[p. 129]
P. 79. Bâb el Khalìl.—La porte occidentale de Jérusalem est appelée Bâb el Khalìl (la porte de l’Ami, c’est-à-dire Abraham), probablement parce que c’est par elle que quiconque se rend à Hébron (El Khalìl) sortait de la ville. Mais une inscription arabe ornementale, juste à l’intérieur de la porte du XVIe siècle, rappelant au passant qu’« Ibrahim était l’Ami d’Allah », a peut-être donné ce nom. Cette porte fut appelée à une époque « Bâb mihrab Daûd » (porte de l’oratoire de David), à cause de sa proximité avec la tour traditionnelle de David mentionnée dans la première section de ce livre. L’actuelle porte de Sion, appelée aujourd’hui par les indigènes « Bâb en Nebi Daûd » (porte du prophète David), était alors connue sous le nom de « porte de Sion » ou « du quartier des Juifs ».
P. 79. ’Isa ibn Maryam et El Messih ed-Dejjâl. — Les théologiens musulmans ont été très occupés par la difficile tâche de concilier ces traditions contradictoires avec la topographie réelle, d’autant plus qu’une autre déclaration apocalyptique représente le Dejjâl comme venant de l’Orient, et rencontré et tué à son arrivée sur les rives du Jourdain par ’Isa, qui, avec ses fidèles fidèles, quittera El-Kuds pour lui résister. Le Dejjâl viendra soit d’Irak, soit du Khorassan, accompagné d’une armée de 70 000 Juifs, qui, l’ayant reconnu comme le Messie, fils de David, espèrent être rétablis dans leur royaume sous sa direction. De Jérusalem ’Isa apportera avec lui trois pierres qu’il lancera sur l’imposteur en fuite, en disant, avec la première : « Au nom du Dieu d’Abraham » ; avec le second, « Au nom du Dieu d’Isaac » et avec le troisième, « Au nom du Dieu de Jacob ». Son but sera infaillible et fatal. Les Juifs, déconcertés, chercheront à se cacher ; mais leurs cachettes seront dotées d’un pouvoir miraculeux, les pierres mêmes derrière lesquelles ils s’accroupissent en criant : « Il y a un Juif derrière moi. » Comme le Jourdain est à l’est et Lydda à l’ouest [p. 130] de Jérusalem, la difficulté de concilier ces déclarations est évidente.
P. 82. Grotte de Jérémie. — La grotte de Jérémie doit son nom à la croyance selon laquelle le livre des « Lamentations » fut composé et écrit là ; tandis que le précipice artificiel au pied duquel elle s’ouvre est identifié par la légende juive moderne comme le « Beth-ha-Sekelah », ou lieu d’exécution par lapidation, mentionné dans la Mishna. À partir de cette circonstance, certains ont supposé que saint Étienne fut lapidé ici ; et aussi que le sommet de la colline, occupé aujourd’hui par un cimetière musulman, était le Calvaire. Ce n’est pas le lieu ici de discuter de telles spéculations. L’endroit où les reliques du proto-martyr, découvertes vers 415 après J.C. à la suite d’une vision accordée à Lucien, prêtre de Kaphar-Gamala — où que ce village ait pu être — furent enterrées avec des rites solennels, est indiqué dans l’église récemment et entièrement reconstruite juste au nord de la colline, qui se trouve sur le site de celle érigée par l’impératrice Eudocie et consacrée en 460 après J.C. C’est un fait remarquable qui peut être prouvé par référence aux écrivains pèlerins, qu’à différentes périodes de l’histoire de Jérusalem, divers endroits, au nord, au sud, à l’est et à l’ouest de la ville, ont été signalés en rapport avec la mort et l’enterrement de saint Étienne.
