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Fascicule 88. Fétiches, charmes et magie |
Table des matières
Version unique |
Fascicule 90. Le chamanisme — sorciers-guérisseurs et prêtres |
SIN, SACRIFICE, AND ATONEMENT
PÉCHÉ, SACRIFICE ET EXPIATION
1955 89:0.1 PRIMITIVE man regarded himself as being in debt to the spirits, as standing in need of redemption. As the savages looked at it, in justice the spirits might have visited much more bad luck upon them. As time passed, this concept developed into the doctrine of sin and salvation. The soul was looked upon as coming into the world under forfeit—original sin. The soul must be ransomed; a scapegoat must be provided. The head-hunter, in addition to practicing the cult of skull worship, was able to provide a substitute for his own life, a scapeman.
2014 89:0.1 L’HOMME primitif se considérait comme endetté vis-à-vis des esprits, comme ayant besoin de rédemption. Du point de vue des sauvages sur la justice, les esprits auraient pu leur envoyer beaucoup plus de malchance. Avec l’écoulement du temps, ce concept se transforma en doctrine du péché et du salut. On considérait l’âme comme venant au monde avec un passif — le péché originel. Il fallait racheter l’âme, fournir un bouc émissaire. Les chasseurs de têtes, outre qu’ils pratiquaient le culte de l’adoration des crânes, pouvaient fournir un remplaçant pour leur propre vie, un bouc émissaire.[1][2]
1955 89:0.2 The savage was early possessed with the notion that spirits derive supreme satisfaction from the sight of human misery, suffering, and humiliation. At first, man was only concerned with sins of commission, but later he became exercised over sins of omission. And the whole subsequent sacrificial system grew up around these two ideas. This new ritual had to do with the observance of the propitiation ceremonies of sacrifice. Primitive man believed that something special must be done to win the favor of the gods; only advanced civilization recognizes a consistently even-tempered and benevolent God. Propitiation was insurance against immediate ill luck rather than investment in future bliss. And the rituals of avoidance, exorcism, coercion, and propitiation all merge into one another.
2014 89:0.2 Très tôt les sauvages furent imbus de la notion selon laquelle les esprits prennent une satisfaction suprême à contempler la misère, les souffrances et l’humiliation humaines. Tout d’abord les hommes ne s’occupèrent que du péché de commission, mais ensuite ils se préoccupèrent du péché d’omission. Et tout le système subséquent des sacrifices se développa autour de ces deux idées[1]. Ce nouveau rituel se rapportait à l’observance des cérémonies propitiatoires du sacrifice. Les primitifs croyaient qu’il fallait faire quelque chose de spécial pour gagner la faveur des dieux ; seule une civilisation évoluée reconnait un Dieu bienveillant et d’humeur égale. La propitiation était une assurance contre la malchance immédiate plutôt qu’un investissement pour une félicité future. Les rituels d’évitement, d’exorcisme, de coercition et de propitiation se fondent tous les uns dans les autres.[2]
1. THE TABOO
1. LE TABOU
1955 89:1.1 Observance of a taboo was man’s effort to dodge ill luck, to keep from offending the spirit ghosts by the avoidance of something. The taboos were at first nonreligious, but they early acquired ghost or spirit sanction, and when thus reinforced, they became lawmakers and institution builders. The taboo is the source of ceremonial standards and the ancestor of primitive self-control. It was the earliest form of societal regulation and for a long time the only one; it is still a basic unit of the social regulative structure.
2014 89:1.1 L’observance d’un tabou était l’effort de l’homme pour esquiver la malchance en s’abstenant de quelque chose, pour éviter d’offenser les esprits fantômes. Tout d’abord, les tabous ne furent pas religieux, mais ils acquirent de bonne heure la sanction des fantômes et des esprits ; quand ils furent ainsi renforcés, ils devinrent des législateurs et des bâtisseurs d’institutions[2]. Le tabou est la source des normes cérémonielles et l’ancêtre de la maitrise de soi primitive. Il fut la première forme de règlementation sociale et, pendant longtemps, la seule ; il est encore un facteur fondamental de la structure sociale régulatrice.[1]
1955 89:1.2 The respect which these prohibitions commanded in the mind of the savage exactly equaled his fear of the powers who were supposed to enforce them. Taboos first arose because of chance experience with ill luck; later they were proposed by chiefs and shamans—fetish men who were thought to be directed by a spirit ghost, even by a god. The fear of spirit retribution is so great in the mind of a primitive that he sometimes dies of fright when he has violated a taboo, and this dramatic episode enormously strengthens the hold of the taboo on the minds of the survivors.
2014 89:1.2 Le respect que ces prohibitions inspiraient au mental des sauvages était exactement proportionnel à leur peur des pouvoirs censés imposer ces prohibitions[3]. Les tabous naquirent tout d’abord d’expériences malheureuses dues au hasard ; plus tard, ils furent proposés par des chefs et des chamans — hommes fétiches que l’on croyait dirigés par un esprit fantôme, voire par un dieu. La peur du châtiment par les esprits est si vive dans le mental des primitifs qu’ils meurent parfois de frayeur lorsqu’ils ont violé un tabou ; ces épisodes dramatiques renforcent énormément l’emprise du tabou sur le mental des survivants.
1955 89:1.3 Among the earliest prohibitions were restrictions on the appropriation of women and other property. As religion began to play a larger part in the evolution of the taboo, the article resting under ban was regarded as unclean, subsequently as unholy. The records of the Hebrews are full of the mention of things clean and unclean, holy and unholy, but their beliefs along these lines were far less cumbersome and extensive than were those of many other peoples.
2014 89:1.3 Parmi les premières prohibitions se trouvaient les restrictions sur l’appropriation des femmes et d’autres biens. À mesure que la religion joua un rôle croissant dans l’évolution du tabou, l’article frappé d’interdit fut considéré comme impur, puis comme impie. Les annales des Hébreux sont remplies de mentions concernant des choses pures et impures, saintes et impies, mais les croyances des Hébreux dans ce sens étaient beaucoup moins encombrantes et étendues que chez maints autres peuples.
1955 89:1.4 The seven commandments of Dalamatia and Eden, as well as the ten injunctions of the Hebrews, were definite taboos, all expressed in the same negative form as were the most ancient prohibitions. But these newer codes were truly emancipating in that they took the place of thousands of pre-existent taboos. And more than this, these later commandments definitely promised something in return for obedience.
2014 89:1.4 Les sept commandements de Dalamatia et d’Éden, ainsi que les dix commandements des Hébreux, étaient des tabous précis, tous exprimés dans la même forme négative que les plus anciennes prohibitions ; mais ces nouveaux codes avaient une véritable valeur émancipatrice en ce sens qu’ils remplaçaient des milliers de tabous préexistants[4]. De plus, ces commandements plus tardifs promettaient catégoriquement quelque chose en récompense de l’obéissance.
1955 89:1.5 The early food taboos originated in fetishism and totemism. The swine was sacred to the Phoenicians, the cow to the Hindus. The Egyptian taboo on pork has been perpetuated by the Hebraic and Islamic faiths. A variant of the food taboo was the belief that a pregnant woman could think so much about a certain food that the child, when born, would be the echo of that food. Such viands would be taboo to the child.
2014 89:1.5 Les tabous primitifs sur la nourriture naquirent du fétichisme et du totémisme. Le porc était sacré pour les Phéniciens, la vache pour les Hindous[5]. Le tabou égyptien sur la viande de porc a été perpétué par la foi hébraïque et islamique. Une variante du tabou sur la nourriture était la croyance qu’une femme enceinte pouvait tellement penser à un certain aliment que l’enfant, lors de sa naissance, serait le reflet de cet aliment, lequel serait alors tabou pour lui.
1955 89:1.6 Methods of eating soon became taboo, and so originated ancient and modern table etiquette. Caste systems and social levels are vestigial remnants of olden prohibitions. The taboos were highly effective in organizing society, but they were terribly burdensome; the negative-ban system not only maintained useful and constructive regulations but also obsolete, outworn, and useless taboos.
2014 89:1.6 Les manières de manger devinrent taboues de bonne heure, d’où l’étiquette de table ancienne et moderne. Les systèmes de castes et les niveaux sociaux sont des vestiges d’antiques prohibitions. Les tabous furent très efficaces pour organiser la société, mais ils étaient terriblement pesants ; le système d’interdit négatif maintenait non seulement des règles utiles et constructives, mais aussi des tabous périmés, désuets et inutiles.
1955 89:1.7 There would, however, be no civilized society to sit in criticism upon primitive man except for these far-flung and multifarious taboos, and the taboo would never have endured but for the upholding sanctions of primitive religion. Many of the essential factors in man’s evolution have been highly expensive, have cost vast treasure in effort, sacrifice, and self-denial, but these achievements of self-control were the real rungs on which man climbed civilization’s ascending ladder.
2014 89:1.7 Il n’y aurait cependant pas de société civilisée pour critiquer l’homme primitif sans ces tabous nombreux et variés, et les tabous n’auraient jamais persisté s’ils n’avaient été soutenus par l’approbation et la sanction de la religion primitive. Nombre de facteurs essentiels dans l’évolution humaine ont été extrêmement onéreux, ont couté d’immenses trésors d’efforts, de sacrifices et de renoncements ; mais ces accomplissements de la maitrise de soi furent les véritables échelons sur lesquels l’homme a gravi l’échelle ascendante de la civilisation.
