© 1959 William S. Sadler
© 1961, 2003 Urantia Foundation
C’est ainsi que certains enfants indignes de Micaël, qui avaient accusé leur Créateur-père de rechercher égoïstement la souveraineté et qui se permettaient d’insinuer que le Fils Créateur se maintenait arbitrairement et autocratiquement au pouvoir en vertu de la loyauté irraisonnée des créatures serviles d’un univers abusé, allaient être réduits définitivement au silence et laissés confondus et désillusionnés par la vie d’abnégation que le Fils de Dieu commençait maintenant en tant que Fils de l’Homme — restant constamment soumis à « la volonté du Père du Paradis ».
Mais ne vous méprenez pas: le Christ Micaël, tout en étant véritablement un être d’origine duelle, n’était pas une double personnalité. Il n’était pas Dieu en association avec l’homme, mais plutôt Dieu incarné dans l’homme, et il fut toujours précisément cet être composé. Le seul facteur progressif dans cette relation incompréhensible fut la récognition et la réalisation conscientes et progressives (par son mental humain) du fait d’être Dieu et homme.
Le Christ Micaël n’est pas progressivement devenu Dieu. Dieu n’est pas devenu homme à un moment décisif de la vie terrestre de Jésus. Jésus fut Dieu et homme, toujours et pour l’éternité. Ce Dieu et cet homme ne faisaient et ne font maintenant qu’un, de même que la Trinité Paradisiaque de trois êtres est en réalité une Déité.
Ne perdez jamais de vue le fait que le but spirituel suprême de l’effusion de Micaël était de rehausser la révélation de Dieu. LU 120:4.1
Jésus tenait de son père beaucoup de sa douceur exceptionnelle et de sa merveilleuse compréhension sympathisante de la nature humaine; il avait hérité de sa mère son don de grand éducateur et son immense capacité de juste indignation. Dans ses réactions émotionnelles envers son entourage pendant sa vie adulte, Jésus était parfois, comme son père, méditatif et pieux, parfois caractérisé par une tristesse apparente, mais, le plus souvent, il allait de l’avant de la manière optimiste et déterminée correspondant au naturel de sa mère. Dans l’ensemble, le caractère de Marie tendait à dominer la carrière du divin Fils au fur et à mesure qu’il grandissait et avançait à grands pas dans sa vie d’adulte. Par certains côtés, Jésus était un mélange des traits de caractère de ses parents; sous d’autres aspects, il présentait les traits de l’un en contraste avec ceux de l’autre. LU 122:5.3.
Toute la nuit, Marie fut agitée, de sorte que le couple ne dormit pas beaucoup. Au lever du jour, les douleurs de l’enfantement commencèrent nettement, et, à midi le 21 août de l’an 7 avant l’ère chrétienne, avec l’aide et la généreuse assistance de compagnes de voyage, Marie accoucha d’un enfant mâle. Jésus de Nazareth était né dans le monde; il fut enveloppé dans les vêtements que Marie avait apportés en prévision d’un tel évènement, et couché dans une crèche voisine. LU 122:5.3, Luc 2:6.
Un peu plus d’un an après le retour à Nazareth, l’enfant Jésus arriva à l’âge de sa première décision morale personnelle et sincère, sur quoi un Ajusteur de Pensée vint habiter en lui. Ce don du Père Paradisiaque avait autrefois servi avec Machiventa Melchizédek et acquis ainsi l’expérience des opérations relatives à l’incarnation d’un être supramortel vivant dans la similitude de la chair mortelle. Cet évènement survint le 11 février de l’an 2 avant l’ère chrétienne. Jésus ne fut pas plus conscient de la venue du divin Moniteur que ne le sont les millions et les millions d’autres enfants qui, avant et depuis ce jour, ont pareillement reçu des Ajusteurs de Pensée pour habiter leur mental, travailler à l’ultime spiritualisation de ce mental et préparer l’éternelle survie de leur âme immortelle évoluante. LU 123:2.1.
Durant cette année, Joseph et Marie eurent des difficultés avec Jésus au sujet de ses prières. Il insistait pour parler à son Père céleste comme il aurait parlé à Joseph, son père terrestre. Cette infraction aux moyens plus solennels et plus révérencieux de communication avec la Déité était un peu déconcertante pour ses parents, spécialement pour sa mère, mais on ne pouvait le persuader de changer; il disait ses prières exactement comme on les lui avait apprises, après quoi il insistait pour avoir « juste un petit entretien avec mon Père dans les cieux ». LU 123:3.6.
Il se produisit de nouveaux remous à l’école quand l’un des élèves les plus arriérés découvrit Jésus en train de dessiner, au fusain, un portrait du professeur sur le plancher de la classe. Le portrait était là, clair comme le jour, et plusieurs parmi les anciens l’avaient aperçu avant que le comité n’allât trouver Joseph pour exiger une intervention pour ramener son fils ainé dans le respect de la loi. Bien que ce ne fut pas la première plainte parvenue à Joseph et à Marie concernant les agissements de leur dynamique enfant aux talents variés, c’était la plus sérieuse de toutes les accusations portées, jusque-là, contre lui. Assis sur une grosse pierre, juste à l’extérieur de la porte de derrière, Jésus écouta pendant un moment la condamnation de ses efforts artistiques. Il s’irrita de voir blâmer son père pour ses prétendus méfaits; il s’avança donc intrépidement jusqu’à ses accusateurs. Les anciens furent plongés dans l’embarras. Quelques-uns furent enclins à prendre l’affaire avec humour, tandis qu’un ou deux autres semblaient penser que le garçon était sacrilège, voire blasphémateur. Joseph était désemparé et Marie indignée, mais Jésus insista pour être entendu. Il eut le droit de parler; il défendit courageusement son point de vue et, avec une maîtrise de soi consommée, il annonça qu’il se conformerait à la décision de son père, en cela comme dans tous les autres cas prêtant à discussion. Sur quoi le comité des anciens partit en silence.
Marie fit pression sur Joseph pour permettre à Jésus de modeler de l’argile à la maison, pourvu qu’il promette de ne poursuivre, à l’école, aucune de ces activités contestables, mais Joseph était porté à poser en règle que l’interprétation rabbinique du second commandement devait prévaloir. En conséquence, Jésus ne dessina ni ne modela plus jamais une forme quelconque tant qu’il vécut chez son père. Pourtant, il ne fut pas convaincu d’avoir mal agi; mais l’abandon de son passe-temps favori fut l’une des grandes épreuves de sa jeunesse. LU 124:1.4.
Peut-être son trait le plus original et le plus remarquable était-il sa répugnance à combattre pour défendre ses droits. Puisqu’il était un garçon bien développé pour son âge, ses camarades de jeu trouvaient étrange qu’il fût peu enclin à se défendre, même quand il était en butte à l’injustice ou personnellement maltraité. Quoi qu’il en fût, il ne souffrit pas beaucoup de cette tendance à cause de l’amitié de Jacob, son petit voisin qui était son ainé d’un an. Jacob était le fils du maçon associé aux affaires de Joseph. Il était un grand admirateur de Jésus et faisait son affaire de veiller à ce que personne ne pût en imposer à Jésus en profitant de son aversion pour les bagarres physiques. Plusieurs fois, des jeunes gens plus âgés et brutaux attaquèrent Jésus, tablant sur sa docilité réputée, mais il reçurent toujours un sûr et rapide châtiment des mains de son champion et défenseur volontaire toujours prêt, Jacob le fils du maçon. LU 124:2.4
Ce fut une expérience éprouvante pour Joseph et Marie que d’élever un enfant présentant cette combinaison sans précédent de divinité et d’humanité. Il faut leur reconnaître de grand mérites pour avoir accompli avec tant de fidélité et de succès leur devoir de parents. De plus en plus, les parents de Jésus comprenaient qu’il y avait, dans leur fils aîné, quelque chose de suprahumain, mais ils ne songèrent jamais, même l’ombre d’un instant, que ce fils de la promesse était en vérité le créateur effectif de l’univers local de choses et d’êtres. Joseph et Marie vécurent et moururent sans avoir jamais appris que leur fils était réellement le Créateur de l’Univers incarné dans la chair mortelle. LU 124:4.4.
Sur les pentes orientales d’Olivet, ils s’arrêtèrent pour se reposer en bordure d’un petit village appelé Béthanie. Les villageois hospitaliers se portèrent au devant des pèlerins pour offrir leurs services, et il advint que Joseph et sa famille furent installés près de la maison d’un certain Simon qui avait trois enfants à peu près du même âge que Jésus — Marie, Marthe et Lazare. Ceux-ci invitèrent la famille de Nazareth à se reposer chez eux, et une amitié pour toute la vie naquit entre les deux familles. Plus tard, au cours de sa vie mouvementée, Jésus s’arrêta bien souvent chez eux.
Les pèlerins de Nazareth se remirent rapidement en route et arrivèrent bientôt près d’Olivet. Jésus vit, pour la première fois, (dans sa mémoire) la Ville Sainte, les palais prétentieux et le temple inspirant de son Père. Jamais plus dans sa vie, Jésus n’éprouva une émotion purement humaine comparable à celle qui le captiva en cet après-midi d’avril sur le mont des Oliviers, alors que, pour la première fois, il buvait Jérusalem du regard. Quelques années plus tard, il se tint au même endroit et pleura sur la ville qui allait encore une fois rejeter un prophète, le dernier et le plus grand de ses éducateurs célestes. LU 124:6.9.
Jésus fut profondément impressionné par le temple et les services et autres activités associées. Pour la première fois depuis l’âge de quatre ans, il était trop préoccupé par ses propres méditations pour poser beaucoup de questions. Il posa cependant à son père plusieurs questions embarrassantes (comme il l’avait fait en d’autres occasions) sur les raisons pour lesquelles le Père céleste exigeait le massacre de tant d’animaux innocents et sans défense. D’après l’expression du visage du garçon, son père sentait bien que ses réponses et ses tentatives d’explications n’étaient pas satisfaisantes pour la profondeur de pensée et l’acuité de raisonnement de son fils.
La veille du sabbat de la Pâque, un torrent d’illumination spirituelle traversa le mental mortel de Jésus et fit déborder son cœur de pitié affectueuse pour ces foules spirituellement aveugles et moralement ignorantes assemblées en vue de commémorer l’ancienne Pâque. Ce fut l’un des jours les plus extraordinaires de l’incarnation du Fils de Dieu. Durant cette nuit, pour la première fois dans sa carrière terrestre, un messager spécial de Salvington commissionné par Emmanuel, lui apparut et dit: « L’heure est venue. Il est temps que tu commences à t’occuper des affaires de ton Père » LU 124:6.14.
Beaucoup de rites du temple avaient frappé d’une manière touchante son sens de la beauté et du symbole, mais il était toujours déçu par les explications du sens réel des cérémonies que ses parents lui offraient en réponse à ses multiples et pénétrantes questions. Jésus refusait absolument d’accepter les éclaircissements sur le culte de la dévotion religieuse quand ils impliquaient une croyance au courroux de Dieu ou à la colère du Tout-Puissant. Dans une nouvelle discussion de ces questions, après la fin de la visite au temple, alors que son père insistait avec douceur pour qu’il acceptât les croyances orthodoxes des Juifs, Jésus se retourna soudainement vers ses parents, regarda son père dans les yeux, d’une manière suppliante, et dit: « Mon père, cela ne peut pas être vrai — le Père qui est aux cieux ne peut pas regarder ainsi ses enfants égarés sur terre — le Père Céleste ne peut aimer ses enfants moins que tu ne m’aimes. Si malavisés que soient mes actes, je sais bien que jamais tu ne pourrais déverser sur moi ta colère ni donner libre cours à ton courroux. Si toi, mon père terrestre, tu reflètes le divin si humainement, combien plus le Père céleste doit-il être rempli de bonté et déborder de miséricorde. Je refuse de croire que mon Père céleste m’aime moins que mon père terrestre. »
Quand Joseph et Marie entendirent ces mots de leur fils aîné, ils se tinrent cois. Jamais plus ils n’essayèrent de changer sa conception de l’amour de Dieu et de la miséricorde du Père qui est dans les cieux. LU 125:0.6.
Pendant la semaine pascale, les parents de Jésus trouvèrent maintes et maintes fois leur fils assis à l’écart et réfléchissant profondément, la tête dans les mains. Ils ne l’avaient jamais vu se comporter de cette façon et ils étaient douloureusement perplexes, ne sachant pas jusqu’à quel point la confusion régnait dans sa pensée et le trouble dans son esprit à la suite des expériences par lesquelles il passait; ils ne savaient que faire. Ils se réjouissaient d’entrevoir la fin de la semaine de la Pâque et désiraient ardemment voir leur fils, aux agissements étranges, de retour en sécurité à Nazareth. LU 125:2.9
Après le repas du soir à Béthanie, il refusa encore une fois de se joindre à la joyeuse compagnie; au lieu de cela, il alla au jardin où il s’attarda jusqu’à une heure avancée de la nuit. Il tenta vainement d’élaborer un plan précis pour aborder le problème de l’œuvre de sa vie, et pour choisir la meilleure manière de révéler, à ses compatriotes spirituellement aveugles, un plus beau concept du Père céleste, les libérant ainsi de leur terrible esclavage à la loi, au rituel, au cérémonial et à la tradition surannée. Mais la claire lumière n’apparut pas à ce garçon en quête de vérité. LU 125:5.10.
Au commencement de l’année, Joseph et Marie eurent fréquemment des doutes sur la destinée de leur fils aîné. En effet, il était un enfant brillant et aimable, mais bien difficile à comprendre et à sonder; d’autre part, rien d’extraordinaire ou de miraculeux n’était jamais arrivé. Sa fière maman était restée des dizaines de fois dans une expectative haletante en s’attendant à voir son fils accomplir quelque exploit surhumain ou miraculeux, mais ses espoirs se brisaient toujours dans une cruelle déception. Tout ceci était décourageant et même démoralisant. Les personnes pieuses de ce temps-là croyaient vraiment que les prophètes et les hommes de la promesse démontraient toujours leur vocation et établissaient leur autorité divine en accomplissant des miracles et en faisant des prodiges. Mais Jésus ne faisait rien de tout cela; c’est pourquoi le trouble de ses parents augmentait sans cesse quand ils envisageaient son avenir. LU 126:1.5.
Durant cette année, Jésus formula, pour la première fois, la prière qu’il enseigna par la suite à ses apôtres et qui s’est répandue sous le nom du « Notre Père ». En un sens, ce fut une évolution du culte au foyer. Les Juifs avaient de nombreuses formules d’actions de grâces et plusieurs prières classiques. Après la mort de son père, Jésus essaya d’enseigner aux aînés des enfants à s’exprimer individuellement dans des prières — comme lui même se plaisait tant à le faire — mais ils ne pouvaient saisir sa pensée et revenaient invariablement à leurs formes de prières apprises par cœur. Ce fut dans cette tentative pour inciter les aînés de ses frères et sœurs à dire des prières individuelles que Jésus s’efforça de les guider par des phrases suggestives; bientôt, sans intention de sa part, ils employèrent tous une forme de prière largement basée sur les idées directrices que Jésus leur avait enseignées.
À la fin, Jésus abandonna l’idée que chaque membre de la famille formulât des prières spontanées. Un soir d’octobre, il s’assit près de la petite lampe trapue, devant la table basse en pierre; puis, sur une planchette de cèdre poli d’environ quarante-cinq centimètres de côté, il écrivit, avec un morceau de fusain, la prière qui devint dorénavant la supplique modèle de la famille. LU 126:3.3.
Tous les plans de Jésus pour sa carrière furent apparemment contrecarrés. À la façon dont les évènements se présentaient, l’avenir ne paraissait pas brillant.
Pourtant Jésus ne vacilla pas et ne se découragea pas. Il continua à vivre au jour le jour, remplissant bien son devoir quotidien et s’acquittant fidèlement des responsabilités immédiates de sa position dans la société. La vie de Jésus est la consolation éternelle de tous les idéalistes déçus. LU 126:5.4.
Le grand choc de sa quinzième année eut lieu quand Jésus alla à Sepphoris pour apprendre la décision d’Hérode au sujet de l’appel interjeté auprès du tétrarque dans la contestation sur le montant de la somme due à Joseph au moment de sa mort accidentelle. Jésus et Marie avaient espéré recevoir une grosse somme, mais le trésorier de Sepphoris leur avait offert un montant dérisoire. Les frères de Joseph avaient fait appel à Hérode lui-même, et maintenant Jésus était au palais et entendit Hérode décréter que l’on ne devait rien à son père au moment de sa mort. À cause de cette décision si injuste, Jésus n’eut jamais plus confiance en Hérode Antipas. Il n’est pas surprenant qu’il ait fait une fois allusion à « ce renard ». LU 126:5.7.
Au cours de sa croissance vers l’âge adulte, il passa par les mêmes conflits et incertitudes que les jeunes gens de tous les temps. La rigoureuse expérience d’avoir à entretenir sa famille était une sûre sauvegarde contre la possibilité de disposer de trop de temps libre à consacrer à des méditations oisives ou pour s’adonner à des tendances mystiques. LU 126:5.9.
Au seuil de son adolescence, Jésus se trouva être le chef et l’unique soutien d’une nombreuse famille. Peu d’années après la mort de son père, toutes leurs propriétés avaient été vendues. À mesure que le temps passait, il prit de plus en plus conscience de sa préexistence; en même temps, il commença à comprendre plus pleinement qu’il s’était incarné sur terre expressément dans le but de révéler son Père du Paradis aux enfants des hommes.
Nul adolescent, qui a vécu ou qui vivra sur ce monde ou sur n’importe quel autre planète, n’a eu ou n’aura jamais à résoudre des problèmes plus graves ou à démêler des difficultés plus complexes. Nul jeune d’Urantia ne sera jamais appelé à traverser plus de conflits éprouvants ou de situations pénibles que Jésus durant la période ardue allant de sa quinzième à sa vingtième année.
Ayant ainsi connu l’expérience effective de vivre cette adolescence sur un monde assailli par le mal et tourmenté par le péché, le Fils de l’Homme acquit la connaissance expérientielle complète de la vie de la jeunesse dans tous les royaumes de Nébadon. Il devint ainsi, pour toujours, le refuge compréhensif des adolescents angoissés et perplexes de tous les âges et sur tous les mondes de l’univers local.
Lentement mais sûrement, et par expérience effective, le Fils divin gagne le droit de devenir le souverain de son univers, le chef suprême et incontesté de toutes les intelligences créées sur tous les mondes de l’univers local, le refuge compréhensif des êtres de tous âges, quels que soient leurs dons et le degré de leur expérience personnelle. LU 127:0.1.
Le désordre se mit à couver à Nazareth. L’attitude de Jésus dans cette affaire avait eu pour résultat de créer une scission dans la jeunesse juive de la ville. Environ la moitié s’était jointe à l’organisation nationaliste; l’autre moitié commença à former un groupe opposé de patriotes modérés, escomptant que Jésus en assumerait la direction. Ils furent stupéfaits quand il refusa l’honneur qu’on lui offrait, alléguant comme excuse ses lourdes responsabilités familiales qu’ils admettaient tous. La situation se compliqua encore davantage quand, peu après, se présenta Isaac, un riche Juif prêteur sur gages aux Gentils, qui proposa d’entretenir la famille de Jésus si celui-ci voulait déposer ses outils et se mettre à la tête de ces patriotes de Nazareth.
Jésus, alors à peine âgé de dix-sept ans, se trouva en présence de l’une des situations les plus délicates et les plus embarrassantes du début de sa vie. Il est toujours difficile aux chefs spirituels de prendre position sur une question patriotique, surtout quand des oppresseurs étrangers percevant les impôts viennent les compliquer. C’était doublement vrai dans ce cas, puisque la religion juive était impliquée dans toute cette agitation contre Rome. LU 127:2.5.
Il fallait faire quelque chose. Jésus devait faire connaître sa position. Il le fit courageusement et diplomatiquement à la satisfaction de beaucoup, mais pas de tous. Il s’en tint à son plaidoyer originel, soutenant que son premier devoir était envers sa famille, qu’une mère veuve et huit frères et sœurs avaient besoin de quelque chose de plus que ce qui peut simplement s’acheter avec de l’argent — le nécessaire pour la vie matérielle — qu’ils avaient droit à la surveillance et à la direction d’un père, et qu’en toute conscience, il ne pouvait pas se décharger de l’obligation qu’un cruel accident avait fait retomber sur lui. Il félicita sa mère et l’aîné de ses frères de vouloir bien le libérer, mais répéta que la fidélité à la mémoire de son père lui interdisait de quitter sa famille, quelles que soient les sommes reçues pour sa vie matérielle. À cette occasion, il exprima son inoubliable axiome que « l’argent ne peut aimer. » Au cours de cette allocution, Jésus fit plusieurs allusions voilées à la « mission de sa vie ». Il expliqua que, indépendamment du fait qu’elle fût compatible ou non avec le militarisme, il y avait renoncé ainsi qu’à tout le reste pour pouvoir remplir fidèlement son devoir envers les siens. Chacun à Nazareth savait qu’il était un bon père de famille, et c’était une chose qui touchait de si près le coeur de tout Juif bien né que le plaidoyer de Jésus trouva une réponse favorable dans le coeur de beaucoup de ses auditeurs. Certains autres, qui n’étaient pas dans les mêmes dispositions, furent désarmés par une harangue prononcée par Jacques à ce moment-là, bien qu’elle ne figurât pas dans le programme. Le jour même, le chazan avait fait réciter à Jacques son allocution, mais ça, c’était leur secret. LU 127:2.5.
Le samedi après-midi 3 décembre de cette année, la mort frappa, pour la seconde fois, la famille de Nazareth. Amos, leur petit frère, mourut d’une fièvre maligne après une semaine de maladie. Ayant traversé cette période douloureuse avec son fils premier-né comme seul soutien, Marie reconnut finalement et pleinement que Jésus était le véritable chef de la famille; et il était vraiment un chef de valeur.
Pendant quatre ans, leur niveau de vie avait constamment décliné. D’année en année, ils se sentaient plus tenaillés par la pauvreté. Vers la fin de cette année, ils eurent à affronter une des épreuves les plus pénibles de leurs luttes ardues. Jacques n’avait pas encore commencé à bien gagner, et la dépense d’un enterrement s’ajoutant au reste les consterna. Mais Jésus se borna à dire à sa mère anxieuse et affligée: « Mère Marie, le chagrin ne nous aidera pas; nous faisons tous de notre mieux, et le sourire de maman pourrait même nous inciter à faire encore mieux. Jour après jour, nous sommes fortifiés dans ces tâches par notre espoir d’avoir devant nous des jours meilleurs. » Son solide et pratique optimisme était vraiment contagieux; tous les enfants vivaient dans une ambiance où l’on escomptait des choses et des temps meilleurs. Et ce courage plein d’espoir contribua puissamment à développer chez eux de nobles et puissants caractères, malgré leur pauvreté déprimante. LU 127:3.13.
Au cours de cette visite, eut lieu l’une des manifestations périodiques de révolte de Jésus contre la tradition — l’expression d’un ressentiment contre les pratiques cérémonielles qu’il considérait comme donnant une fausse idée de son Père céleste. Ignorant que Jésus allait venir, Lazare s’était arrangé pour célébrer la Pâque avec des amis dans un village voisin, plus bas sur la route de Jéricho. Voici que maintenant Jésus proposait de célébrer la fête là où ils étaient, dans la maison de Lazare. « Mais », dit Lazare, « nous n’avons pas d’agneau pascal ». C’est alors que Jésus entama une dissertation prolongée et convaincante pour montrer que le Père céleste ne s’intéressait pas véritablement à ces rituels enfantins et vides de sens. Après une prière fervente et solennelle, ils se levèrent et Jésus dit: « Laissez les gens de mon peuple au mental puéril et ignorant servir leur Dieu conformément aux ordres de Moïse; il vaut mieux qu’ils le fassent, mais nous, qui avons vu la lumière de la vie, cessons d’approcher notre Père par les ténèbres de la mort. Soyons libres, instruits de la vérité de l’amour éternel de notre Père. »
Ce soir-là, au crépuscule, tous quatre s’assirent et participèrent à la première fête de la Pâque qui n’eût jamais été célébrée sans agneau pascal par des Juifs pieux. Le pain sans levain et le vin avaient été préparés pour cette Pâque, et Jésus servit à ses compagnons ces mets symboliques qu’il appelait « le pain de vie » et « l’eau vivante ». Ils mangèrent en se conformant solennellement aux enseignements qui venaient d’être donnés. Jésus prit l’habitude de pratiquer ce rite sacramentel lors de chacune de ses visites ultérieures à Béthanie. Quand il revint chez lui, il raconta tout cela à sa mère. Au premier abord, elle fut choquée, mais peu à peu elle en vint à partager son point de vue; néanmoins, elle fut très soulagée quand Jésus l’assura qu’il n’avait pas l’intention d’introduire dans leur famille cette nouvelle conception de la Pâque. À la maison, avec les enfants, il continua, d’année en année, à manger la Pâque « selon la loi de Moïse ». LU 127:6.6.