P. 83. Turbet Birket Mamilla.—Le grand cimetière musulman qui porte ce nom est situé à environ un demi-mille à l’ouest de Jérusalem. Des recherches modernes ont montré qu’à l’époque des croisades et bien avant, c’était un cimetière chrétien, le dernier lieu de repos des chanoines de l’Église et de l’abbaye du Saint-Sépulcre. [1] Il est remarquable par un grand bassin ou birket appelé par la tradition chrétienne le bassin supérieur de Gihon, par les juifs Millo. Dans le cimetière lui-même, se trouvent les tombeaux de plusieurs musulmans distingués, et, comme on pouvait s’y attendre, des légendes intéressantes y sont liées. La plus ancienne d’entre elles est attachée à une grotte à une certaine distance à l’ouest du bassin et appelée le « charnier du Lion ». Son histoire est la suivante :
Il y a plusieurs centaines d’années vivait en Perse un grand roi qui était à la fois idolâtre et magicien. Il habitait une tour élevée au dernier étage de laquelle se trouvait un temple où il adorait les corps célestes par des rites profanes, comme le sacrifice de nouveau-nés. Dans ce temple, on pouvait voir des machines très curieuses qui faisaient [131] bouger les images des divinités que les païens supposaient diriger les différents corps célestes, tels que Jupiter, Mars et Vénus, comme si elles étaient douées de vie. Or, ce monarque, qui s’appelait Khosru, était aussi ambitieux que méchant. Il envoya une grande armée pour envahir la Terre Sainte, massacrer les moines de Mar-Saba, puis prendre Jérusalem. Ils tuèrent tous les êtres humains de la ville, détruisirent toutes les églises et emportèrent tout ce qui avait de la valeur, y compris la vraie Croix qui avait été enfermée dans un coffre solide et scellée par le patriarche de Jérusalem quelque temps avant l’arrivée des envahisseurs, et retournèrent dans leur pays. Les crânes des reclus martyrisés à Mar-Saba y sont encore exposés aujourd’hui. Les Perses furent obligés de quitter Jérusalem, où ils avaient massacré 60 000 personnes, à cause de la puanteur qui se dégageait du grand nombre de cadavres non enterrés. Comme il n’y avait personne pour enterrer les morts, Dieu inspira à un lion la pitié pour les restes de ses serviteurs tués par les païens ; et la bête sauvage non seulement chassa tous ceux qui auraient dévoré les morts, mais transporta leurs cadavres, un par un, dans cette caverne qui était à l’origine très profonde et qui avait une centaine de marches pour y descendre, et les y déposa respectueusement, côte à côte. [2] Plusieurs centaines d’années plus tard, sainte Mamilla érigea une église à cet endroit, et là on priait chaque jour pour le repos des âmes des martyrs enterrés dans la caverne. A propos de cette histoire, il peut être intéressant de noter que dans plusieurs légendes de saints palestiniens, les lions figurent d’une manière remarquable. Ainsi saint Jérôme (mort en 410) est, dans l’art médiéval, très fréquemment représenté en compagnie d’un lion dont le saint avait guéri la patte blessée [132] dans le désert de Chalcis, et qui, en remerciement, devint le fidèle serviteur et protecteur de Jérôme. [3] De même, on montre aux visiteurs du couvent de Mar-Saba la grotte où le fondateur de ce monastère s’était installé avec un lion, l’ancien locataire, et on leur raconte gravement que lorsque le saint exprima son opinion que le lieu était trop petit pour loger deux locataires, le roi des animaux comprit courtoisement l’allusion et trouva un autre logement ; tandis que dans la chapelle de Sainte-Marie l’Egyptienne, près de l’église du Saint-Sépulcre, les pèlerins admirent un tableau montrant comment un certain ermite, en route pour visiter la sainte, la trouva morte et un lion occupé à la pieuse tâche de l’enterrer.
P. 85. Un kirât.—« En Orient, il est d’usage de mesurer toute chose selon un étalon de vingt-quatre kirâts. Le kirât signifie littéralement un pouce, ou la vingt-quatrième partie du dra’a ou aune arabe. L’expression anglaise « dix-huit carats fins », pour l’or, est une survivance de cet usage. Elle signifie que le métal contient dix-huit parties d’or pour vingt-quatre parties d’alliage. En Orient, tout est censé être composé de vingt-quatre kirâts ou carats. Ainsi, un patient ou ses amis demanderont à un médecin combien de kirâts d’espoir il y a dans son cas. Un homme répondra qu’il y a vingt-trois kirâts de probabilité qu’un tel événement se produise. Une société divise ses actions en kirâts, etc. (Voir Dr Post sur « Tenure foncière, agriculture, etc. », dans le Pal. Exp. Q. Statement pour 1891, p. 100, note de bas de page.)