2. THE CONCEPT OF SIN
2. LE CONCEPT DU PÉCHÉ
1955 89:2.1 The fear of chance and the dread of bad luck literally drove man into the invention of primitive religion as supposed insurance against these calamities. From magic and ghosts, religion evolved through spirits and fetishes to taboos. Every primitive tribe had its tree of forbidden fruit, literally the apple but figuratively consisting of a thousand branches hanging heavy with all sorts of taboos. And the forbidden tree always said, “Thou shalt not.”
2014 89:2.1 La peur du hasard et la crainte de la malchance poussèrent littéralement les hommes à inventer la religion primitive comme une assurance supposée contre ces calamités. Partant de la magie et des fantômes, et passant par les esprits et les fétiches, la religion évolua jusqu’aux tabous[6]. Chaque tribu primitive avait son arbre au fruit défendu, littéralement la pomme, mais, au figuré, consistant en un millier de branches pendantes, lourdes de toutes sortes de tabous[7]. L’arbre défendu disait toujours : « Tu ne feras pas. »
1955 89:2.2 As the savage mind evolved to that point where it envisaged both good and bad spirits, and when the taboo received the solemn sanction of evolving religion, the stage was all set for the appearance of the new conception of sin. The idea of sin was universally established in the world before revealed religion ever made its entry. It was only by the concept of sin that natural death became logical to the primitive mind. Sin was the transgression of taboo, and death was the penalty of sin.
2014 89:2.2 Quand le mental du sauvage évolua au point d’imaginer à la fois de bons et de mauvais esprits, et quand le tabou reçut la sanction solennelle de la religion évoluante, la scène fut toute prête pour l’apparition de la nouvelle conception, celle du péché. L’idée du péché était universellement établie dans le monde bien avant que la religion révélée y pénétrât. Seul le concept du péché permit à la mort naturelle de devenir logique pour le mental primitif[8]. Le péché était la transgression du tabou, et la mort était le châtiment du péché.[1][2]
1955 89:2.3 Sin was ritual, not rational; an act, not a thought. And this entire concept of sin was fostered by the lingering traditions of Dilmun and the days of a little paradise on earth. The tradition of Adam and the Garden of Eden also lent substance to the dream of a onetime “golden age” of the dawn of the races. And all this confirmed the ideas later expressed in the belief that man had his origin in a special creation, that he started his career in perfection, and that transgression of the taboos—sin—brought him down to his later sorry plight.
2014 89:2.3 Le péché était rituel, et non rationnel ; un acte et non une pensée. Et l’ensemble de ce concept du péché était entretenu par ce qui persistait des traditions de Dilmun et de l’époque d’un petit paradis sur terre. La tradition d’Adam et du Jardin d’Éden prêtait également substance au rêve d’un ancien « âge d’or » à l’aurore des races. Tout ceci confirmait les idées qui s’exprimèrent plus tard par la croyance que l’homme avait son origine dans une création spéciale, qu’il avait débuté parfait dans sa carrière, et que la transgression des tabous — le péché — l’avait rabaissé à son triste sort ultérieur[9][10].[1][2]
1955 89:2.4 The habitual violation of a taboo became a vice; primitive law made vice a crime; religion made it a sin. Among the early tribes the violation of a taboo was a combined crime and sin. Community calamity was always regarded as punishment for tribal sin. To those who believed that prosperity and righteousness went together, the apparent prosperity of the wicked occasioned so much worry that it was necessary to invent hells for the punishment of taboo violators; the numbers of these places of future punishment have varied from one to five.
2014 89:2.4 La violation habituelle d’un tabou devint un vice ; la loi primitive fit du vice un crime ; la religion en fit un péché. Chez les tribus primitives, la violation d’un tabou était un crime et un péché conjugués. Une calamité atteignant la communauté était toujours considérée comme une punition pour un péché de la tribu[11]. Pour ceux qui croyaient que la prospérité va de pair avec la droiture, la prospérité apparente des méchants causa tant de soucis qu’il devint nécessaire d’inventer des enfers pour punir les violateurs de tabous. Le nombre de ces lieux de châtiments futurs a varié d’un à cinq.[2][1][2]
1955 89:2.5 The idea of confession and forgiveness early appeared in primitive religion. Men would ask forgiveness at a public meeting for sins they intended to commit the following week. Confession was merely a rite of remission, also a public notification of defilement, a ritual of crying “unclean, unclean!” Then followed all the ritualistic schemes of purification. All ancient peoples practiced these meaningless ceremonies. Many apparently hygienic customs of the early tribes were largely ceremonial.
2014 89:2.5 L’idée de confession et de pardon apparut de bonne heure dans la religion primitive. Les hommes demandaient pardon dans une réunion publique pour des péchés qu’ils avaient l’intention de commettre la semaine suivante. La confession était simplement un rite de rémission, et aussi une notification publique de souillure, un rituel pour crier « impur, impur ! ». Suivaient ensuite toutes les formes rituelles de purification[12]. Tous les peuples de l’antiquité pratiquèrent ces cérémonies dépourvues de sens. Bien des coutumes, apparemment hygiéniques, des tribus primitives étaient surtout cérémonielles.[2]
3. RENUNCIATION AND HUMILIATION
3. RENONCEMENT ET HUMILIATION
1955 89:3.1 Renunciation came as the next step in religious evolution; fasting was a common practice. Soon it became the custom to forgo many forms of physical pleasure, especially of a sexual nature. The ritual of the fast was deeply rooted in many ancient religions and has been handed down to practically all modern theologic systems of thought.
2014 89:3.1 Le renoncement fut l’étape suivante de l’évolution religieuse ; on pratiquait couramment le jeûne[13]. Bientôt s’établit la coutume de s’abstenir de nombreuses formes de plaisir physique, spécialement de nature sexuelle. Le rituel du jeûne était profondément enraciné dans nombre de religions anciennes ; et il a été transmis pratiquement à tous les systèmes modernes de pensée théologique.
1955 89:3.2 Just about the time barbarian man was recovering from the wasteful practice of burning and burying property with the dead, just as the economic structure of the races was beginning to take shape, this new religious doctrine of renunciation appeared, and tens of thousands of earnest souls began to court poverty. Property was regarded as a spiritual handicap. These notions of the spiritual dangers of material possession were widespreadly entertained in the times of Philo and Paul, and they have markedly influenced European philosophy ever since.
2014 89:3.2 Juste à l’époque où les barbares commençaient à renoncer au gaspillage consistant à bruler et à enterrer des biens avec les morts, au moment où la structure économique des races commençait à prendre forme, cette nouvelle doctrine religieuse du renoncement fit son apparition, et des dizaines de milliers d’âmes sérieuses se mirent à briguer la pauvreté. Les biens furent considérés comme un handicap spirituel. Cette notion des dangers spirituels accompagnant la possession des biens matériels fut largement entretenue à l’époque de Philon et de Paul, et, depuis lors, elle a toujours notablement influencé la philosophie européenne[14].
1955 89:3.3 Poverty was just a part of the ritual of the mortification of the flesh which, unfortunately, became incorporated into the writings and teachings of many religions, notably Christianity. Penance is the negative form of this ofttimes foolish ritual of renunciation. But all this taught the savage self-control, and that was a worth-while advancement in social evolution. Self-denial and self-control were two of the greatest social gains from early evolutionary religion. Self-control gave man a new philosophy of life; it taught him the art of augmenting life’s fraction by lowering the denominator of personal demands instead of always attempting to increase the numerator of selfish gratification.
2014 89:3.3 La pauvreté était simplement une partie du rituel de mortification de la chair, qui, malheureusement, s’incorpora dans les écrits et les enseignements de nombre de religions, notamment du christianisme. La pénitence est la forme négative de ce rituel, souvent stupide, de renonciation[15]. Mais tout cela enseigna la maitrise de soi aux primitifs, et ce fut un progrès vraiment valable dans l’évolution sociale. La négation de soi et la maitrise de soi comptèrent parmi les plus grands gains sociaux provenant de la religion évolutionnaire primitive. La maitrise de soi apporta à l’homme une nouvelle philosophie de vie ; elle lui enseigna l’art d’accroitre sa fraction de vie en diminuant le dénominateur d’exigences personnelles au lieu de toujours essayer d’augmenter le numérateur de satisfactions égoïstes.[2]
1955 89:3.4 These olden ideas of self-discipline embraced flogging and all sorts of physical torture. The priests of the mother cult were especially active in teaching the virtue of physical suffering, setting the example by submitting themselves to castration. The Hebrews, Hindus, and Buddhists were earnest devotees of this doctrine of physical humiliation.
2014 89:3.4 Ces anciennes idées de discipline de soi-même englobaient la flagellation et toutes sortes de tortures physiques. Les prêtres du culte de la mère étaient spécialement actifs pour enseigner la vertu des souffrances physiques ; ils donnaient l’exemple en se soumettant à la castration. Les Hébreux, les Hindous et les bouddhistes étaient de fidèles adeptes de cette doctrine d’humiliation physique.