Jésus devient rapidement un homme, non pas simplement un jeune homme, mais un adulte. Il a bien appris à porter des responsabilités. Il sait persévérer en présence des déceptions. Il fait bravement front quand ses plans sont contrecarrés et ses projets temporairement déjoués. Il a appris à être équitable et juste même en face de l’injustice. Il est en voie d’apprendre à ajuster ses idéaux de vie spirituelle aux exigences pratiques de l’existence terrestre, d’apprendre à faire des plans pour atteindre un but idéaliste supérieur et lointain, tout en peinant durement dans le but de satisfaire les nécessités plus proches et plus immédiates.
Il acquiert progressivement l’art d’adapter ses aspirations aux exigences banales de la vie des humains. Il a presque maîtrisé la technique d’utiliser l’énergie de l’impulsion spirituelle pour faire fonctionner le mécanisme des réalisations matérielles. Il apprend lentement à vivre la vie céleste tout en poursuivant son existence terrestre. De plus en plus, il dépend des directives ultimes de son Père céleste, tout en assumant le rôle paternel de guider et d’orienter les enfants de sa famille terrestre. Il devient expert en l’art d’arracher la victoire à l’emprise même de la défaite. Il apprend à transformer les difficultés du temps en triomphes de l’éternité. P. 1405.
Venu au monde comme n’importe quel nouveau-né du royaume, il a vécu sa vie d’enfant et traversé les étapes successives de la jeunesse et de l’adolescence. Il se trouve maintenant au seuil de sa pleine maturité, riche de l’expérience de la vie humaine, ayant parachevé la compréhension de la nature humaine et restant plein de compassion pour les faiblesses de cette nature humaine. Il est en voie de devenir expert dans l’art divin de révéler son Père Paradisiaque aux créatures mortelles de tous âges et de tous niveaux d’évolution.
Désormais, en tant qu’homme fait, en tant qu’adulte du royaume, il se prépare à poursuivre sa mission suprême de révéler Dieu aux hommes et de conduire les hommes à Dieu. LU 127:6.15.
Les paroles suivantes sont à jamais et glorieusement vraies: « Nous avons un grand chef qui peut être touché par le sentiment de nos faiblesses. Nous avons un Souverain qui fut, à tous égards, éprouvé et tenté comme nous le sommes, sans toutefois pécher. » Puisqu’il a lui-même souffert, ayant été éprouvé et tenté, il est éminemment apte à comprendre et à aider les égarés et les affligés. LU 128:1.5
Il vécut sa vie de mortel exactement comme tous les membres de la famille humaine peuvent vivre la leur, « lui qui, dans les jours de son incarnation, adressa si souvent des prières et des supplications, avec une grande émotion et des larmes, à Celui qui est capable de sauver de tout mal; et ses prières furent efficaces, parce qu’il croyait ». C’est pourquoi il lui fallait à tous égards être rendu semblable à ses frères, de sorte qu’il devienne pour eux un souverain miséricordieux et compréhensif. LU 128:1.7.
Entre les deux visitations célestes, l’une à sa treizième année et l’autre à son baptême, il ne se passa rien de surnaturel ni de suprahumain dans la vie de ce Fils Créateur incarné. Malgré cela, l’enfant de Bethléem, le jeune garçon, le jeune homme et l’homme de Nazareth étaient en réalité le Créateur incarné d’un univers; mais pas une fois, au cours de sa vie humaine avant le jour où Jean le baptisa, il n’usa, si peu que ce soit, de ce pouvoir ni ne suivit les directives de personnalités célestes, sauf celles de son ange gardien. Nous, qui en témoignons, nous savons de quoi nous parlons. LU 128:1.9.
Après son baptême, il ne vit aucun inconvénient à permettre à ceux qui croyaient sincèrement en lui et à ceux qui le suivaient avec gratitude, de l’adorer. Même quand il luttait contre la pauvreté et travaillait de ses mains pour subvenir aux besoins vitaux de sa famille, il prenait de plus en plus conscience d’être un Fils de Dieu; il savait qu’il était le créateur des cieux et de cette terre même sur laquelle il vivait maintenant son existence humaine. Dans tout le vaste univers qui l’observait, les légions d’êtres célestes savaient également que cet homme de Nazareth était leur Souverain bien-aimé et Créateur-père. Durant toutes ces années, l’univers de Nébadon vécut dans une profonde expectative. Tous les regards célestes convergeaient continuellement sur Urantia — sur la Palestine. LU 128:1.13.
Cette année-là, ses périodes de profonde méditation furent souvent interrompues par l’intrusion de Ruth et ses camarades de jeux. Jésus était toujours prêt à remettre à plus tard ses réflexions sur son futur travail pour le monde et l’univers afin de partager la joie enfantine et l’allégresse de ces jeunes, qui ne se lassaient pas de l’entendre raconter les aventures de ses divers voyages à Jérusalem. Ils aimaient aussi beaucoup ses histoires sur les animaux et la nature.
Les enfants étaient toujours bienvenus à l’atelier de réparations. Jésus mettait du sable, des blocs de bois et des cailloux à côté de l’atelier, et des bandes de gosses accouraient là pour s’amuser. Quand ils étaient fatigués de leurs jeux, les plus intrépides venaient jeter un coup d’œil dans l’atelier et, si le patron n’était pas trop occupé, ils s’enhardissaient à entrer en disant: « Oncle Joshua, sors et raconte-nous une grande histoire. » Alors ils le faisaient sortir en le tiraillant par la main jusqu’à ce qu’il soit assis sur sa pierre favorite près de l’angle de l’atelier, avec les enfants assis par terre en demi-cercle autour de lui. Combien ce petit monde s’amusait avec l’oncle Joshua ! Ils apprenaient à rire, et à rire de bon cœur. Un ou deux des plus petits avaient l’habitude de grimper sur les genoux de Jésus et de s’y asseoir en suivant d’un regard admiratif les expressions de son visage pendant qu’il racontait ses histoires. Les enfants aimaient Jésus, et Jésus aimait les enfants.
Il était difficile à ses amis de comprendre l’étendue de ses activités intellectuelles et la manière dont il pouvait si soudainement et si complètement passer des profondes discussions sur la politique, la philosophie et la religion à l’enjouement et à la joyeuse gaieté de ces bambins de cinq à dix ans. Au fur et à mesure que ses propres frères et sœurs grandissaient, il avait plus de loisirs et, avant la venue au monde de la troisième génération, il prêtait une grande attention à ces tout-petits. Mais il ne vécut pas assez longtemps sur terre pour profiter beaucoup de ses neveux-petits-enfants. LU 128:6.10.
Avant la fin de la semaine de la Pâque, et apparemment par hasard, Jésus rencontra un riche voyageur et son fils, un jeune homme d’environ dix-sept ans. Ces voyageurs venaient des Indes et, comme ils allaient visiter Rome et divers autres points de la Méditerranée, ils avaient combiné d’arriver à Jérusalem pendant la Pâque, espérant trouver quelqu’un qu’ils pourraient engager à la fois comme interprète pour eux deux et comme précepteur pour le fils. Le père insista pour que Jésus consentît à voyager avec eux. Jésus lui parla de sa famille et lui dit qu’il était bien délicat de partir au loin pour presque deux années pendant lesquelles les siens pourraient se trouver dans le besoin. Sur ce, le voyageur venu de l’Orient proposa d’avancer à Jésus le salaire d’une année afin qu’il puisse confier ces fonds à ses amis pour préserver sa famille de la gêne, et Jésus accepta de faire le voyage. . ” LU 129:2.9.
Le but réel de son périple autour du bassin de la Méditerranée était de connaître les hommes. Durant ce voyage, il fut en contact très étroit avec des centaines d’êtres humains. Il rencontra et aima toutes sortes d’hommes, riches et pauvres, puissants et misérables, noirs et blancs, instruits et illettrés, cultivés et ignorants, brutes et spiritualistes, religieux et irréligieux, moraux et immoraux.
Au cours de ce voyage méditerranéen, Jésus franchit de grandes étapes dans sa tâche humaine de dominer le mental matériel et mortel, et son Ajusteur intérieur progressa dans l’ascension et la conquête spirituelle de ce même intellect humain. À la fin de ce circuit, Jésus savait pratiquement — en toute certitude humaine — qu’il était un Fils de Dieu, un Fils Créateur du Père Universel. De plus en plus, son Ajusteur était capable de faire surgir dans le mental du Fils de l’Homme des souvenirs brumeux de son expérience paradisiaque quand il était en association avec son Père divin, bien avant même de partir organiser et administrer cet univers local de Nébadon. Ainsi, petit à petit, l’Ajusteur apporta dans la conscience humaine de Jésus les souvenirs nécessaires de son existence divine antérieure aux diverses époques d’un passé presque éternel. Le dernier épisode de son expérience préhumaine, mis en lumière par l’Ajusteur, fut son entretien d’adieu avec Emmanuel de Salvington, juste avant que Jésus ait fait l’abandon de sa personnalité consciente pour entreprendre son incarnation sur Urantia. L’image de ce dernier souvenir de son existence préhumaine apparut, dans toute sa clarté, dans la conscience de Jésus le jour même de son baptême par Jean dans le Jourdain. LU 129:3.8.
Le Fils de l’Homme expérimenta la vaste gamme des émotions humaines qui s’étendent de la joie magnifique à la douleur profonde. Il était un enfant gai et un être d’une rare bonne humeur; il était aussi « un homme de douleurs connaissant la souffrance ». Dans un sens spirituel, il traversa la vie terrestre du point le plus bas jusqu’au plus haut, du commencement jusqu’à la fin. D’un point de vue matériel, on pourrait croire qu’il évita de vivre les deux extrêmes sociaux de l’existence humaine, mais, au point de vue intellectuel, il se familiarisa pleinement avec l’expérience entière et complète de l’humanité.
Jésus connaît les pensées et les sentiments, les besoins et impulsions des mortels évolutionnaires et ascendants des royaumes, depuis leur naissance jusqu’à leur mort. Il a vécu la vie humaine depuis les débuts de la prise de conscience de soi sur les niveaux physiques, intellectuels et spirituels, en passant par la petite enfance, l’enfance, la jeunesse, la maturité et même jusqu’à l’expérience humaine de la mort. Non seulement il passa par ces périodes humaines et bien connues d’avancement intellectuel et spirituel, mais aussi il expérimenta pleinement ces phases supérieures et plus évoluées d’accord entre l’homme et son Ajusteur, auxquelles si peu de mortels d’Urantia parviennent jamais. Ainsi fit-il, dans sa plénitude, l’expérience de la vie des mortels, non seulement comme on la vit sur votre monde, mais aussi comme elle est vécue sur tous les autres mondes évolutionnaires du temps et de l’espace, même sur les plus élevés et les plus avancés des mondes ancrés dans la lumière et la vie. LU 129:4.4.
Après le travail ardu fourni pour effectuer cette compilation des enseignements religieux du monde au sujet du Père du Paradis, Ganid s’occupa de formuler ce qu’il estimait être un résumé des croyances auxquelles il était parvenu à la suite des enseignements de Jésus. Le jeune homme avait pris l’habitude d’appeler ces croyances « notre religion », et voici son exposé:
« Le Seigneur notre Dieu est un Seigneur unique, et vous devriez l’aimer de toute votre pensée et de tout votre cœur en faisant de votre mieux pour aimer tous ses enfants comme vous vous aimez vous-mêmes. Ce Dieu unique est notre Père céleste en qui toutes choses subsistent et qui habite, par son esprit, dans toute âme humaine sincère. Nous, qui sommes les enfants de Dieu, nous devrions apprendre à lui confier la garde de notre âme comme à un Créateur fidèle. Avec notre Père céleste, toutes choses sont possibles. Il en est nécessairement ainsi, puisqu’il a créé toutes les choses et tous les êtres. Bien que nous ne puissions voir Dieu, nous pouvons le connaître. En vivant quotidiennement la volonté du Père qui est aux cieux, nous pouvons le révéler à nos semblables.
Les divines richesses du caractère de Dieu doivent être infiniment profondes et éternellement sages. Nous ne pouvons découvrir Dieu par la connaissance, mais nous pouvons le connaître dans notre cœur par expérience personnelle. Bien que sa justice dépasse nos facultés de divination, sa miséricorde peut être reçue par les êtres les plus humbles de la terre. Alors que le Père remplit l’univers, il vit aussi dans notre cœur. Le mental de l’homme est humain, mortel, mais son esprit est divin, immortel. Dieu n’est pas seulement infiniment puissant, mais aussi infiniment sage. Si nos parents terrestres, dont les tendances naturelles sont mauvaises, savent aimer leurs enfants et leur donner de bonnes choses, combien plus le bienfaisant Père céleste doit-il savoir aimer sagement ses enfants terrestres et leur octroyer les bénédictions qui leur conviennent.
Le Père céleste ne laissera pas périr un seul enfant de la terre si cet enfant a le désir de le trouver et cherche ardemment à être semblable à lui. Notre Père aime même les méchants et il est toujours bon pour les ingrats. Si seulement les êtres humains étaient plus nombreux à connaître la bonté de Dieu, ils seraient certainement conduits à se repentir de leur mauvaise ligne de conduite et à renoncer à tous les péchés connus. Toutes les bonnes choses proviennent du Père de lumière, en qui ne se trouvent ni mutabilité ni ombre de changement. L’esprit du vrai Dieu est dans le cœur de l’homme. Dieu cherche à ce que tous les hommes soient frères. Quand les hommes commencent à chercher Dieu, c’est la preuve que Dieu les a trouvés et qu’ils sont à la recherche de connaissances à son sujet. Nous vivons en Dieu et Dieu habite en nous.
Je ne me satisferai plus de croire que Dieu est le Père de tout mon peuple; dorénavant, je croirai qu’il est aussi mon Père. J’essaierai toujours d’adorer Dieu grâce à l’Esprit de Vérité qui est mon aide quand je suis réellement parvenu à connaître Dieu. Mais avant tout je pratiquerai le culte de Dieu en apprenant à faire sa volonté sur terre, c’est-à-dire que je ferai de mon mieux pour traiter chacun de mes compagnons mortels exactement comme je pense que Dieu aimerait le voir traité. Quand nous vivons ainsi dans la chair, nous pouvons demander bien des choses à Dieu; il satisfera le désir de notre cœur afin que nous soyons d’autant mieux préparés à servir nos compagnons. Tout ce service affectueux des enfants de Dieu accroît nos aptitudes à recevoir et à éprouver les joies du ciel, les plaisirs supérieurs du ministère de l’esprit du ciel. » LU 131:10.1.
Un homme riche, citoyen romain et stoïcien, vint à beaucoup s’intéresser aux enseignements de Jésus, à qui il avait été présenté par Angamon. Après plusieurs entretiens particuliers, ce riche citoyen demanda à Jésus ce qu’il ferait d’une fortune s’il la possédait, et Jésus lui répondit: « Je consacrerais la richesse matérielle à élever le niveau de la vie matérielle, de même que j’offrirais ma connaissance, ma sagesse et mes services spirituels pour enrichir la vie intellectuelle, ennoblir la vie sociale et faire progresser la vie spirituelle. J’administrerais les biens matériels comme un sage et efficace dépositaire des ressources d’une génération pour le profit et l’ennoblissement des générations suivantes. »
Cependant l’homme riche ne fut pas entièrement satisfait de la réponse de Jésus et s’enhardit à demander de nouveau: « Mais que crois-tu qu’un homme dans ma position devrait faire de sa fortune ? Dois-je la garder ou la distribuer ? » Et, lorsque Jésus se rendit compte que cet homme désirait réellement mieux connaître la vérité au sujet de sa fidélité envers Dieu et de ses devoirs envers les hommes, il développa sa réponse en lui disant: « Mon bon ami, je discerne que tu cherches sincèrement la sagesse et que tu aimes honnêtement la vérité; je suis donc disposé à t’exposer mon point de vue sur la solution de tes problèmes concernant les responsabilités de la fortune. Je le fais parce que tu m’as demandé conseil et, en te donnant cet avis, je ne m’occupe de la fortune d’aucun autre homme riche. Je ne donne ces conseils qu’à toi, et pour ta gouverne personnelle. Si tu désires honnêtement considérer ta fortune comme un dépôt, si tu souhaites réellement devenir un gérant sage et efficace de tes capitaux accumulés, alors je te conseille de faire l’analyse suivante des sources de tes richesses. Demande-toi, en faisant de ton mieux pour trouver la réponse honnête, d’où elles viennent ? Pour t’aider à analyser l’origine de ta grande fortune, je suggèrerais que tu gardes présentes à la mémoire les dix méthodes différentes suivantes pour amasser des biens matériels:
- La fortune héritée — les richesses provenant des parents et autres ancêtres.
- La fortune découverte — les richesses tirées des ressources inexploitées de la terre nourricière.
- La fortune commerciale — les richesses obtenues comme bénéfice équitable dans l’échange et le troc des biens matériels.
- La fortune injuste — les richesses tirées de l’exploitation inéquitable de ses semblables ou de leur réduction à l’esclavage.
- La fortune des intérêts — le revenu tiré des possibilités de rendement juste et équitable des capitaux investis.
- La fortune due au génie — les richesses récompensant les dons créatifs et inventifs du mental humain.
- La fortune fortuite — les richesses tirées de la générosité de ses semblables ou prenant origine dans les circonstances de la vie.
- La fortune volée — les richesses obtenues par injustice, malhonnêteté, vol ou fraude.
- Les fonds en dépôt — la fortune placée entre tes mains par tes semblables pour un usage spécifique présent ou futur.
- La fortune gagnée — les richesses tirées directement de ton propre travail personnel, la juste et équitable rémunération de tes propres efforts quotidiens, mentaux et physiques. » LU 132:5.1.
Alors Ganid s’écria: « Maître, instituons, toi et moi, une nouvelle religion qui soit assez bonne pour l’Inde et assez grande pour Rome; peut-être pourrons-nous l’apporter aux Juifs en échange de Yahweh ». Jésus répondit: « Ganid, les religions des hommes ne s’instituent pas. Elles se développent au cours de longues périodes de temps, tandis que les révélations de Dieu éclatent comme des éclairs sur terre dans la vie des hommes qui révèlent Dieu à leurs semblables ». Mais ni Gonod ni Ganid ne comprirent la signification de ces paroles prophétiques.
Cette nuit-là, après s’être couché, Ganid ne put dormir. Il parla longuement à son père et finit par dire: « Tu sais, père, je crois parfois que Joshua est un prophète. » Et son père répondit seulement d’un ton somnolent: « Mon fils, il y en a d’autres. » LU 132:7.6.
Enfin arriva le jour de la séparation. Ils furent tous courageux, spécialement le garçon, mais ce fut une rude épreuve. Ils avaient les larmes aux yeux, mais du courage dans le cœur. En prenant congé de son maître, Ganid dit « Adieu, Maître, mais pas pour toujours. Quand je reviendrai à Damas, je te chercherai. Je t’aime, car je crois que le Père qui est aux cieux doit un peu te ressembler; au moins, je sais que tu ressembles beaucoup à ce que tu m’as raconté de lui. Je me rappellerai ton enseignement, mais c’est toi surtout que je n’oublierai jamais. » Quant à Gonod, il dit: « Adieu à un grand éducateur, à un Maître qui nous a rendus meilleurs et nous a aidés à connaître Dieu. » Et Jésus répondit: « Que la paix soit sur vous, et puisse la bénédiction du Père qui est aux cieux demeurer toujours avec vous. » Jésus se tint debout sur le rivage et regarda la petite barque les emmener vers le bateau à l’ancre. Le Maître quitta ainsi ses amis hindous à Charax, pour ne plus jamais les revoir en ce monde. Eux non plus, ici-bas, ne surent jamais que l’homme apparu plus tard comme Jésus de Nazareth était l’ami même qu’ils venaient de quitter — Joshua leur instructeur. LU 133:9.4.
La paix ne viendra pas sur Urantia avant que chaque nation dite souveraine n’abandonne son pouvoir de faire la guerre entre les mains d’un gouvernement représentatif de toute l’humanité. La souveraineté politique est innée chez les peuples du monde. Quand tous les peuples d’Urantia créeront un gouvernement mondial, ils auront le droit et le pouvoir de le rendre SOUVERAIN. Et, quand une telle puissance mondiale représentative ou démocratique contrôlera les forces terrestres, aériennes et navales du monde, la paix sur terre et la bonne volonté parmi les hommes pourront prévaloir — mais pas avant cela. LU 134:5.12.
Il y aura des guerres et des rumeurs de guerres — une nation s’élèvera contre une nation — tant que la souveraineté politique du monde sera divisée et injustement détenue par un groupe d’États nationaux. L’Angleterre, l’Écosse et le Pays de Galles furent constamment en guerre les uns contre les autres jusqu’au jour où ils abandonnèrent leurs souveraineté respectives en les confiant au Royaume-Uni. LU 134:6.3.
Urantia ne jouira pas d’une paix durable avant que les nations dites souveraines ne remettent intelligemment et pleinement leurs pouvoirs souverains à la fraternité des hommes — au gouvernement de l’humanité. L’internationalisme — les ligues des nations — est impuissant à amener une paix permanente parmi les hommes. Les confédérations mondiales de nations empêcheront efficacement les guerres mineures et contrôleront acceptablement les petites nations, mais elles ne réussiront ni à empêcher les guerres mondiales, ni à contrôler les trois, quatre ou cinq gouvernements les plus puissants. En face de conflits réels, l’une de ces puissances mondiales se retirera de la Ligue et déclarera la guerre. On ne peut empêcher les nations de se lancer dans la guerre tant qu’elles restent contaminées par le virus illusoire de la souveraineté nationale. L’internationalisme est un pas dans la bonne direction. Une force de police internationale empêchera bien des guerres mineures, mais elle sera inefficace pour empêcher les guerres majeures, les conflits entre les grands gouvernements militaires de la terre. LU 134:5.10.
La paix mondiale ne saurait être maintenue par des traités, par la diplomatie, par des politiques étrangères, par des alliances ou des équilibres de puissances ni par tout autre type d’expédient jonglant avec la souveraineté du nationalisme. Il faut faire éclore la loi mondiale et la faire appliquer par un gouvernement mondial — par la souveraineté de toute l’humanité.
Sous un gouvernement mondial, les individus jouiront d’une liberté beaucoup plus étendue. Aujourd’hui, les citoyens des grandes puissances sont taxés, réglementés et contrôlés d’une manière presque oppressive. Une grande partie des immixtions actuelles dans les libertés individuelles disparaîtra quand les gouvernements nationaux seront disposés, en matière d’affaires internationales, à confier leur souveraineté à un gouvernement général de la planète. LU 134:6.9.
Un après-midi de fin d’été, au milieu des arbres et du silence de la nature, Micaël de Nébadon gagna la souveraineté indiscutée de son univers. Ce jour-là, il paracheva la tâche imposée aux Fils Créateurs de vivre pleinement une vie incarnée dans la similitude de la chair mortelle sur les mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Cet accomplissement capital ne fut pas annoncé à l’univers avant son baptême, quelques mois plus tard, mais prit réellement place ce jour-là sur la montagne. Quand Jésus descendit de son séjour sur le mont Hermon, la rébellion de Lucifer dans Satania et la sécession de Caligastia sur Urantia étaient pratiquement réglées. Jésus avait payé le prix ultime exigé de lui pour obtenir la souveraineté de son univers. Ce qui, en soi, règle le statut de tous les rebelles et détermine que tout soulèvement de cet ordre (s’il s’en produit jamais) pourra être traité sommairement et efficacement. En conséquence, on peut voir que ce qu’on a coutume de nommer la « grande tentation » de Jésus eut lieu quelque temps avant son baptême et non immédiatement après. LU 134:8.9.
Juste avant le repos de midi, Jésus déposa ses outils, enleva son tablier de travail et annonça simplement aux trois ouvriers travaillant dans la même pièce que lui: « Mon heure est venue. » Il alla trouver ses frères Jacques et Jude en répétant: « Mon heure est venue — allons voir Jean. » Ils partirent immédiatement pour Pella en mangeant leur déjeuner en cours de route. C’était le dimanche 13 janvier. Ils s’arrêtèrent pour la nuit dans la vallée du Jourdain et arrivèrent le lendemain vers midi sur les lieux où Jean donnait le baptême. LU 135:8.3.
Absorbé par les détails du baptême rapide d’un aussi grand nombre de convertis, Jean ne leva pas les yeux pour voir Jésus avant que le Fils de l’Homme ne fût en face de lui. Lorsque Jean reconnut Jésus, il interrompit les cérémonies pendant un moment tandis qu’il saluait son cousin dans la chair et lui demandait: « Mais pourquoi descends-tu dans l’eau pour me saluer ? » Jésus répondit: « Pour me soumettre à ton baptême. » Jean répliqua: « Mais c’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi. Pourquoi viens-tu à moi ? » Jésus lui murmura: « Supporte de me baptiser maintenant, car il convient que nous donnions cet exemple à mes frères qui se tiennent ici avec moi, et aussi pour que les gens puissent savoir que mon heure est venue. »
Jésus avait parlé péremptoirement et avec autorité. Jean tremblait d’émotion en se préparant à baptiser Jésus de Nazareth dans le Jourdain, à midi, ce 14 janvier de l’an 26. C’est ainsi que Jean baptisa Jésus et ses deux frères Jacques et Jude; et, quand Jean les eut baptisés tous les trois, il renvoya les autres postulants en annonçant qu’il reprendrait les baptêmes le lendemain, à midi. Tandis que les gens s’en allaient, les quatre hommes encore debout dans l’eau entendirent un son étrange. Bientôt une apparition se montra quelques instants, immédiatement au- dessus de la tête de Jésus, et ils entendirent une voix qui disait: « Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir. » Un grand changement se produisit dans l’expression du visage de Jésus. Sortant de l’eau en silence, il prit congé d’eux et se dirigea vers les collines de l’est. Nul ne le revit pendant quarante jours. LU 135:8.5.