P. 89. En Nebi Daûd.—Quoique ce ne soit que depuis le douzième siècle que les traditions juives et chrétiennes [4] ont situé [133] le tombeau de David à l’endroit situé hors de la porte de Sion et connu sous le nom de Cénacle, ou chambre haute où le Christ institua la Sainte Cène ; ce n’est que depuis 1560 que les musulmans l’ont reconnu comme tel. [5] Quoique, en effet, en 1479, Tucher de Nuremberg ait trouvé une mosquée installée dans la partie inférieure de l’édifice, qui contenait déjà ce qu’on indiquait comme les tombeaux de David, de Salomon et d’autres rois juifs ; Il y a des preuves que les musulmans ne croyaient pas à la tradition, et ils avaient probablement la mosquée là, en premier lieu, pour être sur un pied d’égalité avec les chrétiens, et ensuite, à cause de leur croyance au Cénacle comme le lieu où ’Isa ibn Maryam « fit miraculeusement descendre une table du ciel ». [6] En fait, nous savons, d’après la déclaration spéciale de Mejr ed dìn (1495 après J.-C.), qu’à son époque les musulmans croyaient que David et Salomon étaient tous deux enterrés près de Gethsémani. [7] Il mentionne en effet le Cénacle, mais seulement comme « l’église de Sion ». [8] Le groupe de bâtiments qui y est rattaché a été érigé à l’origine comme un couvent pour les franciscains, et cet ordre y a eu son siège principal de 1313 à 1561 après J.-C. Ils en avaient été expulsés avant cette date ultérieure, mais avaient réussi à en reprendre possession. La tradition concernant leur expulsion définitive est la suivante :
En 1560, un Juif riche et influent de Constantinople vint à Jérusalem et demanda la permission de prier sur le tombeau de David. Sa requête étant refusée avec indignation par les Latins, il jura de se venger et, à son retour à Constantinople, il dit au grand vizir qu’il était très mal de permettre que le tombeau d’un des grands prophètes de l’Islam reste entre les mains des infidèles. A la suite de ses représentations, aidées, dit-on, par des pots-de-vin, les musulmans furent persuadés que le tombeau de David se trouvait là où les juifs et les chrétiens s’étaient mis d’accord pour le situer, et [p. 134] les franciscains furent à nouveau expulsés et durent trouver un nouveau lieu. Depuis lors, le lieu est aux mains des musulmans.
P. 94. Birket Israìl.—Cette grande piscine, qui, il y a vingt ans, avant que la découverte des Doubles Piscines de Sainte-Anne ne soit rendue publique, était désignée comme « la Piscine de Bethesda » ; est maintenant rapidement remplie de détritus.
P. 95. Pont de Lydda\—Ce pont de Lydda fut construit par le même émir de Ramleh qui envoya traîtreusement des assassins pour tuer l’héritier présomptif d’Angleterre, le même qui devint plus tard Édouard Ier.
P. 99. Histoires policières.—On raconte beaucoup de choses sur les moyens employés par des personnes particulièrement douées pour la détection des criminels. Certaines d’entre elles rappellent l’histoire biblique de Salomon et des deux mères (1 Rois iii ; v. 16 à la fin) et aussi le récit apocryphe de la procédure de Daniel dans l’« Histoire de Suzanne ».
Pour deux autres histoires similaires, dont les versions sont courantes dans ce pays, voir « The Land and the Book » du Dr Thomson, édition de 1873, p. 153.
P. 100. « Écrire et pratiquer la magie » le jour du sabbat.—Les ordonnances rabbiniques permettent, pour la conservation de la vie, de cuisiner le jour du sabbat, ou même de manger du porc ; mais il est douteux que l’écriture ou la pratique de la magie soient permises.
P. 101. Enterrement de Kolonimos.—Il n’est pas rare que des Juifs très pieux ordonnent qu’après leur mort, et pour expier les péchés commis pendant leur vie, leurs corps soient maltraités. Certains ordonnent même que les quatre peines capitales prescrites par la Loi, à savoir la décapitation, l’étranglement, le bûcher et la lapidation, soient appliquées sur leurs cadavres. D’autres ordonnent qu’après leur mort, ils soient soumis au « malkoth » ou flagellation publique avec quarante coups de fouet sauf un, tandis que d’autres encore, comme dans le cas d’un grand-rabbin de Jérusalem récemment décédé, ordonnent que leurs corps soient traînés le long du chemin menant à leurs tombeaux. Dans le cas mentionné ci-dessus, le cercueil sur lequel reposait le cadavre fut ainsi traîné sur une courte distance.
P. 101. Tombeau de Kolonimos.—On dit que le petit cairn que l’on présente aujourd’hui comme le tombeau de Kolonimos fut ainsi formé, et que la dernière pierre y fut jetée au commencement du XIXe siècle. Il est dans le lit du Cédron, un peu au sud-ouest du tombeau dit de Zacharie.