1955 89:3.5 All through the olden times men sought in these ways for extra credits on the self-denial ledgers of their gods. It was once customary, when under some emotional stress, to make vows of self-denial and self-torture. In time these vows assumed the form of contracts with the gods and, in that sense, represented true evolutionary progress in that the gods were supposed to do something definite in return for this self-torture and mortification of the flesh. Vows were both negative and positive. Pledges of this harmful and extreme nature are best observed today among certain groups in India.
2014 89:3.5 Durant toute l’antiquité, les hommes cherchèrent, par ce moyen, à bénéficier, sur le grand livre de la négation de soi tenu par leurs dieux, d’un supplément de crédit dû à leur renoncement. Il fut jadis coutumier, quand on éprouvait certaines tensions émotionnelles, de faire le vœu de renoncer à soi et de se torturer. Avec le temps, ces vœux prirent la forme de contrats avec les dieux. En ce sens, ils représentaient un véritable progrès évolutionnaire, car les dieux étaient censés faire quelque chose de précis en récompense de cette torture et de cette mortification de la chair. Les vœux étaient aussi bien négatifs que positifs. Aujourd’hui c’est aux Indes, parmi certains groupes, que l’on observe le mieux des serments de nature aussi extrême et nuisible.[3]
1955 89:3.6 It was only natural that the cult of renunciation and humiliation should have paid attention to sexual gratification. The continence cult originated as a ritual among soldiers prior to engaging in battle; in later days it became the practice of “saints.” This cult tolerated marriage only as an evil lesser than fornication. Many of the world’s great religions have been adversely influenced by this ancient cult, but none more markedly than Christianity. The Apostle Paul was a devotee of this cult, and his personal views are reflected in the teachings which he fastened onto Christian theology: “It is good for a man not to touch a woman.” “I would that all men were even as I myself.” “I say, therefore, to the unmarried and widows, it is good for them to abide even as I.” Paul well knew that such teachings were not a part of Jesus’ gospel, and his acknowledgment of this is illustrated by his statement, “I speak this by permission and not by commandment.” But this cult led Paul to look down upon women. And the pity of it all is that his personal opinions have long influenced the teachings of a great world religion. If the advice of the tentmaker-teacher were to be literally and universally obeyed, then would the human race come to a sudden and inglorious end. Furthermore, the involvement of a religion with the ancient continence cult leads directly to a war against marriage and the home, society’s veritable foundation and the basic institution of human progress. And it is not to be wondered at that all such beliefs fostered the formation of celibate priesthoods in the many religions of various peoples.
2014 89:3.6 Il était bien naturel que le culte du renoncement et de l’humiliation prêtât attention aux satisfactions sexuelles. Le culte de la continence prit naissance comme un rituel parmi les soldats qui allaient se lancer dans la bataille ; plus tard, il devint la pratique des « saints ». Ce culte tolérait le mariage en le considérant comme un mal moindre que la fornication[16]. Nombres de grandes religions du monde ont été défavorablement influencées par cet ancien culte, mais aucune plus notoirement que le christianisme. L’apôtre Paul en était un adepte, et ses vues personnelles se reflètent dans les enseignements qu’il introduisit dans la théologie chrétienne : « Il est bon pour un homme de ne pas toucher de femme[17]. » « Je voudrais que tous les hommes fussent comme moi-même[18]. » « Je dis donc aux célibataires et aux veuves de demeurer comme moi[19]. » Paul savait bien que ces enseignements ne faisaient pas partie de l’évangile de Jésus, et il le reconnait en disant : « Je dis ceci par permission et non par commandement[20]. » Mais ce culte conduisit Paul à mépriser les femmes. Le malheur est que ses opinions personnelles ont longtemps influencé les enseignements d’une grande religion du monde. Si le conseil de l’éducateur fabricant de tentes était littéralement et universellement suivi, la race humaine prendrait fin d’une manière soudaine et peu glorieuse. En outre, le fait de mêler une religion aux anciens cultes de continence conduit directement à la guerre contre le mariage et le foyer, qui sont les véritables fondations de la société et les institutions de base du progrès humain. Il n’y a rien d’étonnant à ce que ces croyances aient favorisé la formation de prêtrises pratiquant le célibat dans les nombreuses religions de divers peuples.[4][5][6][7][8][9]
1955 89:3.7 Someday man should learn how to enjoy liberty without license, nourishment without gluttony, and pleasure without debauchery. Self-control is a better human policy of behavior regulation than is extreme self-denial. Nor did Jesus ever teach these unreasonable views to his followers.
2014 89:3.7 Un jour, l’homme devra apprendre à jouir de la liberté sans licence, de la nourriture sans gloutonnerie et du plaisir sans débauche. La maitrise de soi est une meilleure politique humaine pour régler sa conduite que l’extrême reniement de soi. Jésus n’a d’ailleurs jamais enseigné ces points de vue déraisonnables à ses disciples.[10][11][12][1][2]
4. ORIGINS OF SACRIFICE
4. LES ORIGINES DU SACRIFICE
1955 89:4.1 Sacrifice as a part of religious devotions, like many other worshipful rituals, did not have a simple and single origin. The tendency to bow down before power and to prostrate oneself in worshipful adoration in the presence of mystery is foreshadowed in the fawning of the dog before its master. It is but one step from the impulse of worship to the act of sacrifice. Primitive man gauged the value of his sacrifice by the pain which he suffered. When the idea of sacrifice first attached itself to religious ceremonial, no offering was contemplated which was not productive of pain. The first sacrifices were such acts as plucking hair, cutting the flesh, mutilations, knocking out teeth, and cutting off fingers. As civilization advanced, these crude concepts of sacrifice were elevated to the level of the rituals of self-abnegation, asceticism, fasting, deprivation, and the later Christian doctrine of sanctification through sorrow, suffering, and the mortification of the flesh.
2014 89:4.1 Le sacrifice en tant que partie des dévotions religieuses, comme beaucoup d’autres rituels d’adoration, n’eut pas une origine simple et unique. La tendance à s’incliner devant le pouvoir et à se prosterner en adoration respectueuse en présence d’un mystère est préfigurée par le chien qui se couche devant son maitre. Il n’y a qu’un pas entre l’impulsion à adorer et l’acte du sacrifice. L’homme primitif mesurait la valeur de son sacrifice à la douleur qu’il ressentait. Lorsque l’idée de sacrifice s’attacha pour la première fois au cérémonial religieux, on n’envisagea pas d’offrande sans accompagnement de souffrances. Les premiers sacrifices furent des actes tels que celui de s’arracher les cheveux, se taillader la chair, se mutiler, se casser les dents et se couper les doigts. Avec l’avance de la civilisation, ces concepts grossiers du sacrifice furent élevés au niveau des rituels d’abnégation de soi, d’ascétisme, de jeûne, de privations et, plus tard, de la doctrine chrétienne de sanctification par les chagrins, les souffrances et la mortification de la chair.[13]
1955 89:4.3 Man still later conceived that his sacrifice of whatever nature might function as a message bearer to the gods; it might be as a sweet savor in the nostrils of deity. This brought incense and other aesthetic features of sacrificial rituals which developed into sacrificial feasting, in time becoming increasingly elaborate and ornate.
2014 89:4.3 Plus tard encore, l’homme conçut que son sacrifice, quelle qu’en fût la nature, pouvait servir de messager auprès des dieux ; il pouvait faire l’effet d’une odeur agréable dans les narines de la déité[21]. Cela amena l’usage de l’encens et les autres notes esthétiques des rituels de sacrifice ; ceux-ci se transformèrent avec le temps en festoiements sacrificiels qui devinrent de plus en plus minutieux et ornés.
1955 89:4.4 As religion evolved, the sacrificial rites of conciliation and propitiation replaced the older methods of avoidance, placation, and exorcism.
2014 89:4.4 Avec l’évolution de la religion, les rituels sacrificiels de conciliation et de propitiation remplacèrent les anciennes méthodes d’évitement, d’apaisement et d’exorcisme.
1955 89:4.5 The earliest idea of the sacrifice was that of a neutrality assessment levied by ancestral spirits; only later did the idea of atonement develop. As man got away from the notion of the evolutionary origin of the race, as the traditions of the days of the Planetary Prince and the sojourn of Adam filtered down through time, the concept of sin and of original sin became widespread, so that sacrifice for accidental and personal sin evolved into the doctrine of sacrifice for the atonement of racial sin. The atonement of the sacrifice was a blanket insurance device which covered even the resentment and jealousy of an unknown god.
2014 89:4.5 L’idée initiale du sacrifice fut celle d’un impôt de neutralité perçu par les esprits ancestraux ; l’idée d’expiation se développa seulement plus tard. À mesure que les hommes s’écartaient de la notion d’une origine évolutionnaire pour la race, à mesure que les traditions de l’époque du Prince Planétaire et du séjour d’Adam étaient filtrées par le temps, le concept du péché et du péché originel se répandit. Ainsi, le sacrifice pour un péché accidentel et personnel se transforma par évolution en la doctrine du sacrifice pour expier le péché de la race. L’expiation sacrificielle était un expédient d’assurance générale qui couvrait tout, même la rancune et la jalousie d’un dieu inconnu.[1]
1955 89:4.6 Surrounded by so many sensitive spirits and grasping gods, primitive man was face to face with such a host of creditor deities that it required all the priests, ritual, and sacrifices throughout an entire lifetime to get him out of spiritual debt. The doctrine of original sin, or racial guilt, started every person out in serious debt to the spirit powers.