Lorsque Jésus de Nazareth descendit dans le Jourdain pour être baptisé, il était un mortel du royaume ayant atteint le pinacle de l’ascension évolutionnaire humaine pour tout ce qui concernait la conquête du mental et l’identification de soi avec l’esprit. Il se tenait, ce jour-là, dans le Jourdain comme un homme accompli des mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Un parfait synchronisme et une pleine communication s’étaient établis entre le mental humain de Jésus et son Ajusteur esprit intérieur, le don divin de son Père du Paradis. Depuis l’ascension de Micaël à la souveraineté de son univers, un Ajusteur exactement du même ordre habite tous les êtres normaux vivant sur Urantia, sauf que, dans le cas de Jésus, son Ajusteur avait été préparé auparavant à cette mission spéciale en habitant similairement Machiventa Melchizédek, un autre suprahumain incarné dans la similitude de la chair mortelle.
Ordinairement, quand la personnalité d’un mortel du royaume atteint d’aussi hauts niveaux de perfection, on voit se produire les phénomènes préliminaires d’élévation spirituelle qui se terminent, en fin de compte, par la fusion définitive de l’âme mûrie du mortel avec son divin Ajusteur associé. Un tel changement aurait apparemment dû se produire dans l’expérience de la personnalité de Jésus de Nazareth le jour même où il descendit dans le Jourdain avec ses deux frères pour être baptisé par Jean. Cette cérémonie était l’acte final de sa vie purement humaine sur Urantia, et beaucoup d’observateurs suprahumains s’attendaient à être témoins de la fusion de l’Ajusteur avec le mental qu’il habitait, mais ils allaient tous être déçus. Quelque chose de nouveau et d’encore plus grandiose se produisit. Tandis que Jean imposait les mains sur Jésus pour le baptiser, l’Ajusteur intérieur prit définitivement congé de l’âme humaine devenue parfaite de Joshua ben Joseph. Quelques instants plus tard, cette entité divine revint de Divinington en tant qu’Ajusteur Personnalisé et chef de ses semblables dans tout l’univers local de Nébadon. Jésus put ainsi observer son propre esprit divin antérieur redescendant vers lui sous forme personnalisée, et il entendit alors ce même esprit originaire du Paradis prendre la parole et dire: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon plaisir. » Jean, ainsi que les deux frères de Jésus, entendirent également ces paroles. Les disciples de Jean, se tenant au bord de l’eau, n’entendirent pas ces mots et ne virent pas non plus l’apparition de l’Ajusteur Personnalisé. Seuls les yeux de Jésus l’aperçurent. LU 136:2.2.
Tandis qu’il errait à l’aventure, dans les montagnes, à la recherche d’un abri favorable, Jésus rencontra le chef administratif de son univers, Gabriel, la Radieuse Étoile du Matin de Nébadon. Gabriel rétablit alors ses communications personnelles avec le Fils Créateur de l’univers; c’était leur premier contact direct depuis que Micaël avait pris congé de ses associés sur Salvington en partant pour Édentia en vue de se préparer à l’effusion sur Urantia. Par ordre d’Emmanuel et sous l’autorité des Anciens des Jours d’Uversa, Gabriel donna maintenant à Jésus des renseignements indiquant que son expérience d’effusion sur Urantia était pratiquement achevée, dans la mesure où elle concernait l’acquisition de la parfaite souveraineté de son univers et la fin de la rébellion de Lucifer. La souveraineté avait été atteinte le jour de son baptême quand la personnalisation de son Ajusteur démontra la perfection et le parachèvement de son effusion dans la similitude de la chair mortelle. La fin de la rébellion était devenue un fait historique le jour où Jésus était descendu du mont Hermon à la rencontre de Tiglath, le jeune garçon qui l’attendait. Sur la foi des plus hautes autorités de l’univers local et du superunivers, Jésus fut ensuite informé que son travail d’effusion était achevé, dans la mesure où il affectait son statut personnel par rapport à la souveraineté et à la rébellion. Il avait déjà reçu cette assurance, directement du Paradis, par sa vision baptismale et par le phénomène de la personnalisation de son Ajusteur de Pensée intérieur. LU 136:3.4.
Jésus dépeignit à tous les mondes de son vaste univers, la folie de créer des situations artificielles dans le dessein de faire montre d’une autorité arbitraire, ou encore de se laisser aller à se servir d’un pouvoir exceptionnel en vue de rehausser des valeurs morales ou d’accélérer des progrès spirituels. Jésus décida qu’au cours de sa mission terrestre, il ne se prêterait pas à répéter la déception du règne des Macchabées. Il refusa de prostituer ses attributs divins à l’acquisition d’une popularité imméritée ou à un gain de prestige politique. Il ne voulut pas sanctionner la transmutation d’énergie divine et créative en puissance nationale ou en prestige international. Jésus de Nazareth refusa tout compromis avec le mal, et encore plus toute association avec le péché. Le Maitre plaça triomphalement la fidélité à la volonté de son Père au-dessus de toute autre considération terrestre et temporelle. LU 136:8.8.
On ne peut guère s’imaginer ce qui se serait passé sur Urantia si cet homme-Dieu, désormais potentiellement investi de tout pouvoir dans le ciel et sur terre, s’était décidé à déployer une fois l’étendard de la souveraineté, à disposer en ordre de bataille ces légions opérant des prodiges ! Mais il refusa le compromis. Il ne voulait pas servir le mal en laissant supposer que l’adoration de Dieu puisse en résulter. Il resterait fidèle à la volonté du Père. Il proclamerait à un univers qui l’observait: « Vous adorerez le Seigneur votre Dieu, et vous ne servirez que lui seul. » LU 136:9.3
Par ces décisions, Jésus donna un noble exemple, pour toutes les personnes de tous les mondes d’un vaste univers, en refusant de faire usage d’épreuves matérielles comme preuves dans des problèmes spirituels, en refusant de défier présomptueusement les lois naturelles. Et, quand il refusa de s’emparer du pouvoir temporel comme prélude à la gloire spirituelle, il donna un exemple inspirant de loyalisme universel et de noblesse morale. LU 136:9.9
Philippe fit alors signe au groupe de rester sur place, tandis qu’il courait annoncer sa décision à son ami Nathanael, resté en arrière sous le murier et réfléchissant à tout ce qu’il avait entendu, au sujet de Jean le Baptiste, du royaume à venir et du Messie attendu. Philippe fit irruption dans cette méditation en s’écriant: « J’ai trouvé le Libérateur, celui dont Moïse et les prophètes ont parlé et que Jean a proclamé. » Nathanael leva les yeux et s’enquit: « D’où vient ce maitre ? » Et Philippe répliqua: « C’est Jésus de Nazareth, le fils de Joseph, le charpentier, venu plus récemment demeurer à Capharnaüm. » Alors Nathanael, quelque peu choqué, demanda: « Une chose aussi bonne peut-elle sortir de Nazareth ? » Philippe, le prenant par le bras, dit: « Viens et vois. »
Philippe conduisit Nathanael à Jésus, qui regarda en face avec bienveillance cet homme sincère qui doutait et dit: « Voici un véritable Israélite en qui il n’y a pas de fausseté. Suis-moi. » Nathanael se tourna vers Philippe et dit: « Tu as raison. Il est en vérité un conducteur d’hommes. Je le suivrai aussi si j’en suis digne. » Jésus fit un signe de tête affirmatif à Nathanael et répéta: « Suis-moi. LU 137:2.6. Jean 1:45-49
Marie n’avait pas été aussi joyeuse depuis des années. Elle se rendit à Cana dans l’état d’esprit d’une reine-mère allant assister au couronnement de son fils. Depuis que Jésus avait eu treize ans, jamais sa famille et ses amis ne l’avaient vu aussi insouciant et heureux, aussi prévenant et compréhensif des voeux et désirs de ses compagnons, aussi touchant de sympathie. Ils chuchotaient donc par petits groupes, se demandant ce qui allait arriver. Quel serait le prochain acte de cet étrange personnage ? Comment inaugurerait-il la gloire du royaume à venir ? Et ils étaient tous surexcités à l’idée qu’ils allaient être présents pour assister à la révélation de la puissance et du pouvoir du Dieu d’Israël. LU 137:3.7.
Pendant bien des années, Marie s’était toujours tournée vers Jésus pour être aidée dans chacune des crises de leur vie de famille à Nazareth, de sorte qu’elle avait tout naturellement pensé à lui dans les circonstances présentes. Mais cette mère ambitieuse avait encore d’autres raisons pour faire appel à son fils ainé en cette occasion. Jésus se tenait seul dans un coin du jardin. Sa mère s’approcha de lui et dit: « Mon fils, ils n’ont plus de vin. » Et Jésus répondit: « Ma bonne mère, en quoi cela me concerne-t-il ? » Marie dit: « Mais je crois que ton heure est venue. Ne peux-tu nous aider ? » Jésus répliqua: « De nouveau, je déclare que je ne suis pas venu pour agir de cette manière. Pourquoi me déranges-tu encore avec de pareilles affaires ? » Alors, fondant en larmes, Marie le supplia: « Mais, mon fils, je leur ai promis que tu nous aiderais. Ne veux-tu, s’il te plaît, faire quelque chose pour moi ? » Et Jésus dit alors: « Femme, pourquoi te permets-tu de faire de telles promesses ? Veille à ne pas recommencer. En toutes choses, il faut que nous servions la volonté du Père qui est aux cieux. »
Marie, la mère de Jésus, fut accablée; elle était abasourdie ! Tandis qu’elle se tenait immobile devant lui et qu’un flot de larmes coulait sur son visage, le cœur humain de Jésus fut ému d’une profonde compassion pour la femme qui l’avait porté dans son sein. Il se pencha vers elle, posa tendrement sa main sur sa tête et lui dit: « Allons, allons, Maman Marie, ne te chagrine pas de mes paroles apparemment dures. Ne t’ai-je pas dit maintes fois que je suis venu uniquement pour faire la volonté de mon Père céleste ? Je ferais avec joie ce que tu me demandes si cela faisait partie de la volonté du Père. » Et Jésus s’arrêta court. Il hésitait. Marie parut avoir le sentiment qu’il se produisait quelque chose. Se relevant d’un bond, elle jeta ses bras autour du cou de Jésus, l’embrassa et se précipita dans la salle des serviteurs en leur disant: « Quoi que mon fils vous dise, faites-le. » Mais Jésus ne dit rien. Il se rendait maintenant compte qu’il en avait déjà trop dit — ou plutôt qu’il avait trop désiré en pensée.
Marie dansait de joie. Elle ne savait pas comment le vin serait produit, mais elle croyait fermement avoir finalement persuadé son fils premier-né d’affirmer son autorité, d’oser se mettre en avant pour réclamer la place qui lui revenait et faire montre de son pouvoir messianique. À cause de la présence et de l’association de certaines puissances et personnalités de l’univers, totalement ignorées de tous les convives, elle ne devait pas être déçue. Le vin que Marie désirait et que Jésus, l’homme-Dieu, souhaitait humainement par sympathie, était en route.
Il y avait, à proximité, six jarres de pierre remplies d’eau et contenant une centaine de litres chacune. Cette eau était destinée à servir dans les cérémonies finales de purification de la célébration du mariage. L’agitation des serviteurs autour de ces énormes récipients de pierre, sous la direction active de sa mère, attira l’attention de Jésus. Il s’approcha et vit qu’ils en tiraient du vin à pleins brocs.
Jésus se rendait graduellement compte de ce qui était arrivé. De toutes les personnes présentes aux noces de Cana, c’est lui qui fut le plus surpris. Les autres s’attendaient tous à le voir accomplir un prodige, mais c’était précisément ce qu’il avait l’intention de ne pas faire. Alors, le Fils de l’Homme se souvint de l’avertissement de son Ajusteur de Pensée Personnalisé, dans les collines. Il se rappela comment l’Ajusteur l’avait prévenu que nulle puissance ou personnalité ne pouvait le priver de sa prérogative de créateur qui le rendait indépendant du temps. En cette occasion, des transformateurs de pouvoir, des médians et toutes les autres personnalités utiles étaient assemblés près de l’eau et des autres matériaux nécessaires; en face du souhait exprimé par le Souverain Créateur de l’Univers, l’apparition immédiate de vin était inéluctable. La certitude de cet évènement était doublée par le fait que l’Ajusteur Personnalisé avait signifié que l’exécution du désir du Fils ne contrevenait en aucune manière à la volonté du Père. LU 137:4.8 Jean 2:3-10.
Jésus comprit alors qu’il devait se tenir constamment sur ses gardes, de crainte qu’en se laissant trop aller à la compassion et à la pitié, il ne devienne responsable d’autres incidents de cet ordre. Néanmoins, bien des évènements similaires se produisirent avant que le Fils de l’Homme eût quitté définitivement sa vie mortelle dans la chair. LU 137:4.17.
Cette nuit-là, Jésus ne dormit pas. S’enveloppant dans ses couvertures, il alla s’asseoir au bord du lac en réfléchissant, et il réfléchit jusqu’à l’aube du lendemain. Au cours des longues heures de cette nuit de méditation, Jésus en vint à comprendre clairement qu’il ne pourrait jamais amener ses disciples à le voir sous un autre jour que celui du Messie longtemps attendu. Enfin, il reconnut qu’il n’y avait pas moyen de lancer son message au sujet du royaume autrement qu’en accomplissant la prédiction de Jean et en tant que celui que les Juifs cherchaient. Après tout, bien qu’il ne fût pas le Messie du type davidique, il représentait vraiment l’accomplissement des prophéties des clairvoyants les plus spirituellement orientés de jadis. Jamais plus il ne nia formellement qu’il était le Messie. Il décida de laisser à la volonté du Père le soin de débrouiller, en fin de compte, cette situation compliquée. LU 137:5.3.
Au cours du dîner, la joie des convives s’éleva à un haut diapason d’allégresse; tout le monde s’en donnait tellement à cœur joie que les observateurs pharisiens commencèrent à critiquer Jésus dans leur cœur pour sa participation à une distraction aussi frivole. Plus tard dans la soirée, au moment des discours, l’un des pharisiens parmi les plus malveillants alla jusqu’à faire des critiques à Pierre sur la conduite de Jésus en disant: « Comment oses-tu enseigner que cet homme est juste, puisqu’il mange avec des publicains et des pécheurs, et prête ainsi sa présence à de pareilles scènes d’insouciance dans les plaisirs. » Pierre répéta cette critique à voix basse à Jésus avant qu’il ne prononçât la bénédiction de départ sur les hôtes assemblés. Lorsque Jésus commença à parler, il dit: « En venant ici ce soir pour accueillir Matthieu et Simon dans notre communauté, je suis heureux de constater votre allégresse et vos bonnes dispositions sociales, mais vous devriez vous réjouir encore plus de ce que beaucoup d’entre vous entreront dans le royaume de l’esprit qui vient et où vous jouirez plus abondamment des bonnes choses du royaume des cieux. Quant à ceux qui se tiennent autour de nous en me critiquant dans leur cœur parce que je suis ici pour me divertir avec ces amis, laissez-moi dire que je suis venu proclamer la joie aux opprimés de la société et la liberté aux captifs moraux. Est-il nécessaire de vous rappeler que les bien- portants n’ont pas besoin d’un médecin, mais plutôt les malades ? Je suis venu non pour appeler les justes, mais les pécheurs. »
C’était réellement un spectacle étrange pour toute la société juive que de voir un homme de caractère droit et de sentiments nobles se mêler librement et joyeusement aux gens du peuple, et même à une foule irréligieuse de pécheurs avérés et de publicains à la recherche du plaisir. Simon Zélotès désirait faire un discours à cette réunion chez Matthieu, mais André, sachant que Jésus ne voulait pas que le royaume à venir fût confondu avec le mouvement des zélotes, obtint de Simon qu’il s’abstînt de faire des commentaires en public. LU 138:3.6 Matt. 9:10-13.
Ce fut alors que Jésus institua le jour de congé du milieu de la semaine pour le repos et la récréation. Ils poursuivirent ce plan de détente, un jour par semaine, durant le reste de la vie matérielle de Jésus. En règle générale, ils ne vaquaient pas à leurs occupations régulières le mercredi. Durant ce jour de congé hebdomadaire, Jésus avait l’habitude de se retirer en les laissant seuls et en disant: « Mes enfants, allez vous distraire durant une journée. Reposez-vous des travaux ardus du royaume et jouissez du délassement que procure le retour à vos anciennes vocations ou la découverte de nouvelles sortes d’activités récréatives. » Durant cette période de sa vie terrestre, Jésus n’avait pas réellement besoin de ce jour de repos, mais il se conformait à ce plan parce qu’il le savait meilleur pour ses associés humains. Jésus était l’éducateur — le Maître. Ses compagnons étaient ses élèves — des disciples. LU 138:6.2.
Jésus s’efforça d’établir clairement, pour ses apôtres, la différence entre ses enseignements et sa vie parmi eux d’une part, et les enseignements qui pourraient ultérieurement surgir à son propos d’autre part. Jésus leur dit: « Mon royaume et l’évangile qui s’y rapporte seront l’essentiel de votre message. Ne vous laissez pas entraîner à prêcher à propos de moi ou à propos de mes enseignements.
Proclamez l’évangile du royaume et décrivez ma révélation du Père qui est aux cieux, mais ne déviez pas dans des voies détournées en créant des légendes ou en bâtissant un culte consacré à des croyances et à des enseignements à propos de mes croyances et enseignements. » Mais, de nouveau, les disciples ne comprirent pas ses raisons de parler ainsi, et nul n’osa lui demander pourquoi il les instruisait de la sorte. LU 138:6.3.
Jésus leur raconta alors la venue de Jean, le baptême dans le Jourdain, les noces de Cana, le récent choix des six et la mise à l’écart de ses propres frères dans la chair. Il les prévint que l’ennemi du royaume chercherait aussi à les écarter. Après ce bref mais sérieux entretien, tous les apôtres se levèrent, sous la conduite de Pierre, pour proclamer leur dévotion impérissable à leur Maitre et promettre leur fidélité indéfectible au royaume — selon l’expression de Thomas, « à ce royaume à venir, quel qu’il soit, même si je ne le comprends pas pleinement ». Ils croyaient tous en Jésus sincèrement, bien qu’ils ne comprissent pas entièrement son enseignement. LU 138:7.3.
Jésus expliqua clairement à ses apôtres la différence entre la repentance par les soi-disant bonnes œuvres, comme l’enseignaient les Juifs, et le changement mental par la foi — la nouvelle naissance — qu’il exigeait comme prix d’admission au royaume. Il enseigna à ses apôtres que la foi est la seule condition nécessaire pour entrer dans le royaume du Père. Jean leur avait enseigné « la repentance — à fuir la colère à venir ». Jésus enseignait que « la foi est la porte ouverte pour entrer dans l’amour de Dieu présent, parfait et éternel ». Jésus ne parlait pas comme un prophète venu proclamer la parole de Dieu. Il semblait parler de lui-même comme quelqu’un ayant autorité. Jésus cherchait à détourner leur mental de la recherche des miracles vers la découverte d’une expérience réelle et personnelle dans la satisfaction et l’assurance de la présence intérieure de l’esprit d’amour de Dieu et de sa grâce salvatrice. LU 138:8.8 Matt. 3:7 Luc 3:7.
Les disciples apprirent de bonne heure que le Maître avait un profond respect et une estime compatissante pour chaque être humain qu’il rencontrait. Ils étaient prodigieusement impressionnés par la considération uniforme et invariable qu’il accordait si constamment à toutes sortes d’hommes, de femmes et d’enfants. Il s’arrêtait au milieu d’un profond exposé pour sortir sur la route et dire quelques mots d’encouragement à une passante chargée du fardeau de son corps et de son âme. Il s’interrompait au milieu d’une importante conférence avec ses apôtres pour fraterniser avec un enfant importun. Rien ne semblait jamais aussi important à Jésus que l’humain individuel qui se trouvait en sa présence immédiate. Il était maître et instructeur, mais plus encore — il était aussi un ami et un proche, un camarade compréhensif. LU 138:8.9.
Le charme et la droiture de la vie terrestre de Jésus comportent un éloquent témoignage: bien qu’il n’eût cessé de briser les espoirs de ses apôtres et de mettre en pièces chacune de leurs ambitions d’élévation personnelle, il ne fut abandonné que par un seul d’entre eux.
Les apôtres apprirent beaucoup de Jésus sur le royaume du ciel, et Jésus apprit beaucoup d’eux sur le royaume des hommes, sur la nature humaine telle qu’elle existe sur Urantia et sur les autres mondes évolutionnaires du temps et de l’espace. Ces douze hommes représentaient de nombreux types différents de tempéraments humains, et l’instruction ne les avait pas rendus semblables. Beaucoup de ces pêcheurs galiléens avaient une forte ascendance de sang gentil, par suite de la conversion forcée des Gentils de Galilée un siècle auparavant. LU 139:0.1.
« Je vous envoie dans le monde pour annoncer la liberté aux captifs spirituels et la joie aux prisonniers de la crainte, et pour guérir les malades en conformité avec la volonté de mon Père céleste. Quand vous trouverez certains de mes enfants dans la détresse, parlez-leur d’une manière encourageante en disant:
Heureux les pauvres en esprit, les humbles, car les trésors du royaume des cieux sont à eux.
Heureux ceux qui ont faim et soif de droiture, car ils seront rassasiés.
Heureux les débonnaires, car ils hériteront de la terre.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Et dites encore à mes enfants ces paroles supplémentaires de consolation spirituelle et de promesse:
Heureux les affligés, car ils seront consolés. Heureux ceux qui pleurent, car ils recevront l’esprit d’allégresse.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les pacificateurs, car on les appellera fils de Dieu.
Heureux les persécutés à cause de leur droiture, car le royaume des cieux leur appartient. Soyez heureux quand les hommes vous insulteront et vous persécuteront et diront faussement toutes sortes de méchancetés contre vous.
Réjouissez-vous et soyez dans un bonheur extrême, car votre récompense sera grande dans les cieux.
Mes frères, tandis que je vous envoie au-dehors, vous êtes le sel de la terre, un sel ayant un goût de salut. Mais, si ce sel a perdu sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ? Il n’est désormais plus bon à rien d’autre qu’à être jeté et foulé aux pieds par les hommes.
Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Les hommes n’allument pas non plus une chandelle pour la mettre sous un boisseau, mais sur un chandelier; et elle donne de la lumière à tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière brille devant les hommes de telle sorte qu’ils puissent voir vos bonnes œuvres et être amenés à glorifier votre Père qui est aux cieux.
Je vous envoie dans le monde pour me représenter et agir comme ambassadeurs du royaume de mon Père. En allant proclamer la bonne nouvelle, mettez votre confiance dans le Père dont vous êtes les messagers. Ne résistez pas à l’injustice par la force; ne mettez pas votre confiance dans votre vigueur corporelle. Si votre prochain vous frappe sur la joue droite, tendez-lui aussi la gauche. Acceptez l’injustice plutôt que de recourir à la loi entre vous. Occupez-vous avec tendresse et miséricorde de tous ceux qui sont dans le malheur et le besoin.
Je vous le dis: aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, et priez pour ceux qui se servent de vous avec dédain. Faites aux hommes tout ce que vous croyez que je leur aurais fait.
Votre Père qui est aux cieux fait briller le soleil sur les méchants aussi bien que sur les bons; de même, il envoie la pluie sur les justes et les injustes. Vous êtes les fils de Dieu et plus encore, vous êtes maintenant les ambassadeurs du royaume de mon Père. Soyez miséricordieux comme Dieu est miséricordieux et, dans l’éternel futur du royaume, vous serez parfaits, de même que votre Père qui est aux cieux est parfait. » LU 140:3.2.
Les caractères forts ne se forment pas en ne faisant pas le mal, mais plutôt en faisant réellement le bien. Le désintéressement est l’insigne de la grandeur humaine. Les plus hauts niveaux de réalisation de soi sont atteints par l’adoration et le service. La personne heureuse et efficace est motivée par l’amour de bien faire et non par la peur de mal faire. 140:4.6.
Une personne se forme une philosophie efficace de la vie en conjuguant la clairvoyance cosmique avec la somme de ses propres réactions émotionnelles envers son entourage social et économique. Rappelez-vous ceci: les tendances héréditaires ne peuvent pas être fondamentalement modifiées, mais les réactions émotives à ces tendances peuvent être changées. Il est donc possible de modifier la nature morale, d’améliorer le caractère. Dans un caractère fort, les réactions émotives sont intégrées et coordonnées, ce qui produit une personnalité unifiée. Le manque d’unification affaiblit la nature morale et engendre le malheur. LU 140:4.8, Matt. 5:1-16; Luc 6:20-37.