L’histoire ci-dessus contient peut-être un noyau historique. Kolonimos [135] était une personne bien connue, et à son époque, très peu de gens en Palestine savaient lire ou écrire. Ceux qui possédaient ces dons exerçaient une influence énorme sur leurs contemporains, la connaissance dans leur cas étant en effet un pouvoir comme le prouve le fait suivant conservé traditionnellement :
Pendant la guerre d’indépendance grecque (1821-1828), un courrier tatar arriva un jour de Constantinople, apportant au gouverneur de Jérusalem un ordre écrit de la Sublime Porte, lui ordonnant de mettre à mort immédiatement le patriarche grec orthodoxe et plusieurs de ses principaux ecclésiastiques. Heureusement pour le condamné, de tous les fonctionnaires du gouvernement, depuis le pacha jusqu’au dernier, le seul qui savait lire et écrire était un effendi bien disposé envers les chrétiens. La lettre de Stambûl fut donc remise entre ses mains pour être déchiffrée. Après l’avoir lue, il informa ses collègues qu’elle se rapportait à une affaire totalement différente. Personne ne mit en doute sa parole, et le document fut laissé en sa possession pour qu’il y réponde. Dès qu’il put le faire sans se faire remarquer, il se rendit chez le patriarche grec et les autres clercs mentionnés dans l’ordre et, après avoir demandé une entrevue privée, leur montra l’arrêt de mort, mais promit de garder le secret sur sa véritable signification. Il tint fidèlement cette promesse, et la communauté grecque orthodoxe, en remerciement pour ce grand service, accorda à ses descendants le droit dont ils jouissent encore, d’être reçus comme des hôtes d’honneur non seulement au couvent grec de Jérusalem, mais aussi dans tous les autres monastères orthodoxes du Patriarcat de Jérusalem.
Or, si telle était la situation il y a moins d’un siècle, elle devait être encore pire à l’époque de Kolonimos. Ce qui se passa réellement fut probablement quelque chose comme ceci : tandis que le rabbin écrivait et marmonnait ses sornettes, il scrutait furtivement les visages des spectateurs pour voir s’il y avait quelqu’un dans l’assistance qui semblait particulièrement intéressé par l’affaire ou par le résultat de son action.
Remarquant la crainte ou l’inquiétude qui se peignait sur les traits de l’un d’eux, il en conclut qu’il s’agissait d’une mauvaise conscience et, s’étant fait sa propre opinion, il lui suffisait de désigner le coupable qui s’effrayait pour obtenir la vérité. De telles méthodes pour surprendre les malfaiteurs et les amener à avouer leur culpabilité sont en vogue de nos jours.
P. 106. Les habitants de Deyr es Sinneh.—v. 128, Josèphe, Antig. XV. 10, 5 ; Guerres, ii. 8, 6 ; Antig. XIII. 5, 9 ; XVIII. 1, 5, 6 ; XVII. 13, 3.
[p. 136]
Le nom évocateur et les histoires racontées sur les gens excentriques de Deyr es Sinneh sont censés être des réminiscences de la secte autrefois célèbre des Esséniens, dont Josèphe fait souvent mention, mais dont, autant que l’auteur le sache, aucune trace réelle n’a encore été découverte, à l’exception de celles de la citerne et des bains mentionnés ci-dessus.
P. 108. « Le temps des infidèles. »\—C’est ainsi que les paysans musulmans se réfèrent habituellement à la période où la Palestine était sous domination chrétienne.