2014 89:4.6 Entouré de tant d’esprits susceptibles et de dieux rapaces, l’homme primitif était en face d’une telle armée de déités créancières qu’il fallait tous les prêtres, le rituel et les sacrifices pendant une vie entière pour le tirer de ses dettes spirituelles. La doctrine du péché originel, ou culpabilité raciale, faisait débuter chaque personne avec une dette sérieuse envers les pouvoirs spirituels.[2]
1955 89:4.7 Gifts and bribes are given to men; but when tendered to the gods, they are described as being dedicated, made sacred, or are called sacrifices. Renunciation was the negative form of propitiation; sacrifice became the positive form. The act of propitiation included praise, glorification, flattery, and even entertainment. And it is the remnants of these positive practices of the olden propitiation cult that constitute the modern forms of divine worship. Present-day forms of worship are simply the ritualization of these ancient sacrificial techniques of positive propitiation.
2014 89:4.7 Les hommes reçoivent des cadeaux et des pots-de-vin, mais, quand on en offre aux dieux, on les décrit comme étant consacrés, rendus sacrés ou bien on les appelle sacrifices. Le renoncement était la forme négative de la propitiation ; le sacrifice en devint la forme positive. L’acte de propitiation incluait la louange, la glorification, la flatterie et même le divertissement. Ce sont les reliquats de ces pratiques positives de l’antique culte de propitiation qui constituent les formes modernes d’adoration divine. Celles-ci sont simplement la transformation, en rites, des anciennes techniques sacrificielles de la propitiation positive.[4]
1955 89:4.8 Animal sacrifice meant much more to primitive man than it could ever mean to modern races. These barbarians regarded the animals as their actual and near kin. As time passed, man became shrewd in his sacrificing, ceasing to offer up his work animals. At first he sacrificed the best of everything, including his domesticated animals.
2014 89:4.8 Le sacrifice d’un animal avait, pour les hommes primitifs, une signification bien plus grande qu’il n’en peut avoir pour les races modernes. Ces barbares considéraient les animaux comme leurs proches parents effectifs. Avec l’écoulement du temps, l’homme devint astucieux dans ses sacrifices et cessa d’offrir ses animaux de travail. Au début, il sacrifiait le meilleur de tout, y compris ses animaux domestiques[22].
1955 89:4.9 It was no empty boast that a certain Egyptian ruler made when he stated that he had sacrificed: 113,433 slaves, 493,386 head of cattle, 88 boats, 2,756 golden images, 331,702 jars of honey and oil, 228,380 jars of wine, 680,714 geese, 6,744,428 loaves of bread, and 5,740,352 sacks of corn. And in order to do this he must needs have sorely taxed his toiling subjects.
2014 89:4.9 Un certain souverain égyptien ne se vantait pas lorsqu’il affirmait avoir sacrifié 113 433 esclaves, 493 386 têtes de bétail, 88 bateaux, 2 756 statuettes d’or, 331 702 jarres de miel et d’huile, 228 380 jarres de vin, 680 714 oies, 6 744 428 miches de pain et 5 740 352 sacs de grain. Pour en arriver là, il fallait qu’il eût prélevé de cruels impôts sur ses sujets soumis à un travail pénible.
1955 89:4.10 Sheer necessity eventually drove these semisavages to eat the material part of their sacrifices, the gods having enjoyed the soul thereof. And this custom found justification under the pretense of the ancient sacred meal, a communion service according to modern usage.
2014 89:4.10 La simple nécessité poussa finalement ces demi-sauvages à manger la partie matérielle des créatures sacrifiées, les dieux ayant bénéficié de leur âme[23]. Cette coutume trouva sa justification sous le prétexte de l’ancien repas sacré, un service de communion d’après les usages modernes.
5. SACRIFICES AND CANNIBALISM
5. SACRIFICES ET CANNIBALISME
1955 89:5.1 Modern ideas of early cannibalism are entirely wrong; it was a part of the mores of early society. While cannibalism is traditionally horrible to modern civilization, it was a part of the social and religious structure of primitive society. Group interests dictated the practice of cannibalism. It grew up through the urge of necessity and persisted because of the slavery of superstition and ignorance. It was a social, economic, religious, and military custom.
2014 89:5.1 Les idées modernes sur le cannibalisme primitif sont entièrement fausses ; le cannibalisme faisait partie des mœurs de la société primitive. Alors qu’il est traditionnellement horrible pour la civilisation moderne, il était un élément de la structure sociale et religieuse de la société primitive. Des intérêts collectifs dictèrent la pratique du cannibalisme. Il se développa sous la pression de la nécessité et persista parce que les hommes étaient esclaves de la superstition et de l’ignorance. Il était une coutume sociale, économique, religieuse et militaire.[14]
1955 89:5.2 Early man was a cannibal; he enjoyed human flesh, and therefore he offered it as a food gift to the spirits and his primitive gods. Since ghost spirits were merely modified men, and since food was man’s greatest need, then food must likewise be a spirit’s greatest need.
2014 89:5.2 L’homme primitif était un cannibale ; il aimait la chair humaine, et c’est pourquoi il l’offrait comme un don de nourriture aux esprits et à ses dieux primitifs. Puisque les esprits fantômes étaient simplement des hommes modifiés, et puisque la nourriture était le principal besoin de l’homme, alors la nourriture devait aussi être le plus grand besoin d’un esprit.
1955 89:5.3 Cannibalism was once well-nigh universal among the evolving races. The Sangiks were all cannibalistic, but originally the Andonites were not, nor were the Nodites and Adamites; neither were the Andites until after they had become grossly admixed with the evolutionary races.
2014 89:5.3 Le cannibalisme fut jadis à peu près universel parmi les races en évolution. Les Sangiks étaient tous cannibales, mais, à l’origine, les Andonites, les Nodites et les Adamites ne l’étaient pas ; les Andites non plus jusqu’à ce qu’ils se soient exagérément mêlés aux races évolutionnaires.
1955 89:5.4 The taste for human flesh grows. Having been started through hunger, friendship, revenge, or religious ritual, the eating of human flesh goes on to habitual cannibalism. Man-eating has arisen through food scarcity, though this has seldom been the underlying reason. The Eskimos and early Andonites, however, seldom were cannibalistic except in times of famine. The red men, especially in Central America, were cannibals. It was once a general practice for primitive mothers to kill and eat their own children in order to renew the strength lost in childbearing, and in Queensland the first child is still frequently thus killed and devoured. In recent times cannibalism has been deliberately resorted to by many African tribes as a war measure, a sort of frightfulness with which to terrorize their neighbors.
2014 89:5.4 Le gout pour la chair humaine grandit. Inaugurée par la faim, l’amitié, la revanche ou le rituel religieux, l’absorption de chair humaine devient un cannibalisme habituel. Elle naquit par suite de la pénurie de nourriture, bien que cette pénurie en fût rarement le motif sous-jacent. Cependant, les Esquimaux et les premiers Andonites s’adonnaient rarement au cannibalisme, sauf en période de famine. Les hommes rouges, spécialement en Amérique centrale, étaient cannibales. Les mères primitives eurent jadis l’habitude générale de tuer et de manger leurs propres enfants en vue de renouveler la force qu’elles avaient perdue lors de la parturition. Au Queensland, il arrive encore souvent que le premier-né soit ainsi tué et dévoré. À une époque récente, de nombreuses tribus africaines ont délibérément recouru au cannibalisme comme procédé de guerre, une sorte d’atrocité pour terroriser leurs voisins.
1955 89:5.5 Some cannibalism resulted from the degeneration of once superior stocks, but it was mostly prevalent among the evolutionary races. Man-eating came on at a time when men experienced intense and bitter emotions regarding their enemies. Eating human flesh became part of a solemn ceremony of revenge; it was believed that an enemy’s ghost could, in this way, be destroyed or fused with that of the eater. It was once a widespread belief that wizards attained their powers by eating human flesh.
2014 89:5.5 Un certain cannibalisme résulta de la dégénérescence de lignées jadis supérieures, mais il prévalait surtout parmi les races évolutionnaires. L’habitude de manger des hommes naquit à une époque où les hommes éprouvaient des émotions intenses et âpres au sujet de leurs ennemis. Le fait de manger de la chair humaine fit partie d’une cérémonie solennelle de revanche. On croyait que, de cette manière, le fantôme d’un ennemi pouvait être détruit ou incorporé à celui du mangeur. L’idée que les magiciens obtenaient leurs pouvoirs en mangeant de la chair humaine fut jadis une croyance très répandue.[3]
1955 89:5.6 Certain groups of man-eaters would consume only members of their own tribes, a pseudospiritual inbreeding which was supposed to accentuate tribal solidarity. But they also ate enemies for revenge with the idea of appropriating their strength. It was considered an honor to the soul of a friend or fellow tribesman if his body were eaten, while it was no more than just punishment to an enemy thus to devour him. The savage mind made no pretensions to being consistent.