Depuis le Sermon sur la Montagne jusqu’au Discours du Dernier Souper, Jésus apprit à ses disciples à manifester un amour paternel plutôt qu’un amour fraternel. L’amour fraternel consiste à aimer votre prochain comme vous-même, ce qui serait une application adéquate de la « règle d’or »; mais l’affection paternelle exige que vous aimiez vos compagnons mortels comme Jésus vous aime.
Jésus aime l’humanité d’une double affection. Il a vécu sur terre sous une double personnalité — humaine et divine. En tant que Fils de Dieu, il aime les hommes d’un amour paternel — il est leur Créateur, leur Père dans l’univers. En tant que Fils de l’Homme, Jésus aime les mortels comme un frère — il était vraiment un homme parmi les hommes. LU 140:5.1.
Il ne cessa jamais de mettre ses disciples en garde contre la fâcheuse pratique des représailles; il ne tolérait pas l’idée de revanche, de régler ses comptes. Il déplorait que l’on gardât rancune, il rejetait l’idée d’oeil pour oeil, dent pour dent. Il désapprouvait tout le concept de revanche privée et personnelle; il laissait ces questions au gouvernement civil d’une part, et au jugement de Dieu d’autre part.
Il fit bien comprendre aux trois apôtres que ses enseignements s’appliquaient aux individus et non à l’État. Il résuma les instructions qu’il avait données jusque-là sur ces questions de la manière suivante:
« Aimez vos ennemis — rappelez-vous les prétentions morales de la fraternité humaine.
La futilité du mal: un tort ne se redresse pas par une vengeance. Ne commettez pas la faute de combattre le mal avec ses propres armes.
Ayez la foi — ayez confiance dans le triomphe final de la justice divine et de la bonté éternelle. » LU 140:8.5.
Jésus mit fréquemment ses auditeurs en garde contre la cupidité en déclarant que « le bonheur d’un homme ne consiste pas dans l’abondance de ses possessions matérielles ». Il réitérait constamment sa formule: « À quoi sert-il à un homme de gagner le monde entier et de perdre sa propre âme ? » Il ne lança pas d’attaques directes contre la possession des biens, mais il insista sur le fait qu’il est éternellement essentiel de donner priorité aux valeurs spirituelles. Dans ses enseignements ultérieurs, il chercha à corriger beaucoup de points de vue urantiens erronés sur la vie, en racontant de nombreuses paraboles qu’il présenta au cours de son ministère public. Jésus n’eut jamais l’intention de formuler des théories économiques; il savait bien que chaque époque doit élaborer ses propres remèdes aux difficultés existantes. Si Jésus était sur terre aujourd’hui, vivant sa vie incarnée, il décevrait grandement la majorité des hommes et des femmes de bien, pour la simple raison qu’il refuserait de prendre parti dans les débats politiques, sociaux et économiques du jour. Il resterait majestueusement sur la réserve, tout en vous enseignant à perfectionner votre vie spirituelle intérieure de manière à vous rendre infiniment plus compétents pour attaquer la solution de vos problèmes purement humains. LU 140:8.17.
Jésus n’attaqua pas les enseignements des prophètes hébreux ou des moralistes grecs. Le Maître reconnaissait les nombreux éléments valables que ces grands éducateurs représentaient, mais il était descendu sur terre pour enseigner quelque chose de supplémentaire, « la conformité volontaire de la volonté de l’homme à la volonté de Dieu ». Jésus ne cherchait pas simplement à créer des hommes religieux, des mortels entièrement occupés de sentiments religieux et uniquement mus par des impulsions spirituelles. Si vous aviez pu jeter seulement un regard sur lui, vous auriez su qu’il était véritablement un homme de grande expérience dans les choses de ce monde. Les enseignements de Jésus sous ce rapport ont été grossièrement dénaturés et très souvent faussement présentés tout au long des siècles de l’ère chrétienne. Vous vous êtes aussi attachés à des idées déformées sur la mansuétude et l’humilité du Maitre. Le but qu’il recherchait dans sa vie paraît avoir été un magnifique respect de soi. Il recommandait aux hommes de s’humilier uniquement pour leur permettre d’être vraiment grands; le but qu’il visait réellement était une vraie humilité envers Dieu. Il attribuait une grande valeur à la sincérité — au cœur pur. La fidélité était une vertu cardinale dans son évaluation d’un caractère, alors que le courage était l’essence même de ses enseignements. « N’ayez aucune crainte » était son mot de passe, et la patiente endurance était son idéal de la force de caractère. Les enseignements de Jésus constituent une religion de vaillance, de courage et d’héroïsme. C’est précisément pourquoi il choisit, comme représentants personnels, douze hommes du commun, qui étaient en majorité de rudes et virils pêcheurs. LU 140:8.20.
Cet après-midi, les trois apôtres furent choqués de constater que la religion de leur Maître ne prévoyait pas d’introspection spirituelle. Toutes les religions qui ont précédé et suivi l’époque de Jésus, même le christianisme, prévoient soigneusement une introspection religieuse. Ce n’est pas le cas pour la religion de Jésus de Nazareth; sa philosophie de la vie est dépourvue d’introspection religieuse. Le fils du charpentier n’enseigna jamais la formation des caractères, mais leur croissance, déclarant que le royaume des cieux ressemble à un grain de sénevé. Mais Jésus ne dit rien qui puisse proscrire l’analyse de soi comme moyen de prévention contre un égotisme prétentieux. LU 140:8.27.
Le Maître n’offrit pas de solutions pour les problèmes non religieux de son temps ou de tout autre âge ultérieur. Jésus souhaitait développer la clairvoyance spirituelle dans les réalités éternelles et stimuler l’initiative dans l’originalité de la vie. Il s’occupa exclusivement des besoins spirituels sous-jacents et permanents de la race humaine. Il révéla une bonté égale à celle de Dieu. Il exalta l’amour — la vérité, la beauté et la bonté — comme idéal divin et réalité éternelle.
Le Maître vint pour créer chez l’homme un nouvel esprit, une nouvelle volonté — pour lui communiquer une nouvelle capacité de connaître la vérité, d’ éprouver de la compassion et de choisir la bonté — la volonté d’être en harmonie avec la volonté de Dieu, doublée de l’impulsion éternelle de devenir parfait comme le Père qui est aux cieux est parfait. LU 140:8.31.
Les apôtres ne percevaient pas que leur Maître s’occupait de vivre une vie d’inspiration spirituelle pour toutes les personnes de toutes les époques sur tous les mondes d’un vaste univers. Malgré ce que Jésus leur disait de temps en temps, les apôtres ne saisissaient pas l’idée qu’il accomplissait une oeuvre sur ce monde, mais pour tous les autres mondes de son immense création. Jésus vécut sa vie terrestre sur Urantia, non pour établir un exemple de vie temporelle pour les hommes et les femmes de ce monde, mais plutôt pour créer un idéal hautement spirituel et une source d’inspiration pour tous les êtres mortels sur tous les mondes. LU 140:10.3.
Après que Jésus et Matthieu eurent achevé de parler, Simon Zélotès demanda: « Maître, les hommes sont-ils tous fils de Dieu ? » Jésus répondit: « Oui, Simon, tous les hommes sont fils de Dieu, et c’est la bonne nouvelle que vous allez proclamer. » Mais les apôtres ne parvenaient pas à comprendre une telle doctrine qui était pour eux une annonce nouvelle, étrange et stupéfiante. Et c’était à cause de son désir d’inculquer cette vérité à ses disciples que Jésus leur apprenait à traiter tous les hommes comme leurs frères.
En réponse à une question posée par André, le Maître expliqua que la moralité de son enseignement était inséparable de sa manière religieuse de vivre. Il enseignait la moralité non en partant de la nature de l’homme, mais en partant de la relation de l’homme avec Dieu. LU 140:10.7.
Au moment du départ, les apôtres ne virent pas le Maître, et André partit à sa recherche. Il ne tarda pas à le trouver assis dans un bateau sur la plage, et Jésus pleurait. Les douze avaient souvent vu leur Maître à des moments où il semblait triste et ils avaient été témoins de ses brèves périodes de graves préoccupations mentales, mais aucun ne l’avait jamais vu verser des larmes. André fut quelque peu surpris de voir le Maître ainsi affecté au moment de leur départ pour Jérusalem, et il osa s’approcher de Jésus et lui demanda: « En ce grand jour, Maître, au moment où nous allons nous rendre à Jérusalem pour proclamer le royaume du Père, pourquoi pleures-tu ? Qui de nous t’a offensé ? » Et Jésus, revenant avec André vers les douze, lui répondit: « Aucun de vous ne m’a causé de chagrin. Je suis attristé seulement parce qu’aucun membre de la famille de mon père Joseph n’a songé à venir nous souhaiter bon voyage. » À ce moment-là, Ruth était en visite chez son frère Joseph à Nazareth; les autres membres de la famille s’étaient tenus à l’écart par orgueil, déception, incompréhension et mesquine rancune à laquelle ils se laissaient aller parce que leurs sentiments avaient été froissés. LU 141:0.2.
Le Maître déployait une grande sagesse et manifestait une parfaite équité dans tous ses rapports avec ses apôtres, ainsi qu’avec tous ses disciples. Jésus était vraiment un conducteur d’hommes. Il exerçait une grande influence sur ses semblables à cause de la combinaison de charme et de force de sa personnalité. De sa rude vie de nomade sans foyer, il se dégageait une subtile influence de commandement. Il y avait une attirance intellectuelle et un pouvoir d’attraction spirituelle dans sa manière d’enseigner pleine d’autorité, dans sa logique lucide, dans sa force de raisonnement, dans sa clairvoyance sagace, dans la vivacité de son mental, dans son équilibre incomparable et dans sa sublime tolérance. Jésus était simple, viril, honnête et sans peur. Accompagnant toute l’influence physique et intellectuelle manifestée dans la présence du Maitre, il y avait aussi tous les charmes spirituels de l’être désormais attachés à sa personnalité — la patience, la tendresse, la mansuétude, la douceur et l’humilité.
Jésus de Nazareth était vraiment une personnalité vigoureuse et énergique; il était une puissance intellectuelle et une forteresse spirituelle. Non seulement sa personnalité attirait, parmi ses disciples, des femmes enclines à la spiritualité, mais aussi Nicodème, homme instruit et intellectuel, et le hardi soldat romain, le capitaine de garde auprès de la croix, qui, après avoir assisté aux derniers moments du Maître, dit: « En vérité, c’était un Fils de Dieu. » Et les robustes et rudes pêcheurs Galiléens l’appelaient Maître.
Les portraits de Jésus ont été fort malencontreux. Ces tableaux peints du Christ ont exercé une influence nuisible sur la jeunesse. Les marchands du temple n’auraient guère fui devant Jésus s’il avait été un homme tel que vos artistes le dépeignent généralement. Il avait une nature humaine pleine de dignité; il était bon, mais naturel. Jésus ne posait pas au mystique doux, agréable, gentil et aimable. Son enseignement avait un dynamisme galvanisant. Non seulement la bonté animait ses intentions, mais il parcourait le pays en faisant réellement le bien. LU 141:3.4.
Jésus revint bien des fois sur ce thème durant l’éducation des douze. À maintes reprises, il leur répéta qu’il ne désirait pas voir ceux qui croyaient en lui devenir dogmatiques et uniformisés conformément aux interprétations religieuses, même des gens de bien. Il ne cessa de mettre ses apôtres en garde contre l’élaboration de credo et l’établissement de traditions comme moyen de guider et de contrôler les croyants dans l’évangile du royaume. LU 141:5.4.
Vers la fin de la dernière semaine à Amathus, Simon Zélotès amena à Jésus un certain Téherma, un Persan qui faisait des affaires à Damas. Ayant entendu parler de Jésus, Téherma était venu à Capharnaüm pour le voir. Apprenant que Jésus était parti avec les apôtres pour Jérusalem en descendant le Jourdain, il partit à sa recherche. André avait présenté Téherma à Simon afin qu’il l’instruise. Simon considérait le Persan comme un « adorateur du feu », bien que Téherma ait pris grand soin de lui expliquer que le feu n’était que le symbole visible de l’Être Pur et Saint. Après un entretien avec Jésus, le Persan signifia son intention de rester plusieurs jours à écouter l’enseignement et les prédications.
Quand Simon Zélotès et Jésus furent seuls, Simon demanda au Maître: « Comment se fait-il que je n’aie pas réussi à le persuader ? Pourquoi m’a-t-il tant résisté et t’écoute-t-il si volontiers ? » Jésus répondit: « Simon, Simon, combien de fois t’ai-je recommandé de t’abstenir de tout effort pour retirer quelque chose du cœur de ceux qui cherchent le salut ? Combien souvent je t’ai dit de ne travailler que pour faire pénétrer quelque chose dans ces âmes assoiffées. Conduis les hommes dans le royaume, et ensuite les grandes vérités vivantes du royaume ne tarderont pas à éliminer toute erreur sérieuse. Une fois que tu as annoncé à un mortel la bonne nouvelle que Dieu est son Père, tu peux d’autant plus facilement le persuader qu’il est en réalité un fils de Dieu. Ayant fait cela, tu as apporté la lumière du salut à un être plongé dans les ténèbres. Simon, la première fois que le Fils de l’Homme est venu vers toi, a-t-il condamné Moïse et les prophètes pour proclamer une nouvelle et meilleure manière de vivre ? Non. Je ne suis pas venu pour enlever ce que vous tenez de vos ancêtres, mais pour vous montrer la vision complète de ce que vos pères n’ont vu qu’en partie. Donc, Simon, va enseigner et prêcher le royaume, et, quand tu y auras conduit un homme sain et sauf, alors il sera temps, s’il vient vers toi avec des questions, de lui communiquer un enseignement relatif à l’avancement progressif de l’âme à l’intérieur du royaume divin. »
Simon fut étonné par ces paroles, mais fit ce que Jésus lui avait recommandé, et Téherma le Persan compta au nombre de ceux qui entrèrent dans le royaume. LU 141:6.1.
Les apôtres commençaient à reconnaître l’amitié spontanée de Jésus. Bien que le Maître fut d’un abord facile, il vivait toujours indépendamment de tous les êtres humains et au-dessus d’eux. Jamais il ne fut dominé, même un instant, par une influence purement terrestre, ni sujet à la fragilité du jugement humain. Il ne prêtait aucune attention à l’opinion publique et il ne se laissait pas influencer par les louanges. Il s’interrompait rarement pour corriger des malentendus ou pour s’offenser d’une présentation erronée des faits. Il ne demanda jamais conseil à personne; il ne réclama jamais de prières.
Jacques s’étonnait de la manière dont Jésus semblait voir la fin dès le commencement. Le Maître paraissait rarement surpris. Il n’était jamais agité, vexé ou déconcerté. Il ne présenta jamais d’excuses à personne. Il était parfois attristé, mais jamais découragé. LU 141:7.12.
« Je suis venu dans ce monde pour faire la volonté de mon Père et pour révéler, à toute l’humanité, son caractère aimant. Cela, mes frères, c’est ma mission, et cette chose-là, je la ferai sans me soucier que mes enseignements risquent d’être mal compris par les Juifs et les Gentils de notre époque ou d’une autre génération. Il ne devrait pas vous échapper que même l’amour divin a ses disciplines sévères. L’amour d’un père pour son fils oblige souvent le père à mettre un frein aux activités malencontreuses de son rejeton étourdi. L’enfant ne comprend pas toujours les motifs sages et affectueux de la discipline restrictive du père. Mais je vous déclare que mon Père au Paradis gouverne effectivement un univers d’univers par le pouvoir contraignant de son amour. L’amour est la plus grande de toutes les réalités spirituelles. La vérité est une révélation libératrice, mais l’amour est la relation suprême. Quelles que soient les bévues de vos contemporains dans l’administration actuelle de leur monde, l’évangile que je vous proclame gouvernera ce même monde dans un âge à venir. Le but ultime du progrès humain consiste à reconnaître respectueusement la paternité de Dieu et à matérialiser avec amour la fraternité des hommes.
Qui vous a dit que mon évangile était destiné seulement à des esclaves et à des débiles ? Vous, mes apôtres choisis, ressemblez-vous à des débiles ? Jean avait-il une apparence chétive ? Remarquez-vous que je sois esclave de la peur ? Il est vrai que l’évangile est prêché aux pauvres et aux opprimés de cette génération. Les religions de ce monde les ont négligés, mais mon Père ne fait pas acception de personnes. En outre, les pauvres d’aujourd’hui sont les premiers à prêter attention à l’appel à la repentance et à accepter la filiation. L’évangile du royaume doit être prêché à tous les hommes — Juifs et Gentils, Grecs et Romains, riches et pauvres, libres et esclaves — et également aux jeunes et aux vieux, aux hommes et aux femmes.
Parce que mon Père est un Dieu d’amour et se réjouit de pratiquer la miséricorde, ne vous imprégnez pas de l’idée que le service du royaume doit être d’une facilité monotone. L’ascension au Paradis est la suprême aventure de tous les temps, le rude accomplissement de l’éternité. Le service du royaume sur terre fera appel à toute la courageuse virilité que vous et vos collaborateurs pourrez rassembler. Beaucoup d’entre vous seront mis à mort à cause de votre fidélité à l’évangile de ce royaume. Il est facile de mourir au champ de bataille, dans une guerre matérielle, quand votre courage est renforcé par la présence de vos camarades de combat, mais il faut une forme supérieure et plus profonde de courage humain et de dévouement pour sacrifier sa vie, calmement et tout seul, pour l’amour d’une vérité enchâssée dans votre cœur de mortel.
Aujourd’hui les incroyants peuvent vous reprocher avec mépris de prêcher un évangile de non-résistance et de vivre une vie de non-violence, mais vous êtes les premiers volontaires d’une longue lignée de croyants sincères à l’évangile de ce royaume, qui étonneront toute l’humanité par leur consécration héroïque à ces enseignements. Aucune armée n’a jamais déployé plus de courage et de bravoure que vous et vos loyaux successeurs n’en montreront en allant proclamer au monde entier la bonne nouvelle — la paternité de Dieu et la fraternité des hommes. Le courage de la chair est la forme inférieure de bravoure. La bravoure mentale est un type plus élevé de courage humain, mais la bravoure supérieure et suprême est une fidélité intransigeante aux convictions éclairées concernant les réalités spirituelles profondes. Un tel courage constitue l’héroïsme des hommes qui connaissent Dieu. Or, vous êtes tous des hommes qui connaissez Dieu; vous êtes même, en toute vérité, les associés personnels du Fils de l’Homme. » LU 143:1.4.
En vérité, en vérité, je vous le dis, quiconque commande sa propre personnalité est plus grand que celui qui s’empare d’une ville. La maîtrise de soi est la mesure de la nature morale d’un homme et l’indice de son développement spirituel. Dans l’ancien ordre, vous pratiquiez le jeûne et la prière. En tant que nouvelle créature de la re-naissance de l’esprit, vous apprenez à croire et à vous réjouir. Dans le royaume du Père, vous deviendrez de nouvelles créatures; les anciennes choses doivent disparaître; voici, je vous montre comment toutes choses doivent devenir nouvelles. Par votre amour réciproque, vous allez convaincre le monde que vous êtes passés de l’esclavage à la liberté, de la mort à la vie éternelle.
« Par l’ancienne voie, vous cherchez à supprimer, à obéir et à vous conformer à des règles de vie; par la nouvelle voie, vous êtes d’abord transformés par l’Esprit de Vérité et, par là même, fortifiés dans la profondeur de votre âme par le constant renouvellement spirituel de votre mental; vous êtes, alors, doués du pouvoir d’accomplir avec certitude et joie la gracieuse, acceptable et parfaite volonté de Dieu. Ne l’oubliez pas — c’est votre foi personnelle dans les promesses extrêmement grandes et précieuses de Dieu qui vous garantit de recevoir en partage la nature divine. Ainsi, par votre foi et la transformation de l’esprit, vous devenez en réalité les temples de Dieu, et son esprit habite réellement en vous. Si donc l’esprit demeure en vous, vous n’êtes plus des esclaves liés à la chair, mais des fils de l’esprit, libres et affranchis. La nouvelle loi de l’esprit vous dote de la liberté due à la maîtrise de soi, qui remplace l’ancienne loi de la peur d’être esclave de soi et de l’esclavage du renoncement à soi. » LU 143:2.3.
Mais Nalda devait tenter encore un effort pour éluder la discussion du problème embarrassant de sa propre vie sur terre et du statut de son âme devant Dieu. Une fois de plus, elle recourut à des questions générales sur la religion en disant: « Oui, je sais, Seigneur, que Jean a prêché au sujet de la venue du ‘Convertisseur’, celui que l’on appellera le Libérateur, et que, lors de sa venue, il nous annoncera toutes choses » —. Interrompant Nalda, Jésus lui dit avec une assurance impressionnante: « Moi, qui te parle, je suis celui-là. »
Ceci était la première proclamation directe, positive et franche de sa nature et filiation divine que Jésus ait faite sur terre. Et elle fut faite à une femme, à une Samaritaine, et à une femme dont la réputation était jusqu’alors douteuse aux yeux des hommes. Mais l’œil divin voyait plus, en cette femme, une victime du péché des autres qu’une pécheresse volontaire; elle était maintenant une âme humaine qui désirait le salut; elle le souhaitait sincèrement et de tout cœur, et cela suffisait. LU 143:5.7.
Les apôtres n’étaient pas encore satisfaits; ils désiraient que Jésus leur donne une prière modèle qu’ils puissent enseigner aux nouveaux disciples. Après avoir écouté ce discours sur la prière, Jacques Zébédée dit: « Très bien, Maître, mais c’est moins pour nous que nous désirons une forme de prière que pour les nouveaux croyants qui nous demandent si souvent: Apprenez-nous à adresser des prières acceptables au Père qui est aux cieux. »
Lorsque Jacques eut fini de parler, Jésus dit:
« Si donc vous désirez encore une telle prière, je vous offrirai celle que j’ai apprise à mes frères et sœurs à Nazareth. Notre Père, qui es aux cieux, Que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne; que ta volonté soit faite Sur terre comme elle l’est au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain pour demain; Rafraîchis nos âmes avec l’eau de la vie. Et pardonne à chacun de nous ses offenses Comme nous avons pardonné à ceux qui nous ont offensés. Sauve-nous dans la tentation, délivre-nous du mal, Et rends-nous de plus en plus parfaits comme toi-même. » LU 144:3.1. Matt. 6:7-13; Luc 11:1-4
Tard dans la soirée de vendredi, Ruth, la plus jeune sœur de Jésus, lui rendit secrètement visite. Ils passèrent presque une heure ensemble dans un bateau ancré à courte distance du rivage. Nul être humain, sauf Jean Zébédée, ne connut jamais cette visite, et le Maître lui recommanda de n’en parler à personne. Ruth était le seul membre de la famille de Jésus qui ait cru, avec constance et sans défaillance, à la divinité de la mission terrestre de son frère, dès sa première prise de conscience spirituelle et tout au long du ministère mouvementé de Jésus, de sa mort, de sa résurrection et de son ascension. Finalement, elle passa dans les mondes de l’au-delà sans avoir jamais douté du caractère surnaturel de la mission incarnée de son frère-père. En ce qui concerne sa famille terrestre, la petite Ruth fut la principale consolation de Jésus durant les cruelles épreuves de son jugement, de son rejet et de sa crucifixion. LU 145:0.3.
Ce sabbat fut un grand jour dans la vie terrestre de Jésus, et même dans la vie d’un univers. À tous égards, en ce qui concernait l’univers local, la petite ville juive de Capharnaüm fut alors la véritable capitale de Nébadon. La poignée de Juifs dans la synagogue de Capharnaüm ne représentait nullement les seuls êtres qui entendirent cette proclamation capitale clôturant le sermon de Jésus: « La haine est l’ombre de la peur; la vengeance est le masque de la lâcheté. » Les auditeurs ne purent jamais oublier non plus ses paroles bénies proclamant que « l’homme est le fils de Dieu, et non un enfant du diable. » LU 145:3.4.
Parmi tous les êtres stupéfaits par cette explosion soudaine et inattendue de guérison surnaturelle, Jésus fut le plus surpris. À un moment où sa sympathie et son intérêt humains étaient centrés sur la scène de souffrance et d’affliction étalée devant lui, il avait négligé de garder présents à sa pensée humaine les avertissements de son Ajusteur Personnalisé au sujet du temps. L’Ajusteur l’avait averti que, sous certaines conditions et dans certaines circonstances, il était impossible de limiter l’élément temps dans les prérogatives créatrices d’un Fils Créateur. Jésus désirait voir ces malades rendus bien portants si cela n’était pas contraire à la volonté de son Père. L’Ajusteur Personnalisé de Jésus décida instantanément qu’un tel acte d’énergie créative accompli à ce moment-là ne transgresserait pas la volonté du Père du Paradis. Par cette décision — compte tenu de l’expression préalable du désir de guérison de Jésus — l’acte créatif fut. Ce qu’un Fils Créateur désire et que son Père veut, EST. Dans toute la vie ultérieure de Jésus sur terre, jamais plus une telle guérison physique massive de mortels n’eut lieu. LU 145:3.11.