P. 109. Tombeaux sur le site de l’actuel couvent grec de Saint-Onuphre. — La tradition ecclésiastique dit que ces tombeaux et le bâtiment médiéval en ruine à proximité qui couvre une fosse profonde creusée dans le roc, marquent l’emplacement d’Aceldama. Au Moyen Âge, la terre des terrasses de collines de cette région était transportée en Europe par bateaux entiers vers divers cimetières, tels que le Campo Santo à Pise, à cause de la croyance générale qu’elle possédait la propriété particulière d’accélérer la décomposition. Elle était également douée du don étrange de connaître la différence entre une nationalité et une autre. Ainsi, on nous informe que « par ordre de l’impératrice Hélène, deux cent soixante-dix bateaux entiers de terre furent transportés à Rome et déposés dans le Camp Santo près du Vatican, où elle avait l’habitude de rejeter les corps des Romains et de ne consommer que ceux des étrangers. » [^74]
P. 110. Chrétiens d’au-delà du Jourdain au temps des croisades. — Baudoin Ier incita beaucoup de chrétiens vivant au-delà du Jourdain [^74] à venir s’établir à Jérusalem. On leur accorda des privilèges et des immunités spéciaux, et en 1121 après J.-C., son successeur fit passer une mesure de libre-échange qui supprimait tous les droits coutumiers sur les articles de commerce. (Will Tyrensis, xii. xv. ; Williams’ Holy City, vol. i. p. 404 et note en bas de page.) Il est depuis des siècles d’usage pour les criminels et les hors-la-loi de fuir vers la région à l’est du Jourdain et de s’y réfugier sous la protection de quelque sheikh bédawaï. Cette coutume illustre des épisodes tels que la fuite de Jephté (Juges xi. 2) et le séjour de David en Philistie (1 Sam. xxi. 10 ; xxvii., xxviii. I, 2).
P. 120. Les jugements de Karakash. — L’expression « Ceci est l’un des jugements de Karakash » est courante parmi les indigènes de Palestine, lorsqu’une décision prise est désespérément absurde, bien que fondée strictement sur les preuves de l’affaire. On dit que cette expression a pris naissance il y [137] a plusieurs centaines d’années, pendant le gouvernement de l’émir Beha-ed-dìn Karakash, ou Karakush, qui vécut pendant la dernière partie du XIIe siècle chrétien et fut un fidèle lieutenant du grand Saladin qui lui confia la construction des nouvelles fortifications du Djebel el Mokattam au Caire. On dit que la tranchée taillée dans le roc qui protège la citadelle de cet endroit a été creusée sur ses ordres. Il commandait également en chef la garnison d’Acre lorsque cette ville fut prise par Coeur de Léon, vers 1192. Il était donc un personnage historique, et les excentricités judiciaires pour lesquelles on se souvient de lui, peuvent avoir pour origine des pamphlets diffusés par ses ennemis (Bohaeddin’s « Life of Saladin », P.E.F., traduction du colonel Conder, p. 107, note de bas de page, et aussi pp. 202, 209, 238, 260, 269).
P. 122. « Pendez le premier homme de petite taille que vous trouverez. »\—En 1857, un citoyen américain fut assassiné à Jaffa. Le gouvernement des États-Unis envoya un navire de guerre, le crime fut enquêté et le présumé criminel pendu à la vergue du navire. Cependant, jusqu’à ce jour, la tradition est courante à Jaffa selon laquelle la victime n’était pas le véritable meurtrier, mais un pauvre et presque imbécile vendeur de pain noir qui fut sacrifié à sa place.
P. 126. _Le « voyage nocturne » de Mahomet de la Mecque à Jérusalem. — « De Jérusalem, il aurait été transporté à travers les sept cieux jusqu’à la présence de Dieu, et ramené à la Mecque la même nuit. » « Les théologiens musulmans sont en désaccord pour savoir si le voyage nocturne de leur prophète fut réellement accompli par lui corporellement, ou s’il s’agissait seulement d’un rêve ou d’une vision. Certains pensent qu’il ne s’agissait que d’une vision et allèguent une tradition expresse de Moawìyeh, l’un des khalifehs, à cet effet. D’autres supposent qu’il fut transporté corporellement à Jérusalem, mais pas plus loin ; et qu’il monta de là au ciel en esprit seulement. Mais l’opinion reçue est que ce n’était pas une vision, mais qu’il fut réellement transporté dans son corps jusqu’au terme de son voyage ; et si l’on objecte une impossibilité, ils pensent qu’une réponse suffisante est que cela pourrait facilement être effectué par un agent omnipotent. » Note de bas de page de Sale au verset 1 de la sourate xvii du Coran intitulée « Le voyage nocturne » (Chandos Classics, pp. 206, 207).