2014 89:5.6 Certains groupes de mangeurs d’hommes ne voulaient consommer que des membres de leur propre tribu ; cette consanguinité pseudo-spirituelle était censée accentuer la solidarité de la tribu. Les mêmes mangeaient aussi des ennemis pour se venger, avec l’idée de s’approprier leur force. On considérait comme un honneur pour l’âme d’un ami ou d’un compagnon de tribu de manger son corps, tandis qu’en dévorant un ennemi, on ne faisait que lui infliger un juste châtiment. Le mental du sauvage n’avait nullement la prétention d’être conséquent.
1955 89:5.7 Among some tribes aged parents would seek to be eaten by their children; among others it was customary to refrain from eating near relations; their bodies were sold or exchanged for those of strangers. There was considerable commerce in women and children who had been fattened for slaughter. When disease or war failed to control population, the surplus was unceremoniously eaten.
2014 89:5.7 Chez certaines tribus, les parents âgés cherchaient à être mangés par leurs enfants. Chez d’autres, la coutume voulait que l’on s’abstienne de manger des proches parents ; on vendait leurs corps ou on les échangeait contre des corps d’étrangers. Il existait un commerce considérable de femmes et d’enfants engraissés pour la boucherie. Quand la maladie ou la guerre ne parvenait pas à limiter la population, l’excédent était mangé sans cérémonie.
1955 89:5.8 Cannibalism has been gradually disappearing because of the following influences:
2014 89:5.8 Le cannibalisme a graduellement tendu à disparaitre sous les influences suivantes :
1955 89:5.9 1. It sometimes became a communal ceremony, the assumption of collective responsibility for inflicting the death penalty upon a fellow tribesman. The blood guilt ceases to be a crime when participated in by all, by society. The last of cannibalism in Asia was this eating of executed criminals.
2014 89:5.9 1. Il devint parfois une cérémonie communautaire, la prise de responsabilité collective pour infliger la peine de mort à un membre de la tribu. La culpabilité du sang cesse d’être un crime quand tous y participent, quand la société y prend part. La dernière pratique du cannibalisme en Asie fut de manger les criminels exécutés.
1955 89:5.10 2. It very early became a religious ritual, but the growth of ghost fear did not always operate to reduce man-eating.
2014 89:5.10 2. Le cannibalisme devint de très bonne heure un rituel religieux, mais la croissance de la peur des fantômes n’eut pas toujours l’effet de le réduire.
1955 89:5.11 3. Eventually it progressed to the point where only certain parts or organs of the body were eaten, those parts supposed to contain the soul or portions of the spirit. Blood drinking became common, and it was customary to mix the “edible” parts of the body with medicines.
2014 89:5.11 3. Finalement, il progressa au point où l’on ne mangeait plus que certaines parties ou certains organes du corps, les parties que l’on supposait contenir l’âme ou des portions de l’esprit. Il devint commun de boire du sang et de mélanger les parties « comestibles » du corps avec des drogues.
1955 89:5.12 4. It became limited to men; women were forbidden to eat human flesh.
2014 89:5.12 4. Il se limita aux hommes ; on défendit aux femmes de manger de la chair humaine.
1955 89:5.13 5. It was next limited to the chiefs, priests, and shamans.
2014 89:5.13 5. On le limita ensuite aux chefs, aux prêtres et aux chamans.
1955 89:5.14 6. Then it became taboo among the higher tribes. The taboo on man-eating originated in Dalamatia and slowly spread over the world. The Nodites encouraged cremation as a means of combating cannibalism since it was once a common practice to dig up buried bodies and eat them.
2014 89:5.14 6. Il devint ensuite tabou parmi les tribus supérieures. Le tabou sur le cannibalisme prit origine à Dalamatia et se répandit ensuite lentement dans le monde. Les Nodites encouragèrent la crémation comme moyen de combattre le cannibalisme, car il fut jadis courant de déterrer des cadavres pour les manger.
1955 89:5.15 7. Human sacrifice sounded the death knell of cannibalism. Human flesh having become the food of superior men, the chiefs, it was eventually reserved for the still more superior spirits; and thus the offering of human sacrifices effectively put a stop to cannibalism, except among the lowest tribes. When human sacrifice was fully established, man-eating became taboo; human flesh was food only for the gods; man could eat only a small ceremonial bit, a sacrament.
2014 89:5.15 7. Les sacrifices humains sonnèrent le glas du cannibalisme. La chair humaine était devenue la nourriture des hommes supérieurs, des chefs. On finit par la réserver aux esprits encore supérieurs, et c’est ainsi que l’offrande de sacrifices humains mit efficacement fin au cannibalisme, excepté chez les tribus les plus inférieures. Quand la pratique des sacrifices humains fut pleinement établie, le cannibalisme devint tabou ; la chair humaine n’était plus une nourriture que pour les dieux ; les hommes n’avaient le droit d’en manger qu’un petit morceau cérémoniel, un sacrement.
1955 89:5.16 Finally animal substitutes came into general use for sacrificial purposes, and even among the more backward tribes dog-eating greatly reduced man-eating. The dog was the first domesticated animal and was held in high esteem both as such and as food.
2014 89:5.16 Finalement, la pratique de substituer des animaux devint un usage général pour les buts sacrificiels. Même parmi les tribus les plus arriérées, on mangea des chiens, ce qui réduisit grandement le cannibalisme. Le chien fut le premier animal domestique et il était tenu en haute estime à la fois comme animal domestique et comme nourriture.
6. EVOLUTION OF HUMAN SACRIFICE
6. L’ÉVOLUTION DES SACRIFICES HUMAINS
1955 89:6.1 Human sacrifice was an indirect result of cannibalism as well as its cure. Providing spirit escorts to the spirit world also led to the lessening of man-eating as it was never the custom to eat these death sacrifices. No race has been entirely free from the practice of human sacrifice in some form and at some time, even though the Andonites, Nodites, and Adamites were the least addicted to cannibalism.
2014 89:6.1 Les sacrifices humains résultèrent indirectement du cannibalisme et furent aussi sa cure. Le fait de fournir une escorte d’esprits au monde des esprits conduisit également à la diminution du cannibalisme, car on n’eut jamais la coutume de manger les morts ainsi sacrifiés. Nulle race n’a été entièrement dégagée de la pratique des sacrifices humains sous une forme quelconque et à une certaine époque, même si les Andonites, les Nodites et les Adamites furent ceux qui s’adonnèrent le moins au cannibalisme.
1955 89:6.2 Human sacrifice has been virtually universal; it persisted in the religious customs of the Chinese, Hindus, Egyptians, Hebrews, Mesopotamians, Greeks, Romans, and many other peoples, even on to recent times among the backward African and Australian tribes. The later American Indians had a civilization emerging from cannibalism and, therefore, steeped in human sacrifice, especially in Central and South America. The Chaldeans were among the first to abandon the sacrificing of humans for ordinary occasions, substituting therefor animals. About two thousand years ago a tenderhearted Japanese emperor introduced clay images to take the place of human sacrifices, but it was less than a thousand years ago that these sacrifices died out in northern Europe. Among certain backward tribes, human sacrifice is still carried on by volunteers, a sort of religious or ritual suicide. A shaman once ordered the sacrifice of a much respected old man of a certain tribe. The people revolted; they refused to obey. Whereupon the old man had his own son dispatch him; the ancients really believed in this custom.
2014 89:6.2 Les sacrifices humains ont été pratiquement universels ; ils se maintinrent dans les coutumes religieuses des Chinois, des Hindous, des Égyptiens, des Hébreux, des Mésopotamiens, des Grecs, des Romains et de nombreux autres peuples ; on les retrouve encore récemment parmi les tribus arriérées d’Afrique et d’Australie[24]. Les Indiens d’Amérique plus tardifs avaient une civilisation qui émergeait du cannibalisme et se trouvait donc imbue de sacrifices humains, surtout en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Les Chaldéens furent parmi les premiers à abandonner les sacrifices humains dans les circonstances ordinaires et à y substituer des animaux. Il y a environ deux-mille ans, un empereur japonais au cœur tendre introduisit des statuettes d’argile pour remplacer les sacrifices humains, mais c’est seulement il y a moins de mille ans que la pratique de ces sacrifices s’est éteinte en Europe septentrionale. Parmi certaines tribus arriérées, le sacrifice humain est encore pratiqué par des volontaires comme une sorte de suicide religieux ou rituel. Un chaman ordonna jadis de sacrifier un vieil homme très respecté d’une certaine tribu. La population se révolta et refusa d’obéir, sur quoi le vieil homme se fit expédier dans l’au-delà par son propre fils ; les anciens avaient réellement foi en cette coutume.
1955 89:6.3 There is no more tragic and pathetic experience on record, illustrative of the heart-tearing contentions between ancient and time-honored religious customs and the contrary demands of advancing civilization, than the Hebrew narrative of Jephthah and his only daughter. As was common custom, this well-meaning man had made a foolish vow, had bargained with the “god of battles,” agreeing to pay a certain price for victory over his enemies. And this price was to make a sacrifice of that which first came out of his house to meet him when he returned to his home. Jephthah thought that one of his trusty slaves would thus be on hand to greet him, but it turned out that his daughter and only child came out to welcome him home. And so, even at that late date and among a supposedly civilized people, this beautiful maiden, after two months to mourn her fate, was actually offered as a human sacrifice by her father, and with the approval of his fellow tribesmen. And all this was done in the face of Moses’ stringent rulings against the offering of human sacrifice. But men and women are addicted to making foolish and needless vows, and the men of old held all such pledges to be highly sacred.