« Il est exact que le mal est dans la nature des hommes, mais ils ne sont pas nécessairement pécheurs. La nouvelle naissance — le baptême de l’esprit — est essentielle pour être délivré du mal et nécessaire pour entrer dans le royaume des cieux, mais rien de cela n’infirme le fait que l’homme est fils de Dieu. La présence inhérente du mal potentiel ne signifie pas non plus que, d’une manière mystérieuse, l’homme soit séparé du Père qui est aux cieux, de sorte qu’il doive, en tant qu’étranger ou enfant d’un autre mariage, chercher de quelque manière à se faire adopter légalement par le Père. Toutes ces notions sont nées, en premier lieu, de votre mauvaise compréhension du Père, et, en second lieu, de votre ignorance sur l’origine, la nature et la destinée des hommes. » LU 148:4.8.
« Mais, mon fils, tu devrais savoir que le Père n’afflige pas délibérément ses enfants. L’homme attire inutilement sur lui-même des afflictions par suite de son refus persistant de marcher dans les voies meilleures de la volonté divine. Les afflictions sont potentiellement contenues dans le mal, mais une grande partie d’entre elles résultent du péché et de l’iniquité. Bien des évènements anormaux se sont produits sur ce monde, et il n’est pas étonnant que tous les hommes qui réfléchissent soient perplexes devant les scènes de souffrance et d’affliction dont ils sont témoins. Vous pouvez toutefois être certains d’une chose, c’est que le Père n’envoie pas d’affliction à titre de châtiment arbitraire pour de mauvaises actions. Les imperfections et les handicaps du mal sont inhérents au mal lui-même; la punition des péchés est inévitable; les conséquences destructrices de l’iniquité sont inexorables. Les hommes ne doivent pas blâmer Dieu pour des maux résultant naturellement de la vie qu’ils ont choisi de vivre; ils ne devraient pas non plus se plaindre des expériences qui font partie de la vie telle qu’elle est vécue sur ce monde. Le Père veut que les mortels travaillent avec persévérance et logique au perfectionnement de leur état sur terre. Une application intelligente devrait permettre aux hommes de triompher d’une grande partie de leurs misères sur terre. LU 148:5.3.
Nathanael, notre mission consiste à aider les hommes à résoudre leurs problèmes spirituels et à vivifier ainsi leur mental pour qu’ils soient mieux préparés et incités à s’occuper de résoudre leurs multiples problèmes matériels. Je sais que vous êtes embarrassés après avoir lu les Écritures. La tendance a trop souvent prévalu d’attribuer à Dieu la responsabilité de tout ce que les ignorants n’ont pas réussi à comprendre. Le Père n’est pas personnellement responsable de tout ce que vous ne comprenez pas. Ne doutez pas de l’amour du Père simplement parce qu’une loi juste et sage de ses ordonnances vous afflige pour avoir involontairement ou délibérément transgressé une ordonnance divine. » LU 148:5.4.
Jésus fit ensuite l’exposé final suivant: « Le Père qui est aux cieux n’afflige pas volontairement les enfants des hommes. Les hommes souffrent en premier lieu des accidents du temps et des imperfections du mal attachés à une existence physique encore dépourvue de maturité. En second lieu, ils souffrent des conséquences inexorables du péché — de la transgression des lois de la lumière et de la vie. Finalement, les hommes récoltent la moisson de leur propre persistance inique dans la rébellion contre la juste souveraineté du ciel sur la terre, mais leurs misères ne sont pas infligées personnellement par le jugement divin. Les hommes peuvent faire et feront beaucoup pour diminuer leurs souffrances temporelles.
Sois délivré une fois pour toutes de la superstition que Dieu afflige les hommes sur ordre du malin. Étudie le Livre de Job simplement pour découvrir le nombre d’idées fausses sur Dieu que même des hommes de bien peuvent concevoir sincèrement; ensuite, remarque comment Job, même douloureusement éprouvé, trouva le Dieu de consolation et de salut malgré ces enseignements erronés. À la fin, sa foi perça les nuages de la souffrance pour discerner la lumière de la vie répandue par le Père en tant que miséricorde curative et droiture éternelle. » LU 148:6.11, Lam. 3:33.
Le trait le plus étonnant et le plus révolutionnaire de la mission terrestre de Micaël fut son attitude envers les femmes. À une époque et dans une génération où il était malséant pour un homme de saluer en public même sa propre femme, Jésus osa emmener des femmes pour enseigner l’évangile en liaison avec sa troisième tournée de prédication en Galilée. Et il eut le courage suprême de le faire en dépit de l’enseignement rabbinique qui proclamait: « Mieux vaut brûler les paroles de la loi que de les remettre à des femmes. »
En une seule génération, Jésus fit sortir les femmes d’un oubli irrespectueux et les libéra des corvées serviles des âges primitifs. C’est à la honte de la religion qui osa se qualifier du nom de Jésus, de n’avoir pas eu le courage moral de suivre ce noble exemple dans son attitude ultérieure envers les femmes. LU 149:2.8.
« Simon, certaines personnes sont par nature plus heureuses que d’autres. Cela dépend beaucoup, vraiment beaucoup, de la bonne volonté de l’homme à se laisser conduire et diriger par l’esprit du Père qui vit en lui. N’as-tu pas lu dans les Écritures ces paroles du sage: ‘L’esprit de l’homme est la lampe du Seigneur scrutant tout son domaine intérieur’ ? Et aussi que ces mortels ainsi guidés par l’esprit disent: ‘Les cordeaux sont tombés sur moi en des lieux agréables; oui, un bon héritage m’est échu.’ ‘Le peu que possède un juste vaut mieux que les richesses de beaucoup de méchants ', car’ un homme de bien tirera sa satisfaction de lui-même '. ‘Un cœur joyeux donne de l’allégresse; il est une fête continuelle. Mieux vaut un peu de biens avec le respect du Seigneur qu’un grand trésor accompagné d’ennuis. Mieux vaut un repas de légumes avec de l’amour qu’un bœuf gras accompagné de haine. Mieux valent de petites ressources avec droiture que de grands revenus sans rectitude.’ ‘Un cœur joyeux fait du bien comme un médicament.’ ’ Mieux vaut posséder une poignée de grains avec quiétude qu’une surabondance de biens avec des chagrins et des vexations d’esprit. ’
Les chagrins des hommes proviennent, en grande partie, de leurs ambitions déçues et des blessures infligées à leur orgueil. Les hommes se doivent à eux- mêmes de mener aussi bien que possible leur vie sur terre, mais, lorsqu’ils ont fait de sincères efforts dans ce sens, ils devraient accepter gaiement leur sort et faire montre d’ingéniosité pour tirer le meilleur parti de ce qui leur est échu. Une trop grande partie des difficultés des hommes tire son origine de la profonde peur instinctive de leur cœur. ‘Le méchant s’enfuit alors que nul ne le poursuit.’ Les méchants ressemblent à une mer agitée, car elle ne peut se reposer, mais ses eaux rejettent de la boue et de la vase; il n’y a pas de paix, dit Dieu, pour les méchants.
Ne recherchez donc pas une paix trompeuse et des joies temporaires, mais plutôt l’assurance de la foi et la sécurité de la filiation divine, qui donnent la quiétude, le contentement et la joie suprême dans l’esprit. » LU 149:5.2. Prov.20:27; Ps.16:6; Ps.37:16; Prov.14:14; Prov.15:13; Prov.16:8; Prov.17:22; Eccl.4:6; Prov.28:1; Isa.57:20.
« Vos ancêtres craignaient Dieu parce qu’il était puissant et mystérieux. Vous l’adorerez parce qu’il est magnifique en amour, généreux en miséricorde et glorieux en vérité. La puissance de Dieu fait naître la peur dans le coeur humain, mais la noblesse et la droiture de sa personnalité engendrent le respect, l’amour et l’adoration spontanée. Un fils affectueux et déférent ne craint ni ne redoute un père, même puissant et noble. Je suis venu dans le monde pour remplacer la peur par l’amour, le chagrin par la joie, la crainte par la confiance, l’esclavage servile et les cérémonies dépourvues de sens par le service affectueux et le culte appréciateur. Il reste cependant vrai, pour ceux qui siègent dans les ténèbres, que ‘la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse.’ Quand la lumière brillera plus pleinement, les fils de Dieu seront amenés à louer l’Infini pour ce qu’il est, plutôt qu’à le craindre pour ce qu’il fait. » LU 149:6.5. Ps.111:10.
« Quand des hommes et des femmes vous demanderont ce qu’il faut faire pour être sauvés, vous répondrez: Croyez à cet évangile du royaume, acceptez le pardon divin. Reconnaissez, par la foi, l’esprit intérieur de Dieu dont l’acceptation vous rend fils de Dieu. N’avez-vous pas lu dans les Écritures les passages disant: ‘Ma justice et ma force résident dans le Seigneur.’ Et aussi ceux où le Père dit: ‘Ma justice est proche, mon salut est manifesté et mes bras entoureront mon peuple.’ ‘Mon âme se réjouira de l’amour de mon Dieu, car il m’a revêtu des vêtements du salut et m’a couvert de la tunique de sa droiture.’ N’avez-vous pas également lu que l’on appellera le Père ‘le Seigneur de notre droiture’ ‘Enlevez les haillons du pharisaïsme et revêtez mon fils de la robe de la justice divine et du salut éternel.’ Il est perpétuellement vrai que ‘le juste vivra par sa foi.’ L’entrée dans le royaume du Père est entièrement libre, mais le progrès — la croissance en grâce— est indispensable pour y rester. » LU 150:5.2.
Jésus se résuma en disant: « On ne peut ni acheter le salut ni gagner la droiture. Le salut est le don de Dieu et la droiture est le fruit naturel de la vie née d’esprit, vie de filiation dans le royaume. Vous ne serez pas sauvés pour avoir vécu une vie de droiture; si vous la vivez, c’est plutôt parce que vous avez déjà été sauvés, parce que vous avez reconnu la filiation comme le don de Dieu et le service dans le royaume comme le délice suprême de la vie terrestre. Quand les hommes croient à cet évangile, qui est une révélation de la bonté de Dieu, ils sont amenés à se repentir volontairement de tous les péchés connus. La réalisation de la filiation est incompatible avec le désir de pécher. Ceux qui croient au royaume ont faim de droiture et soif de perfection divine. » LU 150:5.5.
Il faut faire face aux difficultés de l’univers et aux obstacles rencontrés sur la planète, en les considérant comme une partie de l’éducation expérimentale fournie pour la croissance et le développement (la perfection progressive) des âmes évoluantes des créatures mortelles. La spiritualisation de l’âme exige une expérience intime avec l’acte éducatif de trouver des solutions à un large éventail de problèmes universels réels. La nature animale et les formes inférieures de créatures volitives ne progressent pas bien dans une ambiance trop facile. Les situations problématiques, associées aux impulsions à l’action, font naître les activités mentales, psychiques et spirituelles qui contribuent puissamment à l’accomplissement des buts valables de la progression humaine et à l’aboutissement à des niveaux supérieurs de destinée spirituelle. LU 154:2.5.
La religion de l’esprit signifie effort, lutte, conflit, foi, détermination, amour, loyauté et progrès. La religion du mental — la théologie d’autorité — n’exige de ses croyants officiels que peu ou aucun de ces efforts. La tradition est un refuge sûr et un sentier facile pour les âmes craintives et sans enthousiasme qui évitent instinctivement les luttes spirituelles et les incertitudes mentales accompagnant les aventures audacieuses. Les hommes de foi voyagent en haute mer, sur les océans des vérités inexplorées, à la recherche des rivages lointains des réalités spirituelles susceptibles d’être découvertes par le mental humain progressif et expérimentées par l’âme humaine en évolution. LU 155:5.11.
N’oubliez jamais que la seule aventure plus satisfaisante et plus passionnante que la tentative de découvrir la volonté du Dieu vivant, c’est l’expérience suprême de tâcher honnêtement de faire cette volonté divine. Rappelez-vous toujours que, dans toute occupation terrestre, on peut faire la volonté de Dieu. Il n’y a pas des métiers saints et des métiers laïques. Toutes choses sont sacrées dans la vie de ceux qui sont guidés par l’esprit, c’est-à-dire subordonnés à la vérité, ennoblis par l’amour, dominés par la miséricorde et tempérés par l’équité — par la justice. L’esprit, que mon Père et moi nous enverrons dans le monde, n’est pas seulement l’Esprit de Vérité, mais aussi l’esprit de beauté idéaliste. LU 155:6.11.
Maintenant, ne vous y trompez pas, mon Père répondra toujours à la plus faible lueur de foi. Il prend note des émotions physiques et superstitieuses de l’homme primitif. Et, avec ces âmes honnêtes mais craintives, dont la foi est si faible qu’elle ne représente guère plus qu’un conformisme intellectuel à une attitude passive d’assentiment aux religions d’autorité, le Père est toujours vigilant pour honorer et soutenir même ces faibles tentatives pour l’atteindre. Mais pour vous, qui avez été tirés des ténèbres et appelés dans la lumière, on s’attend que vous croyiez de tout cœur; votre foi dominera les attitudes conjuguées du corps, du mental et de l’esprit.
Vous êtes mes apôtres, et pour vous la religion ne deviendra pas un abri théologique où vous pourriez fuir dans la peur d’affronter les rudes réalités du progrès spirituel et de l’aventure idéaliste. Votre religion deviendra plutôt le fait de l’expérience réelle témoignant que Dieu vous a trouvés, idéalisés, ennoblis et spiritualisés, et que vous vous êtes enrôlés dans l’aventure éternelle de trouver le Dieu qui vous a lui-même ainsi trouvés et pris pour fils. LU 155:6.17.
En entrant dans Sidon, Jésus et ses associés passèrent sur un pont, le premier pont que beaucoup d’entre eux eussent jamais vu. Pendant qu’ils le traversaient, Jésus fit, entre autres, le commentaire suivant: « Ce monde n’est qu’un pont. On peut le traverser, mais il ne faudrait pas songer à bâtir une demeure dessus. » LU 156:2.1.
Jésus prenait grand plaisir au sens aigu de l’humour dont faisaient montre ces Gentils. Ce furent autant le sens de l’humour déployé par Norana, la Syrienne, que sa grande persévérance dans la foi qui touchèrent tellement le cœur du Maître et firent appel à sa miséricorde. Jésus regrettait beaucoup que ses compatriotes — les Juifs — manquassent pareillement d’humour. Il dit une fois à Thomas: « Mes compatriotes se prennent trop au sérieux. Ils ne savent guère apprécier l’humour. La religion ennuyeuse des pharisiens n’aurait jamais pu prendre naissance chez un peuple ayant le sens de l’humour. Les Juifs manquent également de logique; ils filtrent des moucherons et avalent des chameaux. » LU 156:2.8.
Une ambition énergique, un jugement intelligent et une sagesse mûrie sont les facteurs essentiels du succès matériel. Les qualités de chef dépendent de l’aptitude naturelle, de la discrétion, de la puissance volitive et de la détermination. La destinée spirituelle dépend de la foi, de l’amour et de la dévotion à la vérité — faim et soif de droiture — le désir profond de trouver Dieu et d’être semblable à lui.
Ne vous laissez pas décourager par la découverte que vous êtes humains. La nature humaine peut tendre vers le mal, mais n’est pas naturellement pécheresse. Ne soyez pas abattus si vous n’arrivez pas à oublier complètement certaines de vos expériences regrettables. Les fautes que vous ne parvenez pas à oublier dans le temps seront oubliées dans l’éternité. Allégez les fardeaux de votre âme en vous faisant rapidement une conception de votre destinée à longue échéance, de l’expansion de votre carrière dans l’univers. LU 156:5.7.
Le mortel conscient de Dieu est certain d’être sauvé; il ne craint pas la vie; il est loyal et conséquent. Il sait comment supporter courageusement les souffrances inévitables et ne se plaint pas quand il doit affronter des épreuves inéluctables.
Le vrai croyant ne se lasse pas de bien faire, simplement parce qu’il est contrecarré. Les difficultés fouettent l’ardeur des amants de la vérité et les obstacles ne font que mettre au défi les efforts des intrépides bâtisseurs du royaume. LU 156:5.20.
Jésus, resté debout, dit alors aux douze: « Vous êtes mes ambassadeurs choisis, mais je sais qu’en pareilles circonstances, cette croyance ne saurait être le résultat d’une simple connaissance humaine. Cette croyance est une révélation de l’esprit de mon Père au plus profond de vos âmes. Si donc vous faites cette confession par la clairvoyance de l’esprit de mon Père qui habite en vous, je suis amené à proclamer que, sur ce fondement, j’édifierai la fraternité du royaume des cieux. Sur ce roc de réalité spirituelle, je bâtirai le temple vivant de communauté spirituelle dans les réalités éternelles du royaume de mon Père. Toutes les forces du mal et les armées du péché ne prévaudront pas contre cette fraternité humaine de l’esprit divin. Alors que l’esprit de mon Père sera toujours le guide et le mentor divin de tous ceux qui s’engagent dans les liens de cette communauté de l’esprit, à vous et à vos successeurs, je remets maintenant les clefs du royaume extérieur — l’autorité sur les choses temporelles — les facteurs sociaux et économiques de cette association d’hommes et de femmes en tant que membres du royaume. » De nouveau, il leur recommanda de ne dire à personne, pour l’instant, qu’il était le Fils de Dieu. LU 157:4.5.
Il s’était sincèrement efforcé, d’abord en tant qu’instructeur puis en tant qu’instructeur guérisseur, de faire entrer ses disciples dans le royaume spirituel, mais ils n’acceptèrent pas. Jésus savait bien que sa mission terrestre ne pouvait réaliser les espoirs messianiques du peuple juif; les prophètes de jadis avaient décrit un Messie irrémédiablement différent de lui. Jésus cherchait, en tant que Fils de l’Homme, à établir le royaume du Père, mais ses disciples ne voulurent pas se lancer dans cette aventure. Voyant cela, Jésus choisit alors de faire la moitié du chemin à la rencontre de ceux qui croyaient en lui; ce faisant, il se prépara ouvertement à assumer le rôle du Fils d’effusion de Dieu. LU 157:6.6 . Matt.16:15-20.
C’est ainsi que Jésus enseigna les dangers et illustra l’injustice du jugement personnel porté sur votre prochain. Il faut que la discipline soit maintenue et que la justice soit administrée, mais, en toutes matières, la sagesse de la fraternité devrait prévaloir. Jésus conféra l’autorité législative et judiciaire au groupe et non à des individus. Et même cette autorité attribuée au groupe ne doit pas être exercée sous forme personnelle. On risque toujours de voir le verdict d’un individu faussé par des préjugés ou déformé par la passion. Le jugement collectif a plus de chances d’écarter les dangers et d’éliminer l’injustice des préventions personnelles. Jésus chercha toujours à minimiser les facteurs d’injustice, de représailles et de vengeance. LU 159:1.6.
N’ayez pas recours à des tactiques indignes comme celle d’effrayer des hommes et des femmes pour essayer de les faire entrer dans le royaume. Un père aimant n’effraie pas ses enfants pour les faire obtempérer à ses justes exigences. LU 159:3.5.
Vous ne dépeindrez pas votre Maître comme un homme de chagrins. Les générations futures connaîtront aussi le rayonnement de notre joie, l’entrain de notre bonne volonté et l’inspiration de notre bonne humeur. Nous proclamons un message de bonnes nouvelles dont le pouvoir transformateur est contagieux. Notre religion palpite d’une nouvelle vie et de nouvelles significations. Ceux qui acceptent cet enseignement sont remplis de joie, et leur cœur les oblige à se réjouir perpétuellement. Ceux qui ont une certitude au sujet de Dieu font toujours l’expérience d’un bonheur croissant. LU 159:3.10.
Apprenez à tous les croyants à éviter de s’appuyer sur le support incertain de la fausse compassion. On ne peut bâtir un caractère fort en s’apitoyant sur soi- même. Efforcez-vous honnêtement d’éviter l’influence trompeuse de la simple communion dans la misère. Étendez votre sympathie aux braves et aux courageux, sans accorder un excès de pitié aux âmes lâches qui abordent sans enthousiasme les épreuves de la vie. N’offrez pas de consolations à ceux qui se couchent par terre devant les obstacles sans lutter. Ne sympathisez pas avec vos compagnons dans le seul but de recevoir leur sympathie en retour. LU 159:3.11.
Enseignez à tous les croyants que le fait d’entrer dans le royaume ne les immunise pas contre les accidents du temps ni contre les catastrophes ordinaires de la nature. La croyance à l’évangile n’empêchera pas d’avoir des ennuis, mais elle assurera que vous n’aurez pas peur quand les difficultés vous assailliront. Si vous osez croire en moi et si vous vous mettez à me suivre de tout cœur, vous vous engagerez en toute certitude sur le chemin qui mène aux difficultés. Je ne vous promets pas de vous délivrer des eaux de l’adversité, mais ce que je vous promets, c’est de les traverser toutes avec vous. LU 159:3.13.
Mais la plus grande erreur de l’enseignement concernant les Écritures est la doctrine les présentant comme des livres occultes de mystère et de sagesse, que seuls osent interpréter les sages de la nation. Les révélations de la vérité divine ne sont pas scellées, si ce n’est par l’ignorance humaine, la bigoterie et l’intolérance sectaire. La lumière des Écritures n’est affaiblie que par les préjugés et assombrie que par les superstitions. Une fausse peur du sacré a empêché le bon sens de sauvegarder la religion. La peur de l’autorité des écritures sacrées du passé empêche efficacement les âmes honnêtes d’aujourd’hui d’accepter la nouvelle lumière de l’évangile — la lumière que, dans une génération précédente, ces mêmes hommes connaissant Dieu désiraient si intensément voir briller. LU 159:4.9.
Jésus recommanda à ses apôtres d’offrir aussi leur tunique si on leur enlevait injustement leur manteau. Cela ne signifiait pas littéralement qu’il fallait donner un second vêtement; il s’agissait plutôt de l’idée de faire quelque chose de positif pour sauver l’offenseur, au lieu de suivre l’ancien conseil d’user de représailles — « œil pour œil » et ainsi de suite. Jésus abhorrait l’idée des représailles, et celle d’accepter passivement d’être simplement victime des injustices. À cette occasion, il enseigna à ses apôtres trois manières de lutter contre le mal et de lui résister:
Rendre le mal pour le mal — la méthode positive mais injuste.
Supporter le mal sans se plaindre ni résister — la méthode purement négative. Rendre le bien pour le mal, affirmer sa volonté de manière à dominer la situation et à triompher du mal par le bien — la méthode positive et juste.
L’un des apôtres demanda une fois: « Maître, que devrais-je faire si un étranger me force à porter son paquetage pendant une lieue ? » Jésus répondit: « Il ne faut pas t’asseoir en poussant un soupir de soulagement tout en maugréant contre l’étranger. La droiture ne ressort pas de ces attitudes passives. Si rien de plus positif ne te vient à l’idée, tu peux au moins porter le paquetage sur une seconde lieue. Cela mettra certainement au défi l’étranger injuste et impie. » LU 159:5.11. Lév.24:20; Matt.5:41.
Plus la civilisation deviendra complexe, plus l’art de vivre deviendra difficile. Plus les usages sociaux changeront rapidement, et plus la tâche de développer le caractère deviendra compliquée. Pour que le progrès se poursuive, il faut que l’humanité réapprenne, toutes les dix générations, l’art de vivre. Et, si, par leur ingéniosité, les hommes compliquent encore plus rapidement la vie sociale, il faudra réapprendre à maîtriser l’art de vivre à des intervalles plus rapprochés, peut-être à chaque génération. Si l’évolution de l’art de vivre ne progresse pas parallèlement à la technique de l’existence, l’humanité en reviendra rapidement au simple instinct de conservation — à la satisfaction des désirs immédiats. Ainsi, l’humanité restera immature, et la société ne réussira pas à atteindre sa pleine maturité. LU 160:1.3.
Cette pratique d’adoration de votre Maître apporte cette détente qui renouvelle le mental, cette illumination qui inspire l’âme, ce courage qui permet de faire bravement face à ses problèmes, cette compréhension de soi qui supprime la peur débilitante, et cette conscience de l’union avec la divinité, qui procure à l’homme l’assurance lui permettant d’oser être semblable à Dieu. La détente due à l’adoration, la communion spirituelle telle que la pratique le Maître, soulage les tensions, élimine les conflits et accroît puissamment la somme des ressources de la personnalité. Toute cette philosophie, ajoutée à l’évangile du royaume, constitue la nouvelle religion telle que je la comprends. LU 160:1.12.
Mais la vie deviendra un fardeau si vous n’apprenez pas à échouer élégamment. Il y a, dans la défaite, un art que les âmes nobles acquièrent toujours; il faut savoir perdre gaiement et ne pas craindre les déceptions. N’hésitez jamais à admettre un échec. Ne cherchez pas à le cacher sous des sourires trompeurs et un optimisme radieux. Il est de bon ton de toujours prétendre avoir réussi, mais cela se termine par des résultats déplorables. Cette technique aboutit directement à la création d’un monde irréel et à l’effondrement inévitable dans une ultime désillusion. LU 160:4.13.
La carrière d’un homme recherchant Dieu peut se révéler comme une grande réussite à la lumière de l’éternité, même si tout le cours de sa vie temporelle apparaît comme un échec retentissant, pourvu que chaque insuccès ait suscité la culture de la sagesse et l’accomplissement spirituel. Ne commettez pas l’erreur de confondre la connaissance, la culture et la sagesse. Elles sont liées dans la vie, mais représentent des valeurs spirituelles extrêmement différentes. La sagesse domine toujours la connaissance et glorifie toujours la culture. LU 160:4.16.
