur un vieil habit, de crainte qu’au moment où le morceau sera mouillé, il ne rétrécisse et ne produise une déchirure pire. Les hommes ne mettent pas non plus le vin nouveau dans de vieilles outres, de crainte que le vin nouveau ne fasse éclater les outres et que le vin et les outres ne soient perdus. Le sage met le vin nouveau dans des outres neuves. Mes disciples font donc preuve de sagesse en n’incorporant pas trop d’anciennes traditions dans le nouvel enseignement de l’évangile du royaume. Vous, qui avez perdu votre instructeur, vous pouvez à juste titre jeuner un certain temps. Le jeûne fait peut-être correctement partie de la loi de Moïse, mais, dans le royaume à venir, les fils de Dieu feront l’expérience d’être délivrés de la peur et de connaitre la joie dans l’esprit divin. » En entendant ces paroles, les disciples de Jean furent réconfortés tandis que les pharisiens, eux, furent encore plus déconcertés. »
« Le Maitre mit ensuite ses auditeurs en garde contre la notion que tous les anciens enseignements devaient être entièrement remplacés par de nouvelles doctrines. Jésus dit : « Ce qui est ancien, mais vrai, doit demeurer. De même, ce qui est nouveau, mais faux, doit être rejeté. Ayez la foi et le courage d’accepter ce qui est nouveau et vrai. Rappelez-vous qu’il est écrit : ‘N’abandonne pas un vieil ami, car le nouveau ne lui est pas comparable. Un nouvel ami est comme un vin nouveau ; s’il devient vieux, tu le boiras avec bonheur.’ » » LU 147:7.2-3 (Matt 9 :14-17; Marc 2:18-22; Luc 5:33-39)
« Cette nuit-là, longtemps après que les auditeurs habituels se furent retirés, Jésus continua à enseigner ses apôtres. Il commença cette instruction spéciale en citant le prophète Isaïe : »
« « ‘Pourquoi avez-vous jeuné ? Pour quelle raison affligez-vous votre âme, alors que vous persistez à trouver plaisir dans l’oppression de vos semblables et à vous délecter dans l’injustice ? Voici, vous jeunez pour pouvoir contester et discuter, et pour frapper du poing avec méchanceté. Mais ce n’est pas en jeunant de cette manière que vous ferez entendre votre voix au ciel. »
« « ‘Est-ce là le jeûne que j’ai choisi — un jour pour que l’homme afflige son âme ? Faut-il qu’il baisse la tête comme un roseau, qu’il se traine avec le sac et la cendre ? Oserez-vous appeler cela un jour de jeûne acceptable aux yeux du Seigneur ? Le jeûne que je choisirai n’est-il pas : rompre les chaines de l’iniquité, délier les nœuds des lourds fardeaux, renvoyer libres les opprimés et briser tous les jougs ? Ne consiste-t-il pas à partager mon pain avec l’affamé et à mener dans ma maison les pauvres qui errent sans asile ? Et, quand je verrai des gens nus, je les vêtirai. »
« « ‘Alors, ta lumière jaillira comme l’aurore et ta santé s’épanouira promptement. Ta droiture te précèdera et la gloire du Seigneur sera ton arrière-garde. Alors, tu feras appel au Seigneur, et il te répondra. Tu crieras, et il dira : Me voici. Il fera tout cela si tu t’abstiens d’opprimer, de condamner et de montrer de la vanité. Le Père désire plutôt que tu prodigues ton cœur aux affamés et tes soins aux âmes affligées ; alors, ta lumière brillera dans les ténèbres, et ton obscurité ressemblera au soleil de midi. Alors, le Seigneur te guidera continuellement, satisfaisant ton âme et renouvelant ta vigueur. Tu deviendras semblable à un jardin arrosé, à une source dont les eaux ne tarissent pas. Ceux qui font ces choses rétabliront les gloires ruinées ; ils relèveront les souches de nombreuses générations ; on les appellera les reconstructeurs des murs ébréchés, les rénovateurs des chemins surs que l’on peut fréquenter.’ » »
« Ensuite, jusque tard dans la nuit, Jésus exposa à ses apôtres que c’était leur foi qui leur assurait la sécurité dans le royaume du présent et de l’avenir, et non l’affliction de leur âme ou le jeûne du corps. Il exhorta les apôtres à vivre au moins à la hauteur des idées du prophète de jadis ; il exprima l’espoir qu’ils progresseraient très loin, même au-delà des idéaux d’Isaïe et des anciens prophètes. Ses dernières paroles, cette nuit-là, furent les suivantes : « Grandissez en grâce par la foi vivante qui saisit le fait que vous êtes les fils de Dieu et qui reconnait, en même temps, chaque homme comme un frère. » » LU 147:8.1-5
« Lors de sa première rencontre avec les évangélistes au camp de Bethsaïde, Jésus leur avait dit en terminant son allocution : « N’oubliez pas que, corporellement et mentalement — c’est-à-dire émotionnellement — la réaction des hommes est individuelle. Leur seule uniformité est d’être habités par un esprit intérieur. Bien que ces esprits divins puissent varier quelque peu par la nature et l’étendue de leur expérience, ils réagissent uniformément à tous les appels spirituels. L’humanité ne pourra jamais parvenir à l’unité et à la fraternité autrement que par cet esprit et en faisant appel à lui. » Mais beaucoup de dirigeants juifs avaient fermé les portes de leur cœur à l’appel spirituel de l’évangile. À partir de ce jour, ils ne cessèrent plus de faire des plans et de comploter pour détruire le Maitre. Ils étaient convaincus qu’il fallait arrêter, condamner et exécuter Jésus en tant que criminel religieux, violateur des enseignements capitaux de la loi sacrée juive. » LU 149:3.3
« « La colère est une manifestation matérielle qui représente, d’une manière générale, la mesure dans laquelle la nature spirituelle n’a pas réussi à dominer les natures intellectuelle et physique conjuguées. La colère indique votre manque d’amour fraternel tolérant, plus votre manque de respect de soi et de maitrise de soi. La colère épuise la santé, avilit le mental et handicape l’instructeur spirituel de l’âme de l’homme. N’avez-vous pas lu dans les Écritures que ‘le courroux tue l’homme stupide’ et que l’homme ‘se déchire lui-même dans sa colère’ ? Et que ‘celui qui est lent à la colère possède une grande compréhension’, tandis que ‘quiconque s’irrite rapidement exalte la folie’ ? Vous savez tous ‘qu’une réponse douce détourne le courroux’ et que ‘des paroles dures excitent la colère’. ‘La retenue ajourne la colère’, et ‘celui qui ne se contrôle pas lui-même ressemble à une ville sans défense et sans remparts’. ‘Le courroux est cruel et la colère est outrageante.’ ‘Les hommes irrités fomentent la dispute, tandis que les furieux multiplient leurs transgressions.’ ‘Ne soyez pas hâtifs en esprit, car la colère repose dans le sein des fous.’ » Avant de terminer, Jésus dit encore : « Que votre cœur soit dominé par l’amour, afin que votre guide spirituel n’ait pas trop de peine à vous délivrer de la tendance à laisser éclater des accès de colère animale incompatibles avec le statut de filiation divine. » »
« À cette même occasion, le Maitre exposa au groupe l’avantage de posséder un caractère bien équilibré. Il reconnut la nécessité, pour la plupart des hommes, de se consacrer à la maitrise d’une profession quelconque, mais il déplora toutes les tendances à la spécialisation excessive conduisant à l’étroitesse d’esprit et à la limitation des activités de la vie. Il attira l’attention sur le fait que toute vertu, si elle est portée à l’extrême, peut devenir un vice. Jésus prêcha toujours la modération et enseigna le bon sens — donner aux problèmes de la vie leur juste proportion. Il fit remarquer qu’un excès de compassion et de pitié peut dégénérer en une grave instabilité émotive, et que l’enthousiasme peut aboutir au fanatisme. Il parla d’un de leurs anciens associés que son imagination avait entrainé dans des entreprises visionnaires et irréalisables. En même temps, il les mit en garde contre les dangers de la monotonie d’une médiocrité trop conservatrice. »
« Puis Jésus discourut sur les dangers du courage et de la foi, et la manière dont ces qualités conduisent parfois des âmes irréfléchies à la témérité et à la présomption. Il montra également comment la prudence et la discrétion, quand elles sont poussées trop loin, conduisent à la lâcheté et à l’insuccès. Il exhorta ses auditeurs à s’efforcer d’être originaux, tout en évitant la tendance à l’excentricité. Il plaida en faveur de la sympathie dépourvue de sentimentalité et de la piété sans bigoterie. Il enseigna un respect dégagé de la peur et de la superstition. » LU 149:4.2-4
« Un jour où Jésus visitait le groupe d’évangélistes travaillant sous la direction de Simon Zélotès, celui-ci demanda au Maitre, au cours de la conférence du soir : « Pourquoi certaines personnes sont-elles tellement plus heureuses et contentes que d’autres ? Le contentement est-il une affaire d’expérience religieuse ? » Jésus répondit à la question de Simon en donnant, entre autres, les indications suivantes : »
« « Simon, certaines personnes sont par nature plus heureuses que d’autres. Cela dépend beaucoup, vraiment beaucoup, de la bonne volonté de l’homme à se laisser conduire et diriger par l’esprit du Père qui vit en lui. N’as-tu pas lu dans les Écritures ces paroles du sage : ‘L’esprit de l’homme est la lampe du Seigneur scrutant tout son domaine intérieur’ ? Et aussi que ces mortels ainsi guidés par l’esprit disent : ‘Les cordeaux sont tombés sur moi en des lieux agréables ; oui, un bon héritage m’est échu.’ ‘Le peu que possède un juste vaut mieux que les richesses de beaucoup de méchants’, car ‘un homme de bien tirera sa satisfaction de lui-même’. ‘Un cœur joyeux rend le visage serein ; il est une fête continuelle. Mieux vaut un peu de biens avec le respect du Seigneur qu’un grand trésor accompagné d’ennuis. Mieux vaut un repas de légumes avec de l’amour qu’un bœuf gras accompagné de haine. Mieux valent de petites ressources avec droiture que de grands revenus sans rectitude.’ ‘Un cœur joyeux fait du bien comme un médicament.’ ‘Mieux vaut posséder une poignée de grains avec quiétude qu’une surabondance de biens avec des chagrins et des vexations d’esprit.’ »
« « Les chagrins des hommes proviennent, en grande partie, de leurs ambitions déçues et des blessures infligées à leur orgueil. Les hommes se doivent à eux-mêmes de mener aussi bien que possible leur vie sur terre, mais, lorsqu’ils ont fait de sincères efforts dans ce sens, ils devraient accepter gaiment leur sort et faire montre d’ingéniosité pour tirer le meilleur parti de ce qui leur est échu. Une trop grande partie des difficultés des hommes tire son origine de la profonde peur instinctive de leur cœur. ‘Le méchant s’enfuit alors que nul ne le poursuit.’ ‘Les méchants ressemblent à une mer agitée, car elle ne peut se reposer, mais ses eaux rejettent de la boue et de la vase ; il n’y a pas de paix, dit Dieu, pour les méchants.’ »
« « Ne recherchez donc pas une paix trompeuse et une joie temporaire, mais plutôt l’assurance de la foi et la sécurité de la filiation divine, qui donnent la quiétude, le contentement et la joie suprême dans l’esprit. » »
« Jésus ne considérait guère ce monde comme une « vallée de larmes », mais plutôt comme la « vallée de création des âmes », la sphère natale des esprits éternels et immortels destinés à monter au Paradis. » LU 149:5.1-5 (Prov 20:27; Ps 16:6; Ps 37:16; Prov 14:14; Prov 15:13, Prov 16,17; Prov 16:8; Prov 17:22; Eccl 4:6; Prov 28:1; Isa 57:20)
« Parmi tous les actes audacieux accomplis par Jésus en liaison avec sa carrière terrestre, le plus stupéfiant fut son annonce soudaine, dans la soirée du 16 janvier : « Demain matin, nous sélectionnerons dix femmes pour travailler au ministère du royaume. » Au commencement de la quinzaine où les apôtres et les évangélistes devaient s’absenter de Bethsaïde pour leurs vacances, Jésus pria David de faire revenir ses parents à la maison et d’envoyer des messagers convoquant, à Bethsaïde, dix femmes dévouées qui avaient précédemment servi dans l’administration du camp et à l’infirmerie dans les tentes. Ces femmes avaient toutes écouté les leçons données aux jeunes évangélistes, mais jamais ni elles ni leurs instructeurs n’avaient imaginé que Jésus oserait charger des femmes d’enseigner l’évangile du royaume et de soigner les malades. Voici les noms de ces dix femmes choisies et mandatées par Jésus : Suzanne, la fille de l’ancien chazan de la synagogue de Nazareth ; Jeanne, la femme de Chuza l’intendant d’Hérode Antipas ; Élisabeth, la fille d’un riche juif de Tibériade et de Sepphoris ; Marthe, la sœur ainée d’André et de Pierre ; Rachel, la belle-sœur de Jude, frère de sang de Jésus ; Nasanta, la fille d’Elman, le médecin syrien ; Milcha, une cousine de l’apôtre Thomas ; Ruth, la fille ainée de Matthieu Lévi ; Celta, la fille d’un centurion romain ; et Agaman, une veuve de Damas. Ultérieurement, Jésus ajouta deux autres femmes à ce groupe — Marie-Madeleine et Rébecca, la fille de Joseph d’Arimathie. » LU 150:1.1 (Luc 8:1-3)
« Tard dans la soirée, Jésus fit au groupe réuni une mémorable allocution sur « La Magie et la Superstition ». À cette époque, l’apparition d’une étoile brillante et supposée nouvelle était considérée comme le signe qu’un grand homme était né sur terre. On avait observé récemment l’une de ces étoiles, et André demanda à Jésus si ces croyances étaient bien fondées. Dans sa longue réponse à la question d’André, le Maitre se lança dans une analyse approfondie de tout le sujet de la superstition humaine. On peut résumer comme suit, en langage moderne, l’exposé de Jésus en cette occasion : »
« 1. Les orbites des étoiles dans le ciel n’ont absolument aucun rapport avec les évènements de la vie humaine sur terre. L’astronomie est étudiée à juste titre par la science, mais l’astrologie est une masse d’erreurs superstitieuses qui n’a pas sa place dans l’évangile du royaume. »
« 2. L’examen des entrailles d’un animal récemment tué ne peut rien révéler sur le temps, ni sur les évènements futurs, ni sur le résultat des affaires humaines. »
« 3. L’esprit d’un mort ne revient pas communiquer avec sa famille ou avec ses anciens amis encore en vie. »
« 4. Les amulettes et les reliques sont impuissantes à guérir les maladies, à empêcher les désastres ou à influencer les mauvais esprits. La croyance à ces moyens matériels pour agir sur le monde spirituel n’est rien d’autre qu’une grossière superstition. »
« 5. Le tirage au sort est peut-être une bonne méthode pour régler de nombreuses difficultés mineures, mais ce n’est pas une méthode destinée à dévoiler la volonté divine. Ces résultats sont purement une affaire de hasard matériel. Le seul moyen de communier avec le monde spirituel est inclus dans la dotation d’esprit de l’humanité ; c’est l’esprit intérieur du Père, accompagné de l’esprit répandu du Fils et de l’influence omniprésente de l’Esprit Infini. »
« 6. La divination, la sorcellerie et les envoutements sont des superstitions d’un mental ignorant, comme le sont aussi les illusions de magie. La croyance aux nombres magiques, présages de bonne chance et annonciateurs de malchance, est une pure superstition dépourvue de fondement. »
« 7. L’interprétation des rêves est largement un système sans base et superstitieux de spéculations ignorantes et fantastiques. L’évangile du royaume ne doit rien avoir de commun avec les prêtres-devins de la religion primitive. »
« 8. Les esprits du bien et du mal ne peuvent habiter dans des symboles matériels d’argile, de bois ou de métal. Les idoles ne sont rien de plus que la matière dont elles sont faites. »
« 9. Les pratiques des enchanteurs, des devins, des magiciens et des sorciers furent tirées des superstitions des Égyptiens, des Assyriens, des Babyloniens et des anciens Cananéens. Les amulettes et toutes les sortes d’incantations ne servent à rien, ni pour gagner la protection des bons esprits, ni pour conjurer des esprits supposés mauvais. »
« 10. Jésus exposa et condamna la croyance de ses auditeurs aux envoutements, aux ordalies, aux ensorcèlements, aux malédictions, aux signes, aux mandragores, aux cordes à nœuds et à toutes les autres formes de superstition assujettissantes et dues à l’ignorance. » LU 150:3.2-12
« Le lendemain soir, après avoir réuni ses douze apôtres, ceux de Jean et le groupe des femmes récemment chargé de mission, Jésus leur dit : « Vous voyez par vous-mêmes que la moisson est abondante, mais que les ouvriers sont peu nombreux. Donc, prions tout le Seigneur de la moisson d’envoyer encore plus d’ouvriers dans ses champs. Pendant que je resterai ici pour encourager et instruire les jeunes éducateurs, je voudrais envoyer les anciens deux par deux passer rapidement dans toute la Galilée en prêchant l’évangile du royaume pendant qu’ils peuvent encore le faire commodément et paisiblement. » Puis il désigna, comme suivent, les paires d’apôtres qu’il désirait envoyer en mission : André et Pierre, Jacques et Jean Zébédée, Philippe et Nathanael, Thomas et Matthieu, Jacques et Judas Alphée, Simon Zélotès et Judas Iscariot. »
« Jésus fixa la date où il retrouverait les douze à Nazareth, et dit au moment de la séparation : « Au cours de cette mission, n’allez dans aucune ville des Gentils, ni en Samarie ; allez plutôt rechercher les brebis perdues de la maison d’Israël. Prêchez l’évangile du royaume et proclamez la vérité salvatrice que l’homme est un fils de Dieu. Souvenez-vous que le disciple ne peut guère s’élever au-dessus de son maitre et qu’un serviteur n’est pas plus grand que son seigneur. Il suffit au disciple d’égaler son maitre et au serviteur de devenir semblable à son seigneur. Si certains ont osé qualifier le maitre de la maison d’associé de Belzébuth, à combien plus forte raison considèreront-ils ainsi les gens de sa maison ! Mais vous n’avez pas à craindre ces ennemis incroyants. Je vous déclare qu’il n’y a rien de secret qui ne doive être révélé, ni rien de caché qui ne doive être connu. Ce que je vous ai enseigné en privé, prêchez-le avec sagesse en public. Ce que je vous ai révélé à l’intérieur de la maison, vous le crierez en son temps sur les toits. Et je vous dis, mes amis et mes disciples, ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps, mais ne peuvent détruire l’âme ; mettez plutôt votre confiance dans Celui qui est capable de soutenir le corps et de sauver l’âme. »
« « Ne vend-on pas deux passereaux pour un denier ? Pourtant, je vous déclare qu’aucun d’eux n’est oublié de Dieu. Ne savez-vous pas que même les cheveux de votre tête sont tous comptés ? Ne craignez donc pas ; vous valez plus qu’un grand nombre de passereaux. N’ayez pas honte de mon enseignement ; allez proclamer la paix et la bonne volonté, mais ne vous y trompez pas — la paix n’accompagnera pas toujours votre prédication. Je suis venu apporter la paix sur terre, mais, quand les hommes rejettent mon présent, la division et le désordre s’ensuivent. Si tous les membres d’une famille reçoivent l’évangile du royaume, la paix demeure véritablement dans cette maison. Mais, si certains membres de la famille entrent dans le royaume et si d’autres rejettent l’évangile, une telle division ne peut produire que chagrin et tristesse. Travaillez sérieusement à sauver la famille tout entière, de crainte que les hommes n’aient aussi pour ennemis les membres de leur propre maison. Mais, quand vous aurez fait tout votre possible pour tous les membres de chaque famille, je vous déclare que quiconque aime son père ou sa mère plus que cet évangile n’est pas digne du royaume. » » LU 150:4.1-3 (Matt 9:36; Matthieu 11:1)
« Un peu après minuit, Jésus descendit de la chambre du haut et revint parmi les douze et leurs compagnons, une trentaine d’hommes en tout. Il dit : « Je reconnais que ce passage au crible du royaume vous cause de l’angoisse, mais il est inévitable. Néanmoins, après tout l’entrainement que vous avez subi, aviez-vous une raison valable de trébucher sur mes paroles ? Pourquoi êtes-vous remplis de crainte et de consternation en voyant le royaume débarrassé de ces multitudes tièdes et de ces disciples hésitants ? Pourquoi vous chagrinez-vous à l’aurore du nouveau jour où les enseignements spirituels du royaume des cieux vont briller d’une nouvelle gloire ? Si déjà vous trouvez difficile de supporter cette épreuve, que direz-vous le jour où il faudra que le Fils de l’Homme retourne vers le Père ? Quand et comment vous préparerez-vous pour le moment où je remonterai à la place d’où je suis venu dans ce monde ? »
« « Mes bienaimés, il faut vous rappeler que c’est l’esprit qui vivifie ; la chair, et tout ce qui s’y rapporte, est de peu de profit. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Ayez bon courage ! Je ne vous ai pas abandonnés. Bien des gens s’offusqueront de mon franc-parler durant ces journées. Vous avez déjà entendu que bon nombre de mes disciples ont fait volte-face et ne me suivent plus. Depuis le commencement, je savais que ces croyants sans enthousiasme quitteraient nos rangs le long du chemin. Ne vous ai-je pas choisis tous les douze et mis à part comme ambassadeurs du royaume ? Et maintenant, en un moment comme celui-ci, déserteriez-vous aussi ? Que chacun de vous considère sa propre foi, car l’un de vous est menacé d’un grave danger. » Lorsque Jésus eut fini de parler, Simon Pierre dit : « Oui, Seigneur, nous sommes tristes et perplexes, mais nous ne t’abandonnerons jamais. Tu nous as enseigné les paroles de la vie éternelle. Nous avons cru en toi et nous t’avons toujours suivi. Nous ne reviendrons pas en arrière parce que nous savons que tu es envoyé par Dieu. » Lorsque Pierre eut fini de parler, les autres apôtres firent unanimement un signe de tête pour approuver sa promesse de fidélité. »
« Alors Jésus dit : « Allez vous reposer, car nous allons avoir fort à faire. Les prochaines journées vont être très actives. » » LU 153:5.3-5
« Bien des questions furent posées à Jésus après la réunion, quelques-unes par ses disciples perplexes, mais la majorité par des incroyants chicaneurs qui cherchaient seulement à l’embarrasser et à le prendre au piège. »
« L’un des visiteurs pharisiens monta sur un socle de lampadaire et cria cette question : « Tu nous dis que tu es le pain de vie. Comment peux-tu nous donner ta chair à manger ou ton sang à boire ? À quoi sert ton enseignement si l’on ne peut le mettre en pratique ? » Jésus répondit à cette question en disant : « Je ne vous ai pas enseigné que ma chair soit le pain de vie, ni mon sang l’eau vivante, mais je vous ai dit que ma vie incarnée est une effusion de pain céleste. Le fait de la Parole de Dieu effusée dans la chair et le phénomène du Fils de l’Homme soumis à la volonté de Dieu constituent une réalité d’expérience qui équivaut à la nourriture divine. Vous ne pouvez ni manger ma chair ni boire mon sang, mais, en esprit, vous pouvez devenir un avec moi comme je ne fais qu’un en esprit avec le Père. Vous pouvez être nourris par la parole éternelle de Dieu, qui est en vérité le pain de vie, et qui a été effusée dans la similitude de la chair mortelle ; et votre âme peut être désaltérée par l’esprit divin qui est véritablement l’eau de la vie. Le Père m’a envoyé dans le monde pour montrer comment il désire habiter et diriger tous les hommes ; et j’ai vécu cette vie incarnée de manière à inspirer aussi tous les hommes pour qu’ils cherchent toujours à connaitre et à faire la volonté du Père céleste qui demeure en eux. » »