2014 89:6.3 Parmi les récits illustrant les déchirements de cœur des luttes entre les anciennes coutumes religieuses honorées depuis longtemps et les exigences contraires de la civilisation en progrès, l’histoire hébraïque n’en relate pas de plus tragique et de plus pathétique que celui de Jephté et de sa fille unique[25]. Selon la coutume courante, cet homme bien intentionné avait fait un vœu stupide, une transaction avec le « dieu des batailles », acceptant de payer un certain prix pour la victoire sur ses ennemis[26]. Ce prix consistait à faire un sacrifice de ce qui sortirait en premier lieu de sa maison à sa rencontre quand il reviendrait à son foyer. Jephté pensait que l’un de ses fidèles esclaves viendrait ainsi le saluer, mais il arriva que sa fille, son unique enfant, sortit pour lui souhaiter la bienvenue chez lui. Ainsi, même à cette date tardive et chez un peuple supposé civilisé, cette belle jeune fille, après deux mois de deuil sur son sort, fut effectivement offerte en sacrifice par son père, avec l’approbation des hommes de sa tribu. Tout ceci fut fait à l’encontre des rigoureuses ordonnances de Moïse sur les offrandes de sacrifices humains. Mais les hommes et les femmes s’obstinent à faire des vœux stupides et inutiles, et les hommes de l’antiquité tenaient ces engagements pour hautement sacrés.
1955 89:6.4 In olden times, when a new building of any importance was started, it was customary to slay a human being as a “foundation sacrifice.” This provided a ghost spirit to watch over and protect the structure. When the Chinese made ready to cast a bell, custom decreed the sacrifice of at least one maiden for the purpose of improving the tone of the bell; the girl chosen was thrown alive into the molten metal.
2014 89:6.4 Jadis, quand on commençait la construction d’un édifice de quelque importance, la coutume voulait que l’on mette à mort un être humain comme « sacrifice de fondation[27]. » Cela fournissait un esprit fantôme pour veiller sur l’édifice et le protéger. Quand les Chinois étaient prêts à fondre une cloche, la coutume ordonnait le sacrifice d’au moins une jeune fille pour améliorer le timbre de la cloche ; la jeune fille choisie était jetée vivante dans le métal en fusion.
1955 89:6.5 It was long the practice of many groups to build slaves alive into important walls. In later times the northern European tribes substituted the walling in of the shadow of a passerby for this custom of entombing living persons in the walls of new buildings. The Chinese buried in a wall those workmen who died while constructing it.
2014 89:6.5 De nombreux groupes eurent longtemps la pratique d’emmurer vivants des esclaves dans les murs importants. Plus tard, les tribus du Nord de l’Europe se contentèrent d’emmurer l’ombre d’un passant pour remplacer la coutume d’ensevelir des personnes vivantes dans les parois des nouveaux bâtiments. Les Chinois ensevelissaient dans un mur les ouvriers qui étaient morts en le bâtissant.
1955 89:6.6 A petty king in Palestine, in building the walls of Jericho, “laid the foundation thereof in Abiram, his first-born, and set up the gates thereof in his youngest son, Segub.” At that late date, not only did this father put two of his sons alive in the foundation holes of the city’s gates, but his action is also recorded as being “according to the word of the Lord.” Moses had forbidden these foundation sacrifices, but the Israelites reverted to them soon after his death. The twentieth-century ceremony of depositing trinkets and keepsakes in the cornerstone of a new building is reminiscent of the primitive foundation sacrifices.
2014 89:6.6 En construisant les murs de Jéricho, un roitelet de Palestine « en posa les fondations sur Abiram, son fils premier-né, et en posa les portes sur Ségub, son plus jeune fils[28]. » À cette date tardive, non seulement ce père mit deux de ses fils vivants dans les trous de fondation des portes de la ville, mais son acte fut transcrit comme accompli « selon la parole du Seigneur »[29]. Moïse avait interdit ces sacrifices de fondation, mais les Israélites y revinrent bientôt après sa mort. Les cérémonies du vingtième siècle consistant à déposer des bibelots et des souvenirs dans la première pierre d’un nouvel édifice sont une réminiscence des sacrifices primitifs de fondation.
1955 89:6.7 It was long the custom of many peoples to dedicate the first fruits to the spirits. And these observances, now more or less symbolic, are all survivals of the early ceremonies involving human sacrifice. The idea of offering the first-born as a sacrifice was widespread among the ancients, especially among the Phoenicians, who were the last to give it up. It used to be said upon sacrificing, “life for life.” Now you say at death, “dust to dust.”
2014 89:6.7 Bien des peuples eurent longtemps la coutume de dédier les premiers fruits aux esprits. Ces observances, maintenant plus ou moins symboliques, sont toutes des survivances des cérémonies primitives impliquant des sacrifices humains. L’idée d’offrir le premier-né comme un sacrifice était très répandue parmi les anciens, spécialement chez les Phéniciens, qui furent les derniers à l’abandonner. Lors du sacrifice, on avait l’habitude de dire « la vie pour la vie »[30]. Maintenant, lors d’un décès, vous dites « la poussière retourne à la poussière »[31].
1955 89:6.8 The spectacle of Abraham constrained to sacrifice his son Isaac, while shocking to civilized susceptibilities, was not a new or strange idea to the men of those days. It was long a prevalent practice for fathers, at times of great emotional stress, to sacrifice their first-born sons. Many peoples have a tradition analogous to this story, for there once existed a world-wide and profound belief that it was necessary to offer a human sacrifice when anything extraordinary or unusual happened.
2014 89:6.8 Bien que choquant pour les susceptibilités civilisées, le spectacle d’Abraham contraint de sacrifier son fils Isaac n’était pas une idée nouvelle ou étrange pour les gens de cette époque[32]. La pratique a longtemps prévalu chez les pères, à des moments de grande tension émotive, de sacrifier leur fils premier-né. De nombreux peuples ont une tradition analogue à cette histoire, car il exista jadis une croyance universelle et profonde à la nécessité d’offrir un sacrifice humain lorsqu’il était arrivé quelque chose d’extraordinaire ou d’insolite.[8]
7. MODIFICATIONS OF HUMAN SACRIFICE
7. LES MODIFICATIONS DES SACRIFICES HUMAINS
1955 89:7.1 Moses attempted to end human sacrifices by inaugurating the ransom as a substitute. He established a systematic schedule which enabled his people to escape the worst results of their rash and foolish vows. Lands, properties, and children could be redeemed according to the established fees, which were payable to the priests. Those groups which ceased to sacrifice their first-born soon possessed great advantages over less advanced neighbors who continued these atrocious acts. Many such backward tribes were not only greatly weakened by this loss of sons, but even the succession of leadership was often broken.
2014 89:7.1 Moïse essaya de mettre fin aux sacrifices humains en inaugurant la rançon comme substitut[33]. Il établit un barème systématique permettant à ses gens d’échapper aux pires résultats de leurs vœux téméraires et stupides[34]. On pouvait racheter des terres, des biens et des enfants moyennant des honoraires établis, payables aux prêtres. Les groupes qui cessèrent de sacrifier leurs premiers-nés possédèrent bientôt de grands avantages sur leurs voisins moins évolués qui continuaient ces atrocités. Non seulement beaucoup de tribus arriérées furent très affaiblies par cette perte de fils, mais encore la dévolution successorale du commandement fut souvent rompue[35].[2]
1955 89:7.2 An outgrowth of the passing child sacrifice was the custom of smearing blood on the house doorposts for the protection of the first-born. This was often done in connection with one of the sacred feasts of the year, and this ceremony once obtained over most of the world from Mexico to Egypt.
2014 89:7.2 Un dérivatif du sacrifice désuet des enfants fut la coutume de barbouiller du sang sur les montants des portes de la maison pour protéger les premiers-nés[36]. On le faisait souvent en relation avec l’une des fêtes sacrées de l’année, et cette cérémonie prévalut jadis dans la majeure partie du monde, depuis le Mexique jusqu’à l’Égypte.
1955 89:7.3 Even after most groups had ceased the ritual killing of children, it was the custom to put an infant away by itself, off in the wilderness or in a little boat on the water. If the child survived, it was thought that the gods had intervened to preserve him, as in the traditions of Sargon, Moses, Cyrus, and Romulus. Then came the practice of dedicating the first-born sons as sacred or sacrificial, allowing them to grow up and then exiling them in lieu of death; this was the origin of colonization. The Romans adhered to this custom in their scheme of colonization.
2014 89:7.3 Même après que la plupart des groupes eurent renoncé au meurtre rituel des enfants, ils gardèrent la coutume d’abandonner un enfant dans le désert ou sur l’eau dans un petit bateau. Si l’enfant survivait, on croyait que les dieux étaient intervenus pour le protéger, comme la tradition le rapporte pour Sargon, Moïse, Cyrus et Romulus[37]. Vint ensuite la pratique de dédier les fils premiers-nés comme sacrés ou sacrificiels ; on les laissait grandir, puis on les exilait au lieu de les faire mourir ; ce fut l’origine de la colonisation. Les Romains adhéraient à cette coutume dans leurs plans de colonisation.