La religion de Jésus transcende toutes nos conceptions antérieures de l’idée d’adoration, en ce sens que non seulement il décrit son Père comme l’idéal de la réalité infinie, mais aussi qu’il déclare positivement que cette source divine de valeurs et le centre éternel de l’univers sont vraiment et personnellement accessibles à chaque créature mortelle qui choisit d’entrer dans le royaume des cieux sur terre et reconnaît, ainsi, qu’elle accepte la filiation avec Dieu et la fraternité avec l’homme. À mon avis, c’est là, je crois, la plus haute conception de la religion que le monde ait jamais connue, et je proclame qu’il ne peut y en avoir de plus élevée, car cet évangile englobe l’infinité des réalités, la divinité des valeurs et l’éternité des aboutissements universels. Cette conception constitue l’accomplissement de l’expérience de l’idéalisme du suprême et de l’ultime. LU 160:5.7.
Le dernier jour, le grand jour de la fête, tandis que la procession de la piscine de Siloé passait par les cours du temple, et aussitôt après que les prêtres eurent versé sur l’autel l’eau et le vin, Jésus se dressa parmi les pèlerins et dit: « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et boive. J’apporte au monde cette eau de la vie venant du Père céleste. Quiconque me croit sera rempli de l’esprit que cette eau représente, car les Écritures elles-mêmes ont dit: ‘Hors de lui couleront des fleuves d’eau vivante’. Quand le Fils de l’Homme aura achevé son œuvre sur terre, l’Esprit de Vérité vivant sera répandu sur toute chair. Ceux qui recevront cet esprit ne connaîtront jamais la soif spirituelle. » LU 162:6.1. Jean 7:37-39.
Les richesses n’ont pas de rapports directs avec l’entrée dans le royaume des cieux, mais l’amour des richesses en a. L’allégeance spirituelle envers le royaume est incompatible avec la servilité envers le mammon matérialiste. Les hommes ne peuvent partager avec une dévotion matérielle leur fidélité suprême à un idéal spirituel. LU 163:2.10.
Ce fut à ce moment, juste avant de participer au repas du soir, que Jésus éprouva l’un des rares moments d’extase émotionnelle dont ses disciples aient eu l’occasion d’être témoins. Il dit: « Je te remercie, mon Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que l’esprit ait révélé ces gloires spirituelles à ces enfants du royaume, alors que ce merveilleux évangile a été caché aux sages et aux pharisaïques. Oui, mon Père, tu as dû avoir plaisir à faire cela, et je me réjouis de savoir que la bonne nouvelle se répandra dans le monde entier, même après mon retour auprès de toi, quand je me serai remis à l’œuvre que tu m’as donnée à accomplir. Je suis fortement ému quand je réalise que tu es sur le point de remettre toute autorité entre mes mains, que toi seul, tu sais réellement qui je suis et que, moi seul, je te connais réellement ainsi que ceux à qui je t’ai révélé. Quand j’aurai achevé cette révélation à mes frères dans la chair, je la poursuivrai auprès de tes créatures célestes. » LU 163:6.3.
« Ne vend-on pas cinq passereaux pour deux deniers ? Et cependant, quand ces oiseaux volettent à la recherche de leur subsistance, aucun d’eux n’existe à l’insu du Père, source de toute vie. Pour les gardiens séraphiques, les cheveux même de votre tête sont comptés. Si tout cela est vrai, pourquoi devriez-vous vivre dans la crainte de nombreuses vétilles qui émaillent votre vie quotidienne ? Je vous le dis: ne craignez pas, vous valez bien plus que beaucoup de passereaux. » LU 165:3.4. Matt.10:29; Luc 12:6.
« Combien de temps vous attarderez-vous dans la vallée de la décision ? Pourquoi vous arrêtez-vous entre deux opinions ? Pourquoi un Juif ou un Gentil hésiterait- il à accepter la bonne nouvelle qu’il est un fils du Dieu éternel ? Combien de temps nous faudra-t-il pour vous persuader d’entrer joyeusement dans votre héritage spirituel ? Je suis venu dans ce monde pour vous révéler le Père et vous conduire au Père. J’ai exécuté la première partie de ce programme, mais je n’ai pas le droit d’accomplir la seconde sans votre consentement; le Père n’oblige jamais personne à entrer dans le royaume. L’invitation a toujours été et restera toujours la même: si quelqu’un veut entrer, qu’il vienne et partage librement l’eau de la vie. » LU 165:3.8.
« Vous n’êtes qu’un petit groupe, mais, si vous avez la foi, si la peur ne vous fait pas trébucher, je déclare que le bon plaisir de mon Père est de vous donner ce royaume. Vous avez amassé vos trésors à l’endroit où les bourses ne vieillissent pas, où nul voleur ne peut vous dépouiller, où nul mite ne peut détruire. Comme je l’ai dit au peuple, là où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. » LU 165:5.4. Luc 12:32.
« Vos ancêtres ont bien trop longtemps cru que la prospérité était le signe de l’approbation divine, et l’adversité la preuve du déplaisir de Dieu. Je proclame que de telles croyances sont des superstitions. Ne remarquez-vous pas que les pauvres, en bien plus grand nombre que les riches, reçoivent joyeusement l’évangile et entrent immédiatement dans le royaume ? Si les richesses prouvent la faveur divine, pourquoi les riches refusent-ils si souvent de croire à cette bonne nouvelle venant du ciel ?
Le Père fait tomber sa pluie sur les justes et sur les injustes; le soleil éclaire pareillement ceux qui pratiquent la droiture et ceux qui ne la pratiquent pas. Vous avez entendu parler de ces Galiléens dont Pilate a mêlé le sang à celui des sacrifices; je vous dis que ces Galiléens n’étaient pas de plus grands pécheurs que leurs compatriotes simplement parce que c’est à eux que cela est arrivé. Vous connaissez aussi l’histoire des dix-huit hommes tués par la chute de la tour de Siloé. Ne croyez pas que les hommes ainsi anéantis étaient plus coupables que tous leurs frères de Jérusalem. Ils furent simplement d’innocentes victimes d’un accident du temps. » LU 166:4.3. Matt.5:45; Luc 13:1-3.
« En matière de maladie et de santé, vous devriez savoir que ces états physiques résultent de causes matérielles. La santé n’est pas un sourire du ciel, ni la maladie un froncement de sourcils de Dieu.
Les enfants humains du Père sont égaux quant à leur capacité à recevoir des bénédictions matérielles; c’est pourquoi il donne des choses physiques à tous les enfants des hommes sans discrimination. Quand on en vient à l’attribution des dons spirituels, le Père est limité par la capacité de l’homme à recevoir ces dons divins. Bien que le Père ne fasse pas acception de personnes, il est limité, dans l’effusion des dons spirituels, par la foi de l’homme et son désir de se conformer toujours à la volonté du Père. » LU 166:4.10.
Abner s’était arrangé pour que le Maître enseignât dans la synagogue ce jour de sabbat. C’était la première fois que Jésus apparaissait dans une synagogue depuis qu’elles avaient toutes été fermées à son enseignement par ordre du sanhédrin. À la fin du service, Jésus abaissa le regard sur une femme assez âgée, fort abattue et dont le corps était plié en deux. Cette femme était, depuis longtemps, tyrannisée par la peur, et sa vie avait perdu toute joie. Jésus descendit de l’estrade, s’approcha d’elle, toucha à l’épaule son corps courbé et lui dit: « Femme, si seulement tu voulais croire, tu pourrais être entièrement libérée de ton esprit d’infirmité. » Et cette femme, qui avait été courbée et liée depuis plus de dix-huit ans par les dépressions de la peur, crut aux paroles du Maître; elle se redressa immédiatement en vertu de sa foi. Voyant qu’il lui avait été donné de pouvoir se tenir droite, elle éleva la voix et glorifia Dieu. LU 167:3.1. Luc 13:11-13.
Une compagnie de près de cinquante amis et ennemis suivit Jésus sur la route de Judée. Le mercredi, à l’heure du repas de midi, il fit, à ses apôtres et à ce groupe d’accompagnateurs, un exposé sur « Les Conditions du Salut », et, à la fin de cette leçon, il raconta la parabole du pharisien et du publicain (un collecteur de taxes). Jésus dit: « Vous voyez ainsi que le Père donne le salut aux enfants des hommes, et que ce salut est un don gratuit à tous ceux qui ont la foi d’accepter la filiation dans la famille divine. L’homme ne peut rien faire pour gagner ce salut. Les oeuvres du pharisaïsme ne peuvent acheter la faveur de Dieu, et de longues prières en public ne compenseront pas le manque de foi vivante dans le cœur. Vous pouvez tromper les hommes par vos prestations extérieures, mais Dieu scrute votre âme. Ce que je vous dis est bien illustré par l’exemple de deux hommes, un pharisien et un publicain, qui allèrent au temple pour prier. Le pharisien se tint debout et pria en lui-même: ‘O Dieu, je te rends grâces de ne pas ressembler au reste des hommes, qui sont exacteurs, ignorants, injustes et adultères, ni même à ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je donne la dîme de tout ce que j’acquiers.’ Par contre, le publicain se tenait à l’écart et n’osait même pas lever les yeux au ciel; il se frappait la poitrine en disant: ‘O Dieu, sois miséricordieux pour un pécheur comme moi.’ Je vous dis que c’est le publicain qui rentra chez lui avec l’approbation de Dieu, plutôt que le pharisien, car quiconque s’élève sera humilié et quiconque s’humilie sera élevé. » LU 167:5.1. Luc 18:10-14.
Il fut très difficile aux apôtres de comprendre le peu d’empressement du Maître à faire des déclarations positives au sujet des problèmes scientifiques, sociaux, économiques et politiques. Ils ne réalisaient pas tout à fait que sa mission terrestre concernait exclusivement la révélation de vérités spirituelles et religieuses. LU 167:5.6.
Alors, Jésus regarda Marthe droit dans les yeux et dit: « Je suis la résurrection et la vie; quiconque croit en moi vivra, même s’il meurt. En vérité, quiconque vit en croyant en moi ne mourra jamais réellement. Marthe, crois-tu cela ? » Et Marthe répondit au Maître: « Oui, je crois depuis longtemps que tu es le Libérateur, le Fils du Dieu vivant, celui-là même qui doit venir en ce monde. » LU 168:0.7. Jean 11:25.
Ensuite Lazare s’approcha de Jésus et, avec ses sœurs, ils s’agenouillèrent aux pieds du Maître pour rendre grâces et louer Dieu. Jésus prit Lazare par la main et le releva en disant: « Mon fils, ce qui t’est arrivé sera également expérimenté par tous ceux qui croient à cet évangile, sauf qu’ils seront ressuscités sous une forme plus glorieuse. Tu seras un témoin vivant de la vérité que j’ai proclamée — je suis la résurrection et la vie. Allons tous maintenant à la maison prendre de la nourriture pour nos corps physiques. » LU 168:2.7.
C’est en observant la divinité de la vie de Jésus, et non en se basant sur ses enseignements, que l’on apprend à connaître Dieu par Jésus. Dans la vie du Maître, chacun peut assimiler un concept de Dieu représentant la mesure de sa capacité à percevoir les réalités spirituelles et divines, les vérités réelles et éternelles. Le fini ne peut jamais espérer comprendre l’Infini, sauf quand l’Infini a été focalisé dans la personnalité d’espace-temps de l’expérience finie de la vie humaine de Jésus de Nazareth.
Jésus savait bien que Dieu n’est connaissable que par les réalités de l’expérience; on ne peut jamais le comprendre par le seul enseignement du mental. Jésus apprit à ses apôtres qu’ils ne pourraient jamais entièrement comprendre Dieu, mais qu’ils pourraient très certainement le connaître, de même qu’ils avaient connu le Fils de l’Homme. On peut connaître Dieu, non en comprenant ce que Jésus a dit, mais en sachant ce que Jésus était. Jésus était une révélation de Dieu. LU 169:4.3.
Jésus sous forme humaine est dans le domaine spirituel l’équivalent de la lentille en optique, il rend visible à la créature matérielle Celui qui est invisible. Jésus est votre aîné qui, en incarnation, vous fait connaître un Être aux attributs infinis, que les armées célestes elles-mêmes ne peuvent prétendre comprendre complètement. Tout ceci doit consister dans l’expérience personnelle des croyants individuels. C’est seulement en tant qu’expérience spirituelle que l’on peut connaître Dieu, qui est esprit. C’est seulement en tant que Père que le divin Fils des royaumes spirituels peut révéler Dieu aux fils finis des mondes matériels. Vous pouvez connaître l’Éternel en tant que Père, mais vous pouvez l’adorer en tant que Dieu des univers, Créateur infini de toutes les existences. LU 169:4.13.
Jésus pouvait être d’un tel secours aux hommes parce qu’il les aimait sincèrement. Il aimait véritablement chaque homme, chaque femme et chaque enfant. Il pouvait être un véritable ami à cause de sa remarquable perspicacité — il connaissait entièrement le contenu du cœur et du mental de l’homme. Il était un observateur plein d’intérêt et de finesse. Il était expert à comprendre les besoins des hommes et habile à détecter leur désirs.
Jésus n’était jamais pressé. Il avait le temps de réconforter ses semblables « en passant ». Il s’arrangeait toujours pour que ses amis se sentent à l’aise. Il était un auditeur charmant. Il ne tentait jamais de sonder de manière indiscrète l’âme de ses associés. Quand il réconfortait un mental inassouvi et soignait une âme assoiffée, le bénéficiaire de sa miséricorde n’avait pas tellement le sentiment de se confesser à lui, mais plutôt de conférer avec lui. Ils avaient en lui une confiance illimitée parce qu’ils voyaient qu’il avait tellement foi en eux.
Jésus ne semblait jamais faire montre de curiosité envers les gens et ne manifestait jamais le désir de les commander, de les diriger, ou de garder contact par la suite. Il inspirait une profonde confiance en soi et un solide courage à tous ceux qui jouissaient de sa compagnie. Quand il souriait à une personne, celle-ci ressentait une capacité accrue à résoudre ses multiples problèmes. LU 171:7.4.
La plupart des choses réellement importantes que Jésus dit ou fit semblèrent se produire par hasard, « tandis qu’il passait ». Le ministère terrestre du Maître présenta fort peu d’aspects professionnels, bien prévus, ou prémédités. Il dispensa la santé et répandit le bonheur avec naturel et grâce au cours de son voyage à travers la vie. Il était littéralement vrai qu’il « circulait en faisant du bien ».
Dans tous les âges, il sied que les disciples du Maître apprennent à soigner « au passage » — à faire du bien avec désintéressement en vaquant à leurs devoirs quotidiens. LU 171:7.9. Jean 9:1.
Même toi, Thomas, tu ne réussis pas à comprendre ce que j’ai dit. Ne vous ai-je pas constamment enseigné que votre lien avec le royaume est spirituel et individuel, qu’il est entièrement une affaire d’expérience personnelle dans l’esprit, en réalisant, par la foi, que vous êtes fils de Dieu ? Que dirai-je de plus ? La chute des nations, l’effondrement des empires, la destruction des Juifs incroyants, la fin d’un âge, ou même la fin du monde, en quoi ces choses concernent-elles celui qui croit à l’évangile et qui a enfoui sa vie dans la sécurité du royaume éternel ? Vous, qui connaissez Dieu et qui croyez à l’évangile, vous avez déjà reçu les assurances de la vie éternelle. Puisque votre vie a été vécue dans l’esprit et pour le Père, rien ne peut vous inquiéter sérieusement. Les bâtisseurs du royaume, les citoyens accrédités des mondes célestes, ne doivent pas être dérangés par des bouleversements temporels ou perturbés par des cataclysmes terrestres. À vous, qui croyez à cet évangile du royaume, en quoi vous importe-t-il que des nations soient renversées, que l’âge prenne fin, ou que toutes les choses visibles s’effondrent, puisque vous savez que votre vie est le don du Fils, et qu’elle est éternellement en sécurité chez le Père ? Puisque vous avez vécu la vie temporelle par la foi et produit les fruits de l’esprit sous forme de droiture en servant vos semblables avec amour, vous pouvez, avec cette même foi en la survie qui vous a fait traverser sur terre votre première aventure de filiation avec Dieu, envisager avec plaisir et confiance le prochain pas dans la carrière éternelle.
« Chaque génération de croyants devrait poursuivre son travail en prenant en considération le retour possible du Fils de l’Homme, exactement comme chaque croyant poursuit individuellement le travail de sa vie en prenant en considération l’inévitable mort naturelle toujours imminente. Lorsque, par la foi, vous vous êtes établis comme fils de Dieu, rien d’autre n’a d’importance pour la sécurité de la survie. Mais ne vous y trompez pas ! Cette foi, qui assure la survie est une foi vivante manifestant de plus en plus les fruits de cet esprit divin qui l’a inspirée tout d’abord au cœur humain. Le fait que vous ayez autrefois accepté la filiation dans le royaume céleste ne vous sauvera pas si vous rejetez sciemment et obstinément les vérités concernant la fécondité spirituelle progressive des fils de Dieu incarnés. Vous, qui m’avez accompagné dans les affaires terrestres du Père, vous pouvez encore maintenant déserter le royaume si vous constatez que vous n’aimez pas la voie du service du Père pour l’humanité. LU 176:3.2.
À quiconque possède, il sera donné davantage, et il possèdera abondamment; mais, à qui n’a rien, on enlèvera même ce qu’il détient. On ne peut rester stagnant dans les affaires du royaume éternel. Mon Père demande à tous ses enfants de croître en grâce et dans la connaissance de la vérité. Vous, qui connaissez ces vérités, devez produire l’accroissement des fruits de l’esprit et manifester un dévouement croissant au service désintéressé de vos compagnons qui servent avec vous. Souvenez-vous que, dans la mesure où vous servez le plus humble de mes frères, c’est à moi que vous rendez service.
« C’est ainsi que vous devriez vous occuper des affaires du Père, maintenant et désormais, et même éternellement. Persévérez jusqu’à mon retour. Exécutez fidèlement la tâche qui vous est confiée, et vous serez alors prêts pour le règlement de comptes qui accompagne l’appel de la mort. Ayant ainsi vécu pour la gloire du Père et la satisfaction du Fils, vous entrerez avec joie et un plaisir extrême au service éternel du royaume perpétuel. » LU 176:3.5 .
Tandis que Jésus allait prendre le panier du déjeuner des mains de Jean, le jeune homme s’aventura à dire: « Mais, Maître, il pourrait arriver que tu poses le panier par terre pendant que tu t’en vas prier, et qu’ensuite tu l’oublies en poursuivant ton chemin. En outre, si je t’accompagne en portant le déjeuner, tu seras plus libre d’adorer Dieu, et je garderai sûrement le silence. Je ne poserai pas de questions, et je resterai près du panier quand tu iras seul à l’écart pour prier. »
En prononçant ces phrases, dont la témérité étonna certains auditeurs proches, Jean Marc eut l’audace de retenir l’anse. Jean Marc et Jésus étaient là, tenant tous deux le panier. Bientôt, le Maître le lâcha, regarda le garçon et dit: « Puisque de tout ton cœur tu désires ardemment m’accompagner, cela ne te sera pas refusé. Nous partirons seuls ensemble et nous aurons une bonne conversation. Tu pourras me poser toutes les questions qui surgiront dans ton cœur, et nous nous réconforterons et nous consolerons mutuellement. Au commencement, tu porteras le déjeuner et, quand tu seras fatigué, je t’aiderai. Suis-moi. »
Ce soir-là, Jésus ne revint au camp qu’après le coucher du soleil. Le Maître passa sa dernière journée tranquille sur terre à s’entretenir avec ce garçon assoiffé de vérité, et à parler avec son Père du Paradis. Dans les sphères supérieures, on a appelé cet évènement « la journée qu’un jeune homme a passée avec Dieu dans les collines ». Cette occasion donne, pour toujours, l’exemple de la bonne volonté mise par le Créateur à fraterniser avec les créatures. Même un adolescent, si le désir de son cœur est réellement suprême, peut attirer l’attention et jouir de la compagnie affectueuse du Dieu d’un univers; il peut éprouver l’inoubliable extase d’être seul avec Dieu dans les collines, et ce, pendant toute une journée. Telle fut l’extraordinaire expérience de Jean Marc, ce mercredi-là, dans les collines de Judée.
Jésus s’entretint longuement avec Jean, et parla franchement des affaires de ce monde et du monde à venir. Jean Marc dit à Jésus combien il regrettait de n’avoir pas été assez âgé pour être l’un des apôtres. Il exprima sa grande reconnaissance pour avoir eu la permission de suivre constamment le groupe apostolique depuis la première prédication au gué du Jourdain près de Jéricho, sauf pendant le voyage en Phénicie. Jésus avertit le garçon de ne pas se laisser décourager par les évènements imminents et l’assura qu’il deviendrait un puissant messager du royaume.
Jean Marc fut fasciné par le souvenir de cette journée avec Jésus dans les collines, mais il n’oublia jamais la dernière recommandation du Maître. Au moment de retourner au camp de Gethsémani, Jésus lui dit: « Eh bien, Jean, nous avons eu une bonne conversation, un vrai jour de repos, mais veille à ne dire à personne ce que je t’ai raconté. » Et Jean Marc ne révéla rien de ce qui s’était passé au cours de cette journée avec Jésus dans les collines. Pp. 1920-1.
Ce fut vers le milieu de l’après-midi que Nathanael adressa, à une demi douzaine d’apôtres et à autant de disciples, son discours sur le « Désir Suprême », qui se termina comme suit: « Ce qui ne va pas chez la plupart d’entre nous, c’est que nous manquons d’enthousiasme. Nous n’aimons pas le Maître comme il nous aime. Si nous avions tous éprouvé aussi intensément que Jean Marc le désir de l’accompagner, il nous aurait sûrement tous emmenés. Nous sommes restés là à regarder le garçon s’approcher du Maître et lui offrir le panier, mais, quand le Maître l’a pris, le garçon n’a pas voulu le lâcher. Alors le Maître nous a laissés ici, tandis qu’il partait dans les collines avec panier, garçon et tout. » LU 177:3.2.
Il n’y a rien d’incompatible entre la filiation dans le royaume spirituel et la citoyenneté dans un gouvernement laïque ou civil. Les croyants ont le devoir de rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Il ne peut y avoir de désaccord entre ces deux exigences, l’une étant matérielle et l’autre spirituelle, à moins que quelque César ne prétende usurper les prérogatives de Dieu et n’exige qu’on lui rende l’hommage spirituel et le culte suprême. Dans ce cas, vous adorerez uniquement Dieu et vous chercherez, en même temps, à éclairer ces chefs terrestres égarés et à les conduire ainsi à reconnaître également le Père qui est aux cieux. Vous ne rendrez pas de culte spirituel aux dirigeants terrestres. Vous n’emploierez pas non plus les forces physiques des gouvernements terrestres, dont les chefs peuvent, un jour, devenir des croyants, pour faire progresser la mission du royaume spirituel.
Du point de vue d’une civilisation en progrès, la filiation dans le royaume céleste devrait vous aider à devenir les citoyens idéaux des royaumes de ce monde, car la fraternité et le service sont les pierres angulaires de l’évangile du royaume. L’appel d’amour du royaume spirituel devrait se révéler comme étant le destructeur effectif de la pulsion de haine des citoyens incroyants et belliqueux des royaumes terrestres. Mais ces fils matérialistes, vivant dans les ténèbres, n’auront jamais connaissance de votre lumière spirituelle de vérité, à moins que vous ne les approchiez de très près, grâce au service social désintéressé qui résulte naturellement des fruits de l’esprit produits au cours de l’expérience de la vie de chaque croyant pris individuellement. LU 178:1.3.
Ne soyez ni des mystiques passifs ni des ascètes insipides. Ne devenez pas des rêveurs et des indolents comptant nonchalamment sur une Providence fictive pour vous procurer jusqu’aux nécessités de la vie. En vérité, il faut que vous soyez doux dans vos relations avec les mortels égarés, patients dans vos rapports avec les ignorants et longanimes en cas de provocation; mais il vous faut également être vaillants dans la défense de la droiture, puissants dans la promulgation de la vérité et dynamiques dans la prédication de cet évangile du royaume, même jusqu’aux confins de la terre. LU 178:1.14.
À travers toutes les vicissitudes de la vie, souvenez-vous toujours de vous aimer les uns les autres. Ne luttez pas contre les hommes, même contre les incroyants. Montrez de la miséricorde même à ceux qui abusent outrageusement de vous. Soyez des citoyens loyaux, des artisans probes, des voisins dignes de louanges, des membres dévoués de votre famille, des parents compréhensifs et des croyants sincères à la fraternité du royaume du Père. Et mon esprit sera sur vous, maintenant et jusqu’à la fin du monde. LU 178:1.17.