P. 127. Un sultan rêva que toutes ses dents lui tombaient. Rêver qu’on a perdu une seule dent est un présage effrayant. Les adultes souffrant de leurs dents font [138] des vœux, et les enfants, qui perdent leur première dent, prennent chacune des vieilles dents qui tombent et les jettent au soleil en criant : « Ô soleil, prends cette dent d’âne et donne-moi à la place une dent de gazelle. » La formule diffère chez les fellahìn de Silwan, dont les enfants apprennent à dire : « Ô soleil ! prends cette dent d’âne et à la place donne-moi la dent d’un de tes enfants. » Chez les Juifs arabes indigènes, la dent est jetée dans un puits avec la formule donnée dans le texte. D’autres disent : « Ô soleil ! prends cette dent de fer et donne-moi une dent de perle. »
Jusqu’en 1868, lorsque le nouveau dôme de fer fut placé sur l’église du Saint-Sépulcre, on pouvait voir un grand nombre de dents humaines collées, comme témoins des vœux faits par leurs propriétaires, dans les fissures et les interstices des colonnes groupées sur le côté gauche du grand portail de ladite église.
130:1 Voir « Recherches archéologiques » du professeur Clermont Ganneau, vol. I, pp. 279-290. ↩︎
131:1 Selon Williams « Holy City », vol. i. p. 303, cette légende est mentionnée pour la première fois par Eugesippe vers 1120 après J.-C. et est introduite afin d’expliquer le nom sous lequel la caverne était alors connue, à savoir « Caverna » ou « Spelunca Leonis », comme l’écrit Guillaume de Tyr en mentionnant le bassin adjacent. Dans un traité d’un écrivain antérieur, que Williams suppose avoir été Modeste, il est dit que les soins pieux d’un « Nicodème et d’une Madeleine » ont assuré la sépulture décente de ceux tués par les Perses. Le nom de l’homme est dit avoir été Thomas ; tandis qu’une troisième version de la légende fait que les corps ont été enterrés par une femme âgée et sa chienne. Une histoire tout à fait différente est que les corps enterrés dans cette caverne étaient ceux des Saints Innocents. ↩︎
131:2 Voir « Les Psaumes dans la vie humaine » de Prothero, p. 27. ↩︎
132:1 Voici l’histoire bien connue racontée pour la première fois par Rabbi Benjamin de Tudela qui visita Jérusalem peu après 1160 après J.C.: "Sur le mont Sion se trouvent les sépulcres de la maison de David et ceux des rois qui régnèrent après lui. Cependant, en raison de la circonstance suivante, cet endroit est à peine reconnaissable à l’heure actuelle. Il y a quinze ans, l’un des murs du lieu de culte du mont Sion est tombé, et le patriarche a ordonné au prêtre de le réparer. Il a ordonné de prendre des pierres du mur original de Sion et de les utiliser à cette fin, et cet ordre a été obéi. Deux ouvriers, qui étaient occupés à extraire des pierres des fondations mêmes des murs de Sion, ont rencontré par hasard l’une d’elles qui formait l’entrée de la caverne. Ils ont convenu d’entrer dans la caverne et d’y chercher un trésor; Ils pénétrèrent dans une grande salle, soutenue par des colonnes de marbre incrustées d’or et d’argent, devant lesquelles se trouvait une table avec un sceptre et une couronne d’or. C’était le sépulcre de David, roi d’Israël, à gauche duquel ils virent celui de Salomon et de tous les rois de Juda qui y étaient enterrés. Ils aperçurent en outre des coffres fermés à clé et voulurent entrer dans la salle pour les examiner, mais un coup de vent, semblable à une tempête, sortit de l’entrée de la caverne et les jeta presque sans vie sur le sol. Ils restèrent dans cet état jusqu’au soir, lorsqu’ils entendirent une voix leur ordonnant de se lever et de sortir de ce lieu. Ils allèrent, saisis de terreur, chez le patriarche et lui racontèrent ce qui s’était passé. Il appela Rabbi Abraham el Constantini, un pieux ascète, l’un des pleureurs de la chute de Jérusalem, et fit répéter l’incident par les deux ouvriers en sa présence. Rabbi Abraham informa alors le patriarche qu’ils avaient découvert le sépulcre de la maison de David et des rois de Juda. Le patriarche ordonna que l’endroit soit muré, de manière à le cacher efficacement à tout le monde jusqu’à ce jour. Le rabbin Abraham mentionné ci-dessus m’a raconté tout cela. » (Voir Williams’s « Holy City », vol. ii. pp. 609, 510.) ↩︎
133:1 « Recherches bibliques » de Robinson, vol. i, p. 242, etc. ↩︎
133 : 2 « Uns el Jelìl », vol. je. p. 145. Édition du Caire. ↩︎
133 : 3 « Uns el Jelìl », p. 105 et 131. ↩︎
133 : 4 « Uns el Jelìl », p. 402, vol. ii. ↩︎