1955 89:7.4 Many of the peculiar associations of sex laxity with primitive worship had their origin in connection with human sacrifice. In olden times, if a woman met head-hunters, she could redeem her life by sexual surrender. Later, a maiden consecrated to the gods as a sacrifice might elect to redeem her life by dedicating her body for life to the sacred sex service of the temple; in this way she could earn her redemption money. The ancients regarded it as highly elevating to have sex relations with a woman thus engaged in ransoming her life. It was a religious ceremony to consort with these sacred maidens, and in addition, this whole ritual afforded an acceptable excuse for commonplace sexual gratification. This was a subtle species of self-deception which both the maidens and their consorts delighted to practice upon themselves. The mores always drag behind in the evolutionary advance of civilization, thus providing sanction for the earlier and more savagelike sex practices of the evolving races.
2014 89:7.4 Nombre d’associations spéciales entre le laisser-aller sexuel et le culte primitif prirent naissance en liaison avec les sacrifices humains. Dans les temps anciens, si une femme rencontrait des chasseurs de têtes, elle pouvait racheter sa vie par un abandon sexuel. Plus tard, une jeune fille consacrée comme sacrifice aux dieux pouvait choisir de racheter sa vie en dédiant définitivement son corps au service sexuel sacré du temple ; de cette manière, elle pouvait gagner l’argent de sa rédemption. Les anciens considéraient comme très ennoblissant d’avoir des rapports sexuels avec une femme ainsi engagée pour la rançon de sa vie. La fréquentation de ces filles sacrées était une cérémonie religieuse, et l’ensemble du rite fournissait en outre un prétexte acceptable pour des satisfactions sexuelles ordinaires. C’était une subtile manière de se tromper soi-même, et les filles et leurs partenaires prenaient plaisir à la pratiquer. Les mœurs sont toujours en retard sur le progrès évolutionnaire de la civilisation ; elles sanctionnent ainsi les pratiques sexuelles plus primitives et plus sauvages des races évoluantes.[5]
1955 89:7.5 Temple harlotry eventually spread throughout southern Europe and Asia. The money earned by the temple prostitutes was held sacred among all peoples—a high gift to present to the gods. The highest types of women thronged the temple sex marts and devoted their earnings to all kinds of sacred services and works of public good. Many of the better classes of women collected their dowries by temporary sex service in the temples, and most men preferred to have such women for wives.
2014 89:7.5 La prostitution dans les temples s’étendit finalement dans toute l’Europe du Sud et l’Asie. L’argent gagné par les prostituées des temples fut considéré comme sacré par tous les peuples — un don de grande valeur à offrir aux dieux. Les femmes du type le plus évolué emplissaient le marché sexuel du temple et consacraient leurs gains à toutes sortes de services sacrés et d’œuvres d’intérêt public. De nombreuses femmes des meilleures classes amassaient leur dot par un service sexuel temporaire dans les temples et la plupart des hommes préféraient épouser de telles femmes.
8. REDEMPTION AND COVENANTS
8. RÉDEMPTION ET ALLIANCES
1955 89:8.1 Sacrificial redemption and temple prostitution were in reality modifications of human sacrifice. Next came the mock sacrifice of daughters. This ceremony consisted in bloodletting, with dedication to lifelong virginity, and was a moral reaction to the older temple harlotry. In more recent times virgins dedicated themselves to the service of tending the sacred temple fires.
2014 89:8.1 La rédemption sacrificielle et la prostitution dans les temples étaient en réalité des modifications du sacrifice humain. Vint ensuite le simulacre de sacrifice des filles. Cette cérémonie consistait en une saignée accompagnée d’une consécration à la virginité pour la vie ; ce fut une réaction morale contre l’ancienne prostitution dans les temples. À une époque plus récente, des vierges se consacrèrent au service d’entretien des feux sacrés des temples.
1955 89:8.2 Men eventually conceived the idea that the offering of some part of the body could take the place of the older and complete human sacrifice. Physical mutilation was also considered to be an acceptable substitute. Hair, nails, blood, and even fingers and toes were sacrificed. The later and well-nigh universal ancient rite of circumcision was an outgrowth of the cult of partial sacrifice; it was purely sacrificial, no thought of hygiene being attached thereto. Men were circumcised; women had their ears pierced.
2014 89:8.2 Les hommes finirent par concevoir l’idée que l’offrande d’une partie du corps pouvait remplacer le sacrifice humain total de jadis. Les mutilations physiques furent également considérées comme des substituts acceptables. Cheveux, ongles, sang et même doigts et orteils furent sacrifiés. L’ancien rite ultérieur et à peu près universel de la circoncision dériva du culte du sacrifice partiel ; il était purement sacrificiel ; nulle pensée d’hygiène ne lui était attachée[38]. Les hommes furent circoncis, les femmes eurent leurs oreilles percées.
1955 89:8.3 Subsequently it became the custom to bind fingers together instead of cutting them off. Shaving the head and cutting the hair were likewise forms of religious devotion. The making of eunuchs was at first a modification of the idea of human sacrifice. Nose and lip piercing is still practiced in Africa, and tattooing is an artistic evolution of the earlier crude scarring of the body.
2014 89:8.3 Ultérieurement, on prit l’habitude d’attacher des doigts ensemble au lieu de les couper. On se rasa la tête et l’on se coupa les cheveux également à titre de dévotion religieuse. La castration fut d’abord une modification de l’idée des sacrifices humains. On continue à percer les nez et les lèvres en Afrique, et le tatouage est une évolution artistique des cicatrices grossières que l’on se faisait primitivement sur le corps.
1955 89:8.4 The custom of sacrifice eventually became associated, as a result of advancing teachings, with the idea of the covenant. At last, the gods were conceived of as entering into real agreements with man; and this was a major step in the stabilization of religion. Law, a covenant, takes the place of luck, fear, and superstition.
2014 89:8.4 À la suite d’enseignements plus élevés, la coutume du sacrifice finit par être associée à l’idée d’alliance. Enfin, on conçut les dieux comme faisant de réels accords avec les hommes, et ce fut une étape majeure dans la stabilisation de la religion. La loi, une alliance, remplaça la chance, la peur et la superstition[39].[2]
1955 89:8.5 Man could never even dream of entering into a contract with Deity until his concept of God had advanced to the level whereon the universe controllers were envisioned as dependable. And man’s early idea of God was so anthropomorphic that he was unable to conceive of a dependable Deity until he himself became relatively dependable, moral, and ethical.
2014 89:8.5 Les hommes ne pouvaient même pas rêver d’établir un contrat avec la Déité avant que leur concept de Dieu eût progressé au niveau où ils envisagèrent la possibilité que les contrôleurs de l’univers fussent dignes de confiance. Les primitifs se faisaient de Dieu une idée tellement anthropomorphe qu’ils furent incapables de concevoir une Déité digne de confiance avant d’être devenus eux-mêmes relativement dignes de confiance, moraux et éthiques.
1955 89:8.6 But the idea of making a covenant with the gods did finally arrive. Evolutionary man eventually acquired such moral dignity that he dared to bargain with his gods. And so the business of offering sacrifices gradually developed into the game of man’s philosophic bargaining with God. And all this represented a new device for insuring against bad luck or, rather, an enhanced technique for the more definite purchase of prosperity. Do not entertain the mistaken idea that these early sacrifices were a free gift to the gods, a spontaneous offering of gratitude or thanksgiving; they were not expressions of true worship.
2014 89:8.6 L’idée de contracter une alliance avec les dieux finit cependant par se faire jour. L’homme évolutionnaire acquit finalement une dignité morale suffisante pour oser traiter avec ses dieux. C’est ainsi que le trafic des offrandes de sacrifices se transforma graduellement pour devenir le marchandage philosophique de l’homme avec Dieu. Tout cela représentait un nouvel expédient pour s’assurer contre la malchance, ou plutôt une meilleure technique pour acheter plus précisément la prospérité. Ne nourrissez pas l’idée fausse que les sacrifices primitifs étaient des dons librement offerts aux dieux, des offrandes spontanées de gratitude ou d’actions de grâces ; ils n’étaient pas des expressions de véritable adoration.[2][4]
1955 89:8.7 Primitive forms of prayer were nothing more nor less than bargaining with the spirits, an argument with the gods. It was a kind of bartering in which pleading and persuasion were substituted for something more tangible and costly. The developing commerce of the races had inculcated the spirit of trade and had developed the shrewdness of barter; and now these traits began to appear in man’s worship methods. And as some men were better traders than others, so some were regarded as better prayers than others. The prayer of a just man was held in high esteem. A just man was one who had paid all accounts to the spirits, had fully discharged every ritual obligation to the gods.
2014 89:8.7 Les formes primitives de prière n’étaient ni plus ni moins que des marchandages avec les esprits, une discussion avec les dieux. Elles représentaient une sorte de troc dans lequel on substituait la plaidoirie et la persuasion à quelque chose de plus tangible et de plus couteux. L’expansion du commerce entre les races avait inculqué le sens commercial et développé l’habileté dans les trocs ; ces caractéristiques commencèrent alors à apparaitre dans les méthodes humaines de culte. De même que certains hommes étaient meilleurs commerçants que d’autres, de même certains furent considérés comme faisant de meilleurs prieurs que d’autres. La prière d’un homme juste était tenue en haute estime[40]. Le juste était celui qui avait payé toutes ses dettes aux esprits, qui avait pleinement rempli toutes ses obligations rituelles envers les dieux.[3]
1955 89:8.8 Early prayer was hardly worship; it was a bargaining petition for health, wealth, and life. And in many respects prayers have not much changed with the passing of the ages. They are still read out of books, recited formally, and written out for emplacement on wheels and for hanging on trees, where the blowing of the winds will save man the trouble of expending his own breath.