Comprenez-vous réellement ce que je vous ai fait ? Vous m’appelez Maître, et vous dites bien, car je le suis. Si donc le Maître vous a lavé les pieds, pourquoi n’étiez-vous pas disposés à vous les laver mutuellement ? Quelle leçon devriez- vous apprendre de cette parabole où le Maître rend si volontiers le service que ses frères ne voulaient pas se rendre l’un à l’autre ? En vérité, en vérité, je vous le dis, un serviteur n’est pas plus grand que son Maître, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’envoie. Dans ma vie parmi vous, vous avez vu la manière de servir, et bénis sont ceux qui ont la grâce et le courage de servir ainsi. Mais pourquoi êtes-vous si lents à apprendre que le secret de la grandeur dans le royaume spirituel ne ressemble pas aux méthodes de pouvoir dans le monde matériel ? LU 179:3.8. Jean 13:12-17
Quand ils apportèrent à Jésus la troisième coupe de vin, la « coupe de la bénédiction », il se leva de son divan et prit la coupe dans ses mains, la bénit en disant: « Prenez cette coupe et buvez-en tous. Ce sera la coupe de mon souvenir. C’est la coupe de la bénédiction d’une nouvelle dispensation de grâce et de vérité. Ceci sera pour vous l’emblème de l’effusion et du ministère du divin Esprit de Vérité. Et je ne boirai plus cette coupe avec vous jusqu’à ce que je boive sous une nouvelle forme avec vous dans le royaume éternel du Père. » LU 179:5.1.
Quand ils eurent fini de boire cette nouvelle coupe du souvenir, le Maître prit le pain et, après avoir rendu grâce, le rompit en morceaux et leur demanda de le faire passer en disant: « Prenez ce pain du souvenir et mangez-le. Je vous ai dit que je suis le pain de vie. Et ce pain de vie est la vie unifiée du Père et du Fils en un seul don. La parole du Père, telle qu’elle est révélée dans le Fils, est en vérité le pain de vie. » Quand ils eurent partagé le pain du souvenir, symbole de la parole vivante de vérité incarnée dans la similitude de la chair mortelle, ils se rassirent tous. LU 179:5.3.
Quand le souper du souvenir est partagé par ceux qui croient au Fils et qui connaissent Dieu, son symbolisme n’a besoin d’être associé à aucune des fausses interprétations humaines et puériles concernant la signification de la présence divine, car, en toutes ces occasions, le Maître est réellement présent. Le souper du souvenir est le rendez-vous symbolique du croyant avec Micaël. Quand on devient ainsi conscient de l’esprit, le Fils est effectivement présent, et son esprit fraternise avec le fragment intérieur de son Père. LU 179:5.6.
Après avoir instauré le souper du souvenir, Jésus dit aux apôtres: « Chaque fois que vous ferez cela, faites-le en souvenir de moi. Et, quand vous vous souviendrez de moi, faites d’abord un retour sur ma vie dans la chair, rappelez-vous que j’ai été jadis avec vous et, ensuite, discernez par la foi que vous souperez tous un jour avec moi dans le royaume éternel du Père. Ceci est la nouvelle Pâque que je vous laisse, le souvenir même de la vie d’effusion, la parole de vérité éternelle et de mon amour pour vous, l’effusion de mon Esprit de Vérité sur toute chair. »
Puis ils terminèrent la célébration de l’ancienne Pâque, mais sans effusion de sang en relation avec l’inauguration du nouveau souper du souvenir en chantant tous ensemble le psaume cent-dix-huit. LU 179:5.9. Marc 14:22-25; Luc 22:14-20.
« L’heure de la glorification du Fils de l’Homme est maintenant venue, et le Père sera glorifié en moi. Mes amis, je ne serai plus avec vous que pour peu de temps. Bientôt, vous me chercherez, mais vous ne me trouverez pas, car je vais en un lieu où, pour l’heure, vous n’avez pas accès. Mais, quand vous aurez achevé votre oeuvre terrestre comme j’ai maintenant terminé la mienne, vous viendrez auprès de moi, de même que je me prépare maintenant à aller auprès de mon Père. Dans très peu de temps, je vais vous quitter, et vous ne me verrez plus sur terre, mais vous me verrez tous dans l’âge à venir quand vous vous élèverez dans le royaume que mon Père m’a donné. »
Après quelques moments de conversation amicale, Jésus se leva et dit: « Quand je vous ai présenté une parabole montrant comment vous devriez être disposés à vous servir les uns les autres, j’ai dit que je désirais vous donner un nouveau commandement; je voudrais le faire maintenant puisque je suis sur le point de vous quitter. Vous connaissez bien le commandement qui vous ordonne de vous aimer les uns les autres; que vous aimiez votre prochain comme vous-même. Mais même cette dévotion sincère de la part de mes enfants ne me satisfait pas entièrement. Je voudrais vous voir accomplir des actes d’amour encore plus grands dans le royaume de la fraternité des croyants. Je vous donne donc ce nouveau commandement: Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Si vous faites cela, si vous vous aimez ainsi les uns les autres, tous les hommes sauront que vous êtes mes disciples.
En vous donnant ce nouveau commandement, je ne charge vos âmes d’aucun fardeau supplémentaire; je vous apporte plutôt une nouvelle joie et je vous donne la possibilité d’éprouver un nouveau plaisir en connaissant les délices d’effuser l’affection de votre cœur sur vos semblables. Même en supportant extérieurement des afflictions, je suis sur le point d’éprouver la joie suprême d’effuser mon amour sur vous et vos compagnons mortels.
Quand je vous invite à vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés, je vous présente la mesure suprême de la véritable affection, car nul ne peut avoir de plus grand amour que d’être prêt à donner sa vie pour ses amis. Or, vous êtes mes amis, et vous continuerez à l’être, pourvu que vous vouliez bien faire ce que je vous ai enseigné. Vous m’avez appelé Maître, mais je ne vous appelle pas serviteurs. Si seulement vous vous aimez les uns les autres comme je vous aime, vous serez mes amis et je vous dirai toujours ce que le Père me révèle. » LU 180:0.3. Jean 13:34; 15:12.
Que votre cœur ne se trouble pas. Vous croyez en Dieu; continuez à croire aussi en moi. Bien que je doive vous quitter, je ne serai pas loin de vous. Je vous ai déjà dit qu’il y a beaucoup de demeures dans l’univers de mon Père. Si ce n’était pas vrai, je ne vous en aurais pas maintes fois parlé. Je vais retourner dans ces mondes de lumière, ces stations dans le ciel du Père, auxquelles vous accèderez un jour. Je suis venu de là sur ce monde et l’heure est maintenant venue où il faut que je retourne à l’œuvre de mon Père dans les sphères supérieures. LU 180:3.4. Jean 14:1.
Jésus promena son regard sur tous les apôtres, sourit et dit: « Mes petits enfants, je m’en vais, je retourne auprès de mon Père. D’ici peu, vous ne me verrez plus comme ici en chair et en os. Je vous enverrai très prochainement mon esprit, qui est exactement semblable à moi, à l’exception de ce corps matériel. Ce nouvel instructeur est l’Esprit de Vérité qui vivra avec chacun de vous, dans votre cœur, et, ainsi, tous les enfants de lumière ne feront plus qu’un et seront attirés les uns vers les autres. C’est de cette manière que mon Père et moi, nous pourrons vivre dans l’âme de chacun de vous, et aussi dans le cœur de tous les autres hommes qui nous aiment et qui réalisent cet amour dans leurs expériences en s’aimant les uns les autres comme je vous aime maintenant. » LU 180:4.5, Jean 14:18.
Et tout cela implique clairement la différence entre l’ancienne religion et la nouvelle. L’ancienne enseignait le sacrifice de soi; la nouvelle enseigne seulement l’oubli de soi, la réalisation de soi mise en valeur dans un service social associé à la compréhension de l’univers. L’ancienne religion était motivée par la conscience de la peur. Le nouvel évangile du royaume est dominé par la conviction de la vérité, l’esprit de la vérité éternelle et universelle. Dans l’expérience de vie des croyants au royaume, aucune somme de piété ou de fidélité à un credo ne peut compenser l’absence de la bienveillance spontanée, généreuse et sincère, qui caractérise les fils du Dieu vivant nés d’esprit. Ni la tradition, ni un système cérémoniel de culte officiel ne peuvent compenser le manque de compassion sincère pour vos semblables. LU 180:5.12.
Quand je serai revenu vivre en vous et œuvrer à travers vous, je pourrai d’autant mieux continuer à vous conduire dans cette vie et vous guider dans la vie future à travers les nombreuses demeures dans le ciel des cieux. La vie dans la création éternelle du Père n’est pas un repos sans fin dans l’oisiveté et un confort égoïste, mais plutôt une incessante progression en grâce, en vérité et en gloire. Chacun des nombreux, des très nombreux postes dans la maison de mon Père est une halte, une vie destinée à vous préparer à la suivante. Les enfants de lumière iront ainsi de gloire en gloire, jusqu’à ce qu’ils atteignent l’état divin où ils seront spirituellement rendus parfaits comme le Père est parfait en toutes choses. LU 181:1.2.
Et, maintenant, au moment de vous quitter, je voudrais prononcer des paroles de réconfort. Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. Je vous fais ces dons non à la manière du monde — parcimonieusement; je donne à chacun de vous tout ce qu’il veut recevoir. Que votre cœur ne se trouble pas et ne craigne pas. J’ai vaincu le monde, et en moi vous triompherez tous par la foi. Je vous ai prévenus que le Fils de l’Homme va être tué, mais je vous assure que je reviendrai avant d’aller auprès du Père, bien que ce ne soit que pour peu de temps. Et, après mon ascension auprès du Père, je vous enverrai certainement le nouvel instructeur, afin qu’il vous accompagne et habite dans votre cœur. Quand vous verrez ces évènements se produire, n’ayez pas de crainte, mais croyez plutôt, d’autant plus que vous les aurez connus d’avance. Je vous ai aimés d’une grande affection, et je ne voudrais pas vous quitter, mais telle est la volonté de mon Père. Mon heure est venue. LU 181:1.5. Jean 14:26-29.
Au cours de cette prière finale avec ses apôtres, le Maître fit allusion au fait qu’il avait rendu manifeste le nom du Père au monde. C’est bien ce qu’il fit en révélant Dieu par sa vie incarnée, qui avait atteint la perfection. Le Père qui est aux cieux avait cherché à se révéler à Moïse, mais ne put aller plus loin que de faire dire: « JE SUIS ». Lorsqu’il fut pressé de se manifester davantage, il dévoila seulement:
« JE SUIS ce que JE SUIS ». Mais, lorsque Jésus eut achevé sa vie terrestre, le nom du Père avait été révélé de telle sorte que le Maître, qui était le Père incarné, pouvait dire à juste titre:
« Je suis le pain de vie. Je suis l’eau vivante.
Je suis la lumière du monde.
Je suis le désir de tous les âges.
Je suis la porte ouverte au salut éternel. Je suis la réalité de la vie sans fin.
Je suis le bon berger.
Je suis le sentier de la perfection infinie. Je suis la résurrection et la vie.
Je suis le secret de la survie éternelle. Je suis le chemin, la vérité et la vie.
Je suis le Père infini de mes enfants finis. Je suis le vrai cep; vous êtes les sarments.
Je suis l’espoir de tous ceux qui connaissent la vérité vivante. Je suis le pont vivant qui relie un monde à l’autre.
Je suis le lien vivant entre le temps et l’éternité. » LU 182:1.9.
La nature humaine de Jésus n’était pas insensible à cette situation de solitude personnelle, d’opprobre public et d’échec apparent de sa cause. Tous ces sentiments pesaient sur lui avec une lourdeur indescriptible. Dans cette grande tristesse, sa pensée revint à l’époque de son enfance à Nazareth et de ses premiers travaux en Galilée. Au moment de cette grande épreuve, de nombreuses scènes agréables de son ministère terrestre se présentèrent à son mental. Grâce à ces vieux souvenirs de Nazareth, de Capharnaüm, du mont Hermon et du lever et du coucher de soleil sur la scintillante mer de Galilée, il parvint à se calmer tout en fortifiant et en préparant son cœur humain à rencontrer le félon qui devait si prochainement le trahir. LU 182:3.10, Matt. 26:26-39. Marc 14:34-42.
Ensuite, Pilate conduisit le prisonnier saignant et lacéré devant la foule bigarrée et le présenta en disant: « Voici l’homme ! De nouveau je vous déclare que je ne le trouve coupable d’aucun crime et, après l’avoir flagellé, je voudrais le relaxer. »
Jésus de Nazareth se tenait là, vêtu d’une vieille robe pourpre royale et ceint d’une couronne d’épines qui perçait son front bienveillant. Son visage était souillé de sang et son corps plié de souffrance et de chagrin. Mais rien ne peut émouvoir le cœur insensible de ceux qui sont victimes d’une intense haine émotionnelle et esclaves de préjugés religieux. Ce spectacle engendra un profond frisson dans les royaumes d’un vaste univers, mais ne toucha pas le cœur de ceux qui avaient mentalement décidé d’exterminer Jésus. LU 185:6.3. Jean 19:5.
Incarné en tant que Fils de l’Homme, le Fils de Dieu se tenait là. Il avait été arrêté sans inculpation, accusé sans preuves, jugé sans témoins, puni sans verdict et il allait bientôt être condamné à mort par un juge injuste qui confessait ne pouvoir trouver aucune faute en lui. Si Pilate avait cru pouvoir faire appel à leur patriotisme en appelant Jésus « le roi des Juifs », il avait complètement échoué. Les Juifs n’attendaient pas un roi de ce genre. Lorsque les chefs des prêtres et les sadducéens déclarèrent: « Nous n’avons pas d’autre roi que César », cela fut un choc même pour la foule ignorante, mais il était désormais trop tard pour sauver Jésus, même si la populace avait osé prendre parti pour le Maître. LU 185:8.1
Les Juifs à courte vue poussaient des clameurs indécentes pour la mort du Maître tandis qu’il se tenait là dans un silence terrible, contemplant la scène de mort d’une nation — du propre peuple de son père terrestre.
Jésus avait acquis le type de caractère humain qui peut conserver son sang-froid et affirmer sa dignité en face d’insultes constantes et gratuites. On ne pouvait l’intimider. Lors des premières voies de fait par le serviteur d’Annas, il se borna à suggérer qu’il vaudrait mieux appeler des témoins qui puissent dument témoigner contre lui.
Du commencement jusqu’à la fin de son prétendu jugement devant Pilate, les légions célestes en observation ne purent se retenir de télédiffuser à l’univers la description de la scène de « Pilate en jugement devant Jésus » LU 186:2.4. Matt. 26:57-58; 27:11-14; Marc 14:55-65; 15:1-20; Luc 23:1-5, 23:13-25; Jean 18:19-32.
Les deux larrons crucifiés avec Jésus étaient des associés de Barabbas et auraient été mis à mort plus tard avec leur chef si ce dernier n’avait pas été relaxé en vertu du pardon de Pilate pour la Pâque. Jésus fut donc crucifié à la place de Barabbas.
Ce que Jésus est sur le point de faire, se soumettre à la mort sur la croix, il le fait de son plein gré. En prédisant cette expérience, il avait dit: « Le Père m’aime et me soutient parce que je suis disposé à abandonner ma vie. Mais je la reprendrai. Nul ne peut m’ôter ma vie — je l’abandonne de moi-même. J’ai autorité pour l’abandonner, et j’ai autorité pour la reprendre. J’ai reçu de mon Père ce pouvoir. » LU 187:0.2. Jean 10:15.
Parmi les personnes qui se tinrent près de la croix à un moment ou à un autre durant la crucifixion, il y eut Marie, Ruth, Jude, Jean, Salomé (la mère de Jean) et un groupe de croyantes sincères et convaincues comprenant Marie (femme de Clopas et sœur de la mère de Jésus), Marie-Madeleine et Rébecca, qui avait autrefois habité à Sepphoris. Ceux-ci, et d’autres amis de Jésus, gardèrent le silence tandis qu’ils observaient sa grande patience et sa force d’âme, et le voyaient souffrir intensément. LU 187:3.2. Marc 15:40; Luc 23:49.
L’un des brigands railla Jésus en disant: « Si tu es le Fils de Dieu, pourquoi n’assures-tu pas ton salut et le nôtre ? » Lorsqu’il eut ainsi fait des reproches à Jésus, l’autre voleur, qui avait souvent entendu le Maître enseigner, dit au premier: « Ne crains-tu même pas Dieu ? Ne vois-tu pas que nous souffrons à juste titre pour nos agissements, mais que cet homme souffre injustement ? Nous ferions mieux de rechercher le pardon pour nos péchés et le salut pour notre âme.
Quand Jésus entendit le larron dire cela, il tourna son visage vers lui et sourit d’un air approbateur. En voyant le visage de Jésus tourné vers lui, le malfaiteur rassembla son courage, ralluma la flamme vacillante de sa foi et dit: « Seigneur, souviens-toi de moi quand tu entreras dans ton royaume. » Jésus dit alors: « En vérité, en vérité, je te le dis aujourd’hui, tu seras un jour avec moi au Paradis. »
Au milieu des douleurs du trépas physique, le Maître avait le temps d’écouter la confession de foi du brigand croyant. Quand ce larron essaya d’obtenir le salut, il trouva la délivrance. Bien des fois auparavant, il avait été amené à croire en Jésus, mais ce fut seulement au cours de ces dernières heures de conscience qu’il se tourna de tout son cœur vers l’enseignement du Maître. Quand il vit la manière dont Jésus affrontait la mort sur la croix, ce larron ne put résister plus longtemps à la conviction que ce Fils de l’Homme était en vérité le Fils de Dieu. LU 187:4.1. Matt. 27:38; Marc 15:27; Luc 23:32,33,39-43; Jean 19:18.
Peu après une heure de l’après-midi, dans l’obscurité croissante de la violente tempête de sable, Jésus commença à perdre sa conscience humaine. Il avait prononcé ses dernières paroles de miséricorde, de pardon et d’exhortation. Son dernier souhait — concernant le soin de sa mère — avait été exprimé. Durant cette heure où la mort approchait, le mental humain de Jésus eut recours à la répétition de nombreux passages des Écritures hébraïques, particulièrement des Psaumes. La dernière pensée conscience du Jésus humain fut sa répétition mentale d’une partie du Livre des Psaumes maintenant appelée Psaumes XX, XXI et XXII. Ses lèvres remuaient souvent, mais il était trop faible pour prononcer, au moment où elles traversaient son mental, les paroles de ces passages qu’il connaissait par cœur. De rares fois seulement, ceux qui se trouvaient à proximité purent entendre des citations telles que: « Je sais que le Seigneur sauvera son oint », « Ta main découvrira tous mes ennemis » et « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Jésus n’eut jamais le moindre doute qu’il avait vécu conformément à la volonté du Père et qu’il abandonnait maintenant sa vie charnelle conformément à la volonté de son Père. Il n’avait pas le sentiment que le Père l’eût abandonné. Il se bornait à réciter dans sa conscience évanescente de nombreux passages des Écritures parmi lesquels le Psaume XXII qui commence par: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il advint que ce fut l’une des trois citations qu’il prononça assez clairement pour que puissent l’entendre ceux qui se tenaient près de lui. LU 187:5.2.
Jésus mourut royalement — comme il avait vécu. Il admit franchement sa royauté et resta maître de la situation durant toute la journée tragique. Il alla volontairement à sa mort infamante après avoir veillé à la sauvegarde de ses apôtres choisis. Il empêcha sagement Pierre de causer des troubles par sa violence, et s’arrangea pour que Jean puisse rester auprès de lui jusqu’à la fin de son existence de mortel. Il révéla sa vraie nature au Sanhédrin meurtrier et rappela à Pilate la source de son autorité souveraine en tant que Fils de Dieu. Il partit pour le Golgotha en portant sa propre traverse de croix, et termina son effusion d’amour en remettant au Père du Paradis l’esprit qu’il avait acquis en tant que mortel. Après une telle vie — et au moment d’une telle mort — le Maître pouvait vraiment dire: « C’est fini. » LU 187:5.6. Matt. 27:45-50; Marc 15:33-39.
Lorsque Joseph et Nicodème arrivèrent au Golgotha, ils trouvèrent les soldats descendant Jésus de la croix, et les représentants du Sanhédrin présents pour s’assurer qu’aucun de ses disciples n’empêcherait qu’on ne jette le corps de Jésus dans la fosse commune des criminels. Quand Joseph présenta au centurion l’ordre concernant le corps du Maître, les Juifs soulevèrent un tumulte et poussèrent des clameurs pour avoir le droit d’en disposer. Dans leur frénésie, ils cherchèrent à s’emparer de force du corps. Voyant cela, le centurion appela auprès de lui quatre soldats qui se tinrent debout, avec leurs épées dégainées, enjambant le corps du Maître étendu là sur le sol. Le centurion ordonna aux autres soldats de laisser là les deux brigands et de refouler la troupe irritée des Juifs exaspérés. Quand
l’ordre fut rétabli, le centurion lut aux Juifs l’autorisation de Pilate, fit un pas de côté et dit à Joseph: « Ce corps t’appartient pour en faire ce que tu jugeras bon. Moi-même et mes soldats te soutiendront pour s’assurer que nul ne te contrecarre. » LU 188:1.1. Matt. 27:57-61.
Bien que Jésus n’ait pas enduré cette mort sur la croix pour expier la culpabilité raciale de l’homme mortel, ni pour procurer une sorte d’accès effectif auprès d’un Dieu par ailleurs offensé et implacable; même si le Fils de l’Homme ne s’est pas offert en holocauste pour apaiser le courroux de Dieu et ouvrir aux pécheurs la voie du salut; et en dépit du fait que toutes ces idées d’expiation et de propitiation soient erronées, il ne faudrait néanmoins pas négliger certaines significations attachées à la mort de Jésus sur la croix. Il est de fait que, sur d’autres planètes habitées voisines, on appelle Urantia le « Monde de la Croix. » LU 188:4.1.
L’homme mortel n’a jamais été la propriété des maîtres fourbes. Jésus n’a pas donné sa vie comme rançon pour dégager les hommes des griffes des chefs apostats et des princes déchus des sphères. Le Père qui est aux cieux n’a jamais conçu la grossière injustice de condamner une âme de mortel à cause des méfaits de ses ancêtres. La mort du Maître sur la croix n’a pas non plus été un sacrifice pour rembourser à Dieu une dette que la race humaine aurait contractée envers lui. LU 188:4.3.
Jésus vécut et mourut pour un univers entier, et non simplement pour les races de ce seul monde. Les mortels des royaumes disposaient du salut avant même que Jésus ne vive et ne meure sur Urantia, mais le fait subsiste néanmoins que son effusion sur ce monde éclaira grandement la voie du salut; sa mort contribua beaucoup à rendre évidente pour toujours la certitude de la survie des mortels après la mort dans la chair.
Il n’est guère approprié de parler de Jésus comme d’un sacrificateur, d’un payeur de rançon ou d’un rédempteur, mais il est entièrement correct de l’appeler un sauveur. Il a définitivement rendu plus claire et plus certaine la voie du salut (de la survie): il a effectivement mieux montré et avec plus de sûreté la voie du salut au bénéfice de tous les mortels de tous les mondes de l’univers de Nébadon. LU 188:4.6
Toute cette idée de rançon dans l’expiation place le salut sur un plan d’irréalité; un tel concept est purement philosophique. Le salut humain est réel; il est basé sur deux réalités que les créatures peuvent saisir par la foi et incorporer ainsi dans l’expérience humaine individuelle: le fait de la paternité de Dieu et, la vérité corollaire, la fraternité des hommes. Après tout, il est vrai que l’on vous « remettra vos dettes comme vous remettez les leurs à vos débiteurs. » LU 188:4.13.
Le dimanche matin à deux heures quarante-cinq, la commission paradisiaque d’incarnation arriva sur les lieux; elle se composait de sept personnalités du Paradis, non identifiées, qui se déployèrent immédiatement autour de la tombe. À trois heures moins dix, d’intenses vibrations d’activités mixtes matérielles et morontielles commencèrent à émaner du tombeau neuf de Joseph d’Arimathie et, à trois heures deux minutes, ce dimanche 9 avril de l’an 30, la forme et la personnalité morontielle ressuscitées de Jésus de Nazareth sortirent du tombeau.
Après que Jésus ressuscité eut émergé de son tombeau, le corps de chair, dans lequel il avait vécu et travaillé sur terre durant près de trente-six ans, gisait encore là dans la niche du sépulcre, intact et enveloppé dans le drap de lin, exactement tel qu’il y avait été couché le vendredi après-midi par Joseph et ses compagnons. La pierre fermant l’entrée du tombeau n’avait pas subi le moindre déplacement; le sceau de Pilate était intact; les soldats montaient toujours la garde. Les gardes du temple avaient veillé sans interruption; la garde romaine avait été changée à minuit. Aucun de ces veilleurs ne soupçonnait que l’objet de leur vigile s’était élevé à une forme d’existence nouvelle et supérieure, ni que le corps qu’ils gardaient n’était plus qu’une enveloppe extérieure abandonnée, désormais sans connexion avec la personnalité morontielle délivrée et ressuscitée de Jésus. LU 189:1.1.
Le transit de Jésus en tant que mortel — la résurrection morontielle du Fils de l’Homme — est maintenant parachevée. L’expérience transitoire du Maître en tant que personnalité médiane entre le niveau matériel et le niveau spirituel a commencé. Et il a accompli tout cela par un pouvoir inhérent à lui-même; nulle personnalité ne lui apporta une aide quelconque. Il vit maintenant en tant que Jésus morontiel et, tandis qu’il commence cette vie morontielle, son corps matériel de chair gît intact dans le tombeau. Les soldats montent toujours la garde, et le sceau du gouverneur sur les pierres n’a pas encore été brisé. LU 189:1.13. Matt. 28:1-8; Marc 16:1-11; Luc 24:1-10; Jean 20:1-18.