« Alors, l’un des espions de Jérusalem qui avait observé Jésus et ses apôtres dit : « Nous remarquons que ni toi ni les apôtres ne vous lavez convenablement les mains avant de manger du pain. Vous devez bien savoir que la pratique de manger avec des mains souillées et non lavées est une transgression de la loi des anciens. Vous ne lavez pas non plus correctement vos coupes de boisson ni votre vaisselle. Pourquoi montrez-vous si peu de respect pour les traditions de vos pères et les lois de nos anciens ? » Après l’avoir écouté, Jésus répondit : « Pourquoi transgressez-vous les commandements de Dieu par les lois de votre tradition ? Le commandement dit : ‘Honore ton père et ta mère’ et il ordonne que vous partagiez avec eux vos ressources si c’est nécessaire ; mais vous promulguez une loi de tradition qui permet aux enfants manquant à leurs devoirs de dire que l’argent qui aurait pu aider les parents a été ‘donné à Dieu’. La loi des anciens dégage ainsi de leur responsabilité ces enfants sournois, même s’ils emploient ultérieurement tout cet argent pour leur propre bienêtre. Comment se fait-il que vous annuliez ainsi le commandement par votre propre tradition ? Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous lorsqu’il a dit : ‘Ce peuple m’honore de ses lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte, car ils enseignent comme doctrines des préceptes humains.’ »
« « Voyez comment vous abandonnez le commandement pour vous accrocher à des traditions humaines. Vous êtes tout disposés à désavouer la parole de Dieu pour maintenir vos propres traditions. Et, de bien d’autres manières, vous osez établir votre propre enseignement au-dessus de la Loi et des Prophètes. » »
« Puis Jésus adressa ses observations à tout l’auditoire. Il dit : « Écoutez-moi tous. L’homme n’est pas spirituellement souillé par ce qui entre dans sa bouche, mais plutôt par ce qui sort de sa bouche et vient de son cœur. » Les apôtres eux-mêmes ne réussirent pas à saisir complètement le sens de ses paroles, car Simon Pierre lui demanda aussi : « De crainte que certains auditeurs ne soient inutilement froissés, voudrais-tu nous expliquer le sens de ces paroles ? » Alors, Jésus dit à Pierre : « As-tu aussi la tête dure ? Ne sais-tu pas que toute plante non plantée par mon Père céleste sera arrachée ? Tourne maintenant ton attention vers ceux qui voudraient connaitre la vérité. On ne peut forcer les hommes à aimer la vérité. Beaucoup de ces éducateurs sont des guides aveugles, et tu sais que, si l’aveugle conduit l’aveugle, tous deux tombent dans le puits. Prête l’oreille pendant que je te dis la vérité au sujet des choses qui souillent moralement et contaminent spirituellement les hommes. Je proclame que ce n’est pas ce qui entre dans le corps par la bouche ou pénètre dans le mental par les yeux et les oreilles qui souille les hommes. Un homme n’est souillé que par le mal qui prend naissance dans son cœur et trouve à s’exprimer dans les paroles et les actes de cet impie. Ne sais-tu pas que c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les méchants projets de meurtre, de vol et d’adultère, ainsi que la jalousie, l’orgueil, la colère, la vengeance, les injures et les faux témoignages ? Voilà ce qui souille les hommes, et non le fait de manger du pain avec des mains non lavées cérémoniellement. » » LU 153:3.1-5 (Jean 6:22-71)
« Quand les cinq arrivèrent à la maison de Zébédée, Jésus était en plein milieu de son allocution de départ aux disciples. Ils cherchèrent à entrer dans la maison, mais elle était bondée à déborder. Ils finirent par s’installer sous le porche de derrière et firent passer à Jésus, de bouche en bouche, la nouvelle de leur arrivée. Finalement, Simon Pierre l’annonça à voix basse à Jésus en interrompant le discours pour dire : « Voici, ta mère et tes frères sont dehors et très désireux de te parler. » Or, Marie ne se rendait pas compte de l’importance du message de séparation aux disciples ; elle ne savait pas non plus que cette allocution avait des chances de prendre fin à tout moment par l’arrivée des hommes venant arrêter Jésus. Après une si longue séparation apparente, et vu la grâce que sa mère et ses frères lui faisaient en venant effectivement jusqu’à lui, Marie croyait réellement que Jésus s’arrêterait de parler et viendrait les saluer dès qu’il serait averti de leur présence. »
« Or, ce fut simplement un nouveau cas où sa famille terrestre ne pouvait comprendre que Jésus devait s’occuper des affaires de son Père. Marie et ses frères furent donc profondément froissés lorsqu’ils virent que, malgré l’interruption de son discours pour recevoir le message, Jésus ne se précipitait pas à leur rencontre. Au lieu de cela, ils entendirent sa voix musicale élever le ton et dire : « Dites à ma mère et à mes frères qu’ils ne craignent rien pour moi. Le Père qui m’a envoyé dans le monde ne m’abandonnera pas, et ma famille ne subira aucun dommage. Priez-la d’avoir bon courage et de se confier au Père du royaume. Mais, après tout, qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Puis il étendit les mains vers tous les disciples assemblés dans la salle et dit : « Je n’ai pas de mère, je n’ai pas de frères. Voilà ma mère et voilà mes frères ! Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est ma mère, mon frère et ma sœur. » »
« Lorsque Marie entendit ces paroles, elle s’évanouit dans les bras de Jude. On la transporta dans le jardin pour la ranimer, tandis que Jésus achevait son message d’adieu. Il serait alors sorti pour conférer avec sa mère et ses frères, si un messager, arrivant en hâte de Tibériade, n’était venu annoncer que les officiers du sanhédrin étaient en route avec mandat d’arrêter Jésus et de l’emmener à Jérusalem. Le message fut reçu par André, qui interrompit Jésus pour le lui communiquer. » LU 154:6.4-6
« Toutefois, en montant dans le bateau au cours de cette fuite précipitée, il dit à David Zébédée : « Dis à ma mère et à mes frères que j’apprécie leur venue et que j’avais l’intention de les voir. Recommande-leur de ne pas se froisser de ma conduite, mais plutôt de chercher à connaitre la volonté de Dieu et d’avoir la grâce et le courage de faire cette volonté. » » LU 154:6.12 (Matt 12:22-45; Marc 3:20-30)
« Jésus dit : « Vous devriez tous vous rappeler comment le psalmiste a parlé de notre époque en disant : ‘Pourquoi les païens sont-ils furieux et les peuples complotent-ils en vain ? Les rois de la terre s’établissent eux-mêmes et les chefs du peuple prennent conseil entre eux, contre le Seigneur et contre son Oint, en disant : Brisons les liens de la miséricorde et rejetons les chaines de l’amour.’ »
« « Vous voyez cela s’accomplir, aujourd’hui, sous vos yeux, mais vous ne verrez pas se réaliser le reste de la prophétie du psalmiste, car il avait des idées fausses sur le Fils de l’Homme et sa mission sur terre. Mon royaume est fondé sur l’amour, proclamé en miséricorde et établi par le service désintéressé. Mon Père ne siège pas au ciel en tournant les païens en dérision. Dans son grand déplaisir, il n’est pas courroucé. Elle est vraie la promesse que le Fils aura pour héritage ces soi-disant païens — en réalité ces frères ignorants et dépourvus d’instruction. Et je recevrai ces Gentils, les bras ouverts, avec miséricorde et affection. Je témoignerai cette bienveillance affectueuse aux soi-disant païens, malgré la malencontreuse proclamation de ce document affirmant que le Fils triomphant ‘les brisera avec une verge de fer et les mettra en pièces comme un vase de potier.’ Le psalmiste vous a exhortés à ‘servir le Seigneur avec crainte’, — mais moi, je vous invite à jouir des privilèges supérieurs de la filiation divine par la foi. Il vous commande de vous réjouir en tremblant ; moi, je vous demande de vous réjouir avec assurance. Il dit : ‘Embrassez le Fils, de crainte qu’il ne s’irrite et que vous périssiez quand sa colère sera allumée.’ Mais vous, qui avez vécu avec moi, vous savez bien que ni la colère ni le courroux ne contribuent à établir le royaume des cieux dans le cœur des hommes. Par contre, le psalmiste eut un aperçu de la vraie lumière lorsqu’il dit, à la fin de son exhortation : ‘Bénis soient ceux qui mettent leur confiance dans ce Fils.’ » »
« Jésus continua à enseigner les vingt-quatre en disant : « Les païens ne sont pas sans excuses quand ils sont furieux contre nous. Du fait que leur point de vue est limité et étroit, ils peuvent concentrer leurs énergies avec enthousiasme. Leur but est proche et plus ou moins visible ; c’est pourquoi, ils font de vaillants efforts et sont efficaces dans l’exécution. Vous, qui avez proclamé votre entrée dans le royaume des cieux, êtes absolument trop vacillants et imprécis dans la conduite de votre enseignement. Les païens portent des coups directs pour atteindre leurs objectifs. Vous êtes coupables d’avoir trop de désirs latents. Si vous voulez entrer dans le royaume, pourquoi ne pas vous en emparer par un assaut spirituel, comme les païens s’emparent d’une ville qu’ils assiègent ? Vous n’êtes guère dignes du royaume quand votre service consiste si largement à regretter le passé, à gémir sur le présent et à formuler de vains espoirs pour l’avenir. Pourquoi les païens sont-ils furieux ? Parce qu’ils ne connaissent pas la vérité. Pourquoi languissez-vous dans des désirs futiles ? Parce que vous n’obéissez pas à la vérité. Mettez fin à vos désirs inutiles, et allez courageusement faire ce qui concerne l’établissement du royaume. »
« « Dans tout ce que vous ferez, ne devenez pas partiaux et ne vous spécialisez pas à l’excès. Les pharisiens qui cherchent à nous détruire croient véritablement servir Dieu. La tradition les a tellement étriqués qu’ils sont aveuglés par les préjugés et endurcis par la peur. Considérez les Grecs, qui ont une science dépourvue de religion, alors que les Juifs ont une religion dépourvue de science. Quand les hommes s’égarent ainsi au point d’accepter une désintégration étroite et confuse de la vérité, leur seul espoir de salut consiste à se coordonner avec la vérité — à se convertir. »
« « Laissez-moi proclamer solennellement cette vérité éternelle : Si, en vous harmonisant avec la vérité, vous apprenez à donner, dans votre vie, l’exemple de cette magnifique intégralité de la droiture, vos semblables vous rechercheront pour obtenir ce que vous aurez ainsi acquis. La mesure dans laquelle les chercheurs de vérité seront attirés vers vous représente la mesure de votre dotation de vérité, de votre droiture. La mesure dans laquelle il faut que vous portiez votre message aux gens représente, en un certain sens, la mesure de votre inaptitude à vivre la vie saine et droite, la vie harmonisée avec la vérité. » »
« Le Maitre enseigna encore bien des choses à ses apôtres et aux évangélistes avant qu’ils ne lui souhaitent le bonsoir et n’aillent se reposer pour la nuit. » LU 155:1.1-6
« Jésus expliqua clairement aux vingt-quatre que sa fuite de Galilée n’était pas due à un manque de courage devant ses ennemis. Ils comprirent que Jésus n’était pas encore prêt à un conflit ouvert avec la religion établie et qu’il ne cherchait pas à devenir un martyr. Ce fut durant l’une des conférences chez Justa que le Maitre dit pour la première fois à ses disciples : « Même si le ciel et la terre disparaissaient, mes paroles de vérité ne disparaitraient pas. » »
« Durant son séjour à Sidon, Jésus prit pour thème de ses instructions le progrès spirituel. Il dit à ses disciples qu’ils ne pouvaient s’arrêter en route, qu’il leur fallait avancer vers la droiture ou rétrograder dans le mal et le péché. Il leur recommanda « d’oublier les choses du passé pendant qu’ils allaient de l’avant pour embrasser les plus grandes réalités du royaume ». Il les supplia de ne pas se contenter de leur enfance dans l’évangile, mais de s’efforcer d’atteindre la pleine envergure de la filiation divine dans la communion de l’esprit et la communauté des croyants. »
« Jésus dit : « Mes disciples doivent non seulement cesser de faire le mal, mais apprendre à faire le bien. Il faut non seulement se purifier de tout péché conscient, mais refuser d’abriter même des sentiments de culpabilité. Si vous confessez vos péchés, ils sont pardonnés ; il faut donc maintenir une conscience exempte de toute faute. » »
« Jésus prenait grand plaisir au sens aigu de l’humour dont faisaient montre ces Gentils. Ce furent autant le sens de l’humour déployé par Norana, la Syrienne, que sa grande persévérance dans la foi qui touchèrent tellement le cœur du Maitre et firent appel à sa miséricorde. Jésus regrettait beaucoup que ses compatriotes — les Juifs — manquassent pareillement d’humour. Il dit une fois à Thomas : « Mes compatriotes se prennent trop au sérieux. Ils ne savent guère apprécier l’humour. La religion ennuyeuse des pharisiens n’aurait jamais pu prendre naissance chez un peuple ayant le sens de l’humour. Les Juifs manquent également de logique ; ils filtrent des moucherons et avalent des chameaux. » » LU 156:2.5-8
« Tandis que Jésus s’attardait avec André et Pierre au bord du lac, près du chantier naval, un percepteur de l’impôt du temple s’approcha d’eux, reconnut Jésus et prit Pierre à part pour lui dire : « Ton Maitre ne paye-t-il pas l’impôt du temple ? » Pierre eut tendance à s’indigner à l’idée que Jésus devait contribuer à soutenir les activités religieuses de ses ennemis jurés, mais il remarqua une expression particulière sur le visage du percepteur. Il conjectura, à juste titre, que le percepteur cherchait à le prendre en flagrant délit de refus de payer le demi-sicle habituel pour l’entretien des services du temple à Jérusalem. En conséquence, Pierre répondit : « Bien entendu, le Maitre paye l’impôt du temple. Attends à la porte, et je reviens avec le montant de la taxe. » »
« Pierre avait parlé sans réfléchir, car Judas, qui transportait leurs fonds, était de l’autre côté du lac. Ni Pierre, ni son frère, ni Jésus n’avaient emporté d’argent. Sachant que les pharisiens les recherchaient, il leur était difficile d’aller à Bethsaïde pour obtenir des fonds. Lorsque Pierre parla à Jésus du percepteur et dit qu’il lui avait promis l’argent, Jésus lui dit : « Si tu as promis, il faut que tu payes, mais avec quoi tiendras-tu ta promesse ? Redeviendras-tu pêcheur pour pouvoir faire honneur à ta parole ? Néanmoins, Pierre, dans ces circonstances, il est bon que nous payions la taxe. Ne fournissons à ces hommes aucune occasion de s’offenser de notre attitude. Nous attendrons ici pendant que tu vas prendre le bateau et attraper des poissons au filet. Quand tu les auras vendus au marché là-bas, paye le percepteur pour nous trois. » »
« Toute cette conversation avait été entendue par le messager secret de David, qui se tenait à proximité et qui fit signe à un associé, pêchant près du rivage, d’accoster promptement. Lorsque Pierre se prépara à monter dans le bateau pour pêcher, le messager et son ami pêcheur lui offrirent plusieurs grands paniers de poissons et l’aidèrent à les porter au marchand de poisson voisin. Celui-ci acheta la prise et la paya à un prix qui, avec un complément fourni par le messager de David, suffisait à payer la taxe du temple pour les trois hommes. Le percepteur accepta le versement et fit remise de l’amende pour retard de paiement, parce que les intéressés avaient été absents de Galilée pendant un certain temps. »
« Il n’est pas étonnant que vos écrits contiennent un récit de Pierre attrapant un poisson dont la gueule contenait un sicle. À cette époque, circulaient de nombreuses histoires sur la découverte de trésors dans la gueule de poissons, et ces histoires, quasi miraculeuses, étaient fort répandues. Lorsque Pierre s’en alla pour se diriger vers le bateau, Jésus observa avec une pointe d’humour : « Il est étrange que les fils du roi doivent payer le tribut ; ce sont généralement les étrangers qui sont taxés pour entretenir la cour ; mais il convient que nous ne fournissions pas une pierre d’achoppement aux autorités. Vas-y ! Peut-être attraperas-tu le poisson dont la gueule contient le sicle. » Après ces paroles de Jésus et la réapparition si rapide de Pierre avec le montant de l’impôt du temple, il est assez naturel que l’épisode ait été ultérieurement grossi pour devenir le miracle raconté par l’auteur de l’évangile selon Matthieu. » LU 157:1.1-4 (Matt 17:24-27)
« Vers trois heures de l’après-midi de cette magnifique journée, Jésus quitta les trois apôtres en disant : « Je m’en vais seul pendant un moment pour communier avec le Père et ses messagers. Je vous demande de rester ici. En attendant mon retour, priez pour que la volonté du Père soit faite dans tout ce qui vous arrivera en liaison avec la suite de la mission d’effusion du Fils de l’Homme. » Après leur avoir dit cela, Jésus se retira pour une longue conférence avec Gabriel et le Père Melchizédek. Il ne revint que vers six heures. Voyant l’anxiété des apôtres au sujet de son absence prolongée, il leur dit : « Pourquoi aviez-vous peur ? Vous savez bien que je dois m’occuper des affaires de mon Père ; alors pourquoi doutez-vous quand je ne suis pas auprès de vous ? Je vous déclare maintenant que le Fils de l’Homme a décidé de passer le reste de sa vie terrestre au milieu de vous et comme un homme semblable à vous. Ayez bon courage. Je ne vous abandonnerai pas avant d’avoir achevé ma tâche. » »
« Pendant leur frugal repas du soir, Pierre demanda au Maitre : « Combien de temps allons-nous rester sur cette montagne, loin de nos frères ? » Jésus répondit : « Jusqu’à ce que vous ayez vu la gloire du Fils de l’Homme et que vous sachiez que tout ce que je vous ai déclaré est vrai. » Ils parlèrent ensuite de la rébellion de Lucifer, assis auprès des braises rougeoyantes de leur feu jusqu’à la tombée de la nuit ; puis le sommeil les gagna, car ils étaient partis de très bonne heure ce matin-là. »
« Après que les trois apôtres eurent dormi profondément pendant une demi-heure environ, ils furent soudain réveillés par un crépitement dans le voisinage et regardèrent autour d’eux. À leur grande surprise et à leur consternation, ils virent Jésus conversant familièrement avec deux êtres brillants vêtus des vêtements de lumière du monde céleste. Le visage et le corps de Jésus brillaient également d’une luminosité céleste. Ils parlaient tous trois une langue étrange, mais à partir de certaines choses dites, Pierre supposa à tort que les deux personnages inconnus étaient Moïse et Élie ; en réalité, c’étaient Gabriel et le Père Melchizédek. À la demande de Jésus, les contrôleurs physiques avaient pris des dispositions pour que les apôtres puissent être témoins de cette scène. »
« Tandis que Pierre parlait encore, un nuage argenté s’approcha des quatre hommes et les surplomba. Les apôtres furent extrêmement effrayés et tombèrent en adoration, face contre terre. Ils entendirent alors une voix, la même qu’au baptême de Jésus, disant : « Celui-là est mon fils bienaimé ; écoutez-le. » Quand le nuage disparut, Jésus fut de nouveau seul avec les trois. Il allongea les mains et les toucha en disant : « Levez-vous et n’ayez aucune crainte ; vous verrez des choses plus grandes que cela. » Mais les apôtres étaient vraiment effrayés. Ce furent trois hommes silencieux et pensifs qui se préparèrent à redescendre de la montagne un peu avant minuit. » LU 158:1.6-8,10 (Matthieu 17:1-13; Marc 9:2-13; Luc 9:28-36)
« Durant la première moitié de la descente, aucun mot ne fut prononcé. Jésus ouvrit alors la conversation en disant : « Veillez bien à ne raconter à personne, pas même à vos frères, ce que vous avez vu et entendu sur cette montagne, avant que le Fils de l’Homme ne soit ressuscité d’entre les morts. » Les trois apôtres furent choqués et désemparés par les mots du Maitre « jusqu’à ce que le Fils de l’Homme ne soit ressuscité d’entre les morts ». Ils avaient si récemment réaffirmé leur foi en Jésus en tant que le Libérateur, le Fils de Dieu, et ils venaient de le voir transfiguré en gloire sous leurs yeux ; et maintenant il commençait à parler de « résurrection d’entre les morts » ! »
« Pierre frémit à la pensée que son Maitre mourrait — l’idée était trop pénible à supporter. Craignant que Jacques ou Jean ne posent quelque question à ce sujet, il crut préférable de détourner la conversation. Ne sachant de quoi parler, il exprima la première pensée qui lui passa par la tête en disant : « Maitre, pourquoi les scribes disent-ils qu’Élie doit d’abord venir avant que le Messie n’apparaisse ? » Sachant que Pierre cherchait à éviter le sujet de sa mort et de sa résurrection, Jésus répondit : « Il est vrai qu’Élie vient d’abord pour préparer le chemin du Fils de l’Homme qui doit souffrir maints tourments et finalement être rejeté. Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, et qu’ils ne l’ont pas reçu, mais lui ont fait tout ce qui leur a plu. » Alors, les trois apôtres comprirent qu’il parlait de Jean le Baptiste comme d’Élie. Jésus savait que, si les apôtres persistaient à le considérer comme le Messie, il fallait alors que Jean fût l’Élie de la prophétie. »
« Jésus enjoignit le silence sur le spectacle de l’avant-gout de la gloire qui l’attendait après sa résurrection, parce qu’il était présentement accueilli comme le Messie et ne voulait pas entretenir, à un degré quelconque, leurs conceptions erronées d’un libérateur opérant des prodiges. Pierre, Jacques et Jean méditèrent longuement sur cet épisode, mais n’en parlèrent à personne avant la résurrection du Maitre. »
« Tandis qu’ils continuaient à descendre de la montagne, Jésus leur dit : « Vous n’avez pas voulu me recevoir en tant que Fils de l’Homme. J’ai donc consenti à être reçu selon votre détermination bien arrêtée ; mais ne vous y trompez pas, il faudra que la volonté de mon Père l’emporte. Si vous décidez de suivre ainsi la tendance de votre propre volonté, il faut vous préparer à souffrir beaucoup de déceptions et à subir bien des épreuves ; mais l’entrainement que je vous ai donné devrait vous permettre de triompher de ces chagrins que vous aurez vous-mêmes choisis. » » LU 158:2.1-4
« Arrivés à Capharnaüm au crépuscule, ils allèrent directement prendre leur repas du soir chez Simon Pierre, en passant par des rues peu fréquentées. Tandis que David Zébédée se préparait à les emmener de l’autre côté du lac, ils s’attardèrent chez Simon. Dévisageant Pierre et les apôtres, Jésus leur demanda : « Pendant que vous marchiez ensemble cet après-midi, de quoi discutiez-vous si gravement entre vous ? » Les apôtres se tinrent cois, car beaucoup d’entre eux avaient poursuivi la discussion commencée près du mont Hermon, sur les positions qu’ils occuperaient dans le royaume à venir, sur qui serait le plus grand et ainsi de suite. Sachant ce qui avait occupé leurs pensées ce jour-là, Jésus fit signe à l’un des tout jeunes enfants de Pierre, l’installa parmi eux et dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, à moins de faire volte-face et de ressembler davantage à cet enfant, vous ferez peu de progrès dans le royaume des cieux. Quiconque s’humiliera et ressemblera à ce petit deviendra le plus grand dans le royaume des cieux. Quiconque reçoit un petit enfant me reçoit. Et quiconque me reçoit, reçoit aussi Celui qui m’a envoyé. Si vous voulez être les premiers dans le royaume, cherchez à apporter ces bonnes vérités à vos frères incarnés. Mais, si quelqu’un fait trébucher l’un de ces petits enfants, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attache une meule au cou et qu’on le jette dans la mer. Si les choses que vous faites avec vos mains ou celles que vous voyez de vos yeux font scandale dans le progrès du royaume des cieux, sacrifiez ces idoles chéries ; car il vaut mieux entrer dans le royaume en étant dépourvu de nombre des choses que l’on aime dans la vie, que de s’attacher à ces idoles et de se trouver exclu du royaume. Par-dessus tout, veillez à ne mépriser aucun de ces petits, car leurs anges contemplent constamment les visages des armées célestes. » » LU 158:8.1