2014 89:8.8 La prière primitive n’était guère une adoration ; c’était une demande avec marchandage pour obtenir la santé, la richesse et la vie. Sous bien des rapports, les prières n’ont pas beaucoup changé avec l’écoulement des âges. On continue à les lire à haute voix dans des livres, à les réciter officiellement et à les écrire pour les placer dans des moulins et les accrocher aux arbres, où le souffle des vents évitera aux hommes la peine de dépenser leur propre souffle.[15][3][5]
9. SACRIFICES AND SACRAMENTS
9. SACRIFICES ET SACREMENTS
1955 89:9.1 The human sacrifice, throughout the course of the evolution of Urantian rituals, has advanced from the bloody business of man-eating to higher and more symbolic levels. The early rituals of sacrifice bred the later ceremonies of sacrament. In more recent times the priest alone would partake of a bit of the cannibalistic sacrifice or a drop of human blood, and then all would partake of the animal substitute. These early ideas of ransom, redemption, and covenants have evolved into the later-day sacramental services. And all this ceremonial evolution has exerted a mighty socializing influence.
2014 89:9.1 Au cours de l’évolution des rituels urantiens, les sacrifices humains ont progressé depuis les sanglants procédés cannibales jusqu’à des niveaux supérieurs et plus symboliques. Les rituels primitifs de sacrifice engendrèrent les cérémonies ultérieures des sacrements. À une époque plus récente, seul le prêtre absorbait un morceau du sacrifice cannibale ou une goutte de sang humain, et ensuite toute l’assistance mangeait de l’animal substitué. Ces idées primitives de rançon, de rédemption et d’alliance ont évolué pour devenir les services sacramentels plus modernes. Et toute cette évolution cérémonielle a exercé une puissante influence socialisante.
1955 89:9.2 In connection with the Mother of God cult, in Mexico and elsewhere, a sacrament of cakes and wine was eventually utilized in lieu of the flesh and blood of the older human sacrifices. The Hebrews long practiced this ritual as a part of their Passover ceremonies, and it was from this ceremonial that the later Christian version of the sacrament took its origin.
2014 89:9.2 En liaison avec le culte de la Mère de Dieu, au Mexique et ailleurs, on utilisa finalement un sacrement de gâteaux et de vin à la place de la chair et du sang des anciens sacrifices humains. Les Hébreux pratiquèrent longtemps ce rituel comme partie de leurs cérémonies de la Pâque, et ce fut dans ce cérémonial que prit naissance la version chrétienne ultérieure du sacrement.[8]
1955 89:9.3 The ancient social brotherhoods were based on the rite of blood drinking; the early Jewish fraternity was a sacrificial blood affair. Paul started out to build a new Christian cult on “the blood of the everlasting covenant.” And while he may have unnecessarily encumbered Christianity with teachings about blood and sacrifice, he did once and for all make an end of the doctrines of redemption through human or animal sacrifices. His theologic compromises indicate that even revelation must submit to the graduated control of evolution. According to Paul, Christ became the last and all-sufficient human sacrifice; the divine Judge is now fully and forever satisfied.
2014 89:9.3 Les anciennes confréries sociales étaient basées sur le rite consistant à boire du sang ; la fraternité juive primitive était une affaire de sang sacrificiel. Paul inaugura un nouveau culte chrétien bâti sur « le sang de l’alliance éternelle »[41]. Bien qu’il ait inutilement encombré le christianisme avec des enseignements sur le sang et le sacrifice, il réussit à mettre fin une fois pour toutes aux doctrines de rédemption par des sacrifices d’hommes ou d’animaux. Ses compromis théologiques montrent que la révélation elle-même doit se soumettre au contrôle gradué de l’évolution. Selon Paul, Christ est devenu le sacrifice humain ultime et suffisant à tout ; le divin Juge est maintenant pleinement et définitivement satisfait[42].[16][17][18][19][6]
1955 89:9.4 And so, after long ages the cult of the sacrifice has evolved into the cult of the sacrament. Thus are the sacraments of modern religions the legitimate successors of those shocking early ceremonies of human sacrifice and the still earlier cannibalistic rituals. Many still depend upon blood for salvation, but it has at least become figurative, symbolic, and mystic.
2014 89:9.4 Et, ainsi après de longs âges, le culte du sacrifice a évolué en culte du sacrement[43]. Les sacrements des religions modernes sont donc les successeurs légitimes des choquantes cérémonies primitives de sacrifices humains et des rituels cannibales encore plus anciens. Bien des personnes comptent encore sur le sang pour le salut, mais le sang est au moins devenu figuratif, symbolique et mystique.[20][21][3][5]
10. FORGIVENESS OF SIN
10. LE PARDON DES PÉCHÉS
1955 89:10.1 Ancient man only attained consciousness of favor with God through sacrifice. Modern man must develop new techniques of achieving the self-consciousness of salvation. The consciousness of sin persists in the mortal mind, but the thought patterns of salvation therefrom have become outworn and antiquated. The reality of the spiritual need persists, but intellectual progress has destroyed the olden ways of securing peace and consolation for mind and soul.
2014 89:10.1 C’est seulement par les sacrifices que les anciens obtenaient la conscience d’être en faveur auprès de Dieu. Les modernes doivent développer de nouvelles techniques pour atteindre la conscience intérieure du salut. La conscience du péché persiste dans le mental des mortels mais les modèles mentaux de la délivrance du péché sont maintenant périmés et démodés. La réalité du besoin spirituel subsiste, mais le progrès intellectuel a détruit les antiques manières d’obtenir la paix et la consolation pour le mental et pour l’âme.[22][1]
1955 89:10.2 Sin must be redefined as deliberate disloyalty to Deity. There are degrees of disloyalty: the partial loyalty of indecision; the divided loyalty of confliction; the dying loyalty of indifference; and the death of loyalty exhibited in devotion to godless ideals.
2014 89:10.2 Il faut redéfinir le péché comme une déloyauté délibérée envers la Déité. La déloyauté comporte des degrés : la loyauté partielle due à l’indécision, la loyauté divisée due à un conflit, la loyauté évanescente due à l’indifférence et la mort de la loyauté due à la consécration à des idéaux impies.[22][23][1][2][7][8]
1955 89:10.4 The possibility of the recognition of the sense of guilt is a badge of transcendent distinction for mankind. It does not mark man as mean but rather sets him apart as a creature of potential greatness and ever-ascending glory. Such a sense of unworthiness is the initial stimulus that should lead quickly and surely to those faith conquests which translate the mortal mind to the superb levels of moral nobility, cosmic insight, and spiritual living; thus are all the meanings of human existence changed from the temporal to the eternal, and all values are elevated from the human to the divine.
2014 89:10.4 La possibilité de reconnaitre le sens de culpabilité est un signe de distinction transcendante pour l’humanité. Il ne classe pas l’homme comme un misérable, mais le situe plutôt à part comme une créature de grandeur potentielle et de gloire toujours ascendante. Un tel sentiment d’indignité est le stimulus initial qui devrait, rapidement et surement, conduire à ces conquêtes de la foi, qui transfèrent le mental du mortel sur les splendides niveaux de noblesse morale, de clairvoyance cosmique et de vie spirituelle. Toutes les significations de l’existence humaine sont alors changées du plan temporel au plan éternel, et toutes les valeurs sont élevées du plan humain au plan divin.[1]
1955 89:10.5 The confession of sin is a manful repudiation of disloyalty, but it in no wise mitigates the time-space consequences of such disloyalty. But confession—sincere recognition of the nature of sin—is essential to religious growth and spiritual progress.
2014 89:10.5 La confession du péché est une répudiation virile de la déloyauté mais elle n’atténue en aucune manière les conséquences dans l’espace-temps de cette déloyauté. Mais la confession — la récognition sincère de la nature du péché — est toutefois essentielle pour la croissance religieuse et le progrès spirituel.[22][24][1][2][10]
1955 89:10.6 The forgiveness of sin by Deity is the renewal of loyalty relations following a period of the human consciousness of the lapse of such relations as the consequence of conscious rebellion. The forgiveness does not have to be sought, only received as the consciousness of re-establishment of loyalty relations between the creature and the Creator. And all the loyal sons of God are happy, service-loving, and ever-progressive in the Paradise ascent.
2014 89:10.6 Le pardon des péchés par la Déité est le renouvèlement des relations de loyauté qui suit une période de la conscience où l’homme est déchu de ces relations comme conséquence d’une rébellion consciente. Le pardon ne doit pas être recherché, mais seulement reçu en tant que conscience du rétablissement des relations de loyauté entre la créature et le Créateur. Et tous les fils loyaux de Dieu sont heureux, aiment le service et progressent constamment dans l’ascension vers le Paradis.[25][1][2][8]
1955 89:10.7 [Presented by a Brilliant Evening Star of Nebadon.]
2014 89:10.7 [Présenté par une Brillante Étoile du Soir de Nébadon.]
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