À trois heures dix, tandis que Jésus ressuscité fraternisait avec les personnalités morontielles rassemblées des sept mondes des maisons de Satania, le chef des archanges — les anges de la résurrection — aborda Gabriel et lui demanda le corps mortel de Jésus en disant: « Nous n’avons pas le droit de participer à la résurrection morontielle de notre souverain Micaël après son expérience d’effusion, mais nous voudrions que sa dépouille mortelle nous soit remise pour la dissoudre immédiatement. Nous ne nous proposons pas d’employer notre technique de dématérialisation; nous désirons simplement faire appel au processus de l’accélération du temps. Nous avons vu notre Souverain vivre et mourir sur Urantia. Cela suffit. Nous épargnerions aux légions du ciel le souvenir d’avoir supporté le spectacle de la lente décomposition de la forme humaine du Créateur et Soutien d’un univers. Au nom des intelligences célestes de tout Nébadon, je demande un ordre me confiant la garde du corps mortel de Jésus de Nazareth et nous donnant pouvoir de procéder à sa dissolution immédiate. » LU 189:2.1.
Pendant que les archanges et leur assistants se préparaient à retirer le corps de Jésus du tombeau avant d’en disposer d’une manière respectueuse et digne par le processus de la dissolution quasi instantanée, les médians secondaires d’Urantia furent chargés d’écarter les deux pierres qui bouchaient l’entrée du tombeau. La plus grosse était un énorme bloc circulaire très semblable à une meule; elle se déplaçait dans une rainure taillée dans le roc, de sorte que l’on pouvait la rouler en avant ou en arrière pour ouvrir ou fermer le tombeau. Quand les gardes juifs et les soldats romains qui veillaient virent, à la faible lueur de l’aube, l’énorme pierre qui, apparemment de son propre chef, commençait à rouler pour dégager l’entrée du caveau — sans aucun moyen visible expliquant ce mouvement — ils furent saisis de peur panique et quittèrent précipitamment les lieux. Les Juifs s’enfuirent d’abord chez eux, se rendant plus tard au temple pour faire rapport de ces faits au capitaine. Les Romains s’enfuirent vers la forteresse d’Antonia et, dès que le centurion fut arrivé à son poste, ils lui rapportèrent ce qu’ils avaient vu. LU 189:2.4.
Tandis que ces femmes étaient assises là, aux premières heures de l’aurore du nouveau jour, elles regardèrent de côté et virent un étranger silencieux et immobile. Pendant un moment, elles eurent de nouveau peur, mais Marie- Madeleine se précipita vers lui en le prenant pour le jardinier et lui dit: « Où avez-vous emmené le Maître ? Où l’ont-ils couché ? Dis-le-nous pour que nous allions le prendre. » Voyant que l’étranger ne lui répondait pas, Marie se mit à pleurer. Alors, Jésus parla aux femmes et leur dit: « Qui cherchez-vous ? » Marie répondit: « Nous cherchons Jésus qui a été enseveli dans le tombeau de Joseph, mais il n’y est plus. Sais-tu où il a été emporté ? » Alors, Jésus dit: « Ce Jésus ne vous a-t-il pas dit, même en Galilée, qu’il mourrait, mais qu’il ressusciterait ? »
Ces mots stupéfièrent les femmes, mais le Maître était tellement changé qu’elles ne le reconnurent pas dans la faible lueur du contre-jour. Tandis qu’elles méditaient ses paroles, il s’adressa à Madeleine d’une voix familière en disant « Marie. » En entendant ce mot de sympathie bien connue et de salutation affectueuse, elle sut que c’était la voix du Maître et se précipita pour s’agenouiller à ses pieds en s’écriant: « Mon Seigneur et mon Maître! » Toutes les autres femmes reconnurent que c’était bien le Maître qui se tenait devant elles dans une forme glorifiée, et elles s’agenouillèrent aussitôt devant lui. LU 189:4.10 Matt. 28:5-10; Marc 16:1-8; Luc 24:10; Jean 20:1.
Quittant le tombeau, David et Joseph allèrent immédiatement chez Élie Marc, où ils tinrent une conférence avec les dix apôtres dans la salle du haut. Seul Jean Zébédée était disposé à croire, même faiblement, que Jésus était ressuscité d’entre les morts. Pierre l’avait d’abord cru, mais, faute de trouver le Maître, il tomba dans de sérieux doutes. Les apôtres étaient tous enclins à croire que les Juifs avaient enlevé le corps. David ne voulut pas discuter avec eux, mais, en s’en allant, il dit: « Vous êtes les apôtres et vous devriez comprendre ces choses. Je ne discuterai pas avec vous. Quoi qu’il en soit, je retourne chez Nicodème où j’ai donné rendez-vous ce matin à tous les messagers. Quand ils seront rassemblés, je les enverrai accomplir leur dernière mission, celle d’annoncer la résurrection du Maître. J’ai entendu le Maître dire qu’après sa mort, il ressusciterait le troisième jour, et je le crois. » Après avoir ainsi parlé aux ambassadeurs du royaume mornes et désespérés, celui qui avait pris sur lui d’être chef des communications et des renseignements prit congé des apôtres. En sortant de la pièce du haut, il déposa, sur les genoux de Matthieu Lévi, le sac de Judas contenant tous les fonds apostoliques.
Il était à peu près neuf heures et demie quand le dernier des vingt-six messagers de David arriva chez Nicodème. David les rassembla promptement dans la cour spacieuse et leur dit:
« Vous tous mes frères, vous m’avez servi tout ce temps conformément à votre serment envers moi et entre vous, et je vous prends à témoins que je n’ai encore jamais diffusé par votre entremise de fausses informations. Je vais vous confier votre dernière mission en tant que messagers volontaires du royaume. Ce faisant, je vous libère de vos serments et je licencie le corps des messagers. Amis, je vous déclare que nous avons terminé notre travail. Le Maître n’a plus besoin de messagers mortels; il est ressuscité d’entre les morts. Avant son arrestation, il nous a dit qu’il mourrait et ressusciterait le troisième jour. J’ai vu le tombeau — il est vide. J’ai parlé à Marie-Madeleine et à quatre autres femmes qui se sont entretenues avec Jésus. Je vous licencie maintenant, je vous dis adieu et je vous envoie à vos missions respectives avec le message suivant que vous porterez aux croyants: ‘Jésus est ressuscité d’entre les morts; le tombeau est vide.’ » LU 190:1.3.
Après avoir ainsi parlé, le Maître abaissa le regard sur le visage de Thomas et dit: « Et toi, Thomas, qui as dit que tu ne croirais pas à moins de me voir et de mettre ton doigt dans les marques des clous sur mes mains, maintenant tu m’as vu et entendu mes paroles. Bien que tu ne voies aucune marque de clous sur mes mains, puisque je suis élevé sous une forme que tu revêtiras aussi quand tu quitteras ce monde, que vas-tu dire à tes frères ? Tu reconnaîtras la vérité, car déjà dans ton cœur tu avais commencé à croire, même quand tu affirmais si résolument ton incroyance. Thomas, c’est juste au moment où tes doutes commencent à s’effriter qu’ils s’affirment avec le plus d’entêtement. Thomas, je te demande de ne pas manquer de foi, mais d’être croyant — et je sais que tu croiras, et même de tout ton cœur. »
Quand Thomas entendit ces paroles, il tomba à genoux devant le Maître morontiel et s’écria: « Je crois ! Mon Seigneur et mon Maître ! » Alors, Jésus dit à Thomas: « Tu as cru, Thomas, parce que tu m’as réellement vu et entendu. Bénis soient, dans les âges à venir, ceux qui croiront même sans avoir vu avec les yeux de la chair ni entendu avec les oreilles de mortels. »
Ensuite, tandis que sa forme s’approchait de l’extrémité de la table, le Maître s’adressa au groupe en disant: « Maintenant, allez tous en Galilée où je vous apparaîtrai bientôt. » Et, après avoir dit cela, il disparut de leur vue. LU 191:5.4. Jean 20:26-29.
De bonne heure le jeudi matin 18 mai, Jésus fit sa dernière apparition sur terre en tant que personnalité morontielle. Tandis que les onze apôtres allaient s’asseoir pour leur repas matinal dans la salle du haut de la maison de Marie Marc, Jésus leur apparut et dit:
« Que la paix soit sur vous. Je vous ai demandé de rester ici, à Jérusalem, jusqu’à mon ascension auprès du Père, et même jusqu’à ce que je vous envoie l’Esprit de Vérité, qui sera bientôt répandu sur toute chair et vous confèrera un pouvoir d’en haut. » LU 193:3.1.
Après leur avoir ainsi parlé, il leur fit signe de l’accompagner et les conduisit sur le mont des Oliviers, où il leur fit ses adieux préparatoires à son départ d’Urantia.
Le trajet jusqu’à Olivet fut solennel. Aucun d’eux ne prononça un mot depuis le départ de la salle du haut jusqu’au moment où Jésus s’arrêta avec eux au mont des Oliviers. LU 193:3.3. Luc 24:29.
La vie de mortel avait porté à Jésus ses coups les plus durs, les plus cruels et les plus sévères; et cet homme avait fait face à ces situations désespérantes avec foi et courage, et avec la détermination inébranlable de faire la volonté de son Père. Jésus affronta la vie dans toute sa terrible réalité, et la maîtrisa — même jusque dans la mort. Il ne se servit pas de la religion pour se libérer de la vie. La religion de Jésus ne cherche pas à échapper à cette vie pour jouir d’une félicité qui vous attend dans une autre existence. La religion de Jésus procure la joie et la paix d’une nouvelle existence spirituelle qui rehausse et ennoblit la vie que les hommes vivent actuellement dans la chair.
Si une religion est un opium pour le peuple, elle n’est pas la religion de Jésus. Sur la croix, il refusa de boire le narcotique. Son esprit, répandu sur toute chair, est une puissante influence mondiale qui élève l’homme et le pousse à progresser. L’impulsion vers le progrès spirituel est la force motrice la plus puissante présente dans le monde. Les croyants qui apprennent la vérité sont les seules âmes progressives et dynamiques sur terre.
Le jour de la Pentecôte, la religion de Jésus rompit toutes les restrictions nationales et entraves raciales. Il est éternellement vrai que « là où se trouve l’esprit du Seigneur, là est la liberté ». Ce jour-là, l’Esprit de Vérité devint le don personnel du Maître à chaque mortel. Cet esprit fut effusé afin de qualifier les croyants pour prêcher plus efficacement l’évangile du royaume, mais ils commirent l’erreur de prendre l’expérience de recevoir l’esprit ainsi répandu pour une partie du nouvel évangile qu’inconsciemment ils formulaient. LU 194:3.3.
L’histoire montre que le christianisme est né de la transformation involontaire de la religion de Jésus en une religion à propos de Jésus. Elle montre aussi que le christianisme a subi l’hellénisation, la paganisation, la sécularisation, l’institutionnalisme, la dépravation intellectuelle, la décadence spirituelle, l’hibernation morale, les menaces d’extinction, la régénérescence ultérieure, la fragmentation et, plus récemment, une réhabilitation relative. Ce curriculum dénote une vitalité qui lui est inhérente et la possession d’immenses facultés de récupération. Et ce même christianisme est actuellement présent dans le monde civilisé des peuples occidentaux, faisant face à une lutte pour la vie encore plus inquiétante que les mémorables crises caractéristiques de ses anciennes batailles pour la domination. LU 195:4.4.
Les savants ont involontairement précipité l’humanité dans un affolement matérialiste. Ils ont déclenché une ruée irréfléchie sur la banque morale des âges, mais cette banque de l’expérience humaine dispose de vastes ressources spirituelles et peut faire face aux demandes qui lui sont présentées. Seuls les irréfléchis s’affolent au sujet des actifs spirituels de la race humaine. Quand l’affolement matérialiste-laïque aura passé, la religion de Jésus n’aura pas fait banqueroute. La banque spirituelle du royaume des cieux fera des paiements de foi, d’espérance et de sécurité morale à tous ceux qui auront recours à elle « en Son nom. » LU 195:6.1.
L’illogisme du mécaniste moderne est le suivant: si notre univers était simplement matériel et l’homme seulement une machine, cet homme serait entièrement incapable de se reconnaître en tant que machine; de même un tel homme-machine serait entièrement inconscient du fait qu’un tel univers matériel existe. Dans sa consternation et son désespoir matérialiste, la science mécaniste n’a pas réussi à reconnaître le fait que le mental du savant est habité par l’esprit, or, c’est la clairvoyance supramatérielle de ce même savant qui formule ces concepts erronés et contradictoires en soi d’un univers matérialiste. LU 195:7.3.
Le matérialisme réduit l’homme à l’état d’automate sans âme, et fait simplement de lui un symbole arithmétique placé sans pouvoir dans la formule mathématique d’un univers mécaniste et dépourvu de romanesque. Mais d’où vient donc cet immense univers de mathématiques sans Maître Mathématicien ? La science peut disserter sur la conversation de la matière, mais la religion valide la conservation des âmes humaines — elle concerne leur expérience avec des réalités spirituelles et des valeurs éternelles. LU 195:6.8.
La faiblesse inhérente au laïcisme vient de ce qu’il rejette la morale et la religion en faveur de la politique et du pouvoir. Il est tout simplement impossible d’établir la fraternité des hommes en ignorant ou en reniant la paternité de Dieu.
L’optimisme laïc en matière sociale et politique est une illusion. Sans Dieu, ni la libération et la liberté, ni les biens et la richesse n’apporteront la paix.
La laïcisation complète de la science, de l’éducation, de l’industrie et de la société ne peut conduire qu’au désastre. Durant le premier tiers du vingtième siècle, les Urantiens ont tué plus d’hommes que durant les dix-neuf premiers siècles de la dispensation chrétienne. Et ce n’est que le commencement de l’affreuse moisson du matérialisme et du laïcisme; des destructions plus terribles sont encore à venir. LU 195:8.11.
Mais le christianisme paganisé et socialisé a besoin d’un nouveau contact avec les enseignements sans compromis de Jésus; il languit faute d’une vision neuve de la vie du Maître sur terre. Une révélation nouvelle et plus complète de la religion de Jésus est destinée à triompher d’un empire de laïcisme matérialiste et à renverser un courant mondial de naturalisme mécaniste. Urantia frémit actuellement au bord même d’une de ses époques les plus stupéfiantes et passionnantes de rajustement social, de stimulation morale et d’illumination spirituelle.
Même grandement modifiés, les enseignements de Jésus ont survécu aux cultes des mystères de leur époque natale, à l’ignorance et à la superstition des âges de ténèbres; et, en ce moment même, ils triomphent lentement du matérialisme, du machinisme et du laïcisme du vingtième siècle. Et de telles époques de grandes épreuves et de défaites menaçantes sont toujours des périodes de grande révélation. LU 195:9.2.
Le christianisme a osé abaisser ses idéaux devant le défi lancé par l’avidité humaine, la folie guerrière et la convoitise du pouvoir. Mais la religion de Jésus subsiste comme la convocation spirituelle immaculée et transcendante; elle appelle ce qu’il y a de meilleur dans l’homme à s’élever au-dessus de tous ces héritages de l’évolution animale, et à atteindre par la grâce les hauteurs morales de la véritable destinée humaine.
Le christianisme est menacé de mort lente par le formalisme, l’excès d’organisation, l’intellectualisme et d’autres tendances non spirituelles. L’Église chrétienne moderne n’est pas une fraternité de croyants dynamiques comme celle que Jésus avait chargée d’effectuer la transformation spirituelle continue des générations successives de l’humanité. LU 195:9.10.
Le christianisme est une religion improvisée; il faut donc qu’il opère en petite vitesse. Les performances spirituelles à grande vitesse doivent attendre la nouvelle révélation et l’acceptation plus généralisée de la vraie religion de Jésus. Le christianisme est cependant une puissante religion, puisque les simples disciples d’un charpentier crucifié ont lancé les enseignements qui ont conquis l’empire romain en trois siècles et ont poursuivi leur action en triomphant des barbares qui renversèrent Rome. Ce même christianisme a conquis — absorbé et exalté — tout le courant de la théologie hébraïque et de la philosophie grecque. Et ensuite, quand la religion chrétienne est entrée dans le coma de plus de mille ans par suite d’une dose excessive de mystères et de paganisme, elle s’est ressuscitée elle-même et a virtuellement reconquis tout le monde occidental. Le christianisme contient suffisamment d’enseignements de Jésus pour devenir immortel. LU 195:10.18.
L’espoir du christianisme moderne consiste à cesser de parrainer les systèmes sociaux et la politique industrielle de la civilisation occidentale, tout en s’inclinant humblement devant la croix qu’il exalte si vaillamment, et à y apprendre à nouveau de Jésus de Nazareth les plus grandes vérités que l’homme mortel puisse jamais entendre — l’évangile vivant de la paternité de Dieu et de la fraternité des hommes. LU 195:10.21.
La théologie peut fixer, formuler, définir et dogmatiser la foi, mais, dans la vie humaine de Jésus, la foi était personnelle, vivante, originale, spontanée et purement spirituelle. Cette foi n’était ni un respect pour la tradition, ni une simple croyance intellectuelle tenue pour un credo sacré, mais plutôt une expérience sublime et une profonde conviction qui le tenaient en sécurité. Sa foi était si réelle et si totalement inclusive qu’elle balaya absolument tous les doutes spirituels et détruisit efficacement tout désir conflictuel. Rien n’était capable d’arracher Jésus de l’ancrage spirituel dans cette foi fervente, sublime et intrépide. Même en face d’une défaite apparente, ou dans l’angoisse des déceptions et d’un désespoir menaçant, il se tenait calmement dans la présence divine, libéré de toute peur et pleinement conscient d’être spirituellement invincible. Jésus bénéficiait de l’assurance tonifiante de posséder une foi stoïque; dans chaque situation éprouvante de la vie, il fit infailliblement preuve d’une fidélité totale à la volonté du Père. Et cette foi superbe ne fut pas ébranlée, même par la menace cruelle et écrasante d’une mort ignominieuse. LU 196:0.5.
Jésus ne fit une prière à titre de devoir religieux. Pour lui, la prière était une expression sincère d’attitude spirituelle, une déclaration de loyauté d’âme, un exposé de dévotion personnelle, une expression d’actions de grâces, une manière d’échapper à la tension émotive, une prévention de conflit, une exaltation de l’intellect, un anoblissement des désirs, une justification de décisions morales, un enrichissement de la pensée, un renforcement des tendances supérieures, une consécration d’impulsion, une clarification de point de vue, une déclaration de foi, une reddition transcendantale de la volonté, une sublime affirmation de confiance, une révélation de courage, la proclamation d’une découverte, une confession de dévotion suprême, la confirmation d’une consécration, une technique pour aplanir les difficultés et la puissante mobilisation des pouvoirs conjugués de l’âme pour résister à toutes les tendances humaines à l’égoïsme, au mal et au péché. Il vécut précisément cette vie de pieuse consécration à faire la volonté de son Père et la termina triomphalement par une prière de cet ordre. Le secret de son incomparable vie religieuse était cette conscience de la présence de Dieu; il l’atteignit par des prières intelligentes et une adoration sincère — une communion ininterrompue avec Dieu — et non par des directives, des voix, des visions ou des pratiques religieuses extraordinaires. LU 196:0.10.
Jésus ne demande pas à ses disciples de croire en lui, mais plutôt de croire avec lui, de croire à la réalité de l’amour de Dieu et d’accepter en toute confiance l’assurance de leur filiation avec le Père céleste. Le Maître désire que tous ses fidèles partagent pleinement sa foi transcendante. De la manière la plus touchante, Jésus mit ses partisans au défi non seulement de croire ce qu’il croyait, mais aussi de croire comme il croyait. Telle est la pleine signification de son unique exigence suprême: « Suis-moi. » LU 196:0.13.
Mais la plus grande erreur consista en ceci: Alors que le Jésus humain était reconnu comme ayant une religion, le Jésus divin (le Christ) devint une religion presque du jour au lendemain. Le christianisme de Paul assura l’adoration du divin Christ, mais perdit à peu près complètement de vue le Jésus humain de Galilée luttant vaillamment et qui, par la vaillance de sa foi religieuse personnelle et l’héroïsme de son Ajusteur intérieur, s’éleva des humbles niveaux de l’humanité pour devenir un avec la divinité, devenant ainsi le chemin nouveau et vivant par lequel tous les mortels peuvent effectuer la même ascension depuis l’humanité jusqu’à la divinité. Les mortels, à tous les stades de spiritualité et sur tous les mondes, peuvent trouver dans la vie personnelle de Jésus ce qui les fortifiera et les inspirera pendant qu’ils progressent des niveaux spirituels les plus bas aux valeurs divines les plus élevées, depuis le commencement jusqu’à la fin de toute expérience religieuse personnelle. LU 196:2.4.
Vous ne seriez ni choqué ni troublé par certaines vigoureuses proclamations de Jésus si vous vouliez seulement vous rappeler qu’il était l’homme religieux le plus sincère et le plus dévoué du monde. Il était un mortel entièrement consacré, voué sans réserve à faire la volonté de son Père. Beaucoup de ses sentences apparemment dures représentaient plutôt une profession personnelle de foi et un engagement de dévotion que des commandements à ses disciples. Et ce furent précisément cette unité de dessein et sa dévotion désintéressée qui lui permirent de faire, en une courte vie, des progrès aussi extraordinaires dans la conquête du mental humain. Beaucoup de ses déclarations devraient être considérées comme des confessions de ce qu’il exigeait de lui-même plutôt que comme des exigences imposées à tous ses disciples. Dans sa dévotion à la cause du royaume, Jésus brûla tous les ponts derrière lui; il sacrifia tout ce qui était un obstacle à l’exécution de la volonté de son Père. LU 196:2.7.
Jésus amenait les hommes à se sentir chez eux dans le monde; il les délivrait de l’esclavage des tabous et leur enseignait que le monde n’est pas fondamentalement mauvais. Il n’aspirait pas à échapper à sa vie terrestre. Durant sa vie dans la chair, il maîtrisa une technique pour faire la volonté de son Père d’une manière qui fut agréable à ce Père. Il atteignit une vie religieuse idéaliste au milieu d’un monde réaliste. Jésus ne partageait pas le point de vue pessimiste de Paul sur l’humanité. Le Maître considérait les hommes comme fils de Dieu et prévoyait un avenir éternel et magnifique pour tous ceux qui choisiraient de survivre. Il n’était pas un sceptique moral; il regardait l’homme positivement et non négativement. Il considérait la plupart des hommes comme faibles plutôt que mauvais, désaxés plutôt que dépravés. Mais quel que fût leur statut, ils étaient tous les enfants de Dieu et ses frères. LU 196:2.9.
Si un amant divin ne vivait pas en lui, l’homme ne pourrait aimer généreusement et spirituellement. Si un interprète ne vivait pas dans son mental, l’homme ne pourrait pas vraiment se rendre compte de l’unité de l’univers. Si un estimateur ne demeurait pas en lui, l’homme serait dans l’impossibilité d’apprécier les valeurs morales et de reconnaître les significations spirituelles. Or, cet amant divin vient de la source même de l’amour infini; cet interprète est une fraction de l’Unité Universelle; cet estimateur est l’enfant du Centre-Source de toutes les valeurs absolues de la réalité éternelle et divine. LU 196:3.16.
Cette profonde expérience de la réalité de la présence divine intérieure transcende pour toujours la grossière technique matérialiste des sciences physiques. On ne peut ni mettre la joie spirituelle sous un microscope, ni peser l’amour dans une balance, ni mesurer les valeurs morales; et l’on ne peut pas non plus chiffrer la qualité de l’adoration spirituelle. LU 196:3.18.
La vie de certains hommes est trop grande et noble pour descendre au bas niveau d’une simple réussite. L’animal doit s’adapter à son environnement, mais l’homme religieux transcende son environnement; il échappe ainsi aux limitations du présent monde matériel par la clairvoyance de l’amour divin. Ce concept de l’amour engendre dans l’âme de l’homme l’effort super animal pour trouver la vérité, la beauté et la bonté; et quand il les trouve effectivement, il est glorifié dans leur étreinte; il est consumé du désir de les vivre et d’agir selon la droiture. LU 196:3.32.
La conscience de Dieu est l’équivalent de l’intégration du moi à l’univers sur ses niveaux les plus élevés de réalité spirituelle. Seul le contenu spirituel d’une valeur quelconque est impérissable. Même ce qui est vrai, beau et bon ne saurait périr dans l’expérience humaine. Si l’homme ne choisit pas de survivre, alors l’Ajusteur survivant conserve ces réalités nées de l’amour et nourries dans le service. Et toutes ces choses font partie du Père Universel. Le Père est amour vivant, et cette vie du Père est dans ses Fils. Et l’esprit du Père est dans les fils de ses Fils — les hommes mortels. Quand tout est dit et fait, l’idée de Père reste encore le concept humain le plus élevé de Dieu. LU 196:3.35.