« Jésus se rendit à Gamala pour visiter Jean et tous ceux qui y travaillaient avec lui. Ce soir-là, après la séance des questions et réponses, Jean dit à Jésus : « Maitre, je suis allé hier à Ashtarot voir un homme qui enseignait en ton nom et qui prétendait même être capable de chasser des démons. Or, cet homme n’a jamais été avec nous et ne nous suit pas ; je lui ai donc défendu d’agir ainsi. » Jésus dit alors : « Ne le lui interdis pas. Ne perçois-tu pas que l’évangile du royaume sera bientôt proclamé dans le monde entier ? Comment peux-tu espérer que tous ceux qui croient à l’évangile seront soumis à tes directives ? Réjouis-toi de ce que notre enseignement ait déjà commencé à se répandre hors des limites de notre influence personnelle. Ne vois-tu pas, Jean, que ceux qui prétendent faire de grandes œuvres en mon nom finiront par soutenir notre cause ? Ils n’auront certainement pas tendance à médire de moi. Mon fils, en pareille matière, tu ferais mieux d’estimer que quiconque n’est pas contre nous est avec nous. Dans les générations à venir, beaucoup d’hommes non entièrement dignes feront des choses étranges en mon nom, mais je ne le leur interdirai pas. Je te dis que, même si l’on donne une simple coupe d’eau froide à une âme assoiffée, les messagers du Père enregistreront toujours ce service rendu par amour. » »
« Cette instruction plongea Jean dans la perplexité. N’avait-il pas entendu le Maitre dire : « Quiconque n’est pas avec moi est contre moi » ? Il ne perçut pas que Jésus avait, alors, fait allusion aux relations personnelles de l’homme avec les enseignements spirituels du royaume, tandis que, dans le cas présent, il parlait des vastes relations extérieures entre croyants ; ces rapports sociaux concernaient les questions du contrôle administratif et du pouvoir juridique d’un groupe de croyants sur le travail d’un autre groupe, facteurs qui devaient finir par constituer la fraternité mondiale à venir. » LU 159:2.1-2 (Marc 9:38-40)
« À Philadelphie, où Jacques évangélisait, Jésus donna aux disciples une leçon sur le caractère positif de l’évangile du royaume. Au cours de ses remarques, il indiqua que certaines parties des Écritures étaient plus véridiques que d’autres, et il recommanda à ses auditeurs de nourrir leur âme des meilleurs aliments spirituels. Jacques interrompit le Maitre pour lui demander : « Maitre, aurais-tu la bonté de nous suggérer la manière de choisir les meilleurs passages des Écritures pour notre édification personnelle ? » Et Jésus répondit : « Oui, Jacques ; en lisant les Écritures, recherche les enseignements éternellement vrais et divinement beaux tels que : »
« « Crée en moi un cœur pur, Ô Seigneur. »
« « Le Seigneur est mon berger ; je ne manquerai de rien. »
« « Tu devrais aimer ton prochain comme toi-même. »
« « Car moi, le Seigneur ton Dieu, je tiendrai ta main droite en disant : n’aie aucune crainte ; je t’aiderai. »
« « Et les nations n’apprendront plus la guerre. » » LU 159:5.1-6
« Jésus recommanda à ses apôtres d’offrir aussi leur tunique si on leur enlevait injustement leur manteau. Cela ne signifiait pas littéralement qu’il fallait donner un second vêtement ; il s’agissait plutôt de l’idée de faire quelque chose de positif pour sauver l’offenseur, au lieu de suivre l’ancien conseil d’user de représailles — « œil pour œil » et ainsi de suite. Jésus abhorrait l’idée des représailles, et celle d’accepter passivement d’être simplement victime des injustices. À cette occasion, il enseigna à ses apôtres trois manières de lutter contre le mal et de lui résister : »
« 1. Rendre le mal pour le mal — la méthode positive mais injuste. »
« 2. Supporter le mal sans se plaindre ni résister — la méthode purement négative. »
« 3. Rendre le bien pour le mal, affirmer sa volonté de manière à dominer la situation et à triompher du mal par le bien — la méthode positive et juste. »
« L’un des apôtres demanda une fois : « Maitre, que devrais-je faire si un étranger me force à porter son paquetage pendant une lieue ? » Jésus répondit : « Il ne faut pas t’assoir en poussant un soupir de soulagement tout en maugréant contre l’étranger. La droiture ne ressort pas de ces attitudes passives. Si rien de plus positif ne te vient à l’idée, tu peux au moins porter le paquetage sur une seconde lieue. Cela mettra certainement au défi l’étranger injuste et impie. » » LU 159:5.11-15
« Philippe et Matthieu revinrent auprès de leurs compagnons et racontèrent comment ils avaient été chassés du village. Alors, Jacques et Jean s’avancèrent vers Jésus et lui dirent : « Maitre, nous te prions de nous permettre d’appeler le feu du ciel pour qu’il descende dévorer ces Samaritains insolents et impénitents. » Lorsque Jésus entendit ces paroles de vengeance, il se tourna vivement vers les fils de Zébédée et les réprimanda sévèrement : « Vous n’êtes pas conscients du genre d’attitude que vous manifestez. La vengeance n’a rien de commun avec le royaume des cieux. Plutôt que de contester, allons jusqu’au petit village proche du gué du Jourdain. » Ainsi, à cause de leurs préjugés sectaires, ces Samaritains se privèrent de l’honneur d’héberger le Fils Créateur d’un univers. » LU 162:0.2 (Luc 9:53-56)
« En conséquence, Éber, l’agent qualifié du sanhédrin, fut dépêché avec deux assistants pour arrêter Jésus. Tandis qu’Éber se frayait un chemin jusqu’à Jésus, le Maitre dit : « Ne crains pas de m’approcher. Viens écouter de plus près mon enseignement. Je sais que tu as été envoyé pour m’appréhender, mais tu devrais comprendre que rien de fâcheux n’arrivera au Fils de l’Homme avant que son heure ne soit venue. Tu n’es pas dressé contre moi ; tu viens seulement exécuter l’ordre de tes maitres, et même ces chefs des Juifs croient véritablement servir Dieu lorsqu’ils cherchent en secret à me détruire. »
« « Je n’ai de rancune contre aucun de vous. Le Père vous aime, et c’est pourquoi j’aspire à votre délivrance de l’esclavage des préjugés et des ténèbres de la tradition. Je vous offre la liberté de la vie et la joie du salut. Je proclame le nouveau chemin vivant, la délivrance du mal et la rupture de la servitude du péché. Je suis venu pour que vous puissiez avoir la vie, et l’avoir éternellement. Vous cherchez à vous débarrasser de moi et de mes enseignements qui vous inquiètent. Puissiez-vous comprendre que je ne resterai pas longtemps avec vous ! D’ici peu, je retournerai vers Celui qui m’a envoyé dans ce monde. Alors, beaucoup d’entre vous me chercheront assidument, mais vous ne découvrirez pas ma présence, car vous ne pouvez venir là où je vais bientôt aller. Cependant, tous ceux qui me chercheront sincèrement atteindront un jour la vie qui conduit à la présence de mon Père. » »
« Quelques railleurs se dirent entre eux : « Où donc ira cet homme pour que nous ne puissions le trouver ? Ira-t-il vivre parmi les Grecs ? Se suicidera-t-il ? Que peut-il vouloir dire en déclarant qu’il nous quittera bientôt et que nous ne pourrons aller là où il ira ? » »
« Éber et ses assistants refusèrent d’arrêter Jésus et retournèrent au rendez-vous sans lui. Lorsque les chefs religieux et les pharisiens leur reprochèrent de n’avoir pas ramené Jésus, Éber se borna donc à répondre : « Nous avons craint de l’arrêter au milieu de la foule où beaucoup d’auditeurs croient en lui. En outre, nous n’avons jamais entendu personne parler comme lui. Il y a quelque chose qui sort de l’ordinaire chez cet instructeur. Vous feriez tous bien d’aller l’écouter. » Lorsque les principaux dirigeants entendirent cette réponse, ils furent étonnés et parlèrent sarcastiquement à Éber. « Es-tu égaré toi aussi ? Vas-tu croire à ce fourbe ? As-tu entendu dire qu’aucun de nos érudits ou de nos dirigeants ait cru en lui ? Y a-t-il eu des scribes ou des pharisiens trompés par son habile enseignement ? Comment se fait-il que tu sois influencé par le comportement de cette foule ignorante qui ne connait ni la Loi ni les Prophètes ? Ne sais-tu pas que ces illettrés sont maudits ? » Alors, Éber répondit : « C’est entendu, mes maitres, mais cet homme adresse à la multitude des paroles de miséricorde et d’espérance. Il remonte le moral des découragés, et ses paroles ont même réconforté nos âmes. Que peut-il y avoir de mauvais dans ces enseignements, même s’il n’est pas le Messie des Écritures ? Et même alors, notre loi n’exige-t-elle pas l’équité ? Condamnons-nous un homme avant de l’avoir entendu ? » Le chef du sanhédrin se mit en colère contre Éber et se tourna vivement vers lui en disant : « Es-tu devenu fou ? Serais-tu aussi par hasard originaire de Galilée ? Sonde les Écritures ; tu verras que de Galilée il ne peut surgir aucun prophète, et encore bien moins le Messie. » » LU 162:2.6-9
« Ce fut durant cette visite à Jérusalem que Jésus s’occupa du cas d’une femme de mauvaise réputation, amenée en sa présence par les accusateurs de cette femme et par des ennemis du Maitre. Le récit déformé que vous possédez de cet épisode laisse entendre que cette femme avait été amenée devant Jésus par les scribes et les pharisiens, et que Jésus les traita comme s’il voulait faire ressortir que ces chefs religieux des Juifs auraient pu eux-mêmes avoir été coupables d’immoralité. Or, Jésus savait bien que ces scribes et ces pharisiens étaient bien spirituellement aveugles et intellectuellement remplis de préjugés par leur fidélité à la tradition, mais qu’ils devaient être comptés parmi les hommes les plus complètement moraux de cette époque et de cette génération. »
« Voici, en réalité, comment les choses se sont passées. De bonne heure le troisième matin de la fête, tandis que Jésus approchait du temple, vint à sa rencontre un groupe de mercenaires du sanhédrin qui trainaient avec eux une femme. Lorsqu’ils croisèrent Jésus, le porte-parole du groupe dit : « Maitre, cette femme a été surprise en adultère — en flagrant délit. Or, la loi de Moïse ordonne qu’une telle femme soit lapidée. D’après toi, que devons-nous faire d’elle ? » »
« Le plan des ennemis de Jésus était le suivant : S’il entérinait la loi de Moïse ordonnant que la pécheresse se reconnaissant coupable soit lapidée, ils impliqueraient le Maitre dans des difficultés avec les dirigeants romains, qui avaient refusé aux Juifs le droit d’infliger la peine de mort sans l’approbation d’un tribunal romain. Si Jésus interdisait de lapider la femme, ils l’accuseraient devant le sanhédrin de se placer au-dessus de Moïse et de la loi juive. S’il gardait le silence, ils l’accuseraient de lâcheté. Mais le Maitre prit la situation en mains de telle manière que le complot s’écroula sous le propre poids de sa vilénie. »
« Cette femme, jadis avenante, était la femme d’un habitant de bas étage de Nazareth, qui avait causé des difficultés à Jésus durant toute sa jeunesse. Après avoir épousé cette femme, il la força honteusement à gagner la vie du ménage en faisant commerce de son corps. Il était venu à la fête des Tabernacles à Jérusalem pour que sa femme puisse y prostituer ses charmes physiques afin d’en tirer un profit financier. Il avait conclu un accord avec les mercenaires des dirigeants juifs pour trahir ainsi sa propre femme dans le commerce de son vice. Ces mercenaires venaient donc avec la femme et son complice dans l’adultère, afin de prendre Jésus au piège en lui faisant émettre une opinion qu’ils pourraient ensuite utiliser contre lui s’il était arrêté. »
« Promenant son regard au-dessus de l’attroupement, Jésus vit le mari debout derrière les autres. Il savait de quel genre d’homme il s’agissait et perçut qu’il était intéressé dans cette méprisable opération. Jésus commença par contourner l’attroupement pour s’approcher de ce mari dégénéré, puis il écrivit sur le sable quelques mots qui le firent partir précipitamment. Il revint ensuite devant la femme et écrivit de nouveau sur le sol un message destiné à ses prétendus accusateurs. Quand ils eurent lu les mots du Maitre, eux aussi s’en allèrent un par un. Quand le Maitre eut écrit une troisième fois sur le sable, le complice de la femme partit à son tour, de sorte qu’au moment où le Maitre se releva en ayant fini d’écrire, il ne vit plus que la femme debout et seule devant lui. Il lui dit : « Femme, où sont tes accusateurs ? N’est-il resté personne pour te lapider ? » La femme leva les yeux et répondit : « Personne, mon Seigneur. » Alors Jésus dit : « Je connais ton cas, et je ne te condamne pas non plus. Va ton chemin en paix. » Et cette femme, nommée Hildana, abandonna son mari pervers pour se joindre aux disciples du royaume. » LU 162:3.1-5 (Jean 7:53; [8:11](/fr/Bible/John/ 8#v11))
« Il avait été convenu que Jésus ainsi que Lazare et ses sœurs logeraient dans la maison d’un ami, tandis que les apôtres se disperseraient çà et là par petits groupes. Ces précautions avaient été prises parce que les autorités juives s’enhardissaient de nouveau et projetaient de l’arrêter. »
« Tandis que Marthe s’affairait à tous ses soi-disant devoirs, elle fut troublée parce que Marie ne faisait rien pour l’aider. Elle alla donc vers Jésus et lui dit : « Maitre, cela t’est-il égal que ma sœur m’ait laissé faire seule tout le service ? Ne voudrais-tu pas lui demander de venir m’aider ? » Jésus répondit : « Marthe, Marthe, pourquoi t’agites-tu à propos de tant de choses et te laisses-tu troubler par tant de détails ? Une seule chose mérite réellement l’attention ; du moment que Marie a choisi cette part bonne et nécessaire, je ne vais pas la lui enlever. Mais quand apprendrez-vous toutes les deux à vivre comme je vous l’ai enseigné ? Servez en coopération et rafraichissez vos âmes à l’unisson. Ne pouvez-vous apprendre qu’il y a un temps pour chaque chose — que les questions secondaires de la vie doivent s’effacer devant les questions primordiales du royaume céleste ? » » LU 162:8.1,3 (Luc 10:38-42)
« Avant d’imposer les mains sur les têtes des soixante-dix pour les mettre à part comme messagers du royaume, Jésus leur adressa le discours suivant : « En vérité, la moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux ; je vous exhorte donc tous à prier pour que le Seigneur de la moisson envoie encore d’autres ouvriers pour moissonner. Je vais vous mettre à part comme messagers du royaume et vous envoyer aux Juifs et aux Gentils comme des agneaux parmi les loups. En allant deux par deux sur votre route, je vous enjoins de n’emporter ni bourse ni vêtements de rechange, car cette première mission sera de courte durée. En chemin, ne saluez personne ; ne vous occupez que de votre travail. Si vous vous arrêtez dans un foyer, commencez par dire : Que la paix soit sur cette maisonnée. Si les habitants de cette maison aiment la paix, vous y demeurerez ; sinon vous en partirez. Quand vous aurez choisi un foyer, restez-y pendant tout votre séjour dans cette ville, mangeant et buvant ce que l’on vous offrira. Vous ferez cela parce que l’ouvrier mérite sa subsistance. Ne vous déplacez pas de maison en maison pour accepter un meilleur logement. Souvenez-vous qu’en allant proclamer la paix sur terre et la bonne volonté parmi les hommes, il vous faudra lutter contre des ennemis acharnés qui se trompent eux-mêmes. Soyez donc prudents comme des serpents tout en restant inoffensifs comme des colombes. »
« « Partout où vous irez, prêchez en disant : ‘Le royaume des cieux est à portée de la main’, et soignez tous ceux qui souffrent dans leur mental ou dans leur corps. Vous avez reçu libéralement les bonnes choses du royaume ; donnez libéralement. Si les habitants d’une ville vous accueillent, ils trouveront une large entrée dans le royaume du Père. Mais, si les gens d’une ville refusent de recevoir cet évangile, vous proclamerez néanmoins votre message en quittant cette communauté incroyante ; à ceux qui repousseront votre enseignement, vous direz en partant : ‘Bien que vous repoussiez la vérité, il n’en reste pas moins que le royaume de Dieu s’est approché de vous.’ Quiconque vous entend m’entend aussi, et quiconque m’entend entend Celui qui m’a envoyé. Quiconque rejette votre message évangélique me rejette, et quiconque me rejette rejette aussi Celui qui m’a envoyé. » » LU 163:1.3-4 (Luc 10:1-24)
« Nathanael et Thomas dormirent peu cette nuit-là ; ils étaient trop stupéfaits par ce qu’ils avaient entendu chez Nicodème. Ils méditèrent longtemps sur la remarque finale de Jésus concernant une offre des anciens membres et des membres actuels du sanhédrin de l’accompagner devant les soixante-dix. Le Maitre dit : « Non, mes frères, cela ne servirait à rien. Vous multiplieriez la colère, qui retomberait sur vos têtes, sans apaiser le moins du monde la haine qu’ils me portent. Allez chacun vous occuper des affaires du Père selon les directives que l’esprit vous donnera, tandis que j’attirerai, une fois de plus, leur attention sur le royaume suivant les directives que mon Père me donnera. » » LU 164:2.4
« Tandis qu’ils étaient pensivement assis, Simon Pierre demanda : « Racontes-tu cette parabole pour nous, tes apôtres, ou est-elle destinée à tous les disciples ? » Jésus répondit : »
« « À l’heure de l’épreuve, l’âme de l’homme est révélée ; l’épreuve dévoile ce qu’il y a réellement dans le cœur. Quand un serviteur est éprouvé et qualifié, alors le maitre de la maison peut l’établir sur sa maisonnée et s’en remettre en sécurité à ce fidèle intendant du soin de veiller à la nourriture et aux besoins de ses enfants. De même, je saurai bientôt à qui je peux confier le bienêtre de mes enfants après mon retour auprès du Père. Tout comme le maitre de maison confiera, au serviteur fidèle et éprouvé, les affaires de sa famille, moi aussi j’élèverai, dans les affaires de mon royaume, ceux qui supporteront les épreuves de cette heure. »
« « Mais, si le serviteur est indolent et commence à dire dans son cœur ‘mon maitre retarde son retour’, s’il commence à maltraiter les autres serviteurs, et à manger et à boire avec les ivrognes, alors, le maitre arrivera à un moment où le serviteur ne s’y attendra pas et, le trouvant infidèle, il le chassera dans la disgrâce. Vous ferez donc bien de vous préparer pour le jour où vous serez visités à l’improviste et d’une manière inattendue. Souvenez-vous qu’il vous a été beaucoup donné. Il vous sera donc beaucoup demandé. De terribles épreuves sont imminentes pour vous. Il faut que je subisse un baptême, et je reste sur mes gardes jusqu’à ce qu’il soit accompli. Vous prêchez la paix sur terre, mais ma mission n’apportera pas la paix dans les affaires matérielles des hommes — du moins pas avant un certain temps. Si deux membres d’une famille croient en moi et si trois autres rejettent l’évangile, il n’en peut résulter qu’une division. Amis, parents et personnes chéries sont destinés à se dresser les uns contre les autres à cause de l’évangile que vous prêchez. Il est vrai que chaque croyant jouira dans son cœur d’une grande paix durable, mais la paix sur terre ne viendra pas avant que tous les hommes ne soient prêts à croire et à entrer dans leur glorieux héritage de filiation avec Dieu. Malgré cela, allez, dans le monde entier, proclamer cet évangile à toutes les nations, à chaque homme, à chaque femme et à chaque enfant. » » LU 165:6.1-3 (Luc 12:41-48)
« Le 18 février, jour de sabbat, Jésus se trouvait à Ragaba, où vivait un riche pharisien nommé Nathanael. Un bon nombre d’autres pharisiens suivaient Jésus et les douze dans la tournée du pays. Nathanael prépara donc, pour cette matinée de sabbat, un déjeuner pour eux tous, vingt personnes environ, et invita Jésus comme hôte d’honneur. »
« Au moment où Jésus arriva à ce déjeuner, la plupart des pharisiens, ainsi que deux ou trois légistes, étaient déjà là, assis à table. Le Maitre prit immédiatement place à gauche de Nathanael sans se laver les mains dans les vasques. Beaucoup de pharisiens, et spécialement ceux qui étaient favorables aux enseignements de Jésus, savaient qu’il se lavait les mains uniquement par souci de propreté et qu’il abhorrait ces rites purement cérémoniels ; ils ne furent donc pas surpris de le voir s’assoir directement à la table sans s’être deux fois lavé les mains. Mais Nathanael fut choqué de ce que le Maitre ne se soit pas conformé aux strictes exigences des pratiques pharisiennes. Jésus ne se lavait d’ailleurs pas non plus les mains, comme le faisaient les pharisiens, à la fin de chaque service d’un nouveau plat, ni à la fin du repas. »
« Après que Nathanael eut longuement chuchoté avec un pharisien inamical assis à sa droite, et que les invités assis en face du Maitre eurent, maintes fois, levé les sourcils en réprobation et fait sarcastiquement la moue, Jésus finit par dire : « Je croyais que vous m’aviez invité dans cette maison pour rompre le pain avec vous, et peut-être pour me poser des questions concernant la proclamation du nouvel évangile du royaume de Dieu. Mais je vois que vous m’avez amené ici pour assister à une exhibition de dévotion cérémonielle à votre pharisaïsme. Maintenant que vous l’avez fait, qu’allez-vous offrir à votre invité d’honneur en cette occasion ? » »
« Après que le Maitre eut ainsi parlé, ils baissèrent les yeux en regardant la table et ne dirent rien. Personne ne prenant la parole, Jésus poursuivit : « Parmi les pharisiens ici présents, beaucoup sont ici en amis, et certains sont même mes disciples, mais la majorité des pharisiens persiste à refuser de voir la lumière et de reconnaitre la vérité, même quand l’œuvre de l’évangile leur est présentée avec grande puissance. Avec quel soin vous nettoyez l’extérieur des coupes et des écuelles, alors que les récipients de nourriture spirituelle sont malpropres et pollués ! Vous veillez à offrir une apparence pieuse et sainte au peuple, mais l’intérieur de votre âme est rempli de pharisaïsme, de convoitise, d’exactions et de toutes sortes de perversités spirituelles. Vos dirigeants osent même comploter et faire des plans pour assassiner le Fils de l’Homme. Insensés, ne comprenez-vous pas que le Dieu du ciel regarde les mobiles intérieurs de votre âme aussi bien que vos simulacres extérieurs et vos pieuses professions de foi ? Ne croyez pas qu’en donnant des aumônes et en payant des dimes, vous serez purifiés de votre injustice et capables de vous présenter purs devant le Juge de tous les hommes. Malheur à vous, pharisiens, qui avez persisté à rejeter la lumière de la vie ! Vous payez méticuleusement la dime et vous faites l’aumône avec ostentation, mais vous méprisez sciemment la visitation de Dieu et vous rejetez la révélation de son amour. Vous avez raison de prêter attention à vos devoirs mineurs, mais vous ne devriez pas avoir négligé ces exigences majeures. Malheur à tous ceux qui fuient la justice, dédaignent la miséricorde et rejettent la vérité ! Malheur à tous ceux qui méprisent la révélation du Père, alors qu’ils recherchent des sièges d’honneur dans la synagogue et désirent ardemment des salutations flatteuses sur la place du marché ! » »
« Alors que Jésus était sur le point de se lever pour partir, un des légistes assis à la table lui demanda : « Maitre, dans certains de tes propos, tu nous fais également des reproches. N’y a-t-il rien de bon chez les scribes, les pharisiens et les docteurs de la loi ? » Jésus se leva et répondit au légiste : « Comme les pharisiens, vous prenez plaisir à occuper les premières places aux fêtes et à porter de longues robes, tandis que vous mettez sur les épaules des hommes de lourds fardeaux, pénibles à porter. Et, quand les âmes des hommes chancèlent sous ces lourds fardeaux, vous ne levez même pas le petit doigt pour les soulager. Malheur à vous, qui trouvez vos plus grands délices à bâtir des tombeaux pour les prophètes que vos pères ont tués ! Votre consentement aux actes de vos pères est rendu manifeste, en ce sens que vous projetez maintenant de tuer ceux qui viennent, aujourd’hui, faire les mêmes choses que les prophètes en leur temps, proclamer la justice de Dieu et révéler la miséricorde du Père céleste. Mais, de toutes les générations passées, c’est à cette génération perverse et pharisaïque que sera redemandé le sang des prophètes et des apôtres. Malheur à vous tous, légistes qui avez enlevé la clef de la connaissance au commun du peuple ! Vous-mêmes, vous refusez d’entrer dans la voie de la vérité et, en même temps, vous voudriez faire obstacle à tous ceux qui cherchent à y entrer. Mais vous ne pouvez fermer ainsi les portes du royaume des cieux ; nous les avons ouvertes à tous ceux qui ont assez de foi pour entrer. Ces portes de miséricorde ne seront pas closes par les préjugés et l’arrogance de faux éducateurs et de bergers déloyaux qui ressemblent à des sépulcres blanchis ; à l’extérieur, ils apparaissent magnifiques, mais, à l’intérieur, ils sont pleins d’ossements et de toutes sortes d’impuretés spirituelles. » » LU 166:1.1-5 (Matthieu 15:1-20; Luc 7:1-23)
« Très tard dans la soirée du dimanche 26 février, un coureur arriva de Béthanie à Philadelphie, apportant un message de Marthe et Marie disant : « Seigneur, celui que tu aimes est très malade. » Ce message parvint à Jésus à la fin de la conférence du soir, juste au moment où il prenait congé des apôtres pour la nuit. Tout d’abord, Jésus ne répondit rien. Il se produisit un de ces étranges intermèdes, un temps où il paraissait être en communication avec quelque chose d’extérieur à lui, situé au-delà de lui. Puis il releva les yeux et s’adressa au messager de sorte que les apôtres purent l’entendre dire : « Cette maladie ne va pas réellement jusqu’à la mort. Ne doutez pas qu’elle puisse être utilisée pour glorifier Dieu et exalter le Fils. » »
« En conséquence, le mercredi matin de bonne heure, il dit à ses apôtres : « Préparons-nous immédiatement à aller une fois de plus en Judée. » Après avoir entendu leur Maitre dire cela, les apôtres se retirèrent à l’écart pendant un temps pour se consulter entre eux. Jacques prit la direction des débats, et les apôtres furent unanimes à penser que c’était pure folie que de permettre à Jésus de retourner en Judée. Ils revinrent comme un seul homme pour faire part de leur opinion à Jésus. Jacques dit : « Maitre, tu as été à Jérusalem il y a quelques semaines, et les dirigeants ont cherché à te faire mourir, tandis que le peuple était prêt à te lapider. À ce moment-là, tu as donné à ces hommes leur chance de recevoir la vérité, et nous ne te permettrons pas de retourner en Judée. » »
« Alors Jésus dit : « Ne comprenez-vous pas que chaque journée a douze heures pendant lesquelles on peut faire son travail en sécurité ? Si un homme marche le jour, il ne trébuche pas, attendu qu’il a de la lumière. S’il marche la nuit, il risque de trébucher, car il est sans lumière. Tant que mon jour dure, je ne crains pas d’entrer en Judée. Je voudrais accomplir encore une puissante œuvre pour ces Juifs. Je voudrais leur donner une chance de plus de croire, même dans les conditions qui leur plaisent — gloire extérieure et manifestation visible du pouvoir du Père et de l’amour du Fils. En outre, n’avez-vous pas compris que notre ami Lazare s’est endormi et que je voudrais aller le réveiller de ce sommeil ? » »
« Devant l’impossibilité de persuader Jésus de s’abstenir d’aller en Judée, et l’hésitation de certains apôtres à l’y accompagner, Thomas s’adressa à ses compagnons et dit : « Nous avons exprimé nos craintes au Maitre, mais il est décidé à aller à Béthanie. J’estime qu’il court à sa perte ; on va surement le tuer. Mais, si c’est le choix du Maitre, conduisons-nous comme des braves ; allons-y pour mourir avec lui. » Comme toujours, dans les affaires nécessitant un courage délibéré et soutenu, Thomas fut le point d’appui du groupe des douze apôtres. » LU 167:4.1,4-6 (Jean 11:3,4,9,10-15)
« Une compagnie de près de cinquante amis et ennemis suivit Jésus sur la route de Judée. Le mercredi, à l’heure du repas de midi, il fit, à ses apôtres et à ce groupe d’accompagnateurs, un exposé sur « Les Conditions du Salut », et, à la fin de cette leçon, il raconta la parabole du pharisien et du publicain (un collecteur de taxes). Jésus dit : « Vous voyez ainsi que le Père donne le salut aux enfants des hommes, et que ce salut est un don gratuit à tous ceux qui ont la foi d’accepter la filiation dans la famille divine. L’homme ne peut rien faire pour gagner ce salut. Les œuvres du pharisaïsme ne peuvent acheter la faveur de Dieu, et de longues prières en public ne compenseront pas le manque de foi vivante dans le cœur. Vous pouvez tromper les hommes par vos prestations extérieures, mais Dieu scrute votre âme. Ce que je vous dis est bien illustré par l’exemple de deux hommes, un pharisien et un publicain, qui allèrent au temple pour prier. Le pharisien se tint debout et pria en lui-même : ‘Ô Dieu, je te rends grâces de ne pas ressembler au reste des hommes, qui sont exacteurs, ignorants, injustes et adultères, ni même à ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je donne la dime de tout ce que j’acquiers.’ Par contre, le publicain se tenait à l’écart et n’osait même pas lever les yeux au ciel ; il se frappait la poitrine en disant : Ô Dieu, sois miséricordieux pour un pécheur comme moi.’ Je vous dis que c’est le publicain qui rentra chez lui avec l’approbation de Dieu, plutôt que le pharisien, car quiconque s’élève sera humilié et quiconque s’humilie sera élevé. » »
« Ce soir-là, à Jéricho, les pharisiens hostiles cherchèrent à prendre Jésus au piège en l’incitant à discuter du mariage et du divorce, comme leurs semblables l’avaient jadis fait en Galilée ; mais le Maitre évita adroitement de se laisser entrainer dans une opposition à leurs lois concernant le divorce. De même que le publicain et le pharisien illustraient la bonne et la mauvaise religion, leurs pratiques du divorce établissaient un contraste entre les meilleures lois matrimoniales du code juif et le honteux relâchement avec lequel les pharisiens interprétaient les règles du divorce formulées par Moïse. Le pharisien se jugeait lui-même d’après le critère le plus bas ; le publicain se mettait au diapason de l’idéal le plus élevé. Pour le pharisien, la dévotion était un moyen d’aboutir à l’inactivité justifiée et à l’assurance d’une fausse sécurité spirituelle. Pour le publicain, la dévotion était un moyen de vivifier son âme pour qu’elle comprenne la nécessité de se repentir, de se confesser et d’accepter par la foi un pardon miséricordieux. Le pharisien cherchait la justice, et le publicain, la miséricorde. La loi de l’univers est : Demandez, et vous recevrez ; cherchez, et vous trouverez. »
« Tard dans la soirée, après que Jésus eut parlé du mariage et du divorce, ses apôtres lui posèrent, en privé, de nombreuses questions additionnelles. Ses réponses à leurs enquêtes délivrèrent leur mental de beaucoup de fausses conceptions. À la fin de cette conférence, Jésus dit : « Le mariage est honorable et doit être désiré par tous les hommes. Le fait que le Fils de l’Homme poursuit, seul, sa mission terrestre ne porte aucune atteinte au caractère désirable du mariage. C’est la volonté du Père que j’agisse ainsi, mais le même Père a ordonné la création des mâles et des femelles ; Dieu veut que les hommes et les femmes trouvent leur service le plus élevé et la joie correspondante en établissant des foyers pour accueillir et élever des enfants, pour la création desquels ces parents deviennent coassociés aux Créateurs du ciel et de la terre. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’un. » » LU 167:5.1-2,7 (Matt 19:3-11; Marc 10:2-12)
« Le message vespéral de Jésus sur le mariage et sur le caractère sacré des enfants se répandit dans tout Jéricho, de sorte que, le lendemain matin, longtemps avant que Jésus et les apôtres ne soient prêts à partir, et même avant l’heure du déjeuner, un grand nombre de mères se rassemblèrent près du logement de Jésus, apportant leurs enfants dans leurs bras ou les conduisant par la main, et désirant qu’il bénisse les petits. Lorsque les apôtres sortirent et virent ce rassemblement de mères avec leurs enfants, ils tentèrent de les renvoyer, mais ces femmes refusèrent de partir avant que le Maitre ait imposé les mains sur leurs enfants et les ait bénis. Quand les apôtres réprimandèrent bruyamment ces mères, Jésus, entendant le tumulte, sortit et leur fit des reproches indignés en disant : « Laissez venir à moi les petits enfants ; ne le leur interdisez pas, car le royaume des cieux est composé de leurs pareils. En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque ne reçoit pas le royaume de Dieu comme un petit enfant ne pourra y entrer pour y atteindre la pleine stature de son humanité spirituelle. » »
« Après avoir ainsi parlé à ses apôtres, Jésus accueillit tous les enfants et leur imposa les mains en adressant des paroles d’encouragement et d’espoir à leurs mères. » LU 167:6.1-2 (Matt 19:13-15; Marc 10:13-16; Luc 18:15-17)
« Ce fut ce dimanche après-midi-là que Salomé, la mère de Jacques et de Jean Zébédée, vint vers Jésus avec ses deux fils apôtres, à la manière dont on s’approche d’un potentat oriental ; elle chercha à obtenir que Jésus lui promette d’avance de lui accorder ce qu’elle demanderait, quelle que soit sa requête. Mais le Maitre ne voulut rien promettre ; au lieu de cela, il lui demanda : « Que désires-tu que je fasse pour toi ? » et Salomé répondit : « Maitre, maintenant que tu montes à Jérusalem pour établir le royaume, je voudrais ta promesse que mes fils seront à l’honneur avec toi, l’un siégeant à ta droite et l’autre à ta gauche dans ton royaume. » »
« Lorsque Jésus entendit la requête de Salomé, il dit : « Femme, tu ne sais pas ce que tu demandes. » Puis, regardant droit dans les yeux les deux apôtres qui recherchaient des honneurs, il dit : « Parce que je vous connais et vous aime depuis longtemps, parce que j’ai même vécu dans la maison de votre mère, parce qu’André vous a désignés pour être constamment auprès de moi, vous permettez à votre mère de venir secrètement vers moi en formulant cette demande inconvenante. Laissez-moi vous demander ceci : Êtes-vous capables de boire la coupe que je suis sur le point de boire ? » Sans prendre un instant de réflexion, Jacques et Jean répondirent : « Oui, Maitre, nous en sommes capables. » Jésus dit alors : « Je suis attristé de savoir que vous ne savez pas pourquoi nous allons à Jérusalem ; je suis chagriné de constater que vous ne comprenez pas la nature de mon royaume. Je suis déçu que vous ameniez votre mère pour me présenter cette requête. Mais je sais que vous m’aimez dans votre cœur. Je vous déclare donc qu’en vérité, vous boirez ma coupe d’amertume et que vous partagerez mon humiliation, mais il ne m’appartient pas de vous conférer un siège à ma droite ou à ma gauche. Ces honneurs sont réservés à ceux qui ont été désignés par mon Père. » » LU 171:0.4-5 (Matt 20:20-23)
« Quand Jésus et sa suite de près d’un millier de personnes arrivèrent au bord du Jourdain, au gué de Béthanie parfois dénommé Béthabara, ses disciples commencèrent à comprendre que le Maitre n’allait pas directement à Jérusalem. Tandis qu’ils hésitaient et discutaient entre eux, Jésus monta sur un gros rocher et prononça le discours que l’on a intitulé « l’Évaluation du prix ». Le Maitre dit : »
« « À partir de maintenant, ceux qui veulent me suivre doivent accepter de payer le prix d’une consécration totale à faire la volonté de mon Père. Si vous voulez être mes disciples, il faut que vous soyez disposés à abandonner père, mère, femme, enfants, frères et sœurs. Quiconque veut désormais être mon disciple doit accepter de renoncer même à sa vie, de même que le Fils de l’Homme est sur le point d’offrir sa vie pour parachever sa mission de faire la volonté du Père, sur terre et dans la chair. »
« « Si vous n’êtes pas disposés à payer entièrement le prix, vous ne pouvez guère être mon disciple. Avant de continuer, chacun de vous devrait s’assoir et calculer ce qu’il en coute d’être mon disciple. Qui d’entre vous entreprendrait de bâtir une tour de garde sur ses terres sans commencer par s’assoir pour en estimer le cout et voir s’il possède assez d’argent pour l’achever ? Si vous ne calculez d’abord le prix, vous découvrirez peut-être, après avoir posé les fondations, que vous êtes incapables de terminer ce que vous avez commencé. Alors, tous vos voisins se moqueront de vous en disant : ‘Voyez, cet homme a commencé à bâtir, mais il a été incapable de terminer son travail.’ Et encore, un roi, se préparant à faire la guerre à un autre roi, ne commence-t-il pas par s’assoir et prendre conseil pour savoir si, avec dix-mille hommes, il pourra faire face à celui qui vient contre lui avec vingt-mille ? Si ce roi ne peut affronter son ennemi faute de préparation, il envoie une ambassade à l’autre roi pendant que ce dernier est encore loin, et s’informe des conditions de paix. »
« « Il faut donc maintenant que chacun de vous s’assoie pour évaluer ce qu’il en coute d’être mon disciple. Désormais, vous ne pourrez plus nous suivre en écoutant l’enseignement et en observant les œuvres. Il vous faudra faire face à des persécutions acharnées et témoigner en faveur de cet évangile en face de déceptions écrasantes. Si vous n’acceptez pas de renoncer à tout ce que vous êtes et de consacrer à cette œuvre tout ce que vous possédez, alors vous n’êtes pas dignes d’être mon disciple. Si vous avez déjà triomphé de vous-mêmes dans votre cœur, vous n’avez rien à craindre de la victoire extérieure qu’il vous faudra bientôt gagner quand le Fils de l’Homme sera rejeté par les chefs des prêtres et les sadducéens, et remis entre les mains d’incroyants railleurs. »
« « C’est maintenant qu’il faut vous analyser et découvrir votre mobile pour être mon disciple. Si vous recherchez honneurs et gloire, si votre pensée incline vers le monde, vous ressemblez à du sel qui a perdu sa saveur. Et, lorsque ce qui est estimé pour son gout salé a perdu sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ? Un tel condiment est alors inutile ; il n’est bon qu’à être jeté au rebut. Maintenant, je vous ai avertis de retourner paisiblement chez vous si vous n’êtes pas disposés à boire avec moi la coupe qui se prépare. Maintes et maintes fois, je vous ai dit que mon royaume n’est pas de ce monde, mais vous ne voulez pas me croire. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ce que je dis. » » LU 171:2.1-5 (Luc 14:25-35)
« Le mercredi soir 29 mars, Jésus et ses disciples campèrent à Livias, sur le chemin de Jérusalem, après avoir achevé leur tournée des villes de la Pérée méridionale. Ce fut durant cette nuit à Livias que Simon Zélotès et Simon Pierre, qui avaient comploté de se faire livrer, en cet endroit, plus de cent épées, reçurent et distribuèrent ces armes à tous ceux qui voulurent les accepter et les porter dissimulées sous leur manteau. Simon Pierre portait encore son épée la nuit où le Maitre fut trahi dans le jardin de Gethsémani. »
« Le jeudi matin de bonne heure, avant que les autres ne fussent réveillés, Jésus appela André et lui dit : « Réveille tes compagnons ! J’ai quelque chose à leur dire. » Jésus était au courant de la livraison des épées ; il savait quels apôtres en avaient reçu et en portaient, mais il ne leur révéla jamais qu’il connaissait cette affaire. Lorsqu’André eut réveillé ses compagnons et qu’ils se furent rassemblés, Jésus leur dit : « Mes enfants, vous avez vécu longtemps auprès de moi, et je vous ai enseigné bien des choses utiles pour notre époque ; je voudrais maintenant vous avertir de ne mettre votre confiance ni dans les incertitudes de la chair, ni dans les faiblesses de la défense humaine contre les épreuves qui nous attendent sous peu. Je vous ai pris ici à part pour vous dire, une fois encore, clairement, que nous montons à Jérusalem, où vous savez que le Fils de l’Homme a déjà été condamné à mort. Je vous répète que le Fils de l’Homme sera livré aux chefs des prêtres et dirigeants religieux ; ils le condamneront et le livreront aux mains des Gentils. Ils se moqueront du Fils de l’Homme ; ils iront même jusqu’à cracher sur lui et à le fouetter, et ils le livreront à la mort. Ne soyez pas consternés quand ils tueront le Fils de l’Homme, car je vous déclare qu’il ressuscitera au troisième jour. Prenez garde à vous-mêmes et souvenez-vous que je vous ai prévenus. » »
« De nouveau, les apôtres furent stupéfaits, abasourdis, mais ils ne purent arriver à prendre ses paroles à la lettre ; ils ne pouvaient comprendre que le Maitre avait parlé sans ambages. Ils étaient tellement aveuglés par leur croyance persistante à un royaume temporel sur terre, avec siège à Jérusalem, qu’ils ne pouvaient pas — ne voulaient pas — accepter comme littérales les paroles de Jésus. Ils méditèrent toute la journée sur ce que le Maitre avait voulu dire par des déclarations aussi étranges, mais nul n’osa lui poser de questions à leur sujet. C’est seulement après sa mort que les apôtres désorientés en vinrent à comprendre que le Maitre leur avait parlé franchement et directement en prévision de sa crucifixion. »
« Après avoir écouté ce que les pharisiens avaient à dire, Jésus répondit : « Je connais bien Hérode et sa peur de cet évangile du royaume. Mais, ne vous y trompez pas, il préfèrerait de beaucoup voir le Fils de l’Homme monter à Jérusalem et que ce soient les chefs religieux qui le fassent souffrir et mourir. Ayant souillé ses mains du sang de Jean, il n’est pas désireux de porter la responsabilité de la mort du Fils de l’Homme. Allez dire à ce renard que le Fils de l’Homme prêche aujourd’hui en Pérée, qu’il ira demain en Judée et qu’au bout de quelques jours, il aura parachevé sa mission sur terre et sera prêt pour son ascension vers le Père. » »
« Puis Jésus se tourna vers ses apôtres et dit : « Depuis les temps anciens, les prophètes ont péri à Jérusalem, et il sied que le Fils de l’Homme aille dans la cité de la maison du Père pour être offert comme prix du sectarisme humain et comme conséquence des préjugés religieux et de l’aveuglement spirituel. Ô Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et lapides les instructeurs de la vérité ! Que de fois j’aurais voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, mais vous n’avez pas voulu me laisser faire ! Voici, votre maison va vous être abandonnée dans la désolation. Vous désirerez maintes fois me voir, mais vous ne me verrez pas. Vous me chercherez alors, mais vous ne me trouverez pas. » Après avoir ainsi parlé, Jésus se tourna vers ceux qui l’entouraient et dit : « Quoi qu’il en soit, allons à Jérusalem pour assister à la Pâque et faire notre devoir en accomplissant la volonté du Père qui est aux cieux. » » LU 171:4.1-3,6-7 (Matt 17:22-23; Matthieu 20:17-19; Luc 13:31-35)
« Quand le cortège du Maitre entra dans Jéricho, le soleil était sur le point de se coucher, et Jésus était disposé à demeurer dans la ville pour la nuit. Au moment où il passa devant le bureau de douane, Zachée, le chef publicain ou percepteur des taxes, se trouvait là ; or, il désirait grandement voir Jésus. Ce chef publicain était fort riche et avait beaucoup entendu parler de ce prophète de Galilée. Il avait résolu de voir quelle sorte d’homme était Jésus la prochaine fois qu’il viendrait à Jéricho. En conséquence, Zachée chercha à se frayer un chemin à travers la foule, mais elle était trop dense, et Zachée était de petite taille, de sorte qu’il ne pouvait voir par-dessus les têtes. Alors, le chef publicain suivit la foule jusqu’au centre de la ville, non loin de l’endroit où il habitait. Voyant qu’il ne parviendrait pas à fendre la foule et imaginant que Jésus allait peut-être traverser la ville sans s’y arrêter, il courut en avant et grimpa dans un sycomore dont les branches étendues surplombaient la route. Il savait que, de cette manière, il pourrait bien voir le Maitre lors de son passage. Et il ne fut pas déçu, car, en passant par là, Jésus s’arrêta, leva les yeux vers Zachée et dit : « Dépêche-toi de descendre, Zachée, car ce soir il faudra que je demeure dans ta maison. » Quand Zachée entendit ces paroles surprenantes, il tomba presque de l’arbre dans sa hâte d’en descendre. Allant vers Jésus, il exprima sa grande joie de ce que le Maitre veuille bien s’arrêter chez lui. »
« Ils se rendirent immédiatement à la maison de Zachée, et les habitants de Jéricho furent bien étonnés que Jésus consente à demeurer chez le chef des publicains. Tandis que le Maitre et ses apôtres s’attardaient avec Zachée devant la porte de sa maison, l’un des pharisiens de Jéricho qui se trouvait près de là dit : « Vous voyez que cet homme est allé loger chez un fils apostat d’Abraham, un pécheur qui est un exacteur et vole son propre peuple. » Quand Jésus entendit cela, il regarda Zachée et sourit. Alors, Zachée monta sur un tabouret et dit : « Hommes de Jéricho, écoutez-moi ! Je suis peut-être un publicain et un pécheur, mais le grand Instructeur est venu demeurer dans ma maison. Avant qu’il n’entre, je vous dis que je vais donner aux pauvres la moitié de tous mes biens ; et, dès demain, si j’ai exigé à tort quelque chose de quelqu’un, je le lui restituerai au quadruple. Je vais rechercher le salut de tout mon cœur et apprendre à agir avec droiture aux yeux de Dieu. » »
« Quand Zachée eut fini de parler, Jésus dit : « Aujourd’hui, le salut est venu dans cette maison, et tu es devenu, en vérité, un fils d’Abraham. » Puis, se tournant vers la foule assemblée autour d’eux, Jésus dit : « Ne vous étonnez pas de ce que je dis et ne vous offensez pas de ce que nous faisons, car j’ai constamment déclaré que le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » » LU 171:6.1-3 (Luc 19:1-10)
« Des pèlerins étrangers à la Judée, ainsi que les autorités juives, avaient tous demandé : « Qu’en pensez-vous ? Jésus va-t-il venir à la fête ? » Le peuple fut donc heureux d’apprendre que Jésus était à Béthanie, mais les chefs des prêtres et des pharisiens furent quelque peu désorientés. Ils étaient contents de l’avoir sous leur juridiction, mais ils étaient légèrement déconcertés par son audace. Ils se rappelaient que, lors de sa précédente visite à Béthanie, Lazare avait été ressuscité d’entre les morts, et Lazare devenait un grand problème pour les ennemis de Jésus. »
« Six jours avant la Pâque, le soir après le sabbat, tout Béthanie et tout Bethphagé se réunirent pour célébrer l’arrivée de Jésus par un banquet public chez Simon. Ce souper était en l’honneur de Jésus et de Lazare ; il fut offert en bravant le sanhédrin. Marthe dirigea le service du repas. Sa sœur Marie se trouvait parmi les spectatrices, car il était contraire à la coutume des Juifs qu’une femme prenne part à un banquet public. Les agents du sanhédrin étaient présents, mais craignaient d’appréhender Jésus au milieu de ses amis. »
« Jésus s’entretint avec Simon du Josué de jadis, dont le prénom était homonyme du sien, et raconta comment Josué et les Israélites étaient arrivés à Jérusalem par Jéricho. En commentant la légende de la chute des remparts de Jéricho, Jésus dit : « Je ne m’intéresse pas à ces murailles de brique et de pierre, mais je voudrais provoquer l’effondrement des remparts de préjugés, de pharisaïsme et de haine devant la proclamation de l’amour du Père pour tous les hommes. » »
« Le banquet continua très gaiment et normalement, sauf que tous les apôtres étaient empreints d’une gravité inhabituelle. Jésus était exceptionnellement gai et avait joué avec les enfants jusqu’au moment de se mettre à table. »
« Rien d’extraordinaire ne se produisit jusque vers la fin du festin, lorsque Marie, sœur de Lazare, sortit du groupe des spectatrices, s’avança jusqu’au divan où Jésus était étendu comme hôte d’honneur et se mit à déboucher un grand flacon d’albâtre contenant un onguent très rare et couteux. Après en avoir oint la tête du Maitre, elle commença à en verser sur ses pieds et défit ses cheveux pour les lui essuyer. Toute la maison fut remplie du parfum de l’onguent, et tous les assistants furent stupéfaits de ce que Marie avait fait. Lazare ne dit rien, mais, lorsque certains convives murmurèrent en s’indignant de cet emploi d’un onguent aussi couteux, Judas Iscariot s’approcha de l’endroit où André était allongé et dit : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu cet onguent et donné l’argent pour nourrir les pauvres ? Tu devrais dire au Maitre de réprouver ce gaspillage. » »
« Sachant ce qu’ils pensaient et entendant ce qu’ils disaient, Jésus posa sa main sur la tête de Marie agenouillée à son côté et, avec une expression de bonté sur son visage, il dit : « Que chacun de vous la laisse tranquille. Pourquoi la troublez-vous à ce propos, vu qu’elle a accompli une bonne action dans son cœur ? À vous qui murmurez en disant que cet onguent aurait dû être vendu et l’argent donné aux pauvres, laissez-moi vous dire que vous avez toujours les pauvres avec vous, de sorte que vous pouvez vous occuper d’eux quand bon vous semble. Mais moi, je ne serai pas toujours avec vous ; j’irai bientôt auprès de mon Père. Cette femme a conservé depuis longtemps cet onguent pour mon corps lors de mon enterrement ; puisqu’elle a cru bon de procéder à cette onction en anticipant sur ma mort, cette satisfaction ne lui sera pas refusée. En faisant cela, Marie vous a tous blâmés, en ce sens que, par cet acte, elle manifeste sa foi en ce que j’ai dit sur ma mort et mon ascension auprès du Père qui est aux cieux. Cette femme ne sera pas réprimandée pour ce qu’elle a fait ce soir. Je vous dis au contraire que, dans les âges à venir, partout où cet évangile sera prêché dans le monde, ce qu’elle a fait sera raconté en mémoire d’elle. » » LU 172:1.1-6 (Jean 11:55-12:11)
« Jésus fut gai et joyeux au cours du trajet, jusqu’au moment où il arriva sur la crête d’Olivet, d’où l’on avait une vue panoramique sur la ville et les tours du temple. Le Maitre arrêta la procession, et un grand silence s’abattit sur l’assistance qui le voyait pleurer. Abaissant son regard sur la vaste multitude sortant de la ville pour l’accueillir, le Maitre dit, avec beaucoup d’émotion et une voix mouillée de larmes : « Ô Jérusalem, si tu avais seulement connu, toi aussi, au moins en ce jour qui t’est donné, les choses qui appartiennent à ta paix et que tu aurais pu avoir si largement ! Mais, maintenant, ces gloires vont être cachées à tes yeux. Tu es sur le point de rejeter le Fils de la Paix et de tourner le dos à l’évangile du salut. Les jours viendront bientôt où tes ennemis creuseront une tranchée autour de toi et t’assiègeront de tous côtés ; ils te détruiront de fond en comble, et il ne restera pas pierre sur pierre de toi. Et tout cela t’arrivera parce que tu n’as pas connu le temps de ta divine visitation. Tu es sur le point de rejeter le don de Dieu, et tous les hommes te rejetteront. » »
« Lorsque Jésus eut fini de parler, ils commencèrent la descente d’Olivet et rencontrèrent bientôt la multitude des visiteurs qui venaient de Jérusalem en agitant des branches de palmier, en criant des hosannas et en exprimant, de diverses façons, leur allégresse et leur solidarité. Le Maitre n’avait rien fait pour que des foules sortent de Jérusalem à leur rencontre ; d’autres que lui s’en étaient chargés. Il ne prémédita jamais aucune scène théâtrale. »
« À la multitude qui affluait pour souhaiter la bienvenue au Maitre, s’étaient joints de nombreux pharisiens et autres ennemis de Jésus. Ils furent tellement déconcertés par cette explosion soudaine et inattendue d’acclamations populaires qu’ils eurent peur d’arrêter Jésus, de crainte que cet acte ne précipite ouvertement une révolte populaire. Ils craignaient grandement le comportement de la masse des visiteurs, qui avaient beaucoup entendu parler de Jésus, et dont un grand nombre croyaient en lui. »
« À l’approche de Jérusalem, la foule devint plus démonstrative, au point que certains pharisiens se frayèrent un chemin jusqu’à Jésus et dirent : « Maitre, tu devrais réprimander tes disciples et les exhorter à se conduire plus convenablement. » À quoi Jésus répondit : « Il convient que ces enfants souhaitent la bienvenue au Fils de la Paix, que les chefs des prêtres ont rejeté. Il serait inutile de les arrêter, de crainte qu’à leur place ces pierres du bord de la route ne se mettent à crier. » »
« Les pharisiens se hâtèrent de devancer la procession pour rejoindre le sanhédrin, qui siégeait alors au temple, et ils rendirent compte à leurs confrères : « Voyez, tout ce que nous faisons ne sert à rien ; nous sommes confondus par ce Galiléen. Le peuple est devenu fou de lui ; si nous n’arrêtons pas ces ignorants, le monde entier va le suivre. » » LU 172:3.10-14 (Matt 21:1-11; Marc 11:1-11; Luc 19:29-44; Jean 12:12-19)
« Pendant que les jumeaux Alphée allaient restituer l’âne à son propriétaire, Jésus et les dix apôtres se séparèrent de leurs associés les plus proches et déambulèrent dans le temple en observant les préparatifs de la Pâque. Aucune tentative ne fut faite pour molester Jésus, car le sanhédrin craignait beaucoup le peuple, et, après tout, cette crainte était l’une des raisons pour lesquelles Jésus avait permis à la multitude de l’acclamer ainsi. Les apôtres ne comprenaient guère que c’était l’unique procédé humain susceptible d’empêcher efficacement que Jésus ne soit immédiatement arrêté lors de son entrée dans la ville. Le Maitre désirait donner aux habitants de Jérusalem, humbles et notables, ainsi qu’aux dizaines de milliers d’assistants à la Pâque, cette dernière chance supplémentaire d’entendre l’évangile et de recevoir, s’ils le voulaient, le Fils de la Paix. »
« Maintenant, tandis que l’après-midi se terminait et que les foules allaient se restaurer, Jésus et ses disciples immédiats furent laissés seuls. Quelle étrange journée cela avait été ! Les apôtres étaient pensifs, mais muets. Jamais, au cours de leurs années d’association avec Jésus, ils n’avaient assisté à une journée semblable. Ils s’assirent pendant un moment près de l’emplacement du trésor du temple, observant les gens qui y versaient leur contribution : les riches mettaient de grosses sommes dans la caisse des offrandes, et chacun donnait quelque chose selon ses moyens. À la fin arriva une pauvre veuve, misérablement vêtue, et ils remarquèrent qu’elle mettait deux pites (petites pièces de cuivre) dans le tronc. Alors, Jésus attira l’attention des apôtres sur la veuve en disant : « Retenez bien ce que vous venez de voir. Cette pauvre veuve a donné plus que tous les autres, car les autres ont donné une petite fraction de leur superflu, tandis que, malgré sa misère, cette pauvre femme a donné tout ce qu’elle avait, même son nécessaire. » » LU 172:4.1-2 (Marc 12:41-44)
« Les chefs du temple se présentèrent devant Jésus, à cette heure de l’après-midi, en contestant non seulement son enseignement, mais ses actes. Jésus savait bien que ces mêmes hommes avaient depuis longtemps affirmé en public que l’autorité de son enseignement était satanique et que toutes ses œuvres puissantes avaient été accomplies grâce au pouvoir du prince des démons. C’est pourquoi le Maitre commença sa réponse à leur question par une autre question. Jésus dit : « Je voudrais également vous poser une question. Si vous me répondez, je vous dirai aussi par quelle autorité j’accomplis mes œuvres. D’où venait le baptême de Jean ? Tirait-il son autorité du ciel ou des hommes ? ». »
« Quand ils entendirent cela, les interrogateurs de Jésus se retirèrent à l’écart pour se concerter sur la réponse qu’ils pouvaient donner. Ils avaient pensé embarrasser Jésus devant la foule, mais maintenant ils se trouvaient eux-mêmes fort confus devant les auditeurs alors assemblés dans la cour du temple. Et leur déconfiture fut encore plus évidente lorsqu’ils revinrent vers Jésus en disant : « Au sujet du baptême de Jean, nous ne pouvons répondre ; nous ne savons pas. » Ils répondirent ainsi au Maitre parce qu’ils avaient tenu entre eux le raisonnement suivant : Si nous disons que le baptême de Jean vient du ciel, Jésus dira : Pourquoi n’y avez-vous pas cru ? Et il risque d’ajouter qu’il tient son autorité de Jean. Et si nous disons que ce baptême vient des hommes, la foule pourrait se retourner contre nous, car la majorité estime que Jean était un prophète. Ils furent ainsi obligés de revenir devant Jésus et la foule en confessant qu’eux, les éducateurs religieux et les chefs d’Israël, ne pouvaient pas (ou ne voulaient pas) exprimer une opinion sur la mission de Jean. Lorsqu’ils eurent ainsi parlé, Jésus abaissa le regard sur eux et dit : « Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité j’accomplis ces choses. » » LU 173:2.4-5 (Matt 21:23-27; Marc 11:27-33; Luc 20:1-8)
« Quand Jésus s’apprêta à partir seul dans la montagne, David Zébédée l’accosta en disant : « Maitre, tu sais bien que les pharisiens et les dirigeants cherchent à te détruire, et cependant tu t’apprêtes à partir seul dans les collines. C’est une folie. Je vais donc te faire accompagner par trois hommes bien préparés à veiller à ce qu’il ne t’arrive aucun mal. » Jésus regarda les trois Galiléens vigoureux et bien armés, et dit à David : « Ton intention est bonne, mais tu te trompes, en ce sens que tu ne comprends pas que le Fils de l’Homme n’a besoin de personne pour le défendre. Nul ne mettra la main sur moi avant l’heure où je serai prêt à abandonner ma vie conformément à la volonté de mon Père. Ces hommes ne peuvent pas m’accompagner. Je désire aller seul, pour pouvoir communier avec le Père. » »
« Après avoir entendu cette réponse, David et ses gardes armés se retirèrent ; mais, alors que Jésus partait seul, Jean Marc s’avança avec un petit panier contenant des vivres et de l’eau, et suggéra que, si Jésus avait l’intention d’être absent toute la journée, il pourrait avoir faim. Le Maitre sourit à Jean Marc et tendit la main pour prendre le panier. » LU 177:0.3-4
« Tandis que Jésus allait prendre le panier du déjeuner des mains de Jean, le jeune homme s’aventura à dire : « Mais, Maitre, il pourrait arriver que tu poses le panier par terre pendant que tu t’en vas prier, et qu’ensuite tu l’oublies en poursuivant ton chemin. En outre, si je t’accompagne en portant le déjeuner, tu seras plus libre d’adorer Dieu, et je garderai surement le silence. Je ne poserai pas de questions, et je resterai près du panier quand tu iras seul à l’écart pour prier. » »
« En prononçant ces paroles, dont la témérité étonna certains auditeurs proches, Jean Marc eut l’audace de retenir le panier. Jean Marc et Jésus étaient là, tenant tous deux le panier. Après quelques secondes, le Maitre lâcha prise et, regardant le garçon, dit : « Puisque de tout ton cœur tu désires ardemment m’accompagner, cela ne te sera pas refusé. Nous partirons seuls ensemble et nous aurons de bons échanges. Tu pourras me poser toutes les questions qui surgiront dans ton cœur et nous nous réconforterons et nous nous consolerons mutuellement. Au commencement, tu porteras le déjeuner et, quand tu seras fatigué, je t’aiderai. Suis-moi. » » LU 177:1.1-2
« Au cours des entretiens de cette journée avec Jean Marc, Jésus passa un temps considérable à comparer les expériences de leur enfance et de leur adolescence. Les parents de Jean possédaient plus de biens terrestres que ceux de Jésus, mais il y avait eu, dans leur enfance, beaucoup d’expériences très similaires. Jésus dit de nombreuses choses qui aidèrent Jean à mieux comprendre ses parents et d’autres membres de sa famille. Lorsque le garçon demanda comment le Maitre pouvait savoir qu’il deviendrait un « puissant messager du royaume », Jésus dit : »
« « Je sais que tu te montreras fidèle à l’évangile du royaume, parce que je peux compter sur la foi et l’amour que tu as déjà, étant donné que ces qualités sont basées sur une formation aussi précoce que celle que tu as reçue chez toi. Tu es le fruit d’un foyer où les parents se portent mutuellement une sincère affection, de sorte que tu n’as pas été choyé à l’excès au point d’exalter pernicieusement ton concept de ta propre importance. Ta personnalité n’a pas non plus été déformée par des manœuvres où l’amour est absent, faites par des parents opposés l’un à l’autre, cherchant à gagner ta confiance et ta fidélité. Tu as joui d’un amour parental qui assure une louable confiance en soi et entretient un sentiment normal de sécurité. Mais tu as eu également la chance que tes parents soient doués de sagesse autant que d’amour. C’est la sagesse qui les a conduits à renoncer à la plupart des complaisances et des superfluités que la fortune peut procurer, tandis qu’ils t’envoyaient à l’école de la synagogue avec tes compagnons de jeux du voisinage, et ils t’ont aussi encouragé à apprendre comment vivre en ce monde en te permettant une expérience originale. Tu es venu avec ton jeune ami Amos au gué du Jourdain, où nous prêchions et où les disciples de Jean baptisaient. Vous désiriez tous deux nous accompagner. Quand tu revins à Jérusalem, tes parents y consentirent. Les parents d’Amos ne le permirent pas ; ils aimaient tant leur fils qu’ils lui refusèrent l’expérience bénie que tu as eue, celle-là même dont tu jouis aujourd’hui. En s’enfuyant de chez lui, Amos aurait pu se joindre à nous, mais en le faisant, il aurait blessé l’amour et sacrifié la fidélité. Même si cette ligne de conduite avait été sage, elle aurait représenté un prix terrible à payer pour l’expérience, l’indépendance et la liberté. Des parents avisés comme les tiens veillent à ce que leurs enfants n’aient pas à blesser l’amour ou à étouffer la fidélité pour développer l’indépendance et jouir d’une liberté fortifiante quand ils ont atteint ton âge. »
« « L’amour, Jean, est la réalité suprême de l’univers quand il est donné par des êtres infiniment sages, mais il présente un caractère dangereux et souvent semi-égoïste tel qu’il est manifesté dans l’expérience de parents mortels. Quand tu seras marié et que tu auras tes propres enfants à élever, assure-toi que ton amour est conseillé par la sagesse et guidé par l’intelligence. »
« « Ton jeune ami Amos croit tout autant que toi à cet évangile du royaume, mais je ne peux compter pleinement sur lui ; je ne suis pas certain de ce qu’il va faire dans les années à venir. Son enfance à son foyer n’a pas été de nature à produire un homme à qui l’on puisse se fier complètement. Amos ressemble trop à l’un de mes apôtres qui n’a pas bénéficié d’une éducation familiale normale, affectueuse et sage. Ta vie ultérieure sera plus heureuse et méritera plus de confiance, parce que tu as passé tes huit premières années dans un foyer normal et bien réglé. Tu possèdes un caractère fort et bien équilibré, parce que tu as grandi dans un foyer où prévalait l’amour et où régnait la sagesse. Une telle formation de l’enfance produit un type de fidélité m’assurant que tu poursuivras la voie dans laquelle tu t’es engagé. » » LU 177:2.1-4
« Puisque ce jour était un mercredi, cette soirée au camp fut une heure d’intimité. Le Maitre essaya d’encourager ses apôtres abattus, mais c’était à peu près impossible. Ils commençaient tous à se rendre compte de l’imminence d’évènements déconcertants et accablants. Ils ne pouvaient être gais, même quand le Maitre leur rappelait leurs années d’association cordiale et mouvementée. Jésus s’enquit soigneusement des familles de tous les apôtres, puis se tourna vers David Zébédée et demanda si quelqu’un avait des nouvelles récentes de sa mère, de sa plus jeune sœur, ou d’autres membres de sa famille. David baissa les yeux et regarda ses pieds ; il avait peur de répondre. »
« Ce fut l’occasion où Jésus avertit ses disciples de se méfier du soutien de la multitude. Il rappela leurs expériences en Galilée où de grandes foules les avaient maintes fois suivis avec enthousiasme, et ensuite s’étaient tout aussi ardemment détournées d’eux pour revenir à leurs croyances et modes de vie antérieurs. Puis Jésus dit : « Il ne faut donc pas vous laisser tromper par les grandes foules qui nous ont entendus au temple et qui semblaient croire à nos enseignements. Ces multitudes écoutent la vérité et leur mental y croit superficiellement, mais peu d’entre eux laissent la parole de vérité s’incruster dans leur cœur avec des racines vivantes. Ceux qui ne connaissent l’évangile que dans leur mental et qui ne l’ont pas expérimenté dans leur cœur ne peuvent être fiables lorsque les troubles réels surviennent. Quand les dirigeants Juifs se seront mis d’accord pour tuer le Fils de l’Homme, et qu’ils le frapperont à l’unanimité, vous verrez la multitude fuir effarée, ou bien rester là, silencieuse et stupéfaite, pendant que ces dirigeants affolés et aveuglés conduiront à la mort les instructeurs de la vérité de l’évangile. Ensuite, quand l’adversité et les persécutions s’abattront sur vous, d’autres encore que vous croyez aimer la vérité seront dispersés, et d’autres encore renonceront à l’évangile et vous abandonneront. Certains parmi ceux qui ont été fort proches de nous ont déjà résolu de déserter. Vous avez pris aujourd’hui un repos préliminaire aux évènements imminents. Veillez donc, et priez pour que demain vous ayez une force accrue pour supporter les prochaines journées. » » LU 177:5.1-2
« Quand tout fut silencieux et tranquille dans le camp, Jésus emmena Pierre, Jacques et Jean, et leur fit remonter, sur une courte distance, un proche ravin où il était souvent allé auparavant prier et communier. Les trois apôtres ne purent s’empêcher de constater que Jésus était profondément accablé ; jamais auparavant ils n’avaient vu leur Maitre aussi triste et abattu. En arrivant à l’endroit de ses dévotions, il leur demanda de s’assoir et de veiller avec lui pendant qu’il s’éloignait à la distance d’un jet de pierre pour prier. Tombant face contre terre, il pria : « Mon Père, je suis venu dans ce monde pour faire ta volonté et je l’ai faite. Je sais que l’heure est venue d’abandonner ma vie dans la chair, et je ne m’y dérobe pas, mais je voudrais savoir si c’est bien ta volonté que je boive cette coupe. Envoie-moi l’assurance que je te satisferai dans ma mort comme je t’ai satisfait dans ma vie. » »
« Le Maitre resta quelques instants dans une attitude de prière, puis retourna vers les trois apôtres ; il les trouva profondément endormis, car leurs paupières étaient pesantes et ils ne pouvaient rester éveillés. Jésus les réveilla en disant : « Quoi ! Ne pouvez-vous veiller avec moi, même pendant une heure ? Ne pouvez-vous voir que mon âme éprouve une tristesse extrême, et même une tristesse mortelle, et que je désire ardemment votre compagnie ? » Après les avoir secoués de leur torpeur, le Maitre repartit seul et retomba de nouveau face contre terre en priant : « Père, je sais qu’il est possible d’éviter cette coupe — toutes choses sont possibles pour toi — mais je suis venu pour faire ta volonté et, bien que la coupe soit amère, je la boirai si telle est ta volonté. » Après qu’il eut ainsi prié, un ange puissant descendit auprès de lui, lui parla, le toucha et le fortifia. »
« Quand Jésus retourna s’entretenir avec les trois apôtres, il les trouva de nouveau profondément endormis. Il les réveilla en leur disant : « En cette heure, j’ai besoin que vous veilliez et que vous priiez avec moi — et vous avez bien besoin de prier pour ne pas succomber à la tentation — pourquoi donc vous endormez-vous quand je vous quitte ? » »
« Ensuite, le Maitre se retira une troisième fois à l’écart et pria : « Père, tu vois mes apôtres endormis ; étends ta miséricorde sur eux. En vérité, l’esprit est prompt, mais la chair est faible. Et maintenant, ô Père, si cette coupe ne peut s’éloigner, alors je la boirai. Que ta volonté soit faite et non la mienne. » Lorsqu’il eut fini de prier, il resta pendant un instant prostré sur le sol. Lorsqu’il se releva et qu’il retourna vers ses apôtres, une fois de plus il les trouva endormis. Il les observa, puis dit tendrement avec un geste de pitié : « Dormez maintenant et prenez votre repos ; le moment de la décision est passé. Voici venir l’heure où le Fils de l’Homme va être trahi et livré aux mains de ses ennemis. » Puis il se baissa pour les secouer et les réveilla en disant : « Debout, retournons au camp, car voici que celui qui me trahit est à portée de la main, et l’heure est venue où mon troupeau va être dispersé. Mais je vous ai déjà parlé de ces choses. » » LU 182:3.1-4 (Matt 26:30,36-46; Marc 14:26,36-42; Luc 22:39-46; Jean 18:1)
« Jésus fit un dernier effort pour éviter à Judas d’accomplir effectivement son geste de trahison. Avant que le traitre ait pu le joindre, il fit quelques pas de côté et interpela le militaire de tête sur la gauche, le capitaine des Romains, en lui disant : « Qui cherches-tu ? » Le capitaine répondit : « Jésus de Nazareth. » Alors, Jésus se planta immédiatement devant l’officier et, avec la calme majesté du Dieu de toute notre création, il lui dit : « C’est moi. » Beaucoup de membres de la garde armée avaient entendu Jésus enseigner dans le temple, et d’autres avaient entendu parler de ses œuvres puissantes. Lorsqu’ils l’entendirent déclarer son identité si audacieusement, les soldats des premiers rangs reculèrent soudainement. Ils furent saisis de surprise devant la calme et majestueuse déclaration de son identité. Judas n’avait donc aucun besoin de poursuivre son plan de trahison. Le Maitre s’était audacieusement dévoilé à ses ennemis, qui auraient pu s’emparer de lui sans l’assistance de Judas. Mais il fallait que le traitre fit quelque chose pour justifier sa présence avec cette troupe armée ; en outre, il voulait donner le spectacle de jouer son rôle dans l’accord de trahison avec les dirigeants des Juifs, pour mériter la forte récompense et les grands honneurs qui, croyait-il, allaient s’amonceler sur lui en compensation de sa promesse de livrer Jésus entre leurs mains. »
« Tandis que les gardes se ressaisissaient après avoir d’abord vacillé à la vue de Jésus et au son de sa voix inhabituelle, et tandis que les apôtres et les disciples se rapprochaient, Judas s’avança vers Jésus, déposa un baiser sur son front et dit : « Salut, Maitre et Instructeur. » Au moment où Judas embrassa ainsi son Maitre, Jésus lui dit : « Ami, ne suffit-il pas de faire cela ! Veux-tu encore trahir le Fils de l’Homme par un baiser ? » »
« Les apôtres et les disciples furent littéralement abasourdis de ce qu’ils voyaient. Pendant un moment, nul ne fit un geste. Puis Jésus, se dégageant de la traitresse étreinte de Judas, s’avança vers les gardes et les soldats, et demanda de nouveau : « Qui cherchez-vous ? » Le capitaine répéta : « Jésus de Nazareth. » Et Jésus répondit encore une fois : « Je t’ai dit que c’est moi. Si donc c’est moi que tu cherches, laisse les autres aller leur chemin. Je suis prêt à te suivre. » »
« Jésus était prêt à retourner à Jérusalem avec les gardes, et le capitaine des soldats était entièrement disposé à permettre aux trois apôtres et à leurs associés d’aller leur chemin en paix. Mais, avant qu’ils n’aient pu repartir, et tandis que Jésus attendait les ordres du capitaine, un certain Malchus, un Syrien garde de corps du grand-prêtre, s’avança vers Jésus et se prépara à lui lier les mains derrière le dos, bien que le capitaine romain ne lui eût rien ordonné de tel. Lorsque Pierre et ses associés virent leur Maitre soumis à cette indignité, ils furent incapables de se contenir plus longtemps. Pierre tira son épée et se précipita avec les autres pour frapper Malchus. Mais, avant que les soldats n’aient pu accourir à la défense du serviteur du grand-prêtre, Jésus leva la main vers Pierre en un geste d’interdiction et lui parla sévèrement en disant : « Pierre, rengaine ton épée. Quiconque tire l’épée périra par l’épée. Ne comprends-tu pas que c’est la volonté du Père que je boive cette coupe ? Ne sais-tu pas non plus que, même maintenant, je pourrais commander plus de douze légions d’anges et leurs associés, qui me délivreraient des mains de ces quelques hommes ? » » LU 183:3.4-7 (Matthieu 26:47-56; Marc 14:43-52; Luc 22:47-53; Jean 18:1-11)
« Annas fut très troublé par le refus de Jésus de répondre à ses questions, au point qu’il lui dit : « Ne te soucies-tu pas que je sois bienveillant envers toi ou non ? N’as-tu pas de considération pour le pouvoir dont je dispose pour déterminer l’issue de ton prochain jugement ? » En entendant cela, Jésus dit : « Annas, tu sais que tu ne pourrais avoir aucun pouvoir sur moi sans la permission de mon Père. Certains voudraient tuer le Fils de l’Homme parce qu’ils sont ignorants et ne connaissent rien de mieux ; mais toi, ami, tu sais ce que tu fais. Alors, comment peux-tu rejeter la lumière de Dieu ? » »
« Annas fut presque abasourdi par la manière aimable dont Jésus lui parlait, mais il avait déjà décidé mentalement que Jésus devait soit quitter la Palestine, soit mourir. Il rassembla donc son courage et demanda : « Qu’essayes-tu exactement d’enseigner au peuple ? Que prétends-tu être ? » Jésus répondit : « Tu sais fort bien que j’ai parlé ouvertement au monde. J’ai enseigné dans les synagogues et bien des fois dans le temple, où tous les Juifs et beaucoup de Gentils m’ont entendu. Je n’ai rien dit en secret. Alors, pourquoi m’interroges-tu sur mon enseignement ? Pourquoi ne convoques-tu pas ceux qui m’ont entendu pour t’enquérir auprès d’eux ? Voici, tout Jérusalem a entendu ce que j’ai dit, même si toi-même tu n’as pas entendu ces enseignements. » Mais avant qu’Annas ait pu répondre, l’intendant du palais, qui se trouvait à proximité, souffleta Jésus en disant : « Comment oses-tu répondre de la sorte au grand-prêtre ? » Annas ne fit aucune réprimande à son intendant, mais Jésus se tourna vers lui et dit : « Mon ami, si j’ai mal parlé, témoigne contre le mal ; mais, si j’ai dit la vérité, pourquoi alors me frappes-tu ? » » LU 184:1.5-6
« Mais Caïphe ne put supporter plus longtemps la vue du Maitre se tenant là avec un sang-froid parfait et dans un constant silence. Il pensa qu’il connaissait au moins une manière d’inciter le prisonnier à parler. En conséquence, il se précipita vers Jésus, agita devant le visage du Maitre un doigt accusateur et lui dit : « Au nom de Dieu vivant, je t’adjure de nous dire si tu es le Libérateur, le Fils de Dieu. » Jésus répondit à Caïphe : « Je le suis et je vais bientôt vers le Père ; bientôt le Fils de l’Homme sera revêtu de pouvoir et règnera de nouveau sur les armées célestes. » » LU 184:3.14 (Jean 18 :12-27)
« Pilate emmena Jésus et Jean Zébédée dans une chambre privée, laissa les gardes dehors dans la grande salle, pria le prisonnier de s’assoir, s’assit lui-même à côté de lui et lui posa plusieurs questions. Pilate commença son entretien avec Jésus en l’assurant qu’il ne croyait pas à la première accusation, à savoir que Jésus pervertissait la nation et incitait à la rébellion. Puis il demanda : « As-tu jamais enseigné qu’il fallait refuser le tribut à César ? » Jésus montra Jean du doigt et dit : « Demande-le à celui-là ou à toute autre personne qui a entendu mon enseignement. » Pilate questionna alors Jean sur cette affaire du tribut, et Jean témoigna au sujet de l’enseignement de son Maitre et expliqua que Jésus et ses apôtres payaient des impôts à la fois à César et au trésor du temple. Lorsque Pilate eut fini d’interroger Jean, il lui dit : « Veille à ne dire à personne que je t’ai parlé. » Et Jean ne révéla jamais cet épisode. »
« Pilate se retourna ensuite pour poser de nouvelles questions à Jésus en disant : « Maintenant, au sujet de la troisième accusation contre toi, es-tu le roi des Juifs ? » Du fait qu’il y avait dans la voix de Pilate un ton d’enquête peut-être sincère, Jésus sourit au procurateur et lui dit : « Pilate, poses-tu cette question de toi-même, ou l’as-tu prise chez mes accusateurs ? » Sur quoi, le gouverneur répondit d’un ton partiellement indigné : « Suis-je un Juif ? Ton propre peuple et les chefs des prêtres t’ont livré et m’ont demandé de te condamner à mort. Je mets en doute la validité de leurs accusations et j’essaye seulement de découvrir pour moi-même ce que tu as fait. Dis-moi, as-tu dit que tu es le roi des Juifs et as-tu cherché à fonder un nouveau royaume ? » »
« Jésus dit alors à Pilate : « Ne perçois-tu pas que mon royaume n’est pas de ce monde ? S’il était de ce monde, mes disciples se battraient surement pour que je ne sois pas livré aux mains des Juifs. Ma présence ici, devant toi et dans ces liens, suffit pour montrer à tous les hommes que mon royaume est une domination spirituelle, la fraternité même des hommes qui sont devenus fils de Dieu par la foi et par amour. Ce salut est offert aussi bien aux Gentils qu’aux Juifs. » »
« « Alors, après tout, tu es un roi ? » dit Pilate. Et Jésus répondit : « Oui, je suis un roi de ce genre, et mon royaume est la famille de ceux qui, par la foi, sont fils de mon Père qui est aux cieux. Je suis né à dessein dans ce monde pour révéler mon Père à tous les hommes et témoigner de la vérité de Dieu. Même maintenant, je te déclare que quiconque aime la vérité entend ma voix. » »
« Alors, Pilate dit à moitié ironiquement et à moitié sincèrement : « La vérité, qu’est-ce que la vérité ? — qui la connait ? » » LU 185:3.1-5
« Tandis que Pilate, tremblant de peur et d’émotion, s’asseyait à côté de Jésus, il lui demanda : « D’où viens-tu ? Qui es-tu réellement ? Pourquoi disent-ils que tu es le Fils de Dieu ? » »
« Mais Jésus ne pouvait guère répondre à ces questions lorsqu’elles étaient posées par un juge hésitant, faible, craignant les hommes et qui avait été assez injuste pour le faire flageller même après avoir proclamé son entière innocence et avant d’avoir ratifié sa condamnation à mort. Jésus regarda Pilate droit dans les yeux, mais ne lui répondit pas. Alors, Pilate lui dit : « Refuses-tu de me parler ? Ne comprends-tu pas que j’ai encore le pouvoir de te rendre la liberté ou de te crucifier ? » Jésus lui répondit : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si ce n’était autorisé d’en haut. Tu ne pourrais exercer aucune autorité sur le Fils de l’Homme à moins que le Père qui est aux cieux ne le permette. Mais tu n’es pas tellement coupable, car tu ignores l’évangile. Celui qui m’a trahi et celui qui m’a livré à toi ont commis le plus grand péché. » » LU 185:7.1-2 (Jean 18:28-19:16)
« Ce que Jésus est sur le point de faire, se soumettre à la mort sur la croix, il le fait de son plein gré. En prédisant cette expérience, il avait dit : « Le Père m’aime et me soutient parce que je suis disposé à abandonner ma vie. Mais je la reprendrai. Nul ne peut m’ôter ma vie — je l’abandonne de moi-même. J’ai autorité pour l’abandonner, et j’ai autorité pour la reprendre. J’ai reçu de mon Père ce pouvoir. » » LU 187:0.3
« Tandis que la procession funèbre passait dans les rues étroites de Jérusalem, un grand nombre de Juives au cœur tendre, qui avaient entendu les paroles d’encouragement et de compassion de Jésus, et connaissaient le ministère d’amour qu’était sa vie, ne purent s’empêcher de pleurer quand elles le virent conduit vers une mort aussi ignominieuse. À son passage, beaucoup de ces femmes pleuraient et se lamentaient. Quand quelques-unes osèrent même le suivre en marchant à ses côtés, le Maitre tourna la tête vers elles et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas pour moi, mais pleurez plutôt pour vous-mêmes et vos enfants. Mon œuvre est à peu près achevée — je m’en vais bientôt auprès de mon Père — mais l’époque des malheurs terribles pour Jérusalem ne fait que commencer. Voici venir les jours où vous direz : Bénies les stériles et celles dont les seins n’ont jamais allaité leurs petits. En ces jours-là, vous prierez les rochers des montagnes de tomber sur vous pour vous délivrer de la terreur de vos tribulations. » » LU 187:1.6 (Luc 23:26-49)
« L’un des brigands railla Jésus en disant : « Si tu es le Fils de Dieu, pourquoi n’assures-tu pas ton salut et le nôtre ? » Lorsqu’il eut ainsi fait des reproches à Jésus, l’autre voleur, qui avait souvent entendu le Maitre enseigner, dit au premier : « Ne crains-tu même pas Dieu ? Ne vois-tu pas que nous souffrons à juste titre pour nos agissements, mais que cet homme souffre injustement ? Nous ferions mieux de rechercher le pardon pour nos péchés et le salut pour notre âme. » Quand Jésus entendit le larron dire cela, il tourna son visage vers lui et sourit d’un air approbateur. En voyant le visage de Jésus tourné vers lui, le malfaiteur rassembla son courage, ralluma la flamme vacillante de sa foi et dit : « Seigneur, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume. » Jésus dit alors : « En vérité, en vérité, je te le dis aujourd’hui, tu seras un jour avec moi au Paradis. » »…
« Tout de suite après que le voleur repentant eut entendu la promesse du Maitre qu’ils se reverraient un jour au Paradis, Jean revint de la ville, amenant avec lui sa mère et un groupe de près d’une douzaine de femmes croyantes. Jean reprit sa place auprès de Marie, mère de Jésus, et la soutint. Son fils Jude se tenait de l’autre côté. Au moment où Jésus abaissa son regard sur cette scène, il était midi, et il dit à sa mère : « Femme, voilà ton fils ! » Ensuite, parlant à Jean, il dit : « Mon fils, voilà ta mère ! » Puis il s’adressa aux deux en disant : « Je désire que vous quittiez ce lieu. » Jean et Jude éloignèrent donc Marie du Golgotha. Jean emmena la mère de Jésus à l’endroit où il séjournait à Jérusalem, puis se hâta de revenir à la scène de la crucifixion. Après la Pâque, Marie retourna à Bethsaïde où elle vécut chez Jean durant le reste de sa vie terrestre. Elle survécut à peine une année à la mort de Jésus. » LU 187:4.1,7 (Luc 23:39-43)
« Le premier acte de Jésus en sortant du tombeau fut de saluer Gabriel et de l’inviter à continuer d’assumer la responsabilité administrative des affaires de son univers sous la supervision d’Emmanuel. Puis il pria le chef des Melchizédeks de transmettre ses salutations fraternelles à Emmanuel. Ensuite, il demanda au Très Haut d’Édentia la certification des Anciens des Jours concernant son transit de mortel. Puis il se tourna vers l’assemblée des groupes morontiels des sept mondes des maisons, réunis là pour saluer leur Créateur et lui souhaiter la bienvenue en tant que créature de leur ordre ; Jésus prononça les premières paroles de sa carrière postmortelle. Le Jésus morontiel leur dit : « Ayant terminé ma vie dans la chair, je voudrais m’arrêter ici un peu de temps dans ma forme de transition pour connaitre plus complètement la vie de mes créatures ascendantes et poursuivre mes révélations de la volonté de mon Père qui est au Paradis. » »… LU 189:1.10
« Un peu après quatre heures et demie ce même dimanche matin, Gabriel convoqua les archanges à ses côtés et se prépara à inaugurer la résurrection générale de la fin de la dispensation adamique sur Urantia. Quand la vaste armée de séraphins et de chérubins participant à ce grand évènement fut rangée en formation appropriée, Micaël dans sa forme morontielle apparut devant Gabriel en disant : « De même que mon Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même. Bien que je n’aie pas encore entièrement repris l’exercice de la juridiction sur mon univers, la limitation que je m’impose ne restreint en rien l’effusion de la vie sur mes fils endormis. Que l’appel nominal de la résurrection planétaire commence. » »… LU 189:3.1
« Tandis que ces femmes étaient assises là, aux premières heures de l’aurore de ce nouveau jour, elles regardèrent de côté et virent un étranger silencieux et immobile. Pendant un moment, elles eurent de nouveau peur, mais Marie-Madeleine se précipita vers lui comme si elle le prenait pour le jardinier et lui dit : « Où avez-vous emmené le Maitre ? Où l’ont-ils couché ? Dis-le-nous pour que nous allions le prendre. » Voyant que l’étranger ne lui répondait pas, Marie se mit à pleurer. Alors, Jésus parla aux femmes et leur dit : « Qui cherchez-vous ? » Marie répondit : « Nous cherchons Jésus qui a été enseveli dans le tombeau de Joseph, mais il n’y est plus. Sais-tu où il a été emporté ? » Alors, Jésus dit : « Ce Jésus ne vous a-t-il pas dit, même en Galilée, qu’il mourrait, mais qu’il ressusciterait ? » Ces mots stupéfièrent les femmes, mais le Maitre était tellement changé qu’elles ne le reconnurent pas encore dans la faible lueur du contrejour. Tandis qu’elles méditaient ses paroles, il s’adressa à Madeleine d’une voix familière en disant « Marie. » En entendant ce mot de sympathie bien connue et de salutation affectueuse, elle sut que c’était la voix du Maitre et se précipita pour s’agenouiller à ses pieds en s’écriant : « Mon Seigneur et mon Maitre ! » Toutes les autres femmes reconnurent que c’était bien le Maitre qui se tenait devant elles dans une forme glorifiée, et elles s’agenouillèrent aussitôt devant lui. » … LU 189:4.10
« Tandis que Marie cherchait à embrasser ses pieds, Jésus dit : « Ne me touche pas, Marie, car je ne suis pas tel que tu m’as connu dans la chair. Sous cette forme, je resterai un temps avec vous avant de monter auprès du Père. Allez toutes maintenant, et dites à mes apôtres — et à Pierre — que je suis ressuscité et que vous m’avez parlé. » … LU 189:4.12
« Tandis que Marie s’attardait après le départ de Pierre et de Jean, le Maitre lui apparut de nouveau en disant : « Ne reste pas dans le doute ; aie le courage de croire ce que tu as vu et entendu. Retourne auprès de mes apôtres et dis-leur de nouveau que je suis ressuscité, que je leur apparaitrai et que bientôt je les précèderai en Galilée comme je leur ai promis. » »
« Marie se hâta de revenir à la maison de Marc et raconta aux apôtres qu’elle s’était de nouveau entretenue avec Jésus, mais ils refusèrent de la croire. Toutefois, après le retour de Pierre et de Jean, ils cessèrent de se moquer et furent remplis de crainte et d’appréhension. » LU 189:5.4-5 (Jean 20:1-18)
« Entretemps, tandis qu’on cherchait Jacques et avant qu’on ne le trouve, alors qu’il se trouvait là debout dans le jardin près du tombeau, celui-ci eut conscience d’une présence à proximité, comme si quelqu’un lui avait touché l’épaule. Il se retourna pour regarder et vit une forme étrange apparaitre graduellement à côté de lui. Il était trop stupéfait pour parler et trop effrayé pour s’enfuir. Alors, la forme étrange parla et dit : « Jacques, je viens t’appeler au service du royaume. Joins-toi sérieusement à tes frères et suis-moi. » Lorsque Jacques entendit mentionner son nom, il sut que c’était son frère ainé Jésus qui lui avait adressé la parole. Ils avaient tous plus ou moins de difficulté à reconnaitre la forme morontielle du Maitre, mais peu d’entre eux avaient la moindre difficulté à reconnaitre sa voix ou à identifier autrement sa séduisante personnalité dès qu’il avait commencé à communiquer avec eux. »
« Percevant que Jésus s’adressait à lui, Jacques commença à tomber à ses genoux en s’écriant « Mon père et mon frère », mais Jésus le pria de rester debout tandis qu’il lui parlait. Ils marchèrent dans le jardin et causèrent environ trois minutes ; ils parlèrent des expériences d’autrefois et des prévisions pour le proche avenir. Tandis qu’ils approchaient de la maison, Jésus dit : « Au revoir, Jacques, jusqu’à ce que je vous salue tous ensemble. » »
« Jacques se précipita dans la maison, tandis qu’on le cherchait à Bethphagé, et s’écria : « Je viens de voir Jésus et de lui parler. Nous nous sommes entretenus. Il n’est pas mort, il est ressuscité ! Il a disparu devant moi en disant : ‘Au revoir, jusqu’à ce que je vous salue tous ensemble.’ » À peine avait-il fini de parler que Jude revint, et Jacques répéta pour Jude l’histoire de sa rencontre avec Jésus dans le jardin. Alors, ils commencèrent tous à croire à la résurrection de Jésus. Jacques annonça maintenant qu’il ne retournerait pas en Galilée, et David s’écria : « Il n’a pas été aperçu seulement par des femmes excitées ; même des hommes courageux ont commencé à le voir. Je m’attends à le voir moi-même. » »
« David n’eut pas longtemps à attendre, car la quatrième apparition de Jésus reconnue par des mortels eut lieu, un peu avant deux heures de l’après-midi, dans cette maison même de Marthe et de Marie. Le Maitre se rendit visible aux membres de sa famille terrestre et à leurs amis, vingt personnes en tout. Il apparut dans la porte de derrière, qui était ouverte, et dit : « Que la paix soit sur vous. Salutations à ceux qui furent proches de moi dans la chair, et communion pour mes frères et sœurs dans le royaume des cieux. Comment avez-vous pu douter ? Pourquoi avez-vous attendu si longtemps avant de choisir de suivre de tout cœur la lumière de la vérité ? Entrez donc tous dans la communion de l’Esprit de Vérité dans le royaume du Père. » Tandis qu’ils commençaient à se remettre du premier choc de leur stupéfaction et à s’approcher de lui comme pour l’embrasser, il disparut de leur vue. » LU 190:2.3-6
« La cinquième manifestation morontielle de Jésus reconnue par des yeux mortels eut lieu en présence d’environ vingt-cinq croyantes réunies au foyer de Joseph d’Arimathie, vers quatre heures et quart ce même dimanche après-midi. Marie-Madeleine était revenue chez Joseph quelques minutes avant cette apparition. Jacques, le frère de Jésus, avait demandé que l’on ne dise rien aux apôtres au sujet de l’apparition du Maitre à Béthanie, mais n’avait pas demandé à Marie de s’abstenir de rapporter l’évènement à ses sœurs croyantes. En conséquence, après que Marie eut fait promettre le secret à toutes ses compagnes, elle se mit à leur raconter tout ce qui venait de se passer pendant son séjour à Béthanie avec la famille de Jésus. Elle en était au milieu de ce passionnant récit lorsqu’un silence soudain et solennel tomba sur ces femmes ; elles voyaient, au beau milieu de leur groupe, la forme entièrement visible de Jésus ressuscité. Il les salua en disant : « Que la paix soit sur vous. Dans la communion du royaume, il n’y aura ni Juif ni Gentil, ni riche ni pauvre, ni homme libre ni esclave, ni homme ni femme. Vous aussi, vous êtes appelées à publier la bonne nouvelle de la libération de l’humanité par l’évangile de la filiation avec Dieu dans le royaume des cieux. Allez dans le monde entier proclamer cet évangile et confirmer les croyants dans cette foi. En même temps que vous ferez cela, n’oubliez pas de soigner les malades et de fortifier les timides et les craintifs. Et je serai avec vous toujours, même aux confins de la terre. » Après avoir ainsi parlé, il disparut de leur vue, tandis que les femmes tombaient face contre terre et adoraient en silence. »… LU 190:3.1
« Vers quatre heures et demie, au domicile d’un certain Flavius, le Maitre fit sa sixième apparition morontielle à une quarantaine de croyants grecs rassemblés là. Tandis qu’ils étaient occupés à discuter les rapports sur la résurrection du Maitre, celui-ci se manifesta au milieu d’eux, bien que les portes fussent solidement verrouillées. Il leur parla en ces termes : « Que la paix soit sur vous. Bien que le Fils de l’Homme soit apparu sur terre parmi les Juifs, il est venu apporter son ministère à tous les hommes. Dans le royaume de mon Père, il n’y aura ni Juifs ni Gentils ; vous serez tous des frères — les fils de Dieu. Allez donc dans le monde entier proclamer cet évangile de salut tel que vous l’avez reçu des ambassadeurs du royaume, et je vous recevrai dans la communion de la fraternité des fils du Père dans la foi et la vérité. « Après avoir donné cette mission aux Grecs, il prit congé d’eux, et ils ne le virent plus. » LU 190:5.1
« À Emmaüs, à une douzaine de kilomètres à l’ouest de Jérusalem, vivaient deux frères, des bergers, qui avaient passé la semaine de la Pâque à Jérusalem, assistant aux sacrifices, aux cérémonies et aux fêtes. L’ainé, Cléopas, croyait plus ou moins en Jésus ; du moins, il avait été chassé de la synagogue. Son frère, Jacob, n’était pas croyant, bien qu’il fût fort intrigué par ce qu’il avait entendu au sujet des enseignements et des œuvres du Maitre. »
« Ce dimanche après-midi, à cinq kilomètres environ de Jérusalem et quelques minutes avant cinq heures, les deux frères cheminaient sur la route d’Emmaüs en parlant très sérieusement de Jésus, de son enseignement, de ses œuvres et plus spécialement des rumeurs rapportant que son tombeau était vide et que certaines des femmes lui avaient parlé. Cléopas était à moitié disposé à croire ces rapports, mais Jacob affirmait avec insistance que toute l’affaire était probablement une mystification. Tandis qu’ils raisonnaient et discutaient ainsi sur la route de retour à leur maison, la manifestation morontielle de Jésus, sa septième apparition, s’approcha des deux marcheurs. Cléopas avait souvent entendu Jésus enseigner et avait partagé des repas avec lui en plusieurs occasions chez des croyants de Jérusalem, mais il ne reconnut pas le Maitre, même quand ce dernier leur eut franchement parlé. »
« Après les avoir accompagnés un bout de chemin, Jésus dit : « Quelles étaient les paroles que vous échangiez si sérieusement lorsque je me suis approché de vous ? » Lorsqu’il eut dit cela, les deux frères s’arrêtèrent et le regardèrent avec une surprise attristée. Cléopas dit : « Est-il possible que tu séjournes à Jérusalem et que tu ne connaisses pas les évènements qui viennent de s’y dérouler ? » Le Maitre demanda : « Quels évènements ? » Cléopas répondit : « Si tu ne connais pas ces choses, tu es le seul à Jérusalem à ne pas avoir entendu les rumeurs concernant Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en paroles et en actions devant Dieu et le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré aux Romains en exigeant qu’ils le crucifient. Or, beaucoup d’entre nous avaient espéré que ce serait lui qui délivrerait Israël du joug des Gentils. Mais ce n’est pas tout. Nous sommes maintenant au troisième jour après sa crucifixion, et certaines femmes nous ont stupéfiés aujourd’hui en déclarant qu’elles étaient allées au tombeau et qu’elles l’avaient trouvé vide. Ces mêmes femmes répètent avec insistance qu’elles se sont entretenues avec cet homme et soutiennent qu’il est ressuscité d’entre les morts. Et, quand elles sont allées raconter cela aux hommes, deux de ses apôtres ont couru voir au tombeau et l’ont également trouvé vide » — ici Jacob interrompit son frère pour dire « mais ils n’ont pas vu Jésus ». »
« Tandis qu’ils poursuivaient leur chemin, Jésus leur dit : « Que vous êtes lents à comprendre la vérité ! Si vous me dites que c’est au sujet des enseignements et des œuvres de cet homme que vous avez vos discussions, je peux vous éclairer, car je suis plus que familier de ces enseignements. Ne vous souvenez-vous pas que ce Jésus a toujours enseigné que son royaume n’était pas de ce monde et que tous les hommes, étant les fils de Dieu, devraient donc trouver la libération et la liberté dans la joie spirituelle de la communion fraternelle du service aimant dans ce nouveau royaume de la vérité de l’amour du Père céleste ? Ne vous rappelez-vous pas comment ce Fils de l’Homme proclama le salut de Dieu pour tous les hommes, soignant les malades et les affligés, et libérant ceux qui étaient liés par la peur et esclaves du mal ? Ne savez-vous pas que cet homme de Nazareth a dit à ses disciples qu’il lui faudrait aller à Jérusalem et être livré à ses ennemis qui le mettraient à mort, et qu’il ressusciterait le troisième jour ? Ne vous a-t-on pas dit tout cela ? Et n’avez-vous jamais lu les passages des Écritures concernant ce jour de salut pour les Juifs et les Gentils, où il est dit qu’en lui toutes les familles de la terre seront bénies ; qu’il entendra le cri des nécessiteux et sauvera les âmes des pauvres qui le recherchent ; que toutes les nations le qualifieront de béni ? Que ce Libérateur ressemblera à l’ombre d’un grand rocher dans un pays épuisé. Qu’il nourrira le troupeau comme un vrai berger, rassemblant les agneaux dans ses bras et les portant tendrement sur son sein. Qu’il ouvrira les yeux des aveugles spirituels et fera sortir les prisonniers du désespoir, en pleine liberté et dans la lumière. Que tous ceux qui siègent dans les ténèbres verront la grande lumière du salut éternel. Qu’il pansera les cœurs brisés, proclamera la liberté aux captifs du péché et ouvrira les portes de la prison aux esclaves de la peur et à ceux qui sont enchainés par le mal. Qu’il consolera les affligés et effusera sur eux la joie du salut à la place du chagrin et de l’oppression. Qu’il sera le désir de toutes les nations et la joie perpétuelle de ceux qui recherchent la droiture. Que ce Fils de la vérité et de la droiture se dressera sur le monde avec une lumière de guérison et un pouvoir de salut ; et même qu’il sauvera son peuple de ses péchés ; que réellement il cherchera et sauvera ceux qui sont perdus. Qu’il ne détruira pas les faibles, mais apportera le salut à tous ceux qui ont faim et soif de droiture. Que ceux qui croient en lui auront la vie éternelle. Qu’il répandra son esprit sur toute chair, et qu’en chaque croyant, cet Esprit de Vérité sera une source d’eau vive jaillissant jusque dans la vie éternelle. N’avez-vous pas compris la grandeur de l’évangile du royaume que cet homme vous a donné ? Ne percevez-vous pas combien est grand le salut dont vous bénéficiez ? » »
« Pendant ce temps, ils étaient arrivés près du village où habitaient ces deux frères. Ces deux hommes n’avaient pas dit un mot depuis que Jésus avait commencé à les enseigner le long de la route. Ils arrivèrent bientôt devant leur humble demeure, et Jésus allait prendre congé d’eux en continuant à descendre la route, mais ils le contraignirent à entrer et à rester avec eux. Ils insistèrent pour qu’il demeurât chez eux, car la nuit allait tomber, et Jésus finit par y consentir. Très peu de temps après être entrés dans la maison, ils s’assirent pour manger. Les frères lui donnèrent le pain à bénir et, tandis qu’il commençait à le rompre et à le leur passer, leurs yeux s’ouvrirent ; Cléopas reconnut que leur hôte était le Maitre lui-même. Dès que Cléopas eut dit : « C’est le Maitre… », le Jésus morontiel disparut de leur vue. »
« Alors, ils se dirent l’un à l’autre : « Il n’y a rien d’étonnant à ce que nos cœurs aient brulé en nous quand il nous parlait pendant que nous marchions le long de la route et pendant qu’il ouvrait nos intelligences aux enseignements des Écritures ! » »
« Ils ne voulurent pas s’attarder à manger. Ils avaient vu le Maitre morontiel. Ils sortirent précipitamment de la maison et se hâtèrent de retourner à Jérusalem pour répandre la bonne nouvelle du Sauveur ressuscité. » LU 190:5.1-7 (Luc 24:13-35)
« Quand Pierre songea au regard affectueux du Maitre passant par le porche d’Annas, quand il retourna dans sa tête le merveilleux message « Allez dire à mes apôtres — et à Pierre… » que lui avaient apporté, tôt dans la matinée, les femmes revenant du tombeau vide, quand il contempla ces gages de miséricorde, sa foi commença à triompher de ses doutes ; il s’arrêta, serra les poings et dit à haute voix : « Je crois qu’il est ressuscité d’entre les morts ; je vais aller le dire à mes frères ». À ces mots, la forme d’un homme apparut soudainement devant lui, une forme qui lui parlait d’une voix familière en disant : « Pierre, l’ennemi désirait t’avoir, mais je n’ai pas voulu t’abandonner à lui. Je savais que ce n’était pas dans ton cœur que tu m’avais renié ; je t’avais donc pardonné avant même que tu ne le demandes. Maintenant, il faut cesser de penser à toi-même et aux difficultés du moment, mais te préparer à apporter la bonne nouvelle de l’évangile à ceux qui se trouvent dans les ténèbres. Il ne faut plus t’occuper de ce que tu peux obtenir du royaume, mais plutôt t’inquiéter de ce que tu peux donner à ceux qui vivent dans une affreuse misère spirituelle. Ceins-toi, Simon, pour la bataille d’un nouveau jour, pour la lutte contre les ténèbres spirituelles et la tendance au doute funeste du mental naturel de l’homme. » »
« Pierre et le Jésus morontiel marchèrent dans le jardin et parlèrent, pendant près de cinq minutes, du passé, du présent et de l’avenir. Puis le Maitre disparut de sa vue en disant : « Au revoir, Pierre, jusqu’à ce que je te voie avec tes frères. » » LU 191:1.2-3
« Peu après neuf heures ce soir-là, après le départ de Cléopas et Jacob, et tandis que les jumeaux Alphée consolaient Pierre, que Nathanael faisait des remontrances à André et que les dix apôtres étaient là, assemblés dans la chambre du haut en ayant verrouillé toutes les portes par crainte d’être arrêtés, le Maitre apparut soudainement au milieu d’eux sous sa forme morontielle en disant : « Que la paix soit sur vous. Pourquoi êtes-vous si effrayés quand j’apparais, comme si vous aviez vu un esprit ? Ne vous avais-je pas parlé de ces choses quand j’étais présent auprès de vous dans la chair ? Ne vous avais-je pas dit que les prêtres-chefs et les dirigeants me livreraient pour être tué, que l’un de vous me trahirait et que je ressusciterais le troisième jour ? Pourquoi donc tous vos doutes et toute cette discussion sur les comptes rendus des femmes, de Cléopas et de Jacob, et même de Pierre ? Combien de temps douterez-vous de mes paroles et refuserez-vous de croire à mes promesses ? Et, maintenant que vous me voyez vraiment, allez-vous croire ? Même maintenant l’un d’entre vous est absent. Quand vous serez réunis tous ensemble une fois de plus et après que vous saurez tous avec certitude que le Fils de l’Homme est ressuscité, partez d’ici pour la Galilée. Ayez foi en Dieu ; ayez foi les uns envers les autres ; et ainsi vous entrerez dans le nouveau service du royaume des cieux. Je resterai à Jérusalem avec vous jusqu’à ce que vous soyez prêts à aller en Galilée. Je vous laisse ma paix. » » … LU 191:2.1
« La séance dans la synagogue venait d’être ouverte par Abner et Lazare qui se tenaient ensemble dans la chaire, lorsque tout l’auditoire de croyants vit la forme du Maitre apparaitre soudainement. Il s’avança de l’endroit où il était apparu entre Abner et Lazare, qui ne l’avaient remarqué ni l’un ni l’autre, salua l’assemblée et dit : »
« « Que la paix soit sur vous. Vous savez tous que nous avons un seul Père au ciel et qu’il n’existe qu’un seul évangile du royaume — la bonne nouvelle du don de la vie éternelle que les hommes reçoivent par la foi. En vous réjouissant dans votre fidélité à l’évangile, priez le Père de la vérité de répandre dans votre cœur un nouvel et plus grand amour pour vos frères. Il vous faut aimer tous les hommes comme je vous ai aimés : il vous faut servir tous les hommes comme je vous ai servis. Avec une sympathie compréhensive et une affection fraternelle, considérez comme vos compagnons tous vos frères consacrés à la proclamation de la bonne nouvelle, qu’ils soient Juifs ou Gentils, Grecs ou Romains, Perses ou Éthiopiens. Jean a prêché le royaume par anticipation ; vous avez prêché l’évangile en puissance ; les Grecs enseignent déjà la bonne nouvelle ; et moi, je vais bientôt envoyer l’Esprit de Vérité dans l’âme de tous ces hommes, mes frères qui ont si généreusement consacré leur vie à l’illumination de leurs compagnons plongés dans les ténèbres spirituelles. Vous êtes tous des enfants de lumière ; ne trébuchez donc pas dans l’enchevêtrement de la mésentente due à la méfiance et à l’intolérance humaines. Si, par la grâce de la foi, vous êtes ennoblis jusqu’à aimer les incroyants, ne devriez-vous pas aussi aimer également vos compagnons croyants de la grande famille de la foi ? Rappelez-vous que, dans la mesure où vous vous aimerez les uns les autres, tous les hommes sauront que vous êtes mes disciples. »
« « Allez donc dans le monde entier proclamer à toutes les nations et races cet évangile de la paternité de Dieu et de la fraternité des hommes, et soyez toujours sages dans le choix de vos méthodes pour présenter la bonne nouvelle aux différentes races et tribus de l’humanité. Vous avez reçu libéralement cet évangile du royaume ; vous apporterez libéralement la bonne nouvelle à toutes les nations. Ne craignez pas la résistance du mal, car je suis avec vous pour toujours, même jusqu’à la fin des âges. Et je vous laisse ma paix. » »… LU 191:4.2-4
« Ils prenaient leur repas du soir un peu après six heures, avec Thomas assis entre Pierre et Nathanael, lorsque l’apôtre incrédule dit : « Je ne croirai pas avant d’avoir vu le Maitre de mes propres yeux et mis mon doigt dans la marque des clous. » Tandis qu’ils étaient ainsi assis à souper et que les portes étaient soigneusement fermées et verrouillées, le Maitre sous sa forme morontielle apparut soudainement dans le fer à cheval de la table, se tenant directement en face de Thomas, et dit : »
« « Que la paix soit sur vous. Pendant toute une semaine, je me suis attardé pour pouvoir vous apparaitre de nouveau quand vous seriez tous réunis pour entendre une fois de plus le commandement d’aller dans le monde entier prêcher cet évangile du royaume. Je vous le répète : De même que le Père m’a envoyé dans le monde, je vous y envoie. De même que j’ai révélé le Père, de même vous révèlerez l’amour divin, non simplement avec des paroles, mais dans votre vie quotidienne. Je vous envoie non pour aimer l’âme des hommes, mais plutôt pour aimer les hommes. Il ne suffit pas que vous proclamiez les joies du ciel ; il faut aussi que vous démontriez les réalités d’esprit de la vie divine dans votre expérience quotidienne, puisque vous avez déjà, par votre foi, la vie éternelle comme don de Dieu. Puisque vous avez la foi, quand le pouvoir d’en haut, l’Esprit de Vérité, sera venu sur vous, vous ne cacherez pas votre lumière ici derrière des portes fermées ; vous ferez connaitre à toute l’humanité l’amour et la miséricorde de Dieu. Par peur, vous fuyez maintenant devant les faits d’une expérience désagréable, mais, quand vous aurez été baptisés de l’Esprit de Vérité, vous irez bravement et joyeusement au-devant des nouvelles expériences où vous proclamerez la bonne nouvelle de la vie éternelle dans le royaume de Dieu. Vous pouvez rester ici et en Galilée durant une brève période, pour vous remettre du choc de transition entre la fausse sécurité de l’autorité du traditionalisme et le nouvel ordre de l’autorité des faits, de la vérité et de la foi dans les réalités suprêmes de l’expérience vivante. Votre mission dans le monde est basée sur le fait que j’ai vécu parmi vous une vie révélant Dieu, sur la vérité que vous êtes les fils de Dieu ainsi que tous les autres hommes. Cette mission se concrétisera dans la vie que vous vivrez parmi les hommes — l’expérience effective et vivante d’aimer les hommes et de les servir, comme je vous ai aimés et servis. Que la foi révèle votre lumière au monde ; que la révélation de la vérité ouvre les yeux aveuglés par la tradition ; que votre service aimant détruise efficacement les préjugés engendrés par l’ignorance. En vous rapprochant ainsi de vos contemporains par une sympathie compréhensive et par un dévouement désintéressé, vous les conduirez au salut par la connaissance de l’amour du Père. Les Juifs ont prôné la bonté, les Grecs ont exalté la beauté, les Hindous prêchent la dévotion ; les lointains ascètes enseignent le respect ; les Romains exigent la fidélité ; mais, moi, je demande que la vie de mes disciples soit même une vie de service aimant pour vos frères dans la chair. » »
« Après avoir ainsi parlé, le Maitre abaissa le regard sur le visage de Thomas et dit : « Et, toi, Thomas, qui as dit que tu ne croirais pas à moins de me voir et de mettre ton doigt dans les marques des clous sur mes mains, maintenant tu m’as vu et entendu mes paroles. Bien que tu ne voies aucune marque de clous sur mes mains, puisque je suis élevé sous une forme que tu revêtiras aussi quand tu quitteras ce monde, que vas-tu dire à tes frères ? Tu reconnaitras la vérité, car déjà dans ton cœur tu avais commencé à croire, même quand tu affirmais si résolument ton incroyance. Thomas, c’est juste au moment où tes doutes commencent à s’effriter qu’ils s’affirment avec le plus d’entêtement. Thomas, je te demande de ne pas manquer de foi, mais d’être croyant — et je sais que tu croiras, et même de tout ton cœur. » »
« Quand Thomas entendit ces paroles, il tomba à genoux devant le Maitre morontiel et s’écria : « Je crois ! Mon Seigneur et mon Maitre ! » Alors, Jésus dit à Thomas : « Tu as cru, Thomas, parce que tu m’as réellement vu et entendu. Bénis soient, dans les âges à venir, ceux qui croiront même sans avoir vu avec les yeux de la chair ni entendu avec les oreilles de mortels. » »
« Ensuite, tandis que sa forme s’approchait de l’extrémité de la table, le Maitre s’adressa au groupe en disant : « Maintenant, allez tous en Galilée où je vous apparaitrai bientôt. » Et, après avoir dit cela, il disparut de leur vue. »… LU 191:5.2-6
«Tandis que Nathan parlait encore, le Maitre morontiel apparut là, aux regards de tous, et, lorsque Nathan s’assit, Jésus dit :»
« « Que la paix soit sur vous. Ce que mon Père m’a envoyé établir dans le monde n’appartient ni à une race, ni à une nation, ni à un groupe spécial d’éducateurs ou de prédicateurs. Cet évangile du royaume appartient aux Juifs et aux Gentils, aux riches et aux pauvres, aux hommes libres et aux esclaves, aux hommes et aux femmes, et même aux petits enfants. Il vous faut tous proclamer cet évangile d’amour et de vérité par la vie que vous vivez dans la chair. Vous vous aimerez les uns les autres d’un amour nouveau et remarquable, comme je vous ai aimés. Vous servirez l’humanité avec une dévotion nouvelle et étonnante, comme je vous ai servis. Quand les hommes verront que vous les aimez ainsi, et combien vous les servez avec ferveur, ils percevront que vous êtes entrés par la foi dans la communauté du royaume des cieux ; alors, ils suivront l’Esprit de Vérité, qu’ils apercevront dans votre vie, jusqu’à ce qu’ils trouvent le salut éternel. »
« « De même que le Père m’a envoyé dans ce monde, je vous y envoie aussi maintenant. Vous êtes tous appelés à porter la bonne nouvelle à ceux qui sont plongés dans les ténèbres. Cet évangile du royaume appartient à tous ceux qui y croient ; il ne sera pas remis à la garde des seuls prêtres. Bientôt l’Esprit de Vérité viendra sur vous et vous conduira dans toute la vérité. Donc, allez dans le monde entier prêcher cet évangile, et voyez, je suis avec vous toujours, même jusqu’à la fin des âges. » » LU 191:6.1-3 (Luc 24:36-43; Jean 20:19-29)
« Tandis que les apôtres jetaient l’ancre et se préparaient à monter dans la petite barque pour accoster, l’homme sur la plage les interpela : « Avez-vous pris quelque chose, les gars ? » Quand ils eurent répondu « Non », l’homme leur dit encore : « Jetez le filet à droite du bateau, et vous trouverez du poisson. » Ils ne savaient pas encore que c’était Jésus qui leur donnait ce conseil, mais, d’un commun accord, ils jetèrent le filet comme on le leur avait dit, et il fut immédiatement rempli au point qu’ils pouvaient à peine le hisser. Or, Jean Zébédée avait l’esprit vif ; lorsqu’il vit le filet lourdement chargé, il perçut que c’était le Maitre qui leur avait parlé. Dès que cette pensée lui vint, il se pencha vers Pierre et lui dit à voix basse : « C’est le Maitre. » Pierre était toujours un homme d’actions impulsives et de dévotion impétueuse. Dès que Jean lui eut soufflé cela à l’oreille, il se dressa et se jeta à l’eau pour rejoindre le Maitre au plus vite. Ses frères le suivirent de près et accostèrent avec la petite barque en halant derrière eux le filet plein de poissons. »
« Entretemps, Jean Marc s’était levé ; voyant les apôtres accoster avec le filet lourdement chargé, il courut à la plage à leur rencontre. Apercevant onze hommes au lieu de dix, il conjectura que l’inconnu était Jésus ressuscité et, tandis que les dix hommes étonnés se tenaient là en silence, le jeune homme se précipita vers le Maitre, s’agenouilla à ses pieds et dit : « Mon Seigneur et mon Maitre. » Alors, Jésus parla non pas comme à Jérusalem où il les avait salué en disant « Que la paix soit sur vous », mais il s’adressa d’un ton ordinaire à Jean Marc en lui disant : « Eh bien, Jean, je suis heureux de te revoir dans cette Galilée insouciante où nous pourrons avoir un bon entretien. Reste avec nous, Jean, et viens déjeuner. » »
« Tandis que Jésus parlait au jeune homme, les dix étaient tellement étonnés et surpris qu’ils en oublièrent de haler sur la grève le filet aux poissons. Jésus dit alors : « Ramenez vos poissons et préparez-en quelques-uns pour le déjeuner. Nous avons déjà du feu et beaucoup de pain. » »
« Pendant que Jean Marc rendait hommage au Maitre, Pierre reçut un choc à la vue des braises qui rougeoyaient là sur la plage. La scène lui rappelait avec tellement de vivacité le feu de charbon de bois à minuit dans la cour d’Annas, où il avait renié le Maitre, mais il se ressaisit, s’agenouilla aux pieds de Jésus et s’écria : « Mon Seigneur et mon Maitre ! » »
« Ensuite, Pierre se joignit à ses camarades qui halaient le filet. Après avoir amené leur prise à terre, ils comptèrent les poissons et en trouvèrent 153 gros. Ils renouvelèrent l’erreur d’appeler cela une pêche miraculeuse. Il n’y eut aucun miracle lié à cet épisode. Le Maitre avait simplement exercé sa préconnaissance. Il savait que les poissons étaient là, et indiqua en conséquence aux apôtres où il fallait lancer leur filet. »
« Jésus leur dit : « Maintenant, venez tous déjeuner ; même les jumeaux devraient s’assoir pendant que je m’entretiens avec vous. Jean Marc préparera les poissons. » Jean Marc apporta sept poissons de bonne taille ; le Maitre les mit sur le feu et, quand ils furent cuits, le garçon les servit aux dix. Puis Jésus rompit le pain et le passa à Jean qui, à son tour, le servit aux apôtres affamés. Après que tous eurent été servis, Jésus pria Jean Marc de s’assoir tandis que lui-même servait le poisson et le pain au jeune garçon. Pendant qu’ils mangeaient, Jésus s’entretint avec eux et leur rappela leurs nombreuses expériences communes en Galilée et près de ce même lac. » LU 192:1.3-8 (Jean 21:1-14)
« Quand ils eurent fini de déjeuner, et tandis que les autres restaient assis près du feu, Jésus fit signe à Pierre et à Jean de l’accompagner dans une promenade sur la grève. Au cours de leur marche, Jésus dit à Jean : « Jean, m’aimes-tu ? » Et, lorsque Jean eut répondu : « Oui, Maitre, de tout mon cœur », le Maitre dit : « Alors, Jean, renonce à ton intolérance et apprends à aimer les hommes comme je t’ai aimé. Consacre ta vie à prouver que l’amour est la plus grande chose du monde. C’est l’amour de Dieu qui pousse les hommes à chercher le salut. L’amour est l’ancêtre de toute bonté spirituelle, il est l’essence du vrai et du beau. » »
« Jésus se tourna ensuite vers Pierre et lui demanda : « Pierre, m’aimes-tu ? » Pierre répondit : « Seigneur, tu sais que je t’aime de toute mon âme. » Alors, Jésus dit : « Si tu m’aimes, Pierre, nourris mes agneaux. Ne néglige pas ton ministère auprès des faibles, des pauvres et des jeunes. Prêche l’évangile sans crainte ni préférence ; n’oublie jamais que Dieu ne fait pas acception de personnes. Sers tes semblables comme je t’ai servi, pardonne à tes compagnons mortels comme je t’ai pardonné. Laisse l’expérience t’enseigner la valeur de la méditation et le pouvoir de la réflexion intelligente. » »
« Après qu’ils eurent marché encore un peu plus loin, le Maitre se tourna vers Pierre et demanda : « Pierre, m’aimes-tu réellement ? » Et Simon dit alors : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Et Jésus dit de nouveau : « Alors, prends bien soin de mes brebis. Sois un bon et fidèle berger pour le troupeau. Ne trahis pas sa confiance en toi. Ne te laisse pas surprendre par l’ennemi. Reste tout le temps sur tes gardes — veille et prie. » »
« Après qu’ils eurent encore fait quelques pas, Jésus se tourna vers Pierre et lui demanda pour la troisième fois : « Pierre, m’aimes-tu vraiment ? » Alors, Pierre, légèrement attristé du manque apparent de confiance du Maitre envers lui, dit avec une profonde émotion : « Seigneur, tu connais toutes choses ; tu sais donc que je t’aime réellement et vraiment. » Alors, Jésus lui dit : « Nourris mes brebis. N’abandonne pas le troupeau. Sers d’exemple et d’inspiration à tous tes compagnons bergers. Aime le troupeau comme je t’ai aimé, et consacre-toi à son bienêtre comme j’ai consacré ma vie à ton bienêtre. Et suis-moi même jusqu’à la fin. » »
« Pierre interpréta littéralement cette dernière recommandation — qu’il devait continuer à suivre Jésus. Se tournant vers lui, il montra Jean du doigt et demanda : « Si je te suis, que fera celui-là ? » Percevant que Pierre avait mal compris ses paroles, Jésus dit : « Pierre, ne t’occupe pas de ce que feront tes frères. Si je veux que Jean reste après que tu seras parti, et même jusqu’à ce que je revienne, en quoi cela te concerne-t-il ? Assure-toi seulement que tu me suis. » »
« Cette remarque se répandit parmi les frères et fut reçue comme une affirmation de Jésus que Jean ne mourrait pas avant que le Maitre ne revienne établir le royaume en puissance et en gloire, comme beaucoup le pensaient et l’espéraient. Et ce fut cette interprétation des paroles de Jésus qui joua un grand rôle pour ramener Simon Zélotès au service et pour le maintenir à l’œuvre. »
« Après être revenu vers les autres apôtres, Jésus repartit pour une promenade et une causerie avec André et Jacques. Lorsqu’ils eurent parcouru une petite distance, Jésus dit à André : « André, as-tu confiance en moi ? » Quand l’ancien chef des apôtres entendit Jésus lui poser une telle question, il s’arrêta et répondit : « Oui, Maitre, j’ai en toi une confiance totale, et tu le sais. » Alors, Jésus dit : « André, si tu as confiance en moi, aie plus de confiance en tes frères — même en Pierre. Je t’ai confié autrefois leur direction. Il faut maintenant que tu fasses confiance aux autres, tandis que je vous quitte pour aller auprès du Père. Quand tes frères commenceront à se disperser à cause de l’acharnement des persécutions, sois un conseiller sage et prévenant pour Jacques, mon frère par le sang, lorsqu’on le chargera de lourds fardeaux que son expérience ne lui permet pas de porter. Ensuite, continue à avoir confiance, car je ne te ferai pas défaut. Quand tu en auras fini sur terre, tu viendras auprès de moi. » »
« Puis Jésus se tourna vers Jacques en lui demandant : « Jacques, as-tu confiance en moi ? » Bien entendu, Jacques lui répondit : « Oui, Maitre, j’ai confiance en toi de tout mon cœur. » Alors, Jésus lui dit : « Jacques, si tu as plus confiance en moi, tu seras moins impatient avec tes frères. Si tu veux avoir confiance en moi, cela t’aidera à être bon pour la fraternité des croyants. Apprends à peser les conséquences de tes paroles et de tes actes. Rappelle-toi que la récolte est conforme à la semence. Prie pour la tranquillité d’esprit et cultive la patience. Avec la foi vivante, ces grâces te soutiendront quand viendra l’heure de boire la coupe du sacrifice. Mais n’aie jamais de crainte ; quand tu en auras fini sur terre, tu viendras aussi demeurer près de moi. » »
« Jésus parla ensuite à Thomas et à Nathanael. Il dit au premier : « Thomas, me sers-tu ? » Thomas répondit : « Oui, Seigneur, je te sers maintenant et toujours. » Alors, Jésus dit : « Si tu veux me servir, sers mes frères dans la chair comme je t’ai servi. Ne te lasse pas de ce bien-agir, mais persévère comme ayant reçu l’ordination de Dieu pour ce service d’amour. Quand tu auras achevé ton service avec moi sur terre, tu serviras avec moi en gloire. Thomas, il faut que tu cesses de douter, et que tu accroisses ta foi et ta connaissance de la vérité. Crois en Dieu comme un enfant, mais cesse d’agir d’une manière aussi infantile. Aie du courage ; sois fort dans la foi et puissant dans le royaume de Dieu. » »
« Ensuite le Maitre dit à Nathanael : « Nathanael, me sers-tu ? » Et l’apôtre répondit : « Oui, Maitre, et avec une affection sans partage. » Alors, Jésus dit : « Si donc tu me sers de tout ton cœur, assure-toi que tu te consacres au bienêtre de mes frères terrestres avec une affection infatigable. Mêle l’amitié à tes conseils et ajoute l’amour à ta philosophie. Sers tes contemporains comme je vous ai servis, sois fidèle aux hommes, comme moi j’ai veillé sur vous. Sois moins critique ; espère moins de certains hommes et diminue ainsi l’étendue de tes déceptions. Quand tu auras fini l’œuvre ici-bas, tu serviras au ciel avec moi. » »
« Après cela, le Maitre s’entretint avec Philippe et Matthieu. Il dit au premier : « Philippe, m’obéis-tu ? » Philippe répondit : « Oui, Seigneur, je t’obéirai même au prix de ma vie. » Alors, Jésus lui dit : « Si tu veux m’obéir, va dans les pays des Gentils et proclame l’évangile. Les prophètes t’ont dit qu’il valait mieux obéir que sacrifier. Par la foi, tu es devenu un fils du royaume connaissant Dieu. Il n’y a qu’une seule loi à observer — c’est le commandement d’aller proclamer l’évangile du royaume. Cesse de craindre les hommes ; n’aie pas peur de prêcher la bonne nouvelle de la vie éternelle à tes semblables qui languissent dans les ténèbres et ont soif de la lumière de vérité. Philippe, tu ne t’occuperas plus d’argent et de marchandises. Tu es désormais, exactement comme tes frères, libre de prêcher la bonne nouvelle. Je te précèderai et je t’accompagnerai même jusqu’à la fin. » »
« Puis le Maitre s’adressa à Matthieu et lui demanda : « Matthieu, as-tu à cœur de m’obéir ? » Matthieu répondit : « Oui, Seigneur, je suis entièrement consacré à faire ta volonté. » Alors, le Maitre lui dit : « Matthieu, si tu veux m’obéir, va enseigner à tous les peuples l’évangile du royaume. Tu ne procureras plus à tes frères les choses matérielles de la vie ; désormais, tu iras aussi proclamer la bonne nouvelle du salut spirituel. À partir de maintenant, n’aie plus en vue que d’exécuter le commandement de prêcher cet évangile du royaume du Père. De même que j’ai fait sur terre la volonté du Père, de même tu accompliras la mission divine. Rappelle-toi que Juifs et Gentils sont tous deux tes frères. Ne crains aucun homme quand tu proclameras les vérités salvatrices de l’évangile du royaume des cieux. Et là où je vais, tu viendras bientôt. » »
« Enfin, il fit une promenade et eut un entretien avec Jacques et Judas, les jumeaux Alphée. Il s’adressa aux deux ensemble et leur demanda : « Jacques et Judas, croyez-vous en moi ? » Et, après qu’ils eurent tous deux répondu « Oui, Maitre, nous croyons », Jésus dit : « Je vais bientôt vous quitter. Vous voyez que je vous ai déjà quittés dans la chair. Je ne demeurerai que peu de temps dans ma forme actuelle avant d’aller auprès de mon Père. Vous croyez en moi — vous êtes mes apôtres, et vous le serez toujours. Continuez à croire quand je serai parti et à vous rappeler votre association avec moi après que vous serez peut-être retournés au travail dont vous aviez l’habitude avant de venir vivre avec moi. Ne laissez jamais un changement dans votre travail extérieur influer sur votre loyauté. Ayez foi en Dieu jusqu’à la fin de vos jours terrestres. N’oubliez jamais que, quand vous êtes des fils de Dieu par la foi, tout travail honnête du royaume est sacré. Rien de ce que fait un fils de Dieu ne peut être ordinaire. Donc, faites désormais votre travail comme s’il était pour Dieu. Quand vous en aurez fini sur ce monde, j’ai d’autres mondes meilleurs où vous travaillerez aussi pour moi. Dans toute cette œuvre, sur ce monde et sur d’autres, j’œuvrerai avec vous et mon esprit demeurera en vous. » »
« Il était près de dix heures quand Jésus revint de son entretien avec les jumeaux Alphée. En quittant les apôtres, il leur dit : « Au revoir, jusqu’à ce que je vous revoie tous demain, à midi, sur le mont de votre ordination. » Après avoir ainsi parlé, il disparut de leur vue. » LU 192:2.1-14 (Jean 21:15-23)
« La nouvelle des apparitions de Jésus se répandait dans toute la Galilée ; des croyants en nombre croissant arrivaient tous les jours à la maison de Zébédée pour s’informer de la résurrection du Maitre et découvrir la vérité sur ces prétendues apparitions. De bonne heure dans la semaine, Pierre fit savoir qu’une réunion publique aurait lieu au bord de la mer à trois heures de l’après-midi, le jour du prochain sabbat. »
« En conséquence, le samedi 29 avril à trois heures, plus de cinq cents croyants des environs de Capharnaüm se rassemblèrent à Bethsaïde pour entendre Pierre prêcher son premier sermon depuis la résurrection. L’apôtre était au mieux de sa forme et, après qu’il eut achevé son attrayant discours, peu de ses auditeurs doutaient que le Maitre était ressuscité d’entre les morts. »
« Pierre termina son sermon en disant : « Nous affirmons que Jésus de Nazareth n’est pas mort ; nous déclarons qu’il est sorti du tombeau ; nous proclamons que nous l’avons vu et que nous lui avons parlé. » À peine finissait-il de faire cette proclamation de foi que le Maitre apparut à côté de lui sous sa forme morontielle, en pleine vue de tout cet auditoire auquel il parla d’un ton familier en disant : « Que la paix soit sur vous, et je vous laisse ma paix. » Après qu’il leur fut ainsi apparu et leur eut ainsi parlé, il disparut de leur vue. Ce fut la quinzième manifestation morontielle de Jésus ressuscité. » LU 192:4.1-3 (Jean 21:1-24)
« LA seizième manifestation morontielle de Jésus eut lieu le vendredi 5 mai, vers neuf heures du soir dans la cour de Nicodème. Ce soir-là, les croyants de Jérusalem avaient fait leur première tentative depuis la résurrection pour se réunir. À ce moment se trouvaient rassemblés les onze apôtres, le groupe des femmes disciples et de leurs associées, et une cinquantaine des autres éminents disciples du Maitre, comprenant un certain nombre de Grecs. Ces croyants avaient échangé des conversations amicales depuis plus d’une demi-heure lorsque le Maitre morontiel apparut soudainement, pleinement visible à tous, et commença immédiatement à les instruire. Jésus dit : »
« « Que la paix soit sur vous. Voici le groupe de croyants le plus représentatif — apôtres et disciples, hommes et femmes — auquel je sois apparu depuis le moment où j’ai été délivré de la chair. Je vous appelle maintenant à témoigner que je vous avais prévenus qu’il fallait que mon séjour parmi vous prenne fin ; je vous ai dit que je devais bientôt retourner auprès du Père. Ensuite, je vous avais clairement exposé comment les chefs des prêtres et les dirigeants des Juifs me livreraient pour être mis à mort, et que je ressusciterais. Alors, pourquoi vous êtes-vous tellement laissé déconcerter par toutes ces choses quand elles sont advenues ? Et pourquoi avez-vous été aussi surpris quand je suis ressuscité au troisième jour ? Vous n’avez pas réussi à me croire, parce que vous entendiez mes paroles sans comprendre leur signification. »
« « Et maintenant, vous devriez prêter l’oreille à ce que je dis, de crainte de renouveler la faute d’entendre mon enseignement avec votre mental sans en comprendre le sens dans votre cœur. Depuis le commencement de mon séjour parmi vous comme l’un de vos semblables, je vous ai enseigné que mon unique but était de révéler mon Père qui est aux cieux à ses enfants terrestres. J’ai vécu l’effusion révélatrice de Dieu afin que vous puissiez faire l’expérience de la carrière de la connaissance de Dieu. Je vous ai révélé Dieu comme votre Père qui est aux cieux, et je vous ai révélés comme les fils de Dieu sur terre. Dieu vous aime, vous ses fils ; c’est un fait. Par la foi en mes paroles, ce fait devient une vérité éternellement vivante dans votre cœur. Quand, par votre foi vivante, vous devenez divinement conscients de Dieu, alors vous êtes nés d’esprit en tant qu’enfants de lumière et de vie, de cette vie éternelle grâce à laquelle vous ferez l’ascension de l’univers des univers et l’expérience de trouver Dieu le Père au Paradis. »
« « Je vous exhorte à vous rappeler toujours que votre mission parmi les hommes consiste à proclamer l’évangile du royaume — la réalité que Dieu est le Père des hommes et la vérité qu’ils sont ses fils. Proclamez la vérité entière de la bonne nouvelle, et non pas seulement une partie de l’évangile sauveur. Votre message n’est pas modifié par l’expérience de ma résurrection. La filiation avec Dieu, par la foi, reste la vérité salvatrice de l’évangile du royaume. Vous irez prêcher l’amour de Dieu et le service des hommes. Ce que le monde a le plus besoin de savoir, c’est que les hommes sont les fils de Dieu et que, par la foi, ils peuvent effectivement réaliser cette vérité ennoblissante et en faire l’expérience quotidienne. Mon effusion devrait aider tous les hommes à savoir qu’ils sont les enfants de Dieu, mais cette connaissance sera insuffisante s’ils n’arrivent pas à saisir personnellement par la foi la vérité salvatrice qu’ils sont les vivants fils spirituels du Père éternel. L’évangile du royaume concerne l’amour du Père et le service de ses enfants sur terre. »
« « Ici, vous partagez ensemble la connaissance de ma résurrection d’entre les morts, mais elle n’a rien d’étrange. J’ai le pouvoir d’abandonner ma vie et de la reprendre ; le Père donne un tel pouvoir à ses Fils du Paradis. Vous devriez plutôt avoir le cœur ému de savoir que les morts d’un âge ont entrepris l’ascension éternelle peu après que j’eus quitté le tombeau neuf de Joseph d’Arimathie. J’ai vécu ma vie dans la chair pour vous montrer comment, par un service aimant, vous pouvez révéler Dieu à vos semblables, de même qu’en vous aimant et en vous servant, je suis devenu une révélation de Dieu pour vous. J’ai vécu parmi vous en tant que Fils de l’Homme pour que vous, et tous les autres hommes, puissiez savoir que vous êtes en vérité les fils de Dieu. Donc, allez maintenant dans le monde entier prêcher à tous les hommes cet évangile du royaume des cieux. Aimez tous les hommes comme je vous ai aimés ; servez vos compagnons mortels comme je vous ai servis. Vous avez reçu libéralement, donnez libéralement. Restez à Jérusalem seulement pendant que je vais auprès du Père et jusqu’à ce que je vous envoie l’Esprit de Vérité. Il vous conduira dans un plus vaste domaine de vérité, et je vous accompagnerai dans le monde entier. Je suis avec vous toujours, et je vous laisse ma paix. » »
« Après que le Maitre leur eut parlé, il disparut de leur vue. Les croyants restèrent ensemble toute la nuit, discutant sérieusement les avertissements du Maitre et méditant sur tout ce qui leur était arrivé ; ils ne se dispersèrent qu’à l’approche de l’aube. Jacques Zébédée et d’autres apôtres leur racontèrent aussi leurs expériences avec le Maitre morontiel en Galilée et leur exposèrent en détail comment il leur était apparu trois fois. » LU 193:0.1-6
« L’après-midi du sabbat, le 13 mai vers quatre heures, le Maitre apparut à Nalda et à environ soixante-quinze croyants samaritains près du puits de Jacob à Sychar. Les croyants avaient l’habitude de se réunir à cet endroit près duquel Jésus avait parlé à Nalda de l’eau vivante. Ce jour-là, juste au moment où ils avaient fini de discuter les nouvelles de la résurrection, Jésus apparut soudain devant eux et dit : »
« « Que la paix soit sur vous. Vous vous réjouissez de savoir que je suis la résurrection et la vie, mais cela ne vous servira de rien si vous n’êtes pas d’abord nés de l’esprit éternel, ce qui vous amène à posséder, par la foi, le don de la vie éternelle. Si vous êtes les fils de mon Père par la foi, vous ne mourrez jamais ; vous ne périrez pas. L’évangile du royaume vous a appris que tous les hommes sont les fils de Dieu. Il faut que cette bonne nouvelle concernant l’amour du Père céleste pour ses enfants terrestres soit apportée au monde entier. L’heure est venue de ne plus adorer Dieu sur le mont Garizim ou à Jérusalem, mais en esprit et en vérité, là où vous êtes, tels que vous êtes. C’est votre foi qui sauve votre âme. Le salut est le don de Dieu à tous ceux qui croient être ses fils. Mais ne vous y trompez pas ; bien que le salut soit le don gratuit de Dieu et soit offert à tous ceux qui l’acceptent par la foi, il est suivi par l’expérience de porter les fruits de cette vie de l’esprit telle qu’elle est vécue dans la chair. L’acceptation de la doctrine de la paternité de Dieu implique que vous acceptiez aussi librement cette vérité corolaire de la fraternité des hommes. Or, si un homme est votre frère, il est plus encore que votre prochain, que le Père vous demande d’aimer comme vous-même. Puisque votre frère appartient à votre propre famille, non seulement vous l’aimerez d’une affection familiale, mais aussi vous le servirez comme vous vous serviriez vous-même. Et vous aimerez et servirez ainsi votre frère parce que, étant mes frères, vous avez été aimés et servis par moi de cette façon. Donc, allez dans le monde entier proclamer cette bonne nouvelle à toutes les créatures de chaque race, de chaque tribu et de chaque nation. Mon esprit vous précèdera, et je serai avec vous toujours. » »
« Ces Samaritains furent stupéfaits de cette apparition du Maitre et partirent en hâte vers les villes et villages voisins, où ils répandirent la nouvelle qu’ils avaient vu Jésus et que celui-ci leur avait parlé. Ce fut la dix-septième apparition morontielle du Maitre. » LU 193:1.1-3
« La dix-huitième apparition morontielle du Maitre eut lieu à Tyr, le mardi 16 mai, un peu avant neuf heures du soir et, de nouveau, à la clôture d’une réunion de croyants. Au moment où ils étaient sur le point de se séparer, Jésus dit : »
« « Que la paix soit sur vous. Vous vous réjouissez de savoir que le Fils de l’Homme est ressuscité d’entre les morts parce que vous savez par là même que vos frères et vous survivrez aussi au trépas humain. Mais, pour survivre, il faut que vous soyez préalablement nés de l’esprit qui recherche la vérité et trouve Dieu. Le pain de vie et l’eau vivante sont donnés seulement à ceux qui ont faim de vérité et soif de droiture — de Dieu. Le fait que les morts ressuscitent n’est pas l’évangile du royaume. Ces grandes vérités et ces faits universels sont tous reliés à l’évangile, parce qu’ils font partie du résultat obtenu par ceux qui croient la bonne nouvelle ; ils sont englobés dans l’expérience ultérieure de ceux qui, par la foi, deviennent, en fait et en vérité, les fils perpétuels du Dieu éternel. Mon Père m’a envoyé dans le monde pour proclamer à tous les hommes ce salut de la filiation. De même, je vous envoie au loin pour prêcher ce salut de la filiation. Le salut est un don gratuit de Dieu, mais ceux qui sont nés de l’esprit commencent immédiatement à montrer les fruits de l’esprit par leur service aimant auprès de leurs semblables. Et voici les fruits de l’esprit divin produits dans la vie des mortels nés d’esprit et connaissant Dieu : service aimant, dévouement désintéressé, fidélité courageuse, équité sincère, honnêteté éclairée, espoir vivace, confiance sans soupçons, ministère miséricordieux, bonté inaltérable, tolérance indulgente et paix durable. Si de prétendus croyants ne portent pas ces fruits de l’esprit divin dans leur vie, ils sont morts ; l’Esprit de Vérité n’est pas en eux ; ils sont des sarments inutiles de la vigne vivante et seront bientôt retranchés. Mon Père demande aux enfants de la foi de porter beaucoup de fruits de l’esprit. Si donc vous êtes stériles, il creusera autour de vos racines et coupera vos sarments improductifs. À mesure que vous progresserez vers le ciel dans le royaume de Dieu, il faudra de plus en plus que vous produisiez des fruits de l’esprit. Vous pouvez entrer dans le royaume de Dieu comme un enfant, mais le Père exige que vous grandissiez, par la grâce, jusqu’à la pleine stature d’un adulte spirituel. Quand vous irez au loin proclamer à toutes les nations la bonne nouvelle de cet évangile, je vous devancerai, et mon Esprit de Vérité demeurera dans votre cœur. Je vous laisse ma paix. » » LU 193:2.1-2
« De bonne heure le jeudi matin 18 mai, Jésus fit sa dernière apparition sur terre en tant que personnalité morontielle. Tandis que les onze apôtres allaient s’assoir pour leur repas matinal dans la salle du haut de la maison de Marie Marc, Jésus leur apparut et dit : »
« « Que la paix soit sur vous. Je vous ai demandé de rester ici, à Jérusalem, jusqu’à mon ascension auprès du Père, et même jusqu’à ce que je vous envoie l’Esprit de Vérité, qui sera bientôt répandu sur toute chair et vous confèrera un pouvoir d’en haut. » Simon Zélotès interrompit Jésus en demandant : « Et alors, Maitre, rétabliras-tu le royaume et verrons-nous la gloire de Dieu manifestée sur terre ? » Après avoir écouté la question de Simon, Jésus répondit : « Simon, tu t’accroches encore à tes vieilles idées sur le Messie des Juifs et le royaume matériel, mais tu recevras un pouvoir spirituel quand l’esprit sera descendu sur toi, et tu iras bientôt dans le monde entier prêcher l’évangile du royaume. De même que le Père m’a envoyé dans le monde, de même je vous y envoie. Je souhaite que vous vous aimiez et que vous ayez confiance les uns dans les autres. Judas n’est plus avec vous parce que son amour s’était refroidi et parce qu’il vous refusait sa confiance, à vous ses frères loyaux. N’avez-vous pas lu le passage des Écritures où il est dit : ‘Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Nul ne vit pour lui-même’ ? Et aussi celui qui dit : ‘Quiconque veut avoir des amis doit se montrer amical’ ? Ne vous ai-je pas envoyés enseigner deux par deux afin que vous ne vous sentiez pas seuls, et que vous ne tombiez pas dans les ennuis et les malheurs de l’isolement ? Vous savez bien aussi que, lorsque j’étais dans la chair, je ne me suis jamais permis de rester longtemps seul. Dès le commencement de notre association, j’ai constamment eu deux ou trois d’entre vous auprès de moi ou tout à fait à proximité, même quand je communiais avec le Père. Donc, ayez confiance et confiez-vous les uns aux autres. C’est d’autant plus nécessaire qu’aujourd’hui je vais vous laisser seuls dans le monde. L’heure est venue, je suis sur le point d’aller auprès du Père. » » LU 193:3.1-2
« Il était presque sept heures et demie du matin, le jeudi 18 mai, quand Jésus arriva sur le versant ouest du mont Olivet avec ses onze apôtres silencieux et quelque peu désorientés. De cet endroit situé aux deux tiers de la montée jusqu’au sommet, ils pouvaient voir le panorama de Jérusalem avec Gethsémani à leurs pieds. Jésus se prépara alors à leur faire ses derniers adieux avant de quitter Urantia. Tandis qu’il se tenait là, debout devant eux, ils s’agenouillèrent tous spontanément en cercle autour de lui, et le Maitre dit : »
« « Je vous ai demandé de rester à Jérusalem jusqu’à ce qu’un pouvoir d’en haut vous soit donné. Je suis maintenant sur le point de prendre congé de vous et de monter auprès de mon Père. Bientôt, très bientôt, nous enverrons l’Esprit de Vérité dans ce monde où j’ai séjourné ; quand il sera venu, vous commencerez la nouvelle proclamation de l’évangile du royaume, d’abord à Jérusalem, et ensuite jusqu’aux confins du monde. Aimez les hommes avec l’amour dont je vous ai aimés, et servez vos compagnons mortels comme je vous ai servis. Par les fruits spirituels de votre vie, amenez les âmes à croire la vérité que l’homme est un fils de Dieu et que tous les hommes sont frères. Souvenez-vous de tout ce que je vous ai enseigné et de la vie que j’ai vécue parmi vous. Mon amour vous couvre de son ombre, mon esprit habitera en vous et ma paix demeurera sur vous. Adieu. » » LU 193:5.1-2 (Matt 28:16-20; Luc 24:44-53)