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Fascicule 160. Rodan d’Alexandrie |
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Fascicule 162. À la fête des Tabernacles |
161:0.1 LE DIMANCHE 25 septembre de l’an 29, les apôtres et les évangélistes se rassemblèrent à Magadan. Ce soir-là, après une longue conférence avec ses associés, Jésus les surprit tous en annonçant que, le lendemain matin, il partirait de bonne heure pour Jérusalem avec les douze apôtres pour assister à la fête des Tabernacles. Il ordonna aux évangélistes de visiter les croyants en Galilée, et au groupe féminin de retourner pour un certain temps à Bethsaïde.
161:0.2 Quand arriva l’heure du départ pour Jérusalem, Nathanael et Thomas étaient encore au milieu de leurs discussions avec Rodan d’Alexandrie ; ils obtinrent du Maitre la permission de rester quelques jours de plus à Magadan. Ainsi, pendant que Jésus et les dix faisaient route vers Jérusalem, Nathanael et Thomas étaient engagés dans de sérieuses discussions avec Rodan. La semaine précédente au cours de laquelle Rodan avait exposé sa philosophie, Thomas et Nathanael avaient, tour à tour, présenté l’évangile du royaume au philosophe grec. Rodan constata que les enseignements de Jésus lui avaient été bien exposés par son professeur d’Alexandrie, l’un des anciens apôtres de Jean le Baptiste.
161:1.1 Il y avait une question sur laquelle Rodan et les deux apôtres divergeaient, et c’était la personnalité de Dieu. Rodan acceptait volontiers tout ce qu’on lui présentait au sujet des attributs de Dieu, mais il soutenait que le Père qui est aux cieux n’est pas et ne peut pas être une personne au sens où les hommes conçoivent la personnalité. Quand les apôtres essayèrent de lui prouver que Dieu est une personne, ils se trouvèrent en difficulté ; mais Rodan trouva encore plus difficile de prouver que Dieu n’est pas une personne.[1]
161:1.2 Rodan soutint que le fait de la personnalité consiste dans le fait simultané que des êtres capables de se comprendre sympathiquement communiquent pleinement et mutuellement sur un pied d’égalité. Rodan dit : « Pour que Dieu soit une personne, il faudrait qu’il ait des symboles de communication spirituelle lui permettant d’être pleinement compris par ceux qui entrent en contact avec lui. Or, puisque Dieu est infini et éternel, et qu’il est le Créateur de tous les autres êtres, il s’ensuit qu’en ce qui concerne des êtres égaux, Dieu est seul dans l’univers. Nul ne lui est égal ; il ne peut communiquer avec personne comme un égal. Dieu est peut-être la source de toute personnalité, mais à ce titre il transcende la personnalité, de même que le Créateur se situe au-dessus et au-delà de la créature. »[2]
161:1.3 Ce démêlé avait beaucoup troublé Thomas et Nathanael, et ils avaient demandé à Jésus de venir à leur aide, mais le Maitre refusa d’entrer dans la discussion. Toutefois, il dit à Thomas : « Peu importe l’idée que tu peux te faire du Père, pourvu que tu connaisses spirituellement l’idéal de sa nature infinie et éternelle. »[3][4]
161:1.4 Thomas soutint que Dieu communique bien avec les hommes et qu’en conséquence, le Père est une personne, même selon la définition de Rodan. Le philosophe grec le contesta en arguant que Dieu ne se révèle pas personnellement et qu’il reste un mystère. Alors, Nathanael fit appel à sa propre expérience personnelle avec Dieu, et cela Rodan l’admit, en affirmant qu’il avait eu récemment des expériences semblables, mais il soutint que ces expériences prouvaient seulement la réalité de Dieu et non sa personnalité.
161:1.5 Le lundi soir, Thomas renonça à le convaincre, mais, le mardi soir, Nathanael avait amené Rodan à croire à la personnalité du Père. Il obtint ce changement dans les opinions du Grec par les étapes de raisonnement suivantes admettant que :[5][2]
161:1.6 1. Le Père du Paradis jouit d’une égalité de communication avec au moins deux autres êtres qui lui sont pleinement égaux et semblables — le Fils Éternel et l’Esprit Infini. Compte tenu de la doctrine de la Trinité, le Grec fut obligé de concéder que le Père Universel pouvait avoir une personnalité. (Ce fut l’étude ultérieure de ces discussions qui conduisit à la conception élargie de la Trinité dans le mental des douze apôtres. Bien entendu, la croyance générale identifiait Jésus avec le Fils Éternel.)[2]
161:1.7 2. Puisque Jésus était égal au Père, et puisque ce Fils était parvenu à manifester la personnalité à ses enfants terrestres, un tel phénomène constituait la preuve du fait, et la démonstration de la possibilité, que les trois Divinités possédaient une personnalité. En même temps, il réglait définitivement la question concernant l’aptitude de Dieu à communiquer avec les hommes et la possibilité pour les hommes de communiquer avec Dieu.
161:1.8 3. Jésus était en termes d’association mutuelle et de parfaite communication avec l’homme ; Jésus était le Fils de Dieu. La relation entre le Père et le Fils présuppose une égalité de communication et une compréhension sympathique mutuelle ; Jésus et le Père ne faisaient qu’un[1]. Jésus maintenait simultanément des communications compréhensives à la fois avec Dieu et avec l’homme. Puisque Dieu et l’homme saisissaient tous deux le sens des symboles des communications de Jésus, Dieu et l’homme possédaient tous deux les attributs de la personnalité en ce qui concernait l’aptitude à intercommuniquer. La personnalité de Jésus démontrait la personnalité de Dieu tout en apportant la preuve décisive de la présence de Dieu en l’homme. Deux choses reliées à une même troisième sont reliées entre elles.
161:1.9 4. La personnalité représente pour l’homme le concept le plus élevé de la réalité humaine et des valeurs divines ; Dieu représente également pour l’homme le concept le plus élevé de la réalité divine et des valeurs infinies ; Dieu doit donc être une personnalité divine et infinie, mais bien réelle, quoique transcendant infiniment la conception et la définition humaines de la personnalité ; il reste néanmoins toujours et universellement une personnalité.
161:1.10 5. Dieu doit être une personnalité puisqu’il est le Créateur de toute personnalité et la destinée de toute personnalité. L’enseignement de Jésus : « Soyez donc parfaits, comme votre Père qui est aux cieux est parfait » avait prodigieusement influencé Rodan[2].[6][7]
161:1.11 Après avoir entendu ces arguments, Rodan dit : « Je suis convaincu. Je professerai que Dieu est une personne si, en professant cette croyance, vous me permettez de nuancer ma profession d’une telle croyance en attachant au sens de personnalité un ensemble de valeurs plus larges, telles que suprahumaine, transcendante, suprême, infinie, éternelle, finale et universelle. Je suis désormais convaincu que Dieu doit être infiniment plus qu’une personnalité, mais qu’il ne peut rien être de moins. Je suis d’accord pour mettre fin à la discussion et pour accepter Jésus en tant que révélation personnelle du Père ; et en tant que celui qui comble toutes les lacunes de la logique, de la raison et de la philosophie. »
161:2.1 Nathanael et Thomas ayant pleinement approuvé les points de vue de Rodan sur l’évangile du royaume, il ne restait plus qu’un seul point à examiner, celui de l’enseignement concernant la nature divine de Jésus ; cette doctrine venait seulement d’être divulguée publiquement. Nathanael et Thomas présentèrent conjointement leurs points de vue sur la nature divine du Maitre, et l’exposé ci-dessous est une présentation résumée, réarrangée et reformulée de leur enseignement :[9]
161:2.2 1. Jésus a reconnu sa divinité, et nous le croyons. Beaucoup d’évènements remarquables survenus en liaison avec son ministère ne sont compréhensibles que si l’on croit qu’il est le Fils de Dieu aussi bien que le Fils de l’Homme.
161:2.3 2. Son association quotidienne avec nous donne l’exemple d’une amitié humaine idéale ; seul un être divin peut être un pareil ami humain. Il est la personne la plus sincèrement désintéressée que nous ayons jamais connue. Il est même l’ami des pécheurs, et il ose aimer ses ennemis. Il est très loyal envers nous. Alors qu’il n’hésite pas à nous faire des reproches, il est évident pour nous tous qu’il nous aime vraiment. Mieux on le connait, plus on l’aime. On est charmé par son inébranlable dévouement. Durant toutes ces années où nous n’avons pas réussi à comprendre sa mission, il est resté un ami fidèle. Il n’emploie pas la flatterie ; il traite chacun de nous avec la même gentillesse ; il est invariablement tendre et compatissant. Il a partagé avec nous sa vie et toutes choses. Nous formons une communauté heureuse ; nous mettons tout en commun. Nous ne croyons pas qu’un simple humain puisse vivre une vie aussi exemplaire dans des circonstances aussi éprouvantes.[10]
161:2.4 3. Nous pensons que Jésus est divin parce qu’il ne fait jamais de mal ; il ne commet pas d’erreurs. Sa sagesse est extraordinaire et sa piété magnifique. Il vit chaque jour en parfait accord avec la volonté du Père. Il ne se repent jamais d’avoir mal fait, parce qu’il ne transgresse aucune des lois du Père. Il prie pour nous et avec nous, mais jamais il ne nous demande de prier pour lui. Nous croyons qu’il est constamment exempt de péché. Nous ne croyons pas qu’une personne uniquement humaine ait jamais déclaré mener une vie semblable. Il prétend vivre une vie parfaite, et nous reconnaissons qu’il le fait. Notre piété provient de la repentance, mais la sienne provient de la droiture. Il déclare même pardonner les péchés, et il guérit bel et bien les maladies. Nul homme sain d’esprit ne déclarerait qu’il pardonne les péchés, car c’est une prérogative divine. Dès notre premier contact avec lui, il nous a paru parfait dans sa droiture. Nous croissons en grâce et en connaissance de la vérité, mais notre Maitre manifeste la maturité de la droiture depuis le commencement. Tous les hommes, bons ou mauvais, reconnaissent ces éléments de bonté chez Jésus. Cependant sa piété n’est jamais importune ni ostentatoire. Il est à la fois débonnaire et intrépide. Il parait approuver notre croyance en sa divinité. Ou bien il est ce qu’il prétend être, ou bien il est le plus grand hypocrite et mystificateur que le monde ait jamais connu. Nous sommes persuadés qu’il est exactement ce qu’il prétend être.
161:2.5 4. Son caractère exceptionnel et la perfection de son contrôle émotif nous convainquent qu’il est une combinaison d’humanité et de divinité. Il réagit infailliblement au spectacle de la misère humaine. Les souffrances ne manquent jamais de l’émouvoir. Sa compassion est soulevée aussi bien par les souffrances physiques que par l’anxiété mentale ou les chagrins spirituels. Il reconnait vite et généreusement la présence de la foi ou de toute autre grâce chez ses contemporains. Il est tellement juste et équitable en même temps que miséricordieux et prévenant. Il s’attriste de voir l’obstination spirituelle des gens, et se réjouit quand ils consentent à ouvrir les yeux à la lumière de la vérité.
161:2.6 5. Il parait connaitre les pensées du mental des hommes et comprendre les désirs de leur cœur. Il est toujours compatissant envers nos esprits troublés. Il parait être pourvu de toutes nos émotions humaines, mais magnifiquement glorifiées. Il aime ardemment la bonté et déteste tout aussi énergiquement le péché. Il possède une conscience suprahumaine de la présence de la Déité. Il prie comme un homme, mais agit comme un Dieu. Il parait connaitre les choses d’avance ; dès maintenant, il ose même parler de sa mort avec une référence mystique à sa future glorification. Il est aimable, mais il est également brave et courageux. Il ne chancèle jamais en faisant son devoir.[9][11][12]
161:2.7 6. Nous sommes constamment impressionnés par le phénomène de sa connaissance suprahumaine. Il ne s’écoule guère de journée sans qu’un incident vienne révéler que le Maitre sait ce qui se passe hors de sa présence immédiate. Il parait également savoir ce que pensent ses associés. Il est indubitablement en communion avec des personnalités célestes. Il vit incontestablement sur un plan spirituel qui transcende de loin le nôtre. Tout parait accessible à son entendement exceptionnel. Il nous pose des questions pour nous forcer à nous exprimer, et non pour se renseigner.
161:2.8 7. Depuis peu, le Maitre n’hésite pas à affirmer sa nature suprahumaine. Depuis le jour de notre ordination comme apôtres jusqu’à une époque toute récente, il n’a jamais nié qu’il venait du Père céleste. Il parle avec l’autorité d’un instructeur divin. Le Maitre n’hésite pas à réfuter les enseignements religieux du temps présent et à proclamer le nouvel évangile avec une autorité positive. Il est affirmatif, positif et plein d’autorité. Même Jean le Baptiste déclara que Jésus était le Fils de Dieu quand il l’eut entendu parler[3]. Le Maitre parait se suffire à lui-même. Il ne recherche pas l’appui de la foule ; il est indifférent à l’opinion des hommes. Il est courageux et cependant totalement dépourvu d’orgueil.
161:2.9 8. Il parle constamment de Dieu comme d’un associé toujours présent dans tout ce qu’il fait. Il circule en faisant du bien, car Dieu parait être en lui[4][5]. Il émet les affirmations les plus étonnantes sur lui-même et sa mission sur terre ; elles seraient absurdes s’il n’était pas divin. Il a une fois déclaré : « Avant qu’Abraham fût, Je suis[6]. » Il a nettement prétendu à la divinité, il déclare être associé à Dieu. Il épuise presque entièrement les ressources du langage dans la réitération de ses droits d’association intime avec le Père céleste. Il ose même affirmer que lui et le Père ne font qu’un[7]. Il dit que quiconque l’a vu a vu le Père[8]. Et il dit et fait toutes ces choses extraordinaires avec le naturel d’un enfant. Il fait allusion à son association avec le Père de la même manière qu’il parle de son association avec nous[9]. Il parait tellement sûr de Dieu et il parle de ces rapports d’une façon toute naturelle.[13]
161:2.10 9. Dans sa vie de prière, Jésus parait communiquer directement avec le Père. Nous l’avons rarement entendu prier, mais le peu que nous avons entendu laisse croire qu’il parle à Dieu pour ainsi dire face à face. Il semble connaitre l’avenir aussi bien que le passé. Il ne pourrait être tout cela ni faire toutes ces choses extraordinaires à moins qu’il ne fût quelque chose de plus qu’humain. Nous savons qu’il est humain, nous en sommes surs, mais nous sommes presque aussi certains qu’il est également divin. Nous croyons qu’il est divin. Nous sommes convaincus qu’il est le Fils de l’Homme et le Fils de Dieu.
161:2.11 Quand Nathanael et Thomas eurent terminé leurs entretiens avec Rodan, ils partirent en hâte rejoindre leurs compagnons à Jérusalem, où ils arrivèrent le vendredi de la même semaine. L’épisode avait été une grande expérience dans la vie de ces trois croyants ; il fut très instructif pour les autres apôtres lorsque Nathanael et Thomas leur relatèrent ces expériences.
161:2.12 Rodan retourna à Alexandrie, où il enseigna longtemps sa philosophie à l’école de Méganta. Il devint ultérieurement un homme puissant dans les affaires du royaume des cieux. Jusqu’à la fin de sa carrière terrestre, il fut un fidèle croyant. Il rendit l’âme en Grèce avec d’autres croyants, au plus fort des persécutions.[14][15]
161:3.1 La conscience de sa divinité se développa graduellement dans le mental de Jésus jusqu’à l’épisode de son baptême. Après avoir pleinement pris conscience de sa nature divine, de son existence préhumaine et de ses prérogatives universelles, il parut posséder le pouvoir de délimiter diversement sa conscience humaine de sa divinité. Pour nous, les médians, il semble qu’entre son baptême et sa crucifixion, Jésus eut entièrement le choix de dépendre uniquement de son mental humain ou d’utiliser la connaissance à la fois du mental humain et du mental divin. Parfois, il paraissait se servir uniquement des informations contenues dans l’intellect humain. En d’autres occasions, il paraissait agir avec une plénitude de connaissance et de sagesse que seule l’utilisation du contenu suprahumain de sa conscience divine pouvait lui procurer.[16][17]
161:3.2 Nous ne pouvons comprendre ses exploits exceptionnels qu’en acceptant la théorie qu’il pouvait, à volonté, limiter lui-même sa conscience divine. Nous savons parfaitement qu’il cachait souvent à ses associés sa prescience des évènements, et qu’il était au courant de la nature de leurs pensées et de leurs projets. Nous comprenons qu’il ne voulait pas que ses disciples connaissent trop bien son aptitude à discerner leurs pensées et à pénétrer leurs plans. Il ne désirait pas transcender trop les conceptions humaines telles qu’elles étaient conçues dans le mental de ses apôtres et de ses disciples.
161:3.3 Nous sommes tout à fait incapables d’établir la différence entre la pratique de Jésus limitant lui-même sa conscience divine, et sa technique pour dissimuler à ses associés humains sa prescience des faits et sa perception des pensées. Nous sommes convaincus qu’il utilisait les deux techniques, mais nous ne sommes toujours pas capables de spécifier, dans un cas particulier, la méthode qu’il a pu employer. Nous l’avons fréquemment vu agir uniquement avec le contenu humain de sa conscience ; à d’autres moments, nous l’avons vu en conférence avec les directeurs des armées célestes de l’univers, et nous avons discerné le fonctionnement indubitable de son mental divin. Enfin, en d’innombrables occasions, nous avons vu opérer sa personnalité conjuguée d’homme et de Dieu, animée par l’union apparemment parfaite de son mental humain et de son mental divin. Notre connaissance de ce phénomène se limite là ; en réalité, nous ne savons pas toute la vérité sur ce mystère